Marseille est-elle aux mains d’organisations criminelles ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Virginie Calmels, Michaël Sadoun et Frédéric Ploquin, journaliste grand reporter.

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-05-22##

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Transcript
00:00 Les vraies voix sud radio, le grand débat du jour.
00:03 J'ai entendu une fusillade, j'ai eu au moins 7 coups, et j'ai eu un cadavre.
00:07 Une voiture avec cinq occupants qui sortait d'une boîte de nuit dans l'11e arrondissement de Marseille.
00:14 Ils se sont retrouvés pris dans des tirs d'armes lourdes, on parle de kalachnikovs.
00:20 De toute évidence c'est lié au trafic de drogue, il faut s'attaquer à la racine du mal.
00:25 La population a peur de partout et on voit qu'on est à l'abri nulle part, y compris dans des quartiers résidentiels.
00:30 Il y a nulle part des territoires acharnés, le vent d'état entre ces narcotrafiquants marseillais.
00:35 Nous en sommes à 21 décès depuis le début de l'année, ça fait à peu près un par semaine.
00:40 Dimanche à Marseille, une nouvelle fusillade a coûté la vie à trois hommes dans un quartier résidentiel du 11e arrondissement,
00:46 longtemps épargné par les règlements de comptes sur fond de trafic de drogue.
00:49 Selon les premiers éléments de la police judiciaire, le mode opératoire de cette guerre des gangs semble avoir évolué.
00:54 Écoutez ce qu'a dit la préfète des Bouches de Rhône.
00:57 On est clairement dans un trafic très organisé à Marseille, qui n'est pas un trafic de cités,
01:01 avec des têtes de réseau qui sont peu nombreuses et qui contrôlent une bonne partie du trafic à Marseille.
01:06 Et donc lorsqu'elles se font une guerre comme elles le font là actuellement depuis quelques mois,
01:10 elles font appel à la main d'oeuvre qui est prête à tuer quelqu'un d'autre pour quelques dizaines de milliers d'euros.
01:15 Les têtes de réseau elles sont en fuite, elles ne peuvent plus rester à Marseille parce que la police met la pression
01:20 parce qu'elles savent très bien qu'elles ne peuvent pas rester sur le territoire national.
01:25 Donc elles se sont mises à l'abri dans certains pays. Donc ils vivent une vie de fugitifs.
01:29 Ils peuvent continuer par leur puissance financière à commanditer des assassinats depuis l'étranger.
01:34 Mais il y a sur le territoire national des personnes qui exécutent ces assassinats.
01:38 Et donc nous sommes là pour les interpeller.
01:40 Pour les interpeller mais aussi pour leur couper les vivres et s'attaquer ensemble à leurs intérêts.
01:45 Une nécessité quand on sait que depuis le début de l'année, 21 personnes ont été victimes de ces règlements de comptes.
01:51 On est grosso modo sur une tendance à 50 morts par balle pour l'année à Marseille.
01:56 Alors est-ce que vous pensez que ça va plus loin que le trafic de drogue, que la ville est au bain d'organisations criminelles ?
02:01 Vous vivez à Marseille, vous avez quitté Marseille.
02:03 Venez témoigner, on vous attend au 0826 300 300.
02:07 En tout cas pour la question que l'on vous pose, ceux qui votent sur notre compte Twitter, c'est un grand oui à 93%.
02:11 Et pour en parler, notre invité Frédéric Ploquin est avec nous.
02:14 Journaliste, grand reporter et auteur de "Jacquie le Mat", "Le Parrain", "Le Showbiz" et "Les politiques"
02:19 co-écrit avec Christine Imbert et publié chez Plon.
02:21 Bonsoir Frédéric Ploquin, merci d'être en direct sur Sud Radio.
02:25 Avant de revenir vers vous, Philippe Bilger, le constat est de pire en pire.
02:30 C'est-à-dire qu'on a l'impression d'en parler de semaine en semaine et ça s'accélère finalement.
02:34 Absolument et je fais amende honorable parce qu'il y a un ou deux ans,
02:39 j'en avais tellement assez d'entendre en permanence invoquer la drogue
02:44 comme cause exclusive de l'augmentation de la délinquance et de la criminalité,
02:49 comme si ces gens-là excusaient le reste de la délinquance.
02:54 En fait, j'ai commis une erreur. Je suis obligé de constater, peut-être comme nous tous,
03:00 qu'il y a des mafias, il y a des cités et que si on parvenait en effet à lutter efficacement
03:07 contre la drogue, contre les trafiquants, mais pour ça, et pardon, j'aborde un thème que je ne vais pas prolonger,
03:14 mais il faudrait changer radicalement l'état de droit de mon point de vue,
03:18 eh bien on parviendrait à éradiquer une certaine forme de délinquance
03:24 qui est à la source des crimes et probablement même de la délinquance au quotidien.
03:30 Mais on en est loin et j'ai le sentiment que le pouvoir donne l'impression d'une impuissance,
03:36 peut-être parce que la tâche est insurmontable ou peut-être est-il lui-même assez incompétent dans le domaine.
03:42 - Virginie Kelmel, vous qui avez été maire adjointe d'une grande ville de France, Bordeaux,
03:47 vous dites "Marseille, c'est un autre monde".
03:49 - Oui, alors Bordeaux, en plus, à l'époque où j'étais élue et où Alain Juppé a été maire pendant des années,
03:54 c'était une des villes les plus sécures de France.
03:56 Donc forcément, on avait effectivement l'impression que c'était un autre monde.
03:59 Pour autant, même à Bordeaux, il y a une délinquance qui est en train de s'installer.
04:03 Donc je pense que par rapport à ça, il faut prendre des mesures le plus en amont possible.
04:08 Déjà, moi je crois à la prévention et le plus en amont, je fais partie de ceux qui croient qu'il faut de la surveillance par vidéo,
04:15 qu'il faut de la dissuasion et que la vidéosurveillance est une façon aussi d'aller dans la dissuasion et de mettre des garde-fous.
04:24 Après, j'ai quand même un questionnement personnel, mais que je pense beaucoup ont,
04:29 c'est finalement pourquoi autant d'aveux d'impuissance depuis aussi longtemps ?
04:34 On a un peu le sentiment qu'on a voulu laisser, peut-être au nom de la paix sociale,
04:40 on a voulu laisser des trafics s'installer en se disant que si on allait à l'encontre de ces trafics,
04:47 on allait justement créer une sorte de guerre civile ou en tout cas mettre le feu aux banlieues,
04:52 parce qu'il n'y a pas que Marseille, on peut parler des banlieues au sens large.
04:56 Et aujourd'hui, je crois que quand même, là, il serait temps de se rendre compte que peut-être au contraire,
05:02 que de lutter contre ces trafics sera in fine moins coûteux, y compris si ça doit être dans la douleur,
05:09 que de laisser faire avec des morts qu'on est en train de compter par dizaines, centaines, c'est insupportable.
05:16 Donc il me semble qu'il faut du courage et faire ce que d'autres ont fait.
05:21 New York l'avait fait à une époque, ça se fait îlot par îlot, cave par cave, et à un moment donné,
05:26 il faut peut-être démanteler des réseaux qui ne sont peut-être pas que de la drogue, des armes, de beaucoup de choses.
05:31 Et il me semble qu'il est temps de passer à l'action.
05:33 Oui mais démanteler, forcément, à un moment donné, il se reforme systématiquement, Michael Isadoun,
05:38 donc c'est un effet de rebond à chaque fois.
05:41 Mais peut-être qu'on n'apporte pas la bonne solution du point de vue judiciaire,
05:46 parce qu'on peut mettre toutes les caméras ou la police, les gens demandent plus de bleu dans la rue, d'accord ?
05:50 Samia Ghali demande même l'armée dans la rue.
05:53 Mais s'il n'y a pas de réponse judiciaire en aval, que les gens ne sont pas condamnés,
05:57 qu'il n'y a pas une meilleure utilisation de la prison pour des peines courtes,
06:00 comme ça peut se faire dans les pays du Nord, qu'on n'a pas cette politique du tolérance zéro
06:04 qui a été appliquée par Giuliani à New York et qui a été efficace,
06:07 ça ne sert à rien d'envoyer plus de policiers.
06:10 Alors en effet, ça peut rassurer la population, parce que c'est sûr qu'avec 21 morts depuis le début de l'année
06:15 et des fusillades qui sont quotidiennes, la population, elle, a peur.
06:18 Il y a des témoignages de gens qui habitent à 100 mètres des écoles
06:22 et qui accompagnent leurs enfants en voiture parce qu'ils ont peur qu'il arrive quelque chose.
06:26 D'autant plus que ce phénomène est ancien, parce que c'était la mafia corso-marseillaise,
06:31 mais maintenant ça change un petit peu,
06:33 les gens qui viennent de l'immigration récente reprennent la tête de ces réseaux petit à petit.
06:38 Mais ce qui est nouveau, c'est quand même l'extension géographique.
06:41 Maintenant on sait qu'ils recrutent les choufs, les trafiquants de toute la France
06:45 et qu'ils font des appels d'offres massifs.
06:47 La préfète des Bouches-du-Rhône en a parlé, c'est un phénomène qui est en train de s'étendre.
06:50 Il y a une extension dans le profil des victimes, puisque maintenant,
06:53 ne pas participer à ces trafics n'est plus une garantie qu'on ne va pas être touché par ce genre de fusillade.
06:58 Et puis on a vu aussi les violences qui se multipliaient dans différents territoires,
07:02 à Villerupte, à Cavaillon, à Nantes, donc ça n'est pas qu'à Marseille
07:05 et je pense qu'il faut répondre avec une justice extrêmement ferme.
07:08 Frédéric Ploquin, d'abord merci d'être avec nous.
07:11 Quand on regarde le trafic de drogue, le problème c'est que ça touche tout le monde.
07:14 C'est-à-dire qu'il y a des enfants de 7 ans, de 14 ans, des adultes, des étrangers.
07:19 Comment réguler tout ça ?
07:21 Ça devient très compliqué, même en matière de législation.
07:25 La première chose que je voudrais dire, c'est répondre à Philippe Dijer tout à l'heure,
07:32 qui a complété ce qu'il a dit en disant qu'effectivement, aujourd'hui,
07:36 le trafic de stupéfiants, la drogue, est le moteur nucléaire, la matrice du crime en France.
07:43 C'est-à-dire que c'est le cœur.
07:45 Il a effectivement raison de faire ce méa culpa, c'est qu'aujourd'hui, on en est là.
07:51 La drogue est au carrefour de l'intégralité des autres crimes et délits,
07:55 que ce soit les assassinats, les tentatives d'assassinat,
08:00 les enlèvements en, avec séquestration souvent, la corruption.
08:06 Je rappelle que l'argent de la drogue est tellement important.
08:09 La drogue génère tellement d'argent qu'elle est à l'origine d'une nouvelle corruption en France,
08:16 notamment, et pas qu'en Colombie ou au Sénégal,
08:19 puisque cette corruption touche à la fois tous les maillons,
08:22 si vous voulez, que les trafiquants rencontrent sur leur chemin.
08:25 C'est-à-dire qu'elle peut frapper aussi bien les dockers que les bagagistes des aéroports,
08:31 que les policiers, que les élus locaux.
08:34 Pour confirmer cela, c'est-à-dire qu'effectivement, la drogue engendre et génère,
08:40 sans compter ceux qui sont obligés de cambrioler pour se payer,
08:46 ça c'est plutôt pour ce qui concerne l'héroïne ou le crack, des drogues plus dures.
08:51 Donc à tous les niveaux du spectre, je pense que le gouvernement
08:55 et les ministres successifs de l'intérieur ont raison de considérer la drogue
08:59 comme le fléau numéro un principal.
09:02 Ensuite, pour répondre à la mairesse qui s'exprimait tout à l'heure,
09:05 je suis parfaitement d'accord.
09:07 J'étudie ce phénomène depuis une quarantaine d'années,
09:10 et j'ai vu de près, dans un certain nombre de régions, de secteurs,
09:14 j'ai vu de près des élus locaux considérer qu'il était plus sain, provisoirement,
09:20 de pactiser avec des éléments issus de ce crime organisé,
09:26 de passer des accords, peut-être pour faire venir à l'occasion,
09:29 vers les urnes, des personnes qui ne venaient plus,
09:32 et donc se faire réélire pour un deuxième mandat.
09:35 Bref, il y a eu cette tentation d'acheter la paix sociale,
09:39 et au final, qu'est-ce que récoltent ceux qui ont cru pouvoir acheter cette tranquillité ?
09:45 Ils récoltent le chaos total, c'est-à-dire que la drogue n'est pas ce qu'ils croyaient,
09:51 les phénomènes criminels qui sont derrière la drogue,
09:54 ils se sont complètement trompés, gourés sur l'analyse qu'ils ont faite de ces phénomènes.
09:58 La drogue renverse tout sur son passage,
10:01 et effectivement, aujourd'hui, on peut considérer que le chaos que la drogue sème
10:06 dans les pays producteurs, Colombie, Pérou,
10:09 la Colombie est en guerre civile depuis 40 ans,
10:12 dans les pays de transit,
10:14 elle est aujourd'hui au pied de nos quartiers, de nos cités,
10:19 où se vend le produit stupéfiant,
10:21 et là où on avait peut-être il y a 30-40 ans encore des points de deal un peu pépères, tranquilles,
10:27 aujourd'hui c'est la guerre partout,
10:29 pourquoi ? Parce qu'il y a notamment la manne de la cocaïne
10:33 qui débarque et déferle sur la France,
10:35 la cocaïne c'est un produit qui rapporte beaucoup plus que le cannabis,
10:38 et donc ça génère tellement d'argent que ça les rend complètement fous.
10:42 Et ça débarque en ruralité aussi, Frédéric Pauclin.
10:46 Ah ça c'est autre chose, mais déjà, finir là-dessus,
10:48 il y a aussi ce rajeunissement,
10:50 j'en ai plus autant de Jacky Le Mat et de ces vieux voyous que Philippe Biget,
10:54 je les ai connus intimement !
10:58 En France, en Suisse, dans lesquelles il intervenait comme avocat général,
11:01 où là on pouvait discuter poliment, calmement,
11:04 avec des individus qui avaient passé leur carrière dans le grand monétisme,
11:07 qui avaient côtoyé des notables, qui avaient côtoyé des élus locaux,
11:10 et qui s'exprimaient au devant.
11:12 Très bien, mais aujourd'hui on n'est plus du tout là-dedans,
11:14 on est face à des individus qui savent pertinemment qu'ils vont mourir à 25 ans,
11:18 26 ans, 27 ans peut-être pour les plus âgés,
11:21 qui grillent comme ça la vie à une vitesse folle,
11:24 et qui en plus sont rendus fous par les réseaux sociaux,
11:29 qui consistent à...
11:31 ça ne rend pas fous que les criminels,
11:33 il y a plein de gens qui se mettent en scène en permanence,
11:35 mais eux, ils mettent en scène en permanence leur propre violence,
11:38 ils sont fascinés par leur propre violence,
11:40 qui devient de plus leur ultra-violence.
11:43 Ce qui se passe avec Mathéo F, le tueur à gage de 18 ans,
11:47 qui se met en scène régulièrement,
11:49 et qui peut 0826...
11:51 Juste comme je le rappelle, comme Mohamed Merah,
11:53 le terroriste,
11:55 qui allait commettre ces crimes,
11:57 c'est une génération qui est née dans cette foulée-là,
11:59 qui allait commettre ces actes barbares,
12:01 on va dire avec une GoPro sur le casque,
12:04 pour justement pouvoir...
12:06 ça ressemble un petit peu à ça,
12:08 ça a démarré comme ça dans les années 2015, je dirais,
12:11 et aujourd'hui on arrive à un summum de cette mise en scène,
12:15 à se demander même parfois si un jeune comme celui-ci, de 18 ans,
12:19 sait vraiment qu'il est dans le réel et pas dans un jeu vidéo.
12:22 – Frédéric, ça réagit au 0826-300-300,
12:25 notre auditeur du jour, Renaud, bonsoir, qu'est-ce que vous en pensez ?
12:29 Est-ce que pour vous, Marseille est aux mains d'organisations criminelles ?
12:33 – Clairement, oui, je suis assez d'accord avec l'ensemble des vrais voix,
12:38 mais moi je vais rajouter quelque chose,
12:41 ça fait des années que les gouvernements successifs pratiquent
12:46 ce que j'appelle moi la politique de l'eau de ruche,
12:48 en mettant la tête dans le sable et en faisant quelques actions,
12:51 coups de poing une fois de temps en temps, par-ci par-là.
12:54 Je vais rappeler une chose que j'avais dit à une époque
12:57 sur l'antenne de Sud Radio, quand en matinale
13:00 était reçu un ancien responsable de la police,
13:04 où j'évoquais le fait, notamment à Toulouse,
13:07 dans un quartier, Bagatelle pour ne pas le nommer,
13:09 où en face, sur la place commerçante, il y avait du trafic de cannabis,
13:14 juste devant les commerces, ce qui empêchait les riverains
13:20 et les clients des commerces d'aller faire leurs achats.
13:23 Et quand ces gens-là allaient au commissariat du quartier
13:26 pour prévenir effectivement que ce n'était pas possible
13:29 et que ça ne pouvait pas continuer, les policiers du quartier disaient
13:33 "écoutez, nous on ne peut pas bouger, on a l'ordre de ne pas bouger
13:36 pour éviter les problèmes dans le quartier".
13:38 Donc effectivement, la paix sociale, on est en pleine danse.
13:42 Quand on voit qu'aujourd'hui, notamment à Marseille,
13:44 il y a des armes de style Kalachnikov et autres,
13:50 à un moment donné, ce n'est plus possible.
13:52 Il faut envoyer la police, il faut envoyer l'armée
13:58 et faire appliquer tout simplement la loi,
14:00 parce que la loi, je le dis, elle n'est pas appliquée.
14:02 - Ne bougez pas Renaud, une petite relance de philosophie déjà.
14:05 - Je voulais demander à Frédéric Ploquin,
14:08 je ne suis pas totalement d'accord avec Michael Zadoun,
14:11 bien sûr on peut pointer une responsabilité du judiciaire,
14:15 mais pour ces trafics-là, encore faudrait-il que le judiciaire soit saisi.
14:20 Et quand il est saisi, il y a une forme d'impuissance.
14:23 Mais ma question Frédéric, c'était, est-ce que,
14:27 je pense au film "Back North" qui est un film admirable,
14:31 parce qu'il montre la difficulté qu'on aurait pour reprendre possession de ces cités,
14:37 est-ce que ça pourrait être une solution si on avait une police outillée de la sorte ?
14:42 - Alors Frédéric Ploquin court parce qu'on nous appelle de Marseille.
14:46 - Écoutez, de toute façon, quand vous interrogez les policiers
14:50 qui sont en poste sur le terrain, ils vous disent tous que
14:53 la présence policière dans les quartiers, elle est importante,
14:57 qu'au contraire il faut la renforcer.
14:59 Effectivement, sur le terrain, quand vous mettez une compagnie de CRS,
15:02 c'est provisoire, mais si vous renforcez aussi bien les BAC
15:06 que les services généraux des commissariats de police locaux,
15:10 vous empêchez la graine de s'installer.
15:14 Parce que si vous voulez, le haut du spectre de la police judiciaire,
15:17 elle intervient sur les grands réseaux internationaux.
15:19 Mais à la base, au départ, la petite histoire qui se joue sur le terrain,
15:22 c'est celle de quelques jeunes qui se disent,
15:25 "Finalement, il n'y a pas beaucoup de policiers, on va s'installer là,
15:27 on va planter un petit point de vie."
15:29 C'est ce qui s'est passé dans un quartier de Marseille,
15:32 notamment récemment.
15:33 Et là, je sais que la police locale, le commissariat du point,
15:37 par sa présence, avait réussi à neutraliser l'émergence
15:40 d'un nouveau point de vie.
15:41 Mais si vous les laissez faire, comme ça a été fait depuis…
15:43 – Des années.
15:44 – Moi, j'ai enquêté sur des points de vie,
15:46 où je suis allé interroger des trafiquants qui les tenaient,
15:48 et qui m'ont dit, "Mais attendez, c'est mon grand frère qui les tenait,
15:50 puis quasiment à l'envers."
15:52 – C'est ça, c'est le double père en fils.
15:54 – C'est une fédération qui tenait les mêmes points,
15:56 et qui considérait qu'ils étaient chez eux.
15:59 – On part à Marseille, bonsoir Christophe.
16:01 – Oui, bonsoir.
16:02 – Alors, vous qui vivez à Marseille, qu'est-ce que vous en pensez ?
16:05 Est-ce que Marseille est aux mains d'organisations criminelles ?
16:07 Vous avez peur, vous, en vivant à Marseille ?
16:09 – Pas du tout, pas du tout.
16:11 Non, pas du tout, il y a une tension dans le regard, dans les faits, etc.
16:15 Mais bon, Marseille, il reste quand même une ville assez tranquille.
16:18 Par contre, après, au niveau des subventions,
16:20 il est vrai que ça, c'est impressionnant.
16:22 Je suis consommateur, je le dis.
16:25 Et je suis, même moi, je suis quand même scandalisé,
16:29 même outré de la facilité de trouver des choses.
16:32 Il y en a partout, de partout.
16:34 – Je peux vous poser une question, Christophe ?
16:36 Quand vous voyez ce qu'il se passe, les assassinats,
16:40 d'être consommateur, vous n'avez pas l'impression,
16:43 justement, de jouer dans le jeu de ces gens-là ?
16:45 – Non, du tout, du tout, du tout.
16:47 – Un petit peu quand même, je ne donne pas de leçon à l'armée.
16:50 – Vous leur faites gagner de l'argent ?
16:52 – Oui, oui, non, mais ça c'est à essayer.
16:54 Après, bon, on ne va pas…
16:56 Là, après, le règlement de comptes, c'est entre bandes organisées, etc.
17:00 Ça, je ne sais pas trop comment ça se passe,
17:02 mais même au jour, dans les cités, vous voyez, par exemple,
17:04 quand vous voyez McDord, ça ne se passe pas du tout comme ça dans Marseille.
17:06 Il est vrai que dans certaines cités, il est difficile de rentrer,
17:08 vous avez des gros points de contrôle, etc.
17:11 Mais il n'y a pas cette énorme tension.
17:13 Après, réellement, voilà, pour aider,
17:17 il faudrait tirer mon chapeau à la police, quand même.
17:19 Ils travaillent énormément, je vous garantis,
17:21 ils concourissent tout le monde en Marseille, toutes les cités.
17:23 – Merci beaucoup, parce que bientôt, ils vont s'attaquer à ceux qui consomment.
17:26 Faites attention, quand même, pour vous.
17:28 – Oui, mais c'est… – C'est le jeu ?
17:30 – Vous savez, le problème, ce n'est pas tant le consommateur qu'il faut attaquer,
17:32 ça c'est la facilité. – Ah ben si, un petit peu quand même,
17:34 c'est Christophe.
17:36 Sans consommateur, il n'y a pas de drogue.
17:38 – Exactement, quand on sanctionne, voilà, je dis,
17:40 si on se fait attraper, on est sanctionné, je suis d'accord.
17:43 Mais le problème, ce n'est pas la sanction, c'est quand vous voyez,
17:45 la facilité, c'est qu'ils viennent de partout, on vous en propose de partout,
17:47 vous voyez, le problème, c'est que même quand vous avez une mentalité assez forte,
17:50 ça rentre de partout, maintenant vous avez de nouveaux phénomènes.
17:52 – Non, mais Christophe, je ne peux pas vous laisser dire ça.
17:55 Nous, on habite dans des grandes villes.
17:57 – À Paris, on en trouve aussi facilement.
17:59 – On en trouve partout, ce n'est pas pour ça qu'on se drogue.
18:01 – On n'est pas obligés d'en prendre.
18:03 – Ah non, non, non, ne dis pas ça, ne tournez pas de moi.
18:06 Moi, j'ai fait une comparaison entre quand j'étais jeune,
18:08 et maintenant, parce que j'ai plus de 50 ans,
18:11 quand j'étais jeune, les réseaux dans les cités, etc.
18:13 c'était tenu par des mecs de quartier, par des gens, etc. qui tenaient la poignée.
18:16 Maintenant, dans les cités, ce n'est plus du tout des réseaux de cités.
18:19 Les jeunes qu'il y a, ils changent tous les 15 jours.
18:22 C'est des gens qui viennent de Paris, de n'importe où,
18:24 la plupart du temps, ce sont des gamins.
18:26 Mais ce sont des gamins.
18:27 La dernière fois, il y avait un gamin de 11 ans.
18:29 – Oui, c'est ce qu'il y a de plus.
18:31 – Je suis choqué, je suis parti, vous voyez.
18:33 – Merci beaucoup Christophe, parce qu'on est très en retard.
18:36 Merci beaucoup, parce que ça mériterait forcément des débats beaucoup plus longs.
18:41 Merci beaucoup Frédéric Ploquin d'avoir été avec nous,
18:43 un journaliste, un reporter et auteur de "Jacquie Le Mat",
18:45 "Le Parrain", "Le Showbiz" et "Les politiques",
18:48 co-écrit avec Christine Imbert, publié chez Plonlisé.
18:51 Les livres de Frédéric Ploquin sont excellentissimes.
18:54 Merci beaucoup en tout cas d'avoir été avec nous.
18:56 – Merci à vous.
18:57 – Vous pouvez continuer de commenter, bien entendu.
18:59 Et on revient dans un instant, c'est "Les vraies voix" jusqu'à 19h.
19:02 A tout de suite.

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