00:00 Vous êtes sur sudinfo.be et lesoir.be. Avec nos experts cyclisme Stéphane Thérion et Éric Glovio, nous préfaçons le Tour de France 2023.
00:07 Troisième débat, le parcours du Tour et les principales étapes à suivre.
00:11 Alors Éric, quelles seront justement les étapes à ne pas rater pour les coureurs et pour les téléspectateurs ?
00:16 On sait que c'est un Tour particulier pour montagneux, un des plus montagneux des 20-30 dernières années.
00:22 Le Tour va visiter tous les massifs que nous propose la France, les 5.
00:27 Il y a un record, c'est une trentaine de cols et je pense 53 000 mètres de dénivelé positif, donc c'est beaucoup.
00:34 C'est un Tour destiné pour les grimpeurs.
00:36 Clairement, ça a été annoncé par Thierry Gouvenou et Christian Prudhomme dès la présentation au mois d'octobre dernier.
00:41 Donc chacun attend des bagarres dans les montagnes et de superbes paysages aussi,
00:46 parce que ça fait partie de l'histoire du Tour de France, ce livre d'images dans les grands cols.
00:50 On commence en Espagne à Bilbao et déjà par des étapes qui seront très escarpées, très vallonnées dans le Pays Basque,
00:59 où on attend aussi beaucoup de monde, donc ça sera une grande fête.
01:03 Dès la journée inaugurale à Bilbao, ce sera vallonné.
01:07 Le lendemain, on prend le Jal Ski Bell, qui est le col mythique de la Classique à Saint-Sébastien.
01:13 Vous voyez déjà dès les premiers jours, les punchers et les grimpeurs et les coureurs du Général ont rendez-vous,
01:18 avant même de rentrer sur le territoire français, où on va dans l'ordre Pyrénées, Massif Central, Jura, Alpes et Vosges.
01:31 On visitera tous les massifs, donc ça risque d'être particulièrement ardu pour les coureurs qui souffrent en montagne.
01:39 On sait que le Tour sera donc, comme vous l'avez dit, assez vallonné dès le début.
01:43 On peut envisager que cette grande boucle soit déjà jouée ou qu'une grosse tendance se dégage déjà, après quelques jours ou après une semaine, Stéphane ?
01:52 Oui, clairement, parce que les deux étapes dans les Pyrénées, avec le Tourmalet, Aspin et Soudé, entre autres,
01:59 c'est déjà du solide, ce sont les étapes 5 et 6.
02:03 Forcément, les favoris pour le Général s'y bagarreront déjà.
02:08 Les outsiders qui espèrent jouer à les Troubles Faites ou qui visent le podium,
02:15 parce que je crois que c'est ce qu'on doit déjà faire, c'est trouver qui sera le troisième,
02:19 sauf accident bien sûr pour les deux autres, ce qu'on ne leur souhaite pas.
02:22 Donc il faudra déjà être là, placer, ne pas avoir de défaillance, ne pas tomber.
02:29 Les premières étapes, c'est toujours le danger dans un grand tour où il y a énormément de pression,
02:34 par exemple pour la prise du premier maillot jaune, ne pas tomber dans le Pays Basque.
02:38 Et là, il y a risque, parce que ce sont des parcours, comme l'a dit Eric, très très vallonnés.
02:44 Ce sont des petites flèches wallonnes, en fait, les deux premières étapes.
02:47 Donc ça convient parfaitement aux cours qu'on a cités tout à l'heure.
02:51 Mais c'est sûr qu'après, au soir de la sixième étape dans les Pyrénées,
02:55 on y verra nettement plus clair, peut-être définitivement plus clair, en tout cas,
02:59 pour les deux coureurs favoris de ce Tour de France.
03:03 En sachant, je rebondis évidemment sur Eric, qu'on va enchaîner tout de suite avec le Massif central.
03:09 Les Alpes, n'en parlons pas, avec un programme extrêmement copieux.
03:13 Et puis, au-delà des Vosges, qui y constitueront la dernière étape, entre guillemets, de moyenne montagne,
03:21 avec absolument tous les massifs qu'on pouvait emprunter là-bas,
03:24 il y a même une étape dans le Beaujolais où ils passent d'un mont à l'autre.
03:28 Pour les amateurs de vin, c'est magnifique.
03:30 Pour ceux qui font du vélo, ça sera peut-être moins gai.
03:34 N'est-ce pas un risque pris par les organisateurs de prévoir un parcours aussi wallonné, montagneux,
03:39 dès le début, avec justement le risque peut-être de réduire le suspense au bout de quelques jours
03:44 dans la lutte pour le classement général ?
03:47 Christophe Prudhomme rappelle à l'envie que le tout fabrique ses héros.
03:52 Voilà, et on s'adapte au terrain.
03:54 Ils veulent toujours systématiquement un terrain de jeu le plus surprenant possible,
03:59 sans spectacularisation à l'excès.
04:01 Ils y veillent aussi, je pense.
04:03 Mais il n'est pas question de rentrer dans un schéma de tour des années 90, par exemple,
04:09 où il y avait cinq, six étapes qui se ressemblaient,
04:12 puis on entrait dans une deuxième séquence un peu différente.
04:14 Tout ce format-là a explosé.
04:17 Dès les premiers jours, ils souhaitent que les grands favoris, les punchers, etc.,
04:21 soient épaules contre épaules et se dévoilent,
04:24 et tombent les masques le plus vite possible pour que le sport soit passionnant.
04:29 Il y a aussi la recherche d'une forme de symbole.
04:35 On sait que cette année, le tour va retourner au Puy-de-Dôme.
04:38 C'est la première fois depuis 1988.
04:40 C'est un volcan endormi, mais qui va, à mon avis, déchaîner pas mal d'ardeur parmi les grimpeurs.
04:46 Donc on y retourne, 35 ans plus tard.
04:49 Ce sont des flancs douloureux pour le cyclisme belge.
04:55 On se souvient de la mésaventure d'Eddy et du coup de poing au Foix en 1975.
05:00 On se souvient de cette photo entre Anctil et Poulidor, épaules contre épaules, en 1964.
05:06 Donc pour la première fois, le tour retourne dans ce parc naturel qui est protégé.
05:12 Il n'y aura d'ailleurs pas de spectateurs dans les 4 derniers kilomètres de l'ascension.
05:16 Donc on protège le site, mais on y retourne.
05:18 Ce sera certainement une des étapes très suivies par les amateurs de sport,
05:24 et aussi au-delà, parce que le tour reste un formidable livre d'images.
05:28 Il n'y aura qu'un seul contre-la-montre dans ce Tour de France, Stéphane.
05:32 Quelle va être son importance ?
05:34 Et qui, parmi les deux principaux candidats à la victoire finale,
05:39 sera le plus avantagé ou peut le plus tirer profit de ce contre-la-montre ?
05:43 Il convient aux deux.
05:45 Sur un terrain plus plat, j'aurais dit Pogacar, sur ce terrain-ci,
05:50 il convient vraiment aux deux.
05:51 Je le mets à 50/50 sur ce contre-la-montre qui est magnifique.
05:55 C'est l'ancien circuit de Salange où Eddy Merckx était champion du monde
06:00 chez les amateurs et Bernard Hinault chez les pros en 1980.
06:04 C'est la côte de Domansy qui est très célèbre en Savoie.
06:08 Il y a d'ailleurs un projet d'un autre championnat du monde plus tard au même endroit,
06:12 en France.
06:13 Ce chrono est splendide pour Pogacar et pour Wingerger.
06:17 Il est un peu moins pour les pures rouleurs qui espéraient peut-être
06:22 justement remporter une victoire d'étape via ce contre-la-montre.
06:25 On sait que dans un Tour de France, ceux qui sont bien classés au général
06:30 sont généralement meilleurs dans les chronos que les pures spécialistes.
06:34 On l'a par exemple vu au Tour de Suisse avec le jeune Ayuso qui n'est pas forcément
06:39 le meilleur dans cette spécialité mais qui a quand même dominé les spécialistes
06:42 comme Kung et Van de Poel, etc.
06:45 parce qu'il avait le fond et la forme au bon moment.
06:49 C'est un contre-la-montre qui va peut-être départager pour quelques secondes
06:55 Pogacar et Wingerger, mais je ne suis pas sûr qu'il sera décisif dès lors
07:00 qu'il intervient le dernier mardi du Tour de France, qu'il y aura encore ensuite
07:04 des étapes et que peut-être aussi qu'avant ce chrono, tout sera déjà joué.
07:10 13 des 30 cols sont alpestres. Ils sont concentrés dans la dernière semaine.
07:16 Donc le gros morceau, évidemment, ça reste cette troisième semaine de compétition.
07:20 On avait évoqué brièvement la participation possible de Remco Evenepoel
07:24 après son abandon en Giro. C'est un parcours qu'il n'aurait pas du tout convenu
07:27 avec très peu de contre-la-montre. Il grimpe de mieux en mieux.
07:32 Il l'a démontré à la Vuelta et sur le Giro.
07:37 Donc je pense que ça n'aurait pas été réduit pour lui, s'il n'est pas catalogué
07:41 comme pur grimpeur et qu'il a d'autres qualités plus larges.
07:44 Il s'essayera sans doute, espérons-le, au Tour de France en 2024.
07:48 C'est en tout cas envisagé comme cela dans son équipe.
07:51 Je pense que rien ne lui était interdit.
07:54 C'est vrai que l'absence de grands chronos où il aurait pu développer sa puissance
08:00 et sa motricité était peut-être un désavantage par rapport à des grimpeurs un peu plus typés.
08:07 Mais je crois que c'est quelqu'un qui fait la course, qui crée.
08:12 Il a été champion de Belgique dimanche sur un parcours qui ne lui était pas favorable.
08:15 Donc je pense que tout est possible avec Remco.
08:18 Et on attend sa découverte du Tour dans une douzaine de mois.
08:22 Merci à tous les deux. On se retrouve pour le quatrième débat.
08:25 Et comment le Tour se prépare à lutter contre le Covid.
