Interview Soeur emmanuelle Avril 2008

  • il y a 16 ans
« Je suis la petite sœur Emmanuelle ». C’est ainsi que la figure emblématique des chiffonniers du Caire aimait se présenter. Avec humilité. C’est sans doute ce qu’il faut retenir de cette vie trop remplie. Pour réaliser un livre d’entretiens (J’ai cent ans et je voudrais vous dire *, paru en août 2008), Jacques Duquesne et Annabelle Cayrol ont rencontré la religieuse à de nombreuses reprises ces derniers mois.

En avril 2008, les auteurs prennent soin de filmer l’une de ces conversations, à Callian (Var) dans la maison de retraite de la presque centenaire, comme pour immortaliser ce visage toujours enjoué.

« Sœur Emmanuelle avait compris depuis longtemps que le monde ne pouvait plus durer comme ça. Son combat, c’était avant tout une guerre contre l’avidité », raconte Annabelle Cayrol.

Etre heureux ensemble

« Yallah », c’est son cri de guerre, sa raison d’être. Être au premier plan sans jamais se mettre en avant, pour donner dans la joie. Soeur Emmanuelle prône «l'amour qui cherche le bonheur de l'autre et en même temps son propre bonheur». «Je ne trouve pas bien de sacrifier sa vie pour les autres : il faut que l'on soit heureux ensemble,» ajoute-t-elle (voir l'extrait vidéo).

De son travail dans les bidonvilles du Caire aux lumières des plateaux télés, sa gouaille et sa révolte ne l’ont jamais quittées. La vie, la mort, son attachement envers les plus démunis, mais surtout l’importance d’un regard toujours tourné vers l’enfance… Jusqu’au bout de son histoire, elle aura su préserver des valeurs qui ont marqué le cœur des français, à la manière de l’abbé Pierre.

A 99 ans, elle s’est éteinte sans souffrance, sans doute ce qu’elle redoutait le plus. Son sommeil l’a préservé. La religieuse a été inhumée ce 22 octobre dans le petit cimetière de Callian.

* Ed. Plon, 2008.

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