Finlande : "un basculement total après des décennies de neutralité"

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00:00 On reparle des enjeux de cette visite et plus largement de la position finlandaise avec Julien Sauvaget.
00:04 Bonjour Julien, vous êtes grand reporter à France 24.
00:07 Vous revenez justement de Finlande où vous avez effectué une série de reportages avec Clovis Casalie.
00:12 La Finlande, donc ce pays frontalier de la Russie qui a récemment mis fin à sa neutralité historique,
00:17 adhésion donc à l'OTAN en avril dernier, je crois que c'était le 4 avril.
00:21 Depuis, je le disais, des exercices conjoints sont déjà menés avec les membres de l'alliance.
00:27 Cette réorientation stratégique, la population en est satisfaite ?
00:31 Oui, totalement. C'est très impressionnant en fait de voir le basculement total qu'ont effectué les Finlandais
00:37 après des décennies. Cette neutralité militaire qu'ils tenaient depuis quasiment la seconde guerre mondiale
00:44 et surtout durant toute la période de la guerre froide, eh bien a été totalement inversée,
00:50 totalement oubliée du jour au lendemain.
00:52 Nous avons rencontré avec Clovis Casalie avec qui je faisais ce reportage,
00:55 l'ancienne présidente de Finlande de 2000 à 2012, Tarja Halonen, qui nous expliquait qu'avant janvier 2022,
01:04 eh bien tout simplement c'était près de 80% de la population qui refusait cette adhésion à l'OTAN.
01:08 Ils voulaient rester neutres.
01:10 A partir du moment où la Russie enclenche véritablement la guerre contre l'Ukraine en février 2022,
01:15 là c'est 80% de la population qui est favorable à cette adhésion à l'OTAN.
01:20 Alors il y a des raisons, déjà tout simplement peut-être historiques on peut dire,
01:26 puisque les rares fois où la Finlande s'est opposée à ce qu'était à l'époque l'URSS,
01:32 eh bien ils se sont fait battre à plat de couture.
01:34 Ils ont perdu des territoires, notamment l'accès à la mer Arctique au niveau de la Laponie
01:38 ou encore à la frontière Est de la Finlande, la frontière avec la Russie.
01:42 Ils ont perdu du territoire au niveau de la Carélie, près de Saint-Pétersbourg.
01:44 Et c'est un souvenir très présent pour eux, cette adhésion à l'OTAN pour ces Finlandais.
01:49 C'est une assurance, c'est la certitude que désormais s'il y a à nouveau un conflit,
01:54 s'ils sont à nouveau en opposition avec la Russie de Vladimir Poutine,
01:57 eh bien ils ne seront pas seuls face à ce très puissant voisin.
02:01 Et vous avez aussi pu constater que le sentiment anti-russe progresse au sein de la population.
02:07 Ah oui c'est indéniable.
02:08 Lorsque nous sommes arrivés sur place, dès qu'on parlait à des Finlandais,
02:12 ils nous disaient à quel point ils en voulaient, à quel point ils étaient totalement opposés.
02:16 Alors non seulement à la Russie de Vladimir Poutine, à l'État, à ce que représente au gouvernement,
02:20 je dirais, mais aussi à la population.
02:22 Parce qu'ils considèrent en grande majorité que si Vladimir Poutine est toujours en poste,
02:28 c'est bien parce que la population le soutient.
02:30 Et donc cette défiance envers les Russes, elle est notable contre l'État,
02:33 mais aussi contre l'ensemble de la population.
02:36 Et c'est assez surprenant parce qu'en fait, depuis la chute de l'URSS,
02:40 les liens entre les deux pays s'étaient largement développés.
02:44 Il y avait beaucoup d'échanges commerciaux notamment,
02:47 qui ont permis d'ailleurs à la Finlande, entre autres,
02:49 de réussir à avoir un essor économique assez important.
02:52 Ces liens très forts avec la Russie se sont stoppés net.
02:56 Aujourd'hui, il n'y a quasiment plus aucune relation diplomatique.
02:58 Nous sommes aussi rendus à la frontière sur un poste frontière.
03:00 Avant, c'était des centaines, des milliers de voitures qui traversaient ce poste frontière.
03:05 Aujourd'hui, quelques dizaines par jour, la plupart du temps,
03:07 ce sont des binationaux qui se font fouiller leurs voitures
03:10 pour être sûrs qu'ils ne transportent pas des denrées interdites
03:12 ou des choses qui tombent sous les sanctions internationales.
03:16 Et puis, dernier symbole, certainement le plus fort
03:19 que nous avons pu constater sur place, c'est l'érection,
03:22 c'est la mise en place de cette barrière que vous voyez.
03:25 Alors, c'est une barrière 3 mètres de haut avec des barbelés.
03:29 Ils n'ont prévu pour l'instant de n'en faire que sur 200 kilomètres.
03:33 Je vous rappelle que c'est 1300 kilomètres de frontière entre la Finlande et la Russie.
03:37 Tout simplement parce que sur le reste de la frontière,
03:39 ce sont des frontières naturelles, des lagues, des montagnes très difficiles à traverser.
03:44 Alors, cette barrière, qui est véritablement le symbole du divorce consommé entre les deux pays,
03:49 elle n'est pas là pour arrêter d'éventuels chars russes.
03:52 Bien sûr, vous voyez, elle est beaucoup trop légère pour être d'une quelconque aide face à des chars.
03:56 Mais parce que les Finlandais, leur véritable crainte aujourd'hui,
03:59 c'est d'avoir un scénario comme en 2021 entre la Biélorussie et la Pologne.
04:04 La Biélorussie avait utilisé des migrants, massant des milliers de migrants à la frontière
04:08 et les forçant à essayer d'aller en Pologne.
04:10 Les Finlandais, par cette barrière, veulent se protéger d'une utilisation des migrants par le Kremlin
04:16 qui pourrait en masser là aussi des milliers à leur frontière.
04:19 Ils veulent donc se protéger et c'est véritablement un nouveau mur qui se dresse
04:23 entre l'Europe et la Russie, entre l'Infinite Finlande et la Russie.
04:27 Merci beaucoup, Julien Sauvagé, pour toutes ces explications de retour de terrain
04:32 sur ce qui se passe en Finlande et sur le sentiment des Finlandais vis-à-vis de la Russie.
04:38 Et puis à voir sur notre antenne, bien sûr, dès la semaine prochaine,
04:40 une série de reportages que vous avez réalisés avec Clovis Casally.

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