Jean Pierre RUMEN Psychiatre psychanalyste

  • il y a 11 ans
L’urgence sociale, la fracture sociale, reviennent de plus en plus dans le vocabulaire dés lors que l’analyse porte sur la crise économique et financière et les désastres qu’elle cause pour chaque individu, citoyen, et par conséquent sur la société en tant que telle.

Il est fréquent de souligner la nécessité de « retisser » ou de « renouer » le lien social. Cela suppose qu’il est distendu ou affecté au point de changer la qualité des rapports sociaux.

Le lien social, le ciment donc qui nous permet de vivre dans un espace partagé, est en cause. La cohésion de la société au plus profond est sapée par l’individualisme promu en lieu et place de la solidarité. La notion de lien social renvoie par conséquent à l’évolution de la conscience des citoyens et de la société qu’ils constituent et/ou construisent ensemble.

Souvent représentées sous la forme de ségrégations, de discriminations, de stigmatisations, les inégalités multiples qui caractérisent l’évolution de la société conduisent, en affaiblissant la cohésion sociale, à la remise en cause du contrat social entre les individus et les générations.

Le pacte républicain au sens large de son acception connaît la même sanction. Austérité oblige la dépense publique socialement utile est réduite au détriment de la qualité de soins, de logements, de transports collectifs, de fourniture de l’énergie, de la formation, de l’éducation, de l’environnement…

Dans le même temps la vie professionnelle est soumise aux aléas des fluctuations boursières et la vie quotidienne des ménages à la baisse du pouvoir d’achat et la cherté de la vie. On parle d’exclusion, de travailleur pauvre, de précarité…

Le marxisme a apporté la notion du rapport entre infrastructure de production et superstructure idéologique qui traduit et organise l’infrastructure. Or il s’agit fondamentalement de discours, qu’il s’agisse de juridique de politique, d’artistique etc.… La cohésion sociale va dépendre de l’acquiescement au discours (que l’on peut dire dominant).

On comprend alors que la lutte passe aussi, sinon essentiellement désormais par le contrôle du langage. On a pu parler de la Presse, ce laboratoire, comme d’un quatrième pouvoir. L’éthique de la psychanalyse étant, selon Lacan, éthique du bien-dire, on conçoit qu’elle ait à se prononcer sur ces questions

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