Un avocat de jihadistes mis en examen pour "financement du terrorisme"

  • il y a 5 ans
Un avocat parisien a été mis en examen jeudi pour "financement du terrorisme". Il est soupçonné d’avoir versé de l’argent à un intermédiaire afin d’exfiltrer un jihadiste originaire de la région parisienne.

Un avocat parisien, défenseur notamment de jihadistes français partis rejoindre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, a été mis en examen jeudi à Paris notamment pour « financement du terrorisme » et remis en liberté sous contrôle judiciaire, a-t-on appris de sources concordantes.

Cet avocat est soupçonné d’avoir versé de l’argent à un intermédiaire censé exfiltrer d’Irak Maximilien Thibaut, un jihadiste originaire de la région parisienne, aujourd’hui introuvable.

Présenté à un juge d’instruction après 48 heures de garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), il a été mis en examen pour « financement d’une entreprise terroriste » et « transfert non autorisé d’une somme supérieure à 10 000 € », selon une source proche du dossier, confirmée par une source judiciaire.

Il est soumis à un contrôle judiciaire qui lui interdit de rencontrer ce jihadiste et son épouse Mélina Boughedir, ainsi que deux journalistes, selon ses sources.

« Financement du terrorisme » et « abus de confiance en relation avec une entreprise terroriste »
En septembre, l’une d’elles, une journaliste spécialiste des affaires de jihadisme, avait été placée en garde à vue à la DGSI dans ce dossier avant d’être remise en liberté sans faire l’objet de poursuites.

Le juge d’instruction en charge du dossier s’apprête désormais à saisir le conseil de l’ordre en vue d’une éventuelle suspension de l’exercice de sa profession d’avocat. La décision, susceptible d’appel appartient à l’instance disciplinaire des avocats qui peut prononcer une suspension de 4 mois, plusieurs fois renouvelables.

Selon la source proche du dossier, le versement litigieux porte sur une somme de 20 000 € collectés auprès de l’entourage du jihadiste qui se trouvait alors à Mossoul (Irak) avec sa famille. L’argent devait permettre de faciliter une potentielle reddition du jihadiste. Mais l’opération qui était alors suivie de près par les deux journalistes n’a pas eu lieu, selon cette source.

Ces soupçons sur des transferts d’argent à destination de la zone irako-syrienne étaient apparus dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en 2017 pour « financement du terrorisme » et « abus de confiance en relation avec une entreprise terroriste », selon une autre source proche du dossier.

L’enquête vise une l’association Syrie prévention famille
A l’origine, les investigations visaient en particulier les activités de l’association Syrie prévention famille, une structure qui se propose notamment d'« aider les familles à maintenir le contact avec leurs proches toujours présents en Syrie et en Irak », d’après ses statuts. Dans ce dossier, trois parents de jihadistes, soupçonnés d’avoir envoyé de l’argent à leurs enfants en Syrie, notamment en détournant des fonds de leur association subventionnée, ont été mis en examen en juin 2017.

Parti rejoindre l’EI en 2015, Maximilien Thibaut, 33 ans, est l’époux de Mélina Boughedir, une jeune Française condamnée en juin 2018 à Bagdad à la perpétuité pour avoir rejoint l’EI, une peine qui équivaut à 20 années de réclusion au regard de la législation irakienne. Capturée à l’été 2017 par les forces irakiennes, elle avait décrit son mari comme un « cuisinier » au sein du groupe Etat islamique (EI).

Elle avait échappé à la peine capitale mais était devenue la deuxième Française condamnée à la perpétuité en Irak, moins de deux mois après Djamila Boutoutaou. Toutes deux avaient plaidé avoir été dupées par leurs maris, aujourd’hui introuvables.

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