- 06/06/2023
Après Lisa Gardner, Michel Bussi et Bernard Minier, revivez le live de Franck Thilliez sur la page Facebook du « Point » le lundi 5 juin à 18 heures, en partenariat avec le festival Quais du polar.
Notre invité évoquera notamment son dernier livre. Un tueur nécrophile, des miraculés, une flic enceinte dans le coma… Dans « La Faille », la vie ne tient qu’à un fil, que tire Thilliez, interviewé par la journaliste Julie Malaure.
#Polar #QuaisDuPolar #Thilliez #FranckThilliez
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Notre invité évoquera notamment son dernier livre. Un tueur nécrophile, des miraculés, une flic enceinte dans le coma… Dans « La Faille », la vie ne tient qu’à un fil, que tire Thilliez, interviewé par la journaliste Julie Malaure.
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NewsTranscription
00:00 Merci à vous d'être là, de nous accompagner dans ce live exceptionnel avec Franck Thillet,
00:07 donc le live Polar avec Kédu Polar, Le Point et puis la maison d'édition de Franck Thillet,
00:13 Le Fleuve.
00:14 Vous savez pourquoi vous êtes là ? L'excellent volume qui vient de paraître, c'est le
00:20 13ème des Enquêtes, mais là ça frôle l'aventure, entre deux flics que tout le monde connaît
00:27 désormais, Franck Charcot et Lucie Henbel.
00:31 C'est un volume qui décolle très rapidement, on se retrouve tout de suite dans une affaire
00:38 extrêmement glauque, peut-être un meurtre absolument terrible.
00:43 Alors merci, on accueille Franck Thillet, merci d'être avec nous Franck.
00:47 Comment est-ce que ça germe un démarrage de roman comme ça, avec des personnages qu'on
00:51 connaît, c'est plutôt rond, c'est plutôt familier ? Et là vous attaquez, vous nous
00:56 mettez dans des conditions effroyables.
00:58 Oui bonjour, c'est un plaisir de partager ce petit moment avec vous.
01:02 Ce qu'on cherche toujours dans le genre qu'on écrit, le polar assez dynamique, c'est
01:09 vraiment de démarrer avec souvent une ouverture très forte, parce que c'est vrai que les
01:14 lecteurs ont besoin, s'attendent en tout cas à plonger très très rapidement dans
01:19 une histoire.
01:20 Donc c'est d'imaginer un moyen de rentrer directement et très rapidement dans une enquête
01:26 sans présentation, vraiment dans le vif du sujet.
01:30 Et là effectivement ça démarre avec une fin d'enquête quelque part, dont on ignore
01:35 ce qui s'est passé avant, mais la traque d'un criminel qui a déjà été identifié.
01:41 Comme ça on est vraiment dans le vif de l'action.
01:43 Et moi j'aime bien prendre mes personnages que les lecteurs connaissent effectivement
01:49 dans une action comme ça, dès le début.
01:50 Et après, on se pose juste après, on prend le temps des présentations après, mais c'est
01:55 vrai que c'est un peu comme pour les séries.
01:57 Quand vous démarrez une nouvelle série, il y a toujours une scène très forte au début
02:02 pour donner envie de voir la suite.
02:06 Et donc voilà, c'est de cette manière-là que j'imagine le démarrage de la faille.
02:11 On peut la raconter, on peut parler un petit peu de ce premier meurtre, parce que moi je
02:17 me dis que vous avez dû recevoir des courriers des lecteurs, des gens horrifiés, en se disant
02:21 "ça n'existe pas, ils inventent des horreurs".
02:24 Racontez-nous, alors on est dans les bois, c'est ce que tout le monde aime.
02:27 Oui, oui.
02:28 En fait, ça se démarre par le début d'une interpellation, c'est-à-dire qu'en fait
02:34 Charcot et toute son équipe ont identifié un criminel qui est un criminel nécrophile,
02:40 c'est-à-dire que c'est un criminel qui aime la mort et qui aime les cadavres, désolé,
02:47 et donc ils sont prêts à l'interpeller, puisque ce criminel-là a laissé un corps
02:55 dans un bois, effectivement, qu'il avait enterré.
03:00 Il a été localisé par l'équipe, qui est planqué quelque part, et l'équipe se dit
03:05 que ce tueur, en tout cas pour l'interpeller, se dit "il va revenir, il va revenir sur les
03:10 lieux", parce qu'ils se sont rendu compte qu'ils prenaient pour habitude de déterrer
03:13 ce corps avec cette notion un peu de fétichisme du cadavre, donc ils sont cachés, effectivement
03:20 le type revient, et c'est comme ça qu'ils détectent ce personnage grâce à la planque
03:25 d'immatriculation.
03:26 Et ensuite, dans une deuxième phase, il y a cette fameuse interpellation qui va se produire.
03:32 Donc voilà, ça démarre par ce que je disais juste avant, c'est vraiment la fin d'une
03:37 enquête dont on ignore évidemment toutes les investigations, parce que ce n'est pas
03:41 elle au cœur du sujet, mais c'est un moyen de partir immédiatement et de mettre Charcot
03:47 et son équipe en difficulté très rapidement, dès le début du rond.
03:50 Absolument.
03:51 Et alors, on est quand même à la treizième enquête avec eux.
03:58 Comment est-ce que, moi je me suis demandé de prime abord, parce qu'on peut très bien
04:01 ne rien avoir lu et puis démarrer directement par celle-ci, il n'y a aucun problème,
04:06 elle tient toute seule.
04:07 Simplement, comment est-ce que vous vous faites ? Et puis est-ce que vous avez l'idée,
04:11 j'ai envie de dire, et vous raccrochez vos personnages fétiches sur votre idée de roman
04:16 ou est-ce qu'au contraire vous vous dites tiens, je vais ressortir du tiroir mes deux
04:21 enquêteurs et face à quoi je vais les mettre ?
04:24 Oui, il y a un peu des deux.
04:26 C'est-à-dire qu'évidemment, chaque livre c'est une nouvelle enquête et souvent c'est
04:30 une grosse enquête complexe qui demande pas mal de travail.
04:33 Il faut déjà imaginer autour de quoi va tourner cette enquête et là en l'occurrence
04:40 pour La Faille, j'ai eu cette idée de prendre comme gros sujet la mort et en me disant voilà,
04:47 je vais creuser ce sujet et voir comment je peux intégrer, en tout cas en faire une enquête
04:53 policière.
04:54 Et après, il y a un deuxième point effectivement, c'est de développer toute l'âge des personnages,
05:00 c'est-à-dire ce qui va leur arriver dans le livre.
05:03 C'est vrai qu'aujourd'hui les lecteurs qui connaissent bien ces personnages ont envie
05:08 qu'il se passe du drame, on va dire, de la dramaturgie dans le roman et il faut que les
05:16 personnages soient transformés par l'histoire qu'ils vont vivre.
05:20 Ils entrent dans un certain état, on va dire, dans le livre, psychologique, mental, de travail
05:28 et en tout cas moi j'essaie de faire qu'ils ressortent transformés, donc différents,
05:33 en positif ou en négatif, mais en tout cas le livre, l'histoire va les transformer.
05:37 Donc il faut aussi imaginer cette seconde, enfin le moyen de les transformer et souvent
05:43 voilà, ça se mélange le thème, c'est-à-dire que là le thème de la mort je l'ai creusé
05:48 pour l'enquête, mais je me dis comment il peut aussi toucher mes personnages encore
05:53 plus fort que d'habitude et c'est comme ça que j'arrive finalement à entremêler ce
06:01 qui est purement de l'enquête, ce qu'on aime quand on lit ce genre de livre, on a
06:03 envie de savoir ce qui va se passer dans une enquête, qui est le criminel, comment ils
06:08 vont réussir à l'attraper, puis après il y a toute la partie, je dirais presque, d'enquête
06:13 autour des personnages, de savoir ce qui va eux leur arriver dans leur propre vie, dans
06:17 leur vie personnelle et le livre finalement c'est voilà, c'est un mélange des deux,
06:22 l'alternance entre ce qui est purement de l'enquête et ce qui est purement de la vie
06:30 personnelle des personnages.
06:31 Et alors justement cette vie personnelle, vous arrivez avec, finalement on a des personnages
06:36 qui ont un sacré bagage, donc on a Franck, il a ou il va avoir 60 ans, je ne sais plus,
06:45 au départ Lucie c'était sa collègue et puis c'est devenu son épouse, il a des enfants,
06:51 ils ont des casseroles pas possibles, au fil des livres, comment est-ce que vous accumulez
06:57 cette graisse, cette chair autour des personnages ? Et parce que j'imagine que vous leur faites
07:02 une évolution psychologique idoine ?
07:05 Oui, ce sont des personnages qui vieillissent en même temps que nous, Franck Charcot, je
07:12 l'ai créé il y a quasiment 20 ans, il avait 43 ans, il en a 60 effectivement, et donc
07:22 c'est un personnage qui m'accompagne depuis 17-18 ans, et Lucienne Belle c'est pareil,
07:27 et donc comme dans la vraie vie ces personnages-là au fur et à mesure de leur évolution vont
07:34 accumuler de l'expérience et puis de la vie tout simplement, et ils ont cette particularité
07:39 effectivement d'avoir un parcours un peu plus sombre que chacun d'entre nous, en tout cas
07:44 je souhaite que notre parcours soit un peu plus coloré que le leur, c'est ce qui fait
07:49 un peu leur spécificité, c'est cette capacité qu'ils ont à affronter le pire, parce que
07:55 c'est vrai que quand on regarde livre après livre tout ce qu'ils traversent, alors si
08:01 ce n'était que dans les enquêtes, on peut se dire que c'est un peu le métier de tous
08:05 les policiers de traverser ça, ça fait partie du métier, cette violence, ce rapport à
08:11 la mort, mais eux effectivement ils sont touchés par des drames psychologiques très forts
08:18 et très profonds qui vont les toucher eux, qui vont toucher leurs proches, leurs collègues,
08:23 et c'est vrai qu'ils ont un parcours complexe, mais je pense que ce qui les rend finalement
08:28 très forts et attachants c'est qu'à chaque fois ils réussissent à se relever, et puis
08:34 ce qui donne aussi intérêt au livre finalement c'est que quand on est lecteur, on ne sait
08:40 pas jusqu'où l'auteur que je suis va être capable d'aller, parce que bon il y a certains
08:45 auteurs dont on sait que même si les personnages sont très en danger, ils finissent toujours
08:51 par s'en sortir, mais là c'est vrai que dans certains livres, quand j'ai eu des personnages
08:56 en danger, si le lecteur se dit "bah il va s'en sortir", bah non en fait le personnage
09:00 disparaît, enfin meurt, ou a de graves problèmes, et ça rajoute je trouve un suspense parce
09:09 qu'on ne sait pas comment va se terminer le roman.
09:12 Donc voilà c'est un peu comme ça que j'arrive à manipuler ces personnages qui prennent
09:20 vraiment cher je trouve, pour moi ça fait très longtemps qu'ils existent, mais aussi
09:25 chez le lecteur, c'est vrai que quand il m'en parle, quand on se rencontre à des
09:31 dédicaces, il me parle d'eux comme si c'était des gens de leur environnement, des proches,
09:37 des amis, et donc il me dit "bon j'ai quand même une petite responsabilité, il faut
09:41 que je fasse attention, c'est très étrange parce que ce sont des personnages de papier,
09:46 mais je me dis, on ne peut pas vraiment faire n'importe quoi avec ces personnages parce
09:50 qu'il y a beaucoup de liens qui sont attachés, et que quand on fait mal au personnage, quelque
09:54 part on peut aussi faire mal un peu au lecteur.
09:57 Absolument, et là en l'occurrence c'est un personnage secondaire mais récurrent,
10:02 vous en rayez un de la carte on peut dire, est-ce qu'il y a eu pour ce livre-ci un
10:08 courrier des lecteurs, les rencontres que vous faites aujourd'hui en librairie ou dans
10:11 les salons, est-ce que le lecteur grogne ?
10:15 Non, alors effectivement je fais des rencontres très souvent depuis début mai, et donc je
10:24 rencontre beaucoup de lecteurs qui l'ont déjà lu, qui viennent me voir, qui ont lu
10:27 le livre, et qui me… non il y a un vrai… il y a vraiment de bons retours de lecteurs
10:35 parce qu'en fait les lecteurs se sont immergés dans cette histoire vraiment très fortement
10:40 et ont ressenti beaucoup d'émotions, c'est-à-dire que d'habitude dans mes romans,
10:47 l'émotion qui prédomine, et c'est ce que je cherche à faire, c'est toujours
10:50 l'émotion de la peur, c'est écrit du thriller, et donc on privilégie cette émotion-là
10:56 de la peur, l'angoisse, l'adrénaline, mais c'est vrai que là ça va taper sur
11:01 un autre registre d'émotions autour de certaines formes de tristesse, de résignation,
11:08 d'espoir aussi, parce que quand il y a la tristesse, il y a toujours l'espoir en
11:12 face de se dire… mais il y a toujours cette petite flamme, et donc oui, il y a des…
11:19 voilà pour résumer un peu, c'est que les lecteurs me disent « ah mais vous avez réussi
11:21 à me faire pleurer dans ce livre, il y a eu la petite larme qui coule, même des hommes
11:25 me disent ça, donc c'est très… » on ne les voit pas souvent pleurer les hommes,
11:29 donc je les imagine un peu tout seul dans leur coin en train de pleurer avec le roman,
11:33 mais c'est vraiment ce que je voulais faire, moi je trouve que quand on est lecteur et
11:36 qu'un livre, une histoire réussisse à susciter des émotions comme celle-là, encore
11:42 une fois, comme il y a la bonne peur, c'est une bonne peur qu'on sent, je trouve que
11:46 ce sont de bons pleurs, c'est-à-dire que c'est un chagrin qui est plutôt positif,
11:52 parce que ça veut dire qu'on aime ces personnages et qu'on se dit « bon ben voilà, ils
11:57 ont traversé tout ça, mais il y a quand même une note d'espoir dans le livre, on
12:01 ne va pas la remoyer tout le long du livre, mais c'est vrai qu'il n'est plus tout
12:05 le temps, parce qu'il y a ce rapport à la mort qui est là et qui nous touche tous,
12:11 forcément ça nous parle, donc ça exacerbe toutes nos émotions.
12:14 Vous abordez la mort, en fait ce qui est paradoxal c'est qu'évidemment dans un
12:20 polar ou un thriller, la mort c'est la condition absolue, je veux dire, il n'y en a pas
12:24 vraiment qui échappe à cela, là vous en faites une matière, on est quasiment dans
12:30 un débat de société, vous arrivez à croiser la fiction, l'enquête, et puis tout ce
12:34 qu'on a pu voir dans les journaux ces dernières années, la question de la vie, combien de
12:40 temps on maintient, dans quelles conditions, etc., la question de la fin de vie, est-ce
12:45 que c'est la première fois que vous greffez quelque chose d'aussi concret, réel, et
12:51 puis voilà, une question sociétale sur de la fiction qui par ailleurs, de toute façon,
12:56 brasse la question de la mort.
12:58 Ça vous est venu comment de mettre cette gravité dans un roman ?
13:03 Oui, ça vient du sujet en lui-même, c'est-à-dire que quand j'écris des histoires avec Charcot
13:08 et N'Belge, je prends toujours un gros sujet de fond, très humain, on va dire, qui nous
13:14 touche tous, les sujets autour de la mémoire, des virus, des grèves d'organes, donc vraiment
13:21 des choses assez charnelles, et le thème de la mort, voilà, j'avais envie de creuser
13:26 dans toutes ces dimensions, alors il y a les dimensions scientifiques de ce sujet, mais
13:32 quand on écrit sur ce thème-là, on ne peut pas passer à côté de la dimension éthique
13:36 de la mort, du rapport à la mort, des questions qu'on peut se poser autour de la fin de vie,
13:42 de tous ces débats qui existent, et ça a été une des conditions d'ailleurs, c'est
13:46 ce qui m'a donné envie d'écrire autour de ce sujet-là, et donc je me suis dit, il
13:51 faut que je réussisse à soulever toutes ces questions, très d'actualité dans le
13:56 livre, ne pas privilégier que l'enquête, où la mort est évidemment présente, mais
14:02 réussir à développer justement ces interrogations qu'on peut avoir autour des débats qui existent
14:08 autour de la fin de vie, alors évidemment j'avais en tête, avant de m'en signer sur
14:13 le sujet, l'affaire Vincent Lambert par exemple, que tout le monde connaît, ce n'est pas
14:18 une affaire, c'est en tout cas le cas très complexe, un cas qui a duré comme ça plus
14:24 de dix ans de justice délirante autour de cet homme qui était déchiré, dont les familles
14:32 se sont déchirées, c'était abominable, et avant il y avait eu Vincent Imbert, qui
14:38 est à l'origine quelque part de la loi Leonetti, et tout ça était en fait, avant que je creuse
14:42 le sujet, j'en avais entendu parler, c'est très flou dans ma tête, je me suis dit,
14:45 mais c'est quoi la mort, c'est quoi la loi Leonetti, ces machines, qu'est-ce qu'on
14:51 a le droit de faire, de ne pas faire, qu'est-ce qui se passe si ? Et donc je me suis dit,
14:56 il y a vraiment des choses à creuser et à expliquer au lecteur, d'abord à moi-même,
15:01 parce que c'est vrai que quand j'ai commencé à creuser un peu ce qu'était la mort, je
15:05 me suis dit, mais finalement ce n'est pas aussi simple qu'il me paraît, la définition
15:09 de la mort, ce que c'est scientifiquement, ce qu'elle représente, et après évidemment
15:14 en essayant d'imaginer un cas moi-même, en me disant, je vais essayer d'imaginer
15:20 un sujet éthique très fort où il y aura un déchirement aussi entre deux parties,
15:24 parce qu'il fallait ce déchirement pour pouvoir montrer quelque part qu'aujourd'hui
15:29 encore on a beaucoup de difficultés à répondre de manière individuelle à chaque cas, c'est
15:37 à dire qu'en fait les lois elles existent, la loi Leonetti qui est contre l'affairement
15:43 thérapeutique et qui autorise au corps médical de débrancher quelqu'un qui n'a plus d'espoir
15:49 de revenir, mais en fait la loi est globale, et dans sa globalité elle ne marche pas pour
15:54 certains cas individuels, elle est complètement, parfois aberrante, parfois complètement inutile,
16:00 et donc moi il fallait que je trouve ce cas qui permette de mettre ce sujet sur la table
16:06 et aussi de l'intégrer encore une fois dans la vie de mes personnages et dans l'enquête
16:10 que je suis en train d'écrire.
16:12 Oui, justement il y a toute cette… parce qu'on est attaché au personnage, donc on
16:18 est effectivement très impliqué, et de l'autre côté il y a la veine, j'ai envie de dire
16:22 plus frontillée, c'est à dire qu'on explore la version scientifique, un petit peu saupoudrée
16:29 de fantasme toujours, qu'on aime chez vous, c'est à dire c'est les possibilités,
16:33 donc là tout part effectivement d'un cadavre qui est enterré, déterré, et puis d'une
16:39 prothèse dans ce cadavre qui va permettre de remonter, de créer la véritable enquête
16:44 policière qui elle, tourne autour d'une séro-plasticienne, d'abord vous allez nous
16:48 expliquer ce que c'est que ça et comment vous avez dégoté ce métier, et puis ensuite
16:51 voilà ce personnage de séro-plasticienne qui s'appelle Emma Doty, vous allez la mettre
16:57 en configuration, j'ai envie de dire telle qu'on a l'habitude dans vos romans, donc
17:01 face aux possibilités scientifiques, effectivement de la mort, ce que c'est ou pas ce que c'est.
17:07 Alors déjà c'est quoi séro-plasticienne ?
17:09 Oui, alors ça c'est venu en faisant justement les recherches, en creusant ce sujet de la
17:14 mort de fond en comble, je tombe sur ce genre de métier devenu très rare, c'est à dire
17:20 séro-plasticienne c'est à la fois un artiste et quelqu'un de très fort médicalement,
17:27 c'est à dire qui a une connaissance parfaite de l'anatomie humaine, ce sont les personnes
17:32 qui font les moulages qu'on peut retrouver dans les écoles de médecine ou dans les
17:36 musées de médecine, vous savez ces bustes, ces têtes qui sont en cire et dont on voit
17:45 en fait l'intérieur, enfin tout ce qui est les nerfs, les muscles, on a tous vu ça un
17:49 peu quand on était au lycée, alors au lycée c'était plutôt les plaques sur les tableaux,
17:57 les plaques anatomiques, mais là c'est vraiment en trois dimensions, des espèces de statues
18:00 en cire comme ça, donc c'est le métier effectivement d'un des personnages phares du livre, celle
18:08 en fait dont l'un des os se retrouve dans la victime de ce fameux nécrophile, victime
18:16 anonyme du nécrophile qui est retrouvé dans les bois et à qui Farcot va vouloir rendre
18:20 une identité, c'est à dire que lui en fait il y a un fiasco au début, le criminel qu'il
18:25 poursuivait se fait écraser par un train donc il n'aura jamais ses réponses et Farcot
18:31 lui va vouloir à tout prix identifier ce corps, parce que souvent dans les enquêtes
18:35 policières il y a des corps qui sont anonymes, on ne sait pas qui c'est, lui va vouloir
18:39 rendre une identité par souci de justice à ce corps et pendant l'autopsie de ce corps
18:44 il se rend compte que ce corps a une prothèse, un os, enfin une prothèse, je ne sais plus
18:51 c'est le col du fémur, un classique, et par analyse on va se rendre compte que cette
19:00 prothèse appartient à cette fameuse séro-plasticienne qu'il va essayer de retrouver, parce qu'après
19:06 il faut réussir à la retrouver, et c'est là que va faire démarrer toute l'enquête
19:10 autour de ce sujet incroyable de la mort et qui va l'emmener très très loin encore
19:16 une fois.
19:17 Si il y en a qui veulent quitter cette vidéo, cette session, parce qu'on va aborder le
19:23 thème quand même aussi du livre, sans tout défleurer, il est question des expériences
19:29 de mort imminente, que vous explorez, on pense évidemment à Cheley, à Marie Cheley, etc.
19:38 et puis moi je me souviens du film qui m'avait extrêmement marqué, mais vous aussi on est
19:42 à peu près de la même génération, l'expérience interdite en 1990, avec ses étudiants, je
19:47 ne sais plus, qui partent et qui reviennent, qui vont effectivement explorer les frontières.
19:51 Ça vous fascine ça ? Est-ce que vous tenteriez, vous, d'aller voir ce qu'il y a au bout
19:56 de la lumière et de revenir ?
19:57 Alors pas vraiment, parce que vu les conditions dans lesquelles ils y vont, c'est un peu risqué.
20:03 Mais alors oui, les EMI, les expériences de mort imminente, c'est l'un des sujets
20:08 du livre, c'est pas tout le livre, c'est vraiment une partie, c'est une des branches
20:14 de l'enquête que Charcot va mener, c'est un sujet qui m'intéresse depuis très longtemps,
20:20 le livre des articles sur ce sujet, évidemment il y a beaucoup de recherche scientifique
20:23 aussi de nos jours autour de ces expériences, où on essaye de comprendre d'où elles peuvent
20:29 venir.
20:30 On estime qu'elles viennent de l'intérieur même du cerveau, donc expérience de mort
20:36 imminente, quelqu'un a un arrêt cardiaque, a priori il est décédé, sauf qu'il revient
20:40 parce qu'on arrive à le faire revenir, et quand la personne se réveille, elle raconte
20:44 avoir vécu une expérience incroyable, alors qu'elle était complètement inconsciente
20:48 de tunnels blancs, de voir des défunts, ce genre de récits, qui si on ne se colle pas
20:57 à la science, dirait que peut-être après la mort, il y a quelque chose en fait, c'est-à-dire
21:02 qu'il y a une conscience qui se balade et qui voit des choses, et donc ça c'est fascinant.
21:07 Donc je me suis ouvri, je me suis intéressé à ce sujet, creusant évidemment le thème
21:13 de la mort, et après il fallait aussi trouver le moyen de faire différemment, parce que
21:17 c'est un sujet qui est bien connu, qui a déjà été utilisé dans les romans, c'est
21:23 comme l'amnésie, c'est-à-dire que ce sont des sujets porteurs de bonnes histoires,
21:28 parce que c'est assez fascinant, mais voilà je voulais vraiment faire différence, c'est
21:34 une partie du livre, il y a beaucoup d'autres choses qui sont explorées, mais voilà je
21:39 me suis rapproché des dernières recherches, et en gardant aussi cette notion de fantasme,
21:45 et puis oui, l'Expérience Interdite, c'est un des films que j'adore, c'est un de mes
21:51 films cultes.
21:52 - C'est Joël Choumacher.
21:54 - Oui, oui, fascinant, je croyais qu'il y avait Kevin Bacon, et Kiefer Stutterland
22:01 je crois dans le film, que j'ai revu d'ailleurs pour le livre, et il avait adoré ce film,
22:08 il avait adoré cette ambiance, et puis cette exploration d'essayer d'aller voir ce qu'il
22:14 y a derrière.
22:15 Il y a ça, et puis aussi dans les influences, il y a Destination Finale, je ne sais pas
22:19 si… il y a toute une série de films, et j'avais trouvé l'idée à l'époque,
22:23 vraiment géniale, de gens qui réchappent à la mort, et la mort continue à s'acharner
22:28 sur eux, c'est-à-dire qu'à un moment donné elle les rattrape et elle les élimine,
22:32 donc il y a un mélange de tout ça, mais c'est toujours de cette manière-là que
22:35 je construis mes livres, c'est-à-dire toutes les recherches que je vais faire et
22:40 que je vais pouvoir trouver dans la documentation, mélange d'influences, mélange de lectures,
22:47 et puis toute une part d'invention évidemment pour relier tout ça, parce que c'est l'une
22:52 des grosses parties du travail, c'est de réussir à relier tous ces différents domaines
22:58 qui parfois peuvent être assez éloignés les uns des autres, pour en faire une intrigue
23:03 unique, qui tiennent la route et qui ne perdent pas non plus le lecteur dans sa lecture.
23:11 - Non, mais là je dois dire que vous avez fait un ensemble extrêmement cohérent, je
23:15 l'ai dévoré jusqu'à la fin, et je me demandais, vous mettez en place un processus
23:20 pour vivre une expérience de mort imminente, ça fait partie des recherches scientifiques
23:27 ou est-ce que c'est du ressort de la fiction pure ?
23:29 - On ne sait pas, parce qu'en fait on peut toujours se dire qu'il y a des scientifiques
23:35 vraiment, il y a les lois et puis la science qu'on voit, puis après il y a les scientifiques
23:39 un peu dans leur labo qui tentent des choses et puis on ne sait pas jusqu'où ils sont
23:43 capables d'aller.
23:44 Je citerai par exemple Elon Musk, alors je ne dis pas qu'il n'a rien à voir avec ce
23:49 que j'ai écrit, mais on en parle beaucoup en ce moment avec sa société Neuralink qui
23:56 met des puces, qui fait des expériences et des essais en ce moment sur des puces branchées
24:00 dans le cerveau pour, par la pensée, contrôler des gestes, contrôler des ordinateurs.
24:06 Il l'a fait avec des singes, il y a eu pas mal d'articles récemment.
24:09 Donc tout ça, Neuralink, sa société, elle est très très secrète, on ne sait pas ce
24:12 qui se passe à l'intérieur.
24:13 Évidemment, on passe avec des gens, on se dit ça, mais après dans les polars, on peut
24:19 extrapoler et puis on peut se dire, bah oui, qu'il y a toujours quelques scientifiques
24:23 un peu barrés qui vont franchir les frontières, mais ça existe dans le vrai monde.
24:27 De temps en temps, il y en a un qui se fait prendre et je cite les sources à la fin du
24:36 livre, parce que moi, quand j'ai fait ces recherches autour de la mort, j'ai découvert
24:41 des choses où je me dis, c'est pas possible, c'est irréel alors que ça existe.
24:44 Et je voulais, donc j'en ai fait une fiction, évidemment, mais je voulais que les lecteurs,
24:50 en sortant du livre, ne se disent pas juste que c'était une fiction, donc j'ai mis les
24:53 références, on peut trouver ça, où il y aurait les notes à la fin et puis, dans
24:59 un endroit où vont les personnages à un moment donné, qui est absolument abominable,
25:04 où on se dit, mais là, il exagère un peu et en fait, on se rend compte à la fin du
25:08 livre que cet endroit existe et je pense même que j'adoucis la réalité.
25:13 Et c'est ce que j'aime bien faire, c'est-à-dire c'est créer une fiction, parfois extrême,
25:20 où on se dit, on est vraiment dans l'imaginaire et dans ce qui ne pourra jamais arriver, à
25:25 partir d'éléments qui, pris séparément, sont tous réels.
25:28 En fait, ce qui crée la fiction, c'est la manière dont je vais les rejoindre avec mon
25:32 enquête et mes personnages, mais chaque bloc pris indépendamment, finalement, c'est de
25:38 la réalité, c'est ce qui existe dans notre société.
25:41 - Et ça, est-ce que, je ne veux pas dire que ça fait partie du job, mais est-ce que
25:46 vous avez le sentiment que le roman est bon quand vous arrivez à vous dire que justement
25:51 vous allez prolonger l'angoisse bien au-delà de la fermeture du livre ?
25:55 - Oui, oui.
25:56 Alors, moi, quand j'écris, sur la vingtaine de livres que j'écris, j'ai toujours eu
26:02 du mal à savoir pendant l'écriture.
26:04 Je pense, je me dis toujours, le roman va être bon parce que je me suis lancé, j'ai
26:09 trouvé le sujet, puis je me dis ça va fonctionner parce qu'en écrivant, on se laisse prendre.
26:15 Mais là, pour la faille, j'ai vraiment ressenti quelque chose de très particulier.
26:19 A chaque fois que j'avancais dans le roman, je me disais, mais oui, ça marche, ça marche.
26:22 Et même en fait, dans des… j'essayais d'imaginer mon histoire avant, mais quand
26:26 on l'écrit, l'histoire, il y a toujours des points de blocage dont on pense qu'on
26:29 va les résoudre et en fait, on a beaucoup de mal.
26:32 Donc, on est obligé parfois de tirer un peu sur le fil pour que ça… d'y aller au
26:39 forceps pour que ça fonctionne.
26:40 Et là, en fait, tout s'est vraiment bien… il y avait une magie qui s'est dégagée
26:44 dans l'écriture, par exemple, les scènes d'alternance à l'hôpital pour cette
26:48 partie éthique, qu'on connaît vraiment bien avec ce qui se passait dans l'enquête,
26:53 au bon moment, avec les personnages et tout.
26:56 Donc, oui, j'ai senti pendant l'écriture qu'il y avait… qu'il y allait avoir
26:59 beaucoup d'émotions et puis que l'enquête en elle-même, elle tenait la route.
27:02 Et en écrivant, en préparant, je me suis dit, bon, je verrai en écrivant si ça se
27:07 passe bien.
27:08 Oui, ça s'est bien passé.
27:10 Donc, là, je l'ai vraiment senti.
27:13 Puis, comme vous aviez dit au début, il y a le sujet, effectivement, qui colle bien
27:18 parce que j'avais terminé le livre, qui n'était pas encore sorti.
27:21 Il y a eu tout un tas de sujets, par exemple, autour de l'affaire Pierre Palmade, ce
27:27 fameux fœtus où on a révélé aux gens que le fœtus n'avait pas de statut juridique
27:35 parce qu'il n'est pas encore un être humain.
27:37 Ça, je pense que les gens ne savaient pas, en fait.
27:39 Et moi non plus, avant de faire mes recherches, je ne savais pas.
27:41 Et j'en parle dans le livre de ce statut complètement hallucinant de fœtus qui, tant
27:46 qu'il n'a pas respiré, tant qu'il n'est pas sorti du ventre, vivant, est encore considéré
27:50 comme une espèce d'objet ou de pièce rapportée à l'intérieur du corps de la
27:56 femme.
27:57 Donc, il y a eu aussi ça, c'est-à-dire des éléments de notre présent qui ont mis
28:06 le livre dans une actualité encore plus forte.
28:08 - Et alors, de manier la mort comme ça, c'est la condition d'un bon polar, la mort est
28:17 là, mais de tuer un de vos personnages, est-ce que ça vous a laissé envisager un jour de
28:23 pouvoir tuer Franck ou Annabelle ?
28:26 Quitte à les faire revivre, un coup de…
28:31 - Oui, c'est comme on fait à Cologne Doyle avec Sherlock Holmes.
28:37 Alors, le jour où je fais ça, je pense que je vais aller chez moi et je ne sors plus
28:40 jamais parce que les lecteurs vont m'attraper.
28:43 C'est pas mal si j'ai besoin de repos.
28:45 Non, alors non, en fait, moi je fonctionne vraiment par livre par livre.
28:52 C'est étrange, mais je ne connais pas le destin de mes personnages.
28:56 C'est-à-dire que là, j'ai fini la faille, je ne sais pas dans un prochain livre comment
29:01 je vais reprendre Charcot-Annabelle, est-ce qu'il va leur arriver ? Enfin, toute l'équipe.
29:05 C'est vraiment au moment où je me pense sur le livre, peut-être que ça dépend aussi
29:09 du sujet, où je me dis, il va se passer ça, et je trace leur parcours de vie dans le livre
29:14 à ce moment-là.
29:15 Mais après, voilà, je vous parlais tout à l'heure que les gens les aimaient beaucoup,
29:21 etc.
29:22 Donc, pour l'instant, non, je n'ai pas cette cruauté encore de m'en prendre à mes personnages.
29:28 En tout cas, c'est de là, mes deux personnages principaux qui ont quand même traversé des
29:32 épreuves très complexes et dont je me dis peut-être un jour, alors non, très longtemps,
29:39 qu'ils auront droit quand même à une vie apaisée et heureuse.
29:42 Peut-être que c'est comme ça que ça se finira, genre série qui finit bien.
29:46 La retraite.
29:47 Oui, la retraite.
29:48 La retraite peut-être pas, parce que dans quatre ou cinq ans, ça sera fini.
29:54 Mais en tout cas, voilà, un droit d'être heureux parce qu'ils auront accompli leur
30:00 mission depuis toutes ces années.
30:02 Très bien.
30:03 En tout cas, on sait que vous êtes capable de n'importe quoi.
30:06 Donc, Charcot et Anne-Belle, on en profite tant qu'ils sont là.
30:08 Alors, la faille, voilà, Fleuve, qui vient de sortir, qui est disponible et qui est très
30:16 haut placé, j'ai vu, dans les ventes.
30:18 Il est dans les meilleures ventes déjà.
30:20 Et puis, Olive de Poche, Labyrinthe, celui de l'an dernier, qui paraît, c'est chez
30:24 Pocket.
30:25 Donc, on vous conseille.
30:26 Merci beaucoup.
30:27 Merci, Franck Thillier.
30:28 À très bientôt.
30:29 C'était un plaisir.
30:30 À bientôt.
30:31 Au revoir.
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