Le Héros sacrilège, Kenji Mizoguchi, 1955.
  • il y a 8 ans
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Pour les tournages en intérieur, Mizoguchi a une conception différente de celle d'Ozu. Un intérieur japonais est généralement composé de plusieurs pièces à tatamis séparées par des cloisons coulissantes, qui permettent d'organiser l'espace. Dans la vie courante, les gestes amples sont rares dans un intérieur japonais, mais pour les besoins d'une situation dramatique particulière, on peut amener les personnages à s'affronter violemment en les faisant passer d'une pièce à l'autre, ce qui crée une dynamique théâtrale.
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Si les prises de vue en plongée de Mizoguchi évoquent le style des rouleaux peints japonais du Moyen Âge, ce n'est pas par hasard, mais parce que Mizoguchi a demandé expressément à son chef opérateur de rechercher cet effet. On trouve chez lui d'autres emprunts à l'art traditionnel japonais : sa façon de déplacer la caméra évoque un mouvement de vagues semblable à celui de la narration traditionnelle ; lorsqu'il immobilise l’image sur la plus belle composition, on se rappelle le jeu du kabuki, dont nous avons parlé plus haut. Mêlée à ces éléments anciens, sa mise en scène n'en est pas moins empreinte de réalisme et d'humanisme moderne.

Le Cinéma japonais - Tome 1 (Introduction) - Tadao Sato

Extrait : Le Héros sacrilège, Kenji Mizoguchi, 1955.
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