Métiers de la viande et de la poissonnerie, des parcours d'excellence

  • l’année dernière
Les Vraies Voix de l'emploi avec David CAMPAGNE, Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Métiers de la Viande
(ENSMV), Alexandre BOTTE DE TOULEMON, Propriétaire de la boucherie MEDIUM RARE, Sonia BICHET, Cheffe poissonnière écaillère - Meilleur Ouvrier de France Poissonnier - écailler 2023 - Maison Vanhamme
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##LES_VRAIES_VOIX_DE_L_EMPLOI-2023-06-06##

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Transcript
00:00 Il y a des gens qui travaillent, qui aiment ce qu'ils font et ça c'est très agréable.
00:04 On n'est pas toujours très gai quand on va travailler.
00:06 Mais eux oui, aujourd'hui avec Jérôme Lavergne.
00:09 Ça va Jérôme ?
00:10 Bonjour Cécile, bonjour Philippe.
00:11 Alors vous, vous étiez dans votre jardin ce week-end, vous faisiez des points soleil.
00:16 Vous aviez un abonnement, vous l'avez fini ?
00:19 Oui bien sûr, j'ai fini l'abonnement, c'est y est, je me rends jardin.
00:23 On peut reprendre une activité normale.
00:26 Oui mais ça c'est le beau soleil de la Creuse et évidemment que passe sous silence notre
00:31 cher Rémi André.
00:32 C'est vrai, trop peu.
00:33 En tout cas on est ravis de vous retrouver cher Jérôme avec de beaux métiers et au
00:38 sommaire de cette émission justement c'est métier de la viande qui recrute tour de bras.
00:41 Les artisans bouchers comme les métiers de bouche n'échappent pas à ce secteur qui
00:45 peine à recruter.
00:46 Malheureusement premier rang desquels les métiers de la viande avec néanmoins des
00:49 formations et des parcours d'excellence.
00:51 Nos invités ce soir pour en parler, David Campagne est avec nous, directeur de l'école
00:55 nationale supérieure des métiers de la viande et un très joli parcours avec Alexandre
00:59 Bottes de la boucherie médium rare à Paris.
01:02 Des parcours d'excellence également dans la poissonnerie, championne de la coupe du
01:06 monde des écaillés 2020 et fraîchement décorée du titre de meilleur oviret de France, poissonnier
01:11 écaillé, ça fait deux semaines.
01:12 Sonia Bichet est avec nous ce soir non seulement pour parler des recrutements de la maison
01:16 Van Hamme mais pour illustrer le fabuleux destin professionnel que peut réserver encore
01:22 la gastronomie française.
01:23 Le bistrot restaurant, temple de la gastronomie et aussi de l'emploi bien sûr, véritable
01:28 institution de la vie française.
01:30 Si les bistrots restaurants continuent d'être un lieu de convivialité au delà de bien
01:33 manger, on parle, on rit, on danse, on travaille parfois et souvent même et les clients sont
01:38 bien plus nombreux que les candidats pour y travailler et c'est bien dommage.
01:42 Alain Fontaine est avec nous, président de l'association des maîtres restaurateurs
01:45 et propriétaires du bistrot restaurant Le Mesturé à Paris.
01:48 Le vin, véritable étendard de la gastronomie française.
01:51 Les métiers de la gastronomie sont aussi des métiers d'extérieur, des métiers saisonniers
01:55 comme les légendaires vins dangeurs et tout simplement producteurs de vins.
01:59 Christophe Avi, viticulteur dans l'Haute-Hégaronne nous expliquera comment il appréhende l'organisation
02:04 et les recrutements de la prochaine saison qui approche.
02:06 C'est les vraies voies de l'emploi, on vous souhaite la bienvenue, on est ensemble jusqu'à
02:09 20h.
02:10 Les vraies voies Sud Radio.
02:13 Jérôme Laverny, c'est un sujet très intéressant parce que ce sont, on parle beaucoup d'artisanat
02:18 et là on est vraiment dans l'artisanat avec les artisans bouchers, les artisans poissonniers,
02:23 avec aussi des restaurateurs.
02:25 Aujourd'hui, ces métiers qui sont en tension et pourtant ce sont des métiers qu'on aime
02:31 faire.
02:32 Oui tout à fait.
02:33 Alors dans la foulée, un petit peu de notre émission de la semaine dernière, on va parler
02:36 aussi beaucoup de patrimoine puisqu'il y a des questions de considérer que la gastronomie
02:40 française est un fleuron de l'économie, on l'a dit en introduction.
02:43 Eh bien voyons-le et voyons comment aussi on peut persévérer à reproduire les formations
02:50 qui sont nécessaires.
02:51 C'est un secteur aussi qui est très intéressant parce qu'il parle aussi d'emplois saisonniers.
02:54 Et Dieu sait combien l'année dernière ces emplois saisonniers ont été problématiques,
02:58 il va falloir qu'on en parle.
02:59 C'est un secteur aussi qui est intéressant dans la communication des métiers trop peu
03:04 connus ou parfois sans doute un peu négligés, ces métiers méprisés pour certains d'entre
03:08 eux.
03:09 Il faut résoudre ce problème-là à grands pas et on a deux personnes qui ont deux parcours
03:14 absolument génialissimes ce soir.
03:15 C'est ça la clé en fait.
03:17 C'est montrer à un jeune et à ses parents qu'on peut...
03:20 Des personnes inspirantes.
03:22 Oui voilà, qui constituent des modèles et des modèles d'excellence et pas pour faire
03:26 bonne mine et par politesse politique d'agiter le mot d'excellence.
03:29 Voilà pour toutes ces raisons-là, eh bien ce secteur est fabuleusement passionnant indépendamment
03:34 du fait d'être fondamental.
03:36 Vous êtes fâché là ? Non vous n'êtes pas fâché, vous êtes content quand vous
03:40 parlez comme ça ?
03:41 Oui, je n'ai rien fait, je me demande pardon.
03:45 Pardon Rémi André, je n'en recommencerai plus.
03:48 En tout cas vous avez bien fait de les faire venir.
03:50 David Campagne est avec nous, bonsoir, merci d'être avec nous.
03:53 Employeur bien entendu, la boucherie Medium Ram avec son patron Alexandre Bottom est avec
04:02 nous aussi.
04:03 Bonsoir, merci d'être avec nous.
04:04 Là on est vraiment dans le métier de la boucherie, ce qui est plutôt très intéressant.
04:09 Aujourd'hui, on a lu plein de choses avec Philippe David et on s'est dit que, est-ce
04:14 que ce secteur connaît un problème d'image peut-être à la base qui est mal compris,
04:21 mal véhiculé et cette image qu'il faut changer ?
04:23 Il faut peut-être sortir des caricatures qui pouvaient exister dans le passé.
04:27 La profession a engagé beaucoup d'actions pour simplifier le travail et réduire les
04:37 problématiques de gestes, de posture, de port de carcasse.
04:40 C'est ce qui fait qu'aujourd'hui, on arrive à attirer un maximum de personnes et notamment
04:45 des femmes.
04:46 Il faut dire que l'école nationale supérieure des métiers de la viande, que j'ai moi-même
04:49 visitée il n'y a pas très longtemps, est une superbe école.
04:52 Superbe école.
04:53 Et quand on entend parfois dans la presse dire "mais non, ces métiers-là, il y a un
04:56 problème de formation", ben non, il n'y a pas du tout de problème de formation.
04:59 On a les écoles, on a les outils pour le faire.
05:01 Il faut dire aussi, je me permets cette indiscrétion, que Alexandre, en fait le nom de la société
05:07 c'est "Medium rare" mais en réalité votre boutique c'est "La Bidoche".
05:10 Tout cela s'impose.
05:13 C'est un ancien financier...
05:15 C'est une reconversion, c'est ça ?
05:18 Alors ça c'est fondamental.
05:21 Parcours d'excellence à rebond.
05:23 On peut se reconvertir et considérer que ce qui peut constituer aux yeux des jeunes
05:29 qui écoutent et de leurs parents le seul et unique parcours d'excellence, quand on
05:32 parle d'études, en France on parle d'études post-bac, fatalement, systématiquement.
05:37 Et maintenant tout d'un coup quelqu'un qui a travaillé dans les finances de marché
05:40 public se dit "tiens zut, et si mon bonheur passait par quelque chose infrabac ?"
05:45 Comment on passe justement de la finance Alexandre Botte de Toulon à la bavette et
05:50 à l'entrecôte ?
05:51 Très simplement...
05:53 La cuisse si vous préférez !
05:55 Non ça me va bien la bavette et l'entrecôte, la cuisse...
05:58 Très simplement, un jour je me suis dit que j'avais fait le tour de mon entier, en tout
06:03 cas je ne m'y retrouvais plus, j'avais plus un rapport sain au travail et je ne me sentais
06:07 pas à ma place.
06:08 Du coup j'avais envie de faire quelque chose de mes mains.
06:10 Pour moi c'est ça qui était important, c'est ça qui me rendrait probablement fier.
06:14 Et du coup en regardant un petit peu autour de moi, j'ai eu envie de découvrir la boucherie.
06:21 Donc je me suis rapproché de l'ONSMV, je me suis rapproché de boucher traditionnel,
06:26 et je me suis dit "bon ben je vais me lancer, je vais essayer".
06:30 Vos alternants, appelons-les comme ça, principaux, sont de quelle catégorie, de quels sont les
06:35 profils qui fréquentent votre école à l'instar d'Alexandre ?
06:38 On a vraiment tous les profils, du vendeur de magasins jusque l'avocat, l'architecte,
06:45 au notaire, qui...
06:46 Bah voilà, qui...
06:47 Passé la crise de la quarantaine, tout le monde connaît ça, se pose les questions
06:50 qu'on se pose et il se dit "bah voilà, je...".
06:52 Tu vas y arriver encore, mais par contre, juste, ce qui est très important à dire,
06:57 ce qui est très très important à dire, c'est que ça veut donc dire que dans la majeure
07:01 partie des cas à l'instar et sur le modèle d'Alexandre, ce sont des reconversions.
07:05 Donc là, appel au secours, à notre gouvernement qui vient de reconduire les aides jusqu'en
07:09 2027 à l'adresse des apprentis, c'est formidable, c'est très chouette, mais pour tous ceux
07:14 qui envisageraient une reconversion dans votre école ou qui souhaiteraient être recrutés
07:19 par Alexandre car il recrute un alternant en CQP, donc au-delà de 29 ans, et bien là,
07:24 il y a une mauvaise pioche.
07:26 Donc il faut que ces aides aillent au-delà des 29 ans.
07:29 David Campagne, pendant des années, on avait l'impression que ce métier était un métier
07:33 de transmission, d'héritage.
07:34 On se disait de père, de grand-père, on père en fils, voilà.
07:37 Est-ce qu'aujourd'hui, les choses évoluent, même si ça reste beaucoup comme ça ?
07:40 Non, effectivement, c'est une tendance qui se confirme, mais on voit d'autres modèles
07:47 comme Alexandre qui ne viennent pas de la viande et qui participent à la transformation
07:51 du secteur.
07:52 C'est valable aussi dans la restauration, c'est des profils qui font aussi évoluer
07:56 le métier, parce qu'ils ont une vision complètement différente que ce qui peut être appris en
08:02 formation initiale en boucherie et forcément, ça amène...
08:04 Je ne veux pas parler à sa place, mais il a un super concept.
08:07 C'est un concept de boucherie et de restaurant.
08:09 Alors, dites-nous ce concept, Alexandre, si c'est important.
08:12 Moi, c'était mon idée de départ, c'était de dire effectivement, il y a moins de gens
08:16 qui viennent à la boucherie, mais en revanche, la consommation hors domicile de viande, elle
08:21 se maintient, voire elle augmente.
08:23 Et du coup, je me suis dit pour ramener les gens dans la boucherie traditionnelle, un
08:27 bon moyen de le faire, c'était de les faire manger devant la boucherie.
08:29 Donc, en fait, j'ai créé une boucherie avec un restaurant derrière, mais le restaurant
08:34 est caché parce que moi, je suis d'abord boucher avant d'être restaurateur.
08:37 Donc, ce qui a pignon sur rue, c'est la boucherie.
08:40 Donc, nous, il y a ce côté transmission, on forme des apprentis bouchers.
08:45 J'ai des apprentis qui ont monté des affaires.
08:48 J'ai des apprentis bouchers en reconversion uniquement jusqu'à maintenant et de tous
08:53 les profils, de tous les âges.
08:54 On parle souvent des problèmes de recrutement pour ces métiers.
08:57 Vous recrutez facilement ?
08:58 Alors, on a la chance d'être à Paris, on a la chance d'avoir un concept un petit peu
09:02 novateur et d'avoir une réputation qui est assez importante.
09:08 Vous êtes sur les deux tableaux.
09:09 Pour la boucherie pure, on recrute.
09:11 Je ne dis pas que c'est facile, mais c'est clairement plus simple, je pense, qu'en province
09:17 ou dans d'autres métiers artisanaux.
09:18 Est-ce que ce sont, David de Campagne, ces sujets-là de dire, pour repenser la boucherie
09:23 aujourd'hui de l'artisan classique, c'est de trouver des solutions, des choses un peu
09:28 disruptives où effectivement, on n'irait pas chez le boucher parce qu'on va certainement
09:31 beaucoup, malheureusement, dans les supermarchés avec une viande de moins bonne qualité.
09:35 Mais là, en plus, on a une traçabilité, on sait ce qu'on mange.
09:39 Tout à fait.
09:40 Après, chacun a sa place dans la société.
09:42 Celui qui veut se former depuis le plus jeune âge dans la boucherie, on a des solutions
09:46 de formation dans tous les CFA de France où on peut apprendre la boucherie.
09:50 Nous, à l'UNSFV, on a une solution spécifique sur la reconversion.
09:54 Chacun peut y trouver son bonheur.
09:56 Ça dure combien de temps, cette formation ?
09:57 C'est une formation qui est assez courte, qui dure 12 mois.
10:00 C'est en fait un premier cycle de formation de 6 semaines où effectivement, notre équipe
10:04 pédagogique, qui est notamment composée de 3 meilleurs ouvriers de France, leur apprend
10:08 les gestes basiques.
10:10 On travaille 300 tonnes de viande à l'année à l'école.
10:14 Et les sécuper pour apprendre le métier, il n'y a pas de secret.
10:18 C'est passer 4 jours sur 5 en labo et puis travailler les carcasses qui, des fois, pèsent
10:22 plus de 200 kilos.
10:23 Ce qu'il faut dire encore du fait que les candidats sont principalement des candidats
10:27 en reconversion, donc d'un certain âge, au-delà de la trentaine sans doute, c'est
10:31 que donc, il n'y a pas les jeunes.
10:33 Et là, il y a un déficit.
10:34 Il y a un déficit de communication et il y a un déficit d'estime.
10:37 Et d'orientation.
10:38 Et d'orientation.
10:39 Donc, un bon entendeur salut pour les jeunes auditeurs et leurs parents qui nous écoutent.
10:42 Faites gaffe.
10:43 Vous pouvez commencer de la finance en marché, je ne sais pas quoi, et au final, couronnez
10:50 votre carrière en étant boucher parce que c'est un très beau métier et pas simplement
10:54 dans une perspective de luxe et parce qu'il y a rémunération, je ne sais comment, etc.
10:58 Non, c'est un métier plus qu'honorable.
11:00 Et si on a une gastronomie française comme on l'a, c'est grâce à tout un tas de bouchers
11:04 éparpillés partout en France.
11:05 Et ça recrute énormément.
11:06 C'est très important pour le dire.
11:08 Vous restez avec nous, on fait une petite pause, on revient dans un instant.
11:11 Elle est championne du monde des poissonniers écaillés.
11:13 On est très contentes de, et depuis peu, meilleur ouvrier de France.
11:17 Sonia sera avec nous dans quelques instants.
11:19 C'est un honneur de vous accueillir tous chez nous ce soir dans les vraies voies.
11:23 On adore les artisans quels qu'ils soient et on les met forcément en lumière tous
11:28 les mardis avec notre ami Jérôme Lavernie.
11:30 Restez avec nous, on revient dans un instant.
11:31 A tout de suite.
11:32 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France.
11:35 19h20, les vraies voies de l'emploi.
11:37 Jérôme Lavernie.
11:38 Si vous voulez vous reformer, si vous voulez forcément changer ou peut-être d'activité
11:45 professionnelle, on appelle ça la reconversion professionnelle, il y a les artisans.
11:49 Et les artisans de bouche aujourd'hui qui recrutent énormément.
11:53 Et l'image de ces artisans de bouche, pas facile à dire, Jérôme Lavernie, est en
11:57 train de changer.
11:58 Ça devient quelque chose finalement, on retrouve le savoir-faire français.
12:01 Je recommande la lecture d'un auteur américain qui s'appelle Matthew B. Crawford qui a écrit
12:06 un bouquin qui s'appelle "L'éloge du carburateur".
12:08 Lui aussi je crois était consultant en finances et est revenu à sa passion pour les motos.
12:12 Oui, il y a à la clé des parcours d'excellence mais surtout des vies heureuses.
12:17 Je pense que si on pose à chacun des deux artisans qui nous accompagnent aujourd'hui
12:21 et bien sûr au président des restaurateurs, à la clé c'est ça, la conjonction de revenus
12:27 financiers qui sont complètement honorables.
12:28 Mais il faut simplement qu'on redore l'image à l'idée de ne plus considérer que s'orienter
12:37 vers le professionnel, comme on disait à l'époque et qu'on continue à le dire, est
12:40 un échec.
12:41 Non, au contraire.
12:42 On a autour de la table de fabuleuses réussites.
12:44 Et alors attention, là où l'équipe de France, désolé Philippe, n'a pas su être championne
12:49 du monde de foot, nous avons su être championne du monde avec des sacs.
12:53 Championne du monde des poissonniers écaillés et depuis peu meilleure ouvrier de France.
12:59 Sonia, merci d'être avec nous ce soir.
13:02 C'est doublement génial de trouver une femme poissonnière, si je puis dire.
13:09 Ça démarre d'où ? Ça vient d'où ? Parce que l'intérêt c'est de comprendre votre
13:14 parcours et pourquoi tout à coup vers ces métiers de bouche.
13:17 Moi j'ai eu la chance d'être en Terminale S, de commencer la poissonnerie en job étudiant.
13:23 Donc j'ai fait mon bac S, j'étais prise en fac de droit mais j'étais pas très scolaire
13:27 et j'ai eu une passion qui est venue pour la poissonnerie.
13:30 Et du coup je me suis lancée, j'ai fait un bac pro poissonnier écaillé-traiteur
13:33 au lieu d'aller à la fac.
13:34 C'est génial.
13:35 Ce qui veut dire que nos auditeurs utilisaient les jobs étudiants, les jobs d'été, pour
13:39 faire des petits tests par-ci par-là de métiers que vous ne connaîtriez pas, simplement
13:43 pour toucher la réalité en fait, le côté pratique.
13:45 Et justement, la vocation est venue en job d'été et vous vous êtes lancée, après
13:51 vous dites "je fais la formation", mais il y a plusieurs niveaux, il y a poissonnier,
13:54 il y a poissonnier écaillé.
13:55 Expliquez-nous.
13:56 Oui, du coup moi je suis rentrée au CFA de Rungis, donc j'ai fait un bac pro poissonnier
14:00 écaillé-traiteur en deux ans.
14:01 J'ai été meilleure apprentie de France en 2015 et ça m'a lancée dans la compétition
14:05 et dans les voyages.
14:06 Et je n'ai jamais arrêté et je suis très contente de faire ce métier-là.
14:10 Meilleure apprentie de France, meilleure ouvrière de France, championne du monde.
14:14 Il n'y a pas une compétition avec les Martiens pour gagner quelque chose ?
14:17 Je ne sais pas, on va la créer.
14:19 Ça donne envie justement à ces filières d'ouvrir à des jeunes filles, des jeunes
14:24 femmes comme vous, justement de s'ouvrir dans ces métiers qui étaient plutôt assez
14:27 masculins à la base et on voit que ça s'ouvre, même la boucherie dont on parlait il y a
14:31 quelques instants, ça s'ouvre, ça s'élargit effectivement du côté féminin.
14:35 Ça s'ouvre, c'est encore un petit peu dur mais on en a besoin.
14:39 On a besoin de jeunes, on a besoin de femmes aussi dans ces métiers-là parce que je pense
14:42 que ça apporte quelque chose.
14:44 Mais c'est vrai que moi, la jeune fille de 17 ans, je n'aurais jamais cru avoir ce
14:48 parcours et j'en suis ravie et je pousse les jeunes à venir dans l'artisanat.
14:53 Parce qu'en fait, l'artisanat c'est une grande famille et ça a des valeurs et je
14:57 pense que c'est important.
14:58 Il y a des problèmes de recrutement, ce n'est pas toujours facile de recruter en
15:01 boucherie parce que...
15:02 Pas facile.
15:03 C'est la même chose pour la poissonnerie, écailler, etc. ? Plus compliquée ou moins
15:07 compliquée ?
15:08 Vous pouvez y aller, vous mettrez ça en verre.
15:11 Je pense que c'est plus compliqué pour les poissonneries.
15:14 Oui, je pense.
15:15 Mais parce qu'on n'a pas encore cette image.
15:16 La boucherie commence à avoir cette image un petit peu jeune, avec des meilleurs ouvriers
15:20 de France qui ont pris la parole.
15:21 Nous, en poissonnerie, ça arrive.
15:23 Tant mieux, là on est quatre élus meilleurs ouvriers de France, on est quatre jeunes.
15:26 Donc j'espère qu'on va pouvoir attirer aussi la jeunesse dans nos métiers.
15:29 Mais c'est vrai qu'on a beaucoup de mal à recruter, malgré les salaires.
15:33 Aujourd'hui, vous êtes entrepreneur ?
15:35 Oui.
15:36 Ou vous travaillez chez quelqu'un ?
15:37 Je travaille chez Arnaud Vaam, meilleur ouvrier de France, chez qui je me suis entraînée
15:40 pour le concours et à côté j'ai ma société de consulting et d'événementiel.
15:43 D'accord, et il n'est pas question que vous ouvriez demain une poissonnerie à votre nom ?
15:49 Si, mais là je compte partir voyager un petit peu pour apprendre toutes les cultures, ouvrir
15:53 des chemins et revenir plus enrichie.
15:55 Est-ce qu'il y a un savoir-faire français dans la poissonnerie écaillée, comme il
16:00 y a un savoir-faire dans la viande ?
16:01 On parlait en offre des races de viande française, là la pêche c'est quand même complètement
16:05 différent.
16:06 Est-ce qu'il y a un savoir-faire des Français comme il y a un savoir-faire des chefs français
16:08 en cuisine ?
16:09 Oui, complètement.
16:10 Parce que vous avez plein de drapeaux autour du col, français, japonais, italien, américain,
16:14 canadien, on fait le tour du monde en voyant votre col.
16:16 Non mais bien sûr, pour la viande on parle de terroir, pour la mer on parle de meroir,
16:20 on a plein d'océans, on a plein de mers, on a plein de côtes, donc évidemment on a
16:23 des poissons ici en France qu'on n'aura pas ailleurs et on a une façon de la travailler
16:26 qui est assez différente.
16:27 On s'est aussi inspiré un petit peu du Japon, on prend des inspirations mais on a vraiment
16:31 notre technique de travail et c'est pour ça que je décide d'aller voyager, c'est pour
16:34 aller apprendre et voir ce que font les autres, pour pouvoir comparer et rapporter ce qu'il
16:39 y a à rapporter.
16:40 David Campagne, quand on voit les Top Chef, toutes ces émissions aujourd'hui qui ont
16:44 redoré forcément l'artisanat de bouche, qui ont permis de montrer que c'était des
16:50 métiers et qu'ils étaient très attractifs, est-ce que ça aide finalement à une jeune
16:54 génération de dire "finalement moi j'ai envie de devenir cuisinier, j'ai envie de
16:57 devenir poissonnier, j'ai envie de venir boucher" ? Est-ce que vous sentez qu'il y a un élan
17:00 ?
17:01 Écoutez, je vais vous parler franchement.
17:04 Non, non, si, si, oui, oui.
17:07 Après, c'est très bien mais ce qui compte c'est la présence des candidats qui choisissent
17:12 le métier 5 ans, 10 ans après.
17:14 On a des stats là-dessus, je ne suis pas sûr que tous ceux qui choisissent ces métiers-là
17:21 par ces émissions soient encore dans le secteur 5 ans, 10 ans après.
17:24 C'est mon avis personnel, je vous le donne.
17:27 Oui, parce qu'il y a quand même une réalité de travail.
17:30 Il faut travailler, ça prend du temps, les salaires au début ne sont pas toujours très
17:35 mirobolants Sonia, mais en tout cas il faut que ce soit vécu comme une passion.
17:39 C'est sûr, c'est une passion.
17:40 Après on a la chance, en tout cas nous en poissonnerie, oui il y a des clichés, ils
17:44 sont vrais.
17:45 Je sais que je vais être fatiguée, je sais que je vais avoir froid, je sais sentir le
17:47 poisson, mais je trouve qu'une fois qu'on sait ce qui ne va pas dans notre journée,
17:50 on ne peut faire qu'aller.
17:51 La fatigue n'est pas forcément une maladie.
17:54 Il y a plein de gens qui la pratiquent dans les salles de sport, qui pratiquent la pénibilité
18:01 dans les salles de sport, qui vont payer pour se donner des chutes de pénibilité.
18:05 C'est une question qu'on se pose, c'est quoi la qualité d'un bon poissonnier écaillé ?
18:13 C'est le produit.
18:14 Oui, c'est de savoir sélectionner le produit, c'est quoi ?
18:18 Je pense que c'est l'amour du produit.
18:19 Les bouchers, ils vont sélectionner les bêtes au champ, comment est-ce qu'il fait un bon
18:22 poissonnier écaillé ?
18:23 On sélectionne avec nos pêcheurs, et je pense qu'il ne faut pas rompre la chaîne de l'artisanat
18:28 et de la passion.
18:29 C'est-à-dire qu'on a des pêcheurs qui se lèvent, qui pêchent bien, il faut qu'on
18:31 fasse attention à notre poisson, il faut qu'on explique à notre client comment le cuisiner.
18:35 C'est comme la viande.
18:36 Vous choisissez la bonne viande, vous la préparez de la bonne façon et vous donnez les bons
18:39 conseils.
18:40 Et là, on a une chaîne qui est parfaite.
18:41 On est finalement que des intermédiaires, entre celui qui fait le produit, c'est-à-dire
18:45 l'éleveur, et notre métier c'est d'apporter ça au consommateur.
18:49 C'est une vitrine du savoir-faire français.
18:52 Avec du recul, Alexandre, vous vous dites que c'est dommage d'avoir perdu autour d'années
18:58 peut-être en ayant fait ce que vous avez fait.
19:00 Pas vraiment, je ne regrette pas.
19:01 Moi j'ai voyagé, j'ai fait d'autres choses.
19:03 J'ai été le client de l'établissement que j'ai créé.
19:09 Non, je pense que ça m'a donné une autre vision.
19:11 Après, j'ai énormément de respect aussi pour le métier, ce qu'il m'a apporté, comment
19:15 j'ai été formé et tout.
19:16 Je trouve que c'est vraiment l'association de ces deux parcours qui fait qu'aujourd'hui,
19:20 je suis hyper heureux dans mon métier et que j'aime former des gens tous les jours.
19:25 Oui, c'est ça.
19:26 L'immersion dont on parlait tout à l'heure et l'importance justement de ces jeunes d'aller
19:31 dans les entreprises et de faire des jobs d'été.
19:33 C'est ce que nous disait Sonia.
19:34 Votre question est fondamentale parce que...
19:36 C'est pas faux.
19:37 Non mais si, elle est fondamentale parce qu'en réalité, ce que dit Alexandre, c'est qu'il
19:44 ne regrette pas son premier parcours.
19:45 Ce n'est pas un échec.
19:46 Et en fait, il faut concevoir l'orientation sur ce modèle-là.
19:49 Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
19:50 Vous avez posé la question, est-ce que vous regrettez ?
19:53 Non, je me suis mal exprimée de dire finalement d'avoir changé si tard en fait.
19:57 Oui, mais est-ce que la première étape était un échec ? Non, en fait, c'est très passionnant
20:05 de concevoir la vie comme un roman avec différents chapitres et pas le même tout au long de
20:11 la première page à la dernière.
20:13 En tout cas, ce qui est intéressant, c'est de se dire qu'au moins, il a choisi sa voie,
20:16 il avait une première voie et c'est vrai que la reconversion, c'est peut-être une
20:20 bonne initiative et une jolie voie pour les métiers de bouche.
20:23 On est plus serein et on sait plus ce dont on a envie.
20:26 Oui, et sans parler de sens du travail.
20:28 Parce que le sens du travail, parfois, n'a pas de sens.
20:30 Si ce n'est que celui qui nous a été exposé ce soir.
20:32 Et vous savez de quoi j'ai envie là ? De partir au pub.
20:34 De toute façon, je n'ai pas de temps.
20:36 On reste ensemble jusqu'à 20h et on a encore plein de choses à vous dire avec Jérôme
20:40 Lavernie et Philippe David.
20:41 On est ensemble jusqu'à 20h.

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