Industrie : "La seule manière de rééquilibrer la balance commerciale, c’est de réindustrialiser"

  • l’année dernière
"La seule manière de rééquilibrer la balance commerciale, c’est de réindustrialiser, de produire en France. Il y a un sujet autour de l’énergie, c’est le premier levier […] et un sujet sur la commande publique", plaide Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie.

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00:00 – Notre invité politique ce matin c'est Roland Lescure.
00:02 Bonjour. – Bonjour.
00:03 – Merci beaucoup d'être avec nous. – Merci à vous.
00:04 – Vous êtes ministre déléguée chargée de l'Industrie.
00:06 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview
00:08 en partenariat avec la presse régionale
00:10 représentée par Stéphane Vernet de Ouest France.
00:11 Bonjour Stéphane. – Bonjour, bonjour.
00:14 – On a beaucoup de sujets d'industrie à voir avec vous.
00:15 Évidemment le projet de l'industrie verte qui arrive au Sénat aujourd'hui,
00:18 le salon du Bourget, mais d'abord un mot sur une actualité
00:22 qui concerne le gouvernement, c'est encore et toujours la réforme des retraites.
00:25 J'allais vous dire, d'après le rapport du Conseil d'orientation des retraites,
00:27 la réforme des retraites ne suffira pas à résorber le déficit du régime en 2030.
00:33 Tout ça pour ça ?
00:34 – Non mais tout ça pour ça, c'est déjà ça, moi je dirais.
00:37 Heureusement qu'on a fait la réforme des retraites.
00:39 Alors, les estimations du CORE ça va, ça vient quand même,
00:42 puisqu'il y a 7 ans ils nous disaient il n'y a pas de problème,
00:45 il y a 2 ans finalement ils nous disaient il y a un problème.
00:48 Pendant la réforme des retraites on a entendu le président du CORE dire
00:51 finalement il n'y a pas tant de problème que ça.
00:53 – Un tout petit problème.
00:54 – Voilà, et puis maintenant ça devient un trop gros problème.
00:56 Bon, donc, et je ne jette pas la pierre,
00:58 les estimations qu'on appelle actuarielles c'est compliqué à faire.
01:01 Ce qui est clair c'est qu'on avait besoin de cette réforme
01:04 puisque 3 mois après on se retrouve potentiellement avec encore un petit problème.
01:09 Donc non…
01:10 – Mais est-ce que vous avez fait trop de concessions, notamment aux Républicains ?
01:13 – Non, je pense qu'il a fallu trouver un équilibre,
01:16 d'abord il fallait une majorité au Sénat,
01:18 il fallait quand même un 49-3, c'est jamais facile, une motion de censure.
01:22 – Vous avez fait des concessions aux Républicains pour aboutir à un 49-3 ?
01:25 – On a trouvé… mais oui, mais le 49-3 ça fait partie,
01:27 je ne vais pas vous refaire l'article, c'est le cas de le dire, du processus démocratique.
01:32 On a défait une motion de censure à 9 mois après, à 9 mois après, pardon,
01:36 donc ce n'était pas gagné, on a eu une majorité au Sénat,
01:39 le projet de loi a été validé par le Conseil constitutionnel
01:42 et malgré tout ça il y a encore un défi, moi je ne suis pas sûr qu'il y ait un déficit, on verra.
01:47 Quand le temps sera passé, moi je suis persuadé que notamment
01:50 avec ce qu'on fait sur l'industrie, sur la croissance,
01:51 on va être aussi capable de générer des recettes supplémentaires.
01:54 Mais en tout cas, j'ai l'impression que c'est un peu le monde à l'envers,
01:57 c'est-à-dire que pendant des mois, on a un certain nombre de gens qui nous ont dit
02:00 "il n'y a pas de problème, il n'y a pas de problème"
02:02 et maintenant on va se retrouver dans une situation où on va nous dire
02:05 "finalement vous n'en avez pas fait assez",
02:06 ça prouve peut-être qu'on a trouvé le bon équilibre.
02:08 – Peut-être qu'il faut juste expliquer que le vrai équilibre ou déséquilibre de ce régime
02:12 il est lié à l'état de l'économie à l'instant T.
02:15 Est-ce que ces prévisions ne sont pas le reflet de finalement
02:19 une prévision d'une dégradation et de la croissance et de l'activité économique en France ?
02:23 Est-ce qu'on ne peut pas le lire aussi comme ça ?
02:24 – Non, je ne pense pas. Là où vous avez raison,
02:25 c'est que derrière une prévision de déficit d'un ou d'équilibre,
02:29 voire même de surplus un jour, qui c'est ?
02:31 De régime des retraites à horizon de 20, 30, 50 ans,
02:34 il y a des hypothèses démographiques, ça, ça ne ment pas.
02:37 – Oui, très stable, on le sait.
02:38 – Et ensuite il y a des hypothèses économiques,
02:41 des hypothèses sur les taux d'intérêt…
02:42 – Là c'est beaucoup moins stable.
02:43 – Voilà. Et donc il faut se méfier de ces estimations
02:47 qui sont au fond que des estimations,
02:50 il faut les intégrer comme une évolution des tendances.
02:53 Moi le message que j'entends derrière cette estimation du Corse,
02:56 c'est que la réforme des retraites, elle va dans le bon sens,
02:58 puisqu'elle réduit largement le déséquilibre.
03:01 – Mais il en faudra une autre.
03:03 – Non, ce n'est pas sûr.
03:04 Moi, je le répète, je me méfie du balancier qui va d'un côté et puis de l'autre.
03:10 On a une réforme qui va largement dans le bon sens,
03:12 qui va contribuer à équilibrer le système, mettons-la en œuvre,
03:16 puis on verra ensuite dans quelques années si un gouvernement…
03:19 – A faire la spie.
03:19 – Oui, je le disais, monsieur le ministre,
03:20 mais vous savez que dans ce pays,
03:21 il faut faire une réforme des retraites tous les 10 ans.
03:24 – Mais il y a un moment où la démographie va s'inverser.
03:27 Pour l'instant, on est au pic, je dirais, de l'inversion de la démographie.
03:31 C'est-à-dire qu'on va avoir de plus en plus de retraités
03:33 et de moins en moins d'actifs.
03:34 Bon, il y a un moment où ça va se calmer, il faut faire des bébés, notamment.
03:37 – Voilà, c'est le message.
03:38 On parle d'industrie.
03:38 Le salon du Bourget, tout d'abord, qui a ouvert ses portières,
03:41 inauguré par Emmanuel Macron, avec déjà une très bonne nouvelle pour Airbus.
03:44 Une commande record, la plus grande commande de l'aviation civile en volume.
03:47 500 Airbus, dessinée à une compagnie indienne.
03:50 Est-ce qu'on va battre des records de commandes durant ce salon du Bourget ?
03:52 – On en bat déjà un, vous l'avez dit, avec Airbus.
03:55 On annonce des innovations technologiques absolument extraordinaires.
04:00 Pour moi, l'aviation, depuis d'ailleurs plus de 100 ans,
04:02 c'est rendre possible l'impossible.
04:04 C'est-à-dire qu'il y a 100 ans, on rêvait de voler.
04:06 Il y a 50 ans, on rêvait de passer le mur du son, c'était le Concorde.
04:09 Aujourd'hui, on rêve de faire des avions décarbonés
04:12 et on est en train de le rendre possible.
04:13 Donc il y a des investissements, notamment dans des nouveaux moteurs.
04:16 Safran présente un nouveau moteur,
04:18 qui est un moteur à hélice qui va réduire la consommation de 20%.
04:22 Airbus travaille à des avions propres.
04:24 Un avion qu'on appelle ultra sobre,
04:25 qui va permettre d'utiliser à 100% des carburants durables.
04:31 On travaille sur les carburants durables.
04:32 On travaille sur des avions à hydrogène, des avions électriques.
04:34 – Est-ce que c'est un des principaux défis, le carburant durable ?
04:37 Est-ce qu'à l'heure actuelle, la France importe la totalité de son carburant ?
04:42 Est-ce que du coup, c'est le défi à venir de l'aviation propre ?
04:45 – Oui, mais je pense qu'à court terme,
04:47 c'est-à-dire d'ici les 15-20 ans qui viennent,
04:50 ça peut faire sourire de dire que c'est le court terme,
04:51 on vient de parler des retraites,
04:52 mais Patrick Pouyanné de Total nous a dit clairement
04:56 qu'il était capable de livrer un peu plus de 500 000 tonnes
04:59 qu'il va falloir produire pour nourrir le pourcentage de carburants durables
05:04 qu'on a prévu d'intégrer d'ici 2030.
05:05 Au-delà, si on veut passer à 100% de carburants durables,
05:09 il va falloir changer d'échelle.
05:10 C'est pour ça que le Président de la République,
05:11 vendredi, à l'usine Safran, a annoncé une première,
05:16 autour de l'AC, vous savez, où il y avait des gisements de gaz,
05:18 donc on remplace du carbone par du durable,
05:21 un premier investissement dans une grande usine
05:23 qui va produire des carburants durables.
05:25 – Il y en aura d'autres, ça veut dire qu'il y aura d'autres investissements ?
05:28 – Oui, il y en aura d'autres, et surtout, moi, ce que je voudrais dire, c'est que…
05:30 – Qu'ils soient annoncés quand ?
05:32 – On va voir dans les années qui viennent, c'est du boulot,
05:34 il faut investir dans la technologie.
05:35 – Donc pas à court terme ?
05:36 – Non, en fait, le défi majeur, ça peut peut-être intéresser vos téléspectateurs,
05:41 c'est que pour faire des carburants durables,
05:43 il faut recycler, recycler, recycler, notamment du plastique et des déchets.
05:47 On a besoin de recycler davantage en France,
05:49 on ne recycle pas assez, on ne trie pas assez.
05:51 Donc quand vous triez votre bouteille dans le bac jaune ou dans le bac vert,
05:55 vous pouvez contribuer à la production de carburants durables en France
05:59 et à la décarbonation de l'industrie aéronautique.
06:01 Vous savez que la industrie aéronautique,
06:03 c'est à peu près 3% des émissions mondiales.
06:06 Mais les avions français, c'est la moitié de ces 3%
06:10 puisqu'on les exporte partout dans le monde.
06:12 Donc on a une industrie leader dans le monde,
06:14 qui est capable, elle seule, de décarboner la moitié de l'invasion mondiale.
06:19 On devrait en être fier, et je pense qu'on est extrêmement fier d'avoir ce salon,
06:22 ça fait 4 ans qu'il n'avait pas eu lieu,
06:24 c'est un très bel événement qui va se poursuivre toute la semaine.
06:26 – Juste une précision, vous venez d'évoquer les exportations d'avions français,
06:30 on a des commandes record au Bourget,
06:31 est-ce que ça va améliorer la balance commerciale de notre pays
06:34 qui est ultra déficitaire cette année, enfin l'année dernière,
06:37 164 milliards d'euros, on n'a jamais vu ça, c'est un record.
06:41 Est-ce qu'on a un espoir d'améliorer, de rectifier un peu le titre ?
06:44 – Alors les avions font déjà, je dirais, leur part,
06:47 c'est un des seuls secteurs, généralement, excédentaire.
06:51 Alors il y a quelques armes qui sont plutôt des beaux armes,
06:53 il y a le luxe, il y a le secteur viticole,
06:56 il y a les médicaments, on reste excédentaire.
06:58 Non, la seule manière de rééquilibrer la balance commerciale,
07:02 c'est de réindustrialiser, c'est de reproduire en France.
07:06 Si vous continuez à faire ce qu'on a fait pendant 25 ans,
07:09 c'est-à-dire envoyer la production ailleurs,
07:10 évidemment vous allez importer vos téléphones, vos micros, vos chaises, etc.
07:14 Si vous dites "je vais réindustrialiser la France",
07:16 d'abord parce que c'est bon pour l'environnement,
07:18 c'est bon pour l'emploi, c'est bon pour la prospérité,
07:20 en plus, vous allez produire des industries en France
07:22 qui sont elles capables de s'exporter.
07:24 – Et là on y est vraiment à la réindustrialisation,
07:26 on en parle beaucoup, est-ce que c'est du discours
07:27 ou est-ce que c'est vraiment du concret ?
07:29 – Non, non, non, vraiment là-dessus c'est du concret,
07:31 mais on a entamé un virage.
07:32 – On parle de tellement loin.
07:34 – Exactement, on a stabilisé le bateau,
07:36 on crée de l'emploi industriel en France,
07:38 100 000 emplois en 5 ans, on crée des usines en France,
07:42 on en ouvre plus qu'on en ferme, 200 de plus en 2 ans,
07:45 mais il faut changer de braquet, il faut accélérer.
07:47 Vous savez quand on entre dans un virage,
07:48 la meilleure manière d'en sortir c'est d'accélérer.
07:51 C'est maintenant, c'est le projet de loi industrielle ERTE
07:54 qui arrive aujourd'hui.
07:54 – On va en parler, mais 164 milliards c'est énorme à résoudre.
07:57 – Oui, alors, il y a un sujet autour de l'énergie,
08:00 moins on consomme d'énergie fossile,
08:02 et plus l'énergie, je dirais, est autonome.
08:05 Donc de l'hydrogène, de l'électricité, de la capture de carbone,
08:10 tout ce qui va nous permettre d'être davantage autonomes,
08:12 des panneaux photovoltaïques, de l'éolien en mer,
08:15 tout ça il faut qu'on le produise en France
08:17 et qu'on produise de l'électricité et des carbones.
08:19 – Et ça, ça va permettre de résorber la balance commerciale ?
08:21 – C'est le premier délai.
08:22 – Est-ce qu'il n'y a pas aussi un problème de modèle français,
08:25 contrairement à nos voisins notamment allemands ?
08:27 Est-ce que les TPE, les PME ne sont pas insuffisamment exportatrices ?
08:30 – Bien sûr, il est en train de changer ce modèle,
08:32 c'est le virage qu'on a pris.
08:33 Il faut plus de TPE, PME, ETI et grandes entreprises exportatrices.
08:39 Et pour ça, il faut qu'elles soient installées chez nous.
08:42 Il y a un sujet commande publique,
08:43 ça on l'adresse aussi dans le projet de loi Industrie Verte.
08:45 Il faut qu'on commande à la fois l'État, les armées, les services publics,
08:51 les mairies, des produits qui sont environnementalement plus sains,
08:56 c'est-à-dire qu'ils soient produits plus près de chez nous.
08:58 Et évidemment, si vous achetez plus près de chez vous,
09:01 il y a pas mal de chances que vous achetiez des commandes
09:04 qui viennent des TPE, des PME, des ETI de notre territoire.
09:06 – Ce qu'on appelle les ETI, les entreprises de taille intermédiaire,
09:09 qui sont des très très grosses PME, basées en région,
09:14 c'est toujours le maillon faible de la France, notamment comparé à l'Allemagne.
09:17 – Alors ça, ça méliore.
09:18 – L'Allemagne a beaucoup d'ETI dans ses lander, pas nous.
09:20 – Effectivement, on a des très grandes entreprises,
09:22 notamment dans l'aéronautique, mais ailleurs,
09:24 des très grandes, on en a beaucoup.
09:25 Des PME, des start-up, on en a plus que jamais.
09:28 On crée des centaines de milliards d'entreprises tous les ans,
09:30 et c'est très bien.
09:32 Et maintenant, il faut qu'on les passe à l'échelle.
09:33 Et notamment pour le ministre de l'Industrie, c'est un défi énorme.
09:36 C'est qu'on passe…
09:37 Aujourd'hui, les start-up, c'est plus trois personnes dans un garage
09:40 avec une app sur un téléphone.
09:42 C'est des gens qui créent des processus industriels.
09:44 Mais il faut les aider à créer ce qu'on appelle la première usine.
09:47 Et ça, il y a des subventions qu'on a mises en place.
09:48 – Avec de l'emploi à la clé.
09:49 – De l'emploi et de l'emploi dans les territoires.
09:51 On est sur Public Sénat, partout en France.
09:54 Et on est vraiment en train…
09:56 Vous savez, on a annoncé la semaine dernière, au VivaTech,
09:58 un salon du numérique qui est le plus grand au monde.
10:01 On a dépassé Las Vegas.
10:03 Soyons-en fiers, à l'espace d'une seconde.
10:06 On a annoncé avec Jean-Noël Barraud,
10:08 une liste de 125 futurs champions de la technologie.
10:11 Il y a deux tiers de ces futurs champions qui sont dans l'industrie,
10:15 qui font de l'avion propre, qui font de la 5G industrielle,
10:19 qui font des produits du quotidien, des vélos, etc.
10:22 – Et qui vont créer beaucoup d'emplois.
10:23 – Bien sûr.
10:24 Alors, ce qu'il faut retenir, c'est qu'un emploi industriel,
10:27 c'est 3, 4 ou 5 emplois supplémentaires.
10:30 Donc, on crée de l'emploi dans l'industrie,
10:31 surtout on en crée autour, on en crée dans les services.
10:34 Parce que pour servir, il faut avoir quelque chose à servir dans l'industrie,
10:38 dans les services publics, dans les écoles, dans les hôpitaux.
10:40 On parle des déserts médicaux.
10:42 Moi, j'aime beaucoup parler de ce qu'on appelle les cathédrales industrielles.
10:44 Ces très belles usines qu'on est en train de décarboner,
10:47 qui sont présentes partout en France,
10:49 qui vont, j'espère, continuer à émerger,
10:51 et qui permettent autour d'elles de créer un écosystème,
10:54 de créer des villes qui se développent,
10:58 des hommes et des femmes qui viennent travailler dans la région,
11:01 qui créent aussi du tourisme.
11:02 Bref, on est en train de recréer une dynamique dans les territoires
11:05 qui est aussi une dynamique anticolère.
11:07 L'industrie, c'est de l'espoir.
11:08 Moi, je suis une arme anticolère et je souhaite continuer à l'être.
11:12 – Anticolère, c'est aussi une manière de dire anti-Rassemblement National.
11:15 Ce projet de loi Industrie Verte, il a aussi une visée politique.
11:18 D'ailleurs, vous allez nous le dire peut-être,
11:21 à lutter contre le Rassemblement National qui prospère là où des usines ferment.
11:24 C'est aussi ça le but de votre texte ?
11:26 – Vous avez compris, le Front National, puis le Rassemblement National,
11:28 qui s'est nourri de la désindustrialisation.
11:31 Donc si on inverse cette tendance, si on redonne de l'espoir aux gens,
11:35 évidemment la colère va diminuer.
11:37 Moi, je pense qu'on battra le Front National,
11:39 désormais appelé le Rassemblement National,
11:43 avec des faits, avec des preuves, avec des actes.
11:47 Et cette réindustrialisation des territoires, elle est en train de se faire.
11:50 Je vais vous donner un exemple.
11:52 À Dunkerque, on a détruit 6 000 emplois industriels
11:56 dans une ville qui fait quelques dizaines de milliers d'habitants.
11:59 On va en créer 16 000 à l'avenir.
12:01 Mais évidemment, on va recréer de l'espoir,
12:04 évidemment qu'on va redonner aux gens envie de croire dans la politique.
12:09 Parce que la politique, c'est ça, c'est des résultats.
12:11 C'est une capacité à montrer qu'en agissant, on est capable de transformer.
12:15 Et je pense qu'on va vraiment montrer qu'on est capable de le faire
12:18 parce qu'on a déjà commencé, on ne part pas de rien.
12:20 Donc accélérer, je le répète, quand on est entré dans un virage,
12:23 c'est plus facile que de partir de zéro.
12:24 – Et c'est l'alerte aussi que vous lance les sénateurs, on le redit.
12:27 Le texte arrive aujourd'hui au Sénat,
12:29 il vise à combiner transition écologique et souveraineté industrielle.
12:34 Le rapporteur du texte au Sénat, il rappelle que depuis 2000,
12:36 1 million d'emplois industriels ont été perdus en France.
12:40 Comment on redresse ça ?
12:41 – 1 million perdus, 100 000 gagnés.
12:44 Donc c'est le début, c'est vraiment ce que je disais.
12:46 Non seulement on a arrêté le déclin,
12:47 mais on en a créé en net un peu plus de 100 000 depuis 5 ans.
12:50 – D'habitude c'est 1 perdu, 10 de retrouvé, là c'est l'inverse.
12:52 – Exactement, et donc il faut dire 1 de gagné, 10 de gagné.
12:55 Il faut qu'on crée 1 million d'emplois dans l'industrie
12:58 dans les 10 ans qui viennent, pas 100 000, 1 million.
13:00 Ça veut dire qu'il faut faire 10 fois plus en 10 ans
13:03 que ce qu'on a fait en 5 ans.
13:05 Donc c'est vraiment un changement de braquet.
13:06 Ce projet de loi, il fait quoi ?
13:07 Il cherche à simplifier les installations industrielles.
13:11 Il cherche à modifier en profondeur la commande publique.
13:14 De manière à ce qu'on achète davantage du fabriqué en France, pour simplifier.
13:19 Il cherche à développer les industries de demain.
13:21 On a une révolution industrielle.
13:23 Celle de l'hydrogène, celle de la capture de carbone,
13:25 celle des batteries électriques, celle de l'énergie bas carbone.
13:28 Là encore, donc il faut doubler, tripler les capacités.
13:31 Et ce projet de loi, il permet de simplifier tout ça.
13:34 Il ne suffit pas à lui tout seul.
13:36 En fait, ce projet de loi,
13:37 il accompagne un véritable changement de mentalité.
13:41 Aujourd'hui, la mentalité vis-à-vis de l'industrie,
13:43 par rapport à il y a 20 ans où on disait
13:45 "l'industrie c'est pour ailleurs, ça pollue,
13:47 renvoyons-les au bout du monde",
13:49 c'est ici que ça se passe.
13:51 Et les gens sont en train,
13:52 non seulement de le reconnaître,
13:55 mais d'y adhérer.
13:56 Alors c'est très positif tout ça,
13:58 mais alors moi je n'ai pas bien compris.
14:00 Vous aviez Elon Musk hier sur le JT de France 2
14:03 qui parlait de ces projets.
14:04 Je n'ai pas compris où est-ce qu'il allait installer son usine Tesla en France.
14:08 Moi non plus.
14:10 Ça veut dire que vous n'avez pas eu les garanties
14:12 encore que cette usine sera installée en France ?
14:13 Vous ne l'avez pas convaincu ?
14:14 On a annoncé 5 milliards d'investissements à Dunkerque
14:17 pour une gigafactory de batteries il y a 4 semaines.
14:19 C'est le président qui y était pour l'annoncer.
14:22 Deux jours avant, on n'avait pas d'accord.
14:25 Ce genre de négociations, ça prend énormément de temps,
14:28 beaucoup d'énergie,
14:29 et pour simplifier, tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas fait.
14:31 Donc là, ce n'est pas fait ?
14:32 Non.
14:33 Mais ce n'est pas fait ?
14:34 Tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas fait.
14:35 Et donc on va être patient, on va voir.
14:38 Elon Musk, quand il envisage d'installer des usines,
14:40 il regarde le monde entier.
14:42 On est en compétition contre le monde entier.
14:44 Ce qui est nouveau, c'est qu'il y a 10 ans,
14:45 Elon Musk ne se serait jamais arrêté à Paris.
14:47 Il aurait fait directement Berlin, Beijing, Mumbai.
14:53 Il s'arrête à Paris.
14:54 Donc c'est plutôt bon signe.
14:54 Mais bien sûr, il est prêt à regarder.
14:56 Aujourd'hui, il n'est pas le seul.
14:57 La France est le pays le plus attractif d'Europe.
14:59 Là encore, soyons-en fiers,
15:01 nous faisons le travail avec Bruno Le Maire,
15:03 avec le président de la République,
15:04 avec la première ministre pour attirer.
15:05 Mais qu'est-ce que vous pouvez faire de plus pour le convaincre ?
15:07 Parce que là, visiblement, il n'est pas complètement convaincu.
15:09 Aujourd'hui, d'ailleurs, c'est un des sujets du projet de loi Industrie Verte.
15:13 Les industriels, quand ils veulent venir en France,
15:14 ils nous demandent trois choses.
15:15 Oui, des subventions, mais au fond, tout le monde en donne.
15:18 On n'est là-dessus ni meilleur ni moins bon que les autres.
15:20 Du foncier, des mètres carrés,
15:22 et de la simplicité, de la rapidité d'exécution.
15:25 C'est pour ça que ce projet de loi, il est très important.
15:27 – On va y venir, on a fait une petite parenthèse,
15:29 mais il fait plutôt consensus ce projet de loi.
15:32 – J'espère.
15:32 – Il y a quand même des interrogations, des inquiétudes au Sénat,
15:35 notamment sur qui va avoir le dernier mot sur ces questions d'urbanisme.
15:39 Justement, qui va avoir le dernier mot ?
15:40 Est-ce que les élus locaux auront toujours leur mot à dire ?
15:42 – Bien sûr.
15:43 D'abord, dans 80-90% des cas, on ne change rien.
15:46 C'est le maire qui délivre le permis de construire.
15:48 Ce qu'on a proposé, c'est que pour les grands projets dits d'intérêt national,
15:52 des dizaines de milliers d'hectares,
15:54 qui concernent un territoire énergique, qui concernent plusieurs projets,
15:58 on puisse, et ça va être une des discussions avec les sénateurs,
16:02 après avis du maire, pouvoir simplifier la procédure
16:05 et faire en sorte que ce soit l'État qui délivre le permis de construire.
16:07 Évidemment, même dans ce cas exceptionnel,
16:10 le maire, le président d'agglomération aura son mot à dire.
16:14 On ne va pas faire de l'industrie contre les élus locaux.
16:17 Moi j'aime à dire que, peut-être mis à part le Front National,
16:20 il se nourrit des industries.
16:21 – Il aura son mot à dire ou il aura un droit de véto ?
16:23 – Ça va être l'objet des discussions qu'on va avoir avec nos amis sénateurs.
16:29 Il y a déjà des amendements tout à fait constructifs
16:31 qui ont été adoptés en commission.
16:33 On commence l'examen aujourd'hui, donc je ne vais pas prêter,
16:35 mais moi je n'ai aucun doute là-dessus qu'on va trouver un accord.
16:39 L'industrie française, elle n'a pas de couleur de maillot.
16:41 Les insoumis ne connaissent pas l'industrie,
16:43 donc en général ils ne l'aiment pas.
16:44 Et je le répète, le Front National, le Rassemblement National,
16:46 s'est construit sur la désindustrialisation.
16:48 Quand je vais à Dunkerque, quand je vais à Mouveau,
16:51 quand je vais dans le Loiret, voire l'usine du Ralex,
16:54 je peux vous dire que les élus républicains, socialistes, même écologistes,
16:58 et évidemment les élus de la majorité présidentielle,
17:01 sont tous derrière l'industrie française
17:03 parce qu'ils savent ce qui s'y joue,
17:04 c'est l'avenir de notre prospérité,
17:06 mais aussi l'avenir de la transition écologique qui se fera en France.
17:09 – Il y a un autre sujet d'inquiétude, c'est le zéro artificial,
17:12 l'artificiation nette, c'est pas facile à dire.
17:14 Bon courage pendant ces trois jours de séance.
17:15 Est-ce que les grands projets industriels
17:18 entreront ou pas dans le calcul des surfaces ?
17:20 – Alors, ce qu'on va faire,
17:21 donc il y a deux projets de loi aujourd'hui qui sont étudiés,
17:25 il y a le projet de loi Industrie Verte
17:26 et la proposition de loi de Valérie Lettar qui est aujourd'hui à l'Assemblée.
17:29 Donc il est très probable que le compromis se fasse à l'Assemblée
17:32 et qu'on intègre ces résultats du coup dans notre projet de loi Industrie Verte.
17:36 Ce qu'on va faire, c'est que les projets…
17:37 – Ah si, qu'il y a compromis,
17:38 parce que les députés sénateurs n'ont pas l'air trop d'accord.
17:40 – Voilà, donc j'espère qu'on va y arriver.
17:42 Moi je fais confiance à l'intelligence collective,
17:43 vous savez j'étais président de la commission des affaires économiques
17:46 dans le précédent mandat, avec Sophie Primat,
17:48 on a fait 11 CMP conclusives.
17:52 – Mais vous, vous souhaitez qu'ils soient intégrés ou pas dans le calcul ?
17:54 – Moi ce que je souhaite, c'est qu'on puisse intégrer leur spécificité,
17:58 donc les sortir du calcul régional,
18:00 et je dirais se les partager au niveau national,
18:03 pour les grands projets d'industrie.
18:05 Il est normal que je dirais, tout le monde soit concerné,
18:08 parce qu'au fond, c'est des projets bien plus larges que les régions.
18:10 Donc c'est vers ça qu'on va aller, en tout cas je l'espère.
18:12 – Il y a aussi des interrogations sur le financement
18:15 de ces mesures d'Industrie Verte.
18:16 Est-ce que vous allez piocher dans l'épargne des ménages
18:18 pour financer l'Industrie Verte ?
18:19 – Non, on va convaincre les ménages d'utiliser leur épargne
18:22 pour financer l'Industrie Verte.
18:24 L'Industrie Verte ça paye, nous on va réconcilier fin du mois, fin du monde.
18:27 On va réconcilier économie, écologie.
18:29 On va réconcilier l'investissement dans l'Industrie Verte
18:33 et rendement financier.
18:34 Donc oui, on va créer un nouveau produit d'épargne
18:38 qui va concerner les jeunes, qui va s'appeler le plan Avenir Climat,
18:42 qui fait que quand vous avez un enfant qui naît,
18:45 les parents ou les grands-parents vont pouvoir mettre de l'argent de côté
18:48 sur un plan d'épargne qui va fructifier pendant 18 ans,
18:53 qui sera ensuite disponible à partir de 18 ans net d'impôts,
18:56 net de cotisations sociales, qui va permettre aux jeunes
19:00 de faire fructifier un capital avant même qu'il en soit conscient
19:03 et à l'économie française d'investir dans l'industrie de demain.
19:07 Donc c'est du gagnant-gagnant.
19:08 – Donc ça passe par la conviction ?
19:09 – Oui bien sûr, un peu l'incitation quand même,
19:11 net d'impôts, net de cotisations sociales, ça aide.
19:14 – Il y aura aussi des réductions d'avantages fiscaux ?
19:16 – Oui, pour ce plan-là, il sera net d'impôts, net de cotisations.
19:19 Donc je dirais, ce n'est pas un cadeau, c'est un investissement
19:24 que fait la nation, à la fois dans l'épargne des jeunes
19:27 et dans l'investissement vert.
19:28 Donc là encore, c'est du gagnant-gagnant.
19:29 – Mais est-ce que vous n'avez pas un peu renvoyé
19:30 les mesures de financement au budget,
19:32 pour trouver un texte le plus consensuel possible sur l'industrie verte ?
19:35 – Ce n'est pas pour trouver un texte le plus consensuel possible,
19:38 moi je souhaite qu'on ait ces débats au Sénat,
19:40 mais c'est vrai que tout ça va s'inscrire dans le projet de loi de finances,
19:43 qui ne va pas être facile à boucler, ça ne vous a pas échappé.
19:45 Mais vraiment, on a eu la discussion en audition
19:48 devant les quatre commissions concernées du Sénat,
19:50 on va l'avoir en discussion générale,
19:53 on a besoin de montrer, alors le plan d'épargne, lui,
19:56 il va être créé par le projet de loi d'industrie verte,
19:58 mais effectivement les exemptions fiscales
20:00 seront placées dans le projet de loi de finances,
20:03 et j'allais dire c'est de bonne guerre, c'est l'habitude.
20:05 – Un mot sur une étude de BPI France,
20:08 seuls 29% des dirigeants de PME et d'ETI industrielles
20:11 envisagent de recruter des collaborateurs étrangers
20:14 dans les cinq prochaines années.
20:15 Est-ce qu'on peut relancer l'industrie française
20:18 sans recours à la main-d'œuvre étrangère ?
20:20 – Non, parce que vous dites seulement 30%,
20:22 mais ça veut quand même dire qu'aujourd'hui,
20:24 plus d'un tiers, près d'un tiers des entreprises françaises
20:27 dans l'industrie considèrent que pour remplir aujourd'hui
20:30 60 000 jobs et les centaines de milliers de jobs
20:32 qu'il va falloir construire,
20:34 on va avoir besoin de main-d'œuvre étrangère.
20:36 Ça ne veut pas dire que ça va se faire au détriment
20:38 de la main-d'œuvre française.
20:39 On a besoin d'un million d'emplois
20:42 dans les dix ans qui viennent.
20:43 Évidemment, une bonne partie va venir de main-d'œuvre française
20:46 qu'il faut former, qu'il faut attirer,
20:48 notamment des jeunes femmes qui ne vont pas assez dans l'industrie.
20:51 On va aussi avoir, notamment pour les personnels qualifiés,
20:55 avoir besoin…
20:56 – Donc vous dites, comme Geoffroy Roudbézieux,
20:57 il faut des textes plus clairs pour pouvoir aider les patrons à recruter ?
21:00 – Moi je pense surtout, et c'est le cas de cette enquête d'ailleurs,
21:03 il faut que les chefs d'entreprise affirment ça,
21:06 parce que ça va calmer un peu le débat sur l'immigration
21:08 qu'on a parfois tendance un peu à caricaturer,
21:12 simplifier et réduire aux enjeux de sécurité
21:15 et d'immigration clandestine.
21:17 C'est important de dire ça,
21:18 mais n'oublions pas que la France est une terre d'immigration
21:21 qui s'est construite, dont l'économie s'est construite sur l'immigration.
21:25 L'intégration économique, c'est la meilleure manière de réussir l'immigration.
21:29 Faisons-le.
21:30 – Clairement, ce que vous êtes en train de nous dire,
21:31 c'est que tout ça doit passer par la création du quota
21:33 pour les métiers en tension et l'organisation de cette immigration,
21:36 de cette main-d'œuvre étrangère.
21:37 – Aujourd'hui, dans le projet de loi tel qu'il est envisagé,
21:42 on ne parle pas de quota, mais on parle de régularisation
21:45 pour des gens qui sont au niveau de…
21:46 – Donc c'est un message au LR, on ne peut pas se passer de ça.
21:48 Pour l'industrie française, on ne peut pas se passer
21:50 de cette régularisation.
21:51 – Moi je dirais, parlez-en aux chefs d'entreprise dans vos territoires,
21:55 Mezzo-Voce, pas besoin de le faire sur les plateaux télé,
21:57 ils vous diront ce que je vous dis aujourd'hui,
21:59 on va en avoir besoin, sinon, on y arrivera pas.
22:02 Mais bien sûr, bien sûr.
22:03 – Merci Roland Lescure, merci beaucoup d'avoir été notre invité.
22:06 On suivra bien sûr pendant trois jours
22:07 l'examen de ce projet de loi Industrie verte au Sénat.
22:10 Merci d'avoir été avec nous.
22:11 La Une de Ouest-France, un plan pour freiner le tourisme de masse.
22:13 C'était La Une de votre journal.
22:15 - Merci beaucoup, on passe tout de suite au club.

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