Henri Guaino, ancien député "Les Républicains" et ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, était l'invité de BFMTV pour commenter les déplacements chahutés de l'exécutif et les suites de l'épisode de la réforme des retraites. Pour lui, "une partie du pays veut que le pouvoir cède".
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00:00 Tout passe en politique, on oublie pourquoi.
00:02 Non, non, tout passe pas, regardez l'histoire.
00:04 Tout ne passe pas, c'est pas vrai, ça n'est pas vrai.
00:06 Et à force de croire qu'il ne peut rien nous arriver de grave,
00:08 il finit par nous arriver.
00:10 Qui aurait pensé qu'il y aurait une guerre de type 1980-1918
00:13 aux portes de l'Europe il y a encore deux ans ?
00:15 Qui ?
00:17 Vous faites une comparaison entre ce qui se passe là-bas à Riga et ce qui se passe ici.
00:21 Non, je fais une comparaison entre, enfin je prends cet exemple,
00:25 à propos des choses qui ne peuvent plus nous arriver.
00:28 Eh bien si tout peut encore nous arriver,
00:31 on peut avoir des émeutes, on peut avoir une guerre civile,
00:35 on peut avoir une guerre tout court, tout peut nous arriver.
00:37 On ne pouvait pas avoir non plus de pandémie, vous savez,
00:39 c'est pour ça qu'on n'était pas prêts, ça ne pouvait plus nous arriver.
00:42 Ah oui, ben ça nous est arrivé.
00:43 Juste pour clarifier les choses, vous ne voyez pas les ferments aujourd'hui
00:45 d'une guerre civile en France ?
00:46 Non, je ne vois pas une guerre civile, mais ne jouons pas avec le feu.
00:49 C'est son de jouer avec le feu.
00:50 Vous savez, je répète ça plateau en plateau,
00:53 mais franchement, au fond de l'homme, il y a un animal.
00:59 Il y a de la violence et les institutions, le droit, la culture, la politique,
01:05 tout cela, l'éducation, ça sert à essayer de canaliser cette violence
01:10 et de l'empêcher de sortir.
01:12 Dès que tout ça s'affaiblit, cette violence, elle sort
01:15 et elle peut sortir avec une sauvagerie terrible.
01:17 Enfin, le XXe siècle en est plein, on est rempli,
01:20 puisque ce qui se passe dans beaucoup d'autres pays le montre aussi.
01:22 Donc, il ne faut pas jouer avec le feu et affaiblir ces digues
01:26 qui empêchent la violence de sortir.
01:28 On parlait de mai 68, vous voyez un parallèle aujourd'hui,
01:30 un nouveau mai 68 pour un parallèle ?
01:32 Je ne me souviens jamais tout à fait, mais mai 68, c'était parfaitement inattendu.
01:36 Mais ça serait pire, parce que c'était une société qui se portait bien.
01:40 C'était une société qui se portait bien, où les gens voulaient partager
01:44 davantage les fruits de la croissance pour les ouvriers.
01:47 Quant aux étudiants, franchement...
01:49 Ils voulaient surtout les enfants, les filles.
01:51 Oui, c'était un rituel.
01:53 À l'époque, les étudiants, c'était presque tous des gens privilégiés,
01:57 des parties prospères de la population.
02:01 Mais ça a failli très mal tourner.
02:04 Ça a failli très mal tourner.
02:05 Donc, il ne faut pas jouer avec le feu.
02:08 Vous parliez des institutions tout à l'heure.
02:09 Il y a une formule de Mitterrand que j'aime bien.
02:11 Alors, moi, je ne suis pas mitterrandien, je ne l'ai jamais été.
02:14 Mais parfois, on finit par regretter les gens qu'on a combattus dans le passé.
02:18 Quand Mitterrand a été élu, on lui a dit
02:20 "Mais, monsieur le président, vous aviez dit que la Ve République était dangereuse."
02:24 Il a eu cette magnifique réponse.
02:26 Il a dit "Oh, elle était dangereuse avant moi, ce qui n'était pas vrai,
02:29 mais elle le sera de nouveau après moi."
02:31 Mais c'est une façon de dire que tout dépend de ce qu'on fait des institutions.
02:37 Et une chose qu'il ne faut jamais faire, jamais,
02:40 c'est dissoudre les institutions qu'on occupe, qu'on incarne dans son moi.
02:46 Il faut dissoudre son moi dans la fonction.
02:49 Peut-être quelque chose qu'il faudrait méditer au sommet du pouvoir.