Émission spéciale - Émission spéciale : Assemblée nationale, une année sous tension

  • l’année dernière
Il y a un an, débutait l'an 1 du second quinquennat Macron, et avec lui son cortège de nouveaux députés à l'Assemblée. Coup de théâtre électoral : avec 249 députés, le président et son gouvernement ne disposait plus que d'une majorité toute relative dans l'hémicycle. On prédisait une Assemblée paralysée, des réformes à l'arrêt...
Un an après : à coup de compromis, les réformes majeures sont toutes passées... mais à quel prix ? le 49/3 a été perçu par les Français comme un coup de force, et l'opposition use désormais à fond d'une arme suprême, les réseaux sociaux, pour amplifier les mécontentements.
Agitation, mises en scène, 49-3 à répétition... l'Assemblée sort malmenée de cette année... sous l'oeil discret d'un Rassemblement national qui a assis ses positions.

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Transcript
00:00:00 C'était il y a un an. Coup de théâtre électoral.
00:00:03 Après avoir réélu Emmanuel Macron à la présidentielle,
00:00:06 les Français ne lui accordent qu'une majorité relative.
00:00:09 On prédisait alors une assemblée paralysée,
00:00:12 une foire d'empoigne permanente.
00:00:14 Qu'en est-il un an après ?
00:00:16 Réponse dans notre émission spéciale.
00:00:20 Générique
00:00:22 ...
00:00:35 -Bonjour à tous et bienvenue sur LCP
00:00:37 pour cette émission spéciale "Un an".
00:00:39 Le 19 juin 2022,
00:00:42 élection législative, coup de tonnerre à l'Assemblée,
00:00:45 la majorité absolue devient relative.
00:00:48 Le RN arrive en force avec 89 députés,
00:00:51 la droite est largement affaiblie
00:00:53 et la gauche s'affiche soudée dans la nupe.
00:00:56 Une nouvelle physionomie qui va placer l'Assemblée
00:00:59 au centre du jeu politique.
00:01:01 A coup de compromis et de 49-3,
00:01:03 l'Assemblée va fonctionner, mais à quel prix ?
00:01:06 Quelle image cette assemblée survoltée donne-t-elle aux Français ?
00:01:10 A toutes ces questions, nous allons répondre avec nos invités,
00:01:14 avec Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement.
00:01:17 Mais d'abord, ce magazine de la rédaction,
00:01:20 "Assemblée nationale, la majorité sur un fil,
00:01:23 "décryptage des 12 mois écoulés entre Brouhaha et 49-3",
00:01:28 c'est un magazine de Clément Perrault.
00:01:30 On regarde ensemble et on se retrouve juste après.
00:01:33 Musique de tension
00:01:35 -Elle est redevenue le champ de bataille incontournable
00:01:40 du débat politique.
00:01:41 -Ici, c'est l'Assemblée nationale.
00:01:45 Ce sont les députés qui font la loi.
00:01:48 -Vote serré.
00:01:50 Opposition, frontale, alliance incertaine.
00:01:53 Depuis un an, maintenant,
00:01:54 l'Assemblée nationale concentre à nouveau la tension.
00:01:58 -On ne va pas dans une salle de cinéma sans film.
00:02:00 Là, il passe un film. Donc les Français s'y intéressent.
00:02:04 -Contraints à une majorité relative par les électeurs,
00:02:07 les députés de la coalition présidentielle
00:02:11 et le gouvernement
00:02:13 naviguent en eau trouble dans l'hémicycle.
00:02:16 -Tout le monde nous prédisait le blocage absolu.
00:02:18 Avec la configuration de l'Assemblée qu'on avait,
00:02:21 on serait dans l'incapacité de gouverner.
00:02:23 -Gouverner, vaille que vaille,
00:02:26 parfois même dans la tempête.
00:02:28 -Le niveau de tension qu'on acquiert ce jour-là
00:02:33 me paraît assez inédit.
00:02:35 -La comparaison n'est pas raison.
00:02:37 -Comment le gouvernement parvient-il à faire voter ses projets de loi ?
00:02:41 -Vous interrogez le gouvernement sur une mesure de régulation.
00:02:45 -Quand et pourquoi décide-t-il de passer en force ?
00:02:49 -Aussi sur le fondement de l'article 49
00:02:52 alinéa 3 de la Constitution,
00:02:55 j'engage la responsabilité...
00:02:57 -Et à quel prix ?
00:02:59 -L'Assemblée nationale ne peut pas continuer 4 années supplémentaires.
00:03:03 Elle ne peut pas. C'est impossible.
00:03:05 -Retour sur une année parlementaire mouvementée
00:03:08 où la majorité a marché en permanence.
00:03:11 -La séance est suspendue.
00:03:13 -Sur un film.
00:03:14 Musique de tension
00:03:16 ...
00:03:17 -Et voilà, le chiffre tombe dans une seconde, maintenant.
00:03:21 Il est 20h. Vous découvrez le visage
00:03:23 de la nouvelle Assemblée nationale,
00:03:25 les estimations en nombre de sièges.
00:03:28 Et c'est Ensemble qui arrive en tête
00:03:30 avec 224 sièges.
00:03:33 On est très, très loin de la majorité absolue
00:03:36 de 289 sièges.
00:03:37 -C'est un tremblement de terre. -Ah, c'est un tremblement.
00:03:40 -C'est la plus petite majorité relative
00:03:43 qu'on ait pu trouver sous la Vème République.
00:03:45 -Le nouvel hémicycle, qui s'affiche sur les écrans
00:03:48 le 19 juin 2022, est inédit.
00:03:51 Alors même qu'Emmanuel Macron
00:03:53 vient d'être réélu président de la République,
00:03:56 ses résultats sont pour sa majorité
00:03:58 un revers cinglant et inattendu.
00:04:01 Les rapports de force dans l'hémicycle
00:04:03 sont profondément chamboulés.
00:04:05 -On a beaucoup de sièges
00:04:07 qui vont séparer la majorité relative
00:04:09 de la majorité absolue et surtout,
00:04:11 une grande difficulté à faire des alliances.
00:04:14 -Si la majorité présidentielle
00:04:16 l'exclut d'emblée de travailler
00:04:18 avec le Rassemblement national et la France insoumise,
00:04:21 elle va, en revanche, devoir jouer l'ouverture
00:04:24 avec les autres groupes.
00:04:26 L'enjeu ? Trouver des partenaires,
00:04:28 texte par texte.
00:04:30 -Eh, là !
00:04:32 -Vous avez des grandes coalitions
00:04:34 qui sont parfois composées de gens
00:04:36 qui se combattent pendant la période
00:04:39 électorale et qui travaillent pour que le gouvernement
00:04:42 produise et fasse avancer le pays.
00:04:44 C'est le cas de l'Allemagne.
00:04:46 On ne voit pas en quoi cela est choquant.
00:04:48 Peut-être notre culture politique ne nous les a pas habitués.
00:04:51 Peut-être que les Français nous ont,
00:04:54 d'une certaine manière, contraints à devoir faire avec,
00:04:57 comme ils avaient à l'époque,
00:04:59 contraints des présidents de la République
00:05:01 à vivre avec une majorité parlementaire.
00:05:03 -C'est un exercice assez inédit.
00:05:05 Souvent, les partis d'opposition
00:05:08 aiment bien rester confortablement dans l'opposition
00:05:10 quand ils y sont et dire qu'ils sont contre tout.
00:05:13 Si on est tous dans cette logique-là,
00:05:15 il ne se passera pas grand-chose.
00:05:18 -Le 6 juillet, la nouvelle présidente de l'Assemblée,
00:05:21 Yael Broun-Pivet, donne le véritable coup d'envoi
00:05:24 de la 16e mandature.
00:05:28 Musique inquiétante
00:05:30 -La parole est à madame la Première ministre.
00:05:32 Applaudissements
00:05:35 -C'est le jour du discours de politique générale
00:05:38 d'Elisabeth Borne, nommée quelques semaines plus tôt.
00:05:40 C'est son baptême du feu dans l'arène parlementaire.
00:05:44 -Mesdames et messieurs les députés...
00:05:46 -Les Français font véritablement sa connaissance à ce moment-là
00:05:50 parce que tous les projecteurs, déjà, sont beaucoup plus braqués
00:05:54 sur l'Assemblée nationale qu'ils ne l'ont jamais été.
00:05:57 Et à ce moment-là, elle fait un discours qui est fort,
00:06:00 qui est clair.
00:06:01 -Les Français nous demandent de nous parler plus,
00:06:05 de nous parler mieux.
00:06:07 Je veux qu'ensemble, nous redonnions un sens
00:06:10 et une vertu aux mots "compromis",
00:06:13 depuis trop longtemps oubliés dans notre vie politique.
00:06:16 Applaudissements
00:06:18 ...
00:06:22 Musique inquiétante
00:06:24 -Faute de majorité dans l'hémicycle,
00:06:27 la Première ministre renonce à solliciter un vote de confiance.
00:06:30 En réaction, les groupes de la NUPES
00:06:32 déposent une motion de censure
00:06:35 pour faire, déjà, tomber le gouvernement.
00:06:38 Applaudissements
00:06:40 A gauche, le temps est donné.
00:06:42 -Dans toute grande démocratie du monde,
00:06:44 la Première ministre demande la confiance au Parlement.
00:06:47 Et là, elle s'en passe.
00:06:49 En quelque sorte, la confiance que lui accorderait
00:06:52 le président suffirait pour que, ensuite,
00:06:54 ce gouvernement puisse mener son action.
00:06:57 Nous ne sommes pas d'accord.
00:06:58 -Pour passer, une motion doit être votée
00:07:02 par la moitié des députés plus un.
00:07:04 Les seuls élus de la NUPES ne suffisent pas
00:07:07 pour atteindre ce seuil.
00:07:09 ...
00:07:12 C'est dans ce contexte, déjà éruptif,
00:07:15 que l'Assemblée nationale va se réunir
00:07:17 en session extraordinaire à l'été 2022.
00:07:21 Les deux premiers textes qui arrivent dans l'hémicycle
00:07:24 portent sur la gestion de la crise sanitaire
00:07:26 et sur une aide exceptionnelle au pouvoir d'achat.
00:07:29 -Les textes restent des textes relativement consensuels.
00:07:32 Ils sont pensés comme ça au début.
00:07:34 On peut discuter sur quels vont être les milliards
00:07:37 qu'on va redistribuer, mais c'est plus facile
00:07:39 de redistribuer des milliards qu'en enlever.
00:07:42 -Des textes consensuels sur le papier,
00:07:46 mais dans l'hémicycle, c'est une autre affaire.
00:07:48 -Il va peut-être falloir s'habituer à des débats vifs
00:07:52 dans cette Assemblée nationale,
00:07:54 et peut-être que ça vous sortira un peu,
00:07:56 un peu de votre ronron néolibéral.
00:07:59 -Le projet de pouvoir d'achat du gouvernement,
00:08:02 il est nullissime.
00:08:03 On va pas s'en cacher, il est nullissime.
00:08:06 -Cette Assemblée de plaies mobiles
00:08:08 qui ne répond qu'aux injonctions de l'exécutif,
00:08:11 elle est finie. Elle est finie !
00:08:13 -Ce que j'en retiens, c'est quand même
00:08:15 un décor qui est planté,
00:08:17 qui me paraît être durable.
00:08:19 C'est celui d'une opposition forte,
00:08:24 d'une confrontation sans merci.
00:08:28 -Pour 96 contre 161,
00:08:31 l'Assemblée nationale n'a pas adopté.
00:08:34 -Mise à mal dans l'hémicycle,
00:08:36 la majorité est pour la première fois battue
00:08:38 par les oppositions lors d'un vote important.
00:08:41 Il concerne un article du projet de loi sanitaire.
00:08:44 -Cet applaudissement un peu commun
00:08:46 pour montrer que le gouvernement ne peut pas tout
00:08:49 est un peu quelque chose qui va nous donner le ton
00:08:52 de cette année parlementaire.
00:08:54 La majorité est sur le grill.
00:08:57 On a le sentiment que l'opposition a plus comme objectif
00:09:01 de défaire ce que fait la majorité
00:09:03 que, parfois, de lancer des propositions alternatives.
00:09:07 -La vie est défavorable.
00:09:08 -Poussé déjà dans leur retranchement,
00:09:10 le gouvernement et la majorité, pourtant,
00:09:13 l'emportent au moment des votes définitifs
00:09:15 sur l'ensemble de ces deux textes.
00:09:17 -C'est un soulagement,
00:09:19 étant donné que, pour la majorité,
00:09:21 l'idée qu'on peut gouverner texte par texte
00:09:25 devient, à présent, relativement crédible.
00:09:28 Personne n'est tout à fait dupe.
00:09:30 Gouverner comme ça sur ce type de texte
00:09:32 est déjà relativement compliqué.
00:09:34 En tout cas, ça amène à des tensions parlementaires.
00:09:37 Que va-t-il advenir à l'automne,
00:09:39 quand les textes seront plus compliqués ?
00:09:41 -L'automne,
00:09:43 puis le reste de l'année parlementaire
00:09:45 vont confirmer la tendance de l'été.
00:09:47 -L'Assemblée nationale a adopté !
00:09:50 -Le projet de loi est adopté.
00:09:53 -L'Assemblée nationale a adopté.
00:09:56 -Tous les projets de loi soumis au vote
00:09:58 sont adoptés par les députés,
00:10:00 avec des alliances différentes selon les textes.
00:10:03 Ils portent sur la sécurité, les énergies renouvelables,
00:10:06 le nucléaire ou encore la réforme du marché du travail.
00:10:10 Les détails des votes montrent
00:10:12 que le premier allié de la majorité
00:10:15 est le groupe Les Républicains.
00:10:17 Il a voté pour dans 64 % des votes sur des projets de loi.
00:10:22 -On a avancé sur l'assurance-chômage,
00:10:24 on a avancé sur le nucléaire,
00:10:27 on a voté pas mal de textes.
00:10:30 Nous, on fait en sorte, effectivement,
00:10:32 de les aiguiller plutôt vers la droite.
00:10:36 -La proximité entre LR et le gouvernement
00:10:38 est aujourd'hui flagrante.
00:10:40 Ils l'ont montré de manière récurrente
00:10:42 depuis un an, au point que je pense
00:10:45 qu'ils ont perdu tout crédit
00:10:47 auprès des Français qui sont opposés
00:10:50 au gouvernement d'Emmanuel Macron.
00:10:52 -Deuxième partenaire de la majorité
00:10:55 dans l'hémicycle, le groupe centriste Lyott,
00:10:57 avec 57 % de votes favorables sur les projets de loi.
00:11:02 Vient ensuite le Rassemblement national,
00:11:05 avec 38 %, un chiffre qui peut surprendre,
00:11:08 venant d'un groupe en opposition frontale au gouvernement.
00:11:11 -Nos électeurs nous envoient à l'Assemblée
00:11:14 pour défendre un certain nombre de choses.
00:11:16 Si on leur dit qu'ils ne votent pas,
00:11:18 ils vont nous dire que nous avons rompi le mandat.
00:11:23 Il y a un certain nombre de textes comme ceux-là
00:11:26 qui nous apparaissent, évidemment,
00:11:29 très largement améliorables,
00:11:31 mais qui vont plutôt dans le sens de l'intérêt général.
00:11:34 Nous les votons.
00:11:36 -C'est une stratégie politique de leur part.
00:11:38 Ils ne peuvent plus apparaître comme opposants claniques.
00:11:41 Ils doivent montrer qu'ils deviennent un parti.
00:11:44 Après, ils votent ou pas, c'est pas mon problème.
00:11:47 Je cherche pas leur voix. J'ai pas besoin de leur voix.
00:11:50 -D'ailleurs, dans les différents textes,
00:11:53 même sans leur voix, ces textes auraient été adoptés.
00:11:56 -Madame la présidente...
00:11:57 -Les alliances sont beaucoup plus difficiles avec la nupes.
00:12:01 Les socialistes n'ont voté favorablement
00:12:03 que sur 14 % des projets de loi.
00:12:06 Les écologistes et la France insoumise, eux,
00:12:10 n'ont jamais rien voté.
00:12:12 -Dans le délai d'un jour, après le dépôt du projet de loi...
00:12:16 -Nous n'allons pas voter des textes avec lesquels nous sommes en désaccord.
00:12:20 Les textes qui sont les mêmes recettes,
00:12:22 qui mèment aux mêmes échecs, nous n'allons pas les voter.
00:12:25 Nous sommes, encore une fois, les opposants d'Emmanuel Macron.
00:12:29 La question n'est pas de faire des ouvertures.
00:12:32 -Je pense que ceux de la nupes,
00:12:33 ce sont les otages de la France insoumise,
00:12:36 les otages de M. Mélenchon.
00:12:38 Ils sont un peu tenus, même s'ils essaient d'en sortir
00:12:41 par le joux de cette alliance électorale.
00:12:45 Musique de tension
00:12:47 -Ces votes gagnés donnent l'impression
00:12:49 d'un gouvernement souverain à l'Assemblée.
00:12:51 Mais la réalité est bien de plus nuancée.
00:12:56 Ces alliances sont fragiles,
00:12:59 et pour certains textes, pas des moindres,
00:13:02 le gouvernement a choisi de ne pas solliciter
00:13:05 le vote des députés.
00:13:06 Il a préféré passer en force.
00:13:10 Musique de tension
00:13:12 10 octobre 2022,
00:13:14 Yael Brounpivet ouvre l'examen en séance publique
00:13:17 du budget 2023.
00:13:18 -L'ordre du jour appelle la discussion
00:13:20 du projet de loi de programmation des finances publiques...
00:13:24 -Il apparaît clairement que le gouvernement, cette fois,
00:13:27 ne trouvera pas de majorité.
00:13:29 -C'est vous qui avez tort !
00:13:32 Ce ne sont pas l'intégralité des oppositions qui ont tort !
00:13:36 -Les Français ne sont pas cons,
00:13:38 et vous auriez tort de prendre les Français pour des cons.
00:13:41 -Une coalition de l'irresponsabilité
00:13:44 a envoyé l'image d'un pays
00:13:46 qui est incapable de se fixer comme objectif
00:13:49 de maîtriser sa dépense publique.
00:13:51 -Il est de tradition en politique
00:13:54 que les oppositions votent systématiquement
00:13:57 contre un budget.
00:13:58 -J'ai le souvenir de vieil enseignement,
00:14:00 d'un vieux briscard de la politique locale
00:14:03 qui disait que quand tu es dans l'opposition,
00:14:05 tu ne votes pas le texte budgétaire.
00:14:07 Ca se retranscrit au niveau de la politique nationale.
00:14:10 C'est comme ça.
00:14:11 Pas d'abstention, contre.
00:14:14 -Les oppositions sont parfaitement dans leur rôle
00:14:17 en refusant de s'affilier à un budget,
00:14:19 puisque le budget, c'est votre manière
00:14:21 de faire de la politique et de dépenser
00:14:24 pour financer cette politique.
00:14:25 Donc c'est très symbolique.
00:14:27 Applaudissements
00:14:29 -Le 19 octobre, Elisabeth Borne s'avance donc à la tribune
00:14:32 pour annoncer le premier recours au 49-3 de la mandature.
00:14:37 ...
00:14:40 -Sur le fondement de l'article 49,
00:14:43 alinéatoire de la Constitution,
00:14:46 j'engage la responsabilité de mon gouvernement
00:14:49 pour la première partie du projet de loi de finances pour 2023.
00:14:53 Applaudissements
00:14:55 -Concrètement, le gouvernement fait passer le texte sans vote
00:14:59 en engageant sa responsabilité.
00:15:01 Mais cette procédure l'expose à une motion de censure
00:15:04 des oppositions.
00:15:06 La NUPES en dépose une immédiatement.
00:15:09 -Ce n'est pas interdit.
00:15:11 -Et surprise, le groupe Rassemblement national...
00:15:14 -Madame la présidente. -...va la voter.
00:15:16 -Madame la Première ministre et mes collègues.
00:15:19 -Parce que seul l'intérêt national guide ces paroles et ces actes,
00:15:24 le groupe que j'ai l'honneur de présider votera également
00:15:27 la motion de censure présentée en des termes acceptables
00:15:31 de l'autre côté de l'hémicycle.
00:15:33 Applaudissements
00:15:35 ...
00:15:37 -Une motion de censure, c'est pas une adhésion au groupe
00:15:40 qui la dépose.
00:15:42 Une motion de censure, c'est clairement...
00:15:46 Le gouvernement mérite-t-il, sur ce texte,
00:15:49 compte tenu de son comportement, d'être censuré ?
00:15:51 Si la réponse est oui,
00:15:53 quelle que soit la personne qui dépose la motion de censure,
00:15:56 on la vote. C'est aussi simple.
00:15:58 -Je vais être avec vous. J'ai été...
00:16:00 Pas amusé.
00:16:01 Mais j'ai souri lorsque j'ai vu les têtes des députés de la NUPES,
00:16:05 au moment où Marine Le Pen a, dans ses cas, allé la voter.
00:16:09 Voilà.
00:16:10 -Non, ça ne nous met pas mal à l'aise.
00:16:12 Je veux dire, je ne vais pas demander à mes députés
00:16:15 de s'allonger sur les boutons de vote des députés RN.
00:16:18 Les députés RN votent comme ils le souhaitent.
00:16:21 Nous n'avons rien à voir avec ces gens.
00:16:23 Nous combattons fermement l'extrême droite,
00:16:26 mais je veux dire, ensuite, chacun est libre de son vote.
00:16:29 -L'addition des voix de la NUPES et du RN
00:16:33 ne suffit pas pour atteindre la majorité.
00:16:36 La motion est rejetée.
00:16:38 ...
00:16:40 Au total, l'article 49.3 est utilisé à 10 reprises
00:16:45 pour faire passer l'ensemble du budget.
00:16:47 Ces passages en force répétés ont déjà échauffé les esprits
00:16:51 quand arrive en séance le texte majeur
00:16:54 de cette année parlementaire,
00:16:56 la réforme des retraites.
00:16:58 -Madame la présidente...
00:17:00 -Le 6 février, les débats s'ouvrent dans un hémicycle survolté.
00:17:04 ...
00:17:06 -Vous n'avez pas à frapper les pupitres.
00:17:08 La parole est au gouvernement.
00:17:10 -Des engagements présidentiels.
00:17:12 -Mesdames et messieurs les députés, on n'est pas dans un encycle,
00:17:16 on est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
00:17:19 ...
00:17:24 -Nous y sommes.
00:17:25 -Pour cet examen, le gouvernement a décidé
00:17:29 de recourir à une procédure accélérée.
00:17:32 Les députés ont 20 jours pour débattre du texte.
00:17:35 C'est l'article 47.1 de la Constitution
00:17:38 et son utilisation n'est pas du goût des oppositions.
00:17:42 ...
00:17:44 -Avoir deux semaines de discussion sur un texte
00:17:47 qui va changer la vie de millions de Français
00:17:50 et même de générations à venir, c'est inadmissible.
00:17:54 Et je le dis, c'est la première fois que le 47.1 est utilisé,
00:17:58 ça risque d'être un précédent très dangereux.
00:18:00 -Le gouvernement a en réalité une seule exigence,
00:18:03 c'est l'urgence, c'est-à-dire d'aller très vite
00:18:06 et avec des débats très courts.
00:18:08 -Ca permet aussi d'avoir des débats
00:18:10 qui vont pas s'embonniser pendant des mois et des mois,
00:18:13 mais qui vont, en tout cas, c'est ce qu'on espérait,
00:18:16 non seulement durer un peu moins longtemps,
00:18:19 mais surtout être plus fructueux, plus utile et plus serein.
00:18:22 C'est pas ce qui s'est passé.
00:18:24 -Serein, ce n'est effectivement pas l'adjectif
00:18:26 qui convient le mieux pour qualifier les débats.
00:18:30 -Vous faites pitié.
00:18:32 Voilà le sentiment que vous m'inspirez.
00:18:35 -Ce ne sont pas les mots d'une première ministre,
00:18:38 ce sont les mots d'un bourreau.
00:18:40 -C'est une réforme ou la faillite,
00:18:42 c'est ça, la réalité de notre système aujourd'hui.
00:18:45 -Entre 2017 et 2019,
00:18:47 c'est 33 % d'accidents du travail causant la mort en plus,
00:18:51 et vous avez la responsabilité de ces choix politiques.
00:18:55 Vous êtes un imposteur et un assassin.
00:18:57 Applaudissements
00:18:59 -Cette intervention du député Aurélien Saint-Aoul
00:19:02 lui vaudra un rappel à l'ordre,
00:19:04 symbole de débats d'une extrême tension.
00:19:07 -Vous voulez retraite, les salaires et l'emploi !
00:19:10 -Alors que dans toute la France,
00:19:12 les manifestations s'enchaînent à l'appel des syndicats,
00:19:15 les débats s'enlisent dans l'hémicycle.
00:19:18 20 000 amendements ont été déposés,
00:19:20 dont 13 000 par les députés France Insoumise,
00:19:23 qui refusent d'entrer dans la logique d'urgence du gouvernement.
00:19:26 -Vos amendements sont inutiles, c'est de l'obstruction,
00:19:29 votre comportement ne sert à rien !
00:19:31 Applaudissements
00:19:33 -Les jours passent, le texte n'arrivera jamais jusqu'au vote
00:19:36 lors de son examen à l'Assemblée.
00:19:38 Même l'article 7, qui prévoyait le report
00:19:42 de l'âge de départ à 64 ans, ne sera jamais étudié.
00:19:46 -Monsieur le ministre, vous avez la parole.
00:19:49 -Au 20e jour, Olivier Dussopt siffle la fin des débats...
00:19:52 -Merci, madame la présidente.
00:19:54 -...dans une ambiance électrique.
00:19:56 -C'est dans le respect de la Constitution
00:19:58 que nous devons prendre fin.
00:20:00 Ce délai s'achève ce soir.
00:20:02 Les 20 500 amendements déposés par la NUPES
00:20:06 auront empêché notre Assemblée d'achever l'examen du texte.
00:20:09 Mesdames et messieurs les députés insoumis,
00:20:12 vous m'avez insulté 15 jours,
00:20:14 vous chantez, mais vous m'avez insulté.
00:20:16 Personne n'a craqué ! Personne n'a craqué !
00:20:19 Et nous sommes là, devant vous, pour la réforme !
00:20:22 Applaudissements
00:20:23 -Je vous remercie, monsieur le ministre.
00:20:25 -C'est la semaine de discussion de la réforme des retraites.
00:20:29 Dans les sondages d'opinion, c'est peut-être la semaine
00:20:31 où l'Assemblée a acquis la plus mauvaise image de son histoire.
00:20:35 -Ca a été un débat de très mauvaise qualité
00:20:37 qui a laissé un goût amer en travers de la gorge
00:20:40 de la majorité des députés, je le pense.
00:20:42 -Le texte part alors au Sénat, où il est voté.
00:20:46 Il doit revenir une dernière fois à l'Assemblée
00:20:49 pour une adoption définitive.
00:20:53 Nous sommes le 16 mars 2023,
00:20:55 et le vote prévu ce jour-là
00:20:57 est le moment le plus attendu de l'année parlementaire.
00:21:01 Le gouvernement prendra-t-il le risque
00:21:03 de laisser les députés voter,
00:21:05 ou dégainera-t-il à nouveau le 49-3 ?
00:21:08 -Mes chers collègues...
00:21:10 -J'étais à l'Elysée, on s'est vus trois fois
00:21:13 avec le président de la République ce jour-là,
00:21:15 parce que je suis assez persuadée que sa conviction à lui,
00:21:19 sa force de caractère, c'est qu'évidemment,
00:21:22 il veut aller au vote,
00:21:24 et qu'il veut que chacun ait à se prononcer
00:21:26 en son âme et conscience.
00:21:28 -Sous la Ve République, c'est la 1re fois
00:21:30 qu'on a autant de réunions élyséennes.
00:21:33 Il y a cette phrase très intéressante
00:21:35 du choix entre la grosse Bertha et la roulette russe.
00:21:38 Le gouvernement est entre deux écueils
00:21:40 qui ne lui conviennent pas.
00:21:42 Et il y a ce moment du comptage, en réalité.
00:21:45 Je pense que les 48 dernières heures ont été consacrées au comptage.
00:21:48 -Je fais passer le message à la première ministre
00:21:52 de ce qu'est l'état des forces dans mon groupe,
00:21:55 qui a environ, je crois, de mémoire,
00:21:58 30, 35 députés qui sont prêts à voter ce texte,
00:22:02 et qu'il y en a une vingtaine qui sont plutôt contre.
00:22:05 -Le président de la République a voulu sonder
00:22:08 les différents groupes parlementaires.
00:22:10 Moi, en ce qui me concerne, j'ai assez rapidement considéré
00:22:14 qu'il n'y aurait pas une majorité pour le texte tel quel.
00:22:21 Et ensuite, il y a eu une réflexion...
00:22:23 qui s'est jouée aussi entre les deux têtes de l'exécutif,
00:22:28 et nous avons appris que le 49-3 allait être utilisé.
00:22:31 -Avec 10 minutes de retard
00:22:35 sur l'horaire d'ouverture de la séance,
00:22:37 Elisabeth Borne arrive à l'Assemblée
00:22:39 pour vivre sans doute le moment le plus éprouvant
00:22:43 de sa carrière politique.
00:22:44 ...
00:22:57 -Dans un hémicycle chauffé à blanc,
00:22:59 sa voix est couverte par les cris et les chants de l'opposition.
00:23:03 -La déclaration de politique générale
00:23:06 est l'heure de la présentation.
00:23:08 -Ca a été un moment extrêmement violent.
00:23:11 Je n'ai pas entendu un traître mot
00:23:13 de ce que la Première ministre a dit quand elle est montée à la tribune.
00:23:17 Il y avait un tel niveau sonore,
00:23:19 un tel niveau d'hurlement, de débordement,
00:23:21 d'indignité dans cet hémicycle
00:23:23 que nous n'avons rien entendu,
00:23:25 et ça a été une grande épreuve, je crois, d'abord pour elle.
00:23:29 Et la majorité fait bloc.
00:23:30 Et on ne la lâche pas parce qu'on ne peut pas ne pas être solidaires
00:23:34 malgré la décision prise.
00:23:36 -Une image qui a fait le tour du monde
00:23:38 et de tous les médias internationaux
00:23:40 de cette Marseillaise que nous chantons
00:23:43 sur ces panneaux "démocratie",
00:23:45 qui, eux, marquent le fait qu'on est en train de passer à un seuil
00:23:48 où le Parlement ne compte pas, la rue ne compte pas,
00:23:51 les syndicats ne comptent pas.
00:23:53 Bref, en quelque sorte, il n'existe que le président,
00:23:56 isolé et seul, qui fait un annuaime acte d'autoritarisme
00:24:00 que nous refusons.
00:24:01 -Dans les heures qui suivent,
00:24:03 c'est cette fois le groupe centriste Lyot
00:24:05 qui dépose une motion de censure
00:24:07 que la NUPES et le RN soutiennent.
00:24:10 Les Républicains, avec qui l'exécutif
00:24:12 avait pourtant conclu un accord,
00:24:15 sont très divisés sur ce texte.
00:24:17 Le gouvernement ne semble plus tenir qu'à un fil.
00:24:20 Résultat du vote,
00:24:25 la motion échoue à neuf voix près, neuf députés.
00:24:29 Voilà ce qui a manqué pour faire chuter le gouvernement.
00:24:33 -Le coup passe à si près que le chapeau tombe.
00:24:35 C'est Victor Hugo.
00:24:37 Ca arrive en politique.
00:24:40 Le chapeau est tombé par le gouvernement.
00:24:44 -Si l'exécutif est pressé de tourner la page des retraites,
00:24:48 les oppositions, elles, ne veulent pas en rester là.
00:24:52 Le groupe Lyot dépose une proposition de loi
00:24:56 pour revenir sur le report de l'âge de départ.
00:24:59 Il est soutenu par la NUPES et le RN.
00:25:01 La bataille des retraites vire à la guérilla parlementaire.
00:25:05 -Cette proposition de loi d'abrogation d'un texte
00:25:09 qui vient d'être voté, c'est un inédit,
00:25:11 sous la Ve République,
00:25:13 on installe une concurrence entre l'Assemblée et le gouvernement.
00:25:17 Cette proposition n'a pas d'avenir législatif.
00:25:19 La seule chose qui compte, c'est le symbole.
00:25:22 Ca prouve que les oppositions ne digèrent pas, à mon avis,
00:25:26 peut-être même bien plus une certaine manière
00:25:29 d'avoir traité le Parlement pendant cette réforme des retraites
00:25:33 que la réforme des retraites en tant que telle.
00:25:36 -C'est pareil pour les parlements, ils ont une majorité relative.
00:25:40 Faisons plus simple.
00:25:41 Il faut qu'ils comprennent que l'Assemblée nationale
00:25:45 n'est plus une chambre d'enregistrement.
00:25:47 -Ils savent que le dispositif passera jamais
00:25:50 et que donc on veut convoquer l'Assemblée nationale
00:25:53 pour faire un coup politique,
00:25:55 un coup politique qui peut être susceptible
00:25:57 de mettre beaucoup de désordre dans le pays.
00:26:00 Je trouve ça assez glaçant.
00:26:03 Musique de tension
00:26:05 -Le jour de l'examen, Yael Brounpivet déclare
00:26:07 la proposition de loi irrecevable sur le plan financier.
00:26:11 -Le règlement, rien que le règlement,
00:26:13 rien que la Constitution.
00:26:15 -La proposition ne sera donc pas soumise au vote.
00:26:18 Cette décision fait encore monter d'un cran
00:26:21 la tension dans l'hémicycle.
00:26:23 -Vous nous avez empêchés de voter !
00:26:26 Vous avez osé le faire, mais vous êtes devenus complètement fous !
00:26:30 Acclamations
00:26:32 ...
00:26:34 Vous abimez, vous écrabouillez la démocratie parlementaire
00:26:37 et il y a une chose que vous oubliez,
00:26:39 c'est la séparation des pouvoirs.
00:26:41 -Je sais que vous voulez vous en affronter.
00:26:44 -Ferrar, la présidente, est mise en cause personnellement.
00:26:47 -La présidente de l'Assemblée nationale
00:26:50 aux ordres de l'Elysée assume de ne pas être la garante
00:26:53 des droits du Parlement, mais la misérable courroie
00:26:56 de transmission d'un passage en force ahurissant.
00:26:59 -Ce climat débouche sur un nouveau débordement.
00:27:02 -Vous n'avez pas le droit de vous en offrir !
00:27:04 -M. Bouillard, je vous rappelle à l'ordre !
00:27:08 -J'ai pas de sanctions pour la majorité !
00:27:11 -M. Bouillard !
00:27:13 -Vous n'avez pas le droit de vous en offrir !
00:27:15 -Je vous rappelle à l'ordre avec inscription au procès verbal.
00:27:19 -Sur l'ensemble de l'année parlementaire,
00:27:21 91 sanctions ont ainsi été prononcées contre des députés,
00:27:25 un record et le signe d'un hémicycle
00:27:27 où le dialogue devient parfois impossible.
00:27:29 -Tout le monde comprend
00:27:31 que l'Assemblée nationale ne peut pas continuer
00:27:34 4 années supplémentaires comme cela.
00:27:36 C'est impossible.
00:27:37 Nous arrivons à des stades d'autoritarisme
00:27:40 tellement forts que la question même de savoir
00:27:43 comment nous siégeons dans l'Assemblée est posée.
00:27:46 -En vérité, déjà, après la réforme des retraites,
00:27:49 on a démontré qu'on pouvait continuer à travailler
00:27:52 à l'Assemblée, qu'on pouvait continuer à adopter des textes,
00:27:55 que ce soit des projets de loi ou des propositions de loi.
00:27:59 Les propositions ne sont pas bloquées.
00:28:01 Il n'y a pas de crise institutionnelle.
00:28:03 Musique douce
00:28:04 -En un an, le gouvernement a survécu à 17 motions de censure,
00:28:09 une situation jamais vue dans l'histoire de la Ve République.
00:28:13 Jusqu'ici, malgré la tempête parlementaire,
00:28:17 les projets de loi du gouvernement sont arrivés à bon port,
00:28:20 mais la traversée est encore loin d'être terminée.
00:28:25 Musique douce
00:28:27 ...
00:28:31 -Pour revenir sur cette année parlementaire hors normes,
00:28:34 je vous présente mes invités.
00:28:36 Bonjour. -Bonjour.
00:28:37 -Vous êtes ministre des Relations avec le Parlement.
00:28:40 Pascal Perrineau, bonjour. -Bonjour.
00:28:42 -Vous êtes politologue, professeur des universités à Sciences Po
00:28:46 et ancien directeur du Cevipo. Frédéric Dhabi, bonjour.
00:28:49 Vous êtes directeur général de l'IFOP.
00:28:52 Catherine Tricot, bonjour.
00:28:54 Vous êtes directrice de la revue "Regards".
00:28:56 Véronique Reyssoult, merci d'être là.
00:28:58 Vous êtes présidente de Backbone Consulting
00:29:01 et auteur d'"Ultime pouvoir",
00:29:03 "La vérité" sur les réseaux sociaux aux éditions du CERF.
00:29:06 Alors, Franck Riester,
00:29:07 vous saviez que cette année parlementaire
00:29:10 allait être compliquée, mais quand même,
00:29:12 est-ce que vous vous attendiez à ça ?
00:29:14 -Oui, je m'attendais à ce qu'il puisse y avoir
00:29:17 davantage de bruit, davantage de brouhaha,
00:29:20 davantage d'utilisation d'un certain nombre d'outils
00:29:23 que nous donne la Constitution pour faire face à des obstructions.
00:29:27 Mais je m'attendais, j'espérais, rien n'était sûr,
00:29:30 mais je m'attendais à ce qu'on puisse réussir
00:29:33 avec une méthode de compromis, d'ouverture, de dialogue,
00:29:36 de faire avancer le Parlement,
00:29:38 que le Parlement joue son rôle et que les textes soient votés.
00:29:42 Ces 33 textes qui, depuis un an, ont été votés,
00:29:45 trois simplement en utilisant le 49-3,
00:29:47 tous les autres en allant chercher des majorités plus larges.
00:29:51 Ce qui, pour certains, était une mission impossible au début.
00:29:54 On voit, d'ailleurs, dans le documentaire,
00:29:56 qu'on s'interroge sur les deux premiers textes.
00:29:59 -On pensait que c'était paralysé. -On ne sait pas comment.
00:30:02 Un an après, on s'aperçoit que ça tourne,
00:30:05 cette méthode du texte par texte,
00:30:07 aller chercher des majorités par texte, ça fonctionne,
00:30:10 le Parlement avance et les textes de loi sont votés.
00:30:13 -Pascal Perrineau, en un mot, cette assemblée parlementaire,
00:30:16 vous la qualifieriez comment ?
00:30:18 -C'est une assemblée, si vous voulez,
00:30:20 qui a plusieurs caractéristiques.
00:30:23 D'abord, elle cherche à exister
00:30:25 parce qu'une partie des députés sont des novices.
00:30:28 Il n'y a jamais eu autant de novices à l'Assemblée.
00:30:31 Peut-être que, comment dire, les mœurs parlementaires,
00:30:34 si elles ne sont pas respectées,
00:30:36 c'est peut-être dû aussi à ce caractère
00:30:38 du nombre de novices à l'Assemblée.
00:30:40 D'autre part, il y a deux groupes extrêmes
00:30:44 qui sont deux groupes qui ont un rapport à la démocratie,
00:30:47 même pas à la démocratie parlementaire,
00:30:49 qui est un rapport complexe, on le voit,
00:30:51 en particulier dans le groupe de la NUPES,
00:30:54 et surtout à ELEFI.
00:30:55 On voit bien que, pour eux, très souvent,
00:30:58 quand ils interviennent, au fond, ils n'ont pas l'impression
00:31:01 que le Parlement, ça représente, j'allais dire,
00:31:04 l'ensemble du corps électoral,
00:31:06 que quelque part, le peuple, ça se situe ailleurs,
00:31:09 dans les manifestations,
00:31:12 dans... Parfois sur le web, etc.
00:31:15 Mais ils ont un problème avec la démocratie
00:31:19 que les marxistes appelaient jadis la démocratie formelle.
00:31:23 Et quelque part, pour ces députés,
00:31:25 la démocratie réelle, elle est toujours ailleurs.
00:31:28 Elle est toujours ailleurs et ils prétendent en être
00:31:31 les représentants. Pour le FN,
00:31:32 devenu RN, c'est plus complexe,
00:31:35 mais on voit, eux aussi, qu'ils ont un problème
00:31:38 d'acculturation au fonctionnement
00:31:40 de l'Assemblée.
00:31:42 Donc, c'est une Assemblée
00:31:45 qui, troisième caractéristique,
00:31:47 cherche sa méthode de travail.
00:31:50 Et c'est vrai que la dernière période,
00:31:52 ce qui s'est passé sur la réforme des retraites,
00:31:56 cache ce que Franck Rister appelait la forêt.
00:31:59 C'est-à-dire que ça a fonctionné, qu'on le veuille ou non.
00:32:03 Ca a fonctionné.
00:32:04 -La France a appris cette culture du compromis ?
00:32:07 -Elle pourrait aller plus loin.
00:32:09 Elle pourrait aller plus loin.
00:32:11 On pourrait avoir une culture de compromis
00:32:13 comme dans les grandes démocraties parlementaires matures,
00:32:17 c'est-à-dire un compromis négocié en détail.
00:32:20 Regardez comment fonctionnent nos voisins allemands,
00:32:23 avec des sensibilités politiques très différentes
00:32:26 entre les socialistes et les libéraux.
00:32:29 Il y a tout de même énormément de distance.
00:32:31 Ils parviennent.
00:32:32 C'est vrai qu'en termes d'image, pour la population,
00:32:35 c'est beaucoup mieux quand le compromis est stable.
00:32:38 Quand le compromis est fait de briques et de brocs,
00:32:41 et quand le compromis est parfois difficile ou impossible,
00:32:44 on l'a vu sur les retraites, et qu'on est obligé
00:32:47 d'avoir recours à ce qu'on appelle les armes du parlementarisme,
00:32:50 il y a un coût en termes d'opinion.
00:32:52 C'est ce qu'on voit aujourd'hui.
00:32:54 En termes d'opinion, c'est vrai que le Parlement,
00:32:57 l'Assemblée nationale, sort un peu abîmé
00:33:00 de cette année.
00:33:01 -Vous nous parlez de culture du compromis.
00:33:03 Frédéric Dhabi, ce que les Français retiennent,
00:33:06 c'est pas tellement le compromis, ou pas tant le compromis
00:33:09 que les 49-3 qui ont été utilisés à 11 reprises au Parlement.
00:33:13 -Clairement, ce documentaire le montre.
00:33:15 C'est chronique d'une déception.
00:33:17 Il faut pas oublier que dès le second tour,
00:33:20 dans l'histoire du second tour de l'élection présidentielle,
00:33:23 dans les enquêtes fiduciales,
00:33:25 une majorité de Français, 68 %, souhaitent qu'Emmanuel Macron
00:33:28 n'ait pas la majorité absolue, qu'il y ait une majorité relative,
00:33:32 voire une cohabitation, car c'était l'idée
00:33:35 nationale, aller refléter la composition politique du pays.
00:33:38 Et puis, il y a eu les cris, les vociférations
00:33:42 qui ont caché ce dont parlent Franck Rister
00:33:45 et Pascal Perrenault, à savoir un travail législatif
00:33:48 de qualité, et tout a été cannibalisé, c'est vrai,
00:33:51 par un peu la réforme des retraites sur le fond
00:33:54 et sur la forme, s'agissant des instruments,
00:33:56 le 49-3. Ce qui m'a frappé, c'est à quel point
00:33:59 le regard qu'on ait sur le 49-3 a changé.
00:34:01 Les trois années de Michel Rocard,
00:34:03 88-91, une majorité relative,
00:34:06 mais relative, 11 ou 12 députés de mémoire,
00:34:10 28 49-3 sont utilisés,
00:34:13 et jamais il y a un procès d'autoritarisme,
00:34:16 jamais ça n'entache une popularité très forte
00:34:18 pour la majorité présidentielle de l'époque,
00:34:21 pour le Premier ministre et le président,
00:34:23 et on voit à quel point, aujourd'hui,
00:34:25 le regard sur le 49-3 a changé,
00:34:27 pas seulement du côté des oppositions,
00:34:29 chez un tiers des sympathisants de droite,
00:34:32 la majorité présidentielle,
00:34:34 ayant perçu ce 49-3 comme une forme d'autoritarisme,
00:34:36 voire d'abus de pouvoir, alors même que c'est un instrument,
00:34:40 un dispositif de la Constitution.
00:34:42 C'est ça qui a, si je puis dire, fait que,
00:34:44 pour les Français, alors qu'il y avait une occasion unique
00:34:48 de rendre la scène parlementaire peu visible, visible et intéressante,
00:34:52 c'est peut-être une occasion ratée,
00:34:54 à tel point que, dans le match Assemblée nationale-Sénat,
00:34:57 notamment pour la réforme des retraites,
00:35:00 c'est le Sénat qui s'en est mieux tiré.
00:35:02 -Il y a le 49-3, et puis le pendant,
00:35:04 la motion de censure. Catherine Tricot,
00:35:06 est-ce que c'est pas le retour des oppositions ?
00:35:09 On les a beaucoup entendues, cette année.
00:35:11 -Oui, on les a beaucoup entendues.
00:35:13 Ce qui m'a frappée, c'est qu'elles sont portées par des femmes
00:35:17 et qu'en fait, cette séance d'une année,
00:35:20 ce sont des femmes qui ont été au premier plan.
00:35:22 C'est-à-dire, évidemment, les trois présidentes
00:35:25 des trois principaux groupes à l'Assemblée nationale,
00:35:28 la présidente de l'Assemblée nationale,
00:35:30 la Première ministre, et j'en ajouterai d'autres,
00:35:33 par exemple, Sandrine Rousseau, qui n'est pas présente
00:35:36 du groupe vert, mais qui a représenté le groupe vert.
00:35:39 Il y a une Assemblée nationale
00:35:41 dans laquelle les femmes sont extrêmement présentes
00:35:44 et, contre toute attente sur les préjugés, je dirais,
00:35:47 les femmes ne sont pas plus douces et moins combatives
00:35:50 que les hommes. -Ce sont des bagarreuses.
00:35:52 -Oui, ce sont des combattantes, des bagarreuses,
00:35:55 et elles l'ont été toutes.
00:35:56 Ce que je veux dire, c'est que s'il y a eu cet effet de...
00:36:00 Enfin, d'assez peu de compromis,
00:36:03 on ne peut pas simplement l'attribuer à l'un ou à l'autre.
00:36:06 A mon avis, il n'y avait pas non plus de volonté de compromis...
00:36:09 -De part et d'autre.
00:36:11 -De part et d'autre, y compris du côté
00:36:13 de la majorité présidentielle.
00:36:15 -Véronique Reissoult, il fallait qualifier d'un mot
00:36:18 sur les réseaux sociaux cette année parlementaire.
00:36:21 -Je vais désobéir et vous donner deux mots.
00:36:24 Le premier mot, c'était "joie".
00:36:26 Paradoxalement, on parlait des 68 %,
00:36:28 les Français étaient heureux, satisfaits du résultat.
00:36:32 Je disais qu'enfin, il allait y avoir des débats
00:36:34 dans l'Assemblée, et donc, autant,
00:36:37 dès le premier soir, il y avait énormément d'analyse politique
00:36:40 qui expliquait que ça allait être compliqué,
00:36:43 mais les Français y ont cru et étaient dans une logique joyeuse.
00:36:46 Et puis, le deuxième mot, c'est celui en fin d'année.
00:36:49 On est sur le mot "déception",
00:36:51 sur l'impression que, finalement, ça n'a pas fonctionné.
00:36:55 Les coupables, s'il doit y avoir des coupables,
00:36:57 ne sont pas forcément ceux que les analyses politiques désignent,
00:37:01 en tout cas, dans l'opinion publique.
00:37:03 Et puis, il s'est passé quelque chose d'incroyable
00:37:06 chez les Français cette année, c'est qu'ils ont découvert
00:37:09 la réalité de l'Assemblée nationale.
00:37:11 Quand Frédéric Daby disait qu'il y a longtemps,
00:37:14 le 49-3 ne désignait pas et ne créait pas cette réaction,
00:37:17 c'est qu'en 88-91, les Français n'avaient pas
00:37:19 la possibilité de s'exprimer et n'avaient pas la possibilité
00:37:23 de découvrir les choses comme ça l'est aujourd'hui.
00:37:26 Donc, en fait, ils ont découvert, en échangeant,
00:37:28 en suivant l'ensemble des débats,
00:37:30 comment fonctionne l'Assemblée nationale,
00:37:33 les commissions, les sous-commissions...
00:37:35 -Les Français sont imbattables sur les armes de la Constitution
00:37:39 et sur le règlement de l'Assemblée nationale.
00:37:41 -Le 49-3, ils l'ont un peu mieux découvert.
00:37:44 On l'a vu avec des émissions sur Twitch,
00:37:46 qui suivent les questions d'actualité en direct,
00:37:49 les commentaires des uns et des autres.
00:37:51 Le 49-3 a été le fruit de nombreux échanges,
00:37:54 pas toujours très policés,
00:37:55 mais de nombreux échanges et de découvertes.
00:37:58 -Donc, joie et déception sur les réseaux sociaux.
00:38:01 Vous serez sans doute toutes d'accord
00:38:03 autour de cette table pour dire qu'il y a eu un tournant
00:38:06 dans cette année législative, la réforme des retraites.
00:38:09 S'il y a un 49-3 qui est mal passé, c'est bien celui-là.
00:38:12 Nous avons suivi à deux reprises
00:38:14 la présidente de l'Assemblée nationale,
00:38:16 et à chaque fois, c'est là-dessus qu'elle est interpellée.
00:38:20 Voici Elsa Mondingava.
00:38:21 -Bonjour à tous.
00:38:22 Déjà, je voudrais vous remercier
00:38:24 de vous être rendus disponibles
00:38:26 pour ce temps d'échange.
00:38:29 On peut parler du mode d'élection du président de la République,
00:38:33 des députés, de la durée d'un mandat.
00:38:35 Faut-il revenir à 7 ans ? Est-ce qu'on reste à 5 ans ?
00:38:38 Voilà. Moi, tous les sujets sont ouverts.
00:38:40 Donc, voilà, à vous.
00:38:42 Monsieur.
00:38:43 -Je pense que le 49-3,
00:38:46 c'est à peu près l'équivalent de l'édit royal
00:38:48 de... de... de...
00:38:50 il y a 300 ans.
00:38:51 Et ça, c'est inadmissible.
00:38:53 Ne vous étonnez pas que les gens n'aillent plus voter,
00:38:56 qu'ils n'aient plus confiance,
00:38:58 car nos politiques ont pris l'habitude de nous trahir.
00:39:01 -Pour moi, la base, c'est de supprimer le 49-3.
00:39:04 À part montrer à la population que,
00:39:05 peu importe si elle se bat, si elle sort dans les rues,
00:39:08 si elle montre son mécontentement,
00:39:10 ce que le président a décidé, c'est ce qu'il se fera.
00:39:13 Donc, pour moi, la base, c'est de supprimer le 49-3.
00:39:17 Applaudissements
00:39:19 ...
00:39:21 -Moi, je fais pas le lien entre la confiance et le 49-3,
00:39:25 mais peut-être que c'est une erreur de ma part.
00:39:28 Pourquoi on dit 49-3 ? C'est un article de la Constitution.
00:39:31 C'est un outil.
00:39:33 Cet outil, pendant, le Parlement peut mettre en jeu
00:39:36 la responsabilité du gouvernement
00:39:39 en votant une motion de censure.
00:39:41 Le gouvernement, lorsqu'il enclenche le 49-3,
00:39:44 il joue sa vie,
00:39:47 puisque une majorité à l'Assemblée nationale
00:39:50 peut décider de remettre en cause sa responsabilité.
00:39:54 Applaudissements
00:39:56 ...
00:39:59 -Vous allez bien ? Merci beaucoup.
00:40:01 Bonjour. Bonjour, monsieur.
00:40:03 Bonjour. Bonjour, monsieur. Vous allez bien ?
00:40:05 -Non, ça va pas. -Non, mais...
00:40:07 -Ca va pas du tout. -Bon.
00:40:09 -Monsieur. Bonjour.
00:40:11 Bonjour, monsieur. Bonjour, monsieur.
00:40:13 Bonjour, madame.
00:40:14 -Depuis le début de la procédure du vote à l'Assemblée nationale,
00:40:17 vous fuyez... -Je crois pas.
00:40:19 -Si ? La Macronie fuit la démocratie.
00:40:22 -La Macronie, c'est la droite.
00:40:23 -Tout le monde des Français est con.
00:40:25 L'ensemble des organismes syndicaux sont cons.
00:40:28 La majorité des parlementaires sont cons.
00:40:30 Vous avez peur d'aller au vote ? Laissez aller jusqu'au vote.
00:40:33 C'est ça, le problème.
00:40:35 -Pourquoi nous n'avons pas voté la réforme des retraites
00:40:38 par un vote final, lorsqu'elle a été discutée
00:40:41 à l'Assemblée nationale ?
00:40:43 -Pourquoi ? Parce que...
00:40:44 Mais non ! Parce qu'on a eu 20 000 amendements
00:40:47 qui ont fait que nous n'avons pas pu débattre.
00:40:49 -Vous parlez de discuter, mais vous ne nous écoutez pas.
00:40:52 -Vous n'avez pas écouté pendant 4 mois.
00:40:54 -Le pays vous dit qu'il veut pas de cette réforme,
00:40:57 mais vous ne nous écoutez pas.
00:40:59 Vous préparez le terrain pour un avenir sombre.
00:41:01 Ca nous inquiète beaucoup. -A bientôt.
00:41:04 -Au revoir. -Merci, monsieur.
00:41:06 ...
00:41:10 -Vous ne nous écoutez pas.
00:41:11 Voilà ce que disent les Français
00:41:13 dont est allée à la rencontre Yael Braun-Pivet.
00:41:16 Franck Rieser, on voit bien que ce 49-3
00:41:18 est mal passé sur les retraites.
00:41:20 Est-ce que c'est l'échec de cette première année ?
00:41:23 -D'abord, ce que j'ai noté dans cette année,
00:41:25 dans des moments aussi de tension au Parlement,
00:41:28 c'est que dans le débat public,
00:41:30 il pouvait y avoir des réalités parallèles
00:41:33 sur lesquelles on passait beaucoup de temps,
00:41:35 mais qui étaient des réalités parallèles.
00:41:38 Par exemple, la question des déficits futurs
00:41:40 du système de retraite.
00:41:42 On a passé des émissions en émission,
00:41:44 des débats dans l'hémicycle pour dire
00:41:46 qu'il n'y avait pas de déficit futur sur les régimes de retraite.
00:41:50 Or, c'était une réalité tangible,
00:41:52 toutes les prévisions le démontraient.
00:41:54 D'ailleurs, le dernier rapport le confirme.
00:41:56 -Le rapport du Corps était ambigu au moment de la réforme.
00:42:00 -Il explique que malgré la réforme,
00:42:02 il y a encore des déficits à venir.
00:42:04 C'est-à-dire que manifestement, il y en avait, sans réforme,
00:42:07 puisque la réforme vise à réduire...
00:42:10 -Le système de communication du gouvernement ?
00:42:12 -Deuxièmement, que le 49-3 serait un déni de démocratie
00:42:15 ou qu'il n'y aurait pas de vote avec le 49-3.
00:42:18 C'est tout l'inverse.
00:42:19 Le 49-3, c'est le gouvernement qui se met dans la main
00:42:23 de l'Assemblée nationale.
00:42:24 Si l'Assemblée nationale est majoritaire
00:42:27 pour refuser un texte de loi important au jeu du gouvernement,
00:42:30 il fait en même temps, non seulement tomber le texte,
00:42:33 le texte n'est pas adopté,
00:42:35 mais en même temps, il fait tomber le gouvernement.
00:42:38 C'est un geste démocratique.
00:42:40 -Il y a un vote sur la censure, pas de vote sur le texte.
00:42:42 -Mais si. Si il y a une majorité de députés
00:42:46 qui votent cette motion de censure,
00:42:49 le texte n'est pas adopté et le gouvernement est renversé.
00:42:53 Quand j'entendais les reportages, ils disaient
00:42:55 "Vous refusez le vote, vous refusez le débat."
00:42:58 Mais ça a été très bien dit par Yael Brown-Pivet.
00:43:01 20 000 amendements de l'opposition en UPS
00:43:03 pour empêcher le débat et le vote.
00:43:05 Rappelez-vous ce tweet de Jean-Luc Mélenchon, mémorable,
00:43:09 qui dit en plein débat à l'Assemblée nationale
00:43:11 "Chers amis, vous vous rendez compte,
00:43:14 "vous voulez perdre."
00:43:15 C'est le tweet de Jean-Luc Mélenchon
00:43:17 en plein débat. -Sur l'article 7
00:43:19 pour décaler l'âge de débat. -Et les mêmes disent
00:43:21 que c'est le gouvernement et la majorité qui refusent le vote.
00:43:25 Comme il y a eu un vote aussi sur la dernière proposition de loi
00:43:28 dite dans l'IOT, dans la niche parlementaire IOT,
00:43:31 où, là aussi, il y a eu un vote en commission,
00:43:34 un vote qui a très clairement supprimé cet article,
00:43:38 qui voulait abroger la réforme des retraites,
00:43:41 et, une nouvelle fois, obstruction très claire des oppositions
00:43:46 et qui refusait de n'accepter pas le vote.
00:43:49 -Pas d'échec de votre côté. -Donc, ce faux procès
00:43:52 de déni de démocratie et de volonté de la majorité
00:43:54 ou du gouvernement de ne pas aller au vote
00:43:57 est une des réalités parallèles qu'on a eues, c'est vrai,
00:44:00 du mal à contredire, à contrevenir,
00:44:02 alors même que nous avons toujours voulu
00:44:05 aller faire vivre la démocratie.
00:44:07 Je vous rappelle 30 textes sur les 33 qui ont été votés
00:44:10 avec des majorités plus larges que la majorité présidentielle
00:44:13 en allant convaincre des députés des oppositions
00:44:16 de venir vers nous.
00:44:17 -Pascal Perrineau,
00:44:18 est-ce que c'était pas le 49-3 de trop ?
00:44:21 -Il est toujours de trop, le 49-3,
00:44:24 parce que ça veut dire qu'on n'a pas trouvé
00:44:27 d'autres moyens pour construire une majorité,
00:44:30 mais cela ne doit pas remettre en cause
00:44:32 l'instrument en tant que tel,
00:44:34 parce que cet instrument a été inventé par le général de Gaulle
00:44:37 et les hommes et les femmes qui l'entouraient,
00:44:40 parmi lesquels il y avait des leaders de la gauche,
00:44:43 dans le comité constitutionnel de 1958,
00:44:46 pour éviter la dérive des régimes parlementaires.
00:44:50 De Gaulle se souvenait de 1940
00:44:52 et de la fin pitoyable de la Troisième République.
00:44:55 Il se souvenait de l'instabilité constante
00:44:58 de la Quatrième République et de son impuissance
00:45:01 à résoudre la question algérienne.
00:45:03 Et il se disait, voilà, je suis en train d'inventer,
00:45:07 avec d'autres, un nouveau régime,
00:45:09 il faut que ce nouveau régime soit un régime efficace et stable.
00:45:13 Les armes du parlementarisme rationalisé,
00:45:16 il y en a d'autres que l'article 49-3,
00:45:18 font partie de ce dispositif.
00:45:20 Je crois qu'il serait très dangereux de s'en priver,
00:45:24 parce que plus les régimes deviennent fragiles,
00:45:27 plus ils ont besoin, j'allais dire, d'armes pour se défendre.
00:45:32 Sinon, on passerait de crise de régime en crise de régime.
00:45:36 C'est peut-être d'ailleurs ce qu'une partie de la NUPES
00:45:39 appelle de ses voeux, quand il parle de la Sixième République.
00:45:42 Mais on ne va pas retomber.
00:45:44 Alors que la Ve République a peu à peu, lentement,
00:45:47 acquis le consensus à la fois du peuple de droite
00:45:50 et du peuple de gauche.
00:45:51 C'est extraordinaire.
00:45:53 Ça a mis du temps, mais avec l'alternance de 81,
00:45:56 le peuple de gauche a fait sien
00:45:58 les institutions de la Ve République.
00:46:01 D'ailleurs, l'article 49-3 a été utilisé
00:46:04 par François Mitterrand.
00:46:06 Donc, on a un régime qui a un consensus.
00:46:10 On ne va pas retomber dans ce travers franco-français
00:46:13 où, à chaque fois qu'il y a un problème,
00:46:15 on change de régime.
00:46:16 On retombe dans l'instabilité,
00:46:18 qui est une maladie franco-française.
00:46:21 -Vous parlez de consensus ?
00:46:22 -La Ve République est le régime qui a duré le plus longtemps.
00:46:26 S'il y a une majorité alternative, les choses sont claires.
00:46:29 C'est pas alternative, mais positive, pas négative.
00:46:32 Eh bien, le gouvernement tombe, et le texte n'est pas adopté.
00:46:36 -Catherine Tricot, on parle de consensus.
00:46:39 Vous voyez le consensus ?
00:46:40 -Ce que je voudrais noter, c'est que le 49-3 a toujours été utilisé
00:46:44 dans la Ve République comme une arme pour plier
00:46:47 les dissidents du groupe présidentiel.
00:46:50 Là, ça a été pour faire plier les oppositions.
00:46:52 C'est quand même un autre usage, une autre pratique du 49-3.
00:46:56 Le 49-3, il a été fait pour faire taire
00:46:59 l'effrondeur du Parti socialiste, par exemple.
00:47:02 -Il y a deux objets dans le 49-3.
00:47:04 -Oui, mais je veux dire, c'est une question de pratique.
00:47:07 Ce qui est très... Ce qui a beaucoup choqué,
00:47:10 c'est que le 49-3 a été utilisé contre les oppositions,
00:47:14 et non pas pour remettre de l'ordre dans la majorité.
00:47:17 C'est le premier point. Le deuxième point,
00:47:19 on en reparlera sans doute, mais le problème,
00:47:22 c'est qu'on ne peut pas artificiellement
00:47:24 construire des majorités.
00:47:26 Il n'y a pas de majorité et pas de politique de consensus.
00:47:29 Emmanuel Macron a réussi à obtenir d'être réélu président
00:47:32 de la République par des phrases assez fortes,
00:47:34 sur notamment son engagement écologique,
00:47:37 son engagement contre le Rassemblement national
00:47:40 et en faisant les yeux doux aux électeurs de gauche.
00:47:43 Depuis, il n'a de cesse que de tracer un trait d'égalité
00:47:46 entre l'anupès et l'extrême droite et de tourner le dos
00:47:49 à ses engagements écologiques et de forcer le peuple
00:47:52 à travailler deux ans de plus.
00:47:54 Donc, il n'y a pas une politique de construction du consensus
00:47:57 ni dans la méthode, ni dans les objectifs
00:47:59 et les finalités du projet de loi.
00:48:01 -Mais comment vous expliquez alors
00:48:03 qu'on a réussi à voter 30 textes avec une...
00:48:06 -Je ne peux même pas vous les citer.
00:48:10 Ce ne sont pas des textes majeurs et structurants.
00:48:13 -Ah bon ? L'avenir du nucléaire en France,
00:48:15 l'avenir de l'énergie renouvelable en France,
00:48:18 la réforme de l'assurance chômage...
00:48:20 -L'assurance chômage... -Les moyens sur les 5 ans
00:48:23 qui viennent du ministère de l'Intérieur,
00:48:25 de la justice. Ce sont des textes majeurs, madame.
00:48:28 Et on a réussi... -Ecoutez, moi...
00:48:30 -Je vous laisse. On a réussi.
00:48:32 -Vous m'avez interrompu. -Non, j'ai réagi
00:48:34 après que vous ayez fini. J'ai la conviction très forte
00:48:37 pour être au coeur de la façon dont on a essayé
00:48:40 en permanence d'aller vers les oppositions constructives
00:48:43 pour bâtir des majorités que nous avons réussies
00:48:46 très largement à le faire.
00:48:48 Et il n'y aurait pas eu ces votes réalisés,
00:48:50 parce que nous sommes en majorité relative,
00:48:53 40 députés pour avoir une majorité absolue,
00:48:55 si nous n'avions pas été dans cette culture
00:48:58 du compromis et du consensus.
00:49:00 Et qui s'est fait texte par texte,
00:49:02 ce qui ne s'est pas fait comme dans d'autres pays
00:49:04 au début de la période législative,
00:49:06 dans le cadre d'accords, de discussions
00:49:09 pour créer un accord gouvernemental...
00:49:11 -Mais texte par texte. -Là, on l'a fait
00:49:13 texte par texte, mais ça marche.
00:49:15 Et ça marche parce qu'il y avait la volonté
00:49:18 de faire la culture du compromis.
00:49:20 -Frédéric Dabisseu, 49,3 sur les retraites.
00:49:23 Il a écorné l'image de l'Assemblée nationale.
00:49:25 -Il a plus écorné l'image du couple exécutif.
00:49:28 Dans les enquêtes de popularité,
00:49:30 Mme Borne recule avant la présentation
00:49:32 de la réforme des retraites du fait des 9 ou 10 49,3
00:49:35 sur la question du budget.
00:49:37 Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
00:49:39 quand on travaille sur l'image d'Emmanuel Macron,
00:49:42 l'idée d'autoritarisme, de passage en force,
00:49:45 de brutalité s'est installée.
00:49:47 Ce qui me frappe,
00:49:48 quand on parle de la réforme des retraites aux Français,
00:49:51 il cite beaucoup moins le passage de 62 à 64 ans,
00:49:54 qui est rejeté par deux tiers des Français,
00:49:57 70 % des actifs, entre parenthèses,
00:49:59 pas les 90 % dont parlaient certaines oppositions,
00:50:02 deux tiers, trois quarts, c'est déjà beaucoup,
00:50:04 et il cite surtout la méthode, le 49,3.
00:50:07 Je ferais une hypothèse.
00:50:08 Est-ce que cette polarisation,
00:50:10 cette absence de consensus sur le 49,3,
00:50:12 est-ce qu'il vient pas de cette campagne présidentielle ?
00:50:16 Emmanuel Macron n'avait absolument pas caché
00:50:19 sa volonté de réformer les retraites,
00:50:21 on était sur un passage à 65 ans.
00:50:23 Dans les enquêtes de l'IFOP, on interrogeait les Français
00:50:27 sur leur connaissance du programme d'Emmanuel Macron.
00:50:29 Il citait la réforme des retraites,
00:50:31 il a fait un score excellent au premier tour,
00:50:34 supérieur à son score de 2017.
00:50:36 -Ce que disent les oppositions,
00:50:37 c'est qu'elles ont voté pour lui,
00:50:39 pour ne pas avoir Marine Le Pen au pouvoir.
00:50:42 -Je parle du premier tour,
00:50:43 où le score est particulièrement important.
00:50:46 Est-ce que c'est lié à cette campagne présidentielle
00:50:49 phagocytée par les queues de comètes du Covid,
00:50:52 percutée par la guerre en Ukraine,
00:50:54 ou contrairement à celle de 2017,
00:50:56 il n'y a pas eu un grand débat sur les grands enjeux de la campagne,
00:50:59 comme on l'avait vu dans des présidentielles précédentes,
00:51:03 ce qui, à mon avis, amoindrit le consentement à cette réforme ?
00:51:06 Rappelons-nous, en 2010, où on passait de 60 à 62 ans,
00:51:10 on avait vu dans les enquêtes une petite majorité de Français
00:51:13 favorables à ce passage,
00:51:14 car c'était vu comme un effort raisonnable
00:51:17 pour protéger le système. Cette mécanique d'opinion
00:51:20 n'a jamais fonctionné lors de cette réforme.
00:51:22 Est-ce lié à cette campagne présidentielle ?
00:51:25 -Le mot qui revient souvent,
00:51:26 quand on parle de cette année parlementaire,
00:51:29 c'est la foire d'empoigne.
00:51:31 On l'a vu dans le magazine de Clément Puero,
00:51:33 de l'obstruction, des invectives, du chahut,
00:51:36 des pancartes, des chansons entonnées
00:51:38 dans l'hémicycle ou aux quatre colonnes.
00:51:40 Pour ajouter au cafard Nahom, il y a les réseaux sociaux.
00:51:44 Pour certains députés, c'est devenu une nouvelle façon
00:51:47 de faire face à la politique.
00:51:49 Clément Puero.
00:51:50 Musique rythmée
00:51:52 -Attention, ça tourne.
00:51:53 ...
00:51:56 L'Assemblée nationale est aujourd'hui filmée
00:51:59 en permanence et sous toutes ses coutures
00:52:02 par les députés et leurs smartphones.
00:52:04 Du classique selfie dans l'hémicycle
00:52:06 au plus audacieux plan-séquence dans les couloirs
00:52:09 ou la cour d'honneur,
00:52:10 jusqu'à l'interview exclusive de la Première ministre
00:52:13 en bas d'un escalier.
00:52:15 -49,3 pour le climat, du coup, c'est ça ?
00:52:17 -Je pense pas que vous voyez ça.
00:52:19 -Bah si.
00:52:20 -C'est surprenant.
00:52:22 -C'était historique, madame.
00:52:24 -Vous savez très bien qu'on ne peut pas dépenser
00:52:26 15 milliards d'euros, mais non.
00:52:28 -Des vidéos qui donnent à voir les coulisses
00:52:31 de la vie parlementaire
00:52:32 pour mieux faire passer aussi certains messages politiques.
00:52:36 Député Renaissance, Prisca Tevneau,
00:52:38 a ainsi atteint plus de 2 millions de vues
00:52:41 pour cette vidéo prise dans l'hémicycle.
00:52:43 Applaudissements
00:52:45 Elles montrent les députés de la NUPES
00:52:48 et du Rassemblement national se réjouissant
00:52:50 au même moment d'avoir gagné un vote.
00:52:53 -Je pense qu'on a besoin de voir.
00:52:55 Et pour pouvoir retranscrire ce qui s'y passe,
00:52:57 eh bien oui, il y a besoin d'images,
00:52:59 de visuels, de sons, de temps en temps,
00:53:02 et ça permet de mettre le citoyen au centre de l'hémicycle.
00:53:05 -Les tournages se font aussi dans les bureaux des députés.
00:53:10 Et pour cet exercice,
00:53:11 Louis Boyard est sans doute le mieux équipé.
00:53:15 -C'est très, très simple.
00:53:16 Vous avez de quoi mettre votre téléphone,
00:53:19 une lumière pour adapter en fonction de la lumière du jour
00:53:22 ou de la pièce. Vous posez votre téléphone
00:53:24 et vous faites votre vidéo.
00:53:26 Après, l'idée, c'est pas de poster la vidéo telle qu'elle est,
00:53:29 c'est de faire un montage dynamique, agréable à regarder.
00:53:33 Il faut que les 5 premières secondes de la vidéo,
00:53:36 les gens ont compris de quoi on va parler.
00:53:38 On utilise exactement ce que utilise n'importe quel autre créateur
00:53:42 sur Internet, parce que nous sommes des créateurs d'Internet,
00:53:45 mais on le fait pour porter des messages politiques.
00:53:48 On se retrouve le 21 janvier pour la manifestation
00:53:51 contre la réforme des retraites.
00:53:53 J'y serai présent et j'espère qu'on va s'y retrouver.
00:53:56 -Si tu es au lycée ou à l'université,
00:53:58 regarde cette vidéo.
00:53:59 -Ces vidéos, parfois décalées,
00:54:01 trouvent leur public, mais ne passent pas
00:54:03 auprès de certains députés.
00:54:05 -Vous êtes une bande de tiktokers
00:54:07 qui cherchent le buzz !
00:54:09 -Tout ça induit quand même un climat politique particulier,
00:54:12 où, finalement, l'apaisement n'est plus de mise.
00:54:16 Ce qui prévaut, c'est l'affrontement.
00:54:19 Toujours.
00:54:21 Partout et sur tous les sujets.
00:54:24 -Un affrontement qui peut tourner au dérapage.
00:54:27 En plein examen de la réforme des retraites,
00:54:29 le député insoumis Thomas Porte
00:54:31 publie sur son compte Twitter une photo de lui.
00:54:34 Sein de son écharpe d'élu,
00:54:36 il pose le pied sur un ballon représentant la tête
00:54:39 d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail.
00:54:42 La polémique Twitter s'invite alors dans l'hémicycle.
00:54:46 -M. Porte.
00:54:48 -Mme la présidente,
00:54:50 M. les ministres,
00:54:52 calmez-vous, collègues, y a pas de ballon ici.
00:54:55 Acclamations
00:54:57 -Vous vous exposez sourire aux lèvres
00:55:00 avec votre écharpe tricolore,
00:55:02 foulant des pieds, écrasant de vos pieds,
00:55:06 la tête d'un ministre de la République.
00:55:09 C'est ni plus ni moins un appel au meurtre.
00:55:12 Ni plus ni moins un appel au meurtre.
00:55:15 -M. Porte, je crois que l'hémicycle vous demande des excuses.
00:55:19 Acclamations
00:55:21 -Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez cette réforme
00:55:25 qui va sacrifier des milliers de gens.
00:55:27 Acclamations
00:55:29 ...
00:55:32 -Pour cette publication, Thomas Porte sera exclu
00:55:35 dans 15 jours des débats parlementaires.
00:55:37 C'est la sanction la plus lourde prévue par le règlement.
00:55:40 Un précédent qui pourrait en appeler d'autres.
00:55:43 Le bureau de l'Assemblée réfléchit à durcir ses règles
00:55:46 sur l'utilisation des réseaux sociaux.
00:55:48 -Véronique Reissult,
00:55:50 sont-les très suivis sur les réseaux sociaux ?
00:55:52 Vous avez le souvenir, cette vidéo, ce tweet de Thomas Porte,
00:55:56 est-ce qu'il a été relayé de nombreuses fois ?
00:55:58 -La réalité, c'est que sur les réseaux sociaux,
00:56:01 l'excès est de raison.
00:56:03 Le fait qu'on filme tout,
00:56:04 ce n'est pas spécifique à l'Assemblée,
00:56:06 nous vivons dans un monde où chacun peut filmer
00:56:09 et tout est dans cette logique de partage.
00:56:11 -Ca n'a pas d'impact très fort sur les réseaux ?
00:56:14 -Non, et je veux dire, dans les exemples que vous avez donnés,
00:56:17 la modération que l'on demande aux internautes
00:56:20 pourrait s'appliquer aussi aux politiques.
00:56:22 Plutôt que de dénoncer dans l'hémicycle
00:56:25 la fameuse image du ballon, il suffisait de demander à Twitter
00:56:28 de la retirer, elle était insultante,
00:56:31 ça n'est pas un sujet en soi.
00:56:33 En fait, ça a mis plus la lumière sur un tweet
00:56:35 qui n'avait pas été plus repris que ça.
00:56:38 Donc, en fait, il y a un moment donné
00:56:40 où il faut aussi temporiser les choses,
00:56:42 les politiques vont trop vite,
00:56:44 ils oublient que twitter, c'est pas réfléchir,
00:56:47 ils oublient qu'être que dans l'instantanéité,
00:56:49 ce n'est pas forcément une solution.
00:56:52 Alors là, on peut se dire qu'entre politique
00:56:54 et entre analyse politique, nous sommes raisonnables,
00:56:57 mais les Français sont plus raisonnables
00:57:00 que l'on peut l'imaginer.
00:57:01 En réalité, ils se sont intéressés pendant toute l'année
00:57:04 aux travaux qui ont été menés,
00:57:06 ils ont eu des avis parfois complexes,
00:57:08 il y a un sujet sur le 49-3, effectivement,
00:57:11 et de la perception, mais ce brouhaha...
00:57:13 -Avec des pics sur le 49-3 ?
00:57:15 -C'est le sujet qui a été le plus discuté
00:57:17 sur l'Assemblée nationale durant l'année,
00:57:19 c'est plusieurs millions de messages,
00:57:22 avec des pours, des cons, des débats.
00:57:24 Mais tous ces petits bruits, ces petites excitations
00:57:27 ne font pas la réalité de l'image
00:57:29 que les Français avaient de l'Assemblée nationale.
00:57:32 Ce n'est pas forcément ça qu'ils ont retenu,
00:57:34 et les politiques ne se servent pas toujours
00:57:37 des réseaux sociaux comme ça pourrait être efficace,
00:57:40 et le fait de mettre une image qui, en soi,
00:57:42 n'est pas respectable n'a pas été particulièrement tant reprise,
00:57:46 même par les soutiens de ce député.
00:57:48 C'est une image qu'on a un peu décalée,
00:57:51 c'est juste choquant, ça va trop loin,
00:57:53 mais ce n'est pas ce que les Français retiennent.
00:57:56 -Je vous parlais tout à l'heure de monsieur Massié,
00:57:59 qui a sur Twitch une émission qui commente
00:58:01 les questions d'actualité.
00:58:03 Je vous invite à les regarder.
00:58:05 Il y a des propos parfois un peu excessifs,
00:58:07 mais globalement, c'est un débat modéré.
00:58:10 -Il faut les prendre dans leur globalité aussi ?
00:58:12 -Oui, si vous regardez juste votre fil,
00:58:15 ça ne fonctionne pas, il faut massifier les choses
00:58:17 et se dire que les gens ne sont pas dans cette hystérie.
00:58:21 Le vrai sujet de la viralité, c'est de savoir
00:58:23 si les gens qui sont d'accord avec vous pour faire du bruit
00:58:26 sont d'accord pour reprendre votre message,
00:58:29 mais ce n'est pas ça, avoir de l'influence.
00:58:31 -Ce que les Français retiennent, c'est une assemblée survoltée.
00:58:35 Dites-nous comment vous, vous l'avez vécu
00:58:38 depuis le banc des ministres.
00:58:39 -Sur la réforme des retraites,
00:58:41 pendant la réforme des retraites,
00:58:43 ça a été du moment difficile,
00:58:45 parce qu'il y avait une grosse pression,
00:58:47 il y avait quand même ces attaques ad nominem,
00:58:50 notamment vis-à-vis d'Olivier Dussopt,
00:58:53 parce qu'il y a eu cet épisode de la tête ballon,
00:58:55 mais il y a aussi l'épisode où on l'a traité d'assassin,
00:58:59 il y a ces épisodes fous où certains députés insoumis
00:59:02 traitent les chefs d'entreprise de parasites.
00:59:04 Tout ça est quelque chose de très rude et de très difficile,
00:59:08 et oui, il y a de la pression.
00:59:10 Après, ces réseaux sociaux,
00:59:11 ils font partie de la vie aujourd'hui de nos compatriotes,
00:59:14 il faut faire avec, il faut essayer de ne pas se comporter
00:59:18 comme ceux dont on critique le comportement,
00:59:21 c'est pas toujours évident,
00:59:23 parce qu'on a envie de rendre les coups.
00:59:25 Ce qui est le plus problématique,
00:59:27 c'est que pour certains groupes, ils sont très organisés,
00:59:30 ils relaient sur ces réseaux sociaux
00:59:32 des contre-vérités ou des réalités parallèles
00:59:35 en travestissant les propos de certains,
00:59:37 en faisant des affirmations fausses,
00:59:40 et ça rentre dans la sphère médiatique,
00:59:42 et donc ça rentre dans l'opinion.
00:59:44 Et c'est très difficile ensuite de contrer
00:59:46 cette propagande, finalement,
00:59:48 qui est véhiculée notamment par les deux groupes
00:59:51 qu'on faisait par Pascal Perrineau,
00:59:53 la France insoumise et le RN.
00:59:55 Et ça, c'est un de nos défis en termes de communication politique,
00:59:59 c'est de contrer ces propagandes
01:00:01 qui relaient des contre-vérités.
01:00:03 Après, il faut, et ça, c'est plus large dans la société,
01:00:07 continuer ce travail de régulation des réseaux
01:00:10 qui touche les politiques, mais qui touche aussi,
01:00:13 et c'est presque plus grave,
01:00:15 des enfants, des jeunes, des personnes fragiles,
01:00:17 on le voit avec le harcèlement...
01:00:20 -Vous parlez plutôt aux hébergeurs.
01:00:22 -Oui, il y a des réponses multiples,
01:00:24 mais la question de la régulation des propos sur Internet
01:00:27 est un des grands enjeux, qui, d'abord, en priorité,
01:00:30 doit être un enjeu pour les personnes les plus fragiles,
01:00:33 à commencer par les jeunes et les enfants.
01:00:36 -Catherine Tricot, ces réseaux sociaux ont apporté
01:00:39 une forme de bordélisation pour reprendre les propos
01:00:42 de Gérald Darmanin ?
01:00:43 -Je pense qu'ils sont une sorte de masque, en vérité.
01:00:46 Je rejoins ce que vous avez dit, Véronique, tout à l'heure,
01:00:50 les réseaux sociaux donnent une illusion d'influence,
01:00:53 d'agir sur le réel, alors que je pense
01:00:56 que c'est plutôt les débats, la vie politique,
01:00:58 même sur le terrain, au quotidien, qui fait les opinions.
01:01:02 Et si on a eu cette opposition à la réforme des retraites,
01:01:05 ce n'est pas un effet de propagande des uns ou des autres,
01:01:08 c'est un effet de réflexion, soi-même, pour sa vie,
01:01:11 et d'analyse d'une situation. Les gens ont une pensée politique
01:01:15 qui ne se construit pas à coups d'images fortes,
01:01:18 de slogans, de provocations, mais plutôt avec un argumentaire.
01:01:22 Et je crois qu'il y a eu une année un peu bizarre,
01:01:25 parce que, d'une certaine façon,
01:01:27 même le fait qu'on se soit focalisé sur l'Assemblée nationale
01:01:31 nous a fait un peu perdre de vue que la politique,
01:01:34 ce n'est pas que l'Assemblée nationale,
01:01:36 ce n'est pas que l'espace institutionnel,
01:01:38 mais que la politique, ce sont des pratiques
01:01:41 qui sont enracinées dans la vie des autres.
01:01:43 -L'Assemblée est au centre du jeu politique.
01:01:46 -Ce que j'allais vous dire, c'est que, en fait,
01:01:49 ça aggrave la déliquescence des partis, d'une certaine façon,
01:01:52 qui ont besoin de reconstruire une idéologie,
01:01:55 une proposition politique pour le pays,
01:01:57 et moi, je crois que c'est de ça dont nous souffrons,
01:02:00 c'est pour ça que nous avons du mal à reconstruire une nation
01:02:04 et à avoir un projet commun,
01:02:06 parce qu'on est dans quelque chose de très évanescent
01:02:09 et éventuellement de recherche du clivage
01:02:11 plus que de la proposition politique des uns et des autres.
01:02:15 -Pascal Perrenault, y a-t-il une violence politique
01:02:18 qui viendrait des réseaux sociaux ?
01:02:20 -Oui, certainement, bien sûr.
01:02:21 Il y a une violence, c'est pas simplement, d'ailleurs,
01:02:25 produit par certains segments des réseaux sociaux,
01:02:27 mais on voit bien qu'il y a une forme de violence,
01:02:30 de déstructuration des organisations
01:02:33 qui encadraient les colères, les inquiétudes,
01:02:35 elles ne sont plus là,
01:02:37 et donc, quelque part, il y a une libération
01:02:39 de ces énergies qu'on ne peut pas qualifier de positives,
01:02:43 qu'il faut qualifier d'énergie négative.
01:02:45 Mais certes, la politique,
01:02:47 ce n'est pas simplement l'institutionnel,
01:02:49 mais il y a tout de même quelque chose de très important
01:02:52 en matière politique, ce sont les acteurs
01:02:55 qui ont la légitimité, en dernier ressort,
01:02:57 après un débat, de décider.
01:03:00 Et là, de manière claire,
01:03:02 ce ne sont pas les réseaux,
01:03:04 ce ne sont pas les manifestations,
01:03:06 ce ne sont pas les AG dans lesquels il y a,
01:03:09 c'est des instances de discussion,
01:03:11 mais ils n'ont aucune légitimité
01:03:14 pour décider à la place,
01:03:16 en particulier du Parlement.
01:03:18 À la fin des fins, ce sont les députés
01:03:21 avec les sénateurs qui décident,
01:03:24 du moins dans le processus législatif.
01:03:26 Et ça, ça doit être réaffirmé,
01:03:28 parce que depuis un an,
01:03:30 vous avez une détestable petite musique
01:03:34 qui consiste à dire "mais le peuple, il est ailleurs,
01:03:36 "il n'est pas là, à l'Assemblée nationale,
01:03:39 "il est ailleurs, il est dans la rue,
01:03:41 "il est sur le web, moi, je suis le peuple."
01:03:43 -Les députés n'étaient pas représentatifs.
01:03:46 -Le mouvement des Gilets jaunes.
01:03:48 C'est très bien que toutes ces forces
01:03:50 puissent s'exprimer,
01:03:51 participer au débat démocratique,
01:03:54 mais attention, ce ne sont pas ces forces
01:03:56 qui vont peu à peu monopoliser la légitimité,
01:04:00 parce que si tel est le cas,
01:04:02 on va vers quelque chose d'extrêmement dangereux.
01:04:05 -C'est la stratégie de Jean-Luc Mélenchon
01:04:08 et des Insoumis depuis le départ du quinquennat,
01:04:10 qui a permis de délégitimer toutes les institutions.
01:04:13 Je rappelle quand même que la Ve République,
01:04:16 au premier tour, on choisit son candidat,
01:04:18 au deuxième tour, on élimine l'autre,
01:04:21 et Mme Le Pen ou quelques autres candidats que ce soit,
01:04:24 délégitimaient l'élection des députés de la majorité.
01:04:27 Il y a une majorité relative,
01:04:29 mais une majorité qui est largement,
01:04:31 en termes de nombre de députés, devant les autres.
01:04:34 On est 250 dans la majorité présidentielle,
01:04:37 il y a 150, deuxième intergroupe, c'est la NUPES,
01:04:40 150, c'est-à-dire 100 députés de moins,
01:04:42 délégitimaient la Constitution
01:04:44 et les outils qui sont donnés au gouvernement et au Parlement
01:04:48 pour organiser le débat démocratique.
01:04:50 Et délégitimation même du Conseil constitutionnel,
01:04:53 qui est la cour suprême, qui permet de trancher
01:04:56 sur oui ou non, est-ce qu'il y a eu un respect
01:04:58 des règles démocratiques ?
01:05:00 -Et des députés qui s'en prenaient particulièrement
01:05:03 à la présidente de l'Assemblée nationale.
01:05:06 Pour la délégitimer aussi ?
01:05:07 -Oui, pour délégitimer toutes les autorités.
01:05:10 Le but politique de la France insoumise,
01:05:12 c'est la révolution, c'est renverser le système,
01:05:15 même pas créer un nouveau système démocratique,
01:05:18 c'est la révolution bolivarienne,
01:05:20 c'est le retour de la dictature du prolétariat.
01:05:23 Ils ont la volonté de créer le chaos partout
01:05:25 et de délégitimer les institutions,
01:05:27 qui sont des institutions qui, depuis 60 ans,
01:05:30 permettent, avec les alternances,
01:05:32 de pouvoir agir au service de nos compatriotes.
01:05:35 Pendant un an, malgré tout ça,
01:05:36 on a agi au service de nos compatriotes.
01:05:39 -Frédéric Dhabi, les Français ont voulu
01:05:41 cette majorité relative, ils ont voulu ce spectacle.
01:05:44 Est-ce qu'ils l'apprécient ?
01:05:46 -Ils ont voulu cette majorité relative,
01:05:48 ils n'ont pas voulu ce spectacle.
01:05:50 Quand on a parlé de déception, dont vous parliez, Véronique,
01:05:54 ou d'occasion manquée, c'est parce qu'il y a eu
01:05:56 une double déception sur le fond,
01:05:58 par exemple, s'agissant des retraites,
01:06:01 l'absence de débat sur le passage de 62 à 64 ans,
01:06:03 et sur le forme, la vocifération, le bruit, la fureur,
01:06:07 la traduction sur les réseaux sociaux,
01:06:09 par rapport à ce que dit Louis Boyard.
01:06:11 Est-ce que les Français attendent
01:06:13 qu'un député soit un créateur d'événements ou de contenus ?
01:06:17 Si, non, et trois fois non.
01:06:19 C'est ça où l'Assemblée a perdu beaucoup de sa superbe,
01:06:23 et en termes de distinction,
01:06:24 elle a été moins bien perçue que le Sénat.
01:06:27 Et puis, qu'est-ce que c'est, cette réforme des retraites ?
01:06:30 Ca a été une sorte de compétition
01:06:32 entre la scène parlementaire et la scène syndicale.
01:06:35 Et clairement, quand on a interrogé les Français
01:06:38 sur qui sortait renforcer de la séquence,
01:06:40 qu'on soit pour ou contre,
01:06:42 c'est clairement la scène syndicale,
01:06:44 c'est clairement Laurent Berger, Philippe Martinez,
01:06:47 qui sont apparus plus crédibles,
01:06:49 alors même que leur opposition était nette à la réforme,
01:06:53 que les oppositions à l'Assemblée.
01:06:55 La NUPES est apparue particulièrement affaiblie.
01:06:58 -La question qui se pose au bout d'un an,
01:07:00 c'est à qui profite cette impression de chaos ?
01:07:03 Avant de vous entendre, je vous propose qu'on se penche
01:07:06 sur l'année du groupe RN à l'Assemblée.
01:07:09 Ils sont arrivés en force,
01:07:10 1er parti d'opposition.
01:07:12 Marine Le Pen y a vu une aubaine
01:07:14 pour tenter de gagner en crédibilité.
01:07:16 Est-ce qu'elle a gagné le pari ?
01:07:18 Clément Perreault nous donne ses éléments de réponse.
01:07:21 Musique de fanfare
01:07:23 -Bravo !
01:07:24 -Bravo !
01:07:25 -C'était le 22 juin 2022,
01:07:29 il y a un an, jour pour jour.
01:07:32 Marine Le Pen arrive triomphante à l'Assemblée nationale.
01:07:36 -Félicitations !
01:07:37 -Bravo, Marine ! Bravo !
01:07:40 Rires
01:07:41 -Entourée des nouveaux députés du Rassemblement national,
01:07:45 elle traverse la cour d'honneur...
01:07:48 -C'est bon ?
01:07:49 -Pour une photo de famille historique.
01:07:52 -Moi, je sors d'un mandat où nous étions 6.
01:07:56 Bon, être 6 à l'Assemblée nationale,
01:07:59 c'est terrible, c'est terriblement frustrant,
01:08:01 et c'est accessoirement terriblement ennuyeux.
01:08:04 Nous n'avions pas de groupe,
01:08:06 et voir, effectivement, ces 88 députés,
01:08:09 c'était, là encore, la promesse de pouvoir faire.
01:08:14 Musique de fanfare
01:08:16 -Désormais premier groupe d'opposition,
01:08:19 avec 88 députés, le RN prend une toute autre dimension
01:08:22 à l'Assemblée.
01:08:23 Hélène Laporte et Sébastien Chenu sont élus vice-présidents
01:08:27 et peuvent donc diriger certaines séances.
01:08:30 ...
01:08:32 Présidente du groupe parlementaire,
01:08:35 Marine Le Pen est à la manoeuvre pour guider les troupes
01:08:38 avec un mot d'ordre, "gagner en respectabilité".
01:08:42 -La première réunion de groupe, c'était un discours assez long
01:08:45 sur la responsabilité politique en général.
01:08:48 Le fait de se comporter dignement, respectueusement,
01:08:51 d'honorer par sa tenue vestimentaire
01:08:53 le mandat qu'on nous a donné,
01:08:55 ça s'inscrivait dans un discours général
01:08:57 sur la responsabilité qu'on avait pendant 5 ans,
01:09:00 dans le groupe d'opposition.
01:09:02 -Mais au-delà du perchoir et de la cravate,
01:09:05 pour s'afficher en alternative crédible,
01:09:08 le RN veut montrer sa capacité de compromis.
01:09:11 Le groupe vote des textes, des amendements et des motions
01:09:14 venant d'autres parties.
01:09:16 -Un des enjeux de notre groupe, c'était de montrer
01:09:19 qu'on n'était pas sectaires.
01:09:20 Quand un amendement arrivait, on regardait pas d'où il venait,
01:09:24 on regardait s'il améliorait ou pas.
01:09:26 -Peu à peu, le RN lit son image et tisse sa toile
01:09:30 à l'Assemblée.
01:09:31 Mais cette stratégie se heurte encore
01:09:33 au mur du Front républicain.
01:09:35 Pour la grande majorité des autres députés,
01:09:38 il reste un parti...
01:09:40 différent.
01:09:42 -Vos beaux mots, vos cravates ne nous ont jamais trompés.
01:09:46 Vous étiez, vous êtes, vous resterez
01:09:49 un mouvement d'extrême droite.
01:09:50 -C'est pas un parti comme les autres.
01:09:53 Il est l'héritier d'une histoire longue,
01:09:56 de Dreyfus à nous jour,
01:09:59 et on n'oublie pas ce que furent les mots, par exemple,
01:10:02 de Jean-Marie Le Pen.
01:10:05 -Certains épisodes sont aussi venus écorner
01:10:09 la nouvelle image dessinée par Marine Le Pen.
01:10:13 -34 rescapés, secourus par l'océan Viking
01:10:15 sont bloqués sur le pont du bateau.
01:10:18 Les prévisions météo indiquent une détoration significative
01:10:21 du climat.
01:10:22 Pas du tout.
01:10:23 C'est violence.
01:10:25 -Quel est le député qui vient de prononcer
01:10:27 cette phrase ?
01:10:29 -L'Allemagne ! -Pardon ?
01:10:31 -L'Allemagne !
01:10:33 -L'Allemagne !
01:10:34 -L'Allemagne !
01:10:35 -Par son passé et son positionnement,
01:10:38 le RN reste donc un parti très isolé à l'Assemblée.
01:10:42 Aucune alliance ne semble possible avec les autres groupes.
01:10:45 Ses propositions de loi et amendements
01:10:48 subissent un rejet quasi systématique.
01:10:50 -Cette situation est scandaleuse,
01:10:52 parce qu'elle démontre qu'elle a été le seul groupe
01:10:55 dont le pouvoir, dans toutes ses facettes,
01:10:58 craint parce qu'il représente l'alternance.
01:11:00 C'est le groupe du RN.
01:11:03 Musique de suspens
01:11:05 -En s'affirmant à l'Assemblée,
01:11:07 le RN a franchi un pas important
01:11:10 dans son objectif de conquête du pouvoir,
01:11:12 mais le travail de normalisation du parti
01:11:15 ne semble pas encore totalement achevé.
01:11:19 ...
01:11:21 -Frédéric Dhabi, est-ce que c'est le RN
01:11:23 qui sort gagnant de cette 1re année ?
01:11:25 -Dans les oppositions, oui.
01:11:27 Tous les vindicateurs le montrent.
01:11:29 Chaque mois, dans le baromètre,
01:11:31 pour Paris-MH et Sud Radio,
01:11:32 qui incarne le mieux l'opposition à Emmanuel Macron,
01:11:36 c'est le RN qui l'emporte,
01:11:37 qui apparaît comme une alternative qu'on n'a jamais essayée,
01:11:41 quand la NUPES et l'FI restent cantonnées
01:11:43 à une fonction tribunicienne.
01:11:45 Sur la séquence des retraites,
01:11:47 à deux reprises, en mars et en avril,
01:11:49 on a testé toute une série de personnalités.
01:11:52 Est-ce qu'elle sortait renforcée ou affaiblie de la séquence ?
01:11:55 Marine Le Pen est à chaque fois vue
01:11:57 comme la seule qui obtient une majorité.
01:11:59 Elle sort renforcée, avec une progression de 12 points
01:12:03 entre mars et avril.
01:12:05 La logique de distinction qui avait permis à Marine Le Pen,
01:12:09 pendant la campagne présidentielle,
01:12:11 de laisser Éric Zemmour endosser la tunique
01:12:15 du réprouvé, du sectaire, de l'extrémiste,
01:12:18 dans le match entre ces différentes oppositions,
01:12:21 c'est la France insoumise,
01:12:23 qui est apparue comme inquiétante, sectaire et infréquentable.
01:12:27 Dans une enquête de la semaine dernière
01:12:29 pour le journal du dimanche,
01:12:31 on voit que dans le match RN-LFI,
01:12:33 c'est clairement l'FI qui apparaît
01:12:35 comme le plus sectaire, le plus inquiétant
01:12:38 et le moins capable de gouverner de ce point de vue-là.
01:12:41 Il y a des matchs de l'opposition,
01:12:43 même si vous avez montré les différents éléments,
01:12:46 l'affaire de Fournasse, etc.
01:12:48 L'isolement du RN, c'est le RN qui sort vainqueur.
01:12:51 C'est un sans-faute pour le RN ?
01:12:53 -Sans faute, je n'irais pas jusque-là,
01:12:55 mais on le voit, les enquêtes, les enquêtes vont toutes
01:12:58 dans le même sens, et à quelques mois, maintenant,
01:13:01 de la prochaine échéance des européennes,
01:13:04 ceux qui mesurent en particulier le potentiel électoral
01:13:07 montrent que le Rassemblement national
01:13:10 est loin devant toutes les autres forces politiques,
01:13:13 et particulièrement la NUP et la France insoumise.
01:13:16 Donc, quelque part, là, le match est gagné.
01:13:19 Dans les oppositions les plus tendues,
01:13:21 les plus radicales, le match est gagné.
01:13:23 Deuxièmement, il y a eu, et cette stratégie a payé,
01:13:27 en ce qui concerne les signes extérieurs
01:13:30 de la respectabilité, la stratégie de la cravate,
01:13:34 le ton adopté par de nombreux responsables,
01:13:39 en particulier le sans-faute, presque,
01:13:42 du vice-président Sébastien Chenu.
01:13:46 Là, il y a, en effet, des progrès,
01:13:49 des progrès immenses sur leurs points faibles
01:13:52 qui ont été franchis.
01:13:54 Cependant, quand vous regardez en particulier
01:13:56 la dernière enquête qui a été faite pour le JDD
01:13:59 par l'Institut Elabe,
01:14:01 et qui mesure de manière assez pointue,
01:14:04 vous apercevez que sur tous les itèmes,
01:14:07 sur tous, Marine Le Pen progresse.
01:14:11 Cependant, sur les itèmes, j'allais dire,
01:14:13 de la gouvernementalité dure,
01:14:16 la politique étrangère, etc.,
01:14:18 là, il reste encore, pour le Front national,
01:14:21 pour le Rassemblement national
01:14:23 et pour sa première responsable,
01:14:25 des pas à franchir.
01:14:26 En particulier, on retombe toujours
01:14:28 sur l'isolement.
01:14:30 On dit souvent qu'on compare ce qui se passe en Italie
01:14:33 avec Mme Mélanie, mais elle est au coeur
01:14:35 d'un système d'alliances.
01:14:37 -Le jour où elle fera des alliances,
01:14:39 Marine Le Pen pourra accéder au pouvoir.
01:14:41 -Si jamais il y avait des alliances,
01:14:44 la possibilité d'acquérir une vocation majoritaire
01:14:46 serait possible assez aisément,
01:14:49 étant donné le climat, j'allais dire, en Europe
01:14:52 et le climat en France,
01:14:53 car nous sommes dans un contexte
01:14:55 où, quand vous regardez sur le terrain des valeurs
01:14:58 et des orientations, la droitisation
01:15:00 est un vrai phénomène de fond.
01:15:02 -Véronique Reissoult,
01:15:03 le RN est traité comme un parti comme les autres ?
01:15:06 -D'abord, ils ont fait quelque chose,
01:15:08 on parlait tout à l'heure des réseaux sociaux,
01:15:11 de la stratégie de la cravate,
01:15:13 c'est la stratégie des réseaux sociaux,
01:15:15 c'est extrêmement contrôlé,
01:15:16 et regardez les comptes des uns et des autres,
01:15:19 ils ont une commission pour vérifier,
01:15:21 ça prouve qu'ils sont dans cette logique-là.
01:15:24 C'est intéressant de regarder les mots associés.
01:15:26 Oui, ce sont plutôt les vainqueurs,
01:15:28 mais il y a quelque chose sur lequel ils ont pas réussi à percer,
01:15:32 c'est qu'on leur reproche de ne rien avoir proposé.
01:15:35 Quand on regarde les messages, les gens disent,
01:15:38 la grande majorité de l'expression sur les réseaux
01:15:41 disent qu'ils se sont bien tenus,
01:15:43 que ça n'est pas eux qui faisaient ce broi,
01:15:45 c'est plutôt LFI qui est pointé,
01:15:47 dans la partie déception, LFI fait partie de ce sujet,
01:15:50 mais par contre, à chaque fois, il y a, et dans le fond,
01:15:53 qu'est-ce qu'ils pensent vraiment, quelles sont les propositions,
01:15:57 et d'ailleurs, on voit bien, il y a une immense attente
01:16:00 sur le sujet de la loi immigration,
01:16:02 parce qu'ils disent qu'il va falloir nous raconter
01:16:05 quelque chose, sur les retraites, vous n'avez rien proposé.
01:16:08 Je ne dis pas qu'ils sont plus respectables, plus policés,
01:16:11 si on peut utiliser ce terme, mais en tout cas,
01:16:14 le fond, il y a encore ce plafond-là,
01:16:16 et c'est pas tant un plafond républicain,
01:16:19 ils sont pas bien, c'est juste, en fait,
01:16:21 on n'a jamais essayé, mais que proposent-ils ?
01:16:24 -Votre pourquoi. -C'est pas si clair.
01:16:26 Il y a un point pour eux qui est encore compliqué à passer.
01:16:29 -Catherine Tricot, on a vu ces stratégies opposées
01:16:32 entre ces deux pôles les plus radicaux,
01:16:34 quelle est la bonne stratégie ?
01:16:36 -Je pense que c'est ce qui a la mauvaise stratégie.
01:16:39 Je n'ai pas envie de dire que l'ERN a la bonne stratégie,
01:16:42 je pense qu'elle bénéficie d'une grande chance
01:16:45 qu'elle a été deux fois au second tour,
01:16:47 et que, naturellement, elle a une force politique,
01:16:50 celle qui représente l'opposition, elle en bénéficie.
01:16:53 C'est sa première force, et deuxièmement,
01:16:57 elle est incontestée dans son camp, dans son espace.
01:17:00 Marine Le Pen, ce n'est pas du tout le cas.
01:17:02 À la NUPES, on ne peut pas dire
01:17:04 qu'il n'y a pas de stratégie qui émerge de façon claire.
01:17:07 Moi, ce que je pense, c'est que la NUPES
01:17:09 a voulu exprimer la colère,
01:17:11 et je pense qu'il y a une réflexion à avoir
01:17:13 sur ce que c'est que exprimer la colère.
01:17:16 Il n'y a peut-être pas une expression directe,
01:17:18 la représentation de la colère, ce n'est pas être en colère.
01:17:22 Savoir le dire, savoir le raconter,
01:17:24 ce n'est pas venir mettre sur la table
01:17:26 sa colère, ses tripes, etc.
01:17:28 C'est le premier point. Le deuxième point,
01:17:30 qui me semble encore plus fort,
01:17:33 c'est qu'ils ne sont pas seulement en colère,
01:17:35 ils sont en demande d'un projet.
01:17:37 Or, aujourd'hui, on n'entend pas de projet.
01:17:39 Tout à l'heure, vous avez souligné
01:17:41 qu'il y avait eu peu de débats lors de l'élection présidentielle
01:17:45 et qu'on ne connaît pas très bien
01:17:47 quel est le projet porté par ce gouvernement
01:17:49 en dehors de la réforme des retraites.
01:17:52 On ne sait pas très bien ce que présente Marine Le Pen,
01:17:55 même si on subodore son arrière-plan idéologique.
01:17:58 On sait bien que sur la réforme de l'immigration,
01:18:01 elle a été évoquée avec un point cardinal,
01:18:03 mais, au fond, la gauche, elle propose quoi ?
01:18:05 Elle est d'accord sur quoi pour enclencher
01:18:08 la révolution écologique
01:18:10 et davantage de justice sociale ?
01:18:13 C'est sur ces éléments-là, à mon sens,
01:18:15 qu'elle n'a pas su se faire entendre,
01:18:17 éventuellement en masquant ses différences
01:18:20 et en ne portant pas de débat sur l'espace public
01:18:22 et en n'argumentant pas.
01:18:24 Je pense qu'elle s'est trompée dans sa manière d'exercer...
01:18:27 -Il n'y a ni majorité alternative,
01:18:30 ni d'opposition, ni de gauche, en tout cas,
01:18:32 aujourd'hui. -C'est de ça
01:18:33 dont la gauche souffre profondément.
01:18:36 -Franck Riester, avez-vous trop ciblé la NUP
01:18:38 et pas suffisamment le Rassemblement national,
01:18:41 qui s'est montré très habile cette première année ?
01:18:44 -Ils ont fui un certain nombre de débats,
01:18:46 ils ont critiqué, se sont opposés, ils ont voté un certain nombre
01:18:50 de textes, mais on ne sait pas quel est leur projet.
01:18:53 C'était très flagrant pendant la réforme des retraites.
01:18:56 On l'a dit à plusieurs reprises,
01:18:58 il y a eu des retraites dans le débat au Parlement,
01:19:01 mais on ne sait pas quel est leur projet
01:19:03 pour résorber les déficits à venir.
01:19:06 A l'arrière, la NUP, in fine, on a su que c'était
01:19:09 augmenter les cotisations, augmenter les impôts.
01:19:11 Marine Le Pen ne l'a même pas exprimé de cette façon-là,
01:19:15 et le groupe RN non plus.
01:19:16 Je pense qu'on va, à nous, continuer de démontrer
01:19:19 qu'il n'y a pas de projet.
01:19:21 Pourquoi il n'y a pas de projet ?
01:19:23 Parce qu'il bénéficie, aujourd'hui,
01:19:25 d'être dans l'opposition,
01:19:27 critiquer le gouvernement sur les décisions qui y sont prises,
01:19:31 parce que c'est difficile de gouverner,
01:19:33 c'est difficile de s'attaquer aux difficultés du monde
01:19:37 et aux difficultés de la France,
01:19:39 mais c'est plus facile de critiquer sans proposer.
01:19:42 Mais quand il y aura des propositions,
01:19:45 on verra les propositions qui ne répondent pas
01:19:48 aux problématiques de notre compte patriote.
01:19:51 L'exemple peut-être le plus frappant,
01:19:53 c'est cette baisse de la TVA,
01:19:55 quand il s'agit du pouvoir d'achat.
01:19:57 On sait que baisser la TVA des produits...
01:20:00 -Les produits de première consommation.
01:20:03 -C'est complètement digéré par les distributeurs
01:20:06 et les producteurs, et ça ne revient jamais vers le consommateur.
01:20:09 Avec des exemples comme ça, on peut démontrer
01:20:12 que les propositions qui n'y sont pas...
01:20:14 -Vous le ferez davantage ?
01:20:16 -Ce ne sont pas à la hauteur des enjeux,
01:20:18 et on va continuer de le faire.
01:20:20 -Pour clore cette émission, on a demandé aux députés
01:20:24 ce qu'ils souhaitent et ce qu'ils voient
01:20:26 pour les quatre années qui viennent.
01:20:28 -Moi, je souhaite de la tenue dans les débats,
01:20:31 de l'approfondissement dans les discussions.
01:20:34 Je pense que la démocratie,
01:20:36 il trouverait son compte,
01:20:38 et les Français, sans doute,
01:20:40 verraient-ils leur politique un peu différemment.
01:20:43 -Il faut s'adapter à cette configuration
01:20:45 qui est plus compliquée,
01:20:47 parce qu'il faut trouver des compromis,
01:20:50 parce que ça demande énormément de mobilisation.
01:20:53 On peut pas jouer une loi à deux personnes
01:20:55 qui vont boire un café à la buvette.
01:20:57 Ca nous impose de travailler différemment,
01:21:00 et c'est pour le mieux.
01:21:01 -Ca va dépendre aussi de ce que va faire la minorité présidentielle.
01:21:06 Si elle veut jouer la même partition,
01:21:08 les choses vont se bloquer très vite,
01:21:10 beaucoup plus rapidement qu'elle ne l'imagine.
01:21:13 Nous sommes prêts à une dissolution
01:21:15 si la maison ne peut plus fonctionner.
01:21:18 -Ou alors, ils démissionnent.
01:21:20 -Ca, c'est une solution, la démission du président.
01:21:23 On ne peut pas le faire, c'est pas prévu dans la Constitution,
01:21:27 mais ça fait partie de ses pouvoirs.
01:21:29 -Je reprends les propos du député renaissance Pierre Cazeneuve.
01:21:33 -Il faut continuer de...
01:21:35 Cette stratégie du dialogue, du compromis,
01:21:38 et vraiment, je crois que nous travaillons différemment
01:21:42 depuis un an.
01:21:43 Les députés de la majorité, le gouvernement,
01:21:46 et il faut aller toujours plus loin
01:21:48 et expliquer peut-être mieux, devant les Français,
01:21:51 comment nous travaillons.
01:21:53 Je rappelle que le président de la République a été élu
01:21:56 pour cinq ans, que son élection est légitime.
01:21:58 Vous voyez cette musique de délégitimation
01:22:01 et que si les députés veulent faire tomber le gouvernement,
01:22:05 ils peuvent le faire.
01:22:06 Ca s'appelle une motion de censure, il y en a eu 17.
01:22:09 17 fois, les députés avaient la possibilité,
01:22:12 s'ils étaient majoritaires, de faire tomber le gouvernement.
01:22:16 Je vous fais peut-être une prévision que vous pouvez imaginer,
01:22:19 mais il y en aura sûrement d'autres.
01:22:21 On verra ce que décideront les députés,
01:22:24 mais malgré toutes les critiques sur cette Constitution,
01:22:27 ceux qui décident, ce sont les députés.
01:22:29 -Pascal Perrineau, on peut tenir quatre ans comme ça ?
01:22:32 -Quatre ans, c'est long, comme ça.
01:22:35 Quand on regarde le dernier épisode sur les retraites,
01:22:39 j'ai pas encore la réponse.
01:22:41 Est-ce que cet épisode sur les retraites,
01:22:43 qui sont des armes du parlementarisme rationalisé
01:22:46 extrêmement visibles et qui les a transformées
01:22:49 en termes de perception, en instruments de dictature,
01:22:53 est-ce que ça a laissé des traces ?
01:22:57 Et à ce moment-là, ça va être difficile de revenir
01:23:00 à la lente co-construction de majorité
01:23:05 avec des forces d'opposition qui se sont un peu braquées.
01:23:09 Quand je regarde la manière dont le groupe Lyott...
01:23:12 Sur le papier, le soir, je me souviens,
01:23:14 il y a un an, je me disais, voilà, pour la majorité,
01:23:17 il y a là un groupe, ce groupe Lyott,
01:23:19 qui est un groupe formidable.
01:23:21 -Il s'est dit constructif. -Bien sûr.
01:23:23 Pour construire des majorités.
01:23:25 Quand vous regardez sa radicalisation,
01:23:27 vous vous dites qu'en effet, ça va être de plus en plus difficile.
01:23:31 Si c'est de plus en plus difficile, il n'y a pas 36 solutions.
01:23:34 Il y a l'établissement d'accords de gouvernement,
01:23:37 mais on voit que dans les oppositions,
01:23:40 l'LR qui pouvait être l'élément d'élargissement de la majorité
01:23:45 et trop divisé pour inventer quelque chose de stable,
01:23:49 s'il y a une crise, s'il y a un blocage,
01:23:52 il y a l'instrument de la dissolution.
01:23:54 -C'est pas impossible pour vous.
01:23:57 -Et je rappelle quand même que depuis la réforme des retraites,
01:24:00 la séquence de la réforme des retraites,
01:24:03 depuis deux mois, trois mois presque,
01:24:05 nous avons voté avec des oppositions.
01:24:07 Il y a eu un vote à l'unanimité d'un texte de loi,
01:24:10 d'un projet de loi porté par le gouvernement sur les douanes.
01:24:13 Pour l'instant, en tout cas, on ne constate pas
01:24:17 de changement dans le travail de construction
01:24:20 avec les oppositions constructives après la réforme des retraites.
01:24:24 Est-ce que ça durera ?
01:24:25 -On ne sait pas. Il reste quatre ans.
01:24:27 -C'est long.
01:24:28 -Catherine Tricot, une dissolution, c'est une option ?
01:24:32 -C'est une option sur la table.
01:24:34 Personne n'y a vraiment intérêt en dehors du RN.
01:24:37 C'est pour ça que, pour l'instant, je ne la crois pas très crédible.
01:24:41 Politiquement, ce n'est pas...
01:24:43 Raquel Garrido parle de la démission du président
01:24:46 et non pas de la dissolution de l'Assemblée nationale.
01:24:49 -Personne n'y a intérêt.
01:24:50 -Le RN, ceci étant, contrairement à ce que vous dites,
01:24:53 et je maintiens ma position,
01:24:55 nous ne sommes pas en situation de conduire les transformations
01:24:59 qu'il faut faire dans ce pays et qui ne sont pas des sommes
01:25:02 qui sont essentiels.
01:25:03 -Frédéric Dhabi, l'idée d'une coalition,
01:25:06 d'un rapprochement de la majorité avec les Républicains ?
01:25:09 -C'est vrai que pour sortir du cas par cas,
01:25:12 version 88/91, mais c'était plus facile
01:25:15 avec 12 députés manquants et Jean Poprène
01:25:17 ou M. Kerkasson, qui était à la manœuvre,
01:25:20 que ces 40 députés qui manquent.
01:25:22 Clairement, un accord de gouvernement avec LR
01:25:25 serait sur le papier possible,
01:25:26 mais on a vu pendant la réforme des retraites
01:25:29 la fracturation du groupe LR.
01:25:31 La plupart des députés LR sont plutôt dans une opposition
01:25:34 parce qu'ils ont été élus contre des membres,
01:25:37 contre des candidats en naissance,
01:25:39 et même les sympathisants de droite sont relativement fracturés,
01:25:42 même si une petite majorité souhaiterait une alliance,
01:25:45 c'était l'enquête pour le JDD,
01:25:47 sur les grands sujets économiques,
01:25:49 sur les réformes, sur l'Europe,
01:25:51 il y a des points de convergence très forts
01:25:54 entre sympathisants en naissance et sympathisants LR.
01:25:57 Les choses vont-elles bouger jusqu'au sénatorial ?
01:26:00 -C'est la fin de cette émission.
01:26:02 Merci à vous tous de nous avoir suivis,
01:26:04 merci à vous d'avoir participé,
01:26:06 et je vous souhaite une très bonne suite de programmes sur LCP.
01:26:10 ...
01:26:25 [SILENCE]

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