Maillots arc-en-ciel : «Il ne faut pas mélanger politique et football», estime le dirigeant sportif Michel Moulin

Europe 1

15/05/2023

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Sport

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00:00 Les footballeurs peuvent-ils embrasser toutes les causes ?

00:02 Alors c'est vrai qu'il y a la cause du racisme qui leur tient à cœur.

00:05 Les footballeurs, c'est vrai, se mobilisent souvent.

00:07 Là, ce n'est pas la première année.

00:09 Il y avait déjà eu des refus de porter ce maillot,

00:11 mais on leur a demandé de porter ce maillot avec les flocages

00:15 aux couleurs arc-en-ciel, les entraîneurs avec un brassard aux couleurs arc-en-ciel.

00:18 Vous avez sans doute observé ces images de Ligue 1

00:21 et de Ligue 2 tout au long du week-end.

00:23 Mais certains joueurs du côté de Nantes, du côté de Toulouse,

00:27 deux finalement du côté de Toulouse,

00:28 et trois finalement du côté de Nantes ont refusé de porter ce maillot.

00:32 Ça a été le cas aussi à Guingamp pour le match contre Sochaux.

00:36 L'année dernière, il y avait eu un joueur du Paris Saint-Germain, officiellement.

00:39 Mais je crois savoir qu'il y en avait eu d'autres.

00:41 C'est Gueye, absolument, vous avez raison.

00:42 Norbert Saada qui n'est plus au PSG aujourd'hui.

00:46 Mais ça pose question parce que ces joueurs expliquent

00:49 qu'ils ne veulent pas être associés à cette cause

00:52 contre l'homophobie et la cause LGBT

00:55 pour des raisons de croyances notamment.

00:58 Votre sentiment Michel Moulin, pour commencer,

00:59 parce que je sais que vous avez beaucoup travaillé sur le social,

01:02 dans le foot, sur les origines, dans le foot amateur aussi,

01:05 parce que c'est ça qui remonte.

01:08 - Non, c'est pas tellement des convictions.

01:11 Enfin, il faut laisser les gens avoir leurs convictions par contre.

01:14 Excusez-moi de parler comme ça, mais il ne faut pas tout mélanger.

01:18 Il ne faut pas mélanger la politique et le sport aujourd'hui,

01:21 et le football surtout, excusez-moi parce qu'on parle surtout de football.

01:25 Moi, chacun, on est en démocratie.

01:28 On est bien entendu tous contre l'homophobie, contre le racisme et tout.

01:31 Mais je pense qu'il y a d'autres manières de le faire,

01:33 c'est-à-dire il y a des lois.

01:34 Il faudrait taper beaucoup plus fort, il faudra avoir le courage.

01:38 Je pense que de mettre juste des maillots comme ça,

01:40 je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

01:42 - L'homophobie est un délit Michel Moulin, donc elle est punie par la loi.

01:45 - Il faut la sanctionner.

01:46 - Mais là, vous avez un engagement symbolique Michel.

01:48 - Oui, mais à force.

01:49 - Pour médiatiser.

01:50 - À un moment donné, les joueurs, ce n'est pas des hommes sans jus.

01:52 On pourrait mieux le médiatiser.

01:54 Il faudrait prendre la parole.

01:56 Vous savez, c'est un peu comme les gens qui écrivent un mail à 30 personnes

01:59 parce que c'est plus facile de parler par mail qu'en face à face.

02:02 Ce sont des choses qu'il faut faire de la pédagogie.

02:05 Nos dirigeants, encore une fois, je vais le redire,

02:08 nos dirigeants sont très faibles encore une fois.

02:10 À mon avis, ils n'ont pas dû expliquer, ils ont envoyé des maillots,

02:13 il n'y a pas eu de pédagogie, il n'y a pas eu d'explication à long terme.

02:18 Et d'un seul coup, ça tombe le jour du match,

02:20 à un moment donné, on leur dit de mettre des maillots.

02:21 Donc il y a des gens, il y en a certains qui l'expliquent très bien,

02:24 qui sont contre l'homophobie, qui sont contre le racisme,

02:27 qui sont... mais ils n'ont pas envie de s'afficher.

02:30 Et moi, je respecte leur conviction.

02:32 - Et on ne peut pas... - Et aujourd'hui, moi je veux dire,

02:35 moi je préférerais qu'on tape beaucoup plus fort

02:37 quand il y a des problèmes d'homophobie ou d'arrest, c'est racisme.

02:40 - On ne peut pas les obliger les joueurs, Michel Moulin, vous êtes chef d'entreprise.

02:42 - Non, non. - C'est comme si vous demandiez à vos collaborateurs

02:44 de porter un t-shirt d'Oualt-Pince aux couleurs franciennes.

02:47 - On parle toujours de démocratie en France.

02:50 Et là, il y a la démocratie, c'est ça.

02:52 C'est pour ça qu'on aurait dû anticiper.

02:54 Le problème, c'est qu'on a encore des dirigeants qui ne sont pas des vrais chefs d'entreprise.

02:57 Ce que je dis depuis longtemps, c'est des gens qui sont là,

03:00 qui veulent profiter du football.

03:02 Mais les vrais chefs d'entreprise aujourd'hui, ils auraient anticipé cette situation.

03:06 Ils ne l'ont pas anticipé, et aujourd'hui,

03:08 ça salit encore le football, on continue à parler des choses...

03:12 La ministre aujourd'hui, je vous donne juste un exemple de la ministre,

03:15 qui m'a, moi, choqué, en disant "il faut sanctionner".

03:18 Mais ça, c'est facile, il y a cas, il faut con.

03:21 Mais madame, quand vous étiez directrice générale du tennis,

03:26 est-ce que vous avez mis des maillots différents à tous les tennis-mans ? Non ?

03:31 Et si par hasard, Nadal, Djokovic, ou...

03:35 n'avaient pas voulu porter ce maillot,

03:37 est-ce que vous les auriez virés dans Roland-Garros ?

03:40 - C'est une bonne question. - Moi, je vous dis que non.

03:41 - C'est un autre sport, sans doute, parce que c'est un sport individuel.

03:44 - Il faut anticiper, il faut être très intransigeant

03:48 sur ces dossiers-là.

03:50 Mais après, il ne faut pas mettre les hommes au sable,

03:52 il ne faut pas, à un moment donné, faire n'importe quoi.

03:53 - Je précise. - Moi, je dis, on mélange tout.

03:55 - Michel Houlin. - Et on fait beaucoup de démagogie,

03:57 tout le monde dit "oui, il faut, il faut, oui, d'accord, il faut".

04:00 - Amélie Oudea Castellas, la ministre des Sports,

04:02 lors de la polémique pendant la Coupe du Monde

04:04 avec l'histoire du brassard contre les discriminations,

04:07 était allée au Qatar une première fois avec une écharpe au boulot arc-en-ciel.

04:11 Elle a assumé, elle s'est engagée, elle a fait ce choix.

04:14 - Non, je tiens à le préciser aussi.

04:17 Après, en effet, on peut trouver scandaleux ou pas, d'ailleurs, Alain Roche,

04:22 que des joueurs refusent de porter ce maillot-là,

04:24 parce que finalement, c'est quoi ?

04:25 C'est quoi porter ce maillot-là ?

04:26 C'est juste avoir des couleurs un tout petit peu différentes ?

04:29 La limite, est-ce que la symbolique dépasse la conviction du joueur

04:32 et l'empêche à ce point de faire son métier ?

04:34 - Mais je reviens sur ce que vous dites,

04:35 c'est pas le maillot aux couleurs, c'est un maillot du club.

04:39 C'est le maillot du club, voilà, il y a juste des couleurs

04:42 sans arc-en-ciel sur le maillot.

04:44 D'abord, on n'est pas en train d'être pour les homosexuels.

04:48 C'est contre les discriminations contre les homosexuels,

04:50 ce qui n'est pas pareil.

04:52 Voilà, donc on ne pousse pas les gens à être homosexuels.

04:54 - Non, bien sûr.

04:55 - C'est que c'est un délit, les insultes morales, physiques et autres, ça existe.

05:00 Dans ces cas-là, c'est peut-être pas des hommes sans l'huile,

05:02 c'est des footballeurs professionnels,

05:04 mais personne ne refuse quand c'est un message contre le racisme.

05:07 - Même le brassard noir, quand il y a une disparition, Alain Roche.

05:11 - Les violences faites aux femmes contre la pédophilie, là tout le monde est unanime.

05:15 Alors moi, je veux bien qu'on comprenne qu'il faut respecter les convictions des uns et des autres.

05:20 On parle de tolérance, mais la tolérance, ça passe par ça aussi, par la symbolique.

05:25 Et voilà, donc moi je suis pour la sanction, la sanction financière.

05:29 Pourquoi ? Parce que vous mettez...

05:31 - Pour les joueurs qui n'ont pas voulu porter le maillot et qui ont refusé de jouer.

05:33 - Mais bien sûr.

05:34 Alors, je suis d'accord avec Michel sur le fait de la prévention.

05:38 Je pense que peut-être que la communication n'a pas été bien faite par la Ligue,

05:41 n'a pas été bien faite par les clubs auprès des joueurs pour expliquer

05:44 qu'on peut l'expliquer nous ou d'autres, que c'était important aussi.

05:47 Que le football est le sport le plus médiatique qui existe au monde.

05:52 Vous pouvez faire une campagne avec le foot, vous n'allez pas faire une campagne, excusez-moi, avec le badminton.

05:57 Ce qui est normal parce que ça ne va intéresser personne.

05:59 Donc voilà, c'est la cause mondiale quand même, c'est la journée mondiale contre l'homophobie,

06:03 ce qui n'est pas rien non plus, donc il fallait marquer de cet un point-là.

06:06 Je trouve que les joueurs, ce qu'ils ont fait, moi je trouve ça pas correct.

06:09 Qu'ils soient sanctionnés financièrement, ça me paraît normal.

06:11 Ces joueurs-là devaient jouer, pourquoi ?

06:13 Parce que leur club a besoin d'eux aussi, l'air de rien, parce qu'il y a des situations qui sont compliquées.

06:17 Et je trouve que les discours de certains entraîneurs sont totalement inappropriés,

06:19 que ce soit d'Éric Roy ou même de Bruno Gélézio.

06:22 - On va l'écouter Éric Roy dans un instant. - Ça me dérange, voilà.

06:24 Ça veut dire qu'il faut faire des préventions ou des opérations en début de saison,

06:30 mais ça veut rien dire du tout.

06:31 Voilà, là c'est maintenant, c'est la journée mondiale, ça se passe le 17 mai, il faut savoir l'accepter.

06:36 Voilà, mais moi j'attends de voir, est-ce que ces joueurs qui ne veulent pas être contre les discriminations,

06:43 contre les homosexuels, ils portent sûrement des vêtements de marque qui ont été créés par des homosexuels,

06:50 il y a des films qui sont faits par des homosexuels, ils vont voir ces films-là,

06:53 dans ces cas-là, on fait plus rien, ils ne font plus rien, on boycotte tout, quoi.

06:57 Voilà, donc je suis un peu surpris, déçu par ce qui se passe là, j'attendais autre chose.

07:01 Mais bon, après ce sont les convictions religieuses.

07:04 Et pourrait-il être considéré comme homophobe en ne portant pas ce maillot ?

07:09 C'est aussi la question que l'on peut se poser aujourd'hui, Norbert Salada.

07:12 S'il ne s'engage pas dans cette cause, est-ce que c'est un signal, un message que ces joueurs transmettent à travers le soir ?

07:17 Non, mais comme a dit Michel Moulin, parce que j'ai écouté avant de venir l'équipe 21,

07:20 et il y avait un gars qui était là, qui travaillait bénévolement pour la fédération,

07:26 qui était chargé d'aller voir tous les clubs et d'expliquer en avance tout le problème.

07:29 Il a dit lui-même "j'ai pas pu voir tout le monde, j'ai pas pu voir tous les clubs,

07:33 donc il y a des gens qui n'étaient pas informés".

07:35 Et on leur a donné le maillot le jour même.

07:36 Donc c'est ça qui est le problème.

07:38 Moi qu'ils aient refusé, ça c'est pas bien.

07:40 Mais c'est un délit d'être homophobe.

07:42 Mais je crois que si les clubs avaient eu un peu plus de pédagogie,

07:47 avaient expliqué calmement aux gens, je pense qu'on ne serait pas arrivé là.

07:50 Alors que c'est pas la première fois que ça se produit.

07:52 Ça a été le cas les années précédentes.

07:54 Là il y a plus de joueurs, Norbert Salada.

07:56 Mais l'année dernière, Gaël vous l'avez dit, il y a un autre joueur qui parle,

07:59 Saint-Germain qui n'est plus là aussi.

08:00 Mais c'était un, un médiatique.

08:03 Mais il y en a eu d'autres, Norbert.

08:05 Moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on voit qu'au sein de la formation,

08:08 il faut faire la prévention aussi,

08:10 parce qu'il y a beaucoup de paroles très homophobes aussi,

08:12 il faut être vigilant là-dessus.

08:13 C'est que l'année dernière c'était deux,

08:14 cette année c'est six,

08:16 l'année prochaine ça va être quoi ?

08:17 Dix, douze ?

08:18 Alain Giresse, allez-y, vous voulez réagir ?

08:22 Et justement, je vais avoir votre regard Alain Giresse,

08:25 parce que peut-être qu'à votre époque, lorsque vous étiez joueur,

08:27 vous êtes entraîneur aujourd'hui,

08:28 et donc là il y a cette responsabilité, cette pression aussi,

08:31 si vous étiez confronté à ce genre de situation.

08:33 Mais vous, quand vous étiez joueur,

08:35 est-ce qu'on vous a contraint à porter un maillot,

08:37 ou embrasser une cause en particulier sur un terrain ?

08:42 D'abord, effectivement, quand il y a des actions qui sont menées,

08:45 comme c'était le cas là ce week-end,

08:48 ce sont des causes nobles.

08:49 La discrimination sous toutes ses formes et toutes ses sortes,

08:53 ça me paraît, j'ai du mal à comprendre,

08:55 qu'on soit opposé, on soit opposé à cela pour je ne sais quelle raison.

08:59 Alain avait évoqué la tolérance qu'on doit avoir, effectivement,

09:03 l'acceptation des autres, telles qu'ils sont, avec leurs différences.

09:06 Et je pense que, certes, les joueurs ne doivent pas être des portes drapeaux

09:11 et aller défiler et défendre toutes les causes à tout bout de champ,

09:15 mais quand il y a, comme c'était le cas ce week-end, une action menée,

09:20 oui, je crois qu'on peut s'y prêter, et vous pouvez parler,

09:23 oui, on a toujours fait des actions comme ça.

09:27 En même temps, il y a même des joueurs, on ne le sait pas,

09:30 qui de leur côté, de leur propre chef, font des actions

09:33 envers les personnes un petit peu plus démunies.

09:37 Donc voilà, et aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ?

09:40 On refuse tous ces comportements maintenant qu'on a

09:43 de cibler des personnes parce que, soi-disant,

09:46 soi-disant, ils ne sont pas les mêmes.

09:48 Ils sont ce qu'ils sont. Et comment ne pas accepter ça ?

09:51 Et les joueurs, je crois qu'ils se trompent.

09:53 Vous parlez de les informer, comme ça.

09:56 Ils le savent, ils savent très bien ce que ça représente,

09:59 mais ils ne vont pas jusqu'au bout pour des raisons bien personnelles,

10:02 de convictions, etc., ou de confessions.

10:05 Oui, c'est regrettable, c'est regrettable,

10:07 parce que demain, on fera...

10:10 l'UNICEF a lancé une cause pour les enfants,

10:13 il y en a qui vont refuser parce qu'ils n'aiment pas les enfants,

10:15 ou je ne sais quoi.

10:17 - Ça n'a pas rien à voir. - Ça n'a pas rien à voir.

10:20 Quand on voit ce qui se passe, là, on est dans le cadre

10:22 de toute discrimination.

10:24 Donc, OK, je pense que ça mérite, je crois,

10:27 que tous ensemble, dans l'histoire de la société,

10:31 chacun dans son domaine puisse démontrer

10:34 qu'effectivement, il faut refuser tout ça.

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