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  • 14/05/2023
Radio mont blanc interview sejours longue durée

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00:00 Alors une interview cette fois-ci qui je crois est un des premiers puisque il date de...
00:05 Waouh ! Il date du 12 mai
00:09 mercredi
00:12 1999. Je vais passer à l'antenne de Radio Montblanc. Alors là
00:15 c'est un sacré interview.
00:19 C'est parti mon Kiki, on y va les amis, bonne journée aussi.
00:24 Hop là !
00:27 [Bruit de clavier]
00:29 Ça va démarrer le son.
00:35 Bonjour à tous, nous partons en altitude ce matin. Je reçois le recordman du plus long séjour en altitude au sommet du Mont-Blanc.
00:43 Jean-Claude Mettefeu, bonjour. Bonjour auditeur. Alors vous êtes
00:47 effectivement le recordman du plus long séjour sur le toit de l'Europe. Vous avez passé 28 jours en
00:53 été 1993 au sommet du Mont-Blanc et vous avez décidé aujourd'hui de battre votre propre record.
00:59 Alors comment ça va se passer ? Ça va se passer de façon concrète
01:03 assez
01:05 naturellement, facilement pour moi parce que je suis habitué à ce genre de choses. Ça va être mon septième séjour en haute altitude un peu similaire.
01:12 J'y suis très préparé parce que chaque année je retente de battre mon propre record de l'été 1993.
01:18 Alors cette fois-ci vous avez décidé de rester 60 jours sur le toit de l'Europe.
01:23 Oui effectivement je vais tenter au moins d'y rester l'équivalent de huit semaines de mois entiers.
01:27 Pour moi en premier l'essentiel c'est psychologiquement être bien et cette fois-ci je me sens vraiment très très équilibré.
01:34 Vous n'avez pas d'angoisse comme ça avant de partir ? Là généralement j'allais presque dire aucune angoisse. Pour moi c'est plutôt j'allais dire
01:43 lié à mon état d'esprit quand je retournerai de là-haut parce que pendant quelques temps on est un peu
01:48 j'allais dire débranché du reste du monde.
01:50 Justement comment est-ce que vous vivez concrètement à 4800 mètres d'altitude ?
01:55 La réalité au sommet du Mont Blanc c'est que ce n'est pas la même chose que d'être pendant trois semaines au camp de base de
02:00 l'Everest par exemple qui lui-même est à 5000.
02:02 C'est là-haut être prêt quoi qu'il arrive à affronter des tempêtes qui peuvent atteindre 240 km/h.
02:08 Donc être équipé, bien organisé et le plus gros danger reste la foudre. Alors j'ai décidé cette fois-ci
02:16 de me mettre légèrement sur le sommet pour éviter la foudre et d'atteindre le sommet
02:20 dès que les conditions météo le permettent à chaque fois mais tout près du sommet en réalité.
02:25 Comment vous faites pour manger, pour dormir ? Vous emmenez avec vous une tente et puis de la nourriture ?
02:30 Oui je suis toujours parti avec en général une centaine de kilos de matériel à savoir deux toiles de tente pour en remplacer une si elle
02:37 cassait mais ma toile de tente est toujours mise dans un trou lui-même
02:40 bouché j'allais dire par une bâche tendue fortement avec des blocs de neige.
02:45 Et mes provisions m'accompagnent
02:47 évidemment en conséquence c'est à dire il y a à peu près un kilo, un kilo et demi de nourriture par jour.
02:51 Et le reste du matériel bon c'est du matériel évidemment élaboré pour le froid, l'altitude, la pluie, il n'y a pas de pluie mais je veux dire l'humidité.
03:00 Et surtout au niveau des pieds puis c'est régulièrement réussir à faire sécher ces vêtements qui gèlent, enfin qui gèlent disons qu'ils se
03:08 humidifient au fur et à mesure soi-même avec le réchaud.
03:11 Mais j'ai rien d'autre au point de vue source de chaleur que mon réchaud pour faire ma cuisine.
03:14 Vous êtes en autonomie complète, il n'y aura pas de ravitaillement au cours de ces 60 jours ?
03:18 Non seulement il n'y aura pas de ravitaillement mais il y aura quasiment personne
03:22 directement qui viendra m'apporter quoi que ce soit.
03:26 Cependant vous allez croiser pas mal de monde au sommet du Mont Blanc.
03:29 Oui et grâce à ces gens que je croiserai, je remercie tous les gens que je croiserai au fur et à mesure de mon aventure
03:35 de bien vouloir attester ma présence au sommet sous forme d'une signature du nom de la personne rencontrée, de l'heure et puis voilà.
03:42 Parce que votre but c'est de figurer au Guinness Book des records bien sûr.
03:46 Oui j'ai ce but entre autres et puis aussi dans un autre livre de chez Larousse je crois qui parle de record si je connais.
03:53 Et puis ensuite de m'attaquer si possible à ce genre de performances mais en Amérique du Sud au sommet de Concagua.
03:59 Qu'est-ce qu'on fait de ces journées quand on est comme ça tout seul à 4800 mètres d'altitude ?
04:04 Une fois qu'on est pris dans l'ambiance de l'aventure, on trouve toujours quelque chose à faire.
04:09 D'abord à bien bien bien s'isoler du froid, du vent et des intempéries.
04:15 Ensuite il faut penser à faire un peu sa cuisine, penser à faire sécher les affaires, prendre des notes,
04:21 éventuellement avoir un contact radio avec le reste de la vallée.
04:24 Voilà et finalement les journées passent très vite sans parler des photos, des clichés, des prises de U pour les sponsors, pour faire de la publicité, pour du matériel.
04:32 Qu'est-ce qui est le plus dur finalement ? Ce sont les conditions météorologiques ou la solitude ?
04:37 Moi franchement au Mont-Blanc, je n'ai pas trop de problèmes au point de vue solitude à cause des gens qui viennent quand il fait beau au sommet.
04:45 Je crois que le plus dur pour rester quand même sur terre, c'est d'évoquer et d'aborder le côté, pas scientifique mais disons lié à l'altitude en soi,
04:55 c'est-à-dire à diminution de l'oxygène.
04:58 C'est arriver à passer des bonnes nuits sans prendre de somnifères si possible.
05:02 Parce que prendre trois jours de somnifères ça va, mais si habitué ce n'est pas une solution dans mon esprit d'aventurier.
05:08 Comment est née cette idée de partir dans ce genre d'aventure en quelques mots ? Comment c'est venu chez vous ?
05:15 Moi c'est venu à la suite d'une émission de radio sur France Inter, Michel Sif, France Pédéologue, qui battait le record de France de vie sous terre
05:20 et c'était le premier bonhomme à vivre ce genre d'aventure.
05:23 Moi j'étais claustrophobe quand j'ai écouté ça en m'endormant un soir en 92 sur France Inter, je me suis dit je voudrais vivre la même chose mais quoi où ?
05:30 J'ai commencé au Mont Blanc en m'endormant et le lendemain j'ai commencé à préparer mon projet, j'ai mis un an pour partir.
05:35 Alors Jean-Claude Medfeu, vous savez peut-être que dans l'Himalaya, dans un autre massif, un sherpa qui s'appelle Babou Chiri va tenter prochainement le même genre de record que vous.
05:44 Il a déjà fait sept fois l'Everest et son objectif c'est de rester 20 heures au sommet sur le toit du monde à 8810 mètres d'altitude.
05:52 C'est un record de survie. Qu'est-ce que vous pensez de ce genre d'exploit là ?
05:57 Moi je dis bravo en premier à quelqu'un qui a une idée et qui essaye de la vivre, c'est mon cas.
06:02 Et moi je lui dis bravo parce que son idée est escalée.
06:07 Moi j'ai pensé à la même idée sauf qu'il y a cinq ans en arrière et j'ai pensé à 10 jours au sommet de l'Everest.
06:12 C'est un jeu qui peut être dangereux quand même là finalement, au-dessus de 7500 mètres ça devient franchement dangereux non ?
06:18 Non, non seulement c'est un jeu qui devient dangereux mais il ne faut pas considérer je crois que c'est un jeu.
06:24 Il faut peut-être penser dans sa tête au Moor parce qu'il existe dans le dictionnaire.
06:28 Mais en soi, au fond de soi, on sait qu'on joue avec les extrêmes y compris évidemment les siens.
06:35 Et il faut arriver à être conscient de l'équilibre entre les extrêmes extérieurs et ces extrêmes personnels sur le plan caractère, ressources humaines.
06:44 Et c'est à chacun de... c'est pas un défi envers la nature mais en même temps au fond de soi on sait que c'est quand même un défi déjà envers sa propre personne.
06:52 En ce qui concerne la nature, la nature elle n'a pas besoin qu'on la défie, elle est assez forte pour le prouver d'elle-même sans la défier quand il y a une catastrophe, un cirage qui tombe ou qui tue des gens ou autre chose.
07:04 Mais je veux dire finalement c'est oser mettre ce défi intérieur à la comparaison de la puissance que représente pour soi la nature.
07:15 Et voilà, et c'est vivre en allant en avant dans ce sens au point de vue harmonie interne-externe avec la nature.
07:23 Maintenant chacun voit et chacun décide mais au fond de soi au départ on peut avoir des idées, si on a des idées c'est qu'on a une raison peut-être d'essayer de vouloir les vivre.
07:33 Jean-Claude Mettefle, les scientifiques ont prouvé que des séjours prolongés en altitude avaient un effet destructeur sur certaines cellules du cerveau.
07:41 Est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète par exemple ?
07:43 Bon alors moi quand j'entends ce mot scientifique, je vérisse un peu parce que la science elle commence où pour un bébé qui est dans la vie ?
07:53 Par quelque chose réellement concrètement sur le terrain ? Est-ce que c'est par trouver sa nourriture dans son esprit, à boire etc ?
08:00 Est-ce que ça c'est déjà un bébé surdoué scientifique ? Bon tout ça, d'accord la science j'y crois, moi j'ai trois diplômes d'électronique,
08:06 bon je pense que c'est un choix, je lisais récemment quelque chose de bien puis demain commence à Chamonix le festival des sciences.
08:11 Pour rien vous cacher, j'ai écrit encore au CNRS pour leur parler de mes aventures et puis Michel Rechalet de la fondation de l'ARP il y a trois ans,
08:18 j'ai essayé d'avoir des panneaux avec totale énergie solaire pour faire fondre, pour avoir de l'eau au sommet du mont Blanc,
08:24 j'ai eu l'adresse de TotalEnergie, TotalEnergie ne m'avait même pas répondu, bon c'est pas grave, mais je veux dire des scientifiques dignes de ce nom,
08:31 je pense qu'en premier ce qui est important c'est d'essayer de comprendre des personnes aventurières, qui vivent l'aventure,
08:39 et essayer de non seulement les comprendre mais de leur dire eux-mêmes ce qu'ils pensent réellement au lieu de leur dire c'est mortel etc.
08:47 Mais n'importe quelle recherche scientifique comporte du danger, que ce soit un chercheur en laboratoire qui manie des produits dangereux,
08:54 moi je manie quoi au bout de mes doigts, au bout de mon nez quand je respire, un milieu où l'oxygène est plus rare,
09:01 disons pour vous préciser la chose, il y a une même quantité sauf que sa pression est moins importante.
09:06 Bon si on se met en hyperventilation, on fait rentrer plus de quantité donc en même temps on rééquilibre la pression,
09:14 mais rattraper le déficit de cette pression d'oxygène, scientifiquement c'est ça qui serait intéressant de faire,
09:20 et d'arriver à voir comment on peut en hyperventilation rattraper la diminution de pression qui augmente en oxygène.
09:27 Mais Jean-Claude Mettefeu, est-ce que ça vous fait pas un petit peu frissonner quand même de savoir que quand vous faites un séjour en altitude,
09:33 vous allez perdre quelques-uns de vos neurones ?
09:35 Je fais des globules rouges de notre côté, est-ce que je vais perdre des neurones ?
09:38 Franchement moi je vous dirais que je suis dans un état un peu second, mais tout le monde l'est,
09:45 même celui qui a jamais fait un 4000 il se retrouve dans cet état-là, et c'est un état en même temps euphorique.
09:49 Et moi je crois qu'il y a des choses que la science n'a pas prouvées,
09:51 mais c'est que grâce à l'euphorie on secrète des hormones que les scientifiques ne connaissent encore pas,
09:55 et que ces mêmes hormones peuvent être à la base de rééquilibrer le régime interne par rapport à la circulation du sang dans le cerveau
10:02 et par rapport à de tas d'autres choses.
10:05 Je dévore avec assiduité certaines notes liées à l'altitude que j'ai retrouvées dans des revues de montagne à droite à gauche et dans certains livres,
10:11 je ne les citerai pas ici, c'est beaucoup trop long.
10:14 J'essaye moi de comprendre moi-même quelque chose par rapport à ces notes,
10:17 mais je crois non seulement en tant qu'aventurier à des choses qu'on n'a pas découvertes et qu'un jour on les découvrira,
10:26 mais peut-être que j'espère que je serai un petit maillon qui permettra de faire progresser ces choses-là dans la chaîne de la science et de l'aventure.
10:32 Puis ma foi, quand il y a l'envie de vivre une expérience, je pense que le plus important c'est de rester à l'écoute de ses propres envies pour aller en avant.
10:42 Jean-Claude Menefeu, merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin, à bientôt et bon courage.
10:47 Je remercie non seulement Radio Montblanc, mais tous les éditeurs qui trouvent intéressant ce genre d'aventurier.
10:54 Au plaisir, j'essaierai de rester aussi en contact un peu avec vous, peut-être par mon portable,
11:00 et puis aussi vous raconter un peu mes impressions au retour de mes aventures.
11:04 Merci beaucoup.
11:06 Et voilà, je me suis régalé dans cette interview.
11:10 Bon, alors les précisions, les précisions.
11:15 Souvent il y a une polémique, puisque il y a toujours des gens qui... et puis c'est naturel, c'est humain qui critique.
11:24 Le premier séjour de 27 jours. Alors là c'est les précisions toutes simples, toutes bêtes.
11:28 Oui, j'ai bien six jours tout seul, mis six jours déjà sur les 27 pour arriver avec 120 kg dans quatre sacs de 30 kg au sommet du Mont-Blanc.
11:36 Premier séjour de longue durée de 27 jours.
11:39 J'avais mis ma tente dans un gros trou, le gardien des grands millets m'avait prêté une grosse pelle à neige à cet effet.
11:47 Sauf que je n'ai pas bâché le gros trou en attendant avec une bâche et des gros blocs de neige.
11:51 Quand le mauvais temps est arrivé, la tente ferrino était toute cassée, les arceaux cassés, la toile déchirée.
11:57 J'ai tout descendu à Valo. Et de Valo, j'allais régulièrement au sommet, des fois deux fois par jour, je crois que même une fois, trois fois, je faisais des allers-retours, et au domme du goûter.
12:06 Donc ça, c'est pour résumer la réalité du premier séjour.
12:10 Le deuxième séjour de 27 jours, que je n'ai pas pour l'instant mis comme interview, il a tout simplement eu lieu aussi au Mont-Blanc, bien sûr, dans un petit boîte de fil de verre de 45 kg,
12:26 filmé par Eiffertrot au début, depuis le plan des aiguilles, en plusieurs pièces, installées au grand plateau à 4000 mètres.
12:32 Et de là, j'allais au sommet, mais il y a eu 27 jours qui se sont passés aussi comme ça, du Mont-Blanc, régulièrement, une dizaine de fois, au domme du goûter.
12:39 Voilà ! Allez, bonne journée tout le monde, vive la radio, vive Radio Mont-Blanc, et vive le Mont-Blanc !

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