«Je te vois venir » : ce peut être une expression utilisée envers quelqu’un dont on devine les intentions sans nécessairement bien les comprendre. C’est l’expérience que fait Jean-Baptiste telle qu’elle est rapportée au début de l’évangile de ce dimanche : « Voyant Jésus venir vers lui ». Ce verbe « voir » est utilisé à plusieurs reprises, toujours par Jean, installé alors sur les bords du Jourdain pour y exercer sa mission. La rencontre avec Jésus a été pour lui déterminante, à tel point que par deux fois il déclare : « Je ne le connaissais pas ». On pourrait être surpris par cette affirmation. Quand on sait la force des relations familiales dans le monde juif, Jean-Baptiste avait dû passer une grande partie de son enfance avec Jésus. Mais n’est-ce pas une expérience que nous avons faite nous-mêmes à l’égard d’un proche, d’un ami ? Dans un sens positif ou dans un sens négatif, d’ailleurs : « Vraiment je n’aurais jamais cru ça de lui ! » Accepter de se laisser surprendre, étonner, est la condition même de toute vraie relation. Jamais nous ne pouvons cerner complètement quelqu’un, même à l’intérieur du couple. Il y a toujours, et c’est heureux, et c’est indispensable, le jardin secret qu’à aucun prix il ne faut forcer. C’est tellement beau de savoir laisser la porte ouverte à la découverte de l’autre. Cette rencontre entre Jean-Baptiste et Jésus a été riche pour l’un comme pour l’autre. A plusieurs reprises, Jésus dit son admiration pour Jean qui, aujourd’hui, nous fait cet aveu : « Oui, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » Si chacun de nous pouvait toujours être le « Jean-Baptiste des autres ! »