VENYCE - OK Carol - Shannon River Pub - 21/09/07
- il y a 17 ans
Carol est à genoux dans sa cuisine, tout en craquelures et cassures. Le réfrigérateur est encastré dans la gazinière, le coucou suisse devenu une œuvre d’art nihiliste ; et les murs ont pris l’aspect si pittoresque des taudis de Cracovie, période rafles nazies.
A présent elle s’est attaquée au carrelage – c’est d’autant plus facile qu’elle n’a jamais pu l’encadrer : même le sien elle ne l’a pas choisi ; le marteau s’abat joyeusement sur les carreaux qui éclatent dans de grands cris d’agonie.
Dessous, il y a le béton, et en le voyant apparaître au travers des éclats, Carol ne peut réprimer un sourire crispé par l’excitation : 34 ans qu’elle attend… Elle se saisit d’un gros carreau aux couleurs atroces, encore presque intact, et se sert de l’un des angles pour entamer le sol. Ses mains cabossées par 18 ans de travaux ménagers, à faire reluire le carrelage des autres, s’efforcent désormais de creuser une brèche dans le béton.
C’est à ce moment là que les huissiers cognent à la porte. Ces vieux coucous décatis, bien consciencieux dans la cruauté, Carol les connaît par cœur…des années qu’ils essaient de la faire craquer, jusqu’à la laisser sur le carreau. Mais cette fois elle va leur rabattre leur caquet : elle a le courage, il ne lui manque plus qu’un peu de temps… Alors elle se répète, encore et encore : « C’est O.K. Carol, c’est O.K. », en essuyant les gouttes de sueur qui coulent de son front [...]
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A présent elle s’est attaquée au carrelage – c’est d’autant plus facile qu’elle n’a jamais pu l’encadrer : même le sien elle ne l’a pas choisi ; le marteau s’abat joyeusement sur les carreaux qui éclatent dans de grands cris d’agonie.
Dessous, il y a le béton, et en le voyant apparaître au travers des éclats, Carol ne peut réprimer un sourire crispé par l’excitation : 34 ans qu’elle attend… Elle se saisit d’un gros carreau aux couleurs atroces, encore presque intact, et se sert de l’un des angles pour entamer le sol. Ses mains cabossées par 18 ans de travaux ménagers, à faire reluire le carrelage des autres, s’efforcent désormais de creuser une brèche dans le béton.
C’est à ce moment là que les huissiers cognent à la porte. Ces vieux coucous décatis, bien consciencieux dans la cruauté, Carol les connaît par cœur…des années qu’ils essaient de la faire craquer, jusqu’à la laisser sur le carreau. Mais cette fois elle va leur rabattre leur caquet : elle a le courage, il ne lui manque plus qu’un peu de temps… Alors elle se répète, encore et encore : « C’est O.K. Carol, c’est O.K. », en essuyant les gouttes de sueur qui coulent de son front [...]
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