Au nom du peuple - Le Billet de Sophia Aram - Vidéo Dailymotion

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Le billet d'humeur de Sophia Aram dans le 7/9.30 (8h55 - 20 Février 2023) Retrouvez tous les billets de Sophia Aram sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram

Transcript

00:00 8h57. Sophia Aram, à vous ! Vous êtes camp ! Ah mais grave camp ! So camp ! Voilà, ça y est, les débats à l'Assemblée

00:08 nationale sur la réforme des retraites sont terminés et comme le dit Olivier Dussopt,

00:13 personne n'a craqué. « Vous m'avez insulté 15 jours, vous chantez, mais vous m'avez insulté,

00:19 personne n'a craqué, personne n'a craqué ! » Non, ça va, et vous, ici, personne n'a craqué ? Bah voilà,

00:26 non plus, tout va bien, voilà, voilà, très bien, très bien. Alors, même si, bien sûr, on pouvait

00:31 s'attendre à un débat un peu tendu, et bien que personnellement j'étais vraiment prête à tout,

00:36 j'avoue, je ne m'attendais pas à ça. « On est là, on est là, même si Marc on ne veut pas, nous on est là ! »

00:46 Dans mes pires cauchemars, je vous jure que jamais je n'aurais imaginé que les députés insoumis,

00:51 députés insoumis, c'est dans ce sens-là que ça se dit, entonneraient l'hymne des Gilets jaunes dans

00:57 les couloirs de l'Assemblée pour fêter la clôture d'un débat qui n'aura même pas permis d'aborder

01:01 l'article 7 sur le report de l'âge légal du départ à la retraite, justement. Alors, je veux bien

01:07 qu'en passant de Léon Blum à Mathilde Panot, on ait revu à la baisse nos attentes en matière

01:12 d'argumentation et d'érudition, mais l'hymne des Gilets jaunes à l'Assemblée, je ne l'avais pas

01:17 vu venir. Et même si j'entends tous les commentateurs m'expliquant que « tout ce cirque

01:21 ne serait que l'expression cathartique de la colère des vrais gens du peuple qui souffrent », à un

01:25 moment, après avoir écouté les chansons, les invectives, les insultes, les vociférations,

01:29 j'en viens à me demander ce que le peuple a fait pour mériter ça. Vous me connaissez,

01:34 j'ai beau avoir le misérabilisme chevillé au corps, je ne vois pas en quoi il serait interdit

01:39 de représenter les classes populaires autrement qu'en beuglant sa colère et en faisant l'épître.

01:44 C'est quoi l'idée ? Que le peuple préférait le tumulte à l'argument, l'invective au débat et que

01:49 son chant de ralliement serait devenu l'hymne des Gilets jaunes ? Il faut quel mépris pour le peuple

01:54 pour penser qu'en abaissant le niveau du débat ou en lui donnant un côté ouvertement burlesque,

01:59 cela permettrait de mieux représenter les classes populaires ? Et même lorsque j'écoute Thomas

02:03 Porte, député insoumis, nous expliquer « Et nous sommes là pour porter la voix du peuple,

02:07 nous sommes les représentants du peuple ». Je n'arrive pas à me résoudre à l'idée que les

02:10 électeurs qui ont élu Thomas Porte à l'Assemblée et qu'il confronte visiblement avec le peuple tout

02:15 entier soient particulièrement fiers de le voir jouer avec une bas-balle à l'effigie d'un ministre

02:19 ou du président. Mais bon, chacun est libre de se représenter le peuple comme il veut. Mais pourquoi

02:23 une balle ? C'est pas parce qu'on est député qu'on a le droit de faire passer ses propres

02:27 enfantillages pour la volonté du peuple. Ou sinon, il faut assumer. Parce que si on va là,

02:31 ça voudrait dire que lorsqu'un député du Rassemblement National interrompt un député

02:35 parlant du secours aux réfugiés en mer en beuglant qu'il retourne en Afrique, ce serait aussi l'expression

02:39 de la colère du peuple ? Sans déconner, je veux bien que le « peuple » et le « dos large » m'aient

02:43 un moment. Il va peut-être falloir arrêter ce mépris de classe qui consiste à faire passer

02:47 sa propre médiocrité pour la raison du peuple.

Au nom du peuple - Le Billet de Sophia Aram

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