Thomas Croisière nous parle d'un film de Jean-Pierre Melville, "Le Cercle Rouge".
Retrouvez les chroniques deThomas Croisière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-thomas-croisiere
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00:00 17h52, vous écoutez C'est encore classe et le mercredi, quand on approche tout doucement
00:05 de la fin de l'émission, on parle de cinéma et d'un certain cinéma, les films qui ont
00:10 jalonné sa vie, ça permet d'un peu mieux connaître.
00:12 Qui est ce fameux Thomas Croisière ?
00:14 Vous voulez rire ? Il n'y a pas d'innocents.
00:16 Les hommes sont coupables.
00:18 Ils viennent au monde innocent, mais ça ne dure pas.
00:21 Cette affirmation de l'inspecteur général de la police jouée par Paul Amiaux hante
00:27 les 2h20 du cercle rouge de Jean-Pierre Melville qui, quand il décida de l'ouvrir par ses
00:33 mots de Siddhartha Gautama, quand des hommes doivent se retrouver un jour, aujourd'hui,
00:38 inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge, dû s'exclamer, tiens, voilà
00:43 du Bouddha.
00:44 Ils viennent au monde innocent, mais ça ne dure pas.
00:47 On vient d'entendre Bourville qui, dans le rôle de l'inspecteur Matéi, fait 13 ans
00:51 avant Coluche son Tchao Pantin.
00:53 Un rôle écrit pour Lino Ventura, qui fâchait avec le réalisateur depuis l'Armée des
00:58 Ombres, fut remplacé par André Bourville.
01:00 C'est ainsi que l'acteur est crédité au générique.
01:03 De son premier regard à celui qui clôt le film, on ne se rappelle pas une seule fois
01:07 qu'il nous a tant fait rire.
01:09 "Are you ? You are ? Hmm ?"
01:12 On se surprend même à souhaiter sa mort, qui arrivera un mois avant la sortie du film
01:18 en 1970 et l'on culpabilise d'avoir eu cette criminelle pensée.
01:23 "Et n'oubliez jamais, tous coupables."
01:25 "Même les policiers ?"
01:27 "Tous les hommes, M.
01:29 Matéi."
01:30 Sont donc coupables Alain Delon, Yves Montand, Gianmaria Volonté ou encore François Perrier.
01:34 "C'est fou, non ?"
01:36 Oui, c'est un cercle sévèrement burné, comme le reconnaît son réalisateur.
01:41 "Il n'y a pas de femmes dans mon film.
01:42 Je ne l'ai pas fait exprès, je ne suis pas misogyne, mais en écrivant le scénario,
01:46 tout d'un coup je me suis aperçu qu'il n'y avait pas de place pour les femmes.
01:49 Alors il n'y en aura pas."
01:50 Voilà, ami féministe, inutile de voir rouge.
01:53 Melville réalise un western qui, comme il le dit, se passe à notre époque et où les
01:57 automobiles ont pris la place des chevaux.
01:59 Mais c'est aussi un film de braquage.
02:01 Là on entend les héros qui pénètrent par effraction dans une bijouterie.
02:09 Là, ils désactivent un système d'alarme.
02:14 Ah oui, et là, ils volent des trucs.
02:21 25 minutes sans aucun dialogue.
02:24 Avec ce film, Melville, qui emprunta son nom à l'auteur de Moby Dick et dont l'œuvre
02:29 est hantée par son Americana, signe un classique qui inspira Hollywood, de Jarmusch à Michael
02:35 Mann, comme le cinéma asiatique de John Woo à Johnny Toe.
02:39 Ce dernier tenta longtemps de monter un remake de cet épure cinématographique où l'on
02:44 économise les mots.
02:45 D'ailleurs, le réalisateur en offrit 4 à Bourville, comme une mise en imbime.
02:49 C'est pas bavard, un film taiseux, accompagné par une musique d'Eric Demarsan montée avec
02:56 sobriété, comme ce thème nommé "Quand les hommes ont rendez-vous".
03:04 "Rendez-vous", car à la différence de son Samouraï, qui est l'histoire d'un homme
03:12 seul, Melville raconte l'histoire d'une rencontre, celle d'hommes et de leur destin.
03:17 Et ce n'était pas celui de Michel Legrand d'en composer la bande originale, même s'il
03:21 proposa…
03:22 C'est vraiment deux compositeurs, deux ambiances.
03:29 Et comme le dit Bertrand Tavernier, ancien stagiaire du réalisateur, "quel que soit
03:34 le génie de Legrand, la musique de Demarsan collait davantage au film".
03:38 Comme aurait pu coller cette fin alternative proposée par Bourville.
03:42 Melville raconte…
03:43 Le jour est arrivé de tourner le dernier plan du film, il a tenu à faire une blague.
03:48 Il a dit à l'adjoint qu'il suivait.
03:50 Et vous savez comment j'ai fait pour arriver à la solution de cette affaire ? Et bien
03:54 c'est tout simplement en appliquant "la" et là il s'est mis à chanter.
03:57 Et personnellement, je préfère cette fin.
04:14 Vive le cinéma !
04:16 Merci ! Vive le cinéma de Thomas Croisière, vous le racontez si bien mon cher Thomas.
04:21 Et vous le racontez sur scène aussi dans Voyage en Comédie.
04:24 Vous aussi vous avez changé de crèmerie.
04:26 Donc grand point virgule, c'est ce soir que ça démarre.
04:29 Tous les mercredis à 21h.
04:32 Exact ? Oui j'ai peur.
04:34 Mais non ! Je l'admets.