Inflations :Vers un mois de « Mars rouge » ?

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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'augmentation de l'inflation en Mars.
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00:00 18h34, on se retrouve dans Punchline sur CNews et sur Europa.
00:08 On va parler du pouvoir d'achat, de votre pouvoir d'achat, de l'inflation.
00:12 On nous annonce déjà un mars rouge, un mois de mars rouge,
00:14 alors que le mois de février a déjà été extrêmement difficile.
00:18 Plus 14,5% de hausse des prix concernant l'alimentation.
00:22 Les négociations, je le disais, entre les grandes surfaces et les fournisseurs s'achèvent ce soir.
00:27 Ça va se terminer évidemment par une nouvelle augmentation.
00:30 On va faire le point avec Régine Delfaux et je vous passe la parole ensuite.
00:33 Faire ses courses demande désormais aux Français de passer plus de temps dans les magasins.
00:39 On regarde tous les prix.
00:40 Je fais attention à tout ce que je prends parce que c'était beaucoup moins cher.
00:44 Mais là, tout est cher. Le pain, tout.
00:47 Avant, c'est vrai qu'on prenait comme ça sans s'en rendre compte,
00:50 mais maintenant, oui, on fait vraiment attention parce qu'on a un budget assez restreint maintenant.
00:54 On essaye d'être plus sur des produits moins chers et puis on réduit les courses
00:59 parce que sinon, on ne peut pas s'en sortir.
01:01 Mais les prix des produits alimentaires vont continuer à s'envoler,
01:04 comme nous le confirme Pascal Delima, chef économiste CGI Consulting.
01:08 Avec plus 15% de hausse de prévision à la hausse pour 2023,
01:13 c'est 510 euros de plus par foyer sur un an, sur 2023, qui est prévu.
01:18 Donc le moral, pas très bon non plus.
01:21 Voilà, 21% sur le sucre, 19% sur les œufs, 30% sur les steaks hachés.
01:25 Pour lui, l'augmentation des prix des matières premières
01:28 a une incidence sur l'inflation des produits alimentaires.
01:31 Mais ce n'est pas l'unique raison.
01:32 Les industriels accusent des pertes importantes,
01:34 qui sont en fait des ralentissements de profit.
01:37 Ce ne sont pas vraiment des pertes, c'est que leurs profits ont effectivement un peu baissé.
01:41 Et donc, ils doivent répercuter leurs prix sur la grande distribution pour nombre d'entre eux.
01:47 Puis, ne pas exclure pour certains, certainement, un opportunisme et des effets d'aubaine.
01:53 Industriels, producteurs et distributeurs sont en pleine négociation jusqu'à ce soir.
01:58 Objectif, trouver un accord concernant les prises affichées dans les supermarchés pour les prochains mois.
02:04 Cyril Chabanier, vous êtes le président de la CFTC.
02:07 Vous êtes très mobilisé sur les retraites, mais là, sur le pouvoir d'achat et sur l'inflation,
02:11 c'est une déflagration pour les Français.
02:13 Ce qui va arriver.
02:14 C'est une catastrophe.
02:15 On a de plus en plus de personnes et ça va être des proportions très importantes
02:19 qui vont soit mal se nourrir, soit pas se nourrir, ou en tout cas, pas faire la totalité des repas.
02:25 C'est un drame et on le voit de plus en plus.
02:28 Et sur cette affaire, on ne comprend pas tout.
02:30 Il y a des choses qu'on ne s'explique pas.
02:32 Et votre reportage, d'ailleurs, l'a très bien dit.
02:33 Il y a évidemment, on le sait, une augmentation des matières premières
02:37 qui implique forcément une augmentation du coût de production.
02:41 Donc, c'est répercuté.
02:43 Mais quand on voit certains produits, le prix annoncé, l'inflation,
02:47 qui est parfois de 20 à 25 %, l'explication ne peut pas se résumer uniquement au prix,
02:53 enfin en tout cas, à l'augmentation de la matière première.
02:55 Ou de l'énergie, au prix de l'énergie.
02:56 Ou au prix de l'énergie.
02:57 Il y a d'autres jeux qui rentrent en compte, parfois pour compenser certains profits,
03:01 parfois pour de la spéculation, parfois...
03:03 Il y a toute une série de sujets et ce n'est pas supportable.
03:06 Donc, il faut absolument que tout le monde retrouve la raison,
03:09 que la répercussion des prix soit minorée,
03:11 enfin en tout cas, soit justifiée par rapport à un prix augmenté
03:15 des matières premières et de l'énergie, mais pas plus.
03:18 Et au bout d'un moment, il va bien falloir arriver à un chèque alimentaire.
03:22 Chèque alimentaire.
03:22 Mais sûrement, parce qu'il va y avoir une partie de la population
03:25 qui ne pourra pas se nourrir.
03:26 Déjà, les banques alimentaires sont submergées.
03:28 Mais les banques alimentaires sont submergées, il faut voir ça.
03:31 Les Réseaux du Coeur, je ne vous en parle même pas, ça explose complètement.
03:34 Et on va être obligés d'aider les Français, comme on a fait un chèque,
03:37 le gouvernement a fait un chèque pour l'énergie quand il y a eu une flambée,
03:40 il va être obligé de faire pareil.
03:41 Mais c'est les Français qui financent tout ça.
03:43 Je sais que c'est les Français qui financent,
03:45 mais au bout d'un moment, il y a une urgence à répondre.
03:47 Donc déjà, qu'on retrouve la raison,
03:48 moi j'attends les résultats ce soir de ces négociations,
03:52 mais j'ai bien peur que ces négociations aboutissent quand même
03:55 à des choses assez importantes et des hausses très importantes.
03:59 Mais honnêtement, il y a des produits, c'est incompréhensible.
04:02 Le fait qu'on nous explique que, bien sûr, il y a le conflit
04:06 en Ukraine, bien sûr, mais quand on voit par exemple
04:11 qu'on doit importer de la viande en France,
04:14 importer, on est en France.
04:16 On importe 20 à 30 % de notre viande.
04:18 Oui, on doit en importer.
04:19 29 %.
04:20 Pardon, mais les fruits aussi, des légumes aussi.
04:24 C'est juste, c'est-à-dire que nous qui avions été...
04:26 Alors là, évidemment, peut-être qu'il y a un ministre aussi qui va dire que c'est faux.
04:29 Même qu'on n'avait pas l'indépendance énergétique,
04:30 on n'avait pas l'indépendance alimentaire.
04:32 Voilà, mais bien sûr que si.
04:34 Bien sûr qu'on avait quand même une forme d'indépendance alimentaire.
04:37 Une souveraineté alimentaire, évidemment.
04:39 Par rapport à l'Europe.
04:40 Et là, franchement, on importe.
04:43 Donc, il y a quelque chose qui ne va pas.
04:47 Vous avez eu raison d'ailleurs de souligner les conséquences de ça,
04:50 parce qu'évidemment, il y a des conséquences dramatiques
04:52 pour des personnes qui n'ont pas de quoi manger,
04:55 mais il y a aussi des conséquences à court terme
04:57 et à moyen terme sanitaires très importantes.
04:59 Il va y avoir une explosion d'obésité.
05:02 Donc, évidemment, c'est-à-dire que les gens vont se nourrir mal.
05:04 Et on la constate déjà, cette explosion de l'obésité.
05:07 Tout le monde nous l'a fait remarquer.
05:09 Donc, cette explosion d'obésité,
05:10 ça va être l'explosion des maladies cardiovasculaires, etc.
05:14 Donc, tout ça, on reprend tout, on tire tout,
05:19 et tout vient, en effet, quand quelqu'un qui est souvent sur cette antenne
05:23 va changer le logiciel.
05:24 Alors Karim Zérébi, vous aurez tout à dire.
05:26 Je ne sais pas si on mesure comment la situation est dramatique.
05:29 J'étais avec un éleveur hier de la Véron,
05:32 qui m'expliquait qu'il y avait de moins en moins d'éleveurs,
05:34 ils n'en peuvent plus, des abattoirs qui ferment dans le pays.
05:37 Donc, les importations de viande ne vont faire qu'augmenter.
05:40 Donc, nous ne serons plus en mesure déjà de produire
05:44 et de délivrer ce que nous délivrions jusqu'à maintenant.
05:46 Les banques alimentaires, vous parlez à tous les bénévoles.
05:49 Donc, mon papa est bénévole, moi, à la banque alimentaire.
05:51 Donc, il est au Resto du Coeur, il est à la retraite.
05:54 Il me dit, je vois des gens que je ne voyais jamais,
05:57 des gens qu'on ne voyait jamais,
05:58 des gens qui bossent,
05:59 des gens qui peuvent être considérés comme des classes moyennes,
06:03 qui ne peuvent plus remplir le frigo,
06:05 qui ont des fins de mois difficiles,
06:07 qui ne parviennent plus à nourrir correctement leurs enfants, leur famille.
06:10 Je ne sais pas si on mesure la situation dramatique.
06:13 Alors, moi, je veux bien qu'il y ait une augmentation des prix de l'énergie.
06:16 Je veux bien qu'il y ait une augmentation des prix en termes de fabrication,
06:20 les conserves, le fer, tout ce qu'on veut.
06:23 Je pense qu'il y a des profiteurs de la crise.
06:25 Très clairement, il y a des profiteurs de la crise.
06:27 Il y en a qui s'en mettent plein les poches.
06:29 Je pense qu'il y a des industriels et il y a des acteurs de la grande distribution
06:32 qui ne jouent pas le jeu.
06:33 Et je vois que toutes les injonctions gouvernementales ne sont pas suivies d'effets.
06:37 Ce n'est pas vrai.
06:38 Donc, quand le gouvernement dit qu'il va falloir faire un effort,
06:40 il va falloir plafonner un peu les prix,
06:42 ce sont des injonctions qui n'ont aucun effet,
06:45 qui ne sont pas suivies d'effet.
06:46 Vous avez vu, même Total,
06:47 quand on était à 1,99 à la pompe,
06:50 1,99, on était à 2,01.
06:52 L'effort, il est quand même minime.
06:54 Soyons sérieux.
06:55 Il y a des gens qui s'enrichissent pendant cette crise.
06:58 Et il y a de nombreux Français par million qui s'appauvrissent.
07:02 À moins que cette situation, il va falloir quand même l'indiquer telle qu'elle est.
07:05 Éric Revelle, il y a des profiteurs de crise, qui sont-ils ?
07:08 Oui, il y a des profiteurs de crise,
07:10 ce que Pascal Delimat appelle des "effets d'aubaine".
07:12 C'est un terme économiste pour dire qu'il y en a qui tirent profit
07:15 d'une situation compliquée pour les autres.
07:17 C'est vrai.
07:18 Mais il y a aussi une part de réel qu'il faut quand même souligner,
07:22 c'est que tous les coûts de production ont quand même augmenté
07:25 pour les industriels.
07:27 Il n'y a pas que le coût des matières premières, le coût de l'énergie.
07:30 Karim Zeribi parlait des conserves.
07:32 C'est juste, quand vous faites du métal, de l'acier ou du fer blanc,
07:35 vous avez une facture qui a explosé.
07:38 Mais en fait, il y a aussi un jeu entre les distributeurs.
07:41 Enfin, un jeu, j'emploie le mot qui n'est pas très adroit.
07:44 Il y a aussi un "je te tiens par la barbichette",
07:46 c'est-à-dire que les distributeurs savent très bien que les produits
07:49 ont besoin d'être référencés, si possible, en tête de gondole
07:52 pour bien se vendre, sinon leur chiffre d'affaires baisse.
07:55 Donc il y a aussi un bras de fer, si vous voulez,
07:56 dont les distributeurs essaient aussi de tirer profit de leur côté
08:00 parce qu'eux, ils jouent aussi leur image de marque,
08:02 d'enseigne pas cher.
08:04 Et puis, les réponses du gouvernement,
08:06 les réponses du gouvernement.
08:07 Vous vous souvenez de ce panier anti-impression ?
08:10 C'était sur la table.
08:11 Vous en souvenez ?
08:12 Il y avait une vingtaine de produits dedans
08:14 qui devaient être à un taux très, très bas, après très bas.
08:18 Ils devaient être fixés.
08:19 Et ça en est où, ce truc-là ?
08:20 Ça en est nulle part, même si Olivier Grégoire explique
08:22 que le dispositif est toujours sur la table.
08:24 En fait, il devait être mis en place au mois de mars.
08:27 Il est pour l'instant dans les nimbes de Bercy.
08:30 Et puis surtout, il y a plein d'enseignes qui ont mis en place
08:33 leur propre panier anti-inflation, promo,
08:35 pour essayer de redorer leur image de marque.
08:40 En réalité, on est en train de découvrir,
08:41 oui, pour la fin de la souveraineté agricole française,
08:45 on est en train de découvrir quoi ?
08:46 La fin de la souveraineté économique.
08:48 De notre pays.
08:49 On a parlé de la crise de l'énergie
08:51 avec ce qui s'est passé sur le nucléaire.
08:52 On parle maintenant de l'agriculture française,
08:54 qui était sans doute l'un des secteurs
08:57 les plus forts de ce pays.
08:59 On exportait, on continuait à exporter.
09:01 On avait des milliards d'euros d'excédents commerciaux.
09:05 En fait, tout ça est en train de s'amoindrir.
09:06 Donc, c'est la situation, pardonnez-moi,
09:08 je ne veux pas être catastrophiste,
09:10 mais globale de la souveraineté économique française,
09:13 qui est en train de péricliter sous nos yeux.
09:15 Et à chaque fois, on découvre quoi ?
09:17 On découvre ça au profit d'une crise.
09:19 La crise de la Covid nous a montré
09:21 qu'on avait délocalisé des productions.
09:23 Avec la crise actuelle sur l'alimentation,
09:26 on découvre qu'on importe de la viande.
09:27 On ne fait que découvrir des choses.
09:29 - La crise des droits en procession, en fait.
09:31 - Voilà.
09:31 Mais en fait, on s'aperçoit,
09:32 quel que soit le gouvernement,
09:33 c'est pourtant leur job,
09:34 que rien n'a vraiment été anticipé.
09:37 Rien n'a été anticipé.
09:38 Souvenez-vous, Laurence de Sechiff,
09:40 moi qui me tétanise,
09:41 on a aujourd'hui le niveau d'industrialisation
09:44 en Europe le plus faible avec la Grèce.
09:47 Le PIB, l'industrie française
09:50 ne contribue plus qu'à 9% du PIB français.
09:53 9%, c'est-à-dire le niveau de la Grèce.
09:56 Je n'ai rien contre les Amigrèques,
09:58 mais on avait une industrie,
10:00 on a vendu des Marks,
10:02 on a vendu des Alstom,
10:04 on a vendu des Arcelor,
10:06 on a vendu des Péchinets,
10:07 on s'est désindustrialisé.
10:09 Et à partir des crises, oui,
10:10 on se rend compte qu'on est nus comme le roi.
10:13 - Monsieur Javanier,
10:15 ce constat de la désindustrialisation
10:17 de notre pays, de l'inflation,
10:19 vous l'avez fait, évidemment,
10:20 dans votre syndicat, la CFTC ?
10:22 - Oui, évidemment, mais très tôt,
10:23 nous avons dit qu'il fallait retrouver...
10:25 En tout cas, il y avait trois politiques à faire.
10:26 C'était la relocalisation
10:28 et la réindustrialisation.
10:29 Deuxièmement, c'était la souveraineté,
10:31 qui peut être française ou parfois européenne,
10:34 d'ailleurs, parce que ça se discute.
10:35 Il y a trois souverainetés qui sont capitales pour nous.
10:38 Il n'y en a pas que trois,
10:38 mais en tout cas, trois qui seraient prioritaires,
10:40 c'est alimentaire, énergétique
10:42 et tout ce qui est médicaments.
10:44 C'est les trois, peut-être,
10:45 prioritaires à mettre et sur lesquels on n'a plus.
10:48 Et puis, il y a aussi...
10:49 - Mais on est mal sur les trois !
10:51 - On ne les a pas tous les trois aujourd'hui,
10:53 en tout cas, on les a beaucoup moins qu'avant.
10:54 Et puis, tout ça, ça nécessite aussi
10:56 un aménagement du territoire
10:57 parce qu'on ne peut pas relocaliser,
10:58 on ne peut pas avoir une certaine souveraineté
11:00 sans repenser aussi l'aménagement du territoire.
11:03 Donc, ce sont des propositions que nous avions faites,
11:04 que nous avions envoyées, d'ailleurs, à la CFTC,
11:06 au candidat à l'élection présidentielle,
11:08 dont le tenant remonte quasiment à un an.
11:11 Voilà, donc ce constat est là.
11:13 Et sur le panier anti-inflation,
11:16 j'ai bien peur que le gouvernement
11:17 sorte le panier anti-inflation
11:19 une fois que les 25 %
11:20 auraient été appliqués à tous les produits.
11:21 Donc, à ce moment-là,
11:23 bloquer les prix, il sera trop tard.
11:25 Heureusement, oui, que certaines structures
11:27 et certains magasins ont fait leur propre panier.
11:31 Mais c'est catastrophique.
11:32 Et en plus, on nous dit que ça va être énorme au mois de mars.
11:35 Mais avril, peut-être, peut-être,
11:38 équivalent au mois de mars.
11:40 On entend ça aujourd'hui, en plus.
11:41 Et dans ce contexte-là, la journée du 7 mars,
11:43 elle peut agglomérer toutes les colères,
11:46 à votre sens, à la fois sur la réforme des retraites
11:49 et aussi sur cette vie chère ou pas ?
11:52 Mais évidemment, que le thème central est les retraites.
11:55 Et c'est souvent une thématique en France
11:56 qui permet de mobiliser.
11:58 Mais bien sûr que tous les autres thématiques sont là.
12:01 Et d'ailleurs, c'est aussi l'un des constats
12:02 qu'on voit avec des mobilisations
12:04 très importantes dans les petites et les moyennes villes,
12:07 parfois, en tout cas, proportionnellement
12:09 plus importantes que dans les grandes villes,
12:10 parce que c'est là où le coût de l'essence
12:13 est le plus percutant,
12:15 parce que toutes les personnes se déplacent en voiture.
12:17 C'est là où le pouvoir d'achat est souvent le plus faible.
12:20 Et donc, il n'y a pas de hasard
12:21 si les petites et les moyennes villes
12:23 ont surpris souvent tous les commentateurs
12:25 par l'ampleur des mobilisations.
12:26 C'est parce que, par évidence,
12:29 il y a un conglomérat de toutes ces souffrances.
12:32 C'est là où il y a la classe moyenne qui est en train de disparaître.
12:34 Tout à fait.
12:35 Qui disparaît sous nos yeux.
12:36 On en parlait avec Eric.
12:38 Oui, je m'assais ce caron.
12:40 Vous parliez, pardonnez-moi,
12:41 des enseignes type GAP ou autres,
12:44 de confections, de ventes de vêtements qui ferment.
12:47 Et on dit oui, alors c'est normal,
12:49 c'est parce que c'est moyen, du style,
12:51 c'est la qualité qui est moyenne.
12:52 Ce n'est pas la qualité moyenne,
12:53 c'est tout simplement parce que c'était acheté
12:56 par cette classe moyenne
12:57 qui est en train de disparaître sous nos yeux.
13:00 Avec, bien sûr, des conséquences dramatiques.
13:04 Des conséquences dramatiques en politique,
13:06 en économie, en social, en sociétal, en tout.
13:08 À partir du 5 mars,
13:09 il peut y avoir une spirale de la colère dramatique
13:12 parce que faire grève,
13:13 c'est aussi perdre du pouvoir d'achat.
13:15 Donc l'effort qui sera consenti par les salariés grévistes,
13:18 qui rendra leur situation encore plus difficile,
13:21 peut accroître d'autant plus leur colère
13:23 face à un gouvernement qui n'entendra pas
13:25 le cri de désespoir.
13:27 On peut tomber rapidement dans une spirale
13:29 si la grève est reconductible.
13:30 Et si les travailleurs ont des fins de mois
13:32 encore plus difficiles que ceux qu'elle est,
13:34 avec une inflation qui est à des sommets
13:37 qu'on n'a jamais connus depuis bien longtemps,
13:39 je pense qu'il faut que le gouvernement
13:41 fasse très attention.
13:43 De la manifestation du désaccord politique
13:46 peut générer une forme de colère
13:47 qui peut se transformer par certains comportements,
13:51 je crains de le dire, un peu en violence.
13:53 On ne le souhaite pas, à l'évidence.
13:55 C'est un risque.
13:56 Moi, je trouve la description que vous faites
13:58 et la situation que vous venez de montrer tous
14:01 révoltante, mais vraiment révoltante.
14:02 Et, en fait, évidemment,
14:03 la disparition de la classe moyenne,
14:04 je pense, est l'enjeu central de tout cela.
14:06 Je sais que je m'avance un peu en disant ça,
14:08 mais on peut faire un lien entre
14:10 la raison profonde de la colère des gilets jaunes
14:13 il y a quatre ans et de la réforme des retraites
14:15 aujourd'hui.
14:16 Un lien sur un point précis,
14:17 c'est la personne qui manifeste.
14:18 J'essaie de faire un portrait type
14:20 du manifestant aujourd'hui,
14:21 selon ce que j'ai entendu et ce que j'ai vu.
14:23 C'est quelqu'un de cette classe moyenne
14:25 qui est en train de disparaître,
14:26 qui sent d'ailleurs qu'il est en train,
14:27 qu'il est voué à disparaître,
14:28 qui est d'ailleurs très souvent éloigné
14:29 des centres de décision, des métropoles, etc.
14:31 Donc, un provincial plutôt,
14:33 qui a plutôt tendance à travailler.
14:35 Les gilets jaunes, c'est des gens qui bossaient,
14:36 qui manifestaient le samedi.
14:38 Et là, on voit bien que ce sont des actifs
14:39 qui sont frappés par cette réforme,
14:40 donc qui travaillent également.
14:42 Écrasé d'impôts, puisqu'il fait partie de...
14:44 Enfin, il est dans le pays le plus taxé
14:45 de la zone de l'OCDE.
14:47 Et à qui on demande de payer toujours plus
14:49 et en plus de payer des choix qu'il n'a pas faits.
14:51 C'est-à-dire que l'inflation, aujourd'hui,
14:52 aucun Français n'en est responsable.
14:54 Ce sont des choix politiques
14:55 que vous venez de tous décrire,
14:56 qui en sont à l'origine.
14:57 Le plein d'essence,
14:59 on a décidé pour des raisons morales,
15:00 on peut discuter après des raisons morales,
15:02 mais de ne plus acheter le pétrole russe,
15:03 du coup, on l'achète en Inde.
15:04 Mais en fait, c'est quand même du pétrole russe
15:05 qui a été raffiné en Inde,
15:06 donc ça coûte plus cher.
15:07 Et à la fin, c'est le Français qui paye.
15:09 Je pense que j'avais vu une pancarte,
15:11 une fois sur un rond-point,
15:12 quand je m'étais promené, qui...
15:13 - Au moment des gilets jaunes ?
15:14 - Des gilets jaunes, qui disaient
15:16 "mais où va notre pognon ?"
15:17 Et je pense fondamentalement,
15:19 aujourd'hui, que c'est un des motifs de la révolte
15:21 des gens qu'on entend aujourd'hui.
15:22 Donc honnêtement, comme Karim,
15:24 c'est impossible de s'avancer,
15:25 mais pourquoi est-ce que ça s'arrêterait ?
15:27 Premièrement, pourquoi est-ce que ça ne
15:28 dégénérerait pas en vraie colère ?
15:29 Et ensuite, deuxièmement,
15:31 mais il y a vraiment des raisons
15:33 d'en vouloir à nos gouvernants
15:34 depuis très longtemps.
15:35 - M. Chabanier,
15:36 vous espérez que cette colère perdure
15:37 après le 7 mars ?
15:39 Grève reconductible,
15:40 vous êtes toujours sur cette ligne-là ?
15:42 - Non, l'intersyndicale n'a pas appelé
15:44 une grève reconductible.
15:45 On a appelé pays à l'arrêt le 7 mars.
15:48 Ensuite, certains secteurs ont décidé
15:50 de rentrer dans une grève reconductible
15:52 et on laisse le libre choix à nos secteurs
15:54 d'avoir les actions qu'ils souhaitent avoir.
15:56 - C'est les AG qui le décideront.
15:57 - Et par définition, c'est ce que j'allais dire,
15:59 ce sont dans les entreprises,
16:00 dans les filières, les assemblées générales
16:01 qui se décident.
16:02 On ne peut pas décréter d'en haut
16:03 des grèves reconductibles.
16:05 Nous, ce qu'on espère,
16:05 ce n'est pas que ça continue très longtemps.
16:08 Ce qu'on espère, c'est que le gouvernement
16:09 s'arrête et nous dise,
16:11 comme disait Karim tout à l'heure,
16:13 écoutez, on s'est trompé, on reprend.
16:16 Je vous rappelle qu'on était plusieurs
16:17 organisations syndicales à vouloir travailler,
16:19 y compris sur un régime universel,
16:21 qui reste pour nous une solution
16:23 qui était beaucoup plus juste.
16:24 Donc, il n'y a pas de mal à dire,
16:26 on stoppe, on s'arrête,
16:27 on se remet autour de la table.
16:29 Le CORE nous a montré qu'on n'est pas
16:31 à six mois près, il n'y a pas d'urgence absolue.
16:33 Le Conseil d'Orientation sur les Retraites
16:36 nous a montré qu'on n'était pas
16:37 dans une urgence absolue.
16:38 Il y avait un déficit, il fallait le regarder,
16:40 mais il n'y avait pas d'urgence.
16:41 Et donc, on se remet autour de la table.
16:43 Et je crois très franchement
16:45 qu'on peut, avec les organisations syndicales,
16:48 en tout cas avec certaines,
16:49 on peut trouver une solution.
16:51 - Vous pensez qu'en une journée,
16:53 vous pouvez faire reculer le CORE ?
16:54 - D'abord, ce n'est pas une journée,
16:55 on se remanifeste depuis le 19.
16:56 - D'accord, mais vous misez beaucoup sur le 7 mars.
16:59 - On mise beaucoup sur le 7 mars
17:00 parce que je crois que ça va avoir une ampleur
17:01 qui va être différente.
17:02 Et on n'est pas que simplement
17:03 sur des manifestations ou des grèves.
17:05 On a aussi beaucoup de commerçants,
17:07 d'artisans, d'entreprises du bâtiment
17:10 qui nous disent "on va fermer"
17:11 parce que ce n'est pas possible
17:12 de cautionner cette réforme.
17:15 Oui, je crois qu'on peut faire plier.
17:16 Et les gens sont encore,
17:18 en tout cas les personnes chez nous,
17:19 sont encore motivés.
17:20 Ils croient encore qu'on fera plier
17:23 le gouvernement.
17:24 Et on ne veut pas faire plier pour dire
17:26 "on ne fait aucune réforme".
17:27 On fait plier pour dire
17:28 "ce n'est pas la bonne réforme".
17:30 Remettons-nous autour de la table,
17:31 trouvons une solution ensemble.
17:33 Vous voyez, en plus, on est prêts
17:33 à se remettre autour de la table
17:35 pour trouver une solution.
17:36 - C'est fou à quel point
17:36 votre maturité tranche
17:39 avec l'immaturité de l'exécutif
17:42 et l'immaturité des parlementaires
17:44 à l'Assemblée nationale.
17:46 - Non mais attendez,
17:48 il y a un moment donné,
17:49 il faut dire les choses.
17:50 Ils ont tablé sur une forme d'ordre,
17:53 enfin l'ordre, entre guillemets,
17:55 à l'Assemblée et le désordre dans la rue.
17:57 Il se mettait tellement
17:58 en désordre dans la rue.
17:59 Et c'est l'ordre dans la rue
18:00 et c'est le désordre
18:01 à l'Assemblée nationale.
18:02 Donc vous faites preuve de votre maturité.
18:04 Ils voulaient la disparition
18:05 des corps intermédiaires.
18:07 Mais heureusement que vous êtes là.
18:08 Parce que comme Karine l'a souligné,
18:10 ou Auxhoff l'a souligné,
18:11 sinon la colère serait tellement irruptive.
18:14 C'est d'ailleurs ce que souhaitent
18:15 les gens de la DUPESSE,
18:16 bien sûr, c'est ce qu'ils souhaitent.
18:17 Mais heureusement que vous êtes là.
18:18 - Parce qu'il n'y a pas de vulte des syndicats.
18:20 - Ils devraient vous baiser les babouches
18:21 tous les jours.
18:22 Non mais attendez,
18:23 non mais c'est fou quand même.
18:25 - Alors Karine, après.
18:26 - Le contrat qui est éliminé
18:26 entre des forces syndicales
18:28 qui sont constructives,
18:30 il faut arrêter de...
18:32 Je veux dire, ce mot,
18:34 j'appelle à la responsabilisation.
18:36 Mais c'est insupportable.
18:38 Je veux dire, on voit bien
18:39 qu'on a un Cyril Chabanier
18:40 qui est le représentant de la CFTC.
18:41 Quand on entend Laurent Berger
18:43 et quand on entend
18:44 cet intersyndical globalement,
18:45 on a affaire à des gens responsables.
18:47 On a affaire à des gens
18:48 qui ne veulent pas le chaos dans le pays,
18:49 qui veulent que le pays avance,
18:50 que le pays retrouve une dynamique,
18:52 donc avec une justice sociale à la clé.
18:54 Je veux dire, donc,
18:55 il faut travailler avec ces gens-là.
18:56 Je veux dire, ils tendent la main au gouvernement,
18:58 c'est le monde de l'envers.
18:59 C'est le gouvernement qui devrait
19:00 tendre la main à des syndicats fermés,
19:02 repliés sur eux-mêmes.
19:03 Et là, on a des syndicats qui sont ouverts
19:04 et qui disent, un peu de raison,
19:06 revenez à la table des négo,
19:07 discutons, donc,
19:08 dans l'intérêt national,
19:09 dans l'intérêt du pays,
19:10 portons l'intérêt général ensemble.
19:12 Donc, et le gouvernement appelle quoi ?
19:14 À la responsabilité.
19:16 Mais c'est eux qui sont irresponsables aujourd'hui.
19:17 Un dernier mot, M. Chabanier,
19:18 le dialogue est totalement rompu
19:20 actuellement avec le gouvernement,
19:21 ou il y a encore des discussions ?
19:22 Il y a très peu de discussions,
19:24 parce qu'à partir du moment où
19:26 cette réforme, on ne veut pas en toucher,
19:27 parce qu'en fait, ils ne veulent rien toucher,
19:29 nous dit toujours.
19:30 Oui, si, ils veulent bientôt toucher,
19:31 sauf l'âge.
19:32 Oui, enfin, mieux même,
19:33 au bout du bout,
19:33 il n'y a rien n'a été touché.
19:34 La seule chose qui a été touchée
19:36 au Parlement,
19:37 ça a été de supprimer l'index senior,
19:40 qui était plutôt à la base
19:41 d'une bonne idée,
19:41 mais il fallait le rendre punitif.
19:43 Et là, on n'est pas allé plus loin,
19:45 on est allé moins loin.
19:45 Donc, si c'est toucher
19:46 pour faire du moins bien,
19:47 je n'appelle pas ça toucher.
19:49 Mais je n'ai plus grand chose à dire,
19:50 à part que je vais donner
19:52 des cartes syndicales
19:53 à mes collègues sur ce plateau,
19:55 tellement qu'ils ont bien vendu,
19:56 et en tout cas,
19:57 l'attitude des syndicats.
19:59 Excusez-moi, on est bien d'accord.
20:01 Et on est bien d'accord que
20:02 lorsque Raymond Soubi,
20:03 conseiller social,
20:04 était à l'Élysée,
20:06 vous étiez reçu,
20:07 vous aviez un interlocuteur.
20:09 Il est où l'interlocuteur
20:10 aujourd'hui à l'Élysée ?
20:11 Il est où ?
20:11 En tout cas, il en a peut-être
20:12 un matignon.
20:13 Non, mais attendez, c'est vrai.
20:15 Un dernier mot.
20:16 Vous aurez 50 secondes.
20:18 Je l'ai dit depuis le départ,
20:19 honnêtement, sur les deux
20:21 premiers niveaux de négociation
20:22 sur les retraites,
20:23 quand on a fait pénibilité
20:24 en point des seniors,
20:25 on a eu de véritables négociations
20:27 et on a pu discuter.
20:28 Après, ça s'est bloqué
20:29 quand l'âge est arrivé.
20:30 Le problème, c'est que
20:31 de toutes ces discussions
20:32 est sorti un texte
20:33 dans lequel la plupart
20:35 des choses qu'on avait discutées,
20:36 on ne les a pas retrouvées
20:37 telles qu'on les avait discutées.
20:38 Donc la négociation,
20:39 c'était bien passé
20:40 pendant trois semaines.
20:41 À l'arrivée, on ne retrouve pas.
20:43 Et le gouvernement,
20:44 vous avez fait le même coup
20:45 sur l'assurance chômage,
20:46 si vous vous souvenez.
20:47 Sur la réforme de l'assurance chômage,
20:48 c'est ce que vous aviez signé.
20:49 Vous ne comprenez pas
20:51 ce qui a été annoncé en ce moment.
20:52 Bien, merci beaucoup,
20:53 Monsieur Chabanine d'être venu.
20:54 Joseph Macécarron, Karim Zérébite,
20:56 Geoffroy Legend et Éric Revelle.

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