«Le trou» de Hiroko Oyamada et le jeu vidéo «Dordogne»
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00:00 7h46.
00:02 Le repas matin.
00:03 Le livre du jour Nicolas Carreau.
00:05 Donc un roman japonais ce matin.
00:07 Oui, le roman d'Iroko Oyamada.
00:09 Le trou, c'est aux éditions Christian Bourgois.
00:11 Traduit du japonais par Sylvain Chupin.
00:13 On me dit que la littérature étrangère rencontre des difficultés en librairie en ce moment.
00:18 Ce serait vraiment dommage de se priver de ce genre de roman.
00:21 Mon Dieu, ce que c'est bien !
00:22 Regardez comme c'est joli cette couverture.
00:24 Ah oui, c'est des rizières en étage.
00:26 Que raconte ce livre ?
00:28 L'histoire d'Assa. Elle a la trentaine.
00:30 Elle est mariée à Munehakin, un pâle type qui ne lui parle jamais autrement qu'en regardant en même temps son smartphone, y compris en mangeant.
00:36 Ils vivent en ville.
00:37 Elle a un travail pas très intéressant et mal payé, mais ça tombe bien, elle va le quitter.
00:41 Son mari est muté.
00:42 C'est ce qu'on apprend dès la première page.
00:43 Elle va quitter son travail, pas son mari.
00:46 Il est muté à la campagne, juste à côté de chez ses parents, à lui.
00:48 Donc il appelle sa mère qui lui apprend qu'en plus, la petite maison d'à côté de chez eux, qu'ils avaient l'habitude de louer, est vide.
00:54 Elle est donc libre et il leur donne gratuitement.
00:56 Assa est d'accord, alors ils partent.
00:58 C'est un roman sur le changement de vie, c'est ça ?
01:00 Oui. Assa se retrouve quasiment seule dans la maison puisqu'elle n'a plus de travail et que son mari lui rentre tard.
01:05 C'est normal, c'est un nouveau poste, il se donne à fond.
01:08 Et puis elle ne s'entend pas plus que ça avec sa belle-mère.
01:10 Elle tue le temps, elle ne se plaint pas jamais.
01:12 Mais la vérité, c'est que l'ennui la gagne dangereusement et son mari rentre de plus en plus tard.
01:17 C'est quand même bizarre là.
01:18 Mais un jour, elle se balade dans la campagne alentour et elle voit une bête.
01:22 Au pelage noir, une sorte de chien, mais pas tout à fait.
01:25 Elle la suit, mais soudain le sol se dérobe sous ses pieds, elle tombe dans un trou.
01:29 Et puis elle rencontre une femme dans une robe blanche avec une ombrelle qui lui pose de drôles de questions,
01:33 qui a l'air d'en savoir beaucoup sur sa belle-famille.
01:35 Je ne vous en dis pas plus, sauf qu'il y a un côté Alice au pays des merveilles.
01:38 Mais à la japonaise, c'est feutré, c'est doux.
01:41 Il y a moins de nonsense, mais il y a plus de réalisme magique japonais,
01:46 comme une sorte de rêve où on ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est imaginé.
01:49 Ah ben le surgissement du fantastique dans les oeuvres japonais, c'est toujours un truc.
01:53 Merci. Le trou donc, Hiroko Oyamada, et c'est chez...
01:57 - Christian Bourgois. - Chez Christian Bourgois.
01:59 Merci Nicolas Caro. Caroline Speller, vous nous proposez ce matin de partir en vacances
02:04 dans le sud-ouest de la France avec le jeu vidéo indépendant d'Ordogne.
02:08 C'est dispo sur toutes les consoles et sur PC.
02:11 - Hop là, voilà, c'était mieux avec le son.
02:14 Oui, aujourd'hui, direction le Périgord noir à proximité de la ville médiévale de Sarla,
02:20 avec le chant des cigales, ces forêts, ces balades en canoë et ces grottes naturelles.
02:25 Mais au-delà de la beauté du département, si Dordogne émerveille tout de suite,
02:29 c'est grâce à son style graphique à l'aquarelle.
02:32 Le jeu est composé de 185 décors peints à la main, modélisés en 3D.
02:37 On est dans une peinture en mouvement qui nous en met plein les yeux.
02:41 - Qu'est-ce que c'est ce jeu ? C'est un simulateur de balade dans des cartes postales ?
02:45 - Alors, pas que, non. C'est aussi une expérience narrative.
02:47 Dimitri, à travers Mimi, une citadine de 32 ans,
02:50 nous revenons dans la maison de notre grand-mère récemment décédée.
02:53 Cela fait 20 ans qu'on n'y a pas mis les pieds, puisque notre père a coupé les ponts avec elle.
02:58 On veut alors comprendre ce qui s'est passé cet été 1982,
03:02 car nous n'en avons plus aucun souvenir.
03:04 - Comment ça se concrétise dans le jeu, cette quête de la mémoire, de l'enfance ?
03:09 - Alors, dans Dordogne, on joue sur deux temporalités.
03:12 La Mimi de 32 ans, qui nous permet d'explorer la maison de notre grand-mère.
03:16 Et c'est en retombant sur des deux objets que nous allons déclencher des flashbacks
03:20 et prendre le contrôle de la Mimi de 12 ans.
03:22 - J'étais vraiment insouciante.
03:25 Regardez-moi, mes petits pieds, désireux d'explorer le monde.
03:33 Wow, super beau !
03:36 - C'est Proust en fait. - Tout à fait.
03:38 - Ou Pagnol aussi.
03:41 Alors, durant ces allers-retours, le jeu nous propose des énigmes simples,
03:44 accessibles à tous, comme remplir un bol de céréales,
03:48 faire des courses au marché de Sarla,
03:50 ou réparer un kayak qu'on utilisera sur la rivière d'Ordogne.
03:53 Et chacun de ces moments nous permet de trouver des stickers,
03:56 d'enregistrer des sons, de prendre des photos,
03:58 pour remplir un carnet de vacances, la mémoire de cet été mystérieux.
04:02 Finalement, tous ces instants sont des prétextes
04:05 pour célébrer les plaisirs du quotidien et de l'enfance.
04:08 Dordogne nous rappelle alors que les lieux, les objets, ont plusieurs vies,
04:11 et qu'il faut explorer la nôtre comme s'il s'agissait d'une belle vallée,
04:15 par une journée d'été.
04:16 - Voilà, encore un jeu où il ne se passe rien,
04:18 mais je sais qu'il y a un public.
04:19 Bon, je préfère Street Fighter, moi, qu'est-ce que vous voulez ?
04:21 - Mais les images à l'aquarelle sont magnifiques.
04:25 Très très jolies. - Regardez, regardez.
04:27 Non, on ne pêche pas.
04:29 On ne pêche pas, mais on fait du canoë.
04:30 - Voilà, Dordogne. - Et on plonge dans la Dordogne.
04:32 - Et c'est un jeu vidéo français, s'il vous plaît.
04:34 Merci Caroline Speller, merci Nicolas, merci les amis.
04:37 A demain pour de nouvelles découvertes.