La France et son tourisme : «On a bien rebondi depuis le Covid», estime Patrick Vicériat

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Patrick Vicériat, fondateur du Cabinet Détente et président de l’association française des experts et scientifiques du tourisme, répond aux questions de Dimitri Pavlenko à l'occasion du vendredi thématique "Le surtourisme, un défi pour la France".

Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcript
00:00 "Europe 1 matin"
00:02 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le président de l'association francophone des experts et scientifiques du tourisme.
00:09 Bonjour Patrick Visseria.
00:11 Bonjour.
00:11 Bienvenue sur Europe 1, vous êtes aussi le président de Détente Consulting, vous fournissez du conseil aux opérateurs touristiques, aux collectivités locales, à l'approche des grandes vacances.
00:20 Europe 1 fait le point toute la journée sur le tourisme en France. C'est le vendredi thématique que vous propose la rédaction.
00:26 Le tourisme donc après le Covid, à l'heure de l'inflation, de la crise écologique, de la prise de conscience des dégâts du sur-tourisme, à l'heure aussi des nouveaux équilibres dans la vie privée entre travail et loisir.
00:38 Peut-être pour commencer Patrick Visseria, le tourisme en France, qu'est-ce que ça représente, qu'est-ce que ça pèse dans notre économie ?
00:44 Alors en fait c'est un des premiers secteurs d'activité de notre pays. 200 millions de déplacements, 1,3 milliard de nuitées, 90 millions de touristes étrangers avant le Covid, et un chiffre qui est en train à nouveau de progresser.
01:02 Ça rapporte 58 milliards d'euros et ça crée 1,3 million d'emplois, donc des chiffres qui sont considérables.
01:09 C'est vraiment à des points fonds de l'économie française alors ?
01:12 Absolument, absolument. Et malgré en fait les tensions sociales que nous venons de traverser, la crise des retraites, toutes ces manifestations, une inflation qui est à plus de 5%, la guerre en Ukraine, et bien on attend des réservations de très bon niveau pour cet été.
01:31 Qu'est-ce qui attire, puisque vous avez parlé des étrangers, qu'est-ce qui attire les touristes étrangers en France ? En fait quels sont les points forts du tourisme français et puis quels sont aussi nos points faibles Patrick Visseria ?
01:43 Alors d'abord c'est un très bon rapport qualité-prix pour les clientèles étrangères. Il faut rappeler que 80% des touristes étrangers qui viennent en France viennent en fait de pays qui juxtent nos frontières, donc en gros à deux heures de voiture.
01:59 Et qu'on a des clientèles lointaines certes qui ont redémarré, je pense à la clientèle américaine, asiatique ou moyenne orientale, qui elle va plutôt dans des établissements haut de gamme.
02:11 Et donc c'est une activité qui rapporte en fait beaucoup d'argent à ses opérateurs. Alors pourquoi on vit en France ? Parce qu'il y a un patrimoine, il y a de très belles villes, il y a des monuments comme la tour Eiffel qui sont des valeurs sûres.
02:28 Donc il y a des facteurs d'attractivité qui font que beaucoup d'étrangers continuent à venir en France.
02:35 Est-ce que le tourisme français s'est bien remis du Covid ? On se rappelle c'est un des secteurs qui a le plus souffert et qui a le plus sollicité les PGE, les prêts garantis par l'État.
02:44 Le Covid qui a été en fait une période de démondialisation forcée et on l'a bien vu ça fait que pendant deux ans il n'y a pas eu de touristes américains ni chinois, ceux dont vous venez de parler à l'instant Patrick Visseria.
02:55 Voilà en fait oui on a bien rebondi depuis le Covid. Cette année par exemple 33 à 34 millions de français vont partir en vacances cet été.
03:06 Ils ont besoin de se retrouver entre amis, de se dépayser, de s'amuser en fait. Et 75% d'entre eux en fait vont rester dans l'hexagone.
03:16 Mais attention ils feront très attention sur leur budget avec une inflation qui est forte y compris dans le tourisme.
03:25 On fera attention, en moyenne les français d'ailleurs déboursent à peu près 1400 euros par foyer pour ces vacances d'été.
03:32 Et combien partent en vacances aujourd'hui ? Est-ce que l'inflation dont vous venez de parler remet en cause le projet de partir en vacances ?
03:41 Ou bien on fait plutôt le choix de vacances peut-être plus économiques, dépenser un petit peu moins, mais on ne remet pas forcément en question le fait de partir ?
03:49 Non les vacances restent une valeur sûre. Les français on le voit dans toutes les enquêtes, continuent, souhaitent partir en vacances.
03:58 Mais bien sûr ils feront attention parce que les prix ont augmenté, les prix de l'avion ont augmenté, les prix du train, des péages.
04:06 Voilà tous ces éléments font que les vacances 2023 vont coûter plus cher.
04:12 Donc on va essayer de mettre en place des stratégies d'économie pour limiter en fait le niveau de ces dépenses.
04:19 Alors il y a deux thèmes qui émergent ces dernières années et même on peut dire assez récemment.
04:24 Patrick Visseria c'est le changement climatique et le surtourisme.
04:30 Commençons peut-être par le changement climatique. On voit il fait déjà très très chaud ce mois de juin dans le pays.
04:34 On a aussi ces événements type orage violent, une sécheresse qui devient on pourrait presque qualifier de systémique.
04:41 Quel impact ça a aujourd'hui sur le tourisme en France selon vous ?
04:45 Alors quand on regarde l'année 2022 et sans doute sa préfigure 2023, on a assisté à plein d'événements comme par exemple des émoulements à la montagne,
04:58 des rivières qui étaient à sec, des incendies un peu partout. Il faut rappeler que par exemple les incendies qui ont eu lieu en Gironde et dans les Landes
05:07 ont entraîné la fermeture de campings par exemple parce qu'ils étaient concernés des campings connus.
05:15 Ah oui le fameux camping des Fleurs bleues qui rouvre à marche forcée d'ailleurs cette année pour ne pas louper la saison 2023 dans des conditions un peu précaires.
05:23 Mais bon il est là quand même.
05:25 Donc le réchauffement climatique continue en fait de faire ses effets et on va devoir s'adapter en fait de plus en plus à cette situation dans tous ces domaines.
05:35 Mais vous craignez que ça à terme ça condamne certaines destinations ?
05:39 Alors évidemment on pense à la saison hivernale à l'industrie du ski, mais l'été par exemple est-ce qu'on peut imaginer un sud touristiquement impraticable du fait de chaleurs étouffantes ?
05:53 Non écoutez à court terme je n'y crois pas trop. On voit bien que les Français recherchent en fait la chaleur aussi, une bonne météo.
06:04 Quand on regarde les pays du nord de l'Afrique par exemple, on a des températures qui sont beaucoup plus élevées et malgré tout l'Espagne également
06:14 et qu'il y a Turquie qui continue d'attirer beaucoup de touristes. Donc évidemment il va falloir s'adapter aussi sur cette période d'été.
06:20 Mais je pense que les effets seront à plus long terme.
06:25 Patrick Visseria, le président de l'association francophone des experts et scientifiques du tourisme, président de l'état de consulting et l'invité d'Europe 1 Matin, on parle tourisme ce matin.
06:34 Alors l'autre mot en vogue c'est surtourisme. On en a beaucoup parlé cette semaine parce que la secrétaire d'état en chargé du tourisme, Olivia Grégoire, présentait des pistes.
06:44 Non pas un plan parce qu'elle ne souhaite pas un plan comme ça totalement piloté par l'état. Elle pense que ça doit venir aussi du terrain, des acteurs, des régions, des professionnels pour limiter le surtourisme.
06:56 Vous êtes un petit peu réservé sur l'emploi de ce terme "surtourisme" Patrick Visseria. Vous considérez que ça n'existe pas ?
07:05 Alors oui, je crois que c'est un des objectifs du plan d'Olivia Grégoire. C'est effectivement de bien définir ce que c'est que le surtourisme.
07:16 Parce qu'aujourd'hui, il faut quand même rappeler que certes nous avons des sites de surtourisme. Je pense au Mont-Saint-Michel, on peut en citer quelques-uns, à la Tour Eiffel, à certains quartiers de Paris, Montmartre, c'est 10 millions de touristes par an.
07:31 Il y a la rue Crémieux dans le deuxième arrondissement, il y a des petits spots comme ça qui sont d'un coup...
07:36 Il y a des spots, mais 80 à 90% des sites ne sont pas en situation de surtourisme aujourd'hui. Il y a en plus beaucoup de différences entre des sites naturels ou des sites patrimoniaux.
07:49 Par exemple, la saturation du Mont-Blanc aujourd'hui, c'est autour de 20 000 randonneurs, 500 randonneurs par jour par exemple. Alors que si on prend le Mont-Saint-Michel, on est à 3 millions de touristes, 3 millions de visiteurs.
08:05 Donc dans la réalité, les zones de surtourisme sont limitées, mais il faut tout faire, évidemment dans les zones qui sont dans cette situation de surtourisme, pour essayer de réguler la situation.
08:18 C'est ce qui a été fait dans certains sites comme Marseille, avec les Calanques de Marseille par exemple, qui accueillent 800 000 visiteurs par an.
08:26 On a essayé dans certaines Calanques, je pense à celles de Sugiton et de Pierre-Percé, on a essayé de réduire le nombre de visiteurs en mettant en place un système de réservation sur Internet.
08:37 Voilà, je pense qu'en tout cas, il faut essayer de réguler, mais attention, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
08:45 Le tourisme, ça rapporte beaucoup d'argent aux collectivités territoriales, ça crée des emplois, et il ne faudrait surtout pas que ça ait un impact négatif sur la fréquentation.
08:57 - C'est 20% de l'emploi dans le monde, le tourisme, emploi direct et indirect. - Oui.
09:02 - Alors, comment on réagit au surtourisme ? Est-ce qu'il faut des quotas ? Est-ce qu'il faut des taxes ? On en parlera tout à l'heure à 8h40 plus en détail.
09:08 En tout cas, merci beaucoup pour cette grande présentation. Patrick Visseria, le président de Détente Consulting, était l'invité d'Europe 1 Matin.

Recommandée