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  • 16/05/2023

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Personnes
Transcription
00:00:00 Je vais m'entretenir avec vous d'un sujet qui, j'imagine, suscite de l'intérêt.
00:00:09 Donc à savoir s'il existe, oui ou non, une hérédité au-delà des gènes.
00:00:14 Donc, évidemment, vous imaginez, on va s'intéresser notamment aux humains, spécialement.
00:00:21 Mais pas que.
00:00:23 Alors, il faut que...
00:00:26 Donc, s'il y en a quelques-uns parmi vous, vous avez vu que dans le diapo d'introduction, de présentation,
00:00:35 vous avez ici, en bas à gauche, vous avez la FIS, qui est copartenaire de cette matinée.
00:00:45 Voilà, donc je fais quelques mots de présentation de la FIS, pour ceux qui, j'imagine, que la majorité d'entre vous connaissent,
00:00:51 mais pour ceux qui ne connaissent pas, c'est l'Association Française pour la Formation Scientifique,
00:00:56 qui est une association avec pas mal de bénévoles,
00:01:00 et qui cherche, comme c'est résumé en haut, à mettre un peu de science dans le débat public.
00:01:07 Alors, la FIS, qui est une association qui est plus que cinquantenaire maintenant,
00:01:13 dispose de plusieurs canaux pour diffuser la bonne parole, si j'ose dire.
00:01:19 Donc, en premier lieu, une revue qui s'appelle "Science et pseudosciences", dont j'ai apporté des exemplaires ici.
00:01:27 Une chaîne YouTube, qui est alimentée régulièrement,
00:01:32 et donc un site général où on peut notamment retrouver les articles de la revue qui sont mis en accès libre au bout de quelques mois.
00:01:43 Et puis, depuis quelques années maintenant, une maison d'édition qui appartenait avant à Henri Broch,
00:01:51 le père de la zététique en France,
00:01:55 qui donc maintenant est alimentée notamment d'une nouvelle production récente.
00:02:04 Voilà, et donc, pour dire en deux mots, la raison d'être de la FIS,
00:02:11 c'est, comme c'est indiqué, et ce qu'on peut voir maintenant en haut de la revue, en tout petit,
00:02:17 un éclairage scientifique des débats de société.
00:02:20 C'est essentiellement ça qui motive cette revue, et la FIS en général.
00:02:28 Et donc, aussi avec une sorte de mantra qui est que la science dit ce qui est, mais ne dit pas ce qui doit être.
00:02:35 Donc ça veut dire, en d'autres termes, qu'il peut être intéressant, sur des sujets qui la concernent,
00:02:42 d'écouter ce que dit la science, et ensuite, ceux qui y décident peuvent faire ce qu'ils veulent.
00:02:50 C'est-à-dire que la science n'est pas là pour dire ce que la société doit faire, juste pour éclairer la société.
00:03:00 Voilà, donc, rapidement pour présenter le topo de ce matin,
00:03:05 on va parler évidemment de l'épigénétique, on va définir un peu ce mot.
00:03:11 Juste ici, je dis que c'est un domaine de recherche qui est en pleine expansion depuis une bonne vingtaine d'années.
00:03:18 Et donc, pourquoi je suis là aussi ? Parce que ça a transpiré au-delà des labos,
00:03:25 et il y a un large écho dans les médias, et notamment parce que l'épigénétique c'est un domaine très très vaste.
00:03:32 Là, je me concentre à ce qui touche à l'irréalité, parce que c'est effectivement ce qui interpelle sans doute le plus les gens.
00:03:40 Et donc, selon certains discours, l'épigénétique permettrait donc d'envisager
00:03:48 qu'une partie du vécu de parents, de grands-parents, voire avant, puisse se transmettre de façon héréditaire, donc à la descendance.
00:03:59 Alors là, donc, durant cette intervention, je vais essayer de faire le point en disant,
00:04:04 en me donnant des éléments pour répondre à deux questions.
00:04:07 Qu'en est-il vraiment ? Et que dit la science véritablement à ce sujet ?
00:04:12 Voilà, donc j'aurai trois parties. Un aperçu de ce que recouvre le terme épigénétique.
00:04:19 C'est forcément un terme derrière lequel se cache une certaine complexité,
00:04:25 donc c'est un challenge un petit peu de l'expliquer, mais bon, on va y arriver.
00:04:30 Et de savoir aussi si notre vision de l'irréalité s'en trouve effectivement modifiée,
00:04:37 et dans quoi ça a impacté les études finalement plus classiques sur l'irréalité.
00:04:43 Et puis, dernière partie, qui questionnera l'usage de l'épigénétie et de ses concepts
00:04:51 afin de valider certaines pseudo-sciences, et je me focaliserai spécialement sur ce qu'on appelle la psychogénalogie.
00:05:02 Voilà, donc d'abord on va s'intéresser à définir ce que c'est que ce mot,
00:05:09 en commençant par finalement ce que beaucoup de gens maintenant regardent,
00:05:14 à savoir l'Encyclopédie en ligne qui est Wikipédia,
00:05:18 et donc il y a une définition qui est tout à fait recevable.
00:05:23 Voilà, donc je vous la lis.
00:05:25 Donc l'épigénétique, du grec ancien "epi", au-dessus de "génétique",
00:05:31 c'est donc la discipline de la biologie qui étudie la nature des mécanismes
00:05:36 modifiant de manière réversible, transmissible, à savoir lors des divisions cellulaires,
00:05:42 et adaptative, l'expression des gènes sans en changer la séquence nucléo-kydique, entre parenthèses ADN.
00:05:50 Donc voilà, donc c'est une définition, vous voyez, c'est une seule phrase,
00:05:53 mais dans cette phrase il y a quand même beaucoup de mots qu'il s'agit de définir,
00:05:57 c'est à quoi je vais m'attacher maintenant, en y allant par étapes.
00:06:02 Donc d'abord, qu'est-ce qu'on entend par l'expression des gènes ?
00:06:05 On peut avoir une vague idée, mais qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
00:06:09 Donc, parce que j'imagine que je m'adresse à un public qui n'est pas forcément un public de biologistes,
00:06:16 donc on va essayer de repartir des bases,
00:06:19 et les bases à déjà définir ce qu'est un gène schématiquement,
00:06:23 un segment d'ADN qui contient une information qui permet de fabriquer une protéine.
00:06:29 Et une protéine, c'est une grosse molécule, on appelle ça une macromolécule,
00:06:33 et cette macromolécule, elle assure une fonction particulière, spécifique,
00:06:38 au sein de la cellule et donc de l'organisme.
00:06:41 Donc j'ai listé ici quelques exemples, parmi les plus connus de protéines,
00:06:46 insuline, hémoglobine, anticorps, à chaque fois, pour chaque protéine,
00:06:49 il correspond un gène, vous avez un gène d'insuline, un gène d'hémoglobine, etc.
00:06:53 Et puis vous avez les fonctions que vous devez connaître de ces protéines.
00:06:58 Voilà, donc l'expression "un gène", en fait, l'expression, derrière ce mot,
00:07:03 c'est en fait, c'est l'ensemble du processus qui permet de passer de l'information qui est génétique,
00:07:09 qui est stockée dans le gène, et qui est "lue" pour aboutir à la fabrication d'une protéine.
00:07:17 Voilà, donc vous avez des petits rouages pour vous indiquer tout ce processus,
00:07:21 symboliser ce processus qui passe du gène à la protéine.
00:07:25 Alors, je vous indique aussi quand même que l'ADN des gènes se trouve dans ce qu'on appelle le noyau,
00:07:34 dans les cellules, donc vous avez ici un schéma très simplifié d'une cellule,
00:07:38 avec juste une frontière qui s'appelle une membrane plasmique,
00:07:43 et puis vous avez ici, dans le document qu'on voit microscopique,
00:07:50 c'est une coloration qui permet de visualiser facilement les noyaux,
00:07:54 donc vous avez le noyau, on ne voit pas tout le reste,
00:07:57 mais c'est plus compliqué que ça, une cellule, ce n'est pas juste un sac avec un noyau.
00:08:01 Mais voilà, donc ça permet de visualiser le lieu où est la majorité de l'ADN dans nos cellules.
00:08:07 Et voilà, donc l'ADN, nous voici, vous le connaissez normalement, la double hélice,
00:08:12 qui s'est popularisée depuis qu'on l'a découverte, il y a exactement 70 ans.
00:08:19 La double hélice existe dans le monde de la science biologique depuis 70 ans,
00:08:23 depuis le 25 avril 1953, où cette fameuse structure double hélice a été décrite,
00:08:29 pour la première fois, dans la littérature scientifique.
00:08:33 Voilà, donc dans le noyau de la cellule, vous avez les gènes,
00:08:37 et en fait les protéines sont produites non pas dans le noyau,
00:08:41 mais à l'extérieur du noyau, dans ce qu'on appelle le cytoplasme.
00:08:45 Donc déjà, il y a une géographie qui fait qu'il va bien falloir passer d'un compartiment,
00:08:50 le noyau, à un autre compartiment, l'extérieur du noyau.
00:08:54 Et donc, si on regarde ce qui se passe dans le noyau, il y a une première étape.
00:08:59 Donc il y a une première étape qu'on appelle, voilà, la transcription.
00:09:04 La transcription, ça correspond au fait qu'on fait une copie de cet ADN, du gène,
00:09:10 donc sous sa forme ADN, on en fait une copie sous forme d'un ARN,
00:09:14 qui s'appelle un ARN messager, puisqu'il va véhiculer, il est porteur d'un message.
00:09:19 Et donc, j'ai indiqué aussi que les gènes, ils ne fonctionnent pas forcément tout le temps.
00:09:24 Il y a des petits interrupteurs, et c'est schématisé ici par ce qu'il s'appelle,
00:09:30 il y a une petite toile là, qui vient de se fixer en amont du gène,
00:09:35 qu'on appelle un facteur de transcription.
00:09:37 Donc c'est une protéine qui a pour rôle d'enclencher le processus de transcription.
00:09:45 Et une fois que l'ARN est produit dans le noyau, donc,
00:09:50 eh bien, cet ARN passe ensuite dans le cytoplasme,
00:09:53 et là il y a une deuxième étape, puisqu'il faut passer à la protéine,
00:09:57 on traduit le message qui est contenu dans l'ARN en protéines.
00:10:02 Alors, je ne vais pas décrire évidemment tout ça, parce que ce n'est pas le propos aujourd'hui,
00:10:06 mais voilà, ça donne les bases, c'est-à-dire que quand on dit "un gène s'exprime",
00:10:10 ça veut dire en clair qu'il est transcrit en ARN messager dans le noyau,
00:10:15 et en fait c'est l'étape essentielle qui permet de contrôler l'expression des gènes.
00:10:21 C'est-à-dire, ce n'est pas la seule, mais c'est une étape principale,
00:10:25 c'est-à-dire que si le facteur de transcription, c'est le symbolisme des petites croix rouges,
00:10:29 n'a pas accès à l'ADN du gène, celui-ci n'est pas transcrit,
00:10:34 et donc pas d'ARN messager, pas de protéines.
00:10:37 Voilà, donc c'est ce côté interrupteur que j'ai indiqué sur le schéma également.
00:10:44 Voilà, donc, je vais parler de la cellule en général.
00:10:49 Évidemment, vous savez qu'on est constitué, bon, ça, sur les estimations ça peut varier,
00:10:53 mais aux alentours de 30 000 milliards de cellules, ça fait beaucoup,
00:10:58 et vous savez aussi également que toutes les cellules ne sont pas identiques.
00:11:03 On définit classiquement environ 200 types de cellules différentes,
00:11:08 bon, les cellules sanguines, de peau, du sel nerveux, des cellules musculaires, de foie, etc.
00:11:13 Et donc, des cellules qui ont une morphologie très différente,
00:11:19 qu'on reconnaît en général assez facilement,
00:11:22 et ensuite, non seulement elles ont une morphologie différente,
00:11:26 mais aussi elles ont des fonctions différentes,
00:11:28 puisqu'il y a des cellules qui produisent des anticorps,
00:11:30 d'autres cellules qui ont de l'hémoglobine, d'autres cellules du pancréas qui produisent de l'insuline,
00:11:35 donc il y a une spécialisation des cellules,
00:11:37 et donc, en fait, elles expriment des gènes différents.
00:11:41 Et, en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que, bien qu'elles expriment des gènes différents,
00:11:48 elles ont toutes les mêmes, toutes les mêmes gènes.
00:11:51 Toutes les cellules ont la même information génétique dans leur noyau, d'accord ?
00:11:55 Donc, le gène de l'insuline, par exemple, est présent dans toutes les cellules de notre organisme.
00:12:00 Et pourtant, seulement certaines cellules, certaines cellules du pancréas, produisent l'insuline.
00:12:09 Donc, expriment le gène de l'insuline.
00:12:12 Donc, une des grandes questions qui rentrent dans la case épigénétique,
00:12:18 c'est de savoir comment certains gènes ne s'expriment que dans certaines cellules.
00:12:24 Alors, justement, si on revient à la définition de Wikipédia,
00:12:29 l'épigénétique s'intéresse à la nature, justement, des mécanismes
00:12:33 qui modifient cette expression des gènes, et de façon très importante,
00:12:39 sans changer la séquence, sans changer le message qui est contenu dans l'ADN,
00:12:43 sans changer ce qu'on appelle la séquence nucléotidique.
00:12:47 Alors, la séquence nucléotidique, voilà, encore un mot qu'il faut définir,
00:12:51 l'ADN, il est fait de nucléotides, c'est les briques de l'ADN,
00:12:55 ce sont des nucléotides, vous devez éventuellement, pour certains,
00:12:58 connaître un petit peu les fameuses quatre lettres, A, C, G, T.
00:13:02 Donc, ce sont les quatre nucléotides qui constituent l'ADN.
00:13:05 Et avec ces simples quatre lettres, on fait tout.
00:13:09 C'est-à-dire, on fait tout, ces quatre lettres, elles ont un ordre dans l'ADN,
00:13:15 donc c'est ce qu'on appelle la séquence.
00:13:16 La séquence, c'est l'ordre de ces nucléotides,
00:13:19 et ensuite, elles sont en fait lues quelque part,
00:13:23 donc là, évidemment, il y a les tas de transcription,
00:13:25 il y a l'ARN, et on arrive aux acides aminés qui sont les petites...
00:13:28 là, c'est les briques des protéines.
00:13:30 Donc, les briques des protéines, ce sont les acides aminés,
00:13:34 et dans ce cas-là, il y a 20 acides aminés qui constituent les protéines.
00:13:39 Donc, il y a une correspondance entre une séquence de nucléotides,
00:13:44 un ordre de nucléotides dans l'ADN,
00:13:45 et un ordre, l'ordre des acides aminés dans la protéine.
00:13:50 Et ça a été donc toute une saga pour trouver,
00:13:55 comprendre ce qu'était ce code qui reliait ces deux langages complètement différents,
00:13:59 qui est celui de gènes, de l'ADN, et celui des protéines.
00:14:02 Et donc, ça a été à la fin des années 50, et surtout au début des années 60,
00:14:06 qu'ont été déchiffrés ce code génétique.
00:14:09 Donc, je dirais seulement qu'il est...
00:14:12 La grande surprise, ça a été que ce code, en fait, il était un code universel.
00:14:16 C'est-à-dire que tous les organismes vivants,
00:14:19 mis à part des petites exceptions, des petits patois locales,
00:14:23 globalement, parlent le même langage en termes d'ADN.
00:14:28 Voilà, donc un gène, ça veut dire, c'est une séquence d'ADN
00:14:32 qui correspond à une protéine particulière.
00:14:35 Et là, je vais faire un distinguo ici,
00:14:36 pour vous introduire aussi le fait qu'il y a des mutations, comme vous le savez,
00:14:39 et les mutations correspondent à des modifications de la séquence.
00:14:43 Comme vous voyez ici, j'ai mis en rouge, là, voyez, on est passé de GA à CG,
00:14:48 et ça a pour effet de changer...
00:14:50 Vous voyez qu'il y avait une petite boule bleue,
00:14:53 maintenant on a une petite boule rouge,
00:14:54 c'est-à-dire qu'on a changé un acide aminé dans la protéine.
00:14:57 C'est ça qu'on appelle une mutation.
00:15:00 Et à contrario, l'épigénétique ne modifie absolument pas le message.
00:15:04 Il n'y a pas de modification de la séquence,
00:15:07 on modifie juste l'usage, la fréquence, l'activité de transcription du gène.
00:15:14 Tantôt il est actif, tantôt il n'est pas actif.
00:15:17 Ça c'est pour opposer...
00:15:20 Parce que sans mutation, il n'y aurait pas de génétique.
00:15:23 Et voilà, donc ça c'est vraiment ce qui définit, c'est le matériel de la génétique.
00:15:27 Par contre l'épigénétique, elle, s'intéresse vraiment à tout ce qui est
00:15:33 modification de l'expression des gènes,
00:15:35 sans s'intéresser aux modifications des séquences des gènes.
00:15:38 Alors les mécanismes, venons-en aux mécanismes.
00:15:41 Donc on reprend le schéma.
00:15:44 Je vous ai présenté la débène au départ un peu tout nu,
00:15:47 mais en fait dans le noyau, il est accompagné de plein de protéines.
00:15:53 Je ne vais pas entrer dans le détail.
00:15:55 Bon, ces protéines nous en annoncent, les histones.
00:15:58 Et en fait c'est ce qui permet notamment de rentrer dans un espace de quelques microns,
00:16:05 l'espace du noyau, un ensemble d'ADN.
00:16:08 Pour ce qui nous concerne, dans chacune de nos cellules, on a 2 mètres d'ADN.
00:16:12 Donc un filament qui est extrêmement fin évidemment.
00:16:15 Donc ces histones, ces protéines, permettent d'empaqueter convenablement,
00:16:22 de faire entrer l'ADN dans l'espace du noyau.
00:16:25 Et donc c'est cet ensemble ADN + histones qu'on appelle la chromatine.
00:16:29 La chromatine, c'est l'état sous lequel existe en fait l'ADN dans le noyau.
00:16:34 Il n'est pas tout seul encore une fois.
00:16:35 D'ailleurs c'est important.
00:16:38 Alors, dans le noyau, si on va un peu plus loin,
00:16:42 en fait la chromatine n'est pas sous le même état,
00:16:46 quel que soit l'endroit du noyau.
00:16:48 Donc vous avez schématiquement 2 états.
00:16:51 Vous avez la chromatine qui peut être,
00:16:55 c'est à gauche, qui est sous forme décompactée.
00:17:00 Vous voyez que se représentent, l'ADN c'est le petit fil noir
00:17:04 qui s'enroule autour des protéines histones.
00:17:07 Et donc a contrario, vous avez d'autres endroits du noyau
00:17:11 où la chromatine est compactée.
00:17:13 Vous voyez que les histones se sont rapprochées.
00:17:17 Et voilà, ce qui compacte la chromatine est donc l'ADN.
00:17:22 Et donc vous pouvez éventuellement, si vous êtes bons yeux,
00:17:26 voir que j'ai ajouté sur les histones des petits symboles,
00:17:31 des pentagones ou des triangles.
00:17:34 En fait c'est juste pour visualiser qu'il y a des marques chimiques
00:17:38 qui sont différentes sur les histones
00:17:40 et qui sont associées à une chromatine qui est tantôt décompactée,
00:17:44 et ça correspond à des modifications chimiques qui sont différentes.
00:17:49 Donc dans la chromatine décompactée, l'ADN est très accessible
00:17:57 et donc par exemple, petit facteur de transcription,
00:17:59 l'étoile peut interagir avec l'ADN
00:18:02 et reconnaître la séquence avec laquelle elle interagit
00:18:08 et donc activer le gène.
00:18:11 Le gène est exprimé.
00:18:13 Et à contrario, quand la chromatine est compactée,
00:18:17 le même facteur de transcription n'a plus accès à l'ADN du gène.
00:18:22 Et donc le gène est silencieux, n'est pas transcrit.
00:18:26 Voilà, donc c'est ce qu'on appelle le contrôle épigénétique de l'expression des gènes,
00:18:32 c'est-à-dire que l'état de la chromatine,
00:18:34 qui est soit permissive par rapport au facteur de transcription,
00:18:37 soit réfractaire, parce que très compacté,
00:18:42 contrôle effectivement l'expression des gènes, leur activité.
00:18:47 Donc à nouveau, si je reprends le schéma,
00:18:50 toutes les cellules ont la même information génétique,
00:18:53 le gène d'insuline est présent dans toutes les cellules,
00:18:57 mais le gène d'insuline, en fait, il est sous forme compactée dans toutes les cellules,
00:19:03 sauf dans certaines cellules du pancréas
00:19:08 où la chromatine, où se trouve le gène d'insuline, est sous forme décompactée
00:19:13 et ça permet l'expression du gène de l'insuline dans ces cellules.
00:19:18 Donc voilà, l'épigénétique a permis de définir que,
00:19:21 de répondre à cette question, que finalement des types cellulaires différents
00:19:25 correspondent à une accessibilité différente des gènes
00:19:28 et qui contrôlent donc une expression différente de ces mêmes gènes.
00:19:32 Alors il y a une autre modification dont il faut que je parle,
00:19:36 vous voyez là, parce qu'elle sera importante pour la suite de l'exposé,
00:19:42 c'est une modification qui touche directement l'ADN et non pas les histones.
00:19:47 Cette modification s'appelle une méthylation,
00:19:50 en fait c'est l'ajout d'une modification chimique qui s'appelle un méthyle
00:19:54 qu'on rajoute à l'ADN, donc qui est symbolisé ici par un petit cercle rouge
00:19:59 et là on ne joue pas forcément sur la structure de la chromatine,
00:20:03 mais si l'ADN est méthylé, en général, ça correspond à ne plus rendre l'ADN accessible
00:20:11 et donc le gène est silencieux, comme vous le voyez à gauche.
00:20:15 Donc il y a pas mal de modifications qui peuvent affecter l'expression des gènes,
00:20:24 tantôt sur les protéines qui compactent l'ADN ou tantôt sur l'ADN humain.
00:20:33 Alors j'ai parlé de l'expression des gènes à l'échelle des cellules,
00:20:38 mais on peut parler de contrôle épigénétique à l'échelle d'un organisme entier.
00:20:43 Et l'exemple le plus populaire, qui parle le mieux au public en général,
00:20:49 c'est celui des abeilles.
00:20:52 Donc les abeilles, vous devez savoir qu'on distingue différentes castes,
00:21:00 et notamment la caste des ouvrières et celle des rennes.
00:21:04 Elles se distinguent à plein de points de vue, morphologiquement déjà, sur la taille un petit peu,
00:21:11 et puis si on ouvre l'abdomen, on a effectivement une renne qui est une véritable machine à pondre,
00:21:17 avec des ovaires gonflés à bloc, très actifs,
00:21:21 et puis tandis que les ovaires sont résiduels dans l'abdomen des ouvrières.
00:21:26 Et donc ces organismes dérivent de stades larvaires, vous avez des larves,
00:21:32 et au départ on ne peut pas distinguer une larve ou un oeuf,
00:21:40 puisque vous avez l'oeuf au départ, qui va donner une ouvrière ou une renne,
00:21:44 il n'y a pas de moyen de les distinguer.
00:21:47 Et donc ces deux organismes, ces deux forts différents, ont les mêmes gènes, là aussi,
00:21:54 comme pour les cellules de notre organisme,
00:21:56 mais il y a une expression différente des gènes.
00:22:00 Les gènes en l'occurrence, c'est les gènes qui sont appliqués dans la croissance de la larve,
00:22:05 vous voyez que la larve finit par être plus grosse, c'est ça qui va donner la renne,
00:22:09 et le développement notamment de l'ovaire, et puis d'autres choses.
00:22:13 Donc voilà, en fait, derrière ceci, il se cache finalement le fait que l'ADN des gènes en question
00:22:20 est métillé ou non. Métillé dans le cas d'ouvrière, c'est-à-dire que ces gènes-là vont,
00:22:25 peu ou pas s'exprimer dans la larve qui va donner l'ouvrière,
00:22:28 alors qu'ils vont bien s'exprimer, puisqu'il n'y aura pas de métillation d'ADN de ces gènes,
00:22:32 ils vont bien s'exprimer chez la renne.
00:22:36 Et vous le savez éventuellement aussi, ce qui fait la différence, c'est la nutrition.
00:22:41 C'est ce qu'on donne à manger aux larves, et notamment un composant essentiel,
00:22:46 c'est pas exclusif, mais il y a la gelée royale, qui comme son nom l'indique,
00:22:50 est donnée aux larves qui vont devenir finalement les rennes, d'où le terme de gelée royale,
00:22:56 et qui vont, par des mécanismes qui ont été assez bien décrits maintenant,
00:23:00 vont effectivement empêcher la métillation des gènes qui sont importants
00:23:07 pour la croissance de la larve et le développement de l'ovaire.
00:23:10 Donc voilà ce qu'on peut définir comme mécanisme épigénétique de l'expression des gènes,
00:23:15 de contrôle à l'échelle de l'organisme entier, comme l'abeille.
00:23:19 Alors on continue dans la définition.
00:23:22 Donc j'ai mis en gras là, de manière réversible.
00:23:26 On entend souvent qu'effectivement, les modifications épigénétiques, c'est réversible.
00:23:31 Ce qu'ils font leur spécificité.
00:23:33 Alors la réponse, elle est duale.
00:23:36 Vous voyez, j'ai mis oui et non.
00:23:38 Alors, pourquoi oui et non ?
00:23:41 Alors d'abord, oui d'abord, il faut...
00:23:44 Ces marques, ces fameuses marques, qui sont soit sur les histones, soit sur l'ADN,
00:23:49 bon elles apparaissent pas comme ça spontanément, elles sont contrôlées elles-mêmes,
00:23:54 et en fait il y a des protéines qui ajoutent des marques sur les histones, sur l'ADN,
00:24:02 et il y a d'autres protéines qui enlèvent ces marques, ces mêmes marques.
00:24:07 C'est pour ça que j'ai symbolisé ces acteurs par un crayon et une gomme.
00:24:13 Donc vous avez des protéines écrivains et des protéines effaceurs.
00:24:16 Donc il faut bien voir que tout ça, normalement, potentiellement,
00:24:21 effectivement, on peut ajouter et enlever des marques sur les histones et sur l'ADN.
00:24:29 Alors un exemple de réversibilité assez basique,
00:24:35 c'est tout ce qui accompagne l'expression des gènes le long de la journée.
00:24:39 On n'est pas le même le matin ou le soir en termes génétiques,
00:24:42 en termes d'expression des gènes en tout cas.
00:24:44 Donc le rythme cicardien, il y a un contrôle épigénétique de l'expression des gènes
00:24:49 qui font que vous avez des vagues de gènes qui sont exprimées pendant la période dure
00:24:55 et qui sont éteints pendant la période nocturne.
00:24:59 Et donc vous pouvez voir que très symboliquement, j'ai mis cette chromatine
00:25:05 qui peut subir des modifications qui vont activer les gènes au moment opportun de la journée
00:25:11 et ensuite ces modifications vont être enlevées et vont correspondre à une extinction de ces mêmes gènes.
00:25:17 Et il y a pas mal de gènes qui sont contrôlés comme ça au cours de la journée.
00:25:22 Donc voilà, ça c'est un exemple assez parlant de la réversibilité
00:25:27 de l'alternance jour/nuit, ça suit l'alternance jour/nuit.
00:25:32 Alors, ah oui, je mets d'abord le mot "adaptatif"
00:25:38 puisque ça en fait, ça vous montre, puisque c'est dans la définition,
00:25:42 j'y reviens là à propos puisque ça permet effectivement
00:25:46 d'adapter l'expression des gènes à notre environnement.
00:25:50 Je parlais de l'alternance jour/nuit,
00:25:53 mais il y a aussi le fait qu'on a des moments de prise alimentaire.
00:25:57 Là aussi, vous savez par exemple le gène de l'insuline,
00:26:00 on va effectivement l'activer après une prise alimentaire,
00:26:05 surtout si elle est riche en glucides.
00:26:07 Donc voilà, ça nous permet en termes d'expression des gènes
00:26:11 de s'adapter à l'environnement quotidien.
00:26:16 Pour beaucoup, il y a beaucoup de changements environnementaux
00:26:19 qui sont relativement prédictibles, mais après il y en a qui sont moins.
00:26:23 Voilà, alors maintenant, justement je viens sur l'autre pendant
00:26:26 pour vous dire que la réversibilité, ce n'est pas toujours le cas.
00:26:30 Et c'est dans le cadre du contrôle épigénétique de l'identité cellulaire.
00:26:35 Donc, je vous ai dit, bon ça serait effectivement au cours de l'embryogénèse,
00:26:40 les cellules vont acquérir leur destin, leur spécificité,
00:26:44 et une fois que l'identité cellulaire est acquise,
00:26:47 eh bien elle est conservée au cours de la vie de l'organisme.
00:26:50 Et vous me reprendrez aisément, c'est plutôt mieux.
00:26:53 C'est-à-dire que si un neurone devenait une cellule intestinale,
00:26:58 ça causerait éventuellement quelques petits problèmes.
00:27:00 Donc il y a effectivement une persistance des marques épigénétiques
00:27:03 qui sont responsables de l'identité cellulaire.
00:27:06 Donc dans les conditions physiologiques normales,
00:27:10 parce qu'il y a des conditions physiologiques un peu altérées,
00:27:13 notamment dans le cadre du cancer,
00:27:15 il y a une stabilité des marques épigénétiques.
00:27:18 Donc là effectivement, la réversibilité n'a pas droit à s'exprimer,
00:27:25 puisqu'il faut au contraire figer la signature épigénétique des cellules
00:27:30 pour conserver leur spécificité.
00:27:36 Alors, là on va aborder cette partie de transmissibilité,
00:27:40 parce qu'après ça va être en écho avec ce qui va suivre sur le côté héréditaire,
00:27:47 mais là on est juste au niveau des divisions cellulaires.
00:27:49 Quand les cellules se divisent,
00:27:51 eh bien on doit conserver éventuellement des marques
00:27:54 qui peuvent se produire à leur suite.
00:27:58 Vous voyez, ça change zig-zag là, ça schématise un stimulus.
00:28:04 Et donc vous avez une marque qui peut s'installer en réponse à un stimulus,
00:28:07 c'est-à-dire qu'on va activer un gène.
00:28:09 Et après vous avez deux catégories,
00:28:11 soit le stimulus disparaît et la marque disparaît également,
00:28:15 soit la marque subsiste à la disparition du stimulus.
00:28:21 Donc vous voyez, on qualifiera d'épigénétique que les secondes,
00:28:25 c'est-à-dire celles qui subsistent après la disparition du signal.
00:28:29 Donc il y a cette notion de mémoire d'un événement qui perdure dans le temps.
00:28:35 Et ensuite, si on est suffisamment exigeant,
00:28:38 pour vraiment qualifier une marque d'épigénétique,
00:28:41 il faut non seulement qu'elle subsiste après la disparition du signal,
00:28:44 mais aussi après la division d'une cellule.
00:28:48 Quand une cellule donne deux cellules,
00:28:50 eh bien il y a transmission et donc reproduction,
00:28:54 puisqu'il faut dédoubler les marques épigénétiques en question.
00:28:57 Donc c'est vraiment ces marques-là
00:29:00 que les scientifiques rigoureux parlent de marques épigénétiques.
00:29:06 Donc des marques qui jouent sur l'expression des gènes,
00:29:10 qui subsistent une fois le stimulus qui leur a donné l'essence a disparu,
00:29:15 et qui subsistent après les divisions cellulaires.
00:29:19 Et donc vous voyez, c'est tout à fait utile, effectivement,
00:29:21 ce genre de marques épigénétiques
00:29:23 qui sont transmises au cours des divisions cellulaires,
00:29:25 ça permet de maintenir les identités cellulaires.
00:29:27 C'est-à-dire que quand une cellule deux fois se divise,
00:29:29 elle donne deux cellules deux fois.
00:29:31 D'accord ?
00:29:32 Donc c'est encore une fois, la stabilité, cette fois, est importante,
00:29:35 et la transmissibilité au cours des divisions cellulaires est absolument essentielle.
00:29:42 On n'a pas fini, mais bientôt.
00:29:45 C'est une longue définition,
00:29:46 donc je finis finalement par le début.
00:29:48 Donc le au-dessus de "épi", traduction littérale de "épi".
00:29:52 Alors, comme j'ai indiqué, traduire, c'est trahir un peu.
00:29:55 Donc tout ça pour vous rappeler que l'expression des gènes
00:30:00 est lui-même sous le contrôle d'autres gènes.
00:30:02 Je vous ai parlé de ces protéines qui ajoutent,
00:30:05 qui enlèvent des marques épigénétiques.
00:30:07 Vous voyez, ces protéines sont codées par des gènes également.
00:30:10 D'accord ?
00:30:11 Pas de protéines sans gènes.
00:30:13 Donc, il y a des gènes qui codent des protéines,
00:30:16 qui contrôlent l'expression des gènes.
00:30:18 Vous voyez qu'il y a...
00:30:19 ça devient éventuellement un peu compliqué dit comme ça,
00:30:22 et donc il y a des relations réciproques
00:30:24 entre épigénétiques et génétiques.
00:30:27 Et c'est ce qui fait que...
00:30:29 ce qui symbolise un peu ce dessin qui est sur la couverture,
00:30:34 qui, effectivement, ces relations réciproques
00:30:38 entre génétiques et épigénétiques,
00:30:40 entre l'expression des gènes et les gènes eux-mêmes,
00:30:42 entre l'ADN et la chromatine,
00:30:44 finalement c'est difficile de dire qui est au-dessus,
00:30:47 puisque d'une certaine façon c'est la génétique
00:30:50 qui dicte l'épigénétique, puisque c'est les gènes
00:30:52 qui contrôlent les protéines,
00:30:53 qui vont ajouter les marques épigénétiques ou les retirer,
00:30:56 qui ont le fin mot, le fin mot de l'histoire.
00:30:58 Donc d'accord, la génétique pourrait être considérée
00:31:00 comme au-dessus de l'épigénétique.
00:31:02 Mais bon, voilà.
00:31:03 C'est juste pour vous faire cette précision sémantique
00:31:06 pour dire qu'il ne faut pas prendre au sens littéral
00:31:08 du terme épigénétique, voilà.
00:31:12 Ou en tout cas, juste dans le sens
00:31:15 que ça contrôle effectivement l'expression des gènes.
00:31:18 Mais voilà, mais ce n'est pas au-dessus de la génétique.
00:31:23 Voilà, et donc on peut relire la phrase maintenant.
00:31:28 L'épigénétique, donc du grec au-dessus d'eux,
00:31:31 est la discipline biologique qui étudie la nature
00:31:34 des mécanismes modifiants de manière réversible,
00:31:37 transmissible lors des divisions cellulaires
00:31:39 et adaptative l'expression des gènes
00:31:41 sans en changer la séquence nucléotidique.
00:31:44 Voilà, j'espère que vous allez arriver
00:31:47 à mieux saisir, vous pourrez la relire chez vous,
00:31:50 cette phrase sur Wikipédia, si elle n'a pas changé.
00:31:54 Voilà, donc on a fait le tour de la question
00:31:58 et maintenant, voilà, on va se poser la question
00:32:02 qui est un peu le cœur de la présentation,
00:32:04 de savoir si les modifications épigénétiques
00:32:07 sont transmissibles au travers des générations.
00:32:10 Donc voilà, d'une génération à l'autre,
00:32:11 quelle place pour l'épigénétique ?
00:32:13 Donc, ah oui, là j'indique effectivement,
00:32:16 c'est un véritable challenge pour moi,
00:32:19 parce que, pourquoi ?
00:32:21 Parce que c'est une réalité complète,
00:32:22 déjà vous avez vu que l'épigénétique
00:32:23 c'est pas forcément simple,
00:32:25 alors quand il s'agit d'irrégulité,
00:32:27 ça rajoute une couche de complexité,
00:32:29 donc c'est difficile d'en faire appréhender
00:32:34 l'essentiel à des non-spécialistes,
00:32:36 dans un temps raccourci comme ça,
00:32:39 et la contrepartie c'est qu'il y en a
00:32:43 qui n'hésitent pas à simplifier les choses
00:32:46 et d'en abuser hors du cadre de la science,
00:32:49 et ce que nous verrons dans la dernière partie.
00:32:52 Voilà, mais néanmoins, je relève le challenge,
00:32:54 je suis là pour ça,
00:32:55 donc je vais juste tenter de vous donner
00:32:57 des éléments de réflexion,
00:32:58 au moins pour prendre conscience de cette complexité,
00:33:01 mais ça je crois que vous en prendrez conscience
00:33:02 assez rapidement,
00:33:04 et puis vous aider, surtout, ensuite,
00:33:07 dans le futur, à questionner les idées simplistes
00:33:10 autour de ce thème.
00:33:13 Donc d'une génération à l'autre,
00:33:15 voilà, bon, chez Madimant, vous avez une génération,
00:33:17 un couple,
00:33:18 et puis vous avez la génération suivante
00:33:20 qui est représentée par un bébé,
00:33:22 donc il y a un intermédien
00:33:24 qui s'appelle les cellules reproductrices,
00:33:26 au but de chez la femme,
00:33:28 c'est pas un zoéthie, c'est chez l'homme,
00:33:29 qui se rejoignent lors du moment de la fécondation,
00:33:31 voilà.
00:33:32 Et donc la génétique, vous savez qu'on transmet
00:33:35 du patrimoine génétique
00:33:38 de la génération N à la génération N+1.
00:33:42 Donc la question c'est de savoir
00:33:43 est-ce qu'on transmet également,
00:33:46 de façon parallèle,
00:33:48 des informations épigénétiques, cette fois,
00:33:51 entre les générations successives.
00:33:53 Ça c'est une question.
00:33:55 Alors autant, la transmission héréditaire des gènes,
00:33:58 là c'est l'affaire, on va dire, épilier,
00:34:01 donc c'est évidemment consensuel partout,
00:34:05 voilà, ça se discute vraiment plus.
00:34:08 Autant la transmission héréditaire des expressions des gènes,
00:34:10 ça se discute encore,
00:34:12 et voilà, la science n'est pas close à ce niveau-là,
00:34:16 et donc le domaine de l'épigénétique
00:34:18 est encore...
00:34:20 les chapitres sont loin d'être écrits complètement.
00:34:25 Alors on va se balader un peu dans le monde vivant,
00:34:27 je commence par un exemple assez classique chez les végétaux,
00:34:31 il ne faut pas oublier que les végétaux aussi sont des organismes vivants,
00:34:34 donc vous avez l'exemple de la linéaire commune,
00:34:37 dont une forme variante de fleur,
00:34:41 je pense que vous pouvez apprécier la différence,
00:34:44 sans entrer dans les détails,
00:34:45 vous voyez au milieu du 18ème siècle,
00:34:47 il y a une forme variante qui a été décrite,
00:34:50 et en fait, il a fallu attendre plus de 250 ans
00:34:54 pour savoir ce qu'il y avait derrière en termes génétiques,
00:34:59 et même épigénétiques,
00:35:00 puisque c'est en 99,
00:35:02 vous voyez, juste à la fin du siècle précédent,
00:35:04 que les scientifiques ont compris
00:35:08 que derrière ces deux formes de fleurs
00:35:11 se cachaient des états d'expression différents d'un gène,
00:35:14 d'un gène principal qui contrôle la forme de la fleur.
00:35:18 Donc il y a deux états épigénétiques,
00:35:21 ça veut dire que génétiquement,
00:35:23 le variant est équivalent à la plante classique.
00:35:28 Donc vous avez un gène, peu importe son nom,
00:35:30 qui dans la forme classique est exprimé,
00:35:33 vous voyez, il y a le facteur de transcription,
00:35:34 le gène est ON,
00:35:36 et puis ils ont montré que c'était justement,
00:35:39 à nouveau, la médiation de l'ADN,
00:35:41 qui, dans la forme variante,
00:35:43 rendait le gène silencieux.
00:35:45 Et donc les conséquences, c'est d'avoir une forme,
00:35:48 une forme de la fleur complètement différente.
00:35:53 Voilà, alors, on veut parler d'irrévité,
00:35:56 donc, effectivement, alors on ne sait pas,
00:35:58 c'est un petit peu le sens du point de dérogation
00:36:01 autour du petit éclair rouge, là,
00:36:03 on ne sait pas ce qui, dans l'environnement,
00:36:05 peut-être maintenant, d'ailleurs,
00:36:06 en tout cas, je ne le sais pas moi,
00:36:08 et on ne le savait pas a priori depuis...
00:36:13 Enfin, l'observation, je veux dire,
00:36:15 c'est une observation naturelle,
00:36:16 hein, ça a été un variant qu'on a découvert dans la nature,
00:36:19 donc on ne sait pas vraiment l'événement
00:36:21 qui a déclenché l'apparition de ce variant.
00:36:25 Voilà, mais ce qui est important,
00:36:27 c'est que quand les gens ont ensuite fait des générations,
00:36:32 de nouvelles générations avec le variant,
00:36:34 ils ont pu voir que le variant se transmettait,
00:36:37 d'accord, au cours des générations.
00:36:40 Donc, que l'extinction du gène
00:36:44 qui contrôle la forme des fleurs,
00:36:46 eh bien, il est stable au travers des générations de plantes, d'accord ?
00:36:52 Et donc, il y a bien, du coup, une hérédité génétique,
00:36:55 ça valide, ça, donc la méthylation de ce gène
00:36:58 est transmise au cours des générations
00:37:00 et le gène est éteint au cours des générations.
00:37:03 Donc, c'est bien, on valide,
00:37:05 on dit que c'est bien de l'hérédité épigénétique.
00:37:07 La séquence, elle, est toujours la même,
00:37:09 la séquence du gène.
00:37:10 Et puis, on sait aussi pour d'autres
00:37:13 que ça peut être, c'est réversible,
00:37:15 c'est stable, mais à faveur d'autres événements aussi,
00:37:19 on peut revenir à l'état antérieur.
00:37:21 Donc, voilà, on a bien un exemple
00:37:23 de quelque chose qui est héréditable de façon épigénétique,
00:37:25 mais qui peut être réversé,
00:37:27 c'est-à-dire, on peut revenir à une forme non-méthylée du gène
00:37:30 et revenir à une forme florale classique.
00:37:34 Autre exemple,
00:37:36 aussi qu'on utilise assez classiquement
00:37:38 pour parler d'hérédité épigénétique,
00:37:41 c'est un petit verre de taille millimétrique
00:37:43 qu'on appelle "Senorhapetitis elegans",
00:37:46 donc vous avez une photo, voilà,
00:37:48 et il y a eu plein d'expériences avec ce petit verre,
00:37:53 et parmi les premières,
00:37:55 oui, dans celles qui nous intéressent ici,
00:37:59 c'est par exemple de soumettre une génération
00:38:02 à un régime différent,
00:38:04 c'est-à-dire soit une nourriture abondante,
00:38:07 soit un jeûne sévère,
00:38:09 c'est ça le stimulus,
00:38:10 juste une génération.
00:38:12 Et puis on regarde quelques générations plus tard,
00:38:15 en l'occurrence dans le chien,
00:38:16 on voit trois générations plus tard,
00:38:18 et on voit que quand on compare
00:38:20 ce qu'on appelle la F3, la troisième génération,
00:38:23 selon l'origine des parents,
00:38:25 selon ce qu'ont subi les parents,
00:38:27 eh bien on voit que la F3,
00:38:29 les troisième génération,
00:38:31 vit plus longtemps
00:38:33 et est plus résistant au stress thermique.
00:38:36 Voilà, dans la F3,
00:38:38 qui provient de la génération F0
00:38:43 qui a été stressée par un jeûne sévère.
00:38:46 Donc il y a effectivement un effet
00:38:48 au-delà de la première génération,
00:38:52 et donc on a décrit ce qui était en cause là-dedans.
00:38:56 Alors, j'en ai pas parlé ici,
00:38:58 mais il y a aussi des petits ARN
00:39:01 qu'on dit non codants,
00:39:03 c'est-à-dire qu'ils ne spécifient pas de protéines,
00:39:05 mais qui ont un rôle dans le contrôle
00:39:07 de l'expression des gènes.
00:39:09 Et ces petits ARN non codants,
00:39:11 c'est eux qui vont activer certains gènes,
00:39:16 sont transmis à travers la lignée
00:39:19 des cellules reproductrices,
00:39:21 de génération en génération,
00:39:23 et c'est eux qui sont responsables
00:39:25 de la stabilité de l'expression des gènes
00:39:28 au cours des générations,
00:39:30 et qui font que la troisième génération
00:39:33 est affectée par ce qui s'est passé
00:39:36 à la génération parentale.
00:39:39 Donc là aussi, on parle d'hérédité épigénétique.
00:39:42 Voilà, ça correspond tout à fait
00:39:45 à ce qu'on attend pour l'hérédité épigénétique.
00:39:47 On n'a pas modifié la séquence,
00:39:49 on a juste des modifications,
00:39:51 ici des petits ARN,
00:39:53 qui sont des vecteurs
00:39:56 et qui permettent de transmettre
00:39:58 cette information épigénétique
00:40:00 au travers des générations.
00:40:02 Revenons aux abeilles,
00:40:04 c'est intéressant d'y revenir à ce moment-là,
00:40:07 d'exposer.
00:40:08 Vous voyez, vous vous rappelez,
00:40:10 il y a la gelée royale qui fait
00:40:12 que les larves deviennent des rennes.
00:40:15 Voilà, donc là aussi,
00:40:18 on est en écho avec ce que j'ai dit avant,
00:40:21 là c'est un régime alimentaire
00:40:23 qui est responsable d'une transformation
00:40:25 absolument énorme
00:40:27 à l'échelle de l'organisme.
00:40:30 Et si on pense à la génération d'après,
00:40:33 il faut inclure un petit faux bourdon
00:40:35 pour la génération d'après,
00:40:37 on refait le cycle,
00:40:39 et bien, comme vous le savez,
00:40:41 comme j'ai indiqué ici,
00:40:43 une renne ne donne pas des rennes.
00:40:45 C'est-à-dire que l'état épigénétique
00:40:47 qui définit la renne
00:40:49 n'est pas transmis à la descendance.
00:40:51 Donc là c'est le contre-exemple,
00:40:53 on a quelque chose d'épigénétique
00:40:55 qui est absolument fondamental,
00:40:57 qui fait une transformation absolument essentielle
00:40:59 dans un organisme,
00:41:01 et si la renne se reproduit,
00:41:03 puisque c'est elle qui se reproduit,
00:41:05 qui fait la génération d'après,
00:41:07 on repart à zéro,
00:41:09 on refait des ouvrières, notamment.
00:41:11 Donc vous voyez bien que là il y a
00:41:13 ce qu'on appelle une reprogrammation épigénétique.
00:41:16 Voilà, les modifications épigénétiques
00:41:18 qui étaient portées par la renne
00:41:20 ne sont pas du tout transmises à la descendance.
00:41:22 Donc il n'y a pas d'hérédité épigénétique,
00:41:24 clairement ici.
00:41:26 Donc on revient à nos autres humains,
00:41:30 bon, mais pour donner une sorte d'archet général,
00:41:33 qui concerne pas que les humains, évidemment,
00:41:35 c'est que, à chaque génération,
00:41:38 eh bien il faut refaire un organisme complexe.
00:41:42 Donc il y a différents types cellulaires
00:41:45 qui nous caractérisent,
00:41:47 qui sont établis au cours de l'embryogénèse,
00:41:49 et donc il faut repartir d'une cellule,
00:41:52 une seule cellule, la cellule F,
00:41:54 issue de la fécondation entre un ovule et un spermatozoïde,
00:41:57 pour recréer ensuite
00:41:59 toute la diversité d'expression des gènes,
00:42:01 pour recréer toute cette diversité
00:42:03 des profils épigénétiques qui caractérisent
00:42:05 toutes nos cellules.
00:42:07 Voilà, donc,
00:42:09 c'est pourquoi, globalement,
00:42:11 j'indique qu'on efface tout et on recommence.
00:42:17 Alors j'ai dit presque,
00:42:18 parce qu'effectivement on n'efface pas tout,
00:42:20 il y a des marques épigénétiques qui subsistent,
00:42:23 qu'on connaît, hein,
00:42:25 mais le gros, en tout cas tout ce qui concerne
00:42:27 les gènes qui sont impliqués
00:42:29 dans ce qui fait l'identité des cellules,
00:42:33 tout ça c'est effacé,
00:42:35 et donc il y a une reprogrammation épigénétique,
00:42:39 et cet effacement se fait en fait en deux étapes,
00:42:43 au niveau du moment où on fait les cellules reproductrices,
00:42:47 on efface vraiment toutes les marques épigénétiques,
00:42:50 et aussi au cours de l'embryon,
00:42:52 mais très très précoce.
00:42:54 On efface tout,
00:42:56 pour réinstaller les marques épigénétiques
00:43:00 au cours du développement d'embryons
00:43:02 pour effectivement spécifier tel ou tel type de cellule.
00:43:06 Donc vous voyez que cette barrière,
00:43:10 ben, ça contrecarre l'hérédité épigénétique
00:43:15 chez les mammifères et chez les membres particuliers.
00:43:18 Donc, voilà,
00:43:20 donc c'est plutôt un gros obstacle, d'accord ?
00:43:25 Alors, malgré tout, est-ce que...
00:43:29 on peut poser la question, malgré tout,
00:43:31 j'ai dit que tout n'était pas effacé,
00:43:33 alors il y a des choses qui, notamment,
00:43:35 on contrôle certaines choses qui sont absolument...
00:43:38 il faut absolument les contrôler,
00:43:40 tout au long même dans les cellules sexuelles et dans l'embryon,
00:43:43 il y a des choses qui doivent être contrôlées,
00:43:45 donc c'est pour ça qu'il y a des choses qui ne sont pas effacées,
00:43:48 dans des petits endroits du gène.
00:43:50 Alors, néanmoins, est-ce que de l'information génétique
00:43:53 qui est transmise entre les générations,
00:43:55 c'est-à-dire, autrement dit, est-ce qu'une partie du vécu,
00:43:57 de l'acquis des parents,
00:43:59 peut se transmettre à la descendance ?
00:44:03 Alors, effectivement, c'était un petit peu ce qui était...
00:44:09 maintenant il y a pas mal d'années,
00:44:11 c'était un peu ce qui faisait les titres
00:44:14 de certains des journaux ou magazines,
00:44:18 donc, vous voyez, j'aurais pu en mettre des dizaines,
00:44:21 mais des trucs très variés,
00:44:23 puisqu'on passe de féminin mincire au monde et à Time.
00:44:27 Voilà, donc, c'est pour vous dire que ça a perfusé dans tous les médias,
00:44:35 et l'idée que, si je me concentre juste à la couverture de Time,
00:44:40 pourquoi votre ADN n'est pas votre destin ?
00:44:43 Donc, c'est la traduction,
00:44:44 la nouvelle science de l'épigénétique révèle comment les choix que vous faites
00:44:47 peuvent changer vos gènes,
00:44:49 et ceux de vos enfants.
00:44:51 Voilà, c'est un raccourci, parce qu'on ne change pas vraiment les gènes,
00:44:54 comme je l'ai dit, on ne change pas la séquence des gènes,
00:44:56 on change l'expression des gènes.
00:44:58 Mais bon.
00:45:00 Alors voilà, tout ça pour vous dire qu'il y a eu un fort écho médiatique,
00:45:03 il y en a toujours un qui est latent, à ce propos.
00:45:08 Donc, alors, évidemment, il y a eu quand même des choses
00:45:12 qui ont été faites du côté science,
00:45:17 qui ont été la base de cette popularité en termes de médias.
00:45:22 Et vous voyez, ici, là, il y avait un autre, un magazine plus spécialisé,
00:45:27 qui effectivement, je l'ai retraduit à nouveau,
00:45:29 qui disait que l'ADN n'est pas le destin,
00:45:31 la nouvelle science de l'épigénétique,
00:45:33 les découvertes de l'épigénétique réécrivent les règles de la maladie,
00:45:36 de l'hérédité et de l'identité.
00:45:39 Donc, on réécrit tout.
00:45:40 Voilà, avec l'épigénétique, hop, tout ce qu'on savait avant
00:45:43 peut être remis en cause, ou enrichi, notamment.
00:45:47 Et donc, dans cet article, pour illustrer leurs propos,
00:45:51 ils ont mis une photo, en fait, de deux souris,
00:45:55 l'une étant la mère de l'autre.
00:45:57 Et donc, on leur dit, un petit peu à l'image de ce que je vous ai écrit pour les abeilles,
00:46:03 qu'un seul changement de régime alimentaire
00:46:06 a permis de faire que la souris jaune et obèse
00:46:11 que vous pouvez voir,
00:46:13 a donné à un jeune qui a une constitution normale,
00:46:18 de souris normale.
00:46:20 Donc, voilà, donc, finalement, ça frappe un petit peu l'imaginaire,
00:46:25 et est-ce qu'on peut parler, effectivement,
00:46:27 d'hérédité épigénétique dans ce cas ?
00:46:30 Alors là, je suis obligé de faire un petit...
00:46:34 de raconter un peu une histoire pour vous faire comprendre
00:46:38 quelque chose qui... une subtilité quand même,
00:46:40 qu'on va effurer, en tout cas.
00:46:43 Donc là, cette souris jaune, elle a effectivement apparu,
00:46:45 de façon spontanée, là aussi, on ne sait pas trop ce qu'il s'est...
00:46:48 Pourquoi, hein ? C'est toujours pareil.
00:46:50 Et donc, vous voyez, en 1960, c'est vieux maintenant,
00:46:54 et donc, parmi une colonie de souris au pelage brun,
00:46:56 il y a une souris au pelage jaune.
00:46:58 Mais elle n'avait pas que le pelage qui était changé, d'abord.
00:47:01 Je vous l'ai dit, qu'elle était plutôt obèse.
00:47:03 Et puis, elle était susceptible au diabète, à certains cancers.
00:47:06 Enfin, bref, la vie n'était pas cool pour les souris jaunes.
00:47:10 Et donc, en fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:47:12 En fait, c'est un événement génétique, j'insiste.
00:47:15 C'est un événement génétique.
00:47:16 Vous voyez, j'ai mis...
00:47:17 Alors, il y a un gène qui s'appelle Agouti.
00:47:19 Bon, peu importe.
00:47:21 Vous voyez, j'ai mis, donc, sous les souris brunes, là,
00:47:25 vous avez la séquence d'ADN,
00:47:26 et puis, j'ai juste encadré cette portion
00:47:29 qui correspond à ce gène, qui s'appelle Agouti.
00:47:31 Et puis, vous voyez, à gauche, vous avez un petit rectangle à côté,
00:47:36 un petit rectangle rose.
00:47:38 Et en fait, ce petit rectangle, c'est en fait un élément génétique
00:47:42 qui est venu s'insérer non loin du gène Agouti.
00:47:46 C'est des petits éléments qui ont la particularité
00:47:49 de pouvoir bouger dans notre ADN,
00:47:53 avec une très faible fréquence, mais ça arrive.
00:47:55 Donc là, il y a eu un accident génétique, entre guillemets,
00:47:58 qui a positionné ce petit élément à côté du gène Agouti
00:48:02 et qui a entraîné une perturbation de son expression.
00:48:05 Donc, la citation normale, vous avez une expression de la protéine Agouti
00:48:08 à un taux normal,
00:48:10 et l'insertion de ce petit élément génétique
00:48:14 a abouti à déréguler ce gène
00:48:16 et à faire en sorte qu'il s'exprime de façon frénétique.
00:48:19 Cette fois, on surexprime le gène,
00:48:21 donc, on produit en surdose la protéine en question,
00:48:25 ce qui, parce que cette protéine a des fonctions,
00:48:27 perturbe l'ensemble de l'organisme.
00:48:31 Et là, c'est donc un événement génétique,
00:48:34 donc, on n'est pas dans l'épigénétique, d'accord ?
00:48:38 Alors, l'influence du régime alimentaire,
00:48:41 parce que c'était ça qui était valorisé dans cet article.
00:48:45 Donc, vous avez une génération N,
00:48:48 ici, vous avez une souris jaune obèse,
00:48:50 et si on donne un régime normal,
00:48:53 la génération N+1,
00:48:56 vous savez, elle donne le même type de souris,
00:48:59 globalement, qui surexprime toujours le gène agouti.
00:49:02 Et si vous lui donnez un régime différent,
00:49:06 cette fois supplémenté en quelque chose
00:49:08 que vous éventuellement connaître,
00:49:10 qui est la vitamine B9,
00:49:11 qu'on appelle aussi l'acide folique,
00:49:13 qui est impliqué, en fait,
00:49:16 aussi dans ce qu'on appelle le métabolisme
00:49:20 qui va conduire à générer
00:49:22 ces petites modifications sur l'ADN, la méthylation,
00:49:26 et bien, dans ce régime supplémenté en acide folique,
00:49:30 il a la même altération génétique, entre guillemets,
00:49:34 donc elles sont génétiques, moyen-antique,
00:49:37 mais le petit élément génétique qui est à côté
00:49:41 est méthylé, d'accord ?
00:49:43 Donc l'acide folique, en excès dans l'alimentation,
00:49:46 permet de conduire à la méthylation
00:49:49 et donc rendre silencieux ce petit élément génétique
00:49:54 et faire en sorte que le gène agouti
00:49:57 reprenne une vie normale, on va dire,
00:49:59 et donc produise de façon normale
00:50:01 sans être perturbée par ce petit élément génétique
00:50:04 à son voisinage.
00:50:06 Voilà, donc, avec le régime alimentaire,
00:50:08 on peut finalement forcer la génétique,
00:50:12 c'est-à-dire on peut éteindre les conséquences
00:50:15 de cet accident génétique.
00:50:18 Les deux souris, encore une fois, sont génétiquement identiques,
00:50:21 c'est juste le régime normal ou supplémenté
00:50:24 qui fait la différence.
00:50:26 Alors, elles sont donc épigénétiquement différentes.
00:50:30 Et donc il ne faut pas oublier que, évidemment,
00:50:32 j'ai parlé de femelle gestante,
00:50:34 donc en fait, la femelle elle-même,
00:50:37 elle n'est pas affectée par le régime,
00:50:39 elle est toujours jaune, obèse et tout ça.
00:50:41 Par contre, ce qui a été impacté,
00:50:44 je le montre ici, il ne faut pas oublier,
00:50:46 l'embryon, il y a un paquin évidemment,
00:50:49 mais l'embryon qui est dans la femelle gestante,
00:50:52 c'est lui qui a "subi" l'influence du régime.
00:50:57 Donc, on ne peut pas parler d'hérédité épigénétique
00:51:01 sans stricte, puisque finalement,
00:51:04 j'ai fait le parallèle avec les abeilles.
00:51:07 Les abeilles, vous avez la même larve,
00:51:09 selon le régime, on va donner une ouvrière ou une reine,
00:51:12 l'embryon de souris, qui est dans la souris porteuse,
00:51:15 selon le régime, on va lui donner,
00:51:17 à travers sa mère, certes,
00:51:19 mais c'est lui qui a subi les conséquences,
00:51:21 il va donner soit une souris plutôt jaune et obèse,
00:51:23 soit une souris plutôt brune et normale.
00:51:26 Donc, on a là un phénomène de persistance
00:51:29 de marques épigénétiques qui s'installent
00:51:31 au cours de la construction de l'organisme
00:51:34 et qui vont persister dans l'organisme adulte.
00:51:36 Donc, on n'a pas du tout de transmission,
00:51:38 ce n'est pas un effet héréditaire du tout.
00:51:41 Voilà.
00:51:42 Donc, tout ça, pour vous dire que,
00:51:44 là, je vais juste une diapositive,
00:51:46 c'est que ces histoires de conséquences
00:51:50 du vécu, pas que du régime alimentaire,
00:51:53 parce qu'évidemment, ça c'est important,
00:51:56 mais pas que,
00:51:58 sur le devenir de l'individu
00:52:01 de la génération N+1,
00:52:03 ça c'est tout un sujet d'étude en lui-même,
00:52:07 c'est ce qui s'appelle,
00:52:09 c'était le concept qui a été développé
00:52:11 il y a pas mal d'années maintenant,
00:52:12 qui s'appelle les origines développementales de la santé,
00:52:14 c'est-à-dire que notre propre santé
00:52:16 est dépendante éventuellement,
00:52:18 plus ou moins, de notre vécu
00:52:21 dans le ventre maternel.
00:52:24 Voilà.
00:52:25 Ce qu'avait titré Time,
00:52:26 comment les 9 premiers mois façonnent le reste de notre vie.
00:52:29 Donc, voilà.
00:52:30 Après, j'ai indiqué qu'effectivement,
00:52:32 selon le régime alimentaire ou d'autres choses,
00:52:34 on peut avoir un impact sur l'individu.
00:52:38 Voilà.
00:52:39 Donc ça, effectivement,
00:52:41 ça a donné un domaine d'étude à part entière.
00:52:45 Il y a tous des laboratoires qui sont dédiés à ce sujet.
00:52:49 Et évidemment,
00:52:51 les marques épigénétiques
00:52:53 qui peuvent mémoriser,
00:52:55 comme j'ai indiqué, peuvent mémoriser certains événements,
00:52:57 sont évidemment parmi les premiers
00:53:03 caractéristiques moléculaires
00:53:05 dont on pense qu'elles sont importantes
00:53:07 pour l'effet à long terme
00:53:13 de ce que vit l'embryon et le fœtus
00:53:17 dans le ventre maternel.
00:53:20 Voilà.
00:53:21 Alors, là aussi, c'est de la persistance.
00:53:24 Il n'y a pas de transmission en propres conditions.
00:53:26 C'est ce qui se passe au niveau du fœtus
00:53:28 qui perdure une fois qu'il se développe
00:53:31 jusqu'à l'organisme adulte.
00:53:33 Alors, est-ce qu'il y a quand même des cas
00:53:35 où on peut décrire des phénomènes héréditaires chez l'homme ?
00:53:38 Donc, les grands classiques,
00:53:40 si vous regardez rapidement,
00:53:42 on parle toujours de cette fameuse expérience malheureuse
00:53:46 à la fin du deuxième conflit mondial
00:53:49 qui a fait que
00:53:51 une grande partie de la population néerlandaise
00:53:53 a été exposée à une famine
00:53:57 du phénomène locuste des Allemands.
00:54:00 Et donc,
00:54:02 c'est des expériences chez l'homme,
00:54:05 c'est des expériences soit naturelles,
00:54:07 soit liées à des événements comme celui-ci.
00:54:11 Donc, les conséquences ont été regardées par certains
00:54:15 et en fait, on a comparé
00:54:19 la descendance des femmes
00:54:23 qui étaient soit enceintes pendant la famille,
00:54:26 soit qui ont conçu après la famille,
00:54:30 soit qui ont accouché avant la famille.
00:54:33 Donc, il faut avoir des groupes contrôles,
00:54:36 à peu près équivalents génétiquement aussi.
00:54:39 Et donc, vous voyez qu'effectivement,
00:54:41 il y a eu, en termes d'indices de masse corporelle
00:54:44 même dans les petits-enfants
00:54:46 ou de susceptibilité à certaines maladies,
00:54:48 des modifications qui étaient statistiquement,
00:54:52 normalement, valides, différentes.
00:54:56 Alors, est-ce qu'on peut parler de transmission épigénétique dans ce cas ?
00:55:01 Alors, vous voyez qu'on est toujours un peu exigeant en science
00:55:04 puisque la réponse est plutôt non
00:55:07 parce qu'on exige un peu comme pour les cellules,
00:55:11 mais là, c'est plus compliqué.
00:55:13 Quand on a effectivement une mère qui a un fœtus,
00:55:20 ce fœtus a déjà très tôt,
00:55:22 en fait, ça se fait très tôt au niveau de l'homogénèse,
00:55:24 les cellules sexuelles qui ont donné son nom sont déjà formées.
00:55:29 Donc, on estime, c'est un peu l'image des poupées russes en dessous,
00:55:33 qu'il y a trois générations en une.
00:55:35 Il y a la génération maternelle,
00:55:37 il y a le fœtus,
00:55:38 et il y a les cellules reproductrices qui sont composées dans le fœtus.
00:55:42 En fait, finalement, ça fait indirectement ou indirectement
00:55:47 trois générations exposées.
00:55:49 La première génération, donc la mère, le fœtus,
00:55:53 et finalement la génération issue des cellules sexuelles,
00:55:58 des cellules reproductrices, du fœtus.
00:56:00 Donc, on estime, parce qu'il y a cette notion pour l'épigénétique
00:56:04 qu'on doit avoir des choses qui mémorisent en dehors du...
00:56:09 quand le stimulus a disparu,
00:56:11 quand ce qui a enclenché le processus a disparu,
00:56:15 une notion supplémentaire qui n'a pas été du tout exposée
00:56:18 pour véritablement parler de transmission épigénétique.
00:56:22 Donc, dans ce cas-là, on peut expliquer tout
00:56:25 par des choses qui ne sont pas vraiment au sens strict.
00:56:29 Ça peut paraître provocateur, mais enfin, au sens strict,
00:56:31 ce n'est pas pour maintenant.
00:56:33 On est très rigoureux par rapport à ça,
00:56:35 de dire que non, ce n'est pas encore...
00:56:38 on ne veut pas parler d'hérédité épigénétique dans ce cas-là.
00:56:41 Alors, il y a aussi un autre exemple très médiatisé
00:56:45 qui est... parce qu'il n'y en a pas tant que ça...
00:56:49 bon, des exemples de famine dans le monde, il n'y en a eu pas.
00:56:52 Vous le savez, en Chine ou ailleurs, ou en Afrique,
00:56:55 il y a eu deux études qui ont vu des choses aussi.
00:56:59 Et puis, il y a l'effet...
00:57:01 alors là, j'ai rajouté une notion qui s'appelle l'effet transgénérationnel,
00:57:06 puisque si je reviens ici,
00:57:08 oui, tout ce qui est en rose, là,
00:57:12 qui correspond aux générations exposées,
00:57:14 on parle d'effet intergénérationnel.
00:57:17 Et pour parler de transmission épigénétique,
00:57:19 il faut attendre la génération supplémentaire,
00:57:21 et là, on parle d'effet transgénérationnel,
00:57:24 c'est-à-dire qu'on rajoute une étape de plus.
00:57:27 Alors, ici, vous avez un schéma, vous voyez, c'est les hommes,
00:57:30 donc là, on a besoin, puisque les hommes,
00:57:32 on n'a pas le même schéma que pour une femme enceinte,
00:57:35 donc là, il suffit d'attendre deux générations
00:57:38 pour parler d'hérédité épigénétique.
00:57:40 Et donc, c'est l'exemple d'Auverghelis,
00:57:42 un petit village au nord de la Suède,
00:57:45 où il y avait beaucoup de choses qui avaient été consignées,
00:57:48 des registres, qui a permis d'analyser les choses,
00:57:51 notamment en termes de nutrition
00:57:54 d'une première génération.
00:57:58 Vous voyez qu'il y a des générations qui étaient exposées
00:58:01 à des récoltes plus ou moins abondantes,
00:58:03 et on a pu regarder, au bout de deux générations,
00:58:06 ce qui se passait,
00:58:09 et on voyait effectivement qu'il y avait des différences
00:58:12 en termes de mortalité ou de susceptibilité à des maladies
00:58:17 dans les petits-enfants, les petits-fils,
00:58:20 selon qu'ils dérivaient d'un grand-père
00:58:24 qui avait été nourri abondamment ou peu.
00:58:27 Et d'ailleurs, c'était à l'avantage de ceux
00:58:30 qui descendaient de grands-parents
00:58:34 qui étaient peu nourris, d'accord ?
00:58:37 Donc, ça donnait un avantage à la deuxième génération.
00:58:41 Voilà, donc, c'est des choses qui ont été publiées
00:58:44 il y a maintenant plus de 20 ans.
00:58:46 Ça a été revu, la dernière publication que j'ai vue,
00:58:49 là, je ne l'ai pas réactualisé dernièrement,
00:58:51 mais c'est en 2018, donc ils ont revu avec une cohorte
00:58:54 un peu plus grande.
00:58:56 Ils n'ont pas reproduit tout à fait les mêmes résultats.
00:58:59 Ils ont aussi intéressé au cancer.
00:59:01 Donc, bon, voilà, pour vous dire que tout n'est pas assis
00:59:04 de façon robuste, mais j'ai juste traduit
00:59:07 une de leurs conclusions.
00:59:09 "Les résultats confirment l'existence d'une voie transgénérationnelle
00:59:12 de la lignée masculine, mais nous aimerions être prudents
00:59:15 quant aux mécanismes spécifiques."
00:59:17 Ça veut dire que, bon, ils ont des choses,
00:59:20 mais bon, ils ne se lancent pas trop sur le fait
00:59:22 qu'il y a une transmission, une hérédité épigénétique.
00:59:25 Voilà, donc c'est les auteurs eux-mêmes,
00:59:27 c'est pas moi, hein.
00:59:29 Et sachez qu'effectivement, dans ce genre d'études,
00:59:31 il y a quand même des...
00:59:33 il y a des trucs un peu troublants,
00:59:35 c'est-à-dire qu'effectivement, c'est uniquement
00:59:37 des fils, des grands-pères, voilà, enfin bon,
00:59:40 ça marche pas avec les grands-mères et les petites-filles,
00:59:43 ou les petites-filles et les grands-pères.
00:59:45 Enfin voilà, donc c'est assez compliqué.
00:59:47 Quand on regarde dans le détail, les choses sont
00:59:49 beaucoup plus subtiles que ça, et donc c'est pour ça
00:59:51 que les gens deviennent de plus en plus prudents,
00:59:53 parce qu'il y a toujours l'exaltation
00:59:55 des premières études, et après, bon.
00:59:57 Alors bon, des études comme ça, il y en a eu plein,
01:00:00 et donc c'est intéressant, c'est de faire
01:00:02 ce qu'on appelle des méta-analyses,
01:00:04 c'est-à-dire qu'il y a des gens, ensuite,
01:00:06 qui vont à la lecture, et qui disent,
01:00:08 qu'est-ce qu'on peut résumer de tout ça,
01:00:10 parce que c'est compliqué, les études...
01:00:12 Personne ne va dire toutes ces études.
01:00:14 Par contre, ceux qui font les méta-analyses,
01:00:16 ils vont se cogner les études,
01:00:18 c'est un boulot qui fait qu'on fait
01:00:20 une publication quand même à la fin,
01:00:22 et donc là, dans ce cas-là, dans cette méta-analyse,
01:00:24 ils ont regardé s'il y avait des preuves
01:00:26 d'une potentielle hérédité transgénérationnelle
01:00:29 des effets sur la santé chez les humains et les animaux.
01:00:32 Et donc ils ont évalué les niveaux de preuves
01:00:34 et les études de la science, donc ils ont regardé,
01:00:36 parmi toutes les études, les milliers d'études qu'il y avait,
01:00:38 ils en ont retenu à peu près 250 qui étaient pertinentes,
01:00:42 près de 50 chez les humains, et le reste chez les animaux,
01:00:45 ou qui rapportent des effets... qui rapportent, hein,
01:00:48 ils rapportent des effets transgénérationnels,
01:00:50 c'est marqué dans le titre en général,
01:00:52 et ils ont quand même classé par niveau de preuve,
01:00:54 catégorie... enfin, ils ont fait tout un travail,
01:00:56 c'est un article conséquent, qu'ils ont fait
01:00:58 avec des critères assez objectifs,
01:01:00 de placer tout ça, et vous voyez,
01:01:02 c'est toute une ligature, j'ai juste mis,
01:01:04 on va pas tout lire, mais c'est tout plein
01:01:06 d'événements, d'environnements différents,
01:01:11 ça va des radiations au point des régimes alimentaires,
01:01:14 différentes molécules, pesticides, bisphénol,
01:01:16 des stress, des traumas, on en reparlera,
01:01:18 comme l'holocauste, et puis plein de...
01:01:23 on a regardé plein de paramètres, dans ces études,
01:01:26 des effets sur la reproduction, sur la mortalité,
01:01:29 sur les différents aspects en termes de maladies,
01:01:32 sur le poids corporel, le métabolisme, etc.
01:01:35 Et donc, le résumé de cette étude,
01:01:38 c'est que finalement, il y a peu de données
01:01:41 qui, en évaluant la même exposition,
01:01:44 c'est-à-dire par exemple les rayonnements X,
01:01:47 ont trouvé des résultats similaires.
01:01:49 Donc déjà, il y a une hétérogénéité des résultats.
01:01:51 Donc chaque étude peut être plus ou moins valide,
01:01:55 mais après, au bilan, quand on les compile,
01:01:57 pour la même exposition, on n'a pas forcément les mêmes résultats.
01:02:00 Donc ça pose un peu de problème.
01:02:02 Donc ils ont effectivement identifié des problèmes
01:02:04 qui sont liés parfois à la conception des études,
01:02:06 à leur conduite, et voire même à leur rédaction.
01:02:09 C'est tout un cheminement, la science,
01:02:11 on doit être objectif et rigoureux
01:02:14 de la conception à la rédaction des résultats.
01:02:18 Donc ils ont vu qu'il y avait des petits problèmes,
01:02:23 et donc l'hétérogénéité des biais et les biais des résultats
01:02:26 limitent au bilan les preuves à faveur des faits transgénérationnels.
01:02:30 Et donc ils sont positifs,
01:02:32 ils disent qu'il faut prendre en considération tous ces biais,
01:02:34 ces limites, pour que les données ultérieures soient meilleures.
01:02:38 Donc ça c'est une revue qui date de 2018.
01:02:42 Les choses ont un peu évolué depuis,
01:02:44 c'est-à-dire que les exigences pour ce genre de publications
01:02:49 sont de plus en plus importantes.
01:02:52 Voilà, donc pour résumer cette deuxième partie
01:02:55 qui est un peu lourde à dégirer, j'en conviens.
01:02:57 Donc il y a des situations variées dans le monde vivant,
01:02:59 je vous avais parlé des plantes,
01:03:01 il y a des cas des réalités épigénétiques dans les plantes,
01:03:04 il y en a plein.
01:03:05 Ce petit verre millimétrique, là c'est une rapidesse élégante,
01:03:09 il y a aussi plein de travaux intéressants.
01:03:11 Et puis à contrario, je vous avais montré que chez les abeilles,
01:03:14 ça ne marche pas comme ça,
01:03:16 et que chez les mammifères, globalement,
01:03:18 ça ne marche pas trop comme ça non plus.
01:03:21 Alors, et juste, là je finis quand même,
01:03:23 oui je rajoute ça parce que c'est une publication
01:03:25 qui est sortie très récemment en février,
01:03:28 qui interpelle la communauté, moi en particulier,
01:03:31 où ils ont montré effectivement que chez la souris,
01:03:35 ils pouvaient transmettre de façon héréditaire
01:03:39 la méthylation de certaines zones dans l'ADN.
01:03:44 Alors, donc effectivement,
01:03:47 d'abord c'est dans une très bonne revue scientifique,
01:03:50 et maintenant d'une très bonne équipe scientifique,
01:03:53 donc évidemment tout à fait à considérer,
01:03:56 donc voilà, il y a eu beaucoup de commentaires.
01:04:00 La seule chose, c'est que maintenant,
01:04:02 toujours pareil, il y a une étude importante qui sort,
01:04:05 les scientifiques apprécient les études
01:04:09 qui secouent un peu les dogmes.
01:04:13 Maintenant, ils n'ont pas répondu à certaines questions,
01:04:16 ils n'ont pas élucidé ce qui servait à la mémoire
01:04:19 de cette méthylation d'ADN,
01:04:21 et puis surtout, la façon, je ne vais pas rentrer dans les détails,
01:04:24 mais la façon dont ils ont induit la méthylation
01:04:27 dans la première génération est tout à fait artificielle.
01:04:30 Ils ont introduit un morceau d'ADN,
01:04:33 ils l'ont retiré, enfin bref, c'est des choses
01:04:36 qui ne se produisent pas du tout comme ça dans la nature.
01:04:38 Donc la question est de savoir
01:04:40 est-ce que c'est généralisable à d'autres gènes
01:04:43 et dans des conditions naturelles.
01:04:45 Donc voilà, il y a une étude qui est sérieuse,
01:04:47 il n'y a pas de problème,
01:04:49 qui montre ça mais avec des bémols,
01:04:51 c'est-à-dire est-ce que c'est extrapolable effectivement.
01:04:55 Il va y avoir d'autres études,
01:04:57 comme je l'ai noté, c'est une affaire à suivre.
01:05:01 Et donc, malgré le peu de données scientifiques
01:05:04 qui sont en faveur d'une hérédité épigétique
01:05:07 chez les humains, chez les mammifères en général,
01:05:09 chez les humains en particulier,
01:05:11 cette idée que l'hérédité ne se limite pas aux gènes
01:05:13 est devenue quand même très populaire
01:05:16 parce que ça a l'attrait de la nouveauté.
01:05:18 On aime bien la nouveauté, les humains aiment bien
01:05:20 ce qui interpelle et qui est neuf.
01:05:22 Et donc la tentation est, comme j'ai indiqué,
01:05:24 assez grande pour certains
01:05:26 de prendre des libertés avec les faits
01:05:28 et donc de tirer des interprétations très simples,
01:05:32 voire simplices et sans certaines fausses,
01:05:35 d'une réalité qui est très complexe.
01:05:37 Et donc, voilà, c'est la dernière partie
01:05:41 qui va être plus courte que la de compte, je vous rassure.
01:05:43 Je vais quand même faire un petit break.
01:05:45 Hydratation.
01:05:47 Donc, hérédité épigétique, hérédité chez l'homme,
01:05:53 bon, au-delà de la science,
01:05:55 je vais m'intéresser à l'exemple de la psychogénalogie.
01:05:58 Donc la psychogénalogie,
01:06:00 ou ce qu'on appelle analyse transgénérationnelle,
01:06:03 bon, c'est très populaire depuis pas mal d'années.
01:06:06 Là, j'ai juste mis, si vous pouvez re-écouter,
01:06:09 parce qu'il y a une série d'émissions sur Transculture,
01:06:12 autour de ça, qui avait été diffusée en 2005,
01:06:16 et qui ont été rediffusées à la fin de l'année dernière.
01:06:19 C'est pour ça que j'en parle.
01:06:21 Je pense que c'est toujours dans les podcasts.
01:06:23 J'ai juste mis, il y a cinq épisodes,
01:06:26 et j'ai juste mis une phrase qui m'a interpellé,
01:06:29 c'est la psychogénalogie, qu'on voit sur le site,
01:06:32 émet l'hypothèse que notre vie serait influencée
01:06:35 par les expériences des générations antérieures.
01:06:38 Alors, un événement vécu par un ancêtre,
01:06:41 cinq ans, cent, mille ans auparavant,
01:06:44 pourrait guider nos choix à notre insu.
01:06:47 Donc, ils y vont assez lourd.
01:06:50 On peut réagir à ça.
01:06:52 Alors, voilà, donc ça c'est un peu extrême,
01:06:55 mais bon, c'est écrit sur le site de Transculture.
01:06:59 Voilà, donc, à contrario, il y a d'autres médias,
01:07:03 comme Marianne, donc justement, en écho
01:07:06 à cette émission qui a été rediffusée,
01:07:09 on parle de la psychogénalogie sur Transculture,
01:07:12 une pseudo-science à la mode, voilà.
01:07:15 En fait, il n'y a pas que sur Transculture,
01:07:18 il y a aussi d'autres médias qui ont fait la part belle
01:07:21 à la psychogénalogie. En deux mots,
01:07:24 parce que c'est un sujet en soi, la psychogénalogie,
01:07:27 c'est de trouver... vous savez, les psychogénologistes,
01:07:30 si vous allez consulter, ils vont refaire avec vous
01:07:33 une sorte d'arbre génalogique, une sorte,
01:07:36 pas un arbre génalogique au sens trite,
01:07:39 on a bien la filiation, et puis ils vont surtout
01:07:42 essayer de repérer des événements, des événements
01:07:45 qui vous concernent, vous, ce pourquoi vous allez
01:07:48 en fait voir un psychogénalogiste, vous avez un problème
01:07:51 à régler en général, et puis en remontant,
01:07:54 ils vont trouver des choses qui vont parler,
01:07:57 et là, il se trouve que c'était quelqu'un
01:08:00 qui avait un cancer des testicules,
01:08:03 et il y a une incidence assez grand-parent,
01:08:06 que ses grands-parents aient reçu un coup de pied,
01:08:09 un coup de pied de chameau aux testicules.
01:08:12 Ça c'est un génos... voilà, c'est ce qu'on appelle
01:08:15 un génosiogramme authentique. Voilà.
01:08:18 Alors, bah voilà, donc ensuite, en plus,
01:08:21 il a déclaré son cancer au même âge que le grand-père
01:08:24 qui avait reçu le coup de pied. En question,
01:08:27 donc l'affaire était tordue, il y avait d'autres...
01:08:30 voilà, ça parlait au psychogénalogiste, ça parle...
01:08:33 c'est effectivement l'un et la cause de l'autre.
01:08:36 Donc c'est le fameux syndrome d'anniversaire,
01:08:39 des événements qui se reproduisent, voilà.
01:08:42 Et en fait, c'est un peu, comme j'ai mis ici,
01:08:45 comment donner du sens au hasard, parce que,
01:08:48 effectivement, c'est en général le hasard qui prévaut.
01:08:51 Alors, il y a un ouvrage, voilà, qui a été,
01:08:54 vous voyez, plus de 400 000 exemplaires vendus,
01:08:57 donc c'est ce qui a lancé vraiment la psychogénalogie en France,
01:09:00 de Hans-Ancelin Schultz-Berger,
01:09:03 qui est mort il n'y a pas si longtemps, il y a deux ans, je crois,
01:09:06 ou trois, et voilà. Donc ça, c'est vraiment le...
01:09:09 pour vous dire que ça a du succès, quand même.
01:09:12 Aïe mes aïeux, mais pas que, il y a plein de livres.
01:09:15 Et alors, je signale aussi,
01:09:18 vous devez connaître éventuellement le Cortex,
01:09:21 qui est un étudiant langue de sien,
01:09:24 un des membres fondateurs, Nicolas Gaillard,
01:09:27 qui a écrit et qui a publié l'an passé
01:09:30 le seul ouvrage qui fait un peu la critique de la psychogénalogie,
01:09:33 donc je recommande la lecture, que j'ai lu moi-même
01:09:36 et qui est très bien fait. C'est vraiment un ouvrage
01:09:39 avec une investigation, avec des critères objectifs
01:09:42 que tout à fait comme font les...
01:09:45 que ne renieraient pas les scientifiques.
01:09:48 Et très bien sourcé. Voilà. Donc, c'est une pratique
01:09:51 qui n'est absolument pas valide, qui est absolument pas valide
01:09:54 par la science, enfin validée par la science, mais qui est néanmoins
01:09:57 en quête de légitimation scientifique. Et évidemment, l'épigénétique,
01:10:00 ça a fini par percoler dans le cerveau
01:10:03 de certains psychogénalogistes.
01:10:06 Donc voilà, donc là, je ne vais pas le dire non plus,
01:10:09 mais c'est juste pour vous dire que dans des ouvrages ou des articles récents,
01:10:12 c'était dans 2021, ça, voilà,
01:10:15 on fait... on parle de la science, parce que du coup,
01:10:18 on parle de la science, pas que de l'épigénétique, mais pas mal
01:10:21 de l'épigénétique, et notamment, c'est sur un blog,
01:10:24 là on voit "Épigénétique, la psychogénalogie vient-elle
01:10:27 de gagner ses lettres de noblesse ?" Donc voilà, donc en fait,
01:10:30 c'est l'épigénétique, des résultats de l'épigénétique
01:10:33 dans le sens épigénétique qui a édité,
01:10:36 valide, validerait, validerait
01:10:39 la psychogénalogie.
01:10:42 C'est aussi, parce que là, j'ai repris ça,
01:10:45 j'ai retrouvé ça il y a pas longtemps, voilà, donc il y a un...
01:10:48 je ne sais pas si vous connaissez cet ouvrage, qui a fait pas mal
01:10:51 parce qu'il était... normalement, il était
01:10:54 prédisposé au bon cours, j'ai cru comprendre. Enfin, en tout cas,
01:10:57 donc c'est une histoire de mémoire, de saga familiale,
01:11:00 et effectivement, dans différents commentaires que j'ai pu voir,
01:11:03 on parle de des révélations récentes
01:11:06 de l'épigénétique, et même sur France Info,
01:11:09 il y a une phrase, nous dit l'auteur, qu'est-ce qu'il nous dit l'auteur ?
01:11:12 Que les généticiens ont observé qu'un seul trauma
01:11:15 peut modifier le comportement d'un gène sur 14 générations.
01:11:18 Alors, sur 14, je ne sais pas d'où il sort ça, mais bon, voilà.
01:11:21 Donc voilà, non mais je veux dire tout ça pour dire que,
01:11:24 ces gens, ils sont écoutés, hein,
01:11:27 Camille de Toledo, il a du succès, voilà.
01:11:30 Vous pouvez trouver, alors après, si vous fouillez, vous faites psychogénalogie
01:11:33 épigénétique, il y a plein de choses, il y a des vidéos, il y en a une,
01:11:36 j'ai pris celle-là parce qu'effectivement, il y a un docteur en biochimie
01:11:39 qui vient discuter avec une psychogénalogie,
01:11:42 évidemment, ça donne du crédit, hein.
01:11:45 Il n'est absolument pas spécialiste en épigénétique,
01:11:48 mais bon, voilà, il travaille en recherche
01:11:51 de développement d'entreprises, mais voilà,
01:11:54 mais il est biochimie, il était docteur en biochimie.
01:11:57 Donc voilà, on n'hésite pas à mettre
01:12:00 des cautions scientifiques d'hygiène débarquée.
01:12:03 Vous avez aussi une autre personne qui s'appelle Natacha Calestremé,
01:12:06 que vous devez éventuellement connaître parce qu'elle est médiatiquement
01:12:09 très, très, très visible, et là, j'ai juste repris
01:12:12 ce qu'elle avait dit lors d'un échange avec Jean-Marc Morandini
01:12:15 sur CNews, que je ne regarde pas trop
01:12:18 par ailleurs, mais bon.
01:12:21 Voilà, donc, il y a Natacha Calestremé qui dit "En fait, l'épigénétique,
01:12:24 je l'explique dans mon livre, puisqu'elle fait la propotion de son ouvrage
01:12:27 à l'époque, montre combien on peut hériter d'une épreuve de nos parents,
01:12:30 de nos grands-parents, que ça s'inscrit dans nos gènes, nos gènes sont
01:12:33 transformés et donc on va hériter et moi..."
01:12:36 Alors, il interrompt en disant "On porte le poids du passé,
01:12:39 on porte une épreuve qui n'avait pas été réglée
01:12:42 par nos parents ou nos grands-parents et qui nous a été transmise
01:12:45 malgré nous. L'épigénétique, le monde, c'est scientifique,
01:12:48 sur l'option psychologique, on parle de transgénération."
01:12:51 Voilà. Donc, bref, c'est des gens
01:12:54 qui sont très écoutés, hein, attention.
01:12:57 Je ne parle pas de petits gourous obscurs dans un coin
01:13:00 de la campagne, non. Voilà, donc là,
01:13:03 je n'ai pas eu le temps, je l'ai mis ça un peu pour moi,
01:13:06 parce qu'elle a sorti encore un nouvel opus,
01:13:09 "Se donner toutes les chances", elle est très prolixe, hein.
01:13:12 Et alors, effectivement, là, ce qui interpelle, c'est qu'elle a réussi
01:13:15 à mettre des noms de docteur, tout ça. Je ne me suis pas renseigné
01:13:18 sur tout le monde, mais il y a un nom que je connais, qui est Isabelle Mansuid,
01:13:21 qui est une chercheuse, qui est docteure en biologie bricoletaire,
01:13:24 je vous l'ai indiqué, professeure en épigénétique, c'est médiatiquement
01:13:27 connue aussi, il y a des vidéos sur elle. Donc, moi, ça me pose
01:13:30 des problèmes, parce que... Bon, je ne sais pas
01:13:33 ce qu'elle raconte là-dedans, hein, et comment le deal s'est fait,
01:13:36 mais, bon, moi, je n'aimerais pas retrouver mon nom
01:13:39 associé à celle de Natacha Galestreve, et voilà.
01:13:42 Donc, bon, je ne sais pas comment
01:13:45 ça a été conclu, ce contrat entre Isabelle Mansuid
01:13:48 et Galestreve. Voilà, alors,
01:13:51 évidemment, là aussi, il y a des exemples
01:13:54 qui pouvaient alimenter ce discours,
01:13:57 et je me consacrais à un qui a été beaucoup
01:14:00 médiatisé, qui était le cas de la transmission
01:14:03 éventuellement du traumatisme
01:14:06 de l'Holocauste. Donc, il y a eu des titres,
01:14:09 vous voyez, dans le monde de la section science,
01:14:12 la Shoah, un traumatisme héréditaire, poum !
01:14:15 Et puis, dans The Guardian,
01:14:18 donc tout ça, c'était quand même des quotidiens
01:14:21 respectables, hein, l'étude des survivants de l'Holocauste révèle que traumatisme
01:14:24 se transmet aux gènes des enfants, vous avez le
01:14:27 Huffington Post aussi, voilà, toujours transmets
01:14:30 génétiquement, voilà, Slate aussi, bon, il y en avait plein, hein.
01:14:33 Donc, effectivement, là aussi, je ne vais pas rentrer dans le détail, c'est plus pour moi
01:14:36 que je garde des traces, pour ne pas avoir à aller rechercher à chaque fois,
01:14:39 vous avez des articles qui sont
01:14:42 scientifiques, qui...
01:14:45 qui ont alimenté ces commentaires.
01:14:48 Donc, vous avez Rachel Yehuda,
01:14:51 qui est une chercheuse, vous la verrez, respectable, attention, hein,
01:14:54 qui travaille à New York,
01:14:57 voilà, qui est très axée sur le stress post-traumatique.
01:15:00 Et donc, elle,
01:15:03 elle et son écuveux ont publié quelques articles
01:15:06 à l'époque qui montraient que, il y avait,
01:15:09 bon, d'abord l'observation, c'est que, ça c'est vrai, hein,
01:15:12 il y a une augmentation du risque de développer anxiété, dépression
01:15:15 chez les enfants des survivants de la Shoah, ça c'est le matériau au départ.
01:15:18 Et donc, c'était corrélé
01:15:21 à des modifications épigénétiques, en l'occurrence encore
01:15:24 de la mitigation d'ADN, de gènes impliqués dans la réponse au stress.
01:15:27 Donc, il y a des corrélations,
01:15:30 après, sur la valeur statistique, on peut toujours
01:15:33 discuter, mais bon, c'était publié, voilà.
01:15:36 Et donc, est-ce qu'on avait, donc, est-ce que derrière cette corrélation,
01:15:39 il y avait un lien de causalité, est-ce qu'il y avait une transmission épigénétique
01:15:42 qui était responsable de l'anxiété et de la dépression chez les enfants ?
01:15:45 Alors, ah oui, juste, je reviens sur la diaboïde avant,
01:15:48 c'est pour un petit commentaire liminaire,
01:15:51 c'est que, vous voyez que, dans le Poste ou le Slate,
01:15:54 on a dit "se transmet génétiquement", vous voyez,
01:15:57 le épi est, ben, là, c'est-à-dire,
01:16:00 tout ça pour vous dire que des fois, les journalistes, déjà,
01:16:03 entre génétique et épigénétique, ils ont un peu de mal
01:16:06 au sens strict, du coup, si je lis, moi, c'est
01:16:09 "transmission génétique", voilà, donc, je veux dire,
01:16:12 des fois, les mots sont employés un petit peu,
01:16:15 sont mal employés, voilà.
01:16:18 Donc, voilà,
01:16:21 donc, après, après le sensationnel, j'ai mis le temps des critiques,
01:16:24 c'est vrai que dans plusieurs
01:16:27 magazines ou quotidiens, voilà, il y a
01:16:30 des balais gelés, il y a toujours la vague, et puis après, il y a
01:16:33 une petite baguelette des critiques, et notamment
01:16:36 des scientifiques se sont exprimés à travers divers médias
01:16:39 pour dire qu'il y avait vraiment une surinterprétation
01:16:42 des résultats en faveur des mécanismes épigénétiques.
01:16:45 Et ils ont soulevé, et pas que dans les journaux,
01:16:48 aussi dans les journaux scientifiques, pas dans les journaux en public,
01:16:51 et je vais revenir jusque sur deux aspects,
01:16:54 le fait qu'il faut tenir compte, effectivement, de la transmission culturelle,
01:16:57 que les enfants des survivants de la Shoah
01:17:00 n'avaient pas forcément toujours une enfance
01:17:03 très, très cool, d'ailleurs il y en a qui ont témoigné,
01:17:06 il y en a même une qui a témoigné, qui avait participé à l'étude,
01:17:09 pour dire que, bon, son père faisait des cauchemars,
01:17:12 après il réveillait tout ça. Voilà, donc il faut tenir compte
01:17:15 de l'environnement pas forcément
01:17:18 toujours tranquille de ces enfants,
01:17:21 et l'évocation parfois de souvenirs terrifiants
01:17:24 auxquels ont été exposés les enfants,
01:17:27 et puis la possibilité d'une relation donc causale inverse,
01:17:30 c'est le stress des enfants qui est la cause de la modification,
01:17:33 de la méthéation de leur gêne.
01:17:36 Et ça je l'exprime à travers un schéma, pour être plus précis possible.
01:17:39 Donc vous avez une génération N
01:17:42 qui a subi le trauma, et là c'est un véritable trauma,
01:17:45 ça évidemment, on ne se convient pas,
01:17:48 et puis vous avez la génération N+1 qui est sujette à anxiété,
01:17:51 dépression, voilà, des problèmes psychologiques importants.
01:17:54 Et donc vous avez une expérience traumatique
01:17:57 qui a pu être associée à une modification épigénétique,
01:18:00 ça c'est vrai, ça peut toucher l'expression de certains gènes.
01:18:03 Alors, je dis juste que les modifications épigénétiques,
01:18:06 c'est mentionné ici, ont été mesurées
01:18:09 non pas dans le cerveau mais dans les cellules sanguines.
01:18:12 D'accord ? Un matériel facile d'accès,
01:18:15 on n'allait pas faire des biopsies cérébrales
01:18:18 pour regarder les modifications épigénétiques.
01:18:21 Donc c'est un peu indirect dans les cellules sanguines,
01:18:24 mais c'est vrai aussi.
01:18:27 Et donc à la génération suivante, on a prélevé les cellules sanguines,
01:18:30 anxiété et dépression sont aussi associées à des modifications épigénétiques
01:18:33 assez similaires, voilà. Ça c'est l'observation.
01:18:36 Alors, il y a une corrélation,
01:18:39 est-ce qu'il y a transmission et qu'est-ce qui est transmis
01:18:42 effectivement d'une génération à l'autre, est-ce qu'on peut parler
01:18:45 des réalités épigénétiques ? Alors l'interprétation "sexy"
01:18:48 c'est effectivement il y a des réalités épigénétiques.
01:18:51 Mais alors, maintenant, une fois qu'on a dit ça,
01:18:54 il faut voir ce que ça implique. Si on regarde dans le détail,
01:18:57 ça veut dire qu'effectivement, la modification épigénétique,
01:19:00 les modifications épigénétiques en cause doivent être transmises
01:19:03 et doivent subir tout un parcours. C'est ce parcours que je l'illustre ici.
01:19:06 C'est-à-dire que, vous voyez, on doit passer...
01:19:09 Donc normalement, un des premiers lieux, c'est quand même
01:19:12 le cerveau qui est atteint par les effets,
01:19:15 mais pas que, évidemment. Et donc, en tout cas,
01:19:18 ou d'autres cellules, puisqu'il y a eu des problèmes de nutrition
01:19:21 et tout ça, voilà, qui en tout cas, il faut qu'à un moment,
01:19:24 les cellules reproductrices arrivent à avoir
01:19:27 un message épigénétique de ce qui arrive
01:19:30 au reste de l'organisme.
01:19:33 Puisqu'il y a les cellules sexuelles qui sont ensuite transmises,
01:19:36 enfin qui génèrent la sévération suivante.
01:19:39 Après, je vous ai dit qu'il fallait que ces modifications épigénétiques
01:19:42 passent la barrière de reprogrammation épigénétique,
01:19:45 et que, de l'autre côté, on efface presque tout et on recommande.
01:19:48 Puis après, il faut qu'elles se maintiennent dans l'embryon
01:19:51 et puis qu'elles se retrouvent quelque part,
01:19:54 spécialement dans le cerveau du fœtus,
01:19:57 et puis ensuite se maintiennent, éventuellement,
01:20:00 dans le cerveau de l'organisme, plus ou moins adulte,
01:20:03 pour être la cause, éventuellement, de l'anxiété et de l'expression.
01:20:06 Vous voyez, donc ça fait tout un parcours
01:20:09 où il y a plein de points de dérogation.
01:20:12 Il faut que le mécanisme épigénétique soit aussi spécifique,
01:20:15 il y a vraiment un message particulier,
01:20:18 c'est pas n'importe quoi, et robuste, c'est-à-dire qu'il passe toutes ses barrières.
01:20:21 Donc, ça va être beaucoup d'étapes
01:20:24 et beaucoup de questions qui, pour l'instant, n'ont pas de réponse.
01:20:27 Donc, bon, le scientifique n'adhère pas tout de suite
01:20:30 parce qu'il lui faut des mécanismes, à un moment.
01:20:33 Et puis, il y a quand même l'adhérentif
01:20:36 qui est beaucoup plus simple,
01:20:39 c'est pas exclusif, mais en tout cas,
01:20:42 il faut ne pas goulmer les interactions sociales
01:20:45 qui fait que,
01:20:48 entre les deux générations,
01:20:51 le vécu des parents a pu impacter,
01:20:54 comme je l'ai dit, le vécu des enfants.
01:20:57 Et qu'en fait, c'est ça qui produit essentiellement
01:21:00 l'anxiété et la dépression chez ces enfants
01:21:03 et c'est ça qui produit les modifications épigénétiques
01:21:06 qu'on relève dans leur cellule sanguine.
01:21:09 Donc, vous avez une relation, ce qu'on appelle une relation causale inverse.
01:21:12 C'est non pas les modifications épigénétiques qui ont été transmises
01:21:15 et qui produisent le mal-être,
01:21:18 mais c'est le mal-être qui est associé à des modifications épigénétiques
01:21:21 et qui a été, lui, produit par des interactions culturelles.
01:21:24 J'espère que vous avez suivi la différence.
01:21:27 Voilà. Alors, comme je suis généreux,
01:21:30 j'admets que
01:21:33 la transmission épigénétique des spérimes traumatisantes
01:21:36 puisse se faire, mais est-ce que ça validerait pour autant
01:21:39 la psychogénalogie ? Est-ce que, comme l'a dit Nicolas Abraham,
01:21:42 parce qu'il a un vocabulaire particulier, il est psychogénalogiste,
01:21:45 à la troisième génération, le fantôme sort de la crypte
01:21:48 et s'exprime par des maladies ? Il y a un vocabulaire
01:21:51 un peu particulier. Alors, allons plus loin.
01:21:54 C'est ce que j'ai schématisé ici avec les petites têtes
01:21:57 des dentistes maillets rouges.
01:22:00 Donc, si on considère que le VQ de chaque génération laisse
01:22:03 une trace épigénétique, alors il faut tenir compte
01:22:06 des générations intermédiaires. Il n'y a pas de raison de dépasser
01:22:09 les générations qui ne vont pas pour ne prennent que la génération
01:22:12 qui irait bien. D'accord ? Donc, déjà,
01:22:15 on se demande comment les influences
01:22:18 des VQ des autres, sauf avec Catastrophe tout ça,
01:22:21 elles ne sont pas forcément... ils ont des expériences diverses.
01:22:24 Pourquoi on ne tiendrait pas compte des expériences des autres
01:22:27 qui ont une trace épigénétique ? Et puis, on pourrait considérer
01:22:30 l'ensemble de l'art génologique. Et là, en fait, on ne fait que deux,
01:22:33 vous voyez, une, deux, trois générations. Quand il parlait
01:22:36 de 50 générations, voilà, ou 14 générations
01:22:39 et ça se complique. Donc, vous voyez, vous avez eu
01:22:42 quelqu'un qui a eu un événement malheureux
01:22:45 qu'on associe au mal-être du patient.
01:22:48 Voilà, mais on pourrait tenir compte, vous voyez, vous avez deux parents,
01:22:51 quatre grands-parents et huit arrière-grands-parents
01:22:54 qui ont tous leur VQ, voilà. Et donc, je vous laisse
01:22:57 deviner ce qu'on peut mettre comme tête au patient.
01:23:00 Donc, vous voyez que, d'un point de vue épigénétique,
01:23:03 il faudrait tenir compte de toutes ces composantes et vraiment,
01:23:06 c'est très difficile de comprendre pourquoi il y en a un
01:23:09 qui va l'emporter sur tout le monde. Voilà.
01:23:12 Donc, la psychogénologie cherche des justifications scientifiques
01:23:15 finalement assez peu compatibles avec ses présupposés.
01:23:18 Si on va juste... s'ils allaient jusqu'au bout, mais évidemment,
01:23:21 pas jusqu'au bout, ils n'ont pas la formation pour,
01:23:24 ils verraient que ça ne tient pas trop la route, leur discours.
01:23:27 Je finis juste avec un événement parce qu'elle est revenue sur le devant
01:23:30 de la scène, Nathalie Jacques à Estrémet, que j'aime bien.
01:23:33 Alors, on a failli avoir une émission, j'en parle parce qu'on a failli
01:23:36 avoir une belle émission sur France 2,
01:23:39 où elle disait ceci, ça va au-delà...
01:23:42 Alors, elle parlait, en fait, oui, elle parlait de
01:23:45 quelqu'un qui était atteint d'endométriose, hein.
01:23:48 C'est-à-dire, qui a été atteint d'endométriose,
01:23:51 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:23:54 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:23:57 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:00 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:03 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:06 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:09 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:12 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:15 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
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01:24:27 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:30 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:33 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:36 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:39 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:42 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:24:45 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
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01:26:57 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:27:00 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
01:27:03 qui a été atteint d'endométriose, qui a été atteint d'endométriose,
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