L'édito d'Élodie Huchard : «Mixité sociale : un accord trouvé avec le privé»

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Dans son édito du 18/05/2023, Élodie Huchard revient sur le plan pour la mixité sociale dans les établissements privés.

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00:00 La politique avec vous Élodie Huchard, on va parler de ce plan mixité social,
00:04 une priorité du gouvernement, nous dit-on, un plan qui a tardé à être présenté.
00:09 La mesure emblématique, c'est la signature d'un accord avec l'école privée.
00:14 Alors déjà, que contient cet accord, Élodie ?
00:16 Effectivement, vous parliez de priorité et pourtant on attendait ce plan depuis le mois de novembre.
00:19 Donc concrètement, ce qui va être mis en place, c'est que les établissements privés
00:23 devront prendre plus d'élèves boursiers.
00:25 Il y a des objectifs, doubler le nombre d'élèves boursiers dans ces établissements
00:29 en cinq ans. Des objectifs, oui. En revanche, pas d'obligation, de résultat, pas de contrainte.
00:33 Forcément, c'est un détail important.
00:35 Alors, on compte sur les établissements privés, on compte aussi sur les collectivités territoriales
00:39 pour aider ces élèves boursiers à pouvoir, par exemple, rejoindre les établissements,
00:42 avoir des réductions sur la cantine, ce genre de choses très concrètes.
00:45 Et puis, autre objectif quand même pour les établissements publics,
00:48 réduire la ségrégation sociale des établissements scolaires publics de 20% d'ici à 2027,
00:52 nous fait savoir le ministère.
00:54 En revanche, comment ? Eh bien, pour l'instant, on ne sait pas,
00:56 parce que la semaine dernière, le ministre de l'Éducation nationale a reçu les recteurs
01:00 et à l'issue, il a demandé d'organiser une instance académique de dialogue,
01:04 de concertation et de pilotage pour savoir comment on va s'y prendre.
01:08 Alors, on le disait, c'est une priorité, mais c'est un plan à minima.
01:11 Très clairement, et surtout quand on voit les pistes qui étaient évoquées au début,
01:15 il y avait beaucoup plus de choses. C'était un plan beaucoup plus large.
01:17 Il y avait la création de sections d'excellence, mettre des langues rares,
01:20 par exemple, dans les établissements défavorisés pour faire venir de bons élèves,
01:23 la création de binômes de collèges, c'est-à-dire des collèges qui sont proches,
01:26 sur le même territoire, mais qui sont très différents socialement.
01:29 Mais le ministre craignait de réveiller la fameuse guerre scolaire.
01:32 Emmanuel Macron, d'ailleurs, lui-même avait dit qu'il assumait totalement
01:35 de ne pas vouloir réveiller les vieux conflits de l'école.
01:38 Alors, politiquement, quelles sont les réactions ?
01:40 Alors, à gauche, on critique très clairement le manque d'ambition de ce plan.
01:43 À droite, on est plutôt content parce que finalement, ça ne va pas très loin.
01:46 Et ce qui est intéressant, c'est qu'y compris dans la majorité, on critique beaucoup ce plan.
01:50 Un cadre de la majorité me disait, quand il a été présenté,
01:53 on a une vraie inquiétude pour les établissements qui fonctionnent bien.
01:56 Pourquoi on remet en question leur fonctionnement ?
01:58 L'abnixité, ça va prendre la place d'un élève qui va devoir aller ailleurs.
02:01 Et puis, surtout, la grosse critique, c'est que le privé marche bien
02:05 et ne doit pas être mis en difficulté, car le public ne marche pas.
02:07 Parce qu'en fait, c'est ça, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt.
02:10 On n'arrive pas à s'attaquer aux problèmes dans le public.
02:12 Donc, on se dit, finalement, on va changer un petit peu le privé,
02:14 comme ça fonctionne plutôt bien.
02:15 Le risque, quand même, c'est de faire baisser le niveau et forcément, ça inquiète.
02:19 Du côté des collectivités territoriales, on est un peu vexé.
02:21 On fait remarquer aux ministres que ça fait longtemps
02:23 qu'on s'intéresse à la question de l'abnixité sociale.
02:25 Et puis, du côté des syndicats, on est forcément déçus.
02:28 Je vous le disais, il n'y aura pas de contraintes,
02:29 donc il n'y aura forcément pas de résultats.
02:31 Est-ce que ça montre l'isolement de Papandyaï ?
02:34 Oui, et c'est pour ça qu'il n'arrive pas à faire un plan plus ambitieux.
02:37 C'était sa priorité, on l'a dit.
02:38 C'est très conforme à ses valeurs.
02:39 Et pourtant, il n'arrive pas à présenter un vrai plan.
02:43 L'un de ses collègues au gouvernement, un ministre, me disait,
02:45 l'école est un sanctuaire, il faut des mots très forts côté éducation.
02:49 Son discours n'est pas assez péchu à sa place, j'irais partout.
02:52 Certes, il apaise, il ne fait pas de vagues,
02:54 mais il lui faudrait un peu plus d'énergie.
02:56 On voit clairement que c'est un ministre affaibli, très discret.
02:58 On l'entend peu dans les médias,
02:59 il y a peu de marqueurs forts du côté de Papandyaï.
03:02 En revanche, il a dit clairement à nos confrères du Monde,
03:04 il ne compte pas démissionner.
03:05 [Musique]
03:09 [SILENCE]

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