• il y a 2 ans
Cédric Gonon, juriste d'à peine 40 ans, s'est livré pendant 201 jours à une bataille contre un cancer rare : le liposarcome. Il se confie sans tabou dans un ouvrage, La Chambre des Miracles.
Tom est photographe, Anouche est étudiante et vidéaste… Agés de 22 et 23 ans, les deux Isérois se sont lancés dans une aventure exceptionnelle : une grande traversée de la Namibie à vélo sur la Route des diamants ! Ils en reviennent avec un documentaire passionnant : Benguela.
Quant à Sylvie Vincent, elle entretient la mémoire de l'Ancien Evêché de Grenoble, une pépite de patrimoine qui décrit tout une frange de notre histoire...


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Transcription
00:00 L'entrepôt du bricolage de Saint-Jean-de-Moiran et Chérole Comboire, Saint-Martin-d'Air
00:06 vous présentent "Si on parlait". L'entrepôt du bricolage, l'esprit entrepôt, ça change tout.
00:10 Avec Giltrinia Résidence, vous êtes confortablement installés pour regarder "Si on parlait".
00:17 *Musique*
00:41 Bienvenue à tous, ravie d'être avec vous pour près de 40 minutes de découverte avec nos invités
00:47 qui pourraient bien changer vos plans pour vos vacances, vous inspirer et vous faire réfléchir, c'est sûr.
00:53 Avec une lecture sans tabou, sans complainte non plus, l'auteur se confie sur son cancer rare et impressionnant
00:59 qu'il a vaincu deux voyageurs aventuriers d'une petite vingtaine d'années qui se sont lancés à vélo
01:04 sur la route des Diamants en Namibie. Et sur les traces des premiers grenoublois, au-dessus de ses vestiges
01:10 se dresse un musée qui croise les chemins de notre histoire antique et moderne.
01:15 Sylvie Vincent, c'est vous qui êtes à la baguette, bienvenue.
01:18 - Merci.
01:19 - Directrice du musée de l'Ancienne-Evêché, à quelques pas de notre studio.
01:24 Et c'est une grande traversée des siècles que vous nous offrez sur la trace de nos ancêtres
01:30 égayée par des artistes majoritairement contemporains.
01:34 On fait la découverte de ce très beau lieu dans un instant.
01:37 Anouche, bienvenue. Et Tom, salut.
01:41 Vidéaste et étudiante à Gemme, Tom, photographe.
01:44 Vous avez parcouru la Namibie à vélo en avril dernier sur la route des Diamants.
01:49 Vous nous en avez rapporté un, deux ?
01:51 - On n'en a pas trouvé.
01:51 - Vous n'en avez pas trouvé.
01:52 - Malheureusement.
01:53 - Mais on a rapporté les souvenirs.
01:54 - C'est ça. Un diamant de souvenir et un diamant de documentaire aussi qui s'appelle Benguela, c'est ça ?
02:00 - Benguela.
02:01 - À découvrir dans un petit instant. Et bonsoir Cédric.
02:04 - Bonsoir.
02:05 - Cédric Gonon, vous êtes juriste ?
02:08 - Tout à fait.
02:08 - Spécialisé en droit de la propriété intellectuelle ?
02:11 - Et des nouvelles technologies.
02:12 - Et des nouvelles technologies. Beaucoup de recherche aussi.
02:15 - Oui, beaucoup de recherche, de la défense de la recherche et de la valorisation, surtout de la recherche.
02:20 - Ça évolue.
02:21 - Ça évolue tout le temps.
02:22 - Très vite.
02:23 - Bien sûr. Donc vous êtes toujours à la pointe de cette recherche et de cette évolution juridique, bien sûr.
02:28 Vous êtes aussi auteur. Alors c'était inattendu.
02:31 Vous n'aviez jamais forcément... Vous pensez vous éloigner de la littérature juridique en tout cas.
02:36 - Oui, c'est vrai que c'est un ouvrage non juriste.
02:38 - Voilà.
02:39 - Tout à fait.
02:40 - Qui décrit votre parcours, votre lutte contre un cancer rare qui s'appelle le liposarcome.
02:47 Ce livre, ce témoignage s'appelle "La chambre des miracles". Il a évolué lui aussi, ce livre.
02:52 Vous, vous avez l'ancien.
02:53 - Donc une version précédente qui était produite en octobre, donc "201 jours contre mon cancer"
02:59 qui est devenu le sous-titre de la version que vous obtenez actuellement.
03:03 Et l'histoire est la même. Il y a eu quelques corrections de coquilles.
03:07 Mais en revanche, le témoignage reste intégral.
03:10 - C'est ça, il n'y en avait pas énormément.
03:12 En tout cas, on va spoiler les lecteurs et dévoiler la fin.
03:16 Vous allez bien. Vous êtes ici. Vous allez bien. Vous êtes tiré d'affaires.
03:20 Et donc cet ouvrage, c'est le récit de ces 201 jours pour vaincre votre cancer, qui était donc le titre initial.
03:28 Ce livre, d'abord, c'était quoi ? C'était une forme d'exutoire ?
03:31 Écrire pour tenir, pour garder la lucidité des objectifs ?
03:36 - Je pense, a priori, que ce livre est tiré d'un journal.
03:39 C'est pour ça qu'on trouve une rédaction assez synthétique, factuelle.
03:45 Et c'était peut-être la seule période de ma vie où j'ai vraiment tenu un journal.
03:50 Enfin, on a une culture de journal dans ma famille depuis longtemps.
03:53 Mais c'est quelque chose que je n'arrivais pas à faire, tout simplement, et que je négligeais.
03:59 Puis curieusement, là, je pensais que l'événement valait la peine d'être enregistré et raconté.
04:06 - Alors vous avez 39 ans à l'époque. - À l'époque, oui.
04:09 - C'était en 2014. - 2014, oui.
04:11 - Vous avez 39 ans. Vous êtes juriste. Vous pesez à peu près à 65 kg. Vous vous entretenez. Vous êtes sportif.
04:18 - Je suis assez sportif, oui. - Oui.
04:20 - Donc vous n'êtes pas très épais, bien sûr, mais vous vous entretenez.
04:25 Et donc vous avez senti une évolution, une petite grosseur, sans trop vous inquiéter, en pensant que c'était une hernie.
04:33 - Oui, tout à fait. Enfin, c'est quelque chose de bénin. Enfin, une grosseur qui ne correspondait pas à ma morphologie en tant que telle.
04:40 Et ça a causé quelques interrogations, mais sans autre inquiétude, véritablement.
04:45 - Petite fatigue, quand même ? - Un petit peu, oui. Enfin, fatigue de temps à autre.
04:50 Enfin, plus importante. Enfin, la pause des jeûnées devenait compliquée.
04:55 Mais j'attribuais ça à une dette de sommeil ou quelque chose, parce que... Bon, je dors pas énormément.
05:01 Et ça pouvait très largement s'expliquer comme ça. - Oui, parce qu'à 39 ans, ni tabac, ni alcool, ni excès.
05:10 Vous n'imaginez pas être atteint d'une maladie grave à ce moment-là.
05:14 Comment s'est accéléré ce parcours vers la maladie grave et incompréhensible pour vous ?
05:23 - En quelques semaines, en fait, ce qui est assez curieux. Enfin, à partir des premiers partages avec mon médecin généraliste,
05:31 j'ai fait part de cette « anomalie », entre guillemets, qui conduit à une échographie, qui, dans les 24 heures, conduit à un scanner,
05:37 qui, la semaine d'après, conduit à un IRM, pour découvrir une maladie que j'ignorais jusqu'à l'existence à ce moment-là.
05:46 - Un liposarcome, c'est un cancer qui est grave, qui est rare ? - Oui, à peu près 600 cas par an en France.
05:53 D'ailleurs, une petite anecdote. Lorsque je faisais un contrôle, donc une imagerie de suivi,
05:58 j'ai pu entendre quelqu'un d'autre dans la même région, qui était atteint de la même pathologie, ce qui m'a intrigué.
06:05 J'avoue que ça m'a intrigué. Donc, est-ce qu'il y avait une cause exogène ? Enfin, je suis persuadé qu'il y a un élément qui a été déclencheur.
06:13 - Parce qu'elle est génétique, la cause ? - Il y a une origine génétique, mais...
06:18 En fait, potentiellement, chacun d'entre nous avons des cellules qui sont cancéreuses et qui sont éliminées par notre système de défense chaque jour.
06:25 Après, certains paramètres peuvent venir avoir une incidence sur ce système de défense.
06:31 Et donc, dans ce livre, vous racontez tout. C'est-à-dire que vous vous livrez. Ce n'est pas de l'exhibitionnisme, encore moins du voyeurisme de la part du lecteur.
06:38 Vous racontez pas de fioritures. C'est très direct. C'est une écriture qui est très directe.
06:44 Vous n'êtes pas misérabiliste même sur votre propre cas. C'est-à-dire qu'on avance.
06:51 Et c'est comme ça que vous avez pu, vous aussi, avancer. C'est-à-dire qu'il y a une étape. Je dois aller de ce point à celui-là.
06:57 C'est-à-dire qu'il y a d'abord le parcours du diagnostic. Voilà. C'est une étape.
07:03 Et puis ensuite, il y aura la question du soin. Oui, le message de ce livre, c'est qu'on prend une étape à la fois et on avance.
07:14 Et surtout, c'est possible d'avancer. Par moments, on restera coincé. On peut patiner sur l'instant. Mais ce n'est pas un arrêt qui est rédhibitoire pour autant.
07:23 Ce que vous avez compris dès le début, puisqu'elle a évolué quand même, cette tumeur. Donc vous étiez atteint au niveau, au-dessus de la cuisse, en fait, entre le ventre et la cuisse, au niveau de l'aine.
07:32 Elle a pesé 19 kg, cette tumeur.
07:36 Lorsqu'on l'a détectée, on l'estimait à 3 kg à peu près, avant la chimiothérapie et autres. Et ce qui était assez flagrant, c'est qu'en 6 mois, la croissance a été fulgurante.
07:49 Et pourtant, vous n'avez pas une... En fait, il y a des grades et des catégories de gravité de tumeur. Et celle-ci n'était pas classée parmi les plus graves. Et pourtant, elle était, je trouve, agressive.
08:01 – Elle était très volumineuse. Elle vous gênait aussi. Pas forcément au début, mais par la suite...
08:06 – Les dernières semaines étaient très particulières. C'est vrai que j'aime aplaisanter quand je discute avec une femme qui est enceinte, parce que je pense que j'ai connu tous les affres de la maternité.
08:16 – Vous avez 4 enfants. Vous avez 4 garçons. – 4 garçons, oui.
08:19 – À l'époque où a été diagnostiqué votre cancer, vous aviez 4 garçons de 12, 18 et 6 ans. – Oui.
08:25 – Dès le départ, vous ne parliez pas nécessairement de la possibilité d'une issue fatale. En tout cas, vous savez qu'elle existe.
08:35 Vous ne la niez pas pour autant, mais elle ne fait pas partie de votre parcours, en fait, pour autant.
08:40 – Oui. La question de la mort devient prégnante, véritablement. Mais je ne voulais pas que ça perturbe, en fait, le développement de mes garçons.
08:54 Et du coup, on a amené ça de manière un peu humoristique. On disait que c'était un alien qui était planqué dans l'estomac et qu'on allait lui botter les fesses, tout simplement.
09:02 Et on a essayé de dédramatiser autant que possible pour les enfants pour ne pas compromettre leur éducation, leur parcours scolaire ou quoi que ce soit,
09:14 par des inquiétudes qui, de toute manière, n'auraient rien changé.
09:18 – Et c'est une des leçons, entre guillemets, vous n'êtes pas un donneur de leçons, mais en tout cas, c'est un livre qui peut en inspirer bien plus d'un,
09:27 puisque nous sommes majoritairement tous confrontés par nous-mêmes ou par nos proches à cette maladie, au cancer, dont la recherche évolue beaucoup.
09:38 Mais ce que vous vouliez, c'était toucher un maximum de personnes.
09:44 Juste en livrant votre témoignage, ils ne sont pas seuls, ceux qui sont victimes ou ceux qui ont un proche concerné,
09:50 sauf que vous dites qu'on n'est pas victime d'une maladie, on est acteur de la guérison. C'était ça, le principal but de cet ouvrage ?
09:56 – Alors c'est un choix qui nous appartient de faire lorsqu'on est face à une pathologie,
10:01 où on peut se complaire dans une forme de victimisation, où on peut prendre la décision d'aller de l'avant et de combattre,
10:11 tout simplement de se lever et de faire preuve de résistance au lieu de résignation, tout simplement.
10:19 Et je pense que c'est une philosophie de vie, au-delà de la maladie, ça s'est démontré dans la maladie,
10:24 ça s'est démontré dans d'autres aspects de ma vie, mais je refuse de m'avouer vaincu.
10:31 – Oui, surtout que les traitements ont été extrêmement lourds, extrêmement difficiles à vivre, à subir.
10:39 Vous le décrivez, vous décrivez ces choses-là.
10:41 – Notamment la chimiothérapie, qui s'avérait assez pénible, enfin c'était des séances qui étaient espacées de trois semaines,
10:48 et finalement j'en ai eu beaucoup moins que prévu, ce qui n'était pas si mal.
10:51 – Racontez pas tout, racontez pas tout, il faut quand même qu'on découvre aussi des choses.
10:55 Mais malgré tout, vous ne vous interdisez pas les plaisirs, d'ailleurs vous expliquez,
11:03 alors avant le début des traitements, vous avez voulu partir en vacances parce que c'était prévu,
11:08 alors est-ce qu'on peut décaler un peu, parce que pendant une semaine vous devez partir au Futuroscope avec vos beaux-parents.
11:13 – Et les enfants.
11:14 – Voilà, et les enfants, alors qu'il y avait urgence, vous profitez de ce moment-là
11:20 et vous écrivez une phrase qui… c'est pour ça que vous décrivez, c'est juste un petit journal de vacances,
11:26 mais il y a beaucoup de choses à tirer de ces quelques lignes sur ce chapitre en vacances,
11:32 où il ne se passe rien dans la maladie en elle-même,
11:36 et vous dites notamment "le plaisir efface complètement toute douleur", c'est vrai ça ?
11:43 – Oui, j'en suis intimement convaincu, la douleur, d'ailleurs c'est une expérience qui est intéressante,
11:51 dès que vous cherchez à comprendre ou analyser votre douleur,
11:54 celle-ci s'échappe complètement et s'atténue,
11:58 et si vous portez votre attention sur autre chose,
12:01 c'est vrai qu'un travail que j'ai fait notamment c'était sur mon souffle,
12:04 en me concentrant sur le souffle, j'arrivais à faire abstraction en moi en partie de la douleur.
12:10 – Notamment au moment où il faut poser ces fameuses chambres,
12:13 qui sont ces moments les plus douloureux,
12:16 vous faites un travail et comme vous le dites aussi,
12:20 il y a eu des moments de révolte, des moments de pleurs, de profondes souffrances morales,
12:25 mais ces moments constituaient plutôt des incidents dans mon parcours.
12:29 – Oui.
12:30 – Jamais vous ne mettez du gris dans votre cerveau, il faut toujours aller au-delà, c'est ça ?
12:36 – C'est ça, enfin, je ne suis pas Superman, on a tous nos vulnérabilités,
12:40 et il y a des moments où effectivement la pression est telle qu'il faut la relâcher,
12:45 et je pense que c'est typiquement humain,
12:48 mais il fallait faire en sorte que ce soit une exception,
12:54 et un incident de parcours plus qu'une norme ou un principe de vie quotidienne.
12:59 – C'est ça qui vous a aidé vous pensez ?
13:01 Qui a beaucoup contribué à la rémission, rémission totale ?
13:06 – Il y a ça, il y a la foi, le mental.
13:10 – Il y a le mental, et il ne faut pas non plus négliger la compétence du chirurgien qui m'a opéré.
13:16 Très souvent, lorsqu'on guérit, on remercie Dieu, et quand on meurt, on blâme le chirurgien.
13:23 Je pense qu'il est bien de penser à l'inverse également.
13:25 – Parce qu'il faut toujours trouver des coupables, généralement,
13:28 mais lorsqu'il y a des vainqueurs, on est tous vainqueurs aussi avec ça.
13:32 Et vous le disiez aujourd'hui, vous êtes en tenue de civil,
13:34 elle vous a aidé aussi, cette tenue de civil, à rester debout.
13:38 – Oui, c'est un point d'honneur.
13:41 Je refusais d'être un "patient normal", standard, victime de sa maladie, en tant que telle.
13:49 Et dès que j'avais l'occasion de me mettre en tenue normale,
13:52 je sautais sur l'occasion, autant que faire se peut.
13:56 – La tenue normale permet de se tenir plus grand, c'est ce que vous écriviez.
14:01 – Et de se sentir moins malade.
14:02 – C'est ça.
14:04 Il y a une philosophie, on ne va pas tout expliquer,
14:07 mais effectivement, vous décrivez toute la compétence et la chance qu'on a en France
14:13 avec des médecins exceptionnels, avec des chirurgiens exceptionnels.
14:16 Ils ont vu juste, et ça, vous les remerciez aussi pour ça, à travers ce livre.
14:21 On le trouve partout ?
14:23 – On le trouve sur Amazon, essentiellement, et j'espère bientôt partout.
14:27 – On l'espère aussi, parce que c'est un livre qui incite à vivre vivant tant qu'on le peut.
14:34 C'est ça aussi, votre philosophie aujourd'hui.
14:36 Aujourd'hui, d'ailleurs, votre philosophie de vie a changé ?
14:44 – Oui et non.
14:48 Je pense qu'elle a pris en maturité.
14:51 Le principe reste le même, de toujours aller de l'avant,
14:56 mais avec peut-être plus de recul, tout simplement.
15:01 – Le Carpe Diem, il prend davantage de sens ?
15:06 – Il en a toujours eu.
15:08 Il en a toujours eu.
15:09 Je plais à me dire qu'on n'a qu'une seule vie et chaque jour compte,
15:14 et le présent plus que le reste.
15:15 – C'est ça, et c'est quand on réalise qu'elle peut se terminer
15:18 que la vie commence aussi.
15:19 Il y en a beaucoup qui disent ça.
15:21 En tout cas, qu'on redécouvre le plaisir de vivre.
15:25 – Merci beaucoup Cédric pour ce très beau témoignage
15:29 qui s'appelle donc "La chambre des miracles",
15:32 "201 jours pour vaincre mon cancer".
15:34 Bravo à vous.
15:38 Donc c'est ce qu'on fait, nos invités,
15:40 des aventuriers, vivre vivant complètement.
15:43 Vous allez nous le prouver tout de suite.
15:46 [Musique]
15:54 Nadia, ici c'est l'émission des Grandes Traversées.
15:56 Alors, vous, vous avez fait la Grande Traversée de Grenoble, Saint-Imier même,
16:01 à la Namibie, une perle du monde tout à fait au sud-ouest de l'Afrique,
16:08 un des plus beaux pays du monde, vous le confirmez ?
16:11 – Exactement, la terre-mère de l'Afrique même.
16:13 – Je dirais.
16:15 Et vous avez donc parcouru la Namibie à vélo sur la route des Diamants
16:19 pendant un mois et vous en ramenez un documentaire de 40 minutes.
16:22 C'était en avril, ce timing incroyable.
16:26 – On vient de rentrer.
16:28 – Pour tout dire.
16:29 – Oui, on n'a plus nos traces de bronzage mais presque.
16:32 – Sauf que, alors racontez-nous le début de cette histoire,
16:34 c'était pas prévu, ça s'est presque improvisé ?
16:39 – C'est un voyage qu'on a préparé depuis Cape Town en Afrique du Sud, la ville du Cap.
16:44 – Le Cap.
16:45 – C'est ça, on y vivait depuis deux mois
16:47 et on savait qu'on voulait partir pour une grande aventure à vélo.
16:50 – Alors vous y viviez depuis deux mois, pourquoi ? Pour les études ? Pour un break ?
16:54 – Oui, pour les études mais aussi pour se spécialiser justement dans la photographie, la vidéo.
16:59 – Vous êtes vidéaste aussi, vous êtes étudiante à Grenoble École de Management
17:04 pour les parcours de haut niveau, c'est ça ? Les parcours aménagés ?
17:08 – Pour les sportifs de haut niveau.
17:09 – Vous étiez, vous faisiez de l'équitation donc, voilà,
17:15 et vous avez basculé vers le cyclisme.
17:17 – Le vélo est entré dans ma vie un peu suite à un élément, comment dire, accidentel
17:23 puisque je me suis fait les ligaments croisés à ski,
17:26 ce qui a mis court à ma carrière sportive en équitation.
17:30 – Et vous avez rebondi.
17:31 – Suite à ça, voilà, c'est ça, le premier sport que j'ai pu reprendre le plus tôt, c'était le vélo
17:35 et comme Tom était un grand passionné du vélo,
17:38 on s'est tout de suite challengés sur un voyage en Californie.
17:41 – Voilà, pour sa rééducation, on a traversé la Californie.
17:45 – Chacun aussi, on a dit, le plaisir efface toute la douleur.
17:49 – Oui, c'est une très bonne phrase.
17:51 – Vous confirmez, et donc vous voilà à Cape Town, donc au Cap,
17:58 et se dessine ce voyage en Namibie à vélo.
18:01 Alors, la route des diamants, expliquez-nous, qu'est-ce que c'est la route des diamants ?
18:06 – Alors en fait, ce qui se passe, c'est que le diamant, déjà ça a façonné l'histoire de la Namibie,
18:11 l'histoire de l'Afrique du Sud aussi,
18:12 c'est une des ressources principales dans cette partie de l'Afrique,
18:15 et donc à travers le diamant, on peut raconter plein d'histoires.
18:18 Le diamant, il a été créé en général au Botswana, donc au milieu de l'Afrique australe,
18:23 il a été amené vers l'océan par la Orange River, qu'on traverse d'ailleurs et qu'on suit,
18:29 il est ensuite amené vers le nord du pays grâce à ce fameux courant,
18:34 qui est le courant de Benguela, le titre de notre document.
18:36 – Le titre de votre document à l'air.
18:39 Et alors, cette route, vous en aviez entendu parler lorsque vous étiez en Afrique du Sud,
18:43 ou ça a été une curiosité, vous vous êtes dit, on va y aller, on va le faire à vélo,
18:48 et voilà, comment est né ce projet assez rapidement ?
18:52 – Alors, on a été curieux parce que c'est l'un des déserts les plus vieux du monde,
18:58 et on avait entendu… – C'est le désert du Namib ?
19:00 – Le désert du Namib, c'est ça.
19:01 Et on avait entendu parler d'un ultra-cycliste qui avait déjà parcouru la Namibie,
19:07 il avait fait le tour, et nous, ça nous intriguait de pédaler dans un désert
19:11 face à des conditions extrêmes, on va dire…
19:13 – Manger la poussière, vous dites ?
19:15 – Voilà, exactement.
19:17 – Et voilà, en fait, on a découvert qu'on pouvait pédaler là-bas,
19:21 on a rassemblé des sponsors, des marques assez rapidement,
19:26 le projet de documentaire est né, et puis on est partis,
19:30 c'est pas bien plus compliqué que ça.
19:32 – On s'était lancé du coup depuis la ville de Springbok, en Afrique du Sud,
19:35 – D'où le nom de l'équipe nationale de rugby, bien sûr.
19:39 – Exactement, on rejoint donc la frontière namibienne,
19:41 qui est une frontière naturelle, qui est la Orange River,
19:45 et ensuite, à nous, le désert du Namib.
19:48 – On la voit, cette Orange River, justement, qui a vraiment une couleur ocre,
19:52 qui est très significative, et donc, le but,
19:57 c'était pas forcément de trouver des diamants, mais quand même.
20:00 – On en rêvait un petit peu, on a entendu qu'il y en avait dans les dunes.
20:03 – Il y en a encore, c'est ça ? – Il y en a encore, oui.
20:05 – Donc vous voilà partis à vélo, avec les moyens du bord,
20:08 donc comme vous disiez, manger la poussière, entourés d'animaux sauvages,
20:13 est-ce qu'à un moment donné, vous vous êtes dit,
20:14 on ne sera jamais capable de le faire ?
20:17 – Oh, c'est une très bonne question.
20:20 Il y a eu des moments beaucoup plus difficiles que d'autres,
20:24 ils étaient supplantés par des moments exceptionnels qu'on a vécus,
20:27 donc je pense qu'on se les dit.
20:30 – En fait, nos journées, souvent, c'était un peu les montagnes russes,
20:32 c'est-à-dire que le matin, on pouvait se réveiller,
20:34 faire les premiers kilomètres, et puis là, une crevaison,
20:37 ou s'embourber dans le sable, et donc là, ça devient très très compliqué,
20:40 et ensuite, faire des rencontres exceptionnelles avec des gens,
20:44 donc du voyage qui passent sur la route, qui parfois,
20:47 enfin, souvent, nous donnaient de l'eau,
20:49 parce qu'on n'avait pas assez de provisions sur nous,
20:52 sinon on allait être trop lourds, donc il a fallu faire un choix,
20:54 entre le poids, pour avancer plus vite, ou l'eau, pour pouvoir se ravitailler.
20:58 – Boire ou avancer.
20:59 – Voilà. – Parce qu'il a fait jusqu'à 45 degrés, c'est ça ?
21:02 – Oui, exactement. Et la nuit, les nuits sont plus fraîches, par contre,
21:05 donc les nuits, on peut avoir du zéro degré,
21:07 donc il faut aussi prévoir l'équipement, les doudounes…
21:11 – Il faut beaucoup, finalement.
21:12 On voyage léger quand même, mais il faut prévoir.
21:15 Et vous avez parcouru pratiquement 1000 kilomètres,
21:18 avec une étape à 150, quand même, beaucoup de dénivelé ?
21:22 – Oui, sur cette étape-là, oui, beaucoup de dénivelé,
21:25 mais surtout, finalement, c'est des routes, en fait, de cailloux, de sable,
21:31 compliquées, les mouches aussi, autour de nous, parce qu'on transpire,
21:35 donc c'est… Et vu qu'on n'avance pas vite, elles sont vraiment…
21:38 Elles viennent se mettre sur nous, et… – On les regarde ?
21:41 Allez, on les regarde, les mouches.
21:43 [Musique]
21:47 – Les gars, on est au milieu du désert, et comme il y a de la montée,
21:50 ben, on va pas assez vite, et on est entourés d'un amas de mouches.
21:54 Du coup, ben, Tom a pété un câble, il a décidé de…
21:57 – Mettre mon caleçon sur ma tête.
21:59 – Jérôme, mets-le pour voir, montre.
22:01 – Non, je peux pas, non, laisse-moi jouer.
22:04 – Je sais pas si vous arrivez à voir les mouches.
22:07 – Mais je comprends pas.
22:09 – Il est propre ? Il est propre, le caleçon ?
22:12 – Ouais, c'est bon, il est propre.
22:13 [Musique]
22:20 On vient de passer notre premier col,
22:22 et là, maintenant, c'est une longue descente jusqu'au campement.
22:25 On est hyper contents.
22:27 [Musique]
22:39 – Bon, elles font pas de mal, ces mouches, elles sont là, c'est juste ça.
22:43 – Elles sont là, mais elles rentrent dans les yeux, le nez, la bouche,
22:46 parce qu'elles viennent chercher de l'eau, il n'y a pas d'eau là-bas.
22:48 Donc c'est très compliqué de pédaler avec.
22:52 – Et avec ces rencontres au bord de la route, avec des roues crevées,
22:58 mais aussi des rencontres, des belles rencontres.
23:01 Aussi, les gens sont venus vous aider spontanément,
23:06 vous donner des petits coups de main.
23:08 – Oui, parce qu'en fait, beaucoup n'avaient pas l'habitude
23:11 de voir deux cyclistes au milieu de rien.
23:14 Donc l'aide était souvent très spontanée.
23:17 Heureusement, en fait, parce que, comme elle disait,
23:20 c'était impossible de porter autant d'eau et de nourriture
23:22 pour être autosuffisant pendant très longtemps.
23:25 Donc voilà, les gros 4x4 d'expédition,
23:28 où les habitants, les rares fermiers, s'arrêtaient, pour nous.
23:32 – Et puis surtout, quand on voyage à vélo, les gens sont vraiment très curieux.
23:37 C'est-à-dire que, spontanément, ils viennent nous poser des questions,
23:40 ils demandent "mais qu'est-ce que vous faites là ?"
23:42 Donc c'est vraiment, il y a une relation très différente
23:45 qu'un voyageur, je pense, qui serait à pied.
23:47 – Oui, il y en a beaucoup.
23:48 – C'est une destination que beaucoup préparent aussi pendant des années, la Namibie.
23:53 – Ah oui, c'est sûr.
23:54 – Donc ils ont l'habitude, aussi, des voyageurs ?
23:56 – Alors oui, il y a beaucoup de voyageurs en 4x4,
23:58 parce que forcément, les routes.
24:00 Nous, on a vu zéro vélo, on était seuls, et zéro marcheur.
24:04 – Ce ne sont pas les conditions les plus simples aussi
24:08 que vous aviez choisis, un défi physique, forcément.
24:11 Je crois qu'on la voit, la roue crevée.
24:13 – Oui. – Voilà.
24:14 Donc ça, c'était la petite surprise, dès le début, d'ailleurs.
24:18 Dès le départ, le cadeau de bienvenue.
24:20 – Oui, ça a annoncé la couleur assez vite.
24:21 – Exactement.
24:21 Pas encore en Namibie, on avait déjà plus de chambre à air.
24:23 – Voilà, c'est ça.
24:25 Mais les moyens du bord, on se débrouille, système D.
24:28 Ça vous a appris aussi sur vous-même, ce périple ?
24:30 – Énormément.
24:32 Énormément, parce que, en fait, c'est-à-dire, quand on est seul, on est seul.
24:36 Donc, en fait, il faut trouver une solution, on n'a pas le choix.
24:38 On ne peut pas se dire, on s'arrête, on en a marre.
24:40 On est obligé de continuer, on se retrouve dans des zones tellement isolées
24:43 qu'il y a vraiment un travail mental à faire sur soi.
24:46 Et je pense que c'est une aventure éprouvante, physiquement, mais aussi mentalement,
24:51 et qui apprend énormément.
24:53 – Oui, la Namibie, c'est trois fois la France et moins de 3 millions d'habitants.
24:57 Donc, il n'y a pas grand monde, vraiment.
24:59 Voilà, c'est la solitude qui était extrêmement marquante,
25:03 mais on était deux, donc on n'était pas seuls.
25:05 – C'est ça.
25:05 Des animaux, les grands koudous, les petits koudous, vous les avez vus ?
25:09 – Oui.
25:10 – On les en voit un peu dans le documentaire.
25:12 – Ce documentaire, alors je ne sais pas si on peut revoir le début du trailer,
25:17 vraiment cette Namibie sublime.
25:18 Ce sont vos images, vous n'êtes que deux,
25:21 vous n'avez pas un vidéaste qui vous accompagne, vous n'avez personne.
25:24 Donc, vous pilotez, c'est votre drone ?
25:26 – Oui, totalement.
25:27 On est en totale autonomie sur ce voyage,
25:29 on n'a pas du tout d'assistance ou de voiture qui nous suit.
25:33 Donc, en fait, tout le matériel photo, sur mon vélo, j'avais une sacoche de cadres
25:37 et mon petit drone, j'arrivais à le caler dedans,
25:40 et caler un objectif de Tom, qui avait deux objectifs photo.
25:44 On avait une petite GoPro, et donc, avec ces images,
25:47 on a pu ramener ces images avec un matériel plutôt minimaliste,
25:51 mais qui restait professionnel, on va dire.
25:53 – Et c'est une contrainte aussi, puisqu'il faut aussi surveiller l'image,
25:57 en plus de la roue, en plus de la chambre à air.
25:59 Voilà, les conditions, les mouches, la température.
26:02 – Et puis, ce n'est pas évident, quand on avait des coups de moins bien,
26:04 de se dire, il faut filmer, il faut sortir l'appareil photo.
26:08 – Impressionnant. L'éléphant, ça, c'est vous ?
26:10 – Oui. – Incroyable.
26:12 Votre plus beau souvenir, c'est le moment où on arrive
26:15 sur cette route des Diamants aussi, où on arrive au…
26:19 – Ça, c'est la fin du voyage, cet éléphant.
26:21 Et effectivement, l'arrivée sur la route des Diamants,
26:25 annoncer la couleur comme on l'a dit, c'était extrêmement aride.
26:27 Donc, c'est des coudous, c'est des oryx qu'on a vus, avec ces longues cornes.
26:32 Et oui, parfois, on avait juste envie de s'arrêter pour les filmer,
26:35 parce qu'on ne les verra peut-être pas deux fois comme ça.
26:38 – Oui, c'est sûr.
26:39 – Et ce documentaire, vous êtes encore en cours de…
26:42 Vous le finalisez, il doit sortir, il devait sortir le 7 juin,
26:46 ça sera finalisé ou est-ce que vous le travaillez encore un petit peu ?
26:51 Est-ce qu'il sera projeté ? Est-ce qu'il participera à des concours ?
26:54 Des festivals ?
26:56 – Oui, c'est au programme, donc des festivals, des projections plein air.
27:01 – Donc, il sortira sûrement après courant juin sur une plateforme, juin-juillet.
27:05 On vous fera suivre tout ça avec grand plaisir.
27:07 – Et bien, avec le plaisir, il est aussi pour les yeux, il est pour nous tous.
27:11 La suite de l'histoire, vous la connaissez déjà ?
27:13 – Oh, elle s'écrit petit à petit, la suite de l'histoire.
27:17 Elle sera avec du documentaire, de l'image, plus ambitieuse encore.
27:23 Mais aujourd'hui, ce qu'on essaye de faire,
27:25 c'est de mettre en valeur le mieux possible ce qu'on a pu faire là-bas.
27:28 Et puis, évidemment, de revenir, de prendre le temps de revenir.
27:32 – Parce que c'est un documentaire de voyageurs,
27:34 c'est un documentaire qui se veut aussi engagé pour la préserver,
27:37 cette nature exceptionnelle de Namibie ?
27:39 – Oui, bien sûr. De toute façon, les images parlent d'elles-mêmes.
27:43 C'est un documentaire qui va aussi explorer
27:45 pourquoi est-ce qu'on va chercher ce qu'il y a derrière la montagne,
27:48 pourquoi est-ce qu'on a quitté notre vie qui était magnifique,
27:51 une vie paradisiaque à Cape Town, en Afrique du Sud,
27:54 pour aller manger de la poussière en Namibie.
27:56 On essaye d'explorer un petit peu ce sujet aussi.
27:58 C'est une histoire aussi, une belle histoire à suivre, à lire.
28:01 – Et puis aussi pour montrer finalement aux jeunes que parfois,
28:04 forcément, on n'a pas la réponse à toutes les questions,
28:06 et qu'il faut oser, il faut y aller, quoi.
28:09 Il faut se lancer, même si on ne peut pas tout prévoir.
28:12 – Et vous y retournerez ? Vous repartez vivre là-bas ?
28:15 Vous êtes revenus ici ? Vous allez repartir ?
28:17 Vous allez devenir réalisateur ?
28:20 – Alors, on repartira sûrement, je pense.
28:24 On a créé "Anom", c'est la contraction de nos deux prénoms.
28:27 Et aujourd'hui, c'est un peu, en fait, une agence qui se veut très flexible
28:32 sur la création de documentaires, de récits d'aventures.
28:35 Et donc, on va poursuivre là-dessus.
28:39 Vous pouvez retrouver sur Instagram, également.
28:41 – En Afrique ou ailleurs.
28:43 – En Afrique ou ailleurs, bien sûr.
28:45 Merci à vous deux, et bravo pour cette magnifique aventure.
28:48 Une très belle histoire à découvrir, vraiment.
28:50 La route des diamants qui fait rêver, qui fait toujours rêver, bien sûr.
28:54 On va refaire aussi, nous aussi, une grande traversée,
28:56 cette fois-ci, vers le passé, tout de suite.
28:59 [Musique]
29:07 Une traversée jusqu'au fond des racines de Grenoble et de l'Isère,
29:11 avec un lieu qui marque la naissance de la ville.
29:15 – Oh, qui marque la naissance de la ville, c'est peut-être un peu trop.
29:19 En tout cas, qui est un témoignage complètement exceptionnel.
29:24 Et, à mon avis, trop méconnu des Grenoblois.
29:29 – Oui, c'est sûr. Et c'est le musée de l'Ancien-Évêché,
29:33 qui montre déjà les vestiges des premiers Grenoblois.
29:40 C'est là où la ville s'est bâtie, elle se battait aussi, bien sûr,
29:45 contre les invasions, à l'époque où elle s'appelait Cularo.
29:48 – Oui, oui, oui. C'est vrai que le musée de l'Ancien-Évêché,
29:51 c'est un musée du département qui fait partie du réseau
29:54 des départements du 11 musées du département.
29:58 Et qui a la particularité, effectivement, d'être aménagé
30:03 dans un lieu exceptionnel, avec des vestiges archéologiques
30:07 tout aussi exceptionnels, à savoir qu'en sous-sol,
30:11 on a le Grenoble romain, un galop romain,
30:15 avec des vestiges incroyables de l'ancien rempart
30:19 qui ceinturait la ville, qui se développait sur 1200 mètres.
30:23 – Une toute petite ville.
30:24 – Voilà, mais qui est déjà importante.
30:26 Et puis, surtout, un élément complètement fou,
30:30 c'est ce baptistère qui a été découvert lorsqu'on a fait le tracé
30:36 de la ligne de tram en 1988.
30:42 On s'est aperçu, voilà, donc les fouilleurs étaient là,
30:45 et on s'est aperçu qu'il y avait quelque chose quand même
30:48 d'assez incroyable, et en l'occurrence, c'était incroyable
30:50 puisque c'était ce baptistère, un lieu qui est un lieu exceptionnel
30:56 puisque c'était là où chaque année, en fait, l'évêque procédait
31:00 donc au baptême des premiers chrétiens.
31:03 Donc on est au IVe siècle avant Jésus-Christ.
31:05 – Et au-dessus, donc, vous avez constitué ce musée,
31:08 donc ce musée de l'ancien évêché qui raconte l'histoire des Isérois,
31:12 donc au sous-sol, vous l'avez dit, le baptistère,
31:14 avec cette crypte archéologique.
31:16 Et au-dessus, eh bien, on raconte l'histoire des Isérois,
31:19 mais de tout le département aussi, avec certaines choses
31:22 dont on a parlé, notamment le casque de Vézeronce,
31:26 qui est tout à fait connu, et c'est aussi un lieu qui vit,
31:29 qui vit avec son temps et qui accueille des expositions temporaires.
31:33 Alors, ce baptistère, je voudrais quand même qu'on s'y attarde un petit peu,
31:36 puisqu'on a tous des idées aussi, on se représente tous des baptistères,
31:41 rarement en sous-sol.
31:43 Donc, ici, c'était une piscine, en fait, c'est ça, à huit côtés.
31:48 – Oui, c'est une cuve, on va dire, c'est une cuve où, pour ces périodes,
31:52 on est alors 4e siècle, 10e siècle, donc avant Jésus-Christ,
31:57 donc on est quand même très… voilà, on est sur des périodes lointaines.
32:06 Et on avait ces cuves où on avait, en fait,
32:10 c'était un baptême par immersion, c'est-à-dire,
32:12 c'est pas le baptême que l'on a aujourd'hui où on a le ministre sur le front,
32:16 mais là, on plonge, en fait, les premiers chrétiens dans la cuve.
32:21 Donc, on a une cuve et puis autour, en fait,
32:25 on avait un bâtiment qui était construit, mais on a une évolution,
32:30 on est après Jésus-Christ, excusez-moi, j'ai fait une grosse bêtise,
32:34 mais c'est un bâtiment, en fait, qui s'est développé jusqu'au 10e siècle,
32:39 et puis à un moment où l'Église, en fait, a permis aux prêtres des campagnes,
32:44 en fait, d'administrer le baptême, eh bien, ça a perdu ses fonctions.
32:48 - Voilà, le baptême pour cette nouvelle religion, le christianisme,
32:51 à l'époque, cette religion venue d'Orient, donc,
32:54 avec une cérémonie autour de cette piscine, donc à huit côtés,
32:59 et donc c'était un édifice où toute la ville et la société s'organisaient autour.
33:05 - Oui, alors c'est vrai que là, on est vraiment dans le centre, on va dire, historique,
33:09 puisque le musée de l'Ancien Évêché, qui occupe l'Ancien Palais des Évêques,
33:14 faisait partie de ce qu'on appelait ce fameux groupe cathédral,
33:17 c'est-à-dire la cathédrale de Grenoble, l'Église Saint-Hugues,
33:21 et puis la résidence des évêques.
33:23 Donc, c'est vraiment l'histoire religieuse, au premier temps chrétien,
33:27 qui est illustrée par ce lieu.
33:30 - Alors, ce qui est absolument curieux aussi,
33:32 et la plupart des grenoblois qui viennent se poser sur cette place Notre-Dame,
33:36 le soir, flâner un peu, ne savent pas forcément que l'aménagement a été fait,
33:42 a été dessiné, presque calqué sur le baptistère, en fait.
33:45 Au-dessus, au niveau du sol, devant la place Notre-Dame,
33:48 eh bien, c'est une représentation de ce qui se passe en dessous.
33:51 - Oui, donc l'idée, c'était effectivement d'évoquer la forme du baptistère sur le parvis,
33:58 mais en fait, on s'aperçoit que les personnes qui empruntent le parvis
34:05 ne font pas forcément le lien.
34:07 En tout cas, ça reprend cette forme qui se trouve au-dessous.
34:11 Donc, on invite bien sûr tout le monde à descendre dans les sous-sols.
34:14 - Eh oui, certains l'ignorent encore.
34:16 Alors, on descend dans les sous-sols, mais il ne faut pas être trop grand.
34:18 Il y a quelques années, notamment, un joueur de rugby qui mesurait 2,01 mètres
34:23 avait voulu découvrir avec nous ce musée.
34:25 Il venait du Cap, d'ailleurs, de Cape Town, ce garçon tout à fait rosquitte.
34:29 Il s'appelait... Il jouait au FCG, et il voulait découvrir ce lieu,
34:32 et qui donc s'est frôlé le dessus des cheveux pendant toute cette découverte.
34:37 Donc, on peut dire que le plafond fait 2 mètres.
34:40 - Voilà. - C'est ça.
34:41 - Mais c'est magnifique. Elle s'est saisie sans vraiment arriver.
34:44 - C'est vraiment... On a l'impression de...
34:46 On est dans un autre monde.
34:49 Et dans... Voilà, c'était une plongée dans le temps
34:51 et avec une ambiance très, très particulière sur l'éclairage aussi.
34:55 - Solennel aussi. C'est magnifique.
34:57 Et puis, lorsqu'on monte à l'étage, on découvre ce casque,
35:00 le casque de Vézorance, qui a été... Qui est une...
35:05 Un trophée, entre guillemets, qui est issu d'une bataille célèbre à Vézorance
35:10 où le fils de Clovis aurait perdu la vie. C'est ça ?
35:13 - En tout cas, tout ce que j'en sais, c'est que ça illustre effectivement
35:17 ces fameux... Ces conflits, ces guerres entre les Francs et les Bourgondes.
35:22 En tout cas, ça veut dire qu'on va trouver dans ce musée,
35:26 à travers ce qu'on appelle le parcours, donc l'Isère en histoire,
35:30 à travers de très beaux objets archéologiques.
35:32 Eh bien, c'est tout un récit que l'on raconte aux visiteurs.
35:35 Alors, bien sûr, on ne peut pas... Depuis la préhistoire jusqu'à nos jours,
35:38 donc il a fallu, bien sûr, faire des raccourcis.
35:41 Et puis, on ne peut pas tout évoquer.
35:43 Mais l'idée, c'est aussi de valoriser des collections départementales
35:48 qui sont tout à fait exceptionnelles.
35:51 - Absolument. Et pas seulement.
35:54 Donc, c'est un lieu qui vit et qui vit avec son temps.
35:57 Vous accueillez de nombreuses expositions.
36:00 Elles sont nombreuses. Vous en accueillez plusieurs par an.
36:04 Alors ici, notamment, celle-ci était magnifique.
36:06 Une exposition sur le cubisme. Vous nous y amenez d'ailleurs.
36:10 Et ce qui est magnifique aussi, c'est de croiser les genres, de croiser les styles.
36:13 On est ici à l'intérieur du musée, qui est magnifiquement aménagé
36:17 pour tout type d'exposition, finalement.
36:20 - Ah oui, alors quand vous dites accueillir, ce n'est pas tout à fait.
36:22 C'est-à-dire qu'on les réalise. Voilà.
36:24 - En plus, c'est ça. - C'est nous qui faisons les expos.
36:26 Donc, pour nous, le challenge, effectivement, c'est d'essayer.
36:31 Toujours le lien, c'est le territoire.
36:33 Alors le territoire, ça peut être l'Isère, ça peut être les Alpes.
36:36 Mauly-Sabata, c'est une communauté d'artistes à Sablon.
36:40 Donc, on est dans le nord-ouest du département.
36:43 Donc voilà, on évoque l'histoire, cette histoire du département, du territoire
36:49 à travers des sujets extrêmement variés, avec l'idée, nous, d'essayer d'interpeller,
36:55 d'intéresser du plus petit, puisqu'on accueille aussi de nombreux scolaires,
37:00 jusque la personne qui a 99 ans.
37:03 Et puis, surtout, la personne qui est pointue, qui connaît très bien cette histoire.
37:09 Et toutes celles et ceux qui n'ont pas forcément les connaissances,
37:14 mais notre métier, c'est essayer de leur donner du plaisir
37:19 et leur donner des clés de lecture pour la connaissance, mais aussi beaucoup de plaisir.
37:24 Oui, avec une sacrée scénographie.
37:27 Alors, c'est le cas aussi.
37:28 Là, on va en Chartreuse, on va plus près, un peu plus près de nous, ici,
37:32 avec "Dans le silence et la solitude".
37:34 C'est l'exposition, alors vous nous regardez, elle est ici.
37:37 C'est l'exposition qui s'achève en septembre, d'ailleurs,
37:42 car on croit connaître beaucoup de choses sur ce fameux monastère,
37:46 le monastère de la Grande Chartreuse.
37:48 C'est une nouvelle lecture, en fait, que vous nous proposez.
37:51 Oui, alors c'est une lecture, c'est surtout une présentation
37:53 d'une collection assez exceptionnelle qu'on appelle "Les cartes de Chartreuse".
37:57 Alors, ces cartes de Chartreuse, ce sont de grandes représentations peintes,
38:02 des tableaux de 2,50 m sur 1,50 m minimum,
38:06 et qui représentent en vue cavalière des monastères qui relèvent de l'ordre des Chartreux.
38:11 Et à travers ces représentations, qui ont été peintes entre fin XVIIe, début XVIIIe,
38:17 c'est toute la vie aussi à l'intérieur des monastères qu'on essaie de montrer
38:22 à travers des détails que l'on a sortis de ces représentations.
38:27 Avec ces peintures immenses aussi.
38:28 Ah oui, c'est très impressionnant.
38:31 On assiste sur la scénographie.
38:32 C'est un gros boulot vraiment que vous faites à ce musée départemental.
38:36 Donc, on rappelle, comme tous les musées départementaux, c'est gratuit.
38:39 Vous pouvez y aller, bien sûr. Des jours de fermeture ?
38:42 Le 25, le jour de Noël, et puis le 1er mai aussi.
38:47 Mais sinon, c'est ouvert, on va dire, sauf le mercredi matin.
38:52 C'est le seul moment où le musée est fermé.
38:55 Mais on accueille par ailleurs les scolaires.
38:57 Donc, il n'y a pas vraiment de fermeture.
39:00 Mais c'est toujours un voyage vers nos racines, vers les racines de Cullaro,
39:05 puis Gratianopolis et donc Grenoble.
39:08 Ça, c'est un documentaire à travers les années aussi.
39:10 Magnifique.
39:12 Le drone, il ne passera pas les deux mètres.
39:15 Mais notre imagination, oui, ça, c'est sûr.
39:18 Merci beaucoup, Sylvie Vincent, pour cette très belle découverte.
39:21 Et on vous souhaite une magnifique saison estivale.
39:23 Merci beaucoup, Cédric.
39:24 On le rappelle, Cédric Gonon, qui donc,
39:27 "Comment j'ai combattu mon sarcombe en 201 jours".
39:29 Merci beaucoup à vous.
39:31 Et puis à nous chez Tom.
39:32 Et on se retrouve sur les marches du Festival de Cannes.
39:35 Bien sûr.
39:36 Avec plaisir, Lucie. Merci.
39:37 Bien sûr.
39:38 Pour celui-ci et pour les prochains.
39:39 Et merci encore à vous pour votre fidélité.
39:41 À très vite.
39:42 [Musique]
39:52 Vous avez profité de "Si on parlait" avec Giltrinia Résidence.
39:57 [Musique]
40:01 L'entrepôt du bricolage de Saint-Jean-de-Moirant
40:03 et chez Rolls-Comboyer, Saint-Martin d'Air,
40:05 vous a présenté "Si on parlait".
40:07 L'entrepôt du bricolage, l'esprit entrepôt, ça change tout.
40:10 tout.
40:11 [Musique]

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