Le jardin alpin (cycle La Botanique au Muséum 3/5)
  • il y a 8 ans
Les premiers jardins alpins apparurent au milieu du XIXe siècle en Europe. Ils furent créés d’abord en altitude dans le massif alpin, puis se développèrent au début du XXe siècle en plaine, dont celui du Jardin des Plantes (1930-1936). En France, on donnera à ces jardins le nom d’alpin, de par la provenance des plantes, collectées principalement dans les Alpes. Le jardin alpin du Muséum regroupe aujourd’hui 32 rocailles différenciées selon des secteurs géographiques (Alpes, Caucase, Himalaya, …) et des milieux montagnards reconstitués (tourbière, éboulis, mégaphorbiaie, …).

Dès le XVIe siècle, Pierre Richer de Belleval (1564-1632), botaniste et professeur de médecine, et Olivier de Serres (1539-1619), agronome et écrivain, ont conscience de l’importance des conditions naturelles nécessaires aux plantes sauvages montagneuses. Tandis que Pierre Richer de Belleval les reproduit au jardin botanique de Montpellier créé en 1593, Olivier de Serres le fait sur son domaine personnel, le Pradel rasé en 1628 : ils aménagent des zones humides, des zones sèches, des zones enrochées, à l’ombre et au soleil, allant jusqu’à provoquer des fissures dans les roches pour favoriser la pousse de plantes délicates.

Au Jardin Royal des Plantes médicinales, créé en 1635, devenu le Muséum d’Histoire Naturelle en 1793, il faudra attendre l’arrivée de Buffon en 1739 pour que les pentes de la butte, appelée Labyrinthe, accueillent la première collection de plantes méditerranéennes et peut-être de montagne, grâce au sol, essentiellement calcaire, et à l’ensoleillement.

Le jardin Alpin, tel que nous le connaissons aujourd’hui par sa situation au sein du Jardin des Plantes, est né dans les années 1930 de l’initiative d’André Guillaumin (1885 – 1976), botaniste, assistant de la chaire de Culture au Muséum. Avec la collaboration de Camille Guinet et Mariska Heklova, il réaménage le carré des couches, utilisé comme un lieu d’expérimentation depuis le XVIIIe siècle. Sa forme particulière en cuvette et sa situation par rapport à l’ensoleillement permettent de reproduire les favorables conditions pour l’acclimatation des plantes provenant de différentes altitudes.

Michel Flandrin
Jardinier, responsable de l’équipe du Jardin Alpin, Muséum
Muséum national d’Histoire naturelle
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