Immigration : l'Europe est-elle devenue une forteresse ?

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00:00 - On a la place à l'analyse maintenant avec vous Gautier Rébinski. Bonjour Gautier, merci d'être là.
00:04 Gautier, une question toute simple, mais l'Europe est-elle devenue une forteresse ?
00:07 - Elle a essayé, mais avec des moyens qui n'étaient pas adéquats.
00:12 Et donc elle était obligée de revenir à la rationalité des faits.
00:17 L'idée par exemple qui consiste à dire on va répartir les migrants sur l'ensemble des pays de l'Union Européenne.
00:24 C'était une idée qui n'était pas forcément mauvaise, mais à laquelle on n'avait pas donné les moyens.
00:30 Idoine. On a essayé de convaincre les pays qu'il fallait le faire et ceux qui ne voulaient pas ne l'ont pas fait.
00:37 Et au lieu, c'était ça le vrai problème, au lieu qu'il y ait un mécanisme qui communautarise le problème des migrations,
00:45 c'était des agréments d'État à État entre pays qui s'apprécient, qui ont les mêmes idées sur la question.
00:52 Alors vous allez me dire, on en revient toujours à la quadrature du cercle dans cette affaire.
00:56 Comment sur des questions aussi sensibles qui remuent à la fois les intérêts sonnant et trébuchant,
01:04 mais aussi la vision des choses, une certaine philosophie de la vie, etc.
01:08 Comment rassembler des gens qui n'ont pas la même politique ?
01:11 Alors là, on essaye de faire en sorte qu'il y ait une tentative qui est en cours,
01:17 qui est de dire au fond, on peut s'entendre, compte tenu du fait, et ça c'est très important,
01:22 que sur ce genre de décision, l'Europe n'a pas besoin de l'unanimité.
01:26 Elle peut décider à la majorité qualifiée, c'est-à-dire 55% des États,
01:32 et il faut que ça représente 65% de la population.
01:35 Donc là, il y a un effort qui consiste à dire, on va vraiment cette fois-ci répartir les migrants selon les pays,
01:42 et ceux qui ne voudront pas, ceux qui ne voudront pas, par exemple la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie,
01:49 eh bien, ça sera une amende.
01:51 Mais une amende, c'est pas uniquement pour punir les récalcitrants,
01:54 c'est pour dire, avec ça, on va financer les pays qui sont au premier rang.
01:58 Mais il y a quand même quelque chose qui est évidemment révoltant dans ce processus,
02:03 c'est que ceux qui ne veulent pas, c'est pas forcément des pays qui sont à, j'allais dire, à l'abandon,
02:09 ou en déshérence, vous prenez la Pologne, Pologne c'est un État prospère maintenant.
02:14 Si on ne veut pas de migrants, c'est pourquoi ?
02:17 Parce qu'ils ont la peau bronzée, ou qu'ils sont noirs.
02:19 - Parce qu'ils ont accueilli des Ukrainiens.
02:21 - Évidemment. Alors attendez, il ne s'agit pas de dire que les Ukrainiens n'en ont pas besoin.
02:25 On est bien au clair.
02:27 Là, vous voyez bien qu'il y a un impensé qui est non dit,
02:32 qui est à la fois la réticence vis-à-vis des musulmans ou des personnes d'origine ou de culture musulmane,
02:39 et tout simplement la réticence parce que, comme le dit Orban, Orban est plus clair,
02:43 il dit "on ne veut pas avoir de gens qui n'aient pas la peau blanche en Hongrie".
02:47 Donc c'est ça qui est très dangereux et malheureusement l'Europe n'a pas les moyens de réagir à ça,
02:52 même quand elle le veut.
02:54 Alors elle peut faire de la rétention de fonds structurels vis-à-vis de ces pays,
02:58 mais ça ne peut pas durer indéfiniment.
03:00 - Et en attendant, on sous-traite à certains pays comme la Libye, en premier lieu.
03:04 - Alors la Libye, avec ce qu'on sait du passé,
03:08 parce que le passé il se reproduit malheureusement aujourd'hui, le passé c'est Kadhafi.
03:11 C'est Kadhafi qui justement avait été chargé finalement,
03:14 on se souvient c'était avec Nicolas Sarkozy pour la France,
03:17 de jouer le rôle de bassin de rétention.
03:19 J'emploie un terme infamant à dessein parce que c'était ça l'idée.
03:23 Et vous avez d'autres, vous avez la Turquie qui a été payée par l'Europe 6 milliards d'euros
03:28 pour construire en quelque sorte une zone tampon peuplée d'Arabes et de Syriens
03:34 pour que Erdogan réalise son projet d'avoir précisément
03:37 un intermédiaire entre la Turquie et les Kurdes.
03:41 Le Maroc. Le Maroc qui en 2021 lance, c'est quasiment ça, sur Ceuta et Melilla,
03:47 les enclaves espagnoles des migrants.
03:50 Pour quel motif ?
03:51 Parce que l'Espagne a accueilli un dirigeant du Polisario,
03:56 c'est-à-dire un indépendantiste du Sahara occidental.
03:59 - Régler ses comptes avec l'Aden. - Évidemment.
04:00 Et on pourrait multiplier les exemples à foison.
04:04 Donc c'est ça aussi le problème, c'est de voir que ce sont des gens qui sont là,
04:09 ce sont des êtres humains.
04:10 Tant qu'on n'aura pas compté sur leur dignité,
04:13 quand on n'aura pas respecté leur dignité, on n'aura rien.
04:15 Dernier exemple, mais alors il est rapide, vous allez voir.
04:17 C'est en Allemagne.
04:19 Les 1 million de Syriens, comment ils ont été accueillis ?
04:22 D'abord, pas de ghetto.
04:24 On les accueille, c'est compliqué, mais on les accueille sans reste de ghetto,
04:27 de ghetto d'habitation.
04:29 Et puis tout de suite, on les met à la langue
04:30 pour qu'ils puissent justement essayer de s'intégrer.
04:33 Il n'y a pas besoin d'être grand clair ni sorcier pour faire quelque chose comme ça.
04:36 Ça ne veut pas dire que ça va marcher à tous les coups,
04:38 mais au moins cette idée-là, elle est là.
04:40 Malheureusement, ça n'a jamais été le cas dans d'autres pays européens
04:43 ou très, très peu, à la marge.
04:45 - Merci beaucoup Gauthier. Merci pour cette analyse.

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