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  • il y a 2 ans
Tous les matins les informés débattent de l'actualité autour de Lorrain Sénéchal et Renaud Dély.

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Transcription
00:00 Bienvenue dans les informés du matin, on est ensemble jusqu'à 9h30.
00:02 Bonjour Virginie Rivard.
00:03 Bonjour.
00:04 Journaliste au site d'information spécialisée Context.
00:07 Bonjour Jean-Jérôme Berthollus.
00:08 Bonjour.
00:09 Éditorialiste politique.
00:10 Et bonjour Renaud Dely à mes côtés.
00:11 Bonjour.
00:12 On va parler Renaud Dely d'abord.
00:14 Premier débat de ces informés, la crise sociale,
00:17 est-ce qu'il y a ou non de l'eau dans le gaz entre Emmanuel Macron
00:20 et Élisabeth Borne, sa première ministre ?
00:21 Eh oui, onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites hier,
00:25 avec une affluence encore considérable,
00:27 quoiqu'en baisse par rapport à la précédente.
00:29 Une douzième journée d'ores et déjà annoncée pour jeudi prochain,
00:32 13 avril, à la veille de la décision du Conseil constitutionnel
00:35 sur la réforme des retraites.
00:36 Et voilà qu'Élisabeth Borne confie notamment au journal Le Monde
00:39 un certain nombre de phrases qui laissent augurer
00:42 d'une dissension de cas de ton différent par rapport à l'Élysée.
00:45 "Il ne faut pas brusquer les choses avec les syndicats",
00:48 dit la première ministre, qui souhaite même une période de convalescence
00:51 après la réforme des retraites.
00:52 Et puis qui confie qu'elle ne croit pas vraiment dans sa capacité
00:55 d'élargir la majorité, mission qui lui a été imposée
00:59 par le chef de l'État.
01:00 Elle demande d'ailleurs un cap.
01:02 La réponse est venue ce matin depuis Pékin.
01:04 Alors Pékin, pas de la part de Xi Jinping,
01:06 mais de la part de l'entourage d'Emmanuel Macron,
01:09 puisqu'il est toujours en visite en Chine.
01:11 Le cap a été défini par le chef de l'État lors de sa récente
01:14 intervention télévisée.
01:16 Voici la réponse du côté de l'Élysée.
01:18 Est-ce que ces dissensions apparentes redonnent un peu d'espoir
01:23 aux syndicats mobilisés contre la réforme des retraites ?
01:25 Voici ce qu'en disait ce matin sur France Info
01:27 le secrétaire général de la FSU, Benoît Test.
01:30 Elisabeth Borne voit bien, se rend bien compte
01:33 qu'il y a une crise démocratique, contrairement à ce que dit
01:35 le président de la République.
01:36 C'est pour ça, nous, qu'on a appelé hier à une grande journée d'action
01:39 et qu'on rappelle à une journée d'action la semaine prochaine,
01:42 parce que cette fébrilité, on veut évidemment l'exploiter.
01:45 On sent qu'elle est le signe d'un tangage
01:49 et donc d'une possible victoire pour le mouvement social.
01:52 Alors, fébrilité, peut-être dissension
01:56 ou simplement des tonalités un peu différentes,
01:58 voire un partage des rôles entre le chef de l'État et la première ministre.
02:02 Bref, que se passe-t-il exactement au sommet de l'État ?
02:04 Virginie Riva, en tout cas, le ton est clairement différent
02:07 entre le président et sa première ministre.
02:08 Sur le fond, finalement, l'orientation est peut-être la même.
02:13 Mais en réalité, dans le choix des mots, évidemment,
02:16 ce n'est pas du tout le même lexique.
02:18 Renaud vient de le dire.
02:19 D'un côté, on a vraiment un lexique de l'apaisement.
02:21 De l'autre, on est beaucoup plus dans un dialogue armé avec Laurent Berger.
02:25 Donc effectivement, la question, c'est un, est-ce que c'est coordonné ?
02:28 Est-ce que l'Élysée et Matignon se sont parlé ?
02:31 Stéphane Séjourné semble dire que oui, ce matin sur votre antenne.
02:33 Il dit, il n'y a pas un coin entre les deux.
02:36 En même temps, on imagine mal dire le contraire.
02:38 Effectivement.
02:40 Deux, est-ce que c'est good cop, bad cop ?
02:43 Mais dans tous les cas, chacun joue son rôle.
02:46 Mais dans les deux cas, on peut se poser la question de la lisibilité.
02:49 Parce que d'une part, c'est vrai,
02:50 les syndicats peuvent instrumentaliser ces dissensions en disant
02:53 il y a une fébrilité, donc vous voyez bien, il se passe quelque chose.
02:56 Et pour l'opinion publique, ce n'est pas très clair non plus,
02:58 puisqu'en fait, tout ça s'inscrit dans une bataille culturelle.
03:01 On a quand même les syndicats d'un côté, les parties de la gauche de l'autre
03:05 qui disent il y a une crise démocratique, le pays est à l'arrêt.
03:08 Et de l'autre côté, on a l'exécutif.
03:10 Et là, pour le coup, les deux disent à peu près la même chose.
03:12 Il n'y a pas de crise démocratique.
03:13 Le pays n'est pas à l'arrêt.
03:14 Sauf que dans cette bataille culturelle, l'exécutif, maintenant, a deux discours.
03:19 Donc je ne suis pas sûre que pour remporter cette bataille,
03:22 cette dualité soit vraiment très fonctionnelle.
03:25 - Jean-Jean Berthelus, est-ce que chacun joue son rôle
03:27 et finalement, ce n'est pas très bien joué ou en tout cas pas très lisible
03:30 ou est-ce qu'il y a une réelle dissension ?
03:33 - Chacun joue son rôle ou disons, chacun met en avant ses convictions.
03:37 Le président de la République, on ne peut pas dire qu'il est beaucoup bougé depuis le début.
03:40 Il attaque de nouveau, il a attaqué donc de nouveau Laurent Berger
03:44 en stigmatisant l'absence, on va dire, de volonté de compromis
03:49 du patron de la CFDT.
03:51 Il estime qu'il n'y a pas de crise démocratique,
03:53 que s'il y a une menace sur la démocratie, c'est celle des manifestants violents
04:00 et que si on ne voulait pas de la retraite à 64 ans,
04:03 il fallait élire un autre président de la République.
04:06 Donc ce qu'il dit dans l'avion qu'il mène à Pékin,
04:09 c'est ce qu'il a dit pratiquement depuis le début.
04:11 Et c'est ce qu'il dit effectivement lorsqu'il donne cette interview
04:15 le 22 mars face aux Français.
04:17 Elle affirme ses convictions et elle les affirme haut et fort.
04:21 Et ça, on le savait qu'elle avait ce type de convictions
04:24 puisque c'est elle qui, par exemple, a demandé à ce que la concertation
04:27 avec les syndicats soit plus longue avant la réforme des retraites,
04:31 qui a tenté effectivement d'ouvrir certains compromis en marge des 64 ans.
04:36 Donc là, elle dit ne pas brusquer convalescence.
04:39 Donc effectivement, elle affirme haut et fort ses convictions.
04:43 C'est une méthode un peu différente de celle du président de la République.
04:46 Mais surtout, il y a un point qui, à mon avis, doit un peu agacer le chef de l'État.
04:50 Et quand on agace le chef de l'État, on sait où ça commence,
04:53 on ne sait jamais où ça se termine.
04:54 C'est le fait de dire il faut donner du souffle, il faut donner du sens.
04:58 - Un cap. - Et vous savez, un cap.
04:59 Et vous savez, moi, ça me fait penser à quoi ?
05:02 Vous savez, François Fillon, lorsqu'il était Premier ministre,
05:06 avait dit, ça devait être en 2010, avait dit "la France est en faillite".
05:11 - Je suis à la tête d'un État en faillite.
05:12 - Je suis à la tête d'un État en faillite.
05:14 - C'était Nicolas Sarkozy qui était à la tête du pays.
05:16 - Voilà. Et ce qui a énervé Nicolas Sarkozy,
05:19 ce n'est pas que François Fillon dise "je suis à la tête d'un..."
05:22 qu'il fasse le diagnostic d'une France en faillite,
05:24 c'est qu'il le dise lui.
05:26 C'était du ressort du président.
05:27 Eh bien là, c'est la même chose.
05:29 S'il faut donner un récit au quinquennat,
05:31 ce n'est pas à la Première ministre de dicter ça au président.
05:33 - Jean-Jérôme Berthelus, Virginie Réva, Renaud Delis, vous restez avec nous.
05:36 9h11 déjà, c'est l'heure du fil en fois avec Laurent Etudiard.
05:40 A peine la 11e journée terminée que les syndicats prévoient
05:43 la prochaine journée d'action contre la réforme des retraites.
05:46 Jeudi prochain, le 13 avril, le lendemain,
05:49 le Conseil constitutionnel rendra son avis sur le texte.
05:52 Trois mois de mobilisation et peut-être une divergence au sommet de l'État.
05:56 Alors qu'Emmanuel Macron insiste sur sa légitimité à réformer,
06:00 la Première ministre appelle à l'apaisement.
06:02 Si la réforme passe, il y aura forcément un temps de convalescence.
06:06 Fait savoir Matignon, le président français vient de son côté d'arriver à Canton
06:10 pour la fin de sa visite d'État en Chine.
06:12 Gaël Perdriault, mis en examen pour chantage,
06:15 le maire de Saint-Étienne, exclu du Parti des Républicains,
06:18 est accusé d'avoir utilisé une vidéo intime pour faire pression sur son ancien premier adjoint.
06:23 C'est un soulagement et la reconnaissance de son état de victime réagit ce matin l'avocat de Gilles Hartig.
06:29 Et avis aux amateurs, la billetterie en ligne pour le Festival d'Avignon
06:33 ouvre à 13h aujourd'hui plutôt que d'habitude dans l'année
06:36 pour permettre aux visiteurs d'accéder à des offres de logement et de voyage moins chères,
06:41 affirme le nouveau directeur du Festival.
06:43 Toujours avec Virginie Rivaz du site spécialisé Contexte
06:56 et avec Jean-Jérôme Berthelus, Renaud Delis, on continue de s'interroger
06:59 sur cette musique un peu différente, disons-le, qu'on entend à la tête de l'État.
07:03 Alors musique un peu différente, vous avez raison, différence de tonalité en tout cas,
07:07 en apparence, ça c'est clair, mais je pense que si ces différences de tonalités apparaissent,
07:12 c'est parce qu'elles reposent quand même sur des divergences de fonds à terme
07:15 qui sont en train elles aussi d'apparaître au fil de cette crise.
07:19 Parce que d'un côté il y a effectivement Elisabeth Borne,
07:23 donc si on peut revenir sur ses termes, une période de convalescence,
07:25 l'apaisement, ne pas humilier les syndicats,
07:28 au moment où Emmanuel Macron redouble de coups à l'endroit de Laurent Berger,
07:32 qu'il accuse même, il accuse même lui-même de la CFDT,
07:35 de faire monter, dit-il, les extrêmes en parlant de crise démocratique.
07:38 Donc on voit bien une divergence qui est très nette.
07:40 Sur le fond, il faut rappeler quand même que sur le fond de la réforme des retraites,
07:44 ça ne change rien, Elisabeth Borne n'a pas commencé du tout à esquisser
07:48 l'hypothèse d'un retrait de toute ou partie de la réforme,
07:50 et que tout le monde au sein de l'exécutif, comme d'ailleurs du côté des syndicats,
07:53 a l'œil braqué sur la décision du Conseil constitutionnel attendue pour vendredi prochain.
07:58 Alors ce qui est vrai, c'est comme le disait Virginie Rivard,
08:00 évidemment les syndicats sautent sur ces divergences de tonalités
08:03 pour essayer de les mettre un petit peu en scène, c'est ce que fait Laurent Berger encore ce matin,
08:07 ou Benoît Thesse de la FSU qu'on a entendu tout à l'heure,
08:09 pour dire justement "on peut gagner, on peut gagner, regardez, il se déchire au sommet de l'État".
08:13 Encore une fois, il n'y a pas du tout de divergence sur le fond
08:16 pour ce qui est de la réforme des retraites. En revanche,
08:18 là où me semble-t-il qu'il y a une vraie divergence,
08:20 à la fois de méthode et sûrement sur le fond,
08:22 c'est sur la suite effectivement, c'est comment continuer ou pas
08:25 à réformer avec ce gouvernement et cette première ministre ou pas.
08:28 Et si Elisabeth Borne éprouve le besoin de parler de la sorte,
08:33 c'est parce qu'elle voit bien que le chef de l'État lui a imposé une mission impossible,
08:37 c'est-à-dire élargir la majorité, recevoir tous les chefs de parti.
08:40 Une mission qu'il lui avait déjà confiée en mai dernier.
08:42 Sauf qu'il n'y a aucune raison que ça marche mieux aujourd'hui,
08:44 que ça n'a fonctionné en juin dernier au moment des législatives.
08:48 La situation est beaucoup plus compliquée, on le voit bien.
08:50 Les partenaires potentiels de la droite de LR ont montré leur manque de fiabilité
08:55 sur la question des retraites au Parlement.
08:58 Enfin à l'Assemblée nationale en l'occurrence.
09:00 Donc on ne voit pas pourquoi Elisabeth Borne réussirait là.
09:02 Elle s'en rend compte très bien.
09:03 C'est-à-dire qu'elle a une feuille de route qui est impossible à tenir,
09:07 des marges de manœuvre extrêmement étroites.
09:09 Et dernier point, enfin deux derniers points en deux mots.
09:13 Je vais être très bref.
09:16 De l'autre côté, on voit un autre ministre extrêmement actif qui parle beaucoup,
09:20 qui est Gérald Darmanin et qui est soupçonné par beaucoup,
09:22 au sein de la majorité, d'avoir des ambitions,
09:24 voire de l'ornier déjà la succession d'Elisabeth Borne.
09:27 Et dernier point, du côté de l'Elysée, il y a aussi parfois une petite teinte nostalgique
09:30 qui laisse entendre que peut-être qu'avec une autre première ministre,
09:33 par exemple l'issue de la droite, par exemple Catherine Vautrin,
09:36 souvenez-vous, qui avait été pressentie l'année dernière,
09:38 eh bien ça serait passé différemment.
09:39 Donc tout ça creuse quand même de vraies divergences sur le fond.
09:42 Vous avez fini Renaud Delis ?
09:43 Je peux rajouter un troisième point ?
09:45 Allez-y Virginie Rivard.
09:46 Je pense qu'en plus, Elisabeth Borne,
09:48 c'est qu'elle a hérité d'une situation dont elle n'est absolument pas responsable,
09:51 puisqu'elle a été nommée après,
09:53 c'est l'absence de campagne électorale d'Emmanuel Macron.
09:56 Et en fait, certains nous disent au sein de la majorité
09:59 que ce péché originel, en fait, on est en train d'en vivre les conséquences aujourd'hui.
10:03 Quand on parle de cap, quand on parle de souffle,
10:06 on sait qu'on n'a pas eu de campagne.
10:07 Certains proches du président souhaitaient qu'il en fasse vraiment une.
10:10 La guerre en Ukraine a permis de ne pas en faire.
10:13 Et donc tout le monde à l'époque disait, si on fait comme ça,
10:16 si on ne fait pas de vraie campagne, si on n'interroge pas les Français,
10:19 on va vers des conflits sociaux très importants.
10:21 La plupart des observateurs le disaient, les syndicalistes le disaient, la gauche le disait.
10:25 On se retrouve exactement dans cette situation.
10:26 Évidemment, il y a le texte des retraites, mais Elisabeth Borne,
10:29 elle l'a héritée en étant nommée après les législatives de cette situation.
10:33 Et effectivement, peut-être que quelque part, il y a l'idée de dire,
10:37 refaisons ce débat que nous n'avons pas eu,
10:39 parce que cette question du second souffle du quinquennat,
10:42 en fait, il n'y a jamais eu de premier souffle de quinquennat,
10:45 parce que l'élection, certes, avec un score élevé,
10:47 grâce aux électeurs qui ne souhaitaient pas,
10:49 Marine Le Pen, n'a jamais donné de vrai souffle et de vrai mandat.
10:54 C'est bien tout le sujet sur la question des retraites,
10:56 pour réformer comme souhaitait faire Macron en 2017,
10:59 quand c'était le président réformateur.
11:01 - Jean-Jean Berthollus.
11:02 - Un petit mot, et je vais, effectivement, je souscris tout à fait
11:05 à ce que vient de dire Virginie Vrayvin,
11:06 en regardant un petit peu le passé,
11:09 cette absence, effectivement, de campagne présidentielle,
11:14 qui est le moment crucial pour la France dans la Ve République.
11:17 Et aujourd'hui, ce n'est pas complètement un hasard
11:20 qu'effectivement, il y ait ces dissensions.
11:22 Pourquoi ? Si on se projette un tout petit peu,
11:23 ou si on examine le moment présent, du coup,
11:26 c'est qu'il y a une vitrification de la politique en ce moment.
11:30 On voit bien que le gouvernement est complètement à l'arrêt.
11:33 Quand on voit des secrétaires d'Etat,
11:35 on sent bien qu'ils sont complètement ensurcis.
11:37 Elisabeth Borne est également un peu ensurcie,
11:40 il y a eu une petite phrase "assassine de l'Elysée",
11:43 pour qu'on comprenne bien, c'était du off,
11:46 mais c'était quand même entre guillemets
11:47 chez la plume de différents confrères.
11:49 Sauf que ça n'a jamais été démenti par les proches d'Emmanuel Macron.
11:53 Et c'était assassin à l'égard d'Elisabeth Borne,
11:56 qui c'est vrai, ne parvient pas à remplir sa mission d'élargissement.
12:00 On peut même se demander comment on a pu penser
12:02 à un moment qu'il parviendrait.
12:04 Donc, on voit bien que tout ça est un petit peu à l'arrêt.
12:07 On voit bien que ça va être les six jours les plus longs.
12:10 Six jours, c'est ça ?
12:11 - Sept jours, pardon.
12:13 - Sauf volonté constitutionnelle.
12:14 - On a hésité pour voir si vous suiviez.
12:16 En attendant, le Conseil constitutionnel,
12:18 et qu'il va bien falloir effectivement passer à la étape suivante.
12:21 Donc, c'est toujours des moments, à partir du temps présent
12:26 où il ne se passe rien, où c'est là,
12:28 où tout le monde se tient un petit peu par la marmichette,
12:31 où c'est là où on peut avoir des dérapages, comme on vient de le voir.
12:33 - Renaud Delis.
12:33 - C'est vrai que là où ça survient mal d'un point de vue politique,
12:37 y compris pour Elisabeth Borne d'ailleurs, ses confidences,
12:40 c'est que ça redonne du grain à moudre, si j'ose dire.
12:43 En tout cas, ça redonne un peu de souffle à la mobilisation,
12:46 notamment dans la perspective de la journée prochaine,
12:49 qui sera celle de jeudi 13, à la veille de la décision du Conseil constitutionnel.
12:52 - Et du 15 aussi, puisque le 15 est en train de s'organiser aussi,
12:55 parce que selon la décision du Conseil constitutionnel,
12:57 samedi, on peut imaginer des manifestations dans toute la France.
13:00 - Absolument. Et donc effectivement, là, c'est mal joué d'un point de vue tactique,
13:04 simplement de ce point de vue-là, parce que ça redonne un peu d'oxygène
13:07 à une mobilisation qui était quand même en baisse hier,
13:08 une baisse de l'affluence dans les cortèges,
13:10 même si ces cortèges sont encore fournis.
13:12 - Et sans distension syndicale.
13:14 - Et surtout, une baisse des grévistes.
13:16 Et c'est ça, du côté de l'exécutif, qu'on souligne volontiers,
13:19 c'est-à-dire qu'on est très loin d'un pays bloqué, d'un pays à l'arrêt.
13:21 - L'unité syndicale, elle peut survivre, finalement ?
13:23 - Le problème, c'était ça, quand même.
13:25 - D'un petit mot, pour rebondir sur ce que disait Renaud Delis,
13:29 c'est vrai que le gouvernement attendait deux choses.
13:31 Un essoufflement de la mobilisation, très clairement,
13:34 quand on voit des responsables politiques, ils vous le disent très clairement.
13:37 Et deuxièmement, des dissensions au niveau des syndicats,
13:39 avec la fameuse mise en scène,
13:42 est-ce qu'effectivement, Laurent Berger va rester à la réunion avec Elisabeth Borne ?
13:46 Et la nouvelle patronne de la CGT sortir avant ?
13:49 Bref, ça ne s'est pas passé.
13:50 Donc il y a un essoufflement de la mobilisation,
13:52 mais l'intersyndical, les huit organisations syndicales tiennent,
13:57 et ça, effectivement, c'est pour ça aussi que ce temps était un petit peu suspendu,
14:01 parce que, pour l'instant, rien ne se passe du côté gouvernemental,
14:04 et rien ne se passe du côté syndical.
14:06 - Jean-Jérôme Berthelus, vous restez avec nous,
14:08 Virginie Riva du site Contexte également, Renaud Delis aussi.
14:11 On va parler dans un instant de la politique énergétique de la France,
14:15 et s'interroger pourquoi la France a-t-elle fait fausse route
14:17 après la publication d'un rapport parlementaire sur le sujet.
14:20 9h20, d'abord le Fil info, Maureen Suiniard.
14:22 - Peut-être que la Première ministre a conscience qu'il se passe quelque chose dans le pays,
14:28 répond Laurent Berger ce matin.
14:29 Le patron de la CFDT qui demande encore à l'exécutif de revenir sur sa réforme des retraites.
14:35 La Première ministre se démarque ce matin du président
14:38 et appelle à ne pas brusquer les choses et respecter une période de convalescence.
14:43 Hier, mobilisation en baisse, mais encore forte.
14:45 570 000 personnes selon la police, près de 2 millions pour la CGT.
14:49 L'intersyndical veut marquer le coup le 13 avril prochain,
14:53 jeudi prochain à la veille de l'avis du Conseil constitutionnel sur ce texte.
14:57 L'adolescent de 14 ans interpellé en Alsace mardi vient d'être mis en examen.
15:01 Il est décrit comme radicalisé,
15:03 mais son avocat affirme qu'il est avant tout un passionné de chimie.
15:07 Un djihadiste en ligne aurait ensuite tenté de le manipuler, dit sa défense.
15:11 Du monde sur les routes aujourd'hui, c'est orange dans le sens des départs au niveau national
15:16 et c'est même rouge en Ile-de-France et en Auvergne.
15:18 C'est le début des vacances de Pâques pour la zone A
15:20 et c'est aussi le début d'un week-end prolongé pour tout le monde avec le lundi férié.
15:25 Toujours avec Virginie Riva de Contexte et Jean-Jérôme Bertollus,
15:37 Renaud Delis, on parle maintenant de la politique énergétique de la France.
15:40 Après la publication d'un rapport très critique à l'égard des choix qui ont été faits ces dernières années.
15:45 372 pages ce rapport, Laurent Sénéchal.
15:48 Six mois d'audition, dont celle de deux anciens présidents de la République.
15:50 On s'en souvient Nicolas Sarkozy et François Hollande.
15:53 Effectivement, le rapport de cette commission d'enquête parlementaire sur l'énergie a été rendu public.
15:57 Et il est extrêmement sévère.
15:59 Il liste une longue liste d'erreurs stratégiques du pouvoir
16:03 qui ont conduit selon ce rapport à la perte de la souveraineté énergétique du pays,
16:08 à la crainte, en quelque sorte, aussi d'un grand déplacement dans ce domaine.
16:13 Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info le président de cette commission d'enquête,
16:19 le député LR, Raphaël Schellenberger.
16:22 C'est essentiellement un manque de conscience du caractère stratégique de l'énergie
16:27 qui a conduit à ce qu'on préfère faire de la politique politicienne
16:31 et peut-être même parfois de simples accords électoralistes,
16:35 plutôt que de traiter ce sujet comme un enjeu stratégique
16:39 pour la compétitivité et la souveraineté de notre nation.
16:43 Alors pourquoi cette perte de souveraineté progressive
16:47 qui a d'ailleurs abouti, on s'en souvient, à des craintes sur la production d'énergie,
16:51 d'électricité, lors de l'hiver qui vient de se passer, même la crainte de coupure ?
16:56 Et pourquoi d'ailleurs le tête à queue ensuite d'Emmanuel Macron,
16:59 en particulier sur la question du nucléaire,
17:01 au regard de ses engagements au début de son premier mandat
17:04 et de la décision qui a été prise de relancer l'énergie nucléaire ces derniers mois ?
17:08 Virginie Riva, d'abord, est-ce que cette commission d'enquête parlementaire
17:12 pointe du doigt nommément certains présidents ?
17:16 Alors individuellement, non.
17:18 Ce n'est pas du tout l'objet, mais en réalité,
17:21 c'est tout le quinquennat de François Hollande qui est visé.
17:24 Dans les erreurs du passé, ce qui est visé, c'est surtout la décennie 90-2000,
17:28 avec une perte d'expertise et de lien entre la décision politique et l'expertise technique
17:33 et de manque d'investissement en recherche et développement.
17:35 Mais après, ce qui aggrave, selon les auteurs du rapport La Situation,
17:39 c'est le quinquennat de François Hollande et particulièrement la loi de 2015, vous vous souvenez ?
17:45 Qui donne l'objectif de réduire à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique.
17:50 Ça devait être pour 2025, repoussé à 2035 et abandonné finalement.
17:53 Exactement. Et en fait, là, les auteurs pointent une non-synergie entre des objectifs politiques et écologiques
18:01 et des scénarios qui n'ont pas du tout été anticipés.
18:04 Parce qu'à l'époque, il faut expliquer qu'on n'était pas du tout en période de réindustrialisation.
18:09 On n'est pas du tout sur une relance de la politique industrielle.
18:11 Donc on n'a pas anticipé nos besoins d'électricité qui sont ceux d'aujourd'hui.
18:15 On a des objectifs, effectivement, écologiques et on a une loi qui ne se donne pas du tout
18:21 les outils, les moyens pour parvenir à ce qu'on doit faire.
18:24 C'est-à-dire qu'on se retrouve en 2022 avec une baisse de la production de l'électricité.
18:28 C'est-à-dire qu'on n'avait pas prévu de remplacer l'énergie nucléaire par autre chose.
18:34 Exactement. François Hollande voulait la remplacer par du renouvelable, mais ça n'a pas été fait.
18:38 C'est-à-dire que là, on n'a pas suffisamment, ce qui est pointé dans le rapport, organisé la filière des énergies renouvelables.
18:45 Premièrement ça. Et en plus, on n'a pas pensé tout le renouvellement du parc nucléaire.
18:50 Donc en fait, les errements politiques ont eu des conséquences en termes de stratégie industrielle.
18:55 Jean-Jean Berthollus.
18:57 D'un petit mot, effectivement, je suis tout à fait à ce qui vient d'être dit par Vigené Réma,
19:01 mais il ne faut pas employer le passé composé, il faut employer le présent.
19:05 Parce que ce qui est très frappant dans ce rapport, c'est notamment que les errements du passé ont l'air toujours là.
19:11 Parce que, par exemple, ce rapport critique, un autre rapport qui vient d'être donné,
19:16 qui est celui de RTE, le Réseau de Transport d'Électricité.
19:20 C'est le gestionnaire du réseau en France.
19:21 Voilà. Sur les perspectives à 20 ans en matière des besoins électriques de la France.
19:27 Et ce rapport, encore une fois, c'est des experts, c'est une entreprise qui l'a donné il y a quelques mois
19:32 à l'ensemble des Français et surtout au gouvernement, dit "oui, ça va augmenter".
19:37 Qu'est-ce que disent les deux rapporteurs ?
19:38 Ils disent "RTE est bien en deçà en matière de prévision, en fait la demande électrique va être bien supérieure à ce que dit RTE".
19:45 Donc déjà, c'est assez frappant.
19:47 D'autre part, qu'est-ce que dit effectivement ce rapport, que j'ai trouvé intéressant, effectivement ?
19:51 Il critique l'Europe.
19:53 Parce que certes, le quinquennat de François Hollande, il y a peut-être eu un problème.
20:00 Mais le premier problème, c'est quand même l'Europe.
20:03 Le premier problème, c'est effectivement l'Europe qui a appelé à une dérégulation des marchés de l'électricité.
20:08 Avec cette fameuse loi NOM, la Nouvelle Organisation du Marché de l'Électricité, en 2010,
20:14 sous Nicolas Sarkozy, qui a en quelque sorte favorisé les concurrents d'EDF,
20:22 ce qui a mis quand même EDF à des pertes, près de 18 milliards d'euros l'année dernière.
20:26 C'est des pertes historiques, à la fois pour EDF et pour n'importe quelle boîte du CAC 40 en France,
20:31 qui a donc démantelé un petit peu EDF en favorisant ses concurrents.
20:35 Et puis, qui n'a pas en quelque sorte organisé le marché au niveau de l'État.
20:41 Il n'y a plus d'État stratégique. On s'est dit, le marché va tout faire.
20:45 Donc, c'est quand même un petit problème.
20:48 Et aujourd'hui, les rapporteurs, pourtant quelqu'un de Renaissance et de LR,
20:52 eh bien, stigmatisent la Commission européenne en disant, par exemple,
20:55 il faut revoir complètement le marché de l'électricité en Europe.
20:58 Donc, on voit que les responsabilités sont très partagées.
21:02 On voit, juste d'un mot, j'en conclurai par ça, que c'est du niveau de l'État.
21:07 Mais comme le dit Nicolas Sarkozy au rapporteur, moi, quand je vais dans une centrale,
21:11 au bout de deux minutes, je prends un air concentré, mais j'y comprends plus rien.
21:16 – Rododély, rapidement.
21:17 – Là où ce rapport, me semble-t-il, est extrêmement intéressant
21:19 sur ce qui fait la nature même de l'action politique et sur les défauts,
21:22 les tards qu'elle peut avoir parfois, c'est qu'il illustre, en fait,
21:24 l'un des principaux défauts de l'action politique, c'est le court-termisme.
21:27 C'est-à-dire un défaut d'anticipation, un défaut, effectivement,
21:30 du rôle de l'État stratège, de l'État stratégique,
21:32 avec des décisions prises à très court terme,
21:35 souvent sous deux, pour répondre à deux critères,
21:38 soit des considérations électoralistes, et en l'occurrence, évidemment,
21:42 les pointer du doigt, les conséquences de l'accord signé par les socialistes
21:46 avec les écologistes juste avant l'élection de François Hollande à l'Élysée,
21:50 soit pour régner en quelque sorte, enfin, pour prendre des décisions
21:53 sous le coup de l'émotion, et il faut se rappeler, évidemment,
21:56 qu'on était en 2011, au lendemain de la catastrophe de Fukushima,
21:59 et on a vu quel type de catastrophe environnementale
22:02 avait provoqué la décision d'Angela Merkel
22:04 de sortir quasiment du jour au lendemain du nucléaire en Allemagne
22:07 avec les conséquences qu'on voit aujourd'hui.
22:08 Donc tout ça est bien ciblé dans ce rapport.
22:11 En gros, c'est quand même tout ce que ne doit pas faire un homme ou une femme d'État.
22:14 Renaud Delis, merci beaucoup.
22:16 Et pour prolonger ce sujet,
22:18 je vous propose de vous rendre sur Context, le site spécialisé, Virginie Rivard.
22:23 Vous pourrez lire un entretien croisé
22:25 entre le président de la commission d'enquête et le rapporteur.
22:28 Voilà.
22:28 Antoine Armand, Raphaël Schellenberger.
22:30 Au sujet donc de cette commission d'enquête parlementaire,
22:33 6 mois de travail, 372 pages.
22:36 Merci beaucoup et merci Jean-Jérôme Berthelus.
22:37 Les informés reviennent ce soir à 20h.
22:39 Bonne journée à tous.

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