Sauvages, au coeur des zoos humains sur Arte : l'horreur des zoos humains racontée dans un documentaire choc
  • il y a 2 ans
Ils se nomment Petite Capeline, Tambo, Moliko, Ota Benga, Marius Kaloïe et Jean Thiam. Fuégienne de Patagonie, Aborigène d’Australie, Kali’na de Guyane, Pygmée du Congo, Kanak de Nouvelle-Calédonie, ces six-là, comme 35.000 autres entre 1810 et 1940, ont été arrachés à leur terre lointaine pour répondre à la curiosité d'un public en mal d'exotisme, dans les grandes métropoles occidentales.

Présentés comme des monstres de foire, voire comme des cannibales, exhibés dans de véritables zoos humains, ils ont été source de distraction pour plus d'un milliard et demi d'Européens et d'Américains, venus les découvrir en famille au cirque ou dans des villages indigènes reconstitués, lors des grandes expositions universelles et coloniales...

"La barbarie, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie" écrivait l'immense anthropologue et ethnologue français Claude Levi-Strauss dans son célèbre ouvrage Race et Histoire, publié en 1952. Cette citation, placée au tout début du documentaire Sauvages, au coeur des zoos humains, constitue le point d'ancrage et le fil conducteur du film réalisé par Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet.

Il importe de replacer cette citation dans son contexte. Le point de départ de la réflexion de Lévi-Strauss était la réfutation radicale de la thèse développée par Arthur de Gobineau, célèbre pour son livre L'Essai sur l'inégalité des races humaines, qui aura un impact considérable sur les théories racialistes au XIXe et XXe siècle.

Dans cet ouvrage paru en 1853, il postulait l'existence de trois races primitives (blanche, jaune et noir), dont les métissages conduisaient à la décadence de l'espèce humaine. Dans cet essai, la race blanche se voyait octroyé "le monopole de la beauté, de l'intelligence et de la force".

Pour Claude Lévi-Strauss, la diversité des cultures ne fût jamais assimilée comme un phénomène naturel, mais davantage comme une monstruosité. Il soulignait l’évolution qui s’est produite lorsque la civilisation occidentale a substitué le terme "barbare" par "sauvage"; les autre formes culturelles différentes étant dans cette logique viscéralement rejetées et systématiquement placées en situation d'infériorité.

"Les Zoos humains, c'est le passage d'un racisme scientifique à un racisme populaire" explique l'historien Pascal Blanchard, spécialiste de l'empire colonial français et de l'Histoire de l'immigration, et co-auteur du documentaire.

On se souvient ainsi avec horreur de cette séquence d'ouverture terrible du film Vénus noire d'Abdellatif Kechiche, qui évoquait l'histoire authentique et tragique de Saartjie Baartman, femme khoïsan originaire d'Afrique du Sud, exhibée en Europe au début du XIXe siècle pour son large postérieur, où elle était connue sous le surnom de «Vénus hottentote».

Dans un amphithéâtre, le fameux naturaliste français, Georges Cuvier, montrait les organes génitaux d'une femme qu'il venait d'extraire, avant de lâcher un peu plus loin : "Je n'ai jamais vu de tête humaine plus semblable à c
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