Science : Des chercheurs toulousains ont compris comment les fourmis forment leur nid !

  • il y a 8 ans
SCIENCES Selon une équipe du CNRS, pour construire leurs nids, les fourmis sont organisées et utilisent leurs corps et la phéromone…


Quel enfant n’a pas un jour donné un coup de pied dans une fourmilière avant de scruter la réaction de ses hôtes ? Plutôt que de les détruire pour savoir ce qui se passe sous ces monticules de terre, des chercheurs toulousains du Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) et du Laboratoire d’informatique de Nantes se sont interrogés sur la façon dont les fourmis noires de jardin construisaient ces habitats.

Contrairement aux idées reçues, ces nids sont loin d’être bâtis de manière anarchique. Selon l’étude menée par l’équipe de recherche de Guy Théraulaz et publiée dans la revue PNAS, les fourmis s’auto-organisent même collectivement pour les réaliser.

Un plan olfactif : Grâce à la modélisation et à l’imagerie 3D, les scientifiques ont pu comprendre comment ces minuscules insectes pouvaient construire des dômes de terre composés de chambres en forme de bulles bien délimitées, sans architecte ni plan pour les guider.

« Les fourmis interagissent de deux manières. Elles imprègnent les matériaux de phéromones, ce qui va contrôler la décision de leurs congénères à bâtir au même endroit des piliers. Pour les construire, elles utilisent leur corps comme gabarit, lorsque ces piliers ont atteint leur taille, elles arrêtent et façonnent des chapiteaux », éclaire Guy Théraulaz, du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA).

Leur corps remplace donc les règles de 5 mètres et les phéromones sont un peu l’équivalent d’un plan olfactif. Mais ces dernières ont une durée de vie limitée à l’air libre. Et se dispersent plus ou moins rapidement s’il fait chaud ou humide.

Escalier en colimaçon : « Ce qui explique les variations de forme des nids. Plus il faut chaud, moins il y aura de piliers et les chambres seront plus grandes », indique le chercheur, qui a scanné toutes les dix minutes, pendant une semaine, la construction d’un nid pour décrypter la manière dont les 5.000 à 10.000 fourmis opéraient.

En les observant, Guy Theraulaz a pu observer qu’elles adaptaient leur nid en fonction du monde et qu’elles étaient même capables de réaliser des escaliers en colimaçon pour pouvoir circuler plus facilement. Pour le chercheur, ces résultats sont « la manifestation d’une intelligence collective. Seule, une fourmi est incapable de faire ça ». De quoi alimenter un nouveau roman de fiction de l’écrivain toulousain Bernard Werber.

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