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  • 08/05/2023
Jean-Paul Boré, présidente des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation.

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Transcription
00:00 - Un 8 mai donc sous très haute surveillance aujourd'hui pour le chef de l'État Emmanuel Macron qui doit commémorer le 78e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale.
00:08 Il est attendu d'ailleurs à Paris sur les Champs-Élysées où il pourra y avoir quelques bruits de casserole.
00:12 On en parle, Quentin, avec votre invité, le président des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
00:17 - Oui bonjour Jean-Paul Bourret. - Bonjour Quentin. - Merci d'être avec nous.
00:21 Jean-Paul Bourret, ça vous choque ces appels à manifester un jour de commémoration ?
00:26 - Oui, je pense que c'est l'Union Nationale qui devrait prévaloir parce que le 8 mai c'est la capitulation de l'Allemagne et non pas l'armistice comme j'entends malheureusement trop souvent y compris sur le service...
00:37 - On n'a pas fait l'erreur ce matin. - Je l'ai entendu quand même sur France Bleu dans les émissions nationales.
00:42 - Ça vous choque mais est-ce que c'est pas aussi le signe finalement que le 8 mai 45 ne signifie plus grand chose pour les Français ?
00:51 - Malheureusement, bien que nous continuions à faire en sorte que perdure la mémoire au travers de nos associations, qu'elles soient au travers du soutien à la résistance ou de la déportation,
01:03 on a la chance notamment dans ce département d'avoir beaucoup de collèges et de lycées qui participent au concours national de la résistance et de la déportation.
01:12 Nous-mêmes, la FMD, nous sommes très actifs notamment autour de la biographie de tous les déportés et les victimes de la barbarie nazie mais également il y a le collectif Histoire et Mémoire,
01:23 il y a aussi la CING, l'Association Culturelle Israélite de Nimi-Dugard, nous travaillons toutes les trois associations main dans la main et en France, je le dis souvent,
01:33 il y a deux fondations à côté de la fondation de la résistance qui sont la fondation pour la mémoire de la Shoah et la fondation pour la mémoire de la déportation,
01:43 ce sont deux sœurs jumelles, nous sommes leurs enfants donc nous travaillons main dans la main.
01:48 - Mais est-ce que ça suffit comme ça de faire vivre cette mémoire simplement en allant intervenir dans les écoles ?
01:53 - Ça ne suffit pas, c'est un bon début, j'ai de bons exemples d'ailleurs puisque notamment le maire de Seine-Nazaire nous a invités au mois d'avril
02:01 et nous a permis de nous adresser à des enfants de 10 ans et on a été très surpris de l'engouement,
02:07 il est vrai que l'enseignante avait dû très très bien préparer les élèves et pendant deux heures et demie nous avons pu débattre
02:13 mais par ailleurs nous continuons à souhaiter que dans le département, et je sais qu'il y a une bonne oreille du côté de madame Françoise Laurent Perrigaud,
02:21 pour que deux salles des archives départementales soient dédiées, deux salles pour de la pédagogie dédiées aux élèves, aux chercheurs, aux enseignants
02:32 puisque la loi va obliger désormais que tout élève puisse accéder à un lieu de mémoire dans son parcours.
02:39 Aujourd'hui en terminale on enseigne la deuxième guerre mondiale mais je pense qu'effectivement dès le début.
02:45 Mais je suis confiant parce qu'il y a beaucoup d'enseignants et on leur doit beaucoup pour nous aider à faire en sorte que perdure la mémoire.
02:53 - Vous parliez des élèves, à partir de quel âge est-ce qu'on peut les sensibiliser à cette période-là de l'histoire ?
03:00 Est-ce que 10 ans finalement ce n'est pas trop tôt ?
03:02 - Non, c'est dès l'âge d'oraison, on a des exemples, je vais en citer un, il y en a beaucoup d'autres,
03:08 c'est selon, vous savez, nous allons avec mon ami Dominique Durand, avec des dessins d'un jeune déporté à l'époque qui avait 10 ans précisément,
03:17 il y a 45, il avait 15 ans, il a fait des dessins, c'est Thomas Gueve,
03:23 et à partir de ces dessins qui sont très expressifs on peut discuter des discriminations, du harcèlement, du racisme, de l'antisémitisme,
03:32 qui sévit aussi dans les écoles, donc c'est aussi dès le plus jeune âge qu'on apprend à vivre ensemble.
03:39 - Le mieux aussi quand on parle de cette période-là c'est d'avoir des témoins directs,
03:43 or ces témoins directs ils sont de plus en plus rares pour parler simple, puisqu'ils disparaissent,
03:51 il y a eu d'ailleurs la disparition la semaine dernière de quelqu'un que vous avez bien connu, André Julien ?
03:57 - Bien sûr, André Julien dont les obsèques auront lieu le 11 mai, j'ai évidemment, le 11 mai c'est bien ça, une grosse pensée pour elle,
04:06 qui était la dernière des déportés, mais c'est parce qu'ils avaient la lucidité des déportés de cette situation
04:13 qu'ils ont créé l'association des amis pour la mémoire de la déportation.
04:18 Nous avons mandat avec la FNDREP qui l'a créé également de continuer ce travail de connaissance,
04:25 puisque évidemment nous ne sommes pas témoins, nous sommes parfois des fils, des petits-fils, des filles,
04:31 mais nous ne sommes pas témoins, donc nous travaillons d'une autre manière pour enseigner et non pas commémorer.
04:37 - Justement, vous qui avez été proche d'André Julien, qu'est-ce qu'elle vous disait elle de ce travail de mémoire-là ?
04:44 Elle vous avait dit "après ma disparition j'aimerais qu'on poursuive ce travail-là" ?
04:49 - Elle a fait partie des fondateurs de la FNDREP dans le Gard en 1995,
04:55 avec Josette Roucotte, avec Jacquie Vigne que je salue et qui est en péché aujourd'hui,
05:00 Jean de Résistance, ou Betty Jalaguier qui est également encore en vie,
05:03 heureusement qui fêtait ses 94 ans hier, c'est la petite-fille de Vincent Mouget pour que les gens ne la repèrent.
05:11 Donc c'est quelqu'un qui est encore très vivace dans sa tête,
05:15 et qui pousse justement pour qu'il y ait cette mémoire qu'il vive, parce que s'il y a eu le 8 mai,
05:21 c'est qu'il y a eu de la résistance avant, faute de quoi on serait toujours à parler allemand peut-être.
05:27 Bien sûr il y a eu l'engagement des alliés, mais en France il ne faut jamais oublier qu'il y a eu beaucoup de résistance,
05:32 et l'année 43 est un anniversaire, le 80e anniversaire de la disparition de Mackey, notamment celui d'Erdogote,
05:40 et puis ça a été l'arrestation massive de ses résistants, le massacre par les Allemands du côté de l'Erdogote,
05:46 et dans bien d'autres endroits. On a vu il y a peu encore l'assassinat de Vincent Fajita et de Jean Robert,
05:52 c'est parce qu'il y a eu cette jeunesse qui avait 18 ans, mon père a été arrêté il avait 18 ans,
05:57 donc cette jeunesse-là, on leur doit tout cela, et donc au nom de cette mémoire, il faut continuer.
06:02 - Dernière question, est-ce que justement ces engagements-là, cet engagement qu'a fait la jeunesse en 1940 et après,
06:11 il serait possible aujourd'hui ?
06:13 - Vous savez, personne ne peut dire...
06:15 - Il y avait peut-être un sentiment patriotique qui était plus fort à l'époque que ce qu'il est aujourd'hui ?
06:20 - Vous savez, à tout moment, la jeunesse se lève. Souvenez-vous, lorsqu'on s'est retrouvés seulement avec Jacques Chirac
06:28 et Jean-Marie Le Pen en 2002 au second tour, c'est la jeunesse qui a manifesté en premier.
06:33 On ne sait pas comment on peut... Moi, je ne me prétendrais pas dire "je ferais ci, je ferais ça",
06:38 souvent les événements font qu'il y a des gens qui se lèvent, et c'est souvent, très souvent, la jeunesse dans notre pays.
06:45 Et c'est pour ça qu'il faut enseigner cette mémoire dans l'esprit de ce que j'ai indiqué,
06:51 le vivre ensemble, le refus des discriminations, le refus du racisme, de l'antisémitisme,
06:56 et c'est ça qui fait la grandeur de la France. Liberté, égalité, fraternité.
07:00 - Jean-Paul Boré, merci beaucoup d'avoir été avec nous sur France 2 Guerloisers ce matin.
07:04 Je rappelle que vous êtes le président des amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation.
07:09 Merci, et un bon début de semaine à vous. Merci encore. - Merci beaucoup.

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