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  • il y a 2 ans
Le député communiste de la 13e des Bouches du Rhône et vice président de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale est l'invité de Rue de la République ...

Vidéo publiée le : 04/06/2023 à 13:00:00

Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/politique/departement/15288/pierre-dharreville-ou-est-la-democratie-.html

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Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans "Rue de la République", une émission encore une fois très politique avec notre invité Pierre Darréville.
00:06 Bonjour Pierre Darréville.
00:07 Bonjour.
00:07 Vous êtes député de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône et vice-président de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale.
00:14 Je suis de côté de Léo Purget, le directeur éditorial, le président de la Marseillaise, pour vous interroger.
00:19 Bonjour Léo.
00:20 On va parler évidemment de cette proposition de loi du groupe Liott,
00:25 qui est censée revenir sur la réforme des retraites avec un psychodrame à l'Assemblée nationale en commission,
00:30 la commission dont vous avez la vice-présidence Pierre Darréville cette semaine.
00:34 Alors on a tout entendu, je regarde magouille, braquage, mauvais perdant, déni démocratique.
00:40 Encore une fois, ça a été vraiment un sacré bazar. Qu'est-ce qui sort de tout ça selon vous ?
00:44 Il y a un affrontement autour de cette question des retraites, autour de cette réforme que le gouvernement a choisi d'imposer
00:52 avec un passage en force qui s'est vérifié à chaque étape.
00:56 Et donc l'enjeu de la commission cette semaine, c'était finalement de savoir si l'Assemblée nationale allait enfin pouvoir voter,
01:03 se prononcer sur notamment cette mesure de recul de l'âge légal. C'était ça l'enjeu.
01:08 Et donc les députés de la majorité avaient décidé que l'Assemblée ne devait pas voter.
01:15 Et donc ils ont supplié, demandé à ce que surtout on utilise tous les moyens possibles pour empêcher qu'un vote ait lieu.
01:22 Voilà, et donc c'est ce qui s'est joué cette semaine. En réalité, pour comprendre ce qui s'est passé,
01:26 ce moment de tension à la commission des affaires sociales, il faut d'abord dire ça.
01:30 Quel était l'enjeu ? Quel était l'objet de la discussion ?
01:33 Donc en réalité, après on peut rentrer un peu dans les détails, mais lorsque un texte arrive à l'Assemblée nationale,
01:40 il est d'abord discuté en commission, et s'il est vidé de sa substance, c'est-à-dire que si, évidemment, il revient...
01:50 Tel cas sur le 64 notamment.
01:52 Voilà, la majorité a décidé de supprimer la mesure principale de ce texte qui visait à revenir sur la loi d'Elisabeth Borne et d'Emmanuel Macron.
02:04 Et donc à partir de là, ça ouvre la voie à ce que la présidente de l'Assemblée nationale refuse qu'on puisse débattre à nouveau de ce sujet au sein de l'hémicycle.
02:14 Ce qui serait quand même assez inédit, parce que jamais, après qu'un débat ait eu lieu,
02:19 après qu'un débat a eu lieu en commission, on a empêché que ce débat puisse se poursuivre en réalité en séance.
02:27 Alors on est confronté quand même à des députés qui s'arrangent pour ne plus avoir de pouvoir.
02:33 Qu'est-ce qui se passe dans cette majorité ? Est-ce qu'elle est atteinte d'un syndrome de Stockholm vis-à-vis du gouvernement ?
02:37 Ouais, je crois qu'il y a une logique de soumission volontaire de la majorité au gouvernement, évidemment.
02:44 Et c'est grave parce qu'en réalité, ils affaiblissent plus encore le Parlement.
02:49 Donc ça déséquilibre des institutions qui sont déjà suffisamment déséquilibrées.
02:53 On croyait que justement cette position un peu de majorité très relative allait revaloriser l'Euro du Parlement finalement.
03:00 C'est vrai qu'on pouvait espérer ça. En réalité, il y a une forme de durcissement.
03:05 On voit que dans la Constitution, dans les institutions, il y a quand même un certain nombre d'outils qui sont mobilisables
03:11 pour contraindre le Parlement et puis pour donner tout le pouvoir à l'exécutif.
03:15 Et je crois que c'est très préoccupant et ça appelle des changements institutionnels. On ne peut pas en rester là.
03:19 On va y venir évidemment, Pierre Darréville. Alors je me fais l'avocat du diable une nouvelle fois
03:23 en citant Elisabeth Borne, la première ministre, qui dit "c'est tout sauf jouer le jeu de la démocratie".
03:28 Cette proposition de loi, c'est une manière de mentir aux Français, c'est jeter inutilement de l'huile sur le feu.
03:35 Elle vous renvoie un peu dans les cornes finalement. C'est son jeu, c'est son rôle.
03:38 Je ne crois pas qu'elle nous renvoie beaucoup dans les cornes parce que tout le monde a compris la mauvaise foi de cette déclaration.
03:44 C'est-à-dire qu'en réalité, elle ne veut surtout pas qu'on en discute et qu'on en rediscute.
03:47 Or, nous pensons quand même que d'abord, contrairement à ce qu'a dit le président de la République,
03:52 cette loi n'a pas eu de cheminement démocratique. Donc ça, c'est une fable que nous raconte la première ministre à son tour
03:57 en disant "regardez, vive la démocratie". Mais elle est où la démocratie, dans la manière dont se sont passées les choses ?
04:02 Elle a disparu au passage quand même. Et ça se vérifie. C'est-à-dire qu'à nouveau, on veut empêcher la délibération.
04:08 Donc bon, franchement, ça n'est pas sérieux. Donc il y a une possibilité d'initiative parlementaire.
04:14 Cette possibilité est saisie par le groupe Lyot. Et la loi, nous l'avons co-signée.
04:19 Moi, je suis co-signataire de cette proposition de loi, qui vise finalement à remettre sur la table un sujet
04:25 qui a été tranché d'une telle façon que seul le président de la République a décidé.
04:29 Pour revenir sur les conditions, c'est vrai qu'il n'y a pas eu de vote, puisque certains, au sein de la DUPES,
04:33 ont empêché ce vote en faisant de l'obstruction à l'époque. Mais bon...
04:36 Non, non, non. C'est le gouvernement qui a créé les conditions du débat parlementaire.
04:40 Et qui a dit "voilà, ça va être contraint, vous aurez à voir, je ne sais plus combien c'était, 8 ou 9 jours de discussion, point barre".
04:46 C'est ça, la décision qui a été prise par le gouvernement. Donc il a créé un cadre contraint.
04:50 Et en plus, il a choisi d'utiliser le 49.3. Je ne sais pas quel était le véritable espace de discussion qui nous était promis.
04:57 Mais il rejoue le film quasiment de la même façon, en mobilisant encore des outils antidémocrates.
05:02 Avec des articles différents.
05:03 Donc bon, il ne faut pas nous raconter d'histoire, en fait.
05:05 Comment qualifieriez-vous la situation ? On était dans une crise sociale, avec un mouvement qui dure depuis des mois.
05:10 C'est devenu une crise politique. Est-ce qu'on glisse vers une crise de régime, avec l'impossibilité de faire fonctionner les institutions ?
05:16 Il y a une crise institutionnelle, ça forcément. C'est-à-dire qu'on mesure que le présidentialisme qui est à l'œuvre dans nos institutions depuis si longtemps,
05:25 s'aggrave de jour en jour, et que ça provoque des dégâts. Et qu'il y a quand même un problème dans le fonctionnement de nos institutions.
05:33 C'est-à-dire qu'on a élu une assemblée, et vous le disiez tout à l'heure, à juste raison, sans majorité absolue.
05:39 On pourrait estimer que ça devrait ouvrir la voie quand même à un peu plus de délibération, à peut-être un peu plus de compromis de la part du gouvernement.
05:48 En réalité, il n'en est rien. Il y a une forme de raidissement, de durcissement, de volonté de continuer sans finalement transiger,
05:58 à appliquer le projet tel que le président de la République l'a dans sa tête.
06:03 Sauf qu'il n'y a pas de légitimité à ça, en réalité. Le signal envoyé par les électrices et les électeurs au moment des élections était beaucoup plus contradictoire.
06:13 Et d'ailleurs, Emmanuel Macron l'avait reconnu lui-même le soir de sa propre élection, et il a rapidement oublié ce qu'il avait dit.
06:19 Donc oui, je crois qu'on est dans une crise démocratique profonde, et que ça doit nous inquiéter.
06:25 Parce qu'on ne peut pas continuer comme ça. C'est-à-dire qu'il faut en réalité trouver les moyens que la volonté populaire puisse se frayer un chemin.
06:32 Alors, on constate à la faveur de ce qui s'est passé que ça n'a pas été le cas.
06:37 — Mais pourtant, les gens ont voté, effectivement, Pierre Darréville, encore une fois. Il y a eu des scrutins. Il y a eu un certain nombre de choses.
06:42 Cette Ve République, aujourd'hui, qui semble plus adaptée, elle a mis fin quand même à la IVe République, avec beaucoup d'instabilité politique
06:48 et un scrutin majoritaire qui était censé dessiner des lignes claires. Est-ce qu'aujourd'hui, c'est pas le mode de scrutin qui n'est plus adapté ?
06:53 Est-ce qu'il ne faudrait pas peut-être passer directement à la proportionnelle, histoire que l'ensemble des courants soient représentés ?
06:58 Même si ça ne fait pas plaisir à certaines personnes, on est bien d'accord ?
07:01 — Oui, oui, bien sûr, la proportionnelle, elle fait partie de la discussion. Mais je pense que c'est vraiment une discussion globale qu'il faut avoir sur les institutions.
07:08 C'est-à-dire que si on se dit « Tiens, on a la baguette magique, on va juste bouger tel ou tel curseur dans nos institutions »,
07:14 je crois qu'on risque de ne pas aboutir aux résultats escomptés. Donc il y a vraiment une logique d'ensemble, une dynamique d'ensemble
07:21 qu'il faut retravailler. Parce qu'en réalité, qu'est-ce qui a pris le dessus ? C'est ce que je disais tout à l'heure.
07:28 C'est le présidentialisme. C'est la place exorbitante du président de la République et de l'élection présidentielle.
07:34 — Surtout depuis qu'il y a plus d'alternance possible avec effectivement les calendriers qui sont calqués les uns sur les autres.
07:38 — Oui, évidemment. La concordance des calendriers, l'inversion du calendrier aussi en faisant d'abord l'élection présidentielle...
07:45 — Plus d'alternance possible. — ...pour faire découler l'élection de la présidentielle. Bon, voilà. Il y a tout ça.
07:49 Mais je pense qu'on a beaucoup de choses à discuter sur l'équilibre des pouvoirs, sur la participation, parce qu'on a besoin de revitaliser la démocratie dans notre pays.
07:57 Voilà. Et tels qu'elles sont, nos institutions ne le permettent pas.
08:00 — Alors il y a quand même, au-delà de ces questions très institutionnelles, une question directe. Est-ce que les Français vont devoir travailler 2 ans de plus ou non ?
08:09 Vous parliez d'expression de la volonté populaire. Elle va revenir dans la rue mardi 6. Mais est-ce qu'il va y avoir un écho à l'Assemblée nationale de cette manifestation ?
08:21 — Il y aura un écho, parce qu'on a rendez-vous le 8 pour examiner cette proposition de loi. Et que l'histoire n'est pas terminée.
08:27 — Alors pour vous, l'histoire n'est pas terminée ? — Bien sûr. Bien sûr. Absolument pas. Pourquoi ? Parce que quel est le plan de la majorité initiale ?
08:34 C'est d'obliger ou de demander à la présidente de l'Assemblée nationale de refuser à ce qu'un amendement qui rétablit le texte initial de la proposition de loi,
08:42 qui vise à abroger le projet de loi gouvernementale, puisse être examiné. Et ça, c'est un geste qui n'est absolument pas écrit d'avance.
08:53 Nous, nous demandons à la présidente de l'Assemblée nationale de faire respecter le Parlement et l'Assemblée nationale, de respecter la cohérence aussi des décisions
09:01 qui sont prises par ces différentes instances, et de permettre tout simplement que cette question soit discutée à l'Assemblée nationale et qu'elle fasse l'objet d'un vote.
09:09 Donc, je crois que la présidente de l'Assemblée nationale a encore le choix. Elle n'est pas obligée de prendre cette décision qui lui est demandée par le gouvernement et par sa majorité.
09:18 Et nous considérons d'ailleurs que si elle ne le fait pas, elle ne défendra pas la place, le poids du Parlement dans nos institutions.
09:25 — Alors cette même Yael Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, a déclaré au Figaro que Sébastien Chenu, député RN, était un excellent vice-président de l'Assemblée nationale.
09:35 Est-ce que vous avez le sentiment qu'elle se choisit finalement une opposition hors du champ républicain ?
09:40 — Le sentiment qu'on a depuis le début de l'aventure macroniste, c'est qu'il y a une volonté finalement d'essayer de supprimer tout véritable débat politique,
09:56 toute véritable possibilité d'alternance, en essayant de se retrouver en permanence face à la menace de l'extrême droite pour pouvoir être élu,
10:05 et de ne laisser le choix qu'entre l'extrême libéralisme et l'extrême droite. Bon. Ça, c'est l'opération macroniste.
10:13 — D'autres l'ont jouée avant. — Oui, oui. C'est pas une invention, d'ailleurs, mais effectivement...
10:17 — Ça serait un baromètre, effectivement. — Voilà. Moi, ce que je pense, c'est que la seule alternative possible, c'est une alternative de gauche.
10:23 Et c'est ce à quoi nous travaillons au sein de la nouvelle Union populaire, écologique et sociale. C'est de faire grandir cette alternative.
10:31 Et donc les manœuvres de la majorité dans son ensemble, du président de la République, de la première ministre,
10:38 pour essayer de renvoyer tout le monde aux ados en disant finalement « Nous sommes les seuls gens responsables dans cette histoire »,
10:44 c'est profondément inquiétant. Et encore une fois, je crois que c'est aussi une manière d'éviter le débat politique
10:50 et d'essayer de discréditer toute autre possibilité. Bon, on a connu ça. Quand Thatcher disait « Il n'y a pas d'alternative »,
10:56 ça remonte quand même aux années 80. C'était déjà une opération de ce type qui était lancée.
11:02 — Alors Pierre Darréville, Léo Purgat l'a évoqué. Les Français vont devoir pour le moment travailler 2 ans de plus.
11:07 Les Français, ils regardent également ce qui se passe actuellement. Et ils ne retiennent finalement que les dégâts sur la vie parlementaire,
11:13 sur la vie politique, avec une opinion publique qui tend un peu soit vers l'abstention, soit vers la radicalisation,
11:19 ce qui peut être également un danger pour la démocratie, peut-être ?
11:23 — En tout cas, moi, je pense qu'on a besoin de construire une perspective politique. Ça se construit.
11:29 Et il faut d'autant plus la construire qu'il faut qu'elle soit l'œuvre des citoyennes et des citoyens eux-mêmes, cette alternative.
11:39 Et donc ce que nous avons besoin de faire à gauche, c'est de mettre des propositions, un projet sur la table, une vision,
11:46 et d'essayer de faire en sorte que le plus possible de femmes et d'hommes s'en emparent pour qu'elles deviennent majoritaires.
11:55 Donc moi, je me bats pour que la politique soit l'affaire de chacune et de chacun, l'affaire de toutes et de tous, que ça soit une affaire populaire.
12:03 C'est ça, l'enjeu. Et donc effectivement, on voit bien qu'il y a aussi un certain nombre de forces qui se satisfont
12:09 de cette forme de discrédit et de crise de confiance qui existe. Donc il y a beaucoup de travail pour essayer de faire en sorte
12:16 que la politique soit vraiment l'affaire des gens. Mais je pense qu'il y a de l'appétit aussi pour ça.
12:20 On a quand même beaucoup... Quand vous regardez le mouvement social...
12:23 — On l'avait vu, en tout cas, au moment de l'émergence du mouvement des Gilets jaunes. Ça s'est pas forcément traduit dans les urnes à paix, en tout cas.
12:28 La volonté de parler, oui. — Oui, bien sûr. Mais je pense qu'il y a aussi une volonté de chercher les moyens de s'emparer
12:33 de la question politique, de participer, de peser sur les choix. Et donc voilà. Je crois qu'il faut aussi s'appuyer là-dessus pour avancer.
12:42 — Il y a une volonté de s'engager pendant le plus fort du mouvement social, avec des syndicats qui ont annoncé pas mal d'adhésion.
12:48 Est-ce que c'est aussi le cas pour les organisations politiques de l'ANUP ?
12:53 — Oui. Je pense qu'il y a un regain d'adhésion, de volonté de s'engager. Je crois que c'est le mot. Et c'est un bon mot que celui-ci.
13:04 Parce qu'on a envie que les choses ne continuent pas à dériver. On a envie de construire l'avenir autrement.
13:12 On a envie de choses positives. On a envie de jours heureux. Voilà. Et donc quand on a envie de tout ça, on pense que ça vaut le coup
13:19 de s'engager avec d'autres. Parce que moi, je crois profondément que la politique, c'est une affaire collective.
13:25 C'est pas simplement, vous voyez, une sorte de casting qu'on fait régulièrement à la présidentielle, où on dit : « Bon ben tiens,
13:32 tel ou tel va nous sauver ». Bon, moi, je crois pas à la politique comme ça. Et en vérité, c'est pas très intéressant.
13:38 — Vous ne faites pas les idées politiques. Vous partagez le mythe du sauveur, en tout cas. On est bien d'accord.
13:42 Qu'est-ce qui va se passer la semaine prochaine ? On est le 8. Une possibilité de censure éventuellement du gouvernement.
13:48 Vous pensez qu'un front uni entre la gauche et qui irait jusqu'au RN peut faire tomber ce gouvernement ? Qu'est-ce que vous souhaitez ?
13:56 — Vous voyez, le mot de « front uni », il est trompeur. Ça voudrait dire qu'il y aurait une sorte de perspective commune,
14:02 qui n'existera pas. C'est un truc... — Mais l'hostilité peut aussi rassembler, éventuellement, Pierre Darié.
14:07 — C'est un truc complètement impossible. En revanche, que l'Assemblée nationale doit se prononcer sur la légitimité du gouvernement
14:15 à continuer... Après, chacun le fait. Chaque député doit le faire en son nom propre. Et moi, je souhaite en tout cas
14:24 qu'à un moment ou un autre, il y ait une sanction pour tout ce qui a été fait, pour l'ensemble de l'œuvre de ce gouvernement.
14:30 Et donc nous avons évidemment dans l'idée... Dans les temps qui viennent, on va voir comment les choses se discutent.
14:37 On va regarder quel est le bon timing. Mais oui, de déposer une motion de censure. Donc moi, je voterai une motion de censure de gauche
14:43 pour battre ce gouvernement et pour montrer le discrédit dans lequel il se trouve. Après, voilà.
14:51 — Alors il a manqué quelques voix, la dernière motion de censure venant de LR. Comment vous analysez les remplacements
14:58 qui ont été imposés dans la commission dans laquelle vous siégez ? Est-ce que finalement, LR est désormais en grande partie dans la majorité ?
15:05 — Je crois qu'LR est surtout dans une posture assez difficile, assez délicate et qu'il n'arrive pas à s'en sortir.
15:14 Et qu'il y a une division en leur sein qui se manifeste. Donc bon, on voit bien qu'ils prêtent leur concours, en tout cas.
15:24 Par exemple, un certain nombre d'entre eux ont prêté leur concours à l'opération en commission. Mais pas tous. D'autres s'y sont opposés.
15:30 Donc voilà. Bon, ça, c'est un débat qui les concerne. Mais je pense qu'ils vont avoir à prendre leurs responsabilités
15:37 dans les temps qui viennent aussi sur des décisions à prendre, des choix à faire. Bon, on verra de quelle façon ils se positionnent.
15:45 Mais ce qui est clair, c'est que le projet Macroniste, c'est un projet dont personne ne peut nier aujourd'hui qu'il est de droite.
15:52 Et donc ça pose une question à la droite républicaine.
15:56 — Comment sortir de tout ça ? Vous parliez effectivement de la motion de censure. Est-ce qu'on l'a vue en Espagne ?
16:03 Il faut des nouvelles élections qui soient convoquées face aux désaveux publics.
16:07 — Moi, vous voyez, je ne demande pas à être dissous. Je fais mon travail. La décision ne m'appartient pas.
16:13 C'est le président de la République qui, de toute manière, peut la prendre. C'est nos institutions qui sont faites comme ça.
16:19 Donc voilà. Mais évidemment, je crois qu'il faut quand même une nouvelle majorité si on veut que les choses changent.
16:24 Bon. Et donc pour qu'il y ait une nouvelle majorité, il faut à un moment donné que les gens soient rappelés aux urnes.
16:31 — Est-ce que là, vous voyez, c'est pas... — J'insuie pas une forme de revendication de ce type.
16:36 Parce que de toute façon, la question se pose pas. C'est pas... La décision, nous ne l'avons pas. Bon, voilà.
16:42 — Est-ce que l'ANUP est prête ? Parce que les dissensions sont visibles en dehors de ce système de retraite.
16:47 — Vous savez, nous avons une grande diversité au sein de l'ANUP. Et en même temps, un grand champ de rassemblement de choses qui nous rassemblent.
16:55 Et c'est notre richesse. Donc si on cherche l'uniformité, on pourra toujours dire qu'elle n'existe pas.
17:03 Je crois que l'uniformité, c'est pas ce que nous cherchons. Voilà. Et parce qu'y compris, il y a une diversité dans l'opinion publique.
17:09 Mais il faut une nouvelle dynamique. C'est ça dont l'ANUP doit être le nom.
17:13 Donc une dynamique, c'est une dynamique qui rassemble des gens qui ont envie de travailler ensemble, de faire des choses ensemble.
17:19 Donc voilà. Si des échéances viennent, on sera prêts. Faut pas s'inquiéter là-dessus.
17:23 Mais pour l'instant, on n'est pas dans ce temps-là. Et donc on est dans la bataille. Et on cherche à faire grandir des aspirations.
17:30 On cherche à faire grandir des projets nouveaux. On cherche à faire grandir évidemment aussi la résistance. Mais pas que la résistance. Voilà.
17:37 Ce que nous voulons, c'est proposer. Donc vous constaterez que nous avons déposé un certain nombre de propositions de loi,
17:42 bien souvent en commun, mais pas seulement en commun, pour faire avancer les choses. Et donc voilà. C'est ça la perspective qu'il faut tracer.
17:48 Donc on veut être au rendez-vous. Et je pense que ça demande effectivement du boulot. Et donc nous essayons de le faire.
17:55 — D'autres sujets, Pierre Darrémule, sur lesquels on pourrait vous entendre assez brièvement. Alors on pourrait faire des émissions entières sur ça.
18:00 Le chômage qui baisse selon la majorité, même si la précarité baisse pas forcément également.
18:05 Et puis l'inflation qui est l'objet de toutes les « luttes » de la part du gouvernement, assez brièvement, s'il vous plaît.
18:12 — Ouais. Bon, d'abord, sur les chiffres du chômage, il y a toujours une discussion. — Il y en a toujours eu.
18:15 — Parce que dans les chiffres qui sont avancés, il n'y a pas tous ceux et celles qui sont concernés par le chômage.
18:20 Et effectivement, ça traduit aussi une augmentation de la précarité et puis un nouveau type d'économie ubérisée...
18:31 — Qu'en ferait mieux, la gauche, en fait ? — ...qui rentre en ligne de compte. Donc après, cela étant dit, il y a quand même des choses qui évoluent.
18:38 Et donc il n'y a pas de raison de ne pas les regarder. Mais bon, voilà. Il y a aussi encore beaucoup de gens qui sont au chômage aujourd'hui.
18:46 — Qu'en ferait mieux ? Comment vous feriez mieux ? — D'abord, je pense qu'il faut commencer par ne pas abîmer le droit à l'assurance-chômage.
18:53 C'est ce qu'a fait le gouvernement à plusieurs reprises et qui veut continuer à faire, là, en mélangeant tout,
18:57 en mélangeant ce qui relève de la protection sociale et ce qui relève de la solidarité nationale.
19:03 Puisque la loi sur France Travail, elle va inclure des dispositions de ce type-là. Après, nous, ce que nous pensons,
19:10 c'est qu'il faut développer de l'emploi pérenne, de l'emploi solide, de l'emploi à durée indéterminée.
19:20 Il faut se donner les moyens de développer de l'emploi public. On manque beaucoup aujourd'hui d'agents de la fonction publique à l'hôpital.
19:28 On en manque dans l'éducation nationale pour faire les choses dont nous avons besoin. Voilà. Et le gouvernement a décidé de ne pas consacrer
19:36 de l'argent public à ça. Et donc il y a des besoins auxquels il n'est pas répondu aujourd'hui. Et donc il faut y faire face.
19:44 Ça demande... Vous voyez, vous m'aurez demandé de vous répondre en quelques instants à une question qui mérite quand même
19:48 que des moments assez longs. Voilà. Donc bon. Mais je pense qu'il y a d'autres...
19:54 — On a entendu « service public », « moins de précarité », effectivement, « emploi plus pérenne »...
19:57 — Oui, « moins de précarité ». — Et ne pas toucher au droit du travail, en tout cas, ou à l'indemnisation des personnes qui sont en demande.
20:02 — Ben non. Et puis surtout, il faut s'attaquer au capital. C'est-à-dire lorsque vous avez des grandes entreprises, des grandes multinationales,
20:08 des grands actionnaires qui s'accaparent des richesses pour ne pas les rendre utiles, eh ben on a un problème.
20:14 Donc il faut rendre cet argent-là utile autrement. Voilà. Après, il y a besoin d'investissements, d'investissements dans notre industrie.
20:20 Un certain nombre d'investissements sont en train de voir le jour. Moi, je m'en félicite. Ça fait des années que je les réclame.
20:25 Donc il faut que ce soit des investissements utiles pour l'environnement et qu'ils soient y compris avec des vertus sociales.
20:30 — Peut-être un message que vous pourriez transmettre au président de la République qui, semble-t-il, a prévu de venir à la fin du mois de juin.
20:35 Merci, Pierre Darréville, d'avoir été en notre compagnie ce dimanche. — Merci à vous.
20:39 Merci à Léo Purgat, également de la Marseillaise.
20:41 Excellente journée à vous tous.

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