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  • 25/06/2023

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00 Bonjour, je vais vous lire quelques éléments d'une série qui s'appelle Post-it. Alors Post-it,
00:07 c'est une série que j'ai commencé il y a quelques mois. Elle est faite à partir de Post-it,
00:13 c'est à dire des petits carrés jaunes sur lesquels on marque les courses et tout ce qui
00:18 nous passe par la tête pourvu que ce soit court et sans importance. Moi je l'ai retenu parce que
00:26 c'est un format de concision pour moi, c'est quelque chose qui m'oblige à faire court et à
00:32 faire dense si possible. Et en plus ça convoque des formes que j'aime bien comme le Haïkyu, la Maxime,
00:40 la Sentance, tout ce qui est un ramassis de mots qui par sa densité prend une force qui vient d'une
00:54 sorte de polyphonie intérieure. Bon j'arrête là des explications un peu particulières et je commence.
01:03 Premier texte qui s'appelle Ada et Hernam les fleurs, en fait il n'a pas de nom mais il commence
01:12 comme ça. Ada et Hernam les fleurs, les rêves, les ruisseaux, les chemins, la lumière, les brumes,
01:20 les songes, humecte, les rétroviseurs appliqués, à recycler d'anciennes roses, au parfum des feux.
01:28 Où est le poète des errances technologiques, des plaies algorithmiques, où est la plume fatale,
01:36 fatale à chaque GPT, où est la poésie décomptant l'avenir sans l'endemain, où est la poésie
01:43 désœuvrée, où est le poète du simulacre, où est le simulacre réveillant la vie. Voilà c'était
01:53 un premier texte, faut-il le commenter je ne crois pas. Tout de suite place au deuxième.
02:00 Une femme vient portée par de tièdes calculs, homme fort, si faible, étanche et la soif,
02:15 prend dans le magic bus, vie à deux, ticket tagué, amour, amertume, péremption programmée.
02:24 Troisième texte. Dans la nuit sans fin du travail, parole sans fond, bouche à bruit
02:37 programmée, le silence ferait exploser la carapace de bruit organisé. Autour du vide,
02:44 comment resserrer les liens, les automates à parole communiquent sans fin, comment coller
02:50 les mots sur les bouches sans fond. Amen dit un simulacre daté, argent dit un simulacre
02:58 auto-centré, ensemble dit un simulacre tchad-gpt. Vous voyez j'imagine le lien entre le premier
03:10 texte et celui-là. Nous sommes dans une époque de simulacres et la poésie doit trouver les
03:18 mots pour fracturer ces simulacres et revenir à une humanité de nos gestes, de nos paroles,
03:27 de nos voix, de nos présences et surtout donc pour un poète trouver le texte qui figure
03:36 bien ce repassage, ce passage du négatif au positif de l'ombre de l'humanité, de
03:43 l'ombre soumise à la lumière auto-centrée, à la lumière tout à fait autonome que nous
03:48 sommes. Texte suivant, je ne fais pas le jour, je ne fais pas la nuit, je ne fais pas les
04:00 ombres, je ne fais pas les bougies, je ne fais pas jamais, je ne fais pas demain, je
04:06 ne fais ni l'heure ni l'instant, j'ai quelque part, je tomberai. Nuage noir tombé sur moi,
04:20 ce soir clôt, alors peut-être pas. Dernier texte, un policier oriente un carrefour bleu
04:35 d'un bâton blanc, la geste du dérisoire n'éveille nulle logique, l'esthétique m'interroge,
04:43 bleu, blanc, en croix, il fait un temps de carrefour vacant. Bien, peut-être reviendrai-je
04:54 avec une autre vidéo sur les post-its ou sur peut-être des textes qui seront différents
05:01 quoi qu'il en soit. Cette vidéo était, comme vous l'avez compris, comme vous l'avez
05:07 perçu, une sorte de tentative d'incarner ce que j'écris, qui jusqu'à présent
05:14 suffisait à lui-même, mais quelque part je me dis que les instruments modernes peuvent
05:20 me permettre de revenir à quelque chose qui soit plein, qui soit au-delà du texte et
05:29 qui rejoigne l'humanité, parce que quand même la poésie sans la parole, sans la voix,
05:34 sans le ton du poète qui essaye de se livrer, c'est pas grand-chose. Au revoir.
05:42 [Sous-titres par Jérémy Camus]

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