Témoignage n°14, lu par Tonya Kinzinger

  • il y a 9 ans
Attention ce témoignage parle de violences sexuelles, il peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.

Lectrice :
Tonya Kinzinger

Réalisation : Catherine Zavlav et Cécile Nicouleaud
Image : Vincent Tulli
Assistante mise en scène : Sandra Moreno
Montage : Louis Beaugé de La Roque
Musique : Malik Ati
Mixage : VTP
Maquillage Marine Girondeau
Photos : Jérôme Godgrand
Régie : Tanya Artioli
Infographie : Christine Bruneteau
Etalonnage Cécile Nicouleaud

texte du témoignage :
Témoignage n°14, lu par Tonya Kinzinger

"En 1979 j’ai 11 ans, mes parents sont à la masse. Je suis le dernier d'une fratrie de sept enfants, qui ont petit a petit quitté la maison familiale. Mes sœurs vivent dans des maisons communautaires avec d'autres jeunes, elle tirent le tarot font du spiritisme, et fument des joins.

Un soir je m'endors, comme souvent, dans le salon de la communauté de ma sœur ainée de 23 ans, et le lendemain matin, plus personne, je panique. Au lieu de rester, je pars rejoindre la maison de mes parents, à 600 mètres de là, je frappe à la porte en vain.
Il est 6H du matin, la sonnette ne marche plus, personne ne répond, ni ne m'entend.

Arrive un homme en DS grise, les cheveux longs, une longue barbe. Je pleure. Il se fait passer pour un policier. Il sent bien que je suis paumé. Il me dit que je ne dois pas trainer là tout seul et qu'il va m'emmener au poste.

A l’époque, j’avais déjà eu affaire à la police, je suis une petite frappe à l'école, mais ce monsieur m'impressionne tellement avec son discours, que je monte dans sa voiture, sans rien dire.

Au bout d’un moment, je me rends compte qu'il ne m'emmène pas à la police mais dans des bois, à dix minutes de route. Je me rappelle bien penser que ce gars m'a raconté n'importe quoi. Mais je suis dans sa voiture, coincé, et mon esprit est en alerte. Je sens le danger qui me guette.

Il arrête enfin le véhicule dans les bois, ouvre son pantalon, en sort le seul et unique phallus que j'ai vu de près, dans ma vie. Il me dit de "mettre ma bouche dessus". Je m'exécute, et à partir de là je ne souviens plus, sauf que très vite il éjacule dans ma gorge. La bouche pleine du "liquide" je lui demande si je peux cracher par la fenêtre. Il l’ouvre… Je lui demande si maintenant "je peux sortir", il me dit doucement que oui.

Alors je sors, je cours à travers les bois, et me précipite sur la première maison que je vois. Une petite dame flamande m’ouvre, elle comprend vite ce dont il s’agit, bien qu’elle ne parle pas français.
Plus tard, une de mes sœurs vient me chercher chez les gendarmes. Je revois mes parents. Aucun des deux ne me prend dans ses bras, mes sœurs sont interdites, et je reste seul avec mon histoire.

La vie a continué. Il m'a fallu du temps avant d'accepter qu'une femme ne me caresse le sexe avec sa bouche.

Dans 3 ans et demi j'aurai 50 ans, j’ai trois fils, je suis séparé de leurs mères, mais cette histoire somme toute m'accompagne toujours. Je vis avec et m’en accommode. C’est ainsi."

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