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  • 14/06/2023
Olivier Rozaire, président du syndicat des pharmaciens de la Loire, a échangé avec Emmanuel Macron sur la ré industrialisation de la production de médicaments en France.

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Transcription
00:00 on a eu l'opportunité d'échanger un petit peu avec lui.
00:03 En tant que représentant des pharmaciens,
00:05 j'ai déjà pu témoigner aujourd'hui de la difficulté que nous on a
00:08 dans nos officines depuis un certain temps,
00:11 où on manque quasiment de tout.
00:12 On manquait déjà de médecins et de professionnels de santé
00:15 depuis un petit moment.
00:16 On manque de personnel dans nos officines.
00:19 Maintenant, aujourd'hui, on manque beaucoup de médicaments
00:21 tous les jours et parfois aussi,
00:23 on manque aussi de solutions à proposer à nos patients.
00:26 Ça n'a pas évolué.
00:27 Effectivement, il y a eu des premières annonces
00:28 qui ont été faites fin novembre, début décembre
00:30 par le ministre de la Santé.
00:31 En fait, on n'a pas vu de solution tout au long de l'hiver.
00:33 Je dirais même que ça a eu tendance plutôt à s'aggraver.
00:36 Aujourd'hui, la situation sur certains produits
00:38 comme les antibiotiques est un peu meilleure,
00:40 sur le paracétamol aussi.
00:41 Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup de gens moins malades maintenant.
00:44 Mais de manière structurelle,
00:46 aujourd'hui, on n'a pas de certitude que l'hiver prochain
00:48 se passera mieux que l'hiver qu'on vient de passer.
00:51 Le président était hier en Ardèche,
00:54 au laboratoire à Gaétan pour parler de ce sujet,
00:55 mais c'est déjà un sujet qui a été mis en place
00:58 depuis plusieurs années.
00:59 Ça fait déjà 2-3 ans.
01:00 Il y a l'usine à Roussillon qui va se mettre à fabriquer
01:03 du paracétamol en 2025.
01:06 Et si on veut vraiment avoir une autonomie
01:08 et une souveraineté sanitaire,
01:09 effectivement, ça va prendre plusieurs années.
01:11 Là, par exemple, vous manquez de quoi ?
01:13 Alors, on manque beaucoup de corticoïdes.
01:15 C'est vraiment l'élément prioritaire.
01:17 Alors, on en manquait sous les formes les plus simples,
01:19 c'est-à-dire les comprimés.
01:20 Aujourd'hui, les formes injectables,
01:21 donc on ne peut plus faire d'infiltration.
01:23 C'est compliqué d'avoir des comprimés
01:26 pour les crises d'allergie aujourd'hui.
01:28 Donc ça, c'est vraiment la cortisone
01:30 et tous les corticoïdes en général.
01:31 On a d'autres produits qui tombent quasiment toutes les semaines.
01:34 On a encore reçu hier un mail d'un laboratoire
01:37 nous annonçant une rupture de ce produit-là.
01:39 Par exemple, des produits qui permettent de faire des biopsies.
01:42 Et si on ne peut pas faire de biopsie,
01:43 on ne peut pas faire de diagnostic.
01:45 Du coup, il y a une perte de chance
01:47 et un retard de diagnostic pour les gens
01:49 qui ne pourront pas faire ces examens-là.
01:51 Et donc, un risque sanitaire élevé pour les patients.
01:53 C'est un sujet qui est assez récent et qui s'est développé,
01:56 qui a pris une vraie ampleur.
01:58 Donc aujourd'hui, on essaye tous de trouver des solutions alternatives,
02:02 c'est-à-dire de regarder si dans la même classe de médicaments,
02:04 on ne peut pas en trouver un autre.
02:05 Donc des alternatives thérapeutiques, comme on dit.
02:08 De voir avec le médecin s'il est disponible
02:10 pour voir s'il ne peut pas prescrire autre chose.
02:14 Et puis, à un moment donné, il y a quand même beaucoup de cas
02:16 où on est obligé de dire,
02:17 "Écoutez, je n'ai pas de solution à vous proposer."
02:19 Et donc, allez voir soit dans d'autres pharmacies
02:22 ou éventuellement à l'hôpital
02:24 où il y a un stock plus stratégique qui a été mis à l'hôpital,
02:27 même s'ils ne sont pas dans la capacité
02:28 de répondre à toutes les demandes aussi.
02:30 Le constat est alarmant, il ne faut pas se voiler la face,
02:31 on est vraiment dans une situation difficile.
02:33 Il ne faut pas dire, "Oui, ça va s'arranger."
02:36 Aujourd'hui, il y a de vraies difficultés,
02:37 il y a de vrais problèmes qu'on n'imaginait pas.
02:39 Il y a cinq, six ans, avant la crise Covid,
02:41 on était, comme on l'a souvent dit, en état d'abondance.
02:44 On avait l'impression qu'on pouvait avoir tout pour pas cher.
02:46 En fait, aujourd'hui, on s'est rendu compte que non.
02:48 Et sur la réindustrialisation,
02:50 on ne peut pas aujourd'hui réindustrialiser le pays
02:53 pour fabriquer des médicaments
02:54 dans les mêmes conditions qu'on le faisait
02:56 il y a 15, 20 ou 30 ans.
02:58 C'est-à-dire qu'on a besoin d'entreprises
02:59 qui respectent les normes environnementales,
03:02 qui respectent les normes RSE.
03:04 Voilà, on ne peut pas...
03:05 Alors, on s'est peut-être un petit peu défaussé sur l'Asie
03:07 en disant, "Bon, on va fabriquer des trucs polyuants
03:09 à l'autre bout de la planète, ça ne nous embêtera pas de chez nous."
03:11 Aujourd'hui, ce n'est plus possible.
03:13 Donc, c'est un sujet compliqué
03:14 parce qu'il faut à la fois produire en France
03:16 et à un coût qui soit raisonnable
03:18 pour le système de santé français.
03:19 Effectivement, le président a commencé hier son discours
03:23 en disant, "La crise Covid nous a fait
03:25 vivre l'expérience de la dépendance."
03:28 On a dépendu de beaucoup de choses.
03:30 Alors, les masques, les vaccins, les curares.
03:32 Donc, c'est des anesthésiants qu'on utilise
03:34 dans les services de réanimation.
03:35 Donc, l'État a été obligé de faire
03:37 ce que nous, aujourd'hui, on fait au quotidien.
03:38 Alors, à une autre échelle, de trouver des solutions
03:40 soit entre centres hospitaliers, soit entre pays européens
03:44 pour s'approviser de produits
03:45 qui venaient essentiellement de l'étranger.
03:47 Quand le port de Shanghai a été fermé pendant plusieurs mois,
03:50 tout l'approvisionnement mondial a été bloqué.
03:52 Donc, aujourd'hui, si les Chinois éventuellement décident de dire,
03:57 "Bah, écoutez, nous, aujourd'hui, non, on verrouille
04:00 parce qu'on veut négocier quelque chose."
04:02 Il y a un outil géopolitique avec les produits de santé, oui.
04:08 On a dit le constat est alarmant.
04:10 Il y a quand même des solutions.
04:11 Malgré tout, vous en avez soumis quelques-unes, je crois.
04:15 Oui, alors, il y a des solutions.
04:17 Alors, il y a des solutions.
04:18 Il y a des solutions qu'on pourrait mettre en place.
04:19 Il y a beaucoup de choses.
04:20 Alors, on ne pourra pas résoudre tous les problèmes.
04:22 Déjà, il faut continuer à prévenir les maladies,
04:24 c'est-à-dire essayer d'éviter de se contaminer.
04:27 Il faut aussi se vacciner pour éviter les maladies,
04:30 ce qu'on appelle la prévention vaccinale.
04:31 Si vous êtes vacciné contre la grippe et le Covid,
04:33 vous avez moins de risques d'attraper ces maladies-là.
04:36 Et à un moment donné, quand on n'a pas de médecin,
04:38 quand on n'a pas de...
04:41 et que les patients viennent nous voir,
04:43 qu'on a certains médicaments qu'on pourrait leur délivrer,
04:47 aujourd'hui, il y a des textes réglementaires
04:48 qui nous empêchent de faire.
04:50 Donc, il faut aussi qu'on travaille sur les solutions
04:52 que les pharmaciens pourraient proposer.
04:54 Alors, c'est un terme qui existe.
04:56 C'est de mettre en place de manière beaucoup plus simple
04:58 les protocoles de dispensation de ces médicaments-là
05:00 pour répondre à des demandes
05:02 qu'on pourrait résoudre directement à l'officine.
05:04 Alors, c'est compliqué de faire de la politique fiction
05:08 si vraiment tout ce qui a été annoncé,
05:10 tout ce qui est en train de se mettre en place
05:12 produit ces effets,
05:14 à la fois en termes de production et en termes de prévention.
05:17 Je pense qu'il faut entre 3 et 5 ans
05:20 pour retrouver une situation quasi normale.
05:24 Il ne faut pas oublier aujourd'hui
05:24 qu'on a de plus en plus de besoins de produits de santé,
05:27 de professionnels de santé,
05:28 parce qu'il y a de plus en plus de pathologies chroniques,
05:30 de personnes âgées, etc.
05:31 Donc, on a un système qui est vraiment complexe
05:34 et qui est inflationniste.
05:36 Donc, aujourd'hui, il faut que les solutions
05:37 qui soient proposées aujourd'hui
05:38 soient en capacité d'absorber les demandes
05:40 qu'on aura dans 5 ou 10 ans.
05:41 Parce que je vous dis, oui,
05:43 si on met en place les choses correctement,
05:44 dans 5 ans, on aura plus de solutions
05:46 par rapport à la situation d'aujourd'hui.
05:48 Mais si dans 5 ans, la situation sanitaire s'aggrave,
05:51 on aura plus de besoins.
05:52 Donc, il faut jouer vraiment sur tous ces facteurs-là.
05:54 J'ai plutôt envie de lui faire confiance.
05:57 Je pense que j'ai observé ce qu'il a fait
05:59 pendant la crise Covid.
06:01 Il a vraiment pris le pas de cette crise Covid,
06:03 la mesure de cette crise.
06:05 Et c'est quelqu'un d'intelligent.
06:07 Donc, il sait qu'on a besoin de cette souveraineté sanitaire,
06:11 comme il dit, qui a un bénéfice.
06:13 Il sait qu'aujourd'hui, la société de service,
06:16 je peux pas dire, c'est un peu passé de mode.
06:18 Mais aujourd'hui, maintenant, l'industrie,
06:19 c'est plus l'industrie des années 60.
06:21 C'est des industries de qualité,
06:22 avec des gens de qualité qui sont plutôt bien payés,
06:24 qui travaillent dans des bonnes conditions.
06:26 Donc, on a tout d'intérêt, aujourd'hui,
06:28 à aller en ce sens-là.
06:29 Donc, je ne vais pas tirer sur l'ambulance.
06:33 Je fais confiance aux annonces qui ont été faites.
06:35 Je fais conscience à cette feuille de route-là.
06:37 Évidemment, nous, en pharmacie,
06:38 on espère pouvoir en mesurer les bénéfices
06:41 le plus rapidement possible.

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