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00:00 Sud Radio, les Incorrectibles, Eric Morillaud
00:05 Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouveau numéro des Incorrectibles,
00:08 comme chaque semaine avant d'accueillir notre invité,
00:10 je vous présente les journalistes qui vont m'accompagner pendant toute cette émission.
00:14 Alors ce dimanche c'est Véronique Jacquier que nos éditeurs connaissent bien
00:18 puisqu'elle est journaliste politique dans la matinale de Sud Radio,
00:21 mais aussi l'auteur, je le précise, d'un dernier ouvrage que je vous recommande chaudement
00:25 sur François Fillon intitulé "L'homme qui ne voulait pas être président" aux éditions de l'Artilleur.
00:30 Bonjour Véronique, soyez la bienvenue, on est ravis de vous accueillir.
00:33 Bonjour Eric et bonjour à tous évidemment.
00:35 Alors également à nos côtés Jacques de Guibon, journaliste à l'Incorrect,
00:38 bonjour Jacques, on ne le présente plus.
00:40 Nous sommes ensemble pour une heure également en simultanée,
00:42 vidéo sur Facebook et c'est parti pour les Incorrectibles.
00:45 Sud Radio, les Incorrectibles, Eric Morillaud
00:51 Alors notre invité aujourd'hui vient de Normandie, c'est un homme de loi,
00:54 il est plus précisément avocat inscrit au barreau de Rouen.
00:57 Il maîtrise le sujet et le verbe avec habileté,
01:00 ce qui lui a valu d'être finaliste du concours d'éloquence d'e-conférence du stage.
01:04 C'était en 2014, vous êtes âgé encore de 32 ans, c'est ça si je ne me trompe ?
01:08 Vous êtes le porte-parole du mouvement des Gilets jaunes à Rouen donc,
01:11 et depuis la mi-décembre vous écumez les plateaux de télévision
01:13 et les studios de radio pour faire entendre leurs voix notamment.
01:16 Vous êtes l'auteur d'un appel à la grève générale illimitée
01:19 qui a été lancé le 5 février dernier.
01:21 François Boulot, bonjour.
01:22 Bonjour à vous.
01:23 Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:24 Alors nous sommes au lendemain de l'acte XIII déjà, et oui, des Gilets jaunes.
01:28 Vous avez lancé, donc je le disais, mardi dernier un appel à la grève générale illimitée.
01:32 Est-ce que vous pouvez rappeler à nos auditeurs le contexte de cet appel à la grève ?
01:36 Comment en êtes-vous arrivé à cette décision, François Boulot ?
01:39 Oui bien sûr, pour ce qui concerne les Gilets jaunes à Rouen,
01:42 en réalité très rapidement, dans les premières réunions publiques
01:44 dans lesquelles j'ai eu l'occasion de prendre la parole,
01:46 j'avais indiqué que la stratégie et l'objectif
01:50 étaient, pour gagner le rapport de force politique qui se joue aujourd'hui,
01:54 d'arriver à un blocage de l'économie,
01:56 puisque malheureusement le pouvoir exécutif n'entend que cela,
01:59 et pour enfin pouvoir aboutir à nos revendications.
02:03 Pour bloquer l'économie, vous avez deux possibilités.
02:06 Soit vous bloquez la consommation, soit vous bloquez la production.
02:08 La consommation, c'est ce qui a été fait dès le début du mouvement,
02:10 avec les barrages filtrants, les opérations péages gratuits,
02:13 les blocages de zones commerciales.
02:16 Toutes ces actions sont illégales, si bien que vous ne pouvez pas les enraciner,
02:19 évidemment les forces de l'ordre interviennent et délogent.
02:21 J'avais expliqué dès le départ que le seul moyen légal qui demeure,
02:25 en réalité, c'est la grève.
02:27 Par ce moyen-là, vous pouvez parvenir.
02:29 C'est le seul moyen selon vous véritablement efficace ?
02:31 Il n'y en a pas d'autres ?
02:32 Oui, en termes d'action.
02:33 Le mouvement se compose de deux jambes.
02:35 Il marche sur deux jambes et vous avez l'action,
02:37 avec l'objectif de bloquer l'économie.
02:39 Vous avez la communication pour continuer à fédérer
02:43 la plus large partie de la population.
02:45 Les Français comprennent que le mouvement a vocation
02:48 à se battre pour les intérêts de tout le monde.
02:50 Ce que je résume sous la formule des 99%.
02:52 Mais effectivement, dans l'action,
02:54 je pense que le seul moyen de s'enraciner
02:56 et d'arriver à un blocage de l'économie
02:58 pour qu'enfin le pouvoir exécutif entende,
03:00 c'est la grève.
03:01 C'est le sens de l'appel que nous avons lancé
03:03 en se basant sur l'appel des syndicats et notamment de la CGT.
03:08 Mais ça n'a pas été un grand succès quand même, cette grève le 5 février.
03:11 Pardonnez-moi.
03:12 En termes de mobilisation,
03:14 pour un 5 février arriver à mobiliser 300 000 personnes,
03:17 c'est quand même déjà très encourageant.
03:19 Attendez, ce sont les chiffres de la CGT.
03:21 Oui, tout à fait.
03:22 Le 6 février c'est mieux en général.
03:24 Mais est-ce qu'il n'y a pas un problème de sociologie pour la grève ?
03:27 Parce que là, ce ne sont pas des ouvriers comme on en avait en 1936,
03:30 ce sont des petits patrons, des commerçants, etc.
03:32 Les Gilets jaunes, est-ce que ce sont des gens
03:34 qui ne sont pas habitués à faire la grève,
03:36 qui surtout n'ont pas les moyens de la faire
03:38 puisqu'ils s'appauvrissent eux-mêmes en la faisant ?
03:40 Est-ce que ce n'est pas ça le souci ?
03:42 De toute façon, bien sûr, quand vous parlez du fait
03:44 que ce ne serait pas un succès,
03:46 c'est évidemment que c'est très compliqué de se mettre en grève
03:48 parce que, vous l'avez compris, les gens se battent pour leur pouvoir d'achat
03:50 et quand on fait grève, on ne touche pas son salaire.
03:52 Donc là, vous répondez à Véronique.
03:54 Oui, je prends les questions dans l'ordre.
03:56 Ensuite, il y a une volonté d'enraciner le mouvement par la grève.
04:01 Vous avez les petits commerçants,
04:03 mais vous avez également des salariés qui sont Gilets jaunes.
04:05 Je rappelle que ça rassemble vraiment toute la classe moyenne.
04:08 Oui, mais attendez, il y a une contradiction dans ce que vous dites
04:10 parce que vous avez inventé quelque chose de nouveau,
04:12 la mobilisation tous les samedis.
04:14 Vous avez dit que vous n'allez pas faire le mien de déposer une RTT
04:16 ou de déposer une journée et donc de perdre une journée de salaire.
04:19 Vous êtes en train de nous dire, oui, il faut quand même accepter d'aller plus loin.
04:22 Mais pourquoi ? Puisque le samedi, ça marche.
04:24 Oui, ça marche tellement bien.
04:26 Alors, qu'avons-nous obtenu, Madame, depuis le début ?
04:29 C'est la question que je vous pose.
04:31 Est-ce que vous n'en êtes pas manifesté pour manifester ?
04:33 Est-ce que la grève générale, ce n'est pas une surenchère,
04:35 mais qui vous mène dans le mur ?
04:37 Puisqu'elle n'est pas, quand même, excusez-moi,
04:39 elle n'est pas terriblement bien suivie.
04:41 La première chose, c'est que la stratégie de la grève n'a pas vocation
04:44 à se substituer à toutes les autres formes d'action
04:46 qui ont été utilisées depuis le début du mouvement.
04:48 Donc, les mobilisations du samedi continueront
04:51 si les Gilets jaunes veulent continuer.
04:53 Il s'agit simplement d'essayer d'amplifier le rapport de force politique
04:56 qui se joue.
04:58 Et par conséquent, vous avez dit que c'était un échec.
05:02 Moi, je pense qu'au contraire, c'est très encourageant.
05:04 Un mois de février, ce n'est quand même pas la période idéale
05:07 pour lancer la grève générale illimitée.
05:09 Nous l'avons fait pour essayer de se compter,
05:12 voir combien nous étions.
05:13 Je pense que les chiffres sont très encourageants.
05:15 Et je dis que dans les jours et les semaines à venir,
05:17 nous allons continuer à construire
05:19 cette volonté de parvenir à la grève générale.
05:22 Nous avons déjà réussi...
05:24 Vous n'avez pas peur que le mouvement s'éteigne ?
05:26 Non, pas du tout.
05:27 Je crois déjà que c'était une réussite,
05:29 en ce sens que nous avons opéré une alliance d'opportunités
05:33 avec les syndicats, ce qui n'était pas forcément gagné.
05:35 Là, si j'étais, pas tous les syndicats, loin de là.
05:37 Oui, bien sûr, mais bon, on ne compte pas faire une alliance
05:39 avec la CFDT, vous voyez.
05:41 Non, mais les forces ouvrières,
05:43 ils sont à vous suivre aussi.
05:45 Toute la difficulté est là, c'est qu'on a très peu confiance
05:49 dans les organisations au niveau national des syndicats.
05:53 En revanche, nous savons fort bien quel est le courage,
05:55 la détermination et la mobilisation des syndiqués sur les bases.
05:58 Et donc, c'est pour ça qu'il faut prendre le temps
06:00 de construire un dialogue, de voir que nous convergeons
06:02 sur le sens des revendications qui tendent à dénoncer
06:04 l'injustice fiscale et sociale.
06:06 Mais évidemment, tout cela prend du temps.
06:08 Mais nous avons un horizon et nous allons continuer
06:11 à construire ce rapport de force.
06:13 Quelles sont les réponses que vous avez eues des ronds-points,
06:15 pour l'instant, à cet appel à la grève générale ?
06:17 Est-ce que vous pouvez les évaluer ?
06:18 Oui, alors je peux essayer de les évaluer via l'un des canals
06:22 que j'utilise, qui est la page Facebook.
06:24 Et j'ai eu des retours très positifs, des gens qui,
06:26 effectivement, se disent que c'est ce moyen-là
06:29 qui, à terme, permettra de remporter la victoire
06:31 et de gagner le rapport de force.
06:33 Maintenant, comme je le dis, ça n'a pas vocation à se substituer
06:36 aux autres modes de mobilisation.
06:38 Mais il faut que nous travaillions à parvenir à ce but,
06:42 à cet objectif de grève générale illimitée.
06:44 Mais il est évident que, dans l'histoire, nous savons fort bien
06:46 que nous arrivions plus tôt à cet objectif,
06:49 au mois d'avril ou au mois de mai.
06:51 Mais alors, avec cette idée aussi de grève générale illimitée,
06:53 vous n'avez pas peur de créer vraiment ras-le-bol
06:55 parmi les citoyens, que ce soit contre-productif, quand même ?
06:58 En plus, le samedi, c'est un jour de repos,
07:01 on le disait pour la plupart des gens.
07:03 Est-ce que vous ne croyez pas que ça peut avoir un effet ?
07:05 Ça renvoie à la question qui a été posée.
07:07 C'est un sacrifice à faire aujourd'hui pour un avenir meilleur demain.
07:09 Voilà l'objectif aujourd'hui.
07:11 Parce que plus la politique que nous subissons aujourd'hui
07:13 depuis des années continue à être menée,
07:15 et plus les gens s'appauvrissent.
07:17 C'est déjà très dur aujourd'hui.
07:19 Tout le monde en a bien conscience de se mobiliser.
07:21 Mais plus nous attendrons, et plus ce sera difficile
07:23 de se mobiliser, parce qu'ils vont continuer à nous faire les poches,
07:25 et notamment à commencer par la réforme du régime des retraites,
07:27 qui va impacter tout le monde de manière extrêmement négative.
07:30 Je pense que tout le monde l'a compris.
07:32 Oui, mais si on regarde les faits maintenant,
07:34 est-ce que vous ne vous mobilisez pas contre la précarité,
07:36 mais en engendrant plus de précarité ?
07:38 Il y a le Premier ministre qui s'est déplacé à Bordeaux
07:40 et qui a annoncé un fonds pour les commerçants
07:42 de 3 millions d'euros.
07:44 Les commerçants n'en peuvent plus.
07:46 Rien que pour la ville de Bordeaux, c'est 300 000 euros
07:48 qui vont être débloqués, parce que tous les samedis, c'est la Bérezina.
07:50 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
07:52 Vous voulez combattre la pauvreté en créant encore plus de pauvreté.
07:54 Vous nous dites comme ça, bonhomme,
07:56 on va bloquer l'économie.
07:58 C'est une catastrophe pour la France.
08:00 Mais je viens de vous dire que c'est un sacrifice
08:02 à faire aujourd'hui pour un avenir meilleur demain.
08:04 Mais le sacrifice de qui ?
08:06 Vous ne remportez pas l'adhésion de tous les Français.
08:08 Mais je rappelle qu'aujourd'hui,
08:10 le mouvement est soutenu sur le fonds des revendications
08:12 entre 75 et 80 %.
08:14 Pour ce qui concerne les gens qui approuvent
08:16 le mouvement, le dernier sondage...
08:18 Vous êtes de moins en moins nombreux dans les rues.
08:20 Mais pas du tout, on n'est pas du tout de moins en moins nombreux.
08:22 À Rouen, nous étions 6 000 à manifester mardi.
08:24 Nous étions extrêmement nombreux samedi dernier.
08:26 Je crois au contraire que,
08:28 contrairement à ce que tout le monde pensait,
08:30 et au fait que le mouvement mourrait
08:32 à la fin de l'année 2018, le signal a été extrêmement fort
08:34 et a montré que la détermination des gens
08:36 est extrêmement importante.
08:38 Ne sous-estimez pas une chose,
08:40 il s'est passé dès le 17 novembre 2018
08:42 une révolution dans les esprits.
08:44 Voilà des gens qui depuis des années étaient isolés
08:46 et se sentaient impuissants.
08:48 Ils ont décidé de se réunir sur les ronds-points
08:50 et ont compris qu'ensemble, ils constituaient une force collective
08:52 et qu'ils pouvaient enfin devenir maîtres de leur destin.
08:54 Voilà ce qui est en train de se passer
08:56 et ces gens qui ont décidé de relever la tête
08:58 ne la baisseront pas parce que maintenant,
09:00 l'idée est ancrée dans leur esprit.
09:02 Il est temps qu'ils reprennent leur destin en main
09:04 et je peux vous dire qu'ils seront déterminés.
09:06 Et preuve en est, nous sommes à plus de deux mois et demi
09:08 de mobilisation en plein hiver.
09:10 Le mouvement est historique.
09:12 On n'avait pas vu ça depuis des années et des années.
09:14 Alors, force est de reconnaître en tout cas une chose,
09:16 les Gilets jaunes ne veulent pas être présentés.
09:18 Vous êtes une des têtes émergentes, particulièrement ces dernières semaines.
09:20 Vraiment, vous sortez du lot.
09:22 Un petit mot justement,
09:24 sur un plan un peu plus léger,
09:26 des postes rédigés par certains Gilets jaunes,
09:28 notamment Maxime Nicol ou Eric Drouet,
09:30 il y a beaucoup de gens qui les traitent d'abrutis,
09:32 même, ça va jusque là, en raison de faute d'orthographe qu'ils commettent.
09:35 Il y a un mépris de classe selon vous, vous le sentez ou pas ?
09:37 Parce que vous avez un profil un petit peu
09:39 inattendu quand même pour un Gilet jaune.
09:41 Vous êtes avocat, on le disait,
09:43 plutôt issu d'une famille, on peut le dire,
09:45 plutôt de classe moyenne, privilégiée ?
09:47 Oui, classe moyenne.
09:49 Qu'est-ce qui vous a motivé à embrasser cette cause ?
09:52 Très simplement, moi je ne supporte pas les injustices,
09:55 je ne veux pas vivre dans un océan de malheurs,
09:57 et ce qui m'insupporte encore plus, au-delà de l'injustice,
09:59 c'est quand elle est conjuguée à la bêtise.
10:01 Aujourd'hui, il y a des solutions si simples
10:03 pour améliorer la vie de tous les gens,
10:05 qu'il faut se mobiliser.
10:07 Et c'est le rôle des classes moyennes supérieures,
10:09 de ceux qui ont de la culture,
10:11 sont capables de...
10:12 Je veux dire, vous le ressentez pas ce mépris de classe, vous, personnellement ?
10:14 Mais pas du tout, parce que, en réalité,
10:16 par exemple, dans ma profession,
10:18 vous voyez beaucoup d'éplores...
10:20 On l'appelle "vous êtes avocat", pour les éditoriaux.
10:22 Oui, pardon, d'avoir une image de nanti,
10:24 mais en réalité, vous n'avez cette image que si vous restez
10:26 dans votre petit confort individuel,
10:28 et que vous n'aidez pas ces gens.
10:30 Quand vous êtes avocat, et quand j'ai prêté serment,
10:32 j'ai compris que nous étions, a priori,
10:34 l'un des gardiens du Temple, des libertés publiques,
10:36 que nous devions porter la parole pour ceux
10:38 qui sont démunis, et qui ne savent pas
10:40 la porter, et qui ne savent pas
10:42 exprimer clairement. Et donc, nous devons
10:44 aussi parler pour eux, et c'est ce que j'essaie de faire,
10:46 c'est de rassembler tout le monde, de fédérer tout le monde.
10:48 Nous devons sortir du coma politique,
10:50 nous devons enfin réinvestir la politique
10:52 pour l'intérêt général. - Vous sentez à l'institut d'une mission ?
10:54 Oui, mais parce que
10:56 je crois que c'est nécessaire, aujourd'hui...
10:58 - Parce que dans ce temps-là, vous ne travaillez pas non plus.
11:00 - Non, mais c'est pas grave, je suis en train
11:02 effectivement d'essayer de défendre mes convictions,
11:04 et je crois qu'il n'y a pas plus noble cause que cela.
11:06 Aujourd'hui, moi, ça m'est insupportable
11:08 que dans la cinquième ou sixième puissance économique
11:10 du monde, nous comptions 9 millions de personnes
11:12 qui vivent sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de
11:14 1 000 euros par mois, nous comptons 140 000
11:16 SDF. Comment pouvons-nous supporter cela ?
11:18 Il y a des solutions simples,
11:20 encore une fois, que nous pouvons
11:22 mettre en œuvre de manière très rapide,
11:24 et c'est la raison pour laquelle il faut se mobiliser.
11:26 Je dis un mot simplement,
11:28 par rapport au mandat que j'ai reçu, très simplement,
11:30 je ne me suis jamais senti autorisé
11:32 à m'exprimer dans les médias, tant qu'on ne me l'avait pas demandé.
11:34 Et c'est la raison pour laquelle,
11:36 à la suite de réunions publiques,
11:38 où j'ai exprimé quelle était la pensée,
11:40 la stratégie, les objectifs
11:42 et le fondement des revendications,
11:44 les gens du rond-point de la mode
11:46 sur lequel j'étais présent m'ont demandé
11:48 d'être porte-parole, et puis ensuite, ça s'est fait
11:50 également sur les deux autres ronds-points, si bien
11:52 qu'aujourd'hui, effectivement... - Et maintenant, le rond-point, il est national.
11:54 - Alors, je ne me suis pas
11:56 imposé, tout simplement,
11:58 et c'est très important parce que
12:00 le mouvement naît en grande partie de la défiance
12:02 absolue qu'il y a envers le représentant politique,
12:04 de droite comme de gauche, qui depuis 40 ans
12:06 ont trahi la population, et donc,
12:08 vous avez un mouvement horizontal avec la volonté des gens
12:10 de ne pas se laisser déposséder de leur pouvoir de décision.
12:12 C'est pour ça que je ne suis pas un leader,
12:14 je ne suis pas un représentant, je suis un messager
12:16 qui a vocation à défendre le mouvement
12:18 auprès des médias. - Et vous êtes invité dans
12:20 Les Incorrectibles ce dimanche sur Sud Radio.
12:22 François Bouleau est notre invité jusqu'à 14h.
12:24 Je rappelle qu'il est avocat, mais aussi
12:26 l'un des représentants, en tout cas celui
12:28 dont on parle beaucoup en ce moment. A tout de suite sur Sud Radio.
12:30 - Sud Radio,
12:32 Les Incorrectibles,
12:34 Eric Morillot.
12:36 - De retour dans Les Incorrectibles ce dimanche
12:38 sur Sud Radio, toujours avec notre invité
12:40 François Bouleau, qu'on remercie d'avoir accepté notre invitation.
12:42 Je rappelle que vous êtes avocat inscrit
12:44 au barreau de Rouen, et aussi donc l'un des
12:46 illustres, puisque en tout cas
12:48 on voit beaucoup dans les médias en ce moment
12:50 représentants de ces Gilets Jaunes, quoiqu'ils
12:52 s'en défendent. Avec moi toujours, donc pour
12:54 ma compagnie, Véronique Jaquet de Sud Radio
12:56 et Jacques de Guillebon de L'Incorrect. Alors, Justin,
12:58 on parlait justement de tous ces représentants,
13:00 vous avez un petit peu esquivé la question, sur
13:02 Maxime Nicollet et Eric Drouet.
13:04 Moi j'aimerais surtout aussi vous
13:06 parler de Jacqueline Moreau, donc
13:08 l'une des militantes à la base du mouvement des Gilets Jaunes,
13:10 dont les vidéos avaient enflammé la toile, c'était en novembre
13:12 dernier. Elle, elle a préféré prendre ses
13:14 distances, alors selon elle, je cite, "le mouvement des
13:16 Gilets Jaunes est complètement noyauté
13:18 par l'ultra droite et l'ultra gauche",
13:20 elle a expliqué notamment chez nos confrères de France Info
13:22 avoir cessé de manifester à partir,
13:24 je cite, "du moment où il fallait partir dans la construction".
13:26 Elle a depuis fondé son propre
13:28 parti, les émergents. Alors, quelle
13:30 est votre réaction suite à son attitude là ? On n'a
13:32 pas trop bien suivi, ils ne veulent pas
13:34 être présentés, elles créent son parti,
13:36 vous désolidarisez cette
13:38 initiative, je suppose ? - Les différentes
13:40 personnalités que vous avez citées,
13:42 c'est-à-dire d'un côté Eric Drouet et Maxime
13:44 Nicollet par exemple, et puis de l'autre Jacqueline Moreau
13:46 permettent exactement de définir
13:48 quelle est la ligne de division
13:50 aujourd'hui, entre
13:52 ceux qui font partie du mouvement des Gilets Jaunes
13:54 et ceux qui n'en font plus partie, qui s'en sont
13:56 de fait exclus. Eric Drouet et Maxime
13:58 Nicollet, quoi que l'on puisse dire d'eux,
14:00 ce sont des gens sincères, loyals
14:02 et qui œuvrent dans l'intérêt du collectif.
14:04 - Vous entendez bien... - Ça dépend quel collectif ?
14:06 - Le collectif des Gilets Jaunes. Ils
14:08 œuvrent effectivement pour tenter d'obtenir un
14:10 changement de la politique. - Vous parlez ensemble ?
14:12 - Non, ils œuvrent, pardonnez-moi, ils œuvrent
14:14 d'une façon insurrectionnelle. Quand
14:16 on dit "on doit rentrer à l'Elysée",
14:18 c'est tout à fait normal d'aller prendre le pouvoir
14:20 de cette façon, alors c'est peut-être d'une surenchère
14:22 verbale. On n'en est pas encore aux actes.
14:24 - Vous cataboquez justement les mots importants. - Mais quand même, là encore,
14:26 vous ne présentez pas à tout le monde ce côté insurrectionnel.
14:28 Ce ne sont pas tous les Gilets Jaunes.
14:30 Alors pardonnez-moi, ce sont ceux qui restent.
14:32 - Je crois que c'est un peu
14:34 facile de tirer
14:36 une phrase sortie de son contexte.
14:38 Je crois quand même que Éric Drouet,
14:40 quand il disait "on va rentrer à l'Elysée",
14:42 ne visait pas à une prise physique
14:44 pour aller découper la tête du président de la République. - Quand il dit "j'appelle au soulèvement
14:46 par tous les moyens", "j'appelle au soulèvement
14:48 par tous les moyens"... - Je vous réponds sur
14:50 la première phrase. - Oui, c'est pénalement, vous savez
14:52 que c'est pénalement condamnable. - Je vous réponds sur
14:54 la première phrase. Il répondait,
14:56 tout le monde l'avait bien compris en réalité,
14:58 si on essaie d'être intellectuellement honnête,
15:00 à la phrase du président de la République au moment de l'affaire Benalla,
15:02 "qu'ils viennent me chercher". - "Me chercher".
15:04 - Il répondait implicitement, mais Éric Drouet
15:06 n'a jamais appelé à la moindre violence.
15:08 Quand il utilise, d'ailleurs,
15:10 ce n'est pas lui, il s'en défend d'avoir utilisé le mot
15:12 "soulèvement", le communiqué, je crois, a été
15:14 supprimé très rapidement après
15:16 être paru, et il a précisé
15:18 ensuite à plusieurs reprises que
15:20 effectivement le mot "soulèvement" était
15:22 hasardeux, maladroit, et qu'il
15:24 entendait rétablir les choses en disant qu'il
15:26 n'est pas question de s'inscrire dans une autre
15:28 forme de mobilisation que des formes pacifiques.
15:30 Donc, il met les choses au clair,
15:32 et pour revenir sur la question des personnalités,
15:34 voilà, moi, je soutiens toutes
15:36 les personnes qui sont dévouées à la cause, et qui
15:38 œuvrent pour l'intérêt collectif du mouvement.
15:40 Et il y a effectivement d'autres personnalités,
15:42 Jacqueline Moreau en est une,
15:44 et bien qui, à l'évidence...
15:46 - Donc elle, c'est une déception pour vous, parce qu'elle
15:48 a abandonné finalement la défense de la cause.
15:50 - Oui, mais qui effectivement ont
15:52 essayé de tirer parti,
15:54 me semble-t-il, du mouvement,
15:56 dans un intérêt personnel.
15:58 Elle crée un parti politique,
16:00 je dirais que
16:02 c'est tout à fait antidémocratique. Comment
16:04 voulez-vous lancer une initiative politique
16:06 sans avoir l'avis au moins majoritaire
16:08 d'un mouvement et des gens
16:10 que vous prétendez pouvoir représenter ?
16:12 Vous avez là une initiative qui fait
16:14 que dès lors vous n'avez pas le soutien,
16:16 au moins majoritaire, et en l'état
16:18 vous avez même une quasi-unanimité des Gilets jaunes
16:20 qui sont contre, à cet instant,
16:22 une structuration politique, notamment
16:24 en vue des élections européennes.
16:26 - Vous, vous ne seriez pas tenté, non ?
16:28 - Non, pas du tout.
16:30 Moi, alors, j'ai trois points,
16:32 trois choses à dire à ce sujet.
16:34 La première, c'est qu'une liste européenne
16:36 s'inscrit en contradiction directe avec les objectifs
16:38 du mouvement, puisque le Parlement européen n'a aucun pouvoir,
16:40 alors que le mouvement tente d'obtenir des avancées
16:42 concrètes et immédiates pour améliorer
16:44 la vie des gens. Deuxième élément, chacun a compris
16:46 en termes de stratégie politique que des listes,
16:48 une ou des listes Gilets jaunes, viendraient
16:50 plutôt affaiblir les partis d'opposition et donc
16:52 mécaniquement renforcer le parti de la majorité.
16:54 Quand vous êtes dans une mobilisation qui vise
16:56 précisément à contester la politique menée par
16:58 le pouvoir exécutif, il est bien évident qu'une
17:00 manœuvre qui va venir le renforcer,
17:02 n'est pas tout à fait opportune.
17:04 - En parlant de manœuvre, vous dites que vous avez
17:06 un mandat, en fait, des ronds-points.
17:08 Est-ce que Macron, en lançant son grand débat
17:10 et en parlant avec les gens qui ont un mandat
17:12 démocratique, et qui sont élus, qui sont les maires,
17:14 ne vous coupe pas l'herbe sous le pied ?
17:16 En fait, il ne vous délégitime pas en disant
17:18 "moi je vais parler avec les personnes qui sont réellement élus,
17:20 qui sont les maires", et il vous met en concurrence ?
17:22 - Si vous voulez dire que c'est une nouvelle
17:24 forme de mépris affichée par le Président de la République...
17:26 - Mais est-ce que c'est un mépris en soi de dire
17:30 "je vais parler avec les maires", parce que les maires sont quand même représentatifs,
17:32 vous ne pouvez pas dire qu'ils ne sont pas élus localement,
17:34 qu'ils ne représentent personne. - Non, bien sûr, mais je crois
17:36 qu'en réalité, le vrai problème par rapport
17:38 à ce grand débat national... - Vous l'avez traité
17:40 d'enfumage, les mots là aussi sont forts.
17:42 - Enfumage, mascarade... - Alors, on a vu la courbe,
17:44 ce qui est important, juste avant de vous laisser réagir,
17:46 on a vu la courbe de popularité du Président remonter de 6 points
17:48 dans le tableau de bord IFOP fiducial justement
17:50 pour Paris Match et pour Sud Radio,
17:52 ça devrait vous inquiéter un petit peu ça,
17:54 parce que finalement, il remonte dans les sondages.
17:56 - Ce qui m'inquiète un peu, c'est le chapitre
17:58 qui lui est donné par la voix de toutes
18:00 les chaînes d'infos... - Un macronchon, c'est ça.
18:02 - Voilà, qu'on voit à longueur de journée,
18:04 etc. Je pense que bon là... - Oui, c'est que vous leur posez
18:06 la même chose que ce qu'il reprochait aux chaînes d'infos.
18:10 En disant que les chaînes d'infos suivent
18:12 toute la journée les gilets jaunes. C'est drôle, c'est le même reproche.
18:14 - Oui, oui, enfin, sauf que
18:16 les gilets jaunes étaient représentés
18:18 par diverses paroles, qu'ils étaient
18:20 en débat contradictoire face
18:22 à des éditorialistes ou
18:24 des interviews de journalistes, voire des
18:26 contradicteurs politiques, puisqu'il y a eu des débats
18:28 face aux députés de La République En Marche.
18:30 Donc vous aviez un débat public qui était contradictoire.
18:32 Là, on donne une parole où c'est quasiment
18:34 un monologue du président de la République. Je crois que la prochaine étape...
18:36 - Le traitement médiatique ne vous satisfait pas ?
18:38 - Pas du tout ! - Le président de la République, c'est logique qu'il aille s'adresser
18:40 à son peuple en soi, en fait. Ou alors vous pensez qu'il n'est pas légitime du tout ?
18:42 - Je vous dis deux choses.
18:44 La première, c'est que je pense qu'au point
18:46 où on en est, la prochaine étape, c'est peut-être
18:48 d'installer des haut-parleurs dans toutes les rues
18:50 et puis on entend pendant 24h/24, le président
18:52 de la République donner la parole...
18:54 - Il y a déjà Anouna pour ça.
18:56 - La parole publique. - Il ne ménage pas ses efforts, 7h
18:58 non-stop. - Oui, c'est ça. Et voilà, on a des commentaires
19:00 pour nous expliquer
19:02 qu'il est formidable, il parle pendant
19:04 6h, pendant 7h, quel courage, etc.
19:06 Non, la question, c'est celle du fond.
19:08 Qu'est-ce qu'il est en train de raconter ?
19:10 Dans quel cadre s'exerce le grand débat national ?
19:12 - On sait que c'est une forme de campagne électorale déguisée.
19:14 - Evidemment,
19:16 et ça, ça pose un très sérieux problème.
19:18 Parce qu'effectivement, il est
19:20 en train de mener campagne pour les élections européennes
19:22 et j'espère que la commission qui est
19:24 en charge de contrôler les temps de parole
19:26 va se pencher très sérieusement sur ce cas
19:28 parce qu'il y a un problème d'équité
19:30 dans la parole qui est donnée
19:32 par rapport aux règles
19:34 qui sont celles dans le cadre des campagnes
19:36 électorales. Je veux simplement dire
19:38 un mot avant votre question, madame.
19:40 La question est celle du fond.
19:42 Et du verrouillage du grand débat national.
19:44 Nous savons d'ores et déjà,
19:46 puisque les membres du gouvernement nous ont indiqué
19:48 que quoi qu'il arrive à l'issue du grand débat,
19:50 rien de ce qui a été fait depuis 18 mois ne serait détricoté.
19:52 On en a eu la confirmation au terme
19:54 de la lettre du président de la République qui nous dit
19:56 de toute façon, les dispositifs fiscaux,
19:58 je ne la remets pas en question, de toute façon
20:00 il faut baisser la dépense publique
20:02 puisqu'il nous dit "comment voulez-vous baisser la dépense publique"
20:04 mais qui lui a dit que nous voulions baisser la dépense publique ?
20:06 Parce que dans sa bouche, nous savons que...
20:08 Non, non, il ne faut pas baisser la dépense publique
20:10 pour ce qui est concerné.
20:12 100% du PIB est consacré à la dette de 2 300 milliards d'euros.
20:14 Excusez-moi, il faut baisser la dépense publique.
20:16 Je vais vous répondre, madame, sur la question
20:18 de la dette, si vous permettez simplement de finir
20:20 mon propos. Baisser la dépense publique, bien sûr
20:22 qu'il y a toujours des économies qui peuvent être faites
20:24 ici ou là. Simplement, dans sa bouche, nous savons
20:26 que les baisses de dépense vont concerner
20:28 nos services publics essentiels, c'est-à-dire la police,
20:30 la justice, la santé et l'éducation.
20:32 Ces services publics sont à l'os aujourd'hui.
20:34 Vous avez un record déjà du nombre de suicides depuis le début de l'année
20:36 dans la police. Vous avez des personnels de soins qui se suicident.
20:38 Ces gens-là ne se suicident pas par hasard.
20:40 Ils le font parce qu'ils ne peuvent plus supporter
20:42 leur charge de travail, parce qu'ils n'arrivent plus à exercer...
20:44 Vous voulez avouer que c'était peut-être la charrue avant les bœufs ?
20:46 Parce que pour l'instant, il n'a pas été question
20:48 de mettre un peu plus à l'os
20:50 le secteur hospitalier ou la police. Au contraire.
20:52 Je pense qu'ils vont sanctuariser ces secteurs.
20:54 Non, non, non, attendez.
20:56 Dans le programme d'Emmanuel Macron, il y avait
20:58 120 000 postes de fonctionnaires supprimés
21:00 sur un quinquennat. Pour l'instant, on en est à 4 000.
21:02 Bon, écoutez, il n'a rien fait, pardonnez-moi.
21:04 Mais bien sûr que si. - Mais où va-t-il le faire, en fait ?
21:06 On le sait où il va le faire.
21:08 Et si vous écoutez les personnels de santé,
21:10 ils vous expliquent qu'en réalité, les mesures
21:12 qui sont annoncées vont encore paupériser le service
21:14 alors que les services publics n'en peuvent plus.
21:16 Je peux vous parler, si vous le souhaitez,
21:18 du service public de la justice, où on vient de faire
21:20 passer une réforme prétendant moderniser
21:22 les institutions. Vous voulez savoir
21:24 quel est l'état de la justice ? Aujourd'hui, notre budget est de 7 milliards.
21:26 Il est deux fois inférieur à celui de l'Allemagne.
21:28 Notre justice est en voie de clochardisation.
21:30 On nous parle de modernisation.
21:32 Nous avons une plateforme qui s'appelle le RPVA. Pour
21:34 communiquer avec les tribunaux, cette plateforme
21:36 est en panne les trois quarts du temps.
21:38 Et on communique de manière
21:40 électronique, mais vous savez quoi ?
21:42 Les tribunaux n'ont à ce point pas de budget
21:44 que nous sommes obligés d'imprimer nous-mêmes
21:46 les écritures pour pouvoir leur envoyer.
21:48 Parce qu'ils n'ont même pas le budget papier.
21:50 Vous avez des magistrats qui croulent sous les dossiers
21:52 qui ne peuvent plus faire leur travail.
21:54 - François Boullon, vous êtes avocat. Est-ce que plutôt que de vous mettre
21:56 contre le président, contre le débat national,
21:58 vous n'auriez pas intérêt
22:00 à être proactif
22:02 dans le débat national pour un peu
22:04 bousculer le président ? - C'est très bien. Ça va me permettre
22:06 de vous expliquer comment s'est passée la réforme de la justice.
22:08 Vous avez eu au mois de
22:10 mars-avril une mobilisation sans précédent
22:12 de la profession et des magistrats.
22:14 Et à la suite de cela,
22:16 a été organisée une
22:18 concertation entre nos instances nationales
22:20 et le gouvernement pendant six mois. Des discussions
22:22 ont été opérées, des modifications
22:24 du texte ont été entreprises. Et au final,
22:26 que s'est-il passé ? Le gouvernement a fait
22:28 repasser exactement le texte initial
22:30 qui avait été prévu, et nous nous sommes
22:32 entendus dire par la ministre de la Justice
22:34 que nous, professionnels du droit,
22:36 n'avions pas bien lu le projet et ne
22:38 l'avions pas bien compris. Voilà
22:40 ce qu'on nous rétorque, voilà
22:42 le mépris qu'affichent ces gens à l'égard
22:44 des professionnels du droit. C'est vous dire le mépris qu'ils ont
22:46 à l'endroit du peuple. En réalité, c'est un simulacre
22:48 de concertation qui
22:50 s'est opéré. Et nous ne
22:52 pouvons donc pas dialoguer avec ces gens-là. Moi,
22:54 je serais le premier à aimer dialoguer
22:56 et à pouvoir négocier. Mais ces gens-là ne veulent
22:58 rien entendre. C'est toute la difficulté.
23:00 Je peux venir, si vous le souhaitez, sur la dette publique.
23:02 C'est l'un de mes sujets favoris.
23:04 Donc, ne vous inquiétez pas, j'ai des choses à dire.
23:06 Premièrement, ne trouvez-vous
23:08 pas paradoxal qu'on nous
23:10 explique qu'une règle de saine gestion budgétaire
23:12 est celle qui consiste à ne pas dépasser
23:14 les 3% de déficit.
23:16 Donc, nous avons le droit de faire des déficits.
23:18 Concrètement, nous avons donc le droit, tous les ans,
23:20 d'adopter un budget qui n'est pas à l'équilibre,
23:22 qui va donc être en déficit et qui va venir
23:24 augmenter la dette publique. Et à chaque fois
23:26 qu'il y a une dépense à faire, on nous fait "Ouh là là,
23:28 dette publique, 100% du PIB, nous n'avons pas les moyens".
23:30 Mais ça fait donc 45 ans maintenant
23:32 que notre budget n'est pas à l'équilibre.
23:34 Ensuite, nous pourrions très bien
23:36 économiser une somme considérable qui tient
23:38 aux intérêts de la dette publique, qui nous coûte
23:40 40 milliards d'euros d'intérêts par an,
23:42 qui constitue le deuxième poste de dépense
23:44 de l'État. Pour donner
23:46 des chiffres, le premier poste de dépense, c'est l'éducation nationale
23:48 à hauteur de 65 milliards et le budget
23:50 total des dépenses de l'État est d'environ 320 milliards.
23:52 En réalité,
23:54 cette situation des 40 milliards d'intérêts de la dette
23:56 tient à l'indépendance de la Banque Centrale Européenne
23:58 qui prête aux banques privées
24:00 et ensuite les États se financent auprès
24:02 des banques privées, si bien qu'il en résulte
24:04 deux conséquences. La première, c'est que nous payons
24:06 des intérêts alors que nous ne pourrions pas
24:08 en payer si nous en pouvions emprunter directement
24:10 à la Banque Centrale Européenne. Et la deuxième conséquence,
24:12 très insidieuse, c'est que si nous
24:14 ne menons pas une politique conforme aux intérêts
24:16 de ceux qui nous prêtent, ils nous menacent d'augmenter
24:18 nos taux d'intérêt à nous. Et c'est de cette
24:20 situation qu'il faut sortir et de cette
24:22 manière nous pourrions régler la question de la dette publique.
24:24 - Est-ce qu'il ne faut pas surtout sortir de la situation qui est la suivante, c'est que ça fait 30 ans
24:26 que la France vit au-dessus de ses moyens.
24:28 - Il faut l'entendre aussi chez les Gilets jaunes.
24:30 - Qui vit au-dessus de ses moyens ? Expliquez-moi qui a gagné
24:32 trop d'argent ? Les patrons de PME ?
24:34 Les commerçants ? Les salariés ?
24:36 - Non mais la redistribution sociale, c'est ça le sujet.
24:38 - Mais la redistribution sociale
24:40 tient au fait que depuis 40 ans, en réalité, nous avons
24:42 une toute petite partie de la population qui a fait
24:44 sécession par rapport à l'impôt.
24:46 Et nous élisons depuis cette période
24:48 des représentants qui s'appliquent à nous expliquer
24:50 les raisons pour lesquelles nous ne pourrions pas les imposer
24:52 comme les autres, c'est-à-dire à proportion de leur faculté.
24:54 Ce n'est pas ce que nous leur demandons. Ce que nous leur
24:56 demandons, c'est de trouver les solutions politiques
24:58 pour pouvoir les imposer comme les autres.
25:00 Et des solutions, il y en a. - Eh bien, vous allez nous les développer
25:02 encore dans un petit instant, puisqu'on est encore ensemble
25:04 jusqu'à 14h sur Sud Radio dans
25:06 Les Incorrectibles, avec François Boulot,
25:08 l'un des représentants des Gilets jaunes qui monte.
25:10 Qui monte, en tout cas, on en parle.
25:12 De François Boulot, à tout de suite, on revient dans un instant.
25:14 Sud Radio, Les Incorrectibles.
25:18 Eric Morillot. De retour dans
25:20 Les Incorrectibles ce dimanche sur Sud Radio,
25:22 avec notre invité François Boulot, avocat
25:24 au Barreau de Rouen et puis l'un des représentants
25:26 voulus ou pas voulus, en tout cas,
25:28 mandatés ou non par
25:30 les Gilets jaunes, en tout cas, une grande partie
25:32 d'entre eux. Un petit mot quand même, parce que
25:34 là aussi, vous avez un petit peu esquivé la question.
25:36 On a du mal quand même à vous situer sur l'échiquier
25:38 politique. Vous aviez dit que vous n'aviez
25:40 évidemment pas voté Macron au premier tour de la
25:42 dernière présidentielle. Vous n'avez pas souhaité divulguer pour qui
25:44 vous aviez voté au second tour.
25:46 Il y en a quand même qui trouvent grâce à vos yeux, parmi les
25:48 hommes politiques actuels. - Mais
25:50 je vais vous dire, trouvent grâce à mes yeux, toutes
25:52 les personnes éthiques. - Vous allez voter là, puisque
25:54 vous n'avez pas représenté de liste. Donc vous votez pour qui
25:56 aux européennes par exemple ? - Très franchement,
25:58 je ne sais pas encore. - François Asselineau ? - Je ne sais pas encore pour
26:00 qui je vais voter, mais trouve grâce à mes yeux, toutes les personnes
26:02 qui critiquent les
26:04 traités européens et qui ont
26:06 une certaine idée de la souveraineté.
26:08 - Etienne Chouard, il a dit qu'il allait voter pour Asselineau
26:10 par exemple. Vous en pensez quoi d'Etienne Chouard ?
26:12 - Je trouve qu'Etienne Chouard a des idées
26:14 très intéressantes. Je suis ses travaux depuis
26:16 plusieurs années et effectivement,
26:18 il a cette critique intéressante des traités
26:20 européens, des règles de fonctionnement de l'euro,
26:22 du libre-échange. - Et c'est l'un des pères du RIC.
26:24 Alors qu'est-ce que vous pensez du RIC justement ? - Exactement.
26:26 Ça c'est une idée effectivement très intéressante,
26:28 puisque
26:30 l'idée est d'avoir donc
26:32 un instauré de la démocratie directe.
26:34 Je le dis pour que la chose soit claire, il n'est pas question
26:36 dans un pays de 65 millions d'habitants de revenir sur
26:38 le principe de la démocratie représentative.
26:40 En fait, ce qu'il faut instaurer, c'est une démocratie
26:42 semi-directe, c'est-à-dire qu'introduire des
26:44 possibilités d'intervention directe du peuple
26:46 dans la démocratie, et notamment une manière
26:48 de contrôler les élus. C'est notamment le sens du référendum
26:50 révocatoire. Après, ce qu'il est
26:52 important de comprendre, c'est que ce n'est pas un dispositif
26:54 fixé, mais c'est volontaire, parce que
26:56 ce qu'il faut faire, en fait, ce sont des citoyens
26:58 constituants, c'est-à-dire des citoyens qui sont éclairés.
27:00 Et donc, pour parvenir à cela,
27:02 il faut associer les citoyens
27:04 à la réflexion autour du référendum
27:06 d'initiative citoyenne, que les gens réfléchissent
27:08 et qu'ils soient donc en mesure de
27:10 passer de citoyens passifs
27:12 à citoyens actifs, contrôlant
27:14 leurs élus, et
27:16 avec ce sentiment d'être investis
27:18 d'une puissance politique, parce que
27:20 c'est cela, un vrai citoyen... - Là, Macron, vous vous coupez un peu
27:22 l'appel de King's. - On ne peut pas en faire un référendum. - On souffre
27:24 déjà, justement, de démocratie directe, en fait.
27:26 L'élection au suffrage universel direct du président
27:28 de la République, est-ce que ce n'est pas un problème, en fait ?
27:30 Et est-ce que, rajouter l'ERICA, ça, ce n'est pas
27:32 de tuer totalement la démocratie représentative,
27:34 et notamment au niveau local, en fait. C'est-à-dire que vous
27:36 tuez ce qui peut faire,
27:38 justement, une démocratie vraiment représentative
27:40 au niveau local, en fait, en court-circuitant les élus locaux.
27:42 - Alors, il y a énormément de questions, du coup,
27:44 qui... - D'abord, le référendum. - Sur le référendum
27:46 du président de la République, moi, je vous
27:48 avoue que je n'ai pas encore très bien compris
27:50 quel allait être le sens des questions, etc.
27:52 Mais moi, je dis une chose, en l'état, écoutez...
27:54 - En tout cas, il ne sera pas couplé avec les européennes, d'après
27:56 les derniers bruits. - Si, écoutez, si le président de la République,
27:58 à l'image du général de Gaulle,
28:00 engage son mandat sur le référendum, je dis
28:02 "Banco, allons-y, il n'y a pas de difficultés".
28:04 Et là, il se comportera, pour une fois, en
28:06 vrai démocrate, parce que le général de Gaulle n'avait jamais
28:08 considéré, malgré le fait qu'il était élu
28:10 au suffrage universel direct... - Attendez, pour bien comprendre,
28:12 vous voulez dire, il met sa démission
28:14 en jeu, c'est ça ? - Bien sûr, bien sûr. - Il n'y a que le général de Gaulle
28:16 qui l'a fait depuis le début de la Ve République.
28:18 - Exactement. - C'est le problème. - Exactement.
28:20 Et il était élu depuis 1962,
28:22 selon le suffrage universel direct.
28:24 Il n'avait jamais pour autant considéré
28:26 qu'il bénéficiait d'un blanc-saint et qu'il
28:28 pouvait mener la politique que l'on lui semblait.
28:30 Et à chaque fois que c'était nécessaire, il
28:32 estimait, eh bien, opportun de
28:34 refonder sa légitimité en consultant le Parle-Pas
28:36 au référendum et en engageant expressément son mandat.
28:38 - Vous n'y croyez pas, honnêtement. Vous croyez qu'il pourrait
28:40 mettre son poste en jeu ? - Ecoutez, si
28:42 le président de la République est un démocrate
28:44 comme il le prétend, voilà une attitude
28:46 responsable et profondément démocratique.
28:48 - C'est pour ça qu'il ne va pas aller sur la piste
28:50 du référendum, hein.
28:52 - Ah, là, les avis sont partagés.
28:54 - Non mais donc, justement, sur la question du RIC,
28:56 en fait, est-ce que ce n'est pas détricoter
28:58 ce qui reste encore de démocratie locale, en fait ? C'est-à-dire
29:00 vous passez au-delà des maires, au-delà des conseillers départementaux,
29:02 régionaux, etc. Et vous mettez le peuple
29:04 directement face à toutes les grandes questions, en fait,
29:06 au risque que ça parte dans tous les sens.
29:08 - Mais, en fait, toute la difficulté vient du couvercle
29:10 aujourd'hui, qui est le carcan
29:12 des traités européens. Et qu'en réalité, tant que
29:14 vous n'avez pas remis en cause cette superstructure,
29:16 eh bien, le cadre conditionne tout le reste.
29:18 Les maires, aujourd'hui, sont très embêtés, avec
29:20 toute la meilleure volonté qu'ils ont d'écouter les gens et de
29:22 trouver des solutions. Ils n'ont pas les budgets,
29:24 ils n'ont pas les moyens, eh bien, pour pouvoir effectivement
29:26 améliorer la vie des gens pendant 4 ans. - Vous ne pouvez pas dire que les intercommunalités,
29:28 ça vient de l'Europe, en fait. Ça vient de la France
29:30 directement, c'est ça qui les a dépossédés, les maires.
29:32 Le quinquennat, ça ne vient pas de l'Europe, ça vient de
29:34 de la France aussi. Vous voyez, le fait
29:36 qu'il n'y ait plus de pouvoirs judicatifs parce qu'il est complétement exécutif.
29:38 - Validé par référendum, d'ailleurs. - Je suis d'accord avec vous
29:40 sur l'Europe, mais tout ne vient pas de l'Europe, en fait. Il y a des problèmes aussi
29:42 internes à la démocratie française, Europe ou pas Europe, en fait.
29:44 - Oui, mais je ne suis pas d'accord avec vous
29:46 parce que tout est contraint par la dette publique
29:48 et le déficit, aujourd'hui. Tout notre débat tourne autour
29:50 de ça. C'est-à-dire qu'à chaque fois que vous voulez proposer
29:52 une mesure pour améliorer la vie des gens, on vous explique qu'on n'a pas l'argent.
29:54 - Non, non, non, non, oui, non, mais attendez. - Et donc, il faut dégager
29:56 les marges et d'ailleurs, quand les
29:58 les communalités, les communes,
30:00 les régions disent qu'il faut
30:02 plus de décentralisation, qu'est-ce qu'ils réclament
30:04 derrière ? Des budgets ! C'est ça qu'ils réclament.
30:06 - Alors, les solutions. - Est-ce qu'on n'a pas trop mal
30:08 dépensé pendant des années ? La France
30:10 a vécu au-dessus de ses moyens. Franchement, quand on voit
30:12 le nombre de ronds-points, là encore, pardonnez-moi,
30:14 enfin, on...
30:16 - Mais François Bollot a des solutions. Enfin, il nous propose
30:18 des solutions. - Oui, alors, qu'est-ce qu'il y a comme solution,
30:20 Claire ? Mais avant, si vous le
30:22 permettez, j'aimerais juste, puisqu'on en est
30:24 sur les institutions,
30:26 demain, Gérard Larcher, demain lundi, Gérard Larcher,
30:28 le président du Sénat, rencontre Emmanuel Macron.
30:30 La question est, en vous entendant, François Bollot,
30:32 comment finalement faire entrer plus
30:34 de démocratie participative
30:36 sans toucher aux institutions
30:38 et sans toucher à une démocratie parlementaire ?
30:40 Alors, Gérard Larcher, mes deux idées
30:42 sur la table, remettre au goût
30:44 du jour le droit de pétition devant le Parlement,
30:46 ça existe, ce n'est pas utilisé.
30:48 Les citoyens pourraient s'emparer de ce droit
30:50 de pétition devant le Sénat.
30:52 Ça paraît un peu technique comme ça,
30:54 mais ça peut être remis au goût du jour.
30:56 Et puis, il évoque aussi des séances de questions citoyennes.
30:58 Est-ce que ça, ça pourrait vous satisfaire ?
31:00 - Je crois que ce sera
31:02 insuffisant, parce qu'en réalité, les citoyens
31:04 n'ont pas, en principe, à trouver les solutions
31:06 politiques. Ils ont simplement à dire les problèmes.
31:08 Mais les problèmes, tout le monde les connaît.
31:10 - Depuis le début de l'émission, vous nous dites,
31:12 "Moi, j'ai des solutions, j'ai des idées toutes simples."
31:14 - Oui, bien sûr. - Alors, donnez-les-nous, parce que sinon, on ne comprend plus rien.
31:16 - Je vais vous les donner,
31:18 mais il est quand même regrettable que ce soit aux citoyens
31:20 d'essayer de proposer des solutions.
31:22 En principe, c'est le travail, justement, de nos représentants.
31:24 Alors, trouvons des solutions.
31:26 - Sur le RIC, c'est les citoyens
31:28 qui proposent des solutions, si on s'écoute.
31:30 - Exactement, c'est parce que, effectivement,
31:32 on part par l'inertie et la trahison
31:34 de nos représentants politiques, qui ont perdu de vue
31:36 l'intérêt général depuis des années. Nous sommes
31:38 obligés de faire le constat que ces gens-là
31:40 ne recherchent plus l'intérêt général, et donc
31:42 de prendre les choses en main pour essayer de tenter de changer
31:44 la politique de l'Espagne. - Alors, concrètement, une solution, par exemple.
31:46 Pour lutter contre la fraude fiscale, notamment.
31:48 C'est un sujet que vous maîtrisez pas mal. - Oui, il y a
31:50 beaucoup de solutions, Arrêtez, mais il y a deux pistes, déjà,
31:52 à opérer. La première, c'est l'impôt sur
31:54 la nationalité. J'indique, effectivement,
31:56 les États-Unis pratiquent ce type d'impôt,
31:58 et donc nous abandonnerions le principe
32:00 seulement de la territorialité,
32:02 mais pour privilégier celui de la nationalité,
32:04 si bien que les gens très, très fortunés pourraient
32:06 aller partout dans le monde s'ils le souhaitent.
32:08 Ça, c'est leur liberté, mais en revanche,
32:10 s'il en résulte pour eux une différence
32:12 favorable, une économie d'impôt, et bien
32:14 cette différence, ils la reverseraient à l'État français.
32:16 Je précise tout de suite parce que... - Il n'y aurait plus d'exil fiscal,
32:18 c'est ça ? - Exactement. Il n'y aurait
32:20 plus de possibilité de s'exiler fiscalement,
32:22 et je le dis pour les
32:24 expatriés, parce que certains
32:26 m'ont écrit en me disant "Ah, mais alors, qu'est-ce qui arrive
32:28 pour nous ?", mais je veux les rassurer ici.
32:30 Il ne s'agit pas d'aller
32:32 faire une double imposition pour même les cadres
32:34 supérieurs qui gagnent 5 ou 10 000 euros
32:36 par mois. Ce n'est pas le sujet. Ces gens-là,
32:38 on prévoit un abattement pour qu'ils ne soient pas
32:40 concernés par le dispositif. Évidemment,
32:42 ce qu'on a vocation à aller
32:44 chercher, ce sont les millions et les millions
32:46 que quelques-uns détournent pour
32:48 voler la nation. Et la fraude fiscale, aujourd'hui,
32:50 elle est évaluée à 80 ou 100 milliards,
32:52 si bien que la deuxième proposition que nous faisons,
32:54 très simplement, c'est de permettre
32:56 d'enlever le sentiment d'impunité qui résulte
32:58 de ces manœuvres frauduleuses
33:00 à l'impôt, et notamment
33:02 l'instauration de peines planchées de prison,
33:04 au minimum 3 ans,
33:06 de telle sorte que ces fraudeurs fiscaux
33:08 sachent que la seule issue pour eux s'ils sont pris
33:10 la main dans le pot de confiture, ce sera la peine de prison.
33:12 Ce que je rappelle que jusqu'à 2 ans,
33:14 les peines de prison sont aménageables, et donc
33:16 vous échappez à la prison. Ça a été le cas
33:18 notamment de Jérôme Causac.
33:20 Il faut absolument moraliser les comportements
33:22 et de cette manière, enfin, peut-être
33:24 que ces gens
33:26 accepteront de contribuer à l'impôt.
33:28 Dernière explication sur le sujet par rapport
33:30 à l'impôt sur la nationalité, parce que certains
33:32 disent "mais à ce moment-là, ces gens
33:34 pourraient abandonner la nationalité".
33:36 Il y a plusieurs niveaux de réponse à cela. On peut faire
33:38 comme certains pays, c'est-à-dire empêcher tout simplement
33:40 aux gens de renoncer à leur nationalité.
33:42 Exactement, ça existe. Mais,
33:44 deuxième solution, on peut également prévoir
33:46 une amende extrêmement lourde pour quiconque
33:48 voudrait abandonner la nationalité,
33:50 et puis au moins, nous serions dans cette hypothèse
33:52 sur une chose, c'est qu'il ne reviendra pas
33:54 pour se faire soigner en France et continuer
33:56 à bénéficier de la solidarité nationale.
33:58 - Sur l'ISF, vous êtes évidemment
34:00 pour le retour de l'ISF ? - Oui, bien sûr.
34:02 Je dis les choses très simplement. Sur l'ISF,
34:04 il faut bien comprendre, parce qu'on dit souvent
34:06 "c'est symbolique". C'est vrai, mais pas que.
34:08 C'est-à-dire que c'est quand même 3 ou 4 milliards
34:10 de recettes qui ont été abandonnées par l'État,
34:12 et c'était précisément le montant espéré
34:14 par l'augmentation de la taxe sur le carburant.
34:16 Le gouvernement
34:18 nous explique que la réforme
34:20 qu'il a opérée est faite pour
34:22 favoriser l'investissement. C'est tout le contraire, en réalité,
34:24 que cette réforme produit,
34:26 parce qu'il faut savoir qu'avant la réforme,
34:28 était imposé l'ensemble
34:30 du patrimoine, c'est-à-dire le patrimoine mobilier,
34:32 l'épargne et l'action, et
34:34 également le patrimoine immobilier.
34:36 Et maintenant, c'est seulement le patrimoine immobilier.
34:38 Mais avant la réforme, était prévue une exonération
34:40 autour de 50% pour toutes les sommes qui s'investissaient
34:42 dans le capital des PME. Donc, pour
34:44 favoriser l'investissement, il aurait fallu passer cette exonération
34:46 de 50% à 100%.
34:48 Ce n'est pas ce qui a été fait. Ce qui a été fait, c'est donc
34:50 d'exonérer l'épargne et les actions
34:52 de l'assiette de l'ISF,
34:54 si bien qu'aujourd'hui, les gens très très
34:56 fortunés, dont le patrimoine se compose essentiellement
34:58 d'épargne et d'action, et bien ce sont
35:00 deux faits et deux droits exonérés, si bien qu'ils n'ont
35:02 même plus à investir dans le capital des PME.
35:04 Ils peuvent tranquillement placer cet argent
35:06 dans la sphère financière, qui sert à la spéculation
35:08 et qui ne sert absolument pas
35:10 l'économie réelle. - Et sur le
35:12 pouvoir d'achat, qu'est-ce que vous avez comme idée toute simple ?
35:14 - Eh bien, ça me permet de parler
35:16 du CICE, parce qu'il faut augmenter
35:18 les salaires dans ce pays. Mais il est bien évident
35:20 qu'aujourd'hui, les PME ne sont pas en capacité
35:22 d'augmenter les salaires. Elles n'ont pas les marges aujourd'hui.
35:24 Donc, nous disons que
35:26 les sommes données au titre du CICE
35:28 sont considérables, puisque c'est 40 milliards
35:30 par an. Sauf que 20 milliards, la moitié,
35:32 est consacrée aux plus grandes entreprises de ce pays.
35:34 Ces plus grandes entreprises n'en ont pas besoin.
35:36 Elles avaient distribué 47 milliards de dividendes en 2017,
35:38 c'est 57 milliards
35:40 en 2018, nous sommes le record d'Europe.
35:42 Ces grandes entreprises ne créent
35:44 pas d'emplois, puisque depuis des années, elles délocalisent
35:46 notamment dans les pays de l'Est,
35:48 pour réduire leurs coûts de production
35:50 et augmenter encore leurs marges, et donc leurs
35:52 dividendes. Ceux qui créent de l'activité économique
35:54 dans notre pays, ce sont les PME.
35:56 Et donc, concentrons les dispositifs
35:58 d'aide fiscaux sur les
36:00 PME, ce qui va leur permettre de retrouver
36:02 une marge de manœuvre et de supporter
36:04 des augmentations de salaires. Pour ce qui est
36:06 des grandes entreprises, disons
36:08 que la part des dividendes distribués diminuera.
36:10 Ce qui n'est pas un problème, puisque le
36:12 rapport Oxfam, le dernier rapport Oxfam,
36:14 nous a indiqué que dans la création de la valeur
36:16 ajoutée, 67% sert à la distribution de dividendes,
36:18 25% à l'investissement,
36:20 et 5% uniquement en salaire.
36:22 Je rappelle que... - On est droit à des trois tiers, quoi, en fait.
36:24 - Un ancien président de la République,
36:26 qui n'était pas tout à fait communiste, Nicolas Sarkozy,
36:28 proposait un tiers, un tiers, un tiers.
36:30 Un tiers investissement, un tiers actionnaire, un tiers pour
36:32 les salariés. Bah écoutez, je crois que ça me paraît
36:34 quelque chose de bon sens et raisonnable.
36:36 - Vous auriez voté Nicolas Sarkozy,
36:38 peut-être, non ?
36:40 - Il aurait des choses à redire.
36:42 - Un dernier mot, très vite, avant... - Oui, oui, moi je suis
36:44 d'accord avec tout ce qu'il vient de dire. Il y a une grave question qui, à mon avis,
36:46 traîne sur les ronds-points et que vous évoquez jamais,
36:48 c'est la question de l'immigration, en fait.
36:50 Et quand vous... Souvent, vous évitez le sujet,
36:52 je trouve, aussi, quand vous dites... Voilà, pas Marine Le Pen,
36:54 etc. En fait, est-ce que pour vous,
36:56 c'est quelque chose qu'il ne faut pas porter, en fait,
36:58 comme parole, justement, quand vous êtes dans les médias, comme ça ?
37:00 - Il y a des sujets à vous ? - C'est trop compliqué ? Enfin, je ne vous ai jamais entendu là-dessus, en fait.
37:02 - Ah bah non, vous l'avez, vous l'avez. - Eh ben, ça va être l'occasion, justement,
37:04 de l'entendre dans un petit instant.
37:06 On revient dans un instant dans Les Incorrectibles, avec notre invité
37:08 François Boulleau, donc, avocat au barreau de Rouen,
37:10 et donc, représentant des Gilets Jaunes,
37:12 dont on parle beaucoup en ce moment. A tout de suite, sur Sud Radio.
37:14 - Sud Radio, Les Incorrectibles.
37:16 Eric Morillot.
37:18 - Eh bien, ça y est,
37:20 on a réussi, quand même, à lui arracher
37:22 une petite info hors antenne, Véronique Jacquet,
37:24 puisque vous laissiez entendre que, peut-être,
37:26 politiquement, il trouvait peut-être des...
37:28 - Oui, je lançais à François Boulleau, là, la question.
37:30 - Donc, on le rappelle, on nous a fait avec François Boulleau, notre invité, jusqu'à 14h,
37:32 dans Les Incorrectibles. Véronique Jacquet,
37:34 donc, selon vous, une proximité...
37:36 - Je galège avec
37:38 François Boulleau, en lui demandant
37:40 s'il n'aurait pas voté Nicolas Sarkozy en 2007,
37:42 mais je crois qu'on n'est pas loin de la vérité, non ?
37:44 - Alain, vous le reconnaissez ou pas ?
37:46 - Je le reconnais tout à fait,
37:48 et je dois aussitôt préciser que j'estime
37:50 être, à l'époque,
37:52 dans le coma politique. Je n'avais pas bien compris
37:54 ce qu'était l'idéologie dominante, le néolibéralisme,
37:56 et donc, je n'avais pas travaillé,
37:58 tout simplement. Et donc, je suis devenu un citoyen,
38:00 je pense, plutôt éclairé,
38:02 il y a quelques années, après un travail que j'ai fourni...
38:04 - Donc, vous avez voté Nicolas Sarkozy parce que vous étiez dans le coma.
38:06 - Exactement. - Il appréciera sans doute.
38:08 Jacques De Guillebon ? - Oui, alors,
38:10 la question de l'immigration, en fait, j'ai l'impression
38:12 qu'elle est quand même assez présente chez une partie des Gilets jaunes,
38:14 et dans les médias, on vous entend
38:16 rarement en parler. Est-ce que c'est parce qu'il n'y a
38:18 rien à dire dessus, que c'est trop confus,
38:20 que vous n'estimez pas légitime à parler de ça ?
38:22 - Il n'y a pas de sujet tabou ? - Je ne dois pas être sur les bons
38:24 ronds-points, mais moi, ceux que je connais
38:26 ne m'ont jamais parlé d'immigration, donc je ne suis pas
38:28 en capacité d'en parler, parce que je ne sais pas quelle est la position
38:30 du mouvement sur le sujet. - Mais est-ce que plutôt qu'immigration ?
38:32 - Vous n'en avez jamais parlé, en fait ? - Je n'en ai jamais entendu parler.
38:34 - Pour vous, ce n'est pas un souci de cette France périphérique,
38:36 etc., en fait, la question de l'immigration ?
38:38 - Moi, je n'en ai jamais entendu parler.
38:40 J'ai tout de suite, lors de la première
38:42 prise de parole, indiqué que la revendication
38:44 principale, avant même que le RIC, donc,
38:46 ne soit évoqué, était
38:48 la volonté que la politique serve les intérêts
38:50 de 99% de la population, et non plus de la
38:52 pourcent de la plus riche. Donc, on était sur la justice fiscale et sociale,
38:54 et cela, ça a fédéré absolument
38:56 l'ensemble des Gilets jaunes qui composaient
38:58 les ronds-points de Rouen. Je n'ai jamais entendu
39:00 parler de l'immigration. - Pourtant, vous voyez bien que,
39:02 quand il y a des sondages sur une possible
39:04 liste de Gilets jaunes, celle qui descend le plus,
39:06 en fait, c'est Marine Le Pen, et qui est
39:08 souvent sur le front de l'immigration
39:10 depuis assez longtemps, en fait. Mais vous ne voyez pas de rapport, vous, entre les deux ?
39:12 - Non, parce que je crois qu'en réalité,
39:14 il y a une hypocrisie par rapport au vote
39:16 Front National. Chacun sait que
39:18 le noyau dur et de véritable adhésion
39:20 peut-être idéologique de ce parti, ces 5%,
39:22 en réalité, tout le reste, c'est parce que
39:24 le Front National est identifié comme le vote contestataire
39:26 depuis plusieurs années, et qu'on a
39:28 un ras-le-bol général en vote Front National pour dire
39:30 pour montrer sa colère vis-à-vis du système.
39:32 - Vous pensez que c'est encore un vote uniquement protestataire, pas vote d'adhésion, selon vous ?
39:34 - Non, moi, je ne crois pas.
39:36 - Avec une intention de sondage, je crois, en tête
39:38 de tous les partis d'opposition,
39:40 à 21%, ça ne vous inspire
39:42 que du vote de protestation ?
39:44 - Oui, et d'ailleurs, le fait que le Front National
39:46 avait remporté les dernières
39:48 élections européennes, je pense
39:50 le confirme. Parce qu'en fait, comme chacun sait que
39:52 les élections européennes et le Parlement n'ont pas vraiment
39:54 de concrétisation politique
39:56 dans les faits, c'est un vote qui permet
39:58 effectivement de se défouler et de dire
40:00 qu'on en a ras-le-bol
40:02 de cette politique. - Oui, mais alors comment vous expliquez
40:04 que la France Insoumise ne capitalise
40:06 pas sur la colère des Gilets Jaunes ? C'est pourtant une crise sociale !
40:08 Elle devrait capitaliser ?
40:10 - Peut-être, mais vous savez,
40:12 en fait, ce n'est pas mon sujet.
40:14 Je ne suis pas dans les questions de
40:16 stratégie politique et de calcul électoraux.
40:18 Je crois qu'aujourd'hui, on a une chance unique
40:20 depuis le 17 novembre, c'est que des gens, comme je vous l'indiquais,
40:22 ont décidé de réinvestir la politique.
40:24 Mais la politique, au sens simple... - Mais oui, mais c'est trop
40:26 traductoire ce que vous nous dites, parce que vous êtes en train de nous dire que
40:28 parmi les Gilets Jaunes, il y a beaucoup d'abstentionnistes,
40:30 beaucoup de gens qui ne votent plus depuis longtemps,
40:32 ou tout au moins qui ne veulent pas s'inscrire dans un vote protestataire
40:34 puisqu'ils rejettent tous les systèmes.
40:36 Et vous dites, pour autant,
40:38 il faut bouger, il faut réinvestir
40:40 le politique. Alors on n'y comprend plus rien quand on vous écoute.
40:42 - Parce que nous n'avons pas la même définition
40:44 de la politique. Vous avez la politique politicienne
40:46 qui résulte
40:48 des calculs électoraux et des parts d'électorat
40:50 et de quelles stratégies de communication
40:52 peuvent être en oeuvre pour aller capter
40:54 ou piller tel électorat à l'autre parti.
40:56 Ça c'est la politique politicienne
40:58 qu'on subit
41:00 depuis des années. La vraie politique,
41:02 c'est celle des idées, c'est celle des propositions
41:04 concrètes, de comprendre les mécanismes
41:06 institutionnels qui sont à l'oeuvre, qui font
41:08 que nous sommes dans cette impasse politique, en termes
41:10 de répartition des richesses. - Jusqu'où vous êtes
41:12 prêt à vous battre ?
41:14 - Je ne comprends pas le sens de votre question.
41:16 - On le voit, je ne sais pas ce que vous pensez,
41:18 mais vous avez dit jusqu'au bout qu'une guerre civile
41:20 pourrait peut-être un jour...
41:22 qu'il y aurait un risque de guerre civile
41:24 si vous n'arrivez pas à obtenir ce que vous demandez.
41:26 - Qu'est-ce que vous cherchez en fait ? - Qu'est-ce que vous cherchez au bout du compte ?
41:28 Si à chaque samedi, finalement, il n'y a pas d'évolution ?
41:30 On est en droit de se poser la question.
41:32 Est-ce que l'étape d'après, c'est pas
41:34 un mouvement plus radical ?
41:36 - C'est ce qui m'inquiète.
41:38 Depuis le début du mouvement,
41:40 j'y ai participé par conviction. - C'est au cas de consensus,
41:42 je l'ai trouvé. - J'y ai participé par conviction
41:44 et pour tenter effectivement de trouver des solutions
41:46 pacifiques pour être efficaces.
41:48 Évidemment que je vois bien
41:50 le climat de tension qui monte dans notre pays,
41:52 mais qui crée l'impasse. Qui fait qu'aucune
41:54 solution politique n'est apportée, alors que le CICE
41:56 pour les PME,
41:58 à priori, est plébiscité aujourd'hui.
42:00 - Non mais est-ce que vous n'allez pas plus vite que la musique ?
42:02 Attendez la fin du grand débat national,
42:04 s'il n'y a rien sur le CICE, vous pourrez dire
42:06 "on a pris les gilets jaunes pour des truffes".
42:08 Mais là, est-ce que vous n'allez pas un peu trop vite ?
42:10 Est-ce que vous n'êtes pas un peu trop nihiliste ?
42:12 Est-ce que vous n'êtes pas un peu trop anarchiste ?
42:14 On a l'impression que vous manifestez maintenant pour manifester,
42:16 mais les gilets jaunes, ils ne vont pas pouvoir
42:18 manifester comme ça pendant 3 ans,
42:20 tous les samedis. - Ça fait 2 mois et demi
42:22 qu'ils se sont mobilisés dans le froid, sous la pluie,
42:24 de jour comme de nuit.
42:26 Les gens sont déterminés et ne le font pas par plaisir.
42:28 Je peux vous assurer que pour avoir été
42:30 sur les ronds-points et avoir été
42:32 près du feu et à subir la fumée toxique des palettes,
42:34 je peux vous dire que ce n'est pas une partie de plaisir.
42:36 Donc s'ils en sont là, c'est parce
42:38 qu'ils sont désespérés, parce qu'il faut
42:40 que la politique change.
42:42 Si nous avons un blocage aujourd'hui,
42:44 c'est parce que vous avez un pouvoir exécutif qui est sourd
42:46 à toutes les rendications, même de bon sens,
42:48 qui pourrait être appliqué immédiatement.
42:50 Encore une fois, je reviens, mais le CICE pour les PME,
42:52 c'est une manne considérable et ça permettrait
42:54 d'oxygéner l'économie et de la relancer
42:56 un petit peu et ça
42:58 constituerait une bouffée d'oxygène.
43:00 Nous avons aujourd'hui, face à ce blocage
43:02 qui résulte du pouvoir exécutif, une montée du
43:04 climat de tension dans notre pays.
43:06 Et moi, je ne cesse pour ma part que d'essayer d'apaiser
43:08 et d'orienter vers des actions qui sont
43:10 pacifiques. Mais le pouvoir exécutif
43:12 a utilisé à priori la stratégie du
43:14 chaos. Vous avez une répression policière
43:16 qui est utilisée depuis maintenant le début
43:18 du mouvement. On en est à plus de
43:20 mille blessés côté force de l'ordre.
43:22 - Mais quelle est la sortie de crise pour les Gilets jaunes ?
43:24 - Je finis simplement
43:26 sur cette question parce qu'elle est très grave.
43:28 Il y a près de 2000 blessés
43:30 parmi les manifestants. Plus d'une centaine
43:32 qui ont été mutilés, éborgnés ou défigurés.
43:34 À vie, ces gens-là, leur vie est bouleversée.
43:36 - Jérôme Rodrigues, parlons-en un instant.
43:38 Bien sûr, ça n'autorise absolument pas
43:40 pour autant la police si jamais
43:42 l'enquête aboutissait
43:44 à une condamnation des forces de l'ordre.
43:48 D'après nos confrères du Parisien,
43:50 il aurait un passé un peu moins
43:52 exemplaire qu'on le penche.
43:54 Je ne sais pas si vous avez vu ces révélations cette semaine du Parisien.
43:56 Il aurait été évincé de son dernier emploi
43:58 à la suite d'un vol et d'escroqueries en flagrant délit.
44:00 Des accusations
44:02 assez sévères. Vous avez un commentaire
44:04 là-dessus ? Parce qu'il faut au minimum être
44:06 exemplaire quand on est représentant
44:08 d'une cause comme celle des Gilets jaunes.
44:10 - Je ne peux pas me prononcer sur ces faits
44:12 parce que je ne sais pas s'ils sont vérifiés,
44:14 vérifiables. - Il n'y a pas de condamnation à Jérôme.
44:16 - Non, en tout cas, d'après le Parisien,
44:18 il aurait eu maille à faire
44:20 avec la justice.
44:22 - De toute façon, quand bien même,
44:24 y aurait-il eu condamnation ?
44:26 - Vous êtes avocat. - Il y en a à Paris. Mais moi qui suis avocat,
44:28 une fois que vous avez subi votre peine, vous êtes réhabilité.
44:30 Sinon, on vous ostracise.
44:32 - On vous ostracise peut-être.
44:34 - Vous êtes excommunié.
44:36 - Je ne prenais pas du tout partie dans ma question. Je pensais qu'on essaye
44:38 de...
44:40 on va dire...
44:42 Oui, c'est une manière de critiquer
44:44 les représentants des Gilets jaunes.
44:46 - De les débiliser. - Voilà, merci.
44:48 - Ça, je crois, malheureusement, c'est qu'il y a un traitement
44:50 médiatique qui est très critiquable. Pendant
44:52 deux mois, notamment, on a fermé totalement
44:54 les yeux sur les violences policières. Alors que
44:56 les Gilets jaunes voyaient sur les réseaux sociaux
44:58 les très graves blessures qui étaient infligées.
45:00 - Vous ne pouvez pas dire ça. Ça a été bien traité dans les médias.
45:02 - Non, non. - Vous ne pouvez pas dire ça.
45:04 - Les médias se sont réveillés il y a trois semaines
45:06 maintenant, mais il y a eu un silence.
45:08 Un silence coupable pendant des
45:10 semaines et des semaines. Et je peux vous dire que ça...
45:12 - Ça, il y a des journalistes qui ne gagnent pas du tout beaucoup d'argent.
45:14 Il y a peut-être des journalistes Gilets jaunes aussi.
45:16 - Bien sûr. Non, non, mais je...
45:18 - Vous n'attaquez qu'une caste comme celle-là.
45:20 - Il y a des violences contre les journalistes ? - Je ne critique pas
45:22 les journalistes, là. Je critique le traitement médiatique
45:24 général qui a été fait. Et oui,
45:26 il y a eu une erreur. Il y a eu une grave erreur qui a été
45:28 faite parce qu'en n'entendant pas,
45:30 en ne relayant pas
45:32 ces violences, les Gilets jaunes
45:34 se disaient "mais voilà, ils cachent volontairement".
45:36 Je ne crois pas que c'était une volonté
45:38 vraiment consciente de dissimuler
45:40 cela, mais en revanche, ça a produit un effet
45:42 extrêmement
45:44 important et de colère parce que... - Non, mais c'est la
45:46 première fois aussi qu'on découvre que
45:48 les lanceurs de balles de défense peuvent faire
45:50 autant de dégâts parce qu'il y a
45:52 des mobilisations toutes les semaines, parce que
45:54 voilà, parce que... - Oui, mais les Gilets jaunes...
45:56 - C'est quelque chose de nouveau ce qu'on vit aussi en France.
45:58 - Oui, mais... - Cette violence policière...
46:00 - Guillaume Lebeau, qui était juste ici sur ce plateau, il y a une semaine,
46:02 nous disait qu'il n'y avait pas d'autre moyen, en dehors
46:04 de l'arme létale, pour justement
46:06 faire face à ces manifestants.
46:08 - Mais quand vous avez eu plus de 60 ou plus de
46:10 70 tirs dans la tête, à un moment donné,
46:12 il y a un vrai problème. C'est-à-dire que
46:14 lanceurs de balles de défense, on peut se poser la question
46:16 de son utilité, de l'opportunité
46:18 d'y recourir, mais après, il y a son utilisation.
46:20 Et là, manifestement, il y a eu des graves dérives
46:22 et des dérives qui n'ont jamais été dénoncées
46:24 par ceux qui portent la parole institutionnelle.
46:26 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez...
46:28 - Vous ne croyez pas qu'il y ait eu des dérives à l'égard des forces de l'ordre aussi ?
46:30 - Mais bien sûr, bien sûr. Mais ce qu'il fallait,
46:32 c'était un soutien aux institutions des
46:34 forces de l'ordre. Ça, le président
46:36 a pu le dire, que le gouvernement n'ont cessé de le faire, mais il fallait
46:38 également avoir un mot d'empathie pour les manifestants
46:40 et également avoir un mot de condamnation des dérives
46:42 individuelles de policiers, pour tenter
46:44 de décrire la réalité dans son ensemble
46:46 et réconcilier les forces de l'ordre avec le peuple.
46:48 J'en reviens sur la
46:50 question de la dérive autoritaire, parce que c'est
46:52 très préoccupant aujourd'hui dans notre pays. Vous avez
46:54 une réponse qui est uniquement sur le terrain
46:56 répressif. Répressions policières,
46:58 répressions judiciaires, le canard enchaîné, vos collègues
47:00 ont révélé les consignes illégales données par
47:02 le parquet de Paris, pour garder en garde
47:04 à vue des gens, alors même que les faits ne sont pas
47:06 établis. J'ai eu un témoignage bouleversant
47:08 hier, de l'un de mes collègues gilets jaunes,
47:10 qui a été gardé en garde à vue
47:12 pendant 23h50. Pendant ces
47:14 23h50, il n'a pas eu le droit d'avoir
47:16 un verre d'eau. Il n'a pas eu le droit de
47:18 fumer une cigarette. Il était
47:20 maintenu dans une cellule, dans un état absolument
47:22 déplorable. Et à la fin
47:24 de la garde à vue, le policier lui a dit
47:26 "Alors tu as compris mon bonhomme, pour toi les gilets
47:28 jaunes c'est terminé, et estime-toi heureux
47:30 parce que toi t'as pas perdu un oeil".
47:32 Voilà ce qu'il s'est entendu dire
47:34 par des forces de l'ordre. - C'était où ça ?
47:36 - A Évereux. Je ne doute pas
47:38 évidemment qu'il s'agirait peut-être d'un acte
47:40 isolé, mais enfin les témoignages en ce sens
47:42 commencent à se multiplier et se
47:44 multiplier. - De la même façon que vous
47:46 ne voulez pas qu'on généralise aussi les violences chez
47:48 les gilets jaunes, ne faites pas de généralité aussi.
47:50 Il peut y avoir un comportement... - C'est exactement ce que je viens de dire.
47:52 Je ne doute pas qu'il y a eu un comportement
47:54 déplacé, mais il y en a beaucoup. Et quand
47:56 ceux qui portent la parole institutionnelle
47:58 n'alertent pas, ne signalent pas,
48:00 ne rappellent pas à l'ordre, pour
48:02 souligner le devoir d'exemplarité
48:04 de ceux qui détiennent le monopole de la violence
48:06 légitime, c'est très grave. Et quand
48:08 vous avez également la loi anti-casseurs qui est
48:10 évidemment une loi liberticide, je veux dire
48:12 quand le Front National dit que c'est une loi fasciste et que
48:14 Charles de Courson, qui compte tenu de
48:16 son histoire personnelle, a pesé ses mots et renvoie
48:18 à Vichy, je crois que ça devrait tous nous alerter.
48:20 Et enfin la tentative de perquisition dans les locaux...
48:22 - La question de la loi anti-fake news en plus,
48:24 qui est en proposition là. - Bien sûr, mais
48:26 je termine simplement sur la tentative de perquisition
48:28 dans les locaux de Mediapart. On a atteint là
48:30 la liberté de la presse, au secret des sources.
48:32 C'est extrêmement inquiétant. Et
48:34 je le dis, je nourrisse l'espoir
48:36 qu'il y ait une réaction médiatique bien
48:38 plus puissante qu'elle n'a été.
48:40 Et je crois qu'il est temps... - Il y a un devoir de mesure selon vous.
48:42 - Oui, il faut que toutes les bonnes consciences de ce pays
48:44 se réveillent, parce que nous sommes en train
48:46 d'assister sous nos yeux à la transformation de notre
48:48 République en un régime autoritaire.
48:50 - Eh bien, ce sera le mot de la fin.
48:52 Merci beaucoup François Bouleau d'avoir
48:54 accepté notre invitation dans Les Incorrectibles
48:56 ce dimanche. Je rappelle que vous pouvez revoir cette émission
48:58 en replay dans un petit instant
49:00 sur Youtube. Et puis évidemment
49:02 vous suivre, puisqu'on va
49:04 vous suivre encore, je pense,
49:06 de nombreuses semaines. Merci d'avoir accepté notre
49:08 invitation. L'émission touche déjà sa fin.
49:10 Merci Véronique Jacquier de nous avoir rejoint.
49:12 - Merci Jacques de Guilbon également de m'avoir
49:14 accompagné. Merci au réalisateur Pierre-Yves
49:16 Falso, ainsi qu'à Céline Delabeaume qui
49:18 m'ont aidé à préparer cette émission, ainsi qu'à Sébastien
49:20 Lelievre. Très bonne semaine à tous à l'écoute
49:22 de Sud Radio. Je vous dis à dimanche prochain à 13h
49:24 pour un nouveau numéro des Incorrectibles. Et ça devrait vous
49:26 intéresser François Bouleau. Nous recevrons
49:28 Charles Pratt, je ne sais pas si vous le connaissez.
49:30 Il est magistrat spécialiste de la fraude fiscale
49:32 et sur certains points, je pense qu'il n'est
49:34 pas très éloigné de votre cause.
49:36 Soyez donc au rendez-vous. Très bonne semaine.
49:38 semaine.
49:38 [SILENCE]