Projet soutenu par l'Académie de Grenoble et la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Jeudi 23 et vendredi 24 mai, l’atelier théâtre du lycée dirigé par Mathilde Lose, CPE, a présenté son traditionnel spectacle de fin d’année.
La pièce proposée, « Variation sur un même thème/t’aime », création originale sur le thème de l’amour, a cette année encore, rencontré un vif succès.
Les 21 élèves/comédiens (2nd ; 1ère, Terminale et CPGE), pour beaucoup débutants, ont relevé un véritable défi, en étant 1h10 tous sur scène, alternant textes et rôles du répertoire classique (Shakespeare, Rostand…) et dialogues de leur composition.
Ils nous ont offert un jeu tout en nuance et émotion, composition « cousue sur mesure » par l'intervenant théâtre, Romano Garnier (Crearc).
Ces 2 représentations, qui ont rassemblé 240 spectateurs, personnels du lycée, familles, amis, ont été l’occasion de montrer une nouvelle fois l’étendue du talent de nos jeunes.
Un grand bravo à eux !
Jeudi 23 et vendredi 24 mai, l’atelier théâtre du lycée dirigé par Mathilde Lose, CPE, a présenté son traditionnel spectacle de fin d’année.
La pièce proposée, « Variation sur un même thème/t’aime », création originale sur le thème de l’amour, a cette année encore, rencontré un vif succès.
Les 21 élèves/comédiens (2nd ; 1ère, Terminale et CPGE), pour beaucoup débutants, ont relevé un véritable défi, en étant 1h10 tous sur scène, alternant textes et rôles du répertoire classique (Shakespeare, Rostand…) et dialogues de leur composition.
Ils nous ont offert un jeu tout en nuance et émotion, composition « cousue sur mesure » par l'intervenant théâtre, Romano Garnier (Crearc).
Ces 2 représentations, qui ont rassemblé 240 spectateurs, personnels du lycée, familles, amis, ont été l’occasion de montrer une nouvelle fois l’étendue du talent de nos jeunes.
Un grand bravo à eux !
Catégorie
🦄
Art et designTranscription
00:00...
00:10...
00:27Bonsoir !
00:28Bienvenue.
00:29Oui, maman.
00:30Chut !
00:31Quoi ? Je dis bonjour à ma mère.
00:32Oui, ben on va pas saluer tous les gens qu'on connaît.
00:34C'est fini, oui.
00:35Ah bon.
00:36On disait donc.
00:37Bonsoir !
00:38Alors voilà, on va vous présenter notre spectacle de fin d'année.
00:41Mais on préfère vous prévenir, celui-là est un peu particulier.
00:44Ouais.
00:45En fait, on nous a dit.
00:47Cette année, ce serait bien qu'on travaille sur...
00:49L'amour.
00:50L'amour.
00:51Ouais.
00:52L'amour.
00:53Voilà.
00:54La gênance.
00:55Voilà.
00:56Voilà.
00:57Faut comprendre que l'amour, c'est...
00:59La gênance.
01:00J'allais la dire.
01:01Non, parce que c'est vrai.
01:02Oui, bon.
01:03L'amour, c'est compliqué.
01:04Voilà.
01:05Compliqué.
01:06Donc, imaginez comment on nous a dit.
01:08Cette année, on va faire un spectacle sur l'amour.
01:11On en sait tout sans bien regarder.
01:13Nous ?
01:14Parler d'amour ?
01:17Oui !
01:18Parlez-moi d'amour !
01:21Je vous aime !
01:22Parlez !
01:23J'écoute.
01:24Je...
01:25Je t'aime !
01:26C'est le thème !
01:27Brodez ! Brodez !
01:28Je vous...
01:29Brodez !
01:30Je t'aime tant !
01:31Sans doute.
01:32Et puis ?
01:33Et puis...
01:34Et puis, je serais si content si vous m'aimiez !
01:38Tu m'entends tout de suite ?
01:41Vous m'offrez du bruit quand j'espérais des craintes.
01:43Dites un peu comment vous m'aimez !
01:47Euh...
01:48Mais...
01:49Mais beaucoup !
01:51Des labyrinthes et vos sentiments !
01:52Dans ton cou, je voudrais m'embrasser !
01:55Je... Je t'aime !
01:56Encore ?
01:57Non, non, non, je t'aime pas !
01:58Ah, c'est heureux !
01:59Je t'aime pas parce que je t'adore !
02:01Oh !
02:02Oui, je deviens sauf !
02:03Et cela me déplait !
02:04Comme si me déplairait que vous deveniez si laid !
02:07Mais...
02:08Allez rassembler votre langue en sans chute !
02:10Mais je...
02:11Vous m'aimez, je sais !
02:12Adieu !
02:13Brodez !
02:15C'est un succès !
02:16Voilà !
02:17Un peu comme le personnage de Christian dans Cyrano de Bergerac.
02:20Parler d'amour, c'est...
02:22Compliqué !
02:23C'est-à-dire que pour parler d'amour,
02:25pour mettre des mots sur l'amour,
02:26il faudrait déjà comprendre ce que c'est.
02:28Et on s'est rendu compte que c'était...
02:30Compliqué !
02:31Voilà !
02:32Alors on a fait quelques recherches.
02:33On a repassé les icônes,
02:35on a lu les cours de philo,
02:36on a même demandé à Judge Ippity...
02:38Il y a la ramasse, vous pouvez l'oublier.
02:40Et on en est arrivé à la conclusion que,
02:42bien que l'amour soit un sujet du captive humanité depuis des siècles,
02:45il peut prendre tellement de formes et s'exprimer de tant de manières,
02:48qu'en parler, c'est...
02:49Pas facile du tout !
02:51Mais je fais comment, moi, du coup, pour parler d'amour à Roxanne ?
02:54Et c'est en regardant ce beau question,
02:56qu'on a eu une idée.
02:57Si pour nous, parler d'amour, c'est compliqué,
02:59peut-être que quelqu'un d'autre pourrait le faire à notre place.
03:02À travers nous.
03:03Et peut-être qu'en parlant d'amour,
03:05en vivant d'amour.
03:07À travers nos personnages.
03:09Alors peut-être,
03:10on dit bien peut-être...
03:12Qu'on peut nous parler de ce que veut dire aimer.
03:14Et...
03:15Et oh, vous m'avez oublié !
03:16Pas du tout, c'est ravi pour la télé.
03:19Je meurs, mais je meurs,
03:20si je ne rentre en grâce à l'instant même !
03:24Fanny Menoir,
03:26vous ne méritez pas.
03:27Mets-toi là, misérable !
03:29Là, avec tes mains !
03:31Je vais me mettre dessous,
03:32je te soufflerai tes mots.
03:35Taisez-vous !
03:36Appelle-la.
03:38Roxanne !
03:39Attends.
03:40Quelques cailloux.
03:41Quelques cailloux.
03:47Qui donc, vous m'appelle ?
03:49C'est moi.
03:50Qui, moi ?
03:51Ah, figure-toi que c'est Christian.
03:55Ah, c'est vous.
03:57J'aime bien vous parler.
03:58Bien, presque à voix basse.
04:00Allez-vous-en, vous parlez trop mal.
04:02De grâce.
04:03Non, vous ne m'aimez plus.
04:06M'accuser, juste Dieu,
04:08de n'aimer plus quand j'aime plus.
04:10Qu'est-ce que tu fais ?
04:12Chiant.
04:13Mais c'est mieux.
04:15L'amour grandit bercé
04:17dans mon âme inquiète,
04:19ce cruel marmot pris pour Barcelonette.
04:23C'est mieux.
04:24Mais, vu ce qu'elle est cruelle,
04:26vous fûtes sauf
04:27de ne pas cet amour édouffer au berceau.
04:31Ainsi l'ai-je tenté,
04:33mais tentatif Dieu.
04:35Ce nouveau-né, madame,
04:36est un petit Hercule.
04:38C'est mieux.
04:41De sorte qu'il strangula comme rien
04:45les deux serpents orgueil et doute.
04:49C'est très bien.
04:50Mais pourquoi parlez-vous de façon peu hâtive ?
04:53Aurez-vous donc la goutte à l'imaginative ?
04:55Chut, cela devient trop difficile.
04:57Aujourd'hui, vos mots ne s'empêchent pas.
05:00Pourquoi ?
05:01C'est qu'il fait nuit.
05:02Dans cette tombe, à ta tombe,
05:03ils cherchent vos oreilles.
05:05Les miens n'écoutent pas du pipi pareil.
05:07Mais ils le trouvent tout de suite.
05:09Oh, cela va de soi,
05:10puisque c'est dans mon cœur, eux,
05:12que je les reçois.
05:13Or, moi, j'ai le cœur grand,
05:15vous, l'oreille petite.
05:17D'ailleurs, vos mots à vous descendent,
05:19ils vont vite.
05:20Les miens montent, madame,
05:21il leur faut plus de temps.
05:23Ils montent bien mieux depuis quelques instants.
05:26De cette gymnastique,
05:27ils ont pris l'habitude.
05:29Je vous parle en effet d'une vraie attitude.
05:31Certes, et vous me tueriez
05:33si de cette hauteur,
05:34vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur.
05:37Je descends.
05:38Non.
05:39Grappez sur le bas, alors.
05:40Vite.
05:41Non.
05:42Non.
05:43Comment, vous ?
05:44Laissez un peu
05:46que l'on profite
05:48de cette occasion qui s'offre
05:50de pouvoir se parler
05:52sans ce doigt.
05:53Sans ce doigt ?
05:55Mais oui,
05:56c'est adorable.
05:58On se devine à peine,
05:59vous voyez la noirceur d'un long manteau qui traîne,
06:02vous apercevez la blancheur d'une robe d'été.
06:05Moi, je ne suis qu'une ombre,
06:06et vous, qu'une clarté.
06:08Vous ignorez ce que sont pour moi ces minutes
06:10si quelquefois je fusé l'encore profuse.
06:13Mon langage, jamais, jusqu'ici,
06:15n'est sorti de mon vrai cœur.
06:17Pourquoi ?
06:18Parce que jusqu'ici, je parlais à travers.
06:21Pourquoi ?
06:23Le vertige, il tremble,
06:25quiconque est sous vos yeux.
06:26Mais ce soir, il me semble
06:28que je vais vous parler pour la première fois.
06:30C'est vrai que vous avez une toute autre voix.
06:32Oui, toute autre.
06:33Car dans la nuit qui me protège,
06:35j'ose enfin être moi-même.
06:37Et j'ose...
06:38Où en étais-je ?
06:39Je ne sais, tout ceci.
06:41Pardonnez-moi, c'est si nouveau,
06:42c'est si délicieux pour moi.
06:44Si nouveau ?
06:45Si nouveau, mais oui.
06:47D'être sincère.
06:48La peur d'être raillée toujours au cœur me sert.
06:51Raillée de quoi ?
06:52Mais de...
06:53d'un élan.
06:54Oui, mon cœur, toujours de mon esprit,
06:57s'abîme par pudeur.
06:59Je pars pour déprocher les étoiles,
07:01et je m'arrête,
07:02par peur du ridicule,
07:03d'accueillir la fleurette.
07:05La fleurette, c'est-à-dire quoi ?
07:06Ce soir,
07:07des démoureurs.
07:09Eh bien,
07:10si le moment est arrivé pour nous deux,
07:12quel nom me direz-vous ?
07:14Tous ceux, tous ceux,
07:15tous ceux qui me viendront.
07:17Je vais vous les jeter,
07:18en tout,
07:19sans les mettre en bouquet.
07:20Je vous aime, j'ai tout.
07:22Je t'aime, je suis fou,
07:23je n'en peux plus, c'est trop.
07:25Ton nom est dans mon cœur
07:26comme dans mon brôlot.
07:27Et comme tout le temps, Roxane,
07:28je fais sonne.
07:29Tout le temps, le brôlot s'agite
07:30et le nom sonne.
07:32Oui, c'est bien de l'amour.
07:34Certes,
07:35ce sentiment qui m'envahit,
07:37c'est vraiment de l'amour.
07:38Il en a toute la fleur triste.
07:40De l'amour,
07:41et pourtant, il n'est pas héroïste.
07:43Ah, que pour ton bonheur,
07:44je donnerais le mien.
07:45Quand même,
07:46tu devrais en savoir jamais rien.
07:48S'il se pouvait, parfois,
07:49que de loin j'entendisse
07:51rire le bonheur
07:52au nez de mon sacrifice.
07:54Chaque regard de toi,
07:55ceci est une vertu nouvelle,
07:57une vaillance en moi.
07:59Voyons, te rends-tu compte ?
08:01Oui.
08:02Je tremble,
08:03je pleure,
08:04et je t'aime,
08:05et tu tiens,
08:06et tu m'as enivrée.
08:07Alors,
08:08que la mort revienne.
08:09Cette ivresse,
08:10c'est moi.
08:11Moi qui l'ai supposée.
08:12Je ne demande plus qu'une chose.
08:14En pitié !
08:19C'est le problème avec l'amour.
08:20Le gars s'en va vite.
08:21Et le reste aussi.
08:22N'empêche, c'est vraiment lui
08:24qui sait parler d'amour.
08:28Oui, mais de quel amour
08:29parle-t-il ?
08:30Parce que le truc
08:31avec la langue française,
08:32c'est qu'on n'a qu'un seul mot
08:34pour exprimer
08:35plein de choses différentes.
08:36Moi, par exemple,
08:37j'aime ma paire de chaussures.
08:39Mais tu n'as pas
08:40une relation amoureuse
08:41avec elle.
08:42Mais non,
08:43mais je les kiffe, quoi.
08:44Et si on te les piquait ?
08:45Bah, je serais dégoûtée.
08:47Mais tu te remettrais ?
08:48C'est des chaussures, quoi.
08:50Alors que certains,
08:51comme Harpagon, par exemple,
08:53aiment tellement quelque chose,
08:55l'argent en l'occurrence,
08:56que leur enlever provoque
08:57un cataclysme.
09:01Au voleur !
09:02Au voleur !
09:03À l'assassinat !
09:04Au meurtrier !
09:05Je suis juste sienne.
09:07Je suis perdue.
09:08Je suis assassinée.
09:10On m'a coupé la gorge.
09:12On m'a dérobé mon argent.
09:15Qui peut-ce être ?
09:17Qu'est-il devenu ?
09:18Où est-il ?
09:19Où se cache-t-il ?
09:21Que faudrait-il pour le retrouver ?
09:23Où courir ?
09:25Ou ne pas courir ?
09:27N'est-il point là ?
09:28N'est-il point ici ?
09:29N'est-il point ici ?
09:32Arrête !
09:33Rends-moi mon argent, coquin !
09:36Ah !
09:37C'est moi.
09:39Mon esprit est troublé,
09:40et je ne sais où je suis,
09:42qui je suis et ce que je fais.
09:44Hélas !
09:45Mon cher argent !
09:46Mon cher argent !
09:47Mon pauvre Alou !
09:48On m'a privé de toi,
09:49et puisque tu m'es enlevée,
09:51je perds mon support,
09:52ma compensation,
09:53ma joie,
09:54et je n'ai plus qu'un pas au monde.
09:57Tout est fini pour moi.
09:58Sans effet, je n'en peux plus.
10:00Je me meurs.
10:02Je suis morte.
10:04Je suis incurée.
10:07N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter
10:10en me rendant mon cher argent
10:12ou en m'apprenant qu'il l'a pris ?
10:15Hé !
10:16Que dis-vous ?
10:17Tant de gens assemblés,
10:19et je ne jette les regards sur personne
10:21qui ne me donne de soupçons.
10:23Tout me semble mon volet.
10:25Ah ouais !
10:28Hé !
10:29De quoi est-ce qu'on parle, là ?
10:31De celui qui m'a défendu.
10:32Il est complètement sauvé.
10:34Quel bruit fait-on là-haut ?
10:36Est-ce mon voleur qui s'en va ?
10:38De grâce !
10:39Sinon, c'est des nouvelles de mon voleur.
10:41Je supplie que l'on en dise.
10:43Ne tu crois qu'il serait là parmi vous ?
10:45Ils nous regardent tous,
10:46et se mettent à rire.
10:48Vous verrez qu'ils n'ont pas à s'en douter.
10:50Au point, nous l'avons fait.
10:51Ah oui !
10:52Les commissaires, c'est courant !
10:53Les juges, c'est fait !
10:54Les juges !
10:55Les potants, c'est courant !
10:56Je veux me faire vendre à tout le monde !
10:58Et si je ne le fais pas pour mon argent,
11:00je le vendrai pour l'intérêt !
11:02Tiens, tiens !
11:03Tiens, il est là, regarde !
11:04Mon précieux !
11:07On peut donc aimer quelque chose ?
11:09En effet,
11:10les romans de l'amour,
11:11on peut dire
11:12« Ah, ça ressemble plus à de la pubilité ! »
11:14N'empêche,
11:15il aime l'argent.
11:16Et il aime pas que ça.
11:17On peut aussi aimer quelque chose de non palpable,
11:19comme la musique, ou...
11:21le pouvoir !
11:24Je vais me prendre.
11:29Moi, tronquée de la noble harmonie,
11:32flouée par la nature,
11:34l'hypocrite,
11:35difforme, inachevée,
11:37mise dans le monde vivant à voleur,
11:40et si boiteux,
11:42si conforme à l'image
11:44que les chiens hurlent quand je viens à eux.
11:47Moi donc,
11:48sous ces pipeaux d'un temps de paix,
11:51je n'ai d'autre plaisir de passe-temps
11:53que d'épier sous le soleil en l'ombre,
11:55en déchantant sur ma difformité.
11:58Et puisque je ne puis jouer la main,
12:01et divertir ces jours si beaux par l'heure,
12:04j'ai fait le choix d'être une vraie canaille,
12:06et de haïr le plaisir de ces jours.
12:09J'ai tramé des complots,
12:11j'ai fait courir les inductions dangereuses,
12:14par rêve,
12:15par prophétie d'ivrogne,
12:17par nuit belle,
12:18pour que le roi et mon frère Clarence
12:20soient poussés dans une haine à mort.
12:23Oula, mais c'est qui celui-là ?
12:25Richard, duc de Glossaire,
12:27futur roi d'Angleterre.
12:30Un personnage de Shakespeare,
12:32qui dans sa quête pour le trône,
12:33va éliminer un paquet blanc.
12:35Henri VI et son fils Édouard,
12:40son propre frère devenu Édouard IV,
12:44son autre frère Clarence,
12:49Nuremi,
12:51Gulliver,
12:52Leil,
12:54encore un,
12:55Astig,
12:56le Kinga.
13:01Bref, un sacré paquet blanc.
13:03Tout ça pour que...
13:04Richard, duc de Glossaire,
13:07devienne...
13:08Richard III, roi d'Angleterre.
13:12Évidemment, à la fin de la thèse,
13:14il finit par le payer.
13:15Ma conscience a mille langues distinctes,
13:18et chaque langue rapporte une histoire distincte.
13:22Et chaque histoire me condamne comme un criminel.
13:25Parjure !
13:26Parjure au plus haut degré.
13:28Meurtre !
13:29Meurtre absolu au plus atroce degré.
13:32Tous les péchés distincts,
13:34tous commis à tous les degrés,
13:36tous se pressent à la barre et crient,
13:39coupables !
13:40Coupables !
13:42Je n'ai plus qu'à désespérer.
13:44Pas une créature ne m'aimait.
13:47Si je meurs,
13:48pas une âme m'aura pitié de moi.
13:51Et pourquoi en aurait-on ?
13:53Puisque moi-même,
13:54je n'ai en moi-même aucune pitié pour moi-même.
13:58Il m'a semblé
14:00que toutes les âmes de ceux que j'avais assassinés
14:03venaient à ma tente,
14:05et que chacun d'eux fulminait.
14:07La vengeance de demain sur la tête de Richard.
14:10Un cheval !
14:12Un cheval !
14:13Mon royaume pour un cheval !
14:16Vous noterez que si ce bon Dieu Richard
14:19avait eu un peu plus d'amour pour lui-même,
14:22il n'aurait pas forcément eu cette attitude.
14:25C'est-à-dire,
14:26s'aimer soi-même est essentiel pour une santé mentale équilibrée.
14:30Mais pas trop quand même,
14:31sinon ça devient de l'amour propre.
14:34Comme le roi Neve,
14:36pour rester chez ses pires.
15:04Qu'on place la carte sous mes yeux.
15:10Sachez que nous avons divisé
15:12notre royaume en trois parts,
15:14étant fermement résolus
15:16de soulager notre vieillesse de tous soucis
15:18et affaires pour en charger de plus jeunes forces,
15:21et nous traîner vers la mort
15:23des livres de tous amours.
15:25Nous sommes déterminés
15:27à régler publiquement,
15:28dès cet instant,
15:30la dote de chagrin de mes filles.
15:32Dites-moi, mes filles,
15:34quelle est celle dont nous pourrons nous dire le plus aimé ?
15:37Vous, Godevil,
15:39notre aîné,
15:40parlez la première.
15:42Oh, mais je vous aime, Seigneur,
15:44le fils d'amour que n'en peuvent exprimer les paroles.
15:47Plus charmant que la vue,
15:49l'espace et la liberté.
15:51Au-delà de tout ce qui est dit sur terre,
15:53le plus précieux de riches ou de rares.
15:56Je vous aime à l'égard de la vie,
15:58à remanier de bonheur,
15:59de santé, de beauté, de grandeur.
16:01Je vous aime autant qu'un enfant n'est jamais né,
16:03qu'un père n'est jamais cété.
16:05Trouver un amour que la même ne puisse suffire,
16:08les paroles parvenir à exprimer,
16:10eh bien, je vous aime encore davantage.
16:15Depuis cette ligne éloignée,
16:16jusque celle-ci,
16:17toute cette vaste étendue,
16:19riche d'ombrageuses forêts,
16:21de campagnes et de rivières abondantes,
16:23de champs aux vastes limites,
16:25nous t'en faisons maîtresse.
16:27Qu'elle soit à jamais assurée à votre prospérité,
16:30à toi et au duc d'Albania.
16:33Que répond notre seconde fille,
16:35notre bien-aimée régal,
16:37l'épouse de Cornouaille?
16:39Parle.
16:41Je suis faite du même métal que ma sœur,
16:44et je m'estime à sa valeur.
16:47Dans la sincérité de mon cœur,
16:50je trouve qu'elle a défini précisément
16:53l'amour que je ressens.
16:55Seulement,
16:56elle n'a pas été assez loin,
16:58car moi,
16:59je me déclare ennemie
17:01de toutes les autres joies
17:03contenues dans le domaine
17:04des sentiments les plus précieux.
17:07Et ne puis trouver de félicité
17:09que dans l'affection de votre chère majesté.
17:13Toi et les tiens,
17:15vous posséderez évidemment
17:17ce grand tiers de notre beau royaume.
17:19Par égal,
17:20en étendue,
17:21en agrément et en valeur
17:23à celle que j'ai assurée à Gonéville.
17:25Et vous, Cordélia,
17:27qui, pour avoir été ma dernière joie,
17:29n'en fut pas la moins chère.
17:31Vous, dont les vignobles de la France
17:33et le lait de la Bourbonne
17:35sollicitent à l'envie des jeunes amours,
17:38qu'avez-vous à dire
17:39qu'ils puissent vous attirer
17:40un troisième lot plus riche
17:42encore que celui de vos sœurs ?
17:44Parlez-nous.
17:45Rien, mon seigneur.
17:46Rien ?
17:47Rien.
17:48Rien ne peut venir de rien.
17:50Corrigez-le.
17:51Mon grand seigneur,
17:52malheureuse que je sois,
17:54je n'ai plus élevé mon cœur
17:55jusque sur mes lèvres.
17:56J'aime votre majesté comme je le dois,
17:58ni plus, ni moins.
18:00Comment, Cordélia ?
18:01Corrigez un peu votre réponse,
18:03de peur qu'elle ne ruine votre fortune.
18:05Mon seigneur,
18:06vous m'avez donné le jour,
18:08vous m'avez aimé, vous m'avez aimée.
18:10Je vous rends en retour
18:12tous les devoirs qui me sont justement imposés.
18:14Je vous obéis, je vous aime,
18:16et vous rêver autant qu'il est possible.
18:19Mais pourquoi mes sœurs ont-elles des maris
18:21si elles disent n'aimer au monde que vous ?
18:25Il peut arriver, quand je me marierai,
18:27que l'époux dont la main recevra ma foi
18:30emporte la moitié de ma tendresse,
18:32la moitié de mes soins et de mes devoirs.
18:35Sûrement, je ne me marierai jamais comme mes sœurs,
18:38pour n'aimer au monde que mon verre.
18:41Mais dis-tu ceci du fond du cœur ?
18:43Oui, mon grand seigneur.
18:45Si jeune et si pétant.
18:47Si jeune et si vrai, mon seigneur.
18:49À la bonne heure.
18:52Que ta véracité soit donc ta dot.
18:55Car, par les rayons sacrés du soleil,
18:58par les mystères des quatre et de la nuit,
19:01par les influences de ces globes célestes,
19:04par lesquelles nous existons et nous mourons,
19:07j'absule ici tous mes sentiments paternels,
19:11tous les liens, tous les droits du sang,
19:14et je te tiens de ce moment et à jamais
19:17pour étrangère à mon cœur et à moi.
19:20Mon maître.
19:21Taisez-vous, Nguyen.
19:22Ne vous mettez point entre le dragon et sa colère.
19:25Je l'ai aimé plus que personne,
19:27et voulais confier mon repos aux soins de sa tendresse.
19:30Sors d'ici et ne te présentes plus à ma grande.
19:33Qu'on appelle le roi de France,
19:35qu'on fasse venir le duc de Bourgogne.
19:40Albanie, Cornouaille,
19:42avec la dot de mes filles, acceptez encore ce tiers.
19:46Que cet orgueil qu'elle appelle franchise sert à la marier.
19:50Je vous investis en commun de ma puissance,
19:53de mon rang et de toutes ces vastes prérogatives
19:55qui accompagnent la majesté royale.
19:59Roi Yair,
20:00vous que j'ai toujours honoré comme mon roi,
20:03aimé comme mon père,
20:04suivi comme mon maître
20:05et appelé dans mes prières comme mon puissant patron.
20:08L'arc est vendu et tiré, et vite le trait.
20:11Qu'il tombe sur moi,
20:12que je le fasse pénétrer dans la région de mon cœur.
20:14Qu'elle se peut manquer au respect quand le libre devient insensé.
20:17Que me fera-tu, le vieillard ?
20:19Penses-tu que le devoir puisse craindre de parler
20:22quand le devoir fléchit devant l'enquêterie ?
20:24L'honneur est tenu à la franchise
20:26quand la majesté souveraine s'abaisse à la démence.
20:29Rétracte ton âme,
20:31répare par une plumeur des libérations ta monstrueuse crucifixion.
20:36Que ma vie réponde-t-il de mon jugement ?
20:39Ta plus jeune fille n'est pas celle qui t'aime le moins.
20:41Ce ne sont pas des cœurs vides
20:43ceux dont le souffle élevé ne l'authentique point d'un bruit creux.
20:46Sur ta vie, Kent, pas un mot de plus.
20:50Je n'ai jamais regardé ma vie comme un pion à hasarder contre tes ennemis.
20:54Je ne crains pas de la perte si c'est pour te sauver.
20:57Hôte-toi de ma vue.
20:58Regarde tes yeux lire,
21:00et laisse-moi te le mettre devant tes yeux comme leur fidèle rendez-vous.
21:03Cette fois, parabolons.
21:05Cette fois, parabolons.
21:06Oh roi, tu prends le nom de tes dieux en vain.
21:09Vassal, mécréant.
21:11Continue.
21:12Tu sors médecin et donnes le salaire à ta finesse de maladie.
21:15Révoque tes dons.
21:17Autant que mes grippes pourront s'échapper de ma poitrine,
21:19je te dirai que tu fais mal.
21:23Écoute-moi bien, fauteuil.
21:26Sur ton allégeance, écoute-moi bien.
21:29Comme tu as tenté de nous faire violer notre serment,
21:34ce que nous n'avons encore jamais osé,
21:37et que les efforts de ton orgueil
21:39se placent entre notre arrêt et notre pouvoir,
21:42tu vas recevoir la récompense qui t'est due.
21:45Nous t'accordons cinq jours
21:47pour arranger tes affaires
21:49et te mettre à l'abri des détresses de ce monde.
21:52Le sixième,
21:53tourne à notre royaume ton dos détesté.
21:56Si ton corps proscrit
21:58est trouvé dans l'étendue de notre domination,
22:01ce moment sera celui de ta mort.
22:04Va-t'en, par Jupiter.
22:07Cet arrêt ne sera pas revoqué.
22:10Adieu, roi,
22:12puisque c'est ainsi que tu te montres.
22:15La liberté est loin d'ici et l'exil est ici.
22:19Jeune fille,
22:20que les dieux te prêtent leur puissante protection.
22:23Toi qui penses juste et qui as parlé avec tant de sagesse.
22:27Vous,
22:28puise vos actions justifier vos magnifiques discours,
22:31afin que de ces paroles d'affection puissent naître des effets salutaires.
22:36C'est ainsi, prince,
22:38que Capitaine fait à tous ses adieux.
22:41Il va continuer son ancienne conduite dans un pays nouveau.
22:44Et ça se donne !
22:46Ah, vous voyez,
22:47l'amour propre conduit rapidement à l'horreur et à la vanité.
22:50Et j'imagine que ça ne se termine pas très bien pour le roi-lire.
22:53Pas trop, non.
22:54Bon, c'est Shakespeare, hein.
23:00Enfin, résumons.
23:01On peut aimer quelque chose.
23:03Mais ça peut même tomber à l'obsession.
23:04On peut s'aimer soi-même, mais avec modération.
23:07Tu peux me tenir ça, s'il te plaît ?
23:08Oui, bien sûr.
23:09L'amour, c'est un amour.
23:10Ah, autre exemple.
23:11On dit d'une personne serviale qu'elle est un amour.
23:14Ce qui ne peut pas dire pour autant qu'on l'aime.
23:16Mais c'est mon ami !
23:18Bienvenue dans cette transition.
23:20L'amitié est aussi l'une des formes que peut refaitre l'amour.
23:31Où suis-je ?
23:32En croirais-je mes yeux ?
23:33Pilate, prends mes bras !
23:35Pilate, dans ces lieux, dans ces barbarieux fermets à la pitié,
23:39quel démon quel lieu t'as connu ?
23:41L'amitié.
23:42Ayant, par tes débris, connu ton infortune,
23:45voguant au cri du tiens de temps contre Neptune,
23:47les sauvant tous, croyant te voir dans chacun d'eux,
23:50je te cherchais rempli des promesses des dieux.
23:52Pris de ces murs sanglants, le jour vint me surprendre.
23:54J'allais, pour tout tenter, vers mon vaisseau me rendre.
23:57Quand tout un peuple accourt et vient m'envelopper,
23:59je marme avec fureur, je crois le dissiper.
24:01Mais le nombre m'accable, et je deviens la proie
24:03de ces monstres remplis de terreur et de joie.
24:05Ils me traînent en foule et d'incommuns transports,
24:08devant leur chef tremblant qui m'envoie à la mort.
24:10Quel est mon sort ? Faut-il toujours me reprocher
24:13le malheur de ceux qui m'ont approché ?
24:16Affalais-t-il, quittant le trône et l'apostille,
24:19t'associer sans honte au sort d'un parricide ?
24:22Et ne devais-tu pas, à l'image des dieux,
24:25abandonner un monstre à lui-même au dieu ?
24:29Pilade, monsieur Pilade, abandonner Orestes,
24:32quel langage accablant pour l'ami qui te reste !
24:34Excuse un malheureux, étonné de lui-même,
24:37mais peux-tu le blâmer ? Il perd tout ce qu'il aime.
24:41Où s'égare ton cœur ? Ose lui commander,
24:43illustre l'amitié loin de la dégradée.
24:45Pension à Pilade, et t'occupe d'Orestes,
24:48du plus beau sang des rois, l'ami du point Orestes.
24:50Ah ! Pilade et Orestes, ça c'est de l'amitié,
24:53à la vie, à la mort !
24:55Je n'ai jamais entendu parler d'eux.
24:57Orestes, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre.
25:00Et Pilade, son cousin, fils du roi de Phocis.
25:03Ils ont grandi ensemble, après le meurtre d'Agamemnon,
25:06par Clytemnestre.
25:07Devenu homme, Orestes vengea la mort de son père,
25:10en tuant sa mère.
25:11Ce qui lui a valu d'être tourmenté par les Irénies.
25:14Après moult aventures afin d'expliquer son crime,
25:17auquel j'ai bien aimé d'abord participer,
25:19le prolaïque débarque en Taurie,
25:21pour y dégrouper la statue de Diane,
25:23comme l'auraque lui avait demandé.
25:25Il se fait capurer.
25:26Et moi aussi, en venant le sauver.
25:28Or, il se trouve qu'en Taurie,
25:29une coutume renimole à la statue de Diane,
25:32tout étranger qui y aborde,
25:33charmant pays, mais litigénie,
25:36en qualité de prêtresse,
25:37et pour des raisons que vous connaîtrez,
25:39si vous lisez la pièce,
25:41propose de sauver l'un des deux infortunés,
25:43et choisit Pilade pour être sacrifié.
25:45Yes !
25:46Le voici donc rempli, ceci légitime,
25:49de l'amitié d'une heure honorable victime.
25:51Souscrit, oh mon unique ami,
25:53souscrit à mon bonheur,
25:55souscrit au choix des dieux si cher à mon honneur,
25:57laisse-moi mourir seul,
25:59et d'un ami fidèle,
26:00donner à l'univers l'exemple et le modèle.
26:03Fyovar, m'aimes-tu ?
26:05Ton air est comme glace.
26:07Parlons, que me veux-tu ?
26:09Que tu prennes ma place.
26:11Moi ? Bonne chance.
26:12Mais c'est là mon chéri.
26:13Dis-moi qui de nous deux en ce lieu doit payer.
26:16Consulte l'amitié,
26:17en m'écriant toutes les tristes.
26:19J'ai acheté pour toi le trône et ma patrie.
26:21L'horreur de tes forfaits, ta rage, tes remords,
26:24t'ont-ils conduit ici, à travers mille morts ?
26:27Par ici, vengeur du nom de ton père,
26:29ton bras dégoûte-t-il du meurtre de ta mère ?
26:32Tu m'aimes, et tu veux qu'en cet horrible état,
26:34t'écraser sous le poids de mon noir attentat,
26:37fuyant le coup fatal,
26:38que ma fureur implore,
26:39je recherche le jour,
26:41que je souille et j'aborde ?
26:43Que ta triste fureur cesse de t'inquiéter.
26:45Ma mort t'enverra que je veux ici me discuter.
26:48Hausse plutôt par elle,
26:49hausse briser ta chaîne.
26:50Je peux fléchir des dieux d'inexorable haine.
26:52Le sang de l'amitié, sur l'autel répandu,
26:55peut expier l'erreur de ton bras éperdu.
26:58Pourquoi veux-tu des dieux m'ôter le seul bienfait,
27:01et me charger encore d'un indigné forfait ?
27:03Horrible monde entier,
27:05tout ma fureur m'exile.
27:06Et quel serait ton droit ?
27:08Quel serait mon asile,
27:09si de concert avec le destin ennemi,
27:11tu m'ôtais à la fois la mort et mon amie ?
27:14Je veux mourir pour toi.
27:15Non, moi !
27:17Moi, je dis que la mort, c'est important.
27:20Ne vous inquiétez pas,
27:22au final, il n'est Orestes qui l'a de plus en moins.
27:25Quand même, la famille d'Orestes,
27:27c'est pas du tout.
27:28Et que je tue mon mari,
27:29et que je tue ma mère,
27:31autant que mon père.
27:32Oui, mais cela ne permet justement
27:34d'introduire les deux familles d'Orestes.
27:36Les deux familles partent en bataille sur l'espoir,
27:39le sang,
27:40comme Andrigon.
27:42Andrigon !
27:43Ma soeur !
27:44Tu es folle !
27:45Oui !
27:46Pourquoi ?
27:47Il nous ferait mourir !
27:48Bien sûr, Ismene !
27:49A chacun son rôle.
27:51Lui, il doit nous faire mourir.
27:53Et nous,
27:54nous devons aller enterrer notre frère.
27:56C'est comme cela que ça a été distribué.
27:58Que veux-tu que nous y fassions ?
28:00Je ne veux pas mourir !
28:01Moi aussi, j'aurais bien voulu ne pas mourir.
28:04Écoute,
28:05j'ai bien réfléchi toute la nuit.
28:07Moi, je suis l'aînée.
28:09Je réfléchis plus que toi.
28:11Toi, c'est ce qui te passe par la tête,
28:13et tant pis si c'est une bêtise.
28:15Moi, je suis plus pondérée.
28:17Je réfléchis.
28:19Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir.
28:21Si, Andrigon.
28:22D'abord, c'est horrible, bien sûr,
28:24et j'ai pitié, moi aussi, de mon frère.
28:26Mais je comprends que notre oncle...
28:28Mais je ne veux pas comprendre un peu !
28:30Il est le roi,
28:31elle est folle, c'est un exemple !
28:32Moi, je ne suis pas le roi, moi.
28:34Il ne faut pas que je donne l'exemple, moi.
28:36Ce qui lui passe par la tête,
28:38la petite Andrigon,
28:39la sale bête,
28:40l'entêtée, la mauvaise.
28:42Et puis,
28:43on la met dans un coin, ou dans un trou,
28:45et c'est bien fait pour elle.
28:47Elle n'avait qu'à ne pas désobéir.
28:49Allez, allez !
28:50T'es sur ses joints !
28:51Et tu vas la faire droite devant toi,
28:52et tu vas la lancer sur ses côtés !
28:54Personne !
28:55Écoute-moi !
28:56J'ai raison bien plus souvent que toi !
28:58Mais je ne veux pas avoir raison !
29:00Tu n'essaies même pas de comprendre, au moins !
29:03Comprendre ?
29:05Vous n'avez que ce mot-là à la bouche.
29:07Tous !
29:08Depuis que je suis toute petite.
29:10Alors, il fallait comprendre
29:11qu'on ne doit pas toucher à l'an,
29:12à la belle océane du froid,
29:14parce que cela mouille les dalles,
29:16à la terre,
29:17parce que cela tâche les robes.
29:19Il fallait comprendre
29:21qu'on ne doit pas manger tout à la fois,
29:23ni donner tout ce qu'on a dans ses poches
29:24au moment bien qu'on rencontre,
29:26ni courir,
29:27courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre,
29:30et boire quand on a chaud,
29:31et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard,
29:34mais pas juste quand on en a envie.
29:37Comprendre.
29:39Toujours comprendre.
29:42Et je ne veux pas comprendre.
29:44Je comprendrais quand je serais vieille,
29:46si je deviens vieille,
29:48pas maintenant.
29:49Ce que ne peut pas comprendre la jeune Antigone,
29:51c'est l'ordre du roi Créon.
29:53En effet, les frères Antigone et Ismene,
29:55et Théocle et Polynisse,
29:57se sont entretués lors d'une guerre pour le trône.
29:59Et Créon, nouvellement couronné roi,
30:01a émis un édit interdisant la sépulture de Polynisse,
30:04considéré comme un prêtre à la patrie.
30:07Antigone,
30:08ma petite soeur,
30:09nous sommes tous là autour de toi.
30:11Et mon mauvais roi,
30:13nous t'aimons et nous sommes là,
30:15nous avons besoin de toi.
30:17Polynisse est morte,
30:18et ne t'aimez pas.
30:19Elle a toujours été un mauvais prêtre,
30:20au moins d'étranger.
30:21Oublie-le, Antigone,
30:23comme nous l'avons oublié.
30:25Il y a son roi dur,
30:26et l'essence de la sépulture,
30:27puisque c'est la loi de Créon.
30:31Je t'entends toujours, Antigone,
30:33mais tu es toute petite.
30:34Tu ne peux pas toujours t'embrasser.
30:36Reste avec nous, s'il te plaît.
30:38Ne vas pas la laisser tomber,
30:39je t'en supplie.
30:40C'est trop tard.
30:42Quand tu m'as rencontrée ce matin,
30:43j'en venais.
30:45Pourquoi as-tu tenté d'enterrer ton fils ?
30:47Je le devais.
30:48Je te l'avais interdit.
30:49Je le devais tout de même.
30:51Ceux qui ne m'entendent pas,
30:52errent éternellement,
30:54sans jamais trouver de repos.
30:56Si mon frère était rentré
30:58avec elle d'une longue chasse,
31:00je lui aurais enlevé ses chaussures,
31:02je lui aurais fait à manger,
31:03je lui aurais préparé son lit.
31:06Polynice, aujourd'hui, a achevé sa chasse.
31:09Il rentre à la maison
31:11où mon père et ma mère,
31:13et Hétéocle aussi,
31:14l'attendent.
31:15Il a droit au repos.
31:17C'était ta révolte et un frère,
31:18tu le savais.
31:19C'était mon frère !
31:20Tu avais entendu proclamer
31:21les dits au carrefour,
31:22tu avais lu les affiches
31:23sur tous les murs de la tête.
31:24Oui.
31:25Tu savais le sort qui était promis,
31:26à quel qu'il soit
31:27qui oserait une représentation.
31:28Oui, je le savais.
31:30Tu as peut-être cru
31:31qu'être la fille d'Oedipe,
31:32la fille de l'orgueil d'Oedipe,
31:34c'était assez pour être
31:35au-dessus de la loi.
31:36Non, je n'ai pas cru cela.
31:38La loi est d'abord faite
31:39pour les filles comme toi,
31:40Ansevelou.
31:41La loi est d'abord faite
31:42pour les filles et moi.
31:43Si j'avais été une servante
31:44en train de faire sa vaisselle
31:45lorsque j'ai entendu les dits,
31:47j'aurais essuyé le gras
31:48de mes bras
31:49pour aller enterrer mon frère.
31:51Ce n'est pas vrai.
31:53Si tu avais été une servante,
31:54tu n'aurais pas douté
31:55que tu allais mourir
31:56et tu serais restée
31:57à glorer ton frère chez toi.
31:59Seulement, tu as cru,
32:01tu as pensé que tu étais
32:02de race royale.
32:03Ma nièce est la fiancée
32:04de mon fils
32:05et que quoi qu'il arrive,
32:06je n'oserai pas me faire mourir.
32:08Vous vous trompez.
32:09Je t'ai certaine
32:10que vous me feriez mourir
32:11au contraire.
32:12Si c'est que vous la faites mourir,
32:13il faudrait me faire mourir
32:14avec elle.
32:15Non, pas toi.
32:17Pas maintenant.
32:19C'est moi, moi seule.
32:21Tu ne te figures pas
32:22que tu vas venir mourir
32:23avec moi.
32:24Ce serait trop facile.
32:26Je ne peux pas vivre
32:27si tu meurs.
32:28Je ne peux pas vivre sans toi.
32:30Tu as changé la vie
32:31et moi la mort.
32:33Laisse-moi maintenant
32:34avec tes jérémiades.
32:36Il fallait y aller ce matin,
32:38dans la nuit à quatre pattes.
32:40Il fallait aller gratter la terre
32:41avec tes ongles
32:42pendant qu'ils étaient tout près
32:44et te faire empoigner par eux
32:45comme une voleuse.
32:46Et bien directement.
32:48Tu l'entends, Créon ?
32:50Elle aussi.
32:52Qui sait si cela ne va pas
32:53prendre à d'autres
32:54en m'écoutant.
32:55Qu'est-ce que tu attends
32:56pour me faire taire ?
32:57Qu'est-ce que tu attends
32:58pour appeler tes gardes ?
33:00Allons, Créon !
33:01Un peu de courage !
33:02Gardes !
33:03Emmenez-la !
33:06Antigone !
33:07Antigone !
33:14Père !
33:15Oublie-la, Emon.
33:16Oublie-la, mon petit.
33:18Tu es fou, Père.
33:19Lâche-moi !
33:20J'ai tout essayé
33:21pour la sauver, Emon.
33:22J'ai tout essayé,
33:23je te le jure.
33:24Elle ne t'aime pas.
33:25Elle aurait pu vivre.
33:26Elle a préféré s'enfolier là-bas.
33:27Mais Père,
33:28tu as bien vu nos mêmes.
33:29Père, elle n'est pas
33:30dans mon menu.
33:31Elle a parlé maintenant.
33:32Tout-elle sait ce qu'elle a fait.
33:34Je suis obligé
33:35de la pardonner.
33:36Lâche-moi !
33:37On ne peut pas
33:38imaginer quelques choses.
33:39On dirait qu'elle est folle
33:40avant de parler.
33:41Ils diront
33:42que ce n'est pas vrai,
33:43que je la sauve
33:44parce qu'elle allait être
33:45la fiancée de mon fils.
33:46Je ne peux pas.
33:47Mais Père,
33:48il y a une étole
33:49à faire faire demain.
33:50La foule le sait déjà.
33:51Elle hurle
33:52autour du palais.
33:53Je ne peux pas.
33:54Père,
33:55la foule n'est rien.
33:56Tu es le maître.
33:57Je suis le maître.
33:58J'y suis le maître
33:59avant la loi,
34:00plus après.
34:01Père,
34:02je suis ton fils.
34:03Tu ne peux pas
34:04me la laisser prendre.
34:05Si.
34:06Si, mon petit.
34:07Du courage.
34:08Antigone ne peut plus vivre.
34:10Antigone nous a déjà
34:11quittés tous.
34:15Crois-tu que je pourrais
34:16vivre moi sans aide ?
34:17Crois-tu que j'accepterais
34:18votre vie ?
34:19Et tous les jours
34:20du matin jusqu'au soir
34:21sans aide ?
34:23Et votre agitation,
34:24votre bavardage
34:25entre villes
34:26sans aide ?
34:28Il faudra bien
34:29que tu acceptes tes mots.
34:30Chacun d'entre nous
34:31a un jour
34:32plus ou moins triste,
34:33plus ou moins lointain,
34:34où il doit enfin
34:35accepter d'être un homme.
34:36Pour toi,
34:37c'est aujourd'hui.
34:38Et te voilà devant moi
34:39avec ces larmes
34:40au bord des yeux
34:41et ton cœur
34:42qui te fait mal.
34:43Mon petit garçon,
34:44pour la dernière fois,
34:45quand tu rafraîchis
34:46ce soleil tout à l'heure,
34:47quand tu seras détourné,
34:48ce sera fini.
34:49C'est déjà fini.
34:50Ne me juge pas,
34:51Aiguë.
34:52Ne me juge pas,
34:53toi aussi.
34:55Cette grande force
34:56et ce courage,
34:57c'est toi qui m'a enlevé
34:58dans ses bras
34:59et me sauvé
35:00des monstres
35:01et des anges
35:02quand j'étais petit.
35:03C'était toi ?
35:04Oui.
35:05Tous ces soins,
35:06tout cet orgueil,
35:07tous ces livres
35:08pleins d'héros,
35:09c'était donc
35:10pour en arriver là,
35:11être un homme,
35:12comme tu dis ?
35:13Oui.
35:14Ah, père,
35:15ce n'est pas vrai.
35:16Ce n'est pas aujourd'hui.
35:17Et nous ne sommes pas
35:18tous les deux
35:19au pied de ce mur
35:20où il faut seulement dire
35:21oui.
35:22Ah, père,
35:23que Dieu est puissant.
35:24Je suis trop nu
35:25et le monde est trop...
35:26et seul
35:27si je ne peux plus t'admirer.
35:29Tu en es tout seul,
35:30et le monde est nul.
35:31Et tu m'as admiré
35:32trop longtemps.
35:33C'est cela,
35:34de devenir un homme,
35:35voir le visage
35:36de son père
35:37en face un jour.
35:41Antigone !
35:43Antigone !
35:44Pauvre petit,
35:46il l'aime.
35:48Dans les tragédies grecques,
35:50l'amour familial,
35:51ça finit
35:52toujours mal.
35:53On venait
35:54de jeter Antigone
35:55dans son trou.
35:56On n'avait pas encore fini
35:57de rouler les derniers
35:58blocs de pierre.
35:59Lorsque Créon
36:00et tout ce qui l'entoure
36:01entendirent des plantes
36:02qui sortirent
36:03du tombeau au soudain,
36:04chacun se tait
36:05et écoute,
36:06car ce n'est pas
36:07la voie d'Antigone.
36:08C'est une plante nouvelle
36:09qui sort des profondeurs
36:10du trou.
36:11Tous regardent Créon.
36:12Et lui,
36:13qui a deviné le premier,
36:14lui qui sait déjà
36:15voir tous les autres,
36:16hurle au soudain
36:17comme un fou.
36:18Enlevez les pierres !
36:19Enlevez les pierres !
36:22Et le slave se jette
36:23sur les blocs avancés,
36:24et parmi eux,
36:25le roi-sieur
36:26entre les encennes.
36:27Les pierres bougent enfin
36:28et le pumain
36:29se glisse dans l'ouverture.
36:31Antigone est au fond
36:32de la tombe,
36:33tendu au fil
36:34de sa ceinture.
36:35Des fils bleus,
36:36des fils verts,
36:37des fils rouges
36:38qui le font comme
36:39un collier d'enfants.
36:40Et Aemont a genou
36:41qui la tient dans ses bras
36:42et gémit.
36:43On bouge un bloc encore
36:44et Créon peut enfin passer.
36:46On aperçoit
36:47sa chevelure claire
36:48dans l'ombre
36:49au fond du trou.
36:50Il essaye de relever Aemont,
36:51il le supplie.
36:52Aemont ne l'entend pas,
36:53puis soudain,
36:54il se dresse
36:55des yeux noirs
36:56et il n'a jamais tort
36:57de sembler
36:58aux petits garçons
36:59d'autrefois.
37:00Il regarde son père
37:01sans rien dire
37:02et, tout à coup,
37:03il lui crache au visage
37:04et tire son épée.
37:05Il le regarde
37:06avec ses yeux d'enfant
37:07lourds de mépris.
37:08Et Créon ne veut pas
37:09éviter ce regard
37:10comme l'anal.
37:11Aemont regarde
37:12ses yeux tremblants
37:13à l'autre bout
37:14de la caverne.
37:15Et sans rien dire,
37:16il se plonge l'épée
37:17dans le ventre
37:18et s'étend
37:19contre Antigone,
37:20l'embrassant
37:21dans une immense
37:22chambre.
37:23Je les ai fait reposer
37:24l'un près de l'autre.
37:25Ils sont lavés,
37:26maintenant,
37:27reposés.
37:28Ils sont seulement
37:29un peu pâles,
37:30mais si calmes.
37:31Deux amours,
37:32au lendemain
37:33de la première nuit.
37:34Merci,
37:35Créon,
37:36pour cette magnifique
37:37transition
37:38vers l'amour romantique.
37:39Ben oui,
37:40quand on pense
37:41à l'amour,
37:42la première chose
37:43qui me vient en tête,
37:44c'est...
37:45Le truc,
37:46c'est qu'il faut
37:47que cet amour
37:48soit partagé.
37:50J'aime.
37:51Je vais chercher
37:52Hermione dans ces lieux,
37:53la fléchir et la relever,
37:54ou mourir à ses yeux.
37:56Et revalorise.
37:57Oui, car Proveste
37:58est amoureux d'Hermione.
38:04Je veux savoir,
38:05premier,
38:06si vous m'aimez.
38:07Si je vous aime ?
38:08Oh Dieu !
38:09Mes serments épargurs,
38:10ma fuite,
38:11mon retour,
38:12mes respects,
38:13mes injures,
38:14mon désespoir,
38:15mes yeux de pleurs
38:16toujours noyés.
38:17Quel témoin croirez-vous
38:18si vous ne l'y croyez ?
38:19Mais Hermione
38:20ne l'aime pas.
38:21Va faire,
38:22je t'égaye,
38:23à virer ta fureur.
38:24Va !
38:25Je la désavoue
38:26et tu me fais horreur.
38:28Parce que Hermione
38:29aime Pyrrhus.
38:34J'ai fait venir pour toi
38:35les voeux de tous nos princes.
38:37Je t'ai cherché moi-même
38:38au milieu de tes propensées.
38:40J'ai cru que,
38:41tôt ou tard,
38:42à ton devoir rendu,
38:43tu me rapporteras
38:44un cœur qui m'est déduit.
38:45Mais Pyrrhus
38:46ne l'aime pas.
38:48J'ai posé Troyenne.
38:49Oui, madame.
38:50Mais j'avoue
38:51que je vous ai promis
38:52la fois que je l'ai vue.
38:53Car Pyrrhus,
38:54il est Andromaque.
38:59Je vous offre mon bras
39:00puis j'espérais encore
39:01que vous accepterez
39:02un cœur qui vous adore.
39:04Mais Andromaque
39:05ne l'aime pas.
39:07Captive,
39:08toujours triste,
39:09importune à moi-même,
39:11pouvez-vous souhaiter
39:12qu'Andromaque
39:13vous aime ?
39:15Laisse-moi deviner,
39:16parce qu'elle aime quelqu'un d'autre ?
39:17Oui, Hector.
39:22Mais il est mort.
39:24J'ai épargné
39:25le père de Pyrrhus.
39:27Souffrez,
39:28que loin des Grecs
39:29et même moins de vous,
39:31j'aille cacher mon fils
39:32et pleurer mon époux.
39:34Bien évidemment,
39:35tout cela finit très mal.
39:38Hermione
39:39pousse Orestes
39:40à tuer Pyrrhus.
39:41Conduisez au divin
39:42une femme fidèle,
39:43promenez tout
39:44que vous pouvez
39:45à la défense
39:46de l'âme fidèle.
39:52Après cette ridiculité,
39:53elle lui reproche.
39:54Barba,
39:55qu'as-tu fait ?
39:56Avec elle,
39:57le sourire est tranché
39:58le goût d'une si belle vie.
40:00Orestes,
40:01c'est tout ce qu'on a voulu.
40:02Quoi ?
40:03Ne l'aimant pas
40:04vous-même ici ?
40:05Tantôt,
40:06elle a ordonné son trépas.
40:07Ah,
40:08fallait-il en croire
40:09une invente avancée ?
40:10Ne veux-tu pas lire
40:11au fond de ma pensée ?
40:12Et ne voyais-tu pas
40:13dans les emportements
40:14que mon cœur
40:15dégantait ma bouche
40:16à tous mes rouges ?
40:17Et sur ces mots,
40:18Hermione se tue
40:19sur le corps de son aimé.
40:21D'ici qu'Orestes,
40:22comme souvent,
40:23bascule dans la folie.
40:27Quelle épaisse nuit
40:28tout à coup m'environne !
40:30De quel côté sortir ?
40:32D'où vient que
40:33je frissonne ?
40:35Quelle horreur me saisit ?
40:37Grâce au ciel,
40:38j'entrevois ?
40:40Dieu ?
40:41Quel huisseau de sang
40:42coule autour de moi ?
40:44Heureusement,
40:45sans plus d'allamiques,
40:46il a l'air d'être un bien plus
40:47flattant en son temps
40:48qu'on l'aurait pu
40:49développer tout d'abord.
40:51En fait,
40:52Orestes, c'est un peu
40:53le souffre-douleur
40:54des tragédies.
40:55Il prend cher
40:56et ne l'émerge jamais.
40:59Conclusion.
41:00Quand l'amour
41:01n'est pas mutuel,
41:02c'est quand même.
41:03Voilà.
41:04Mais même quand
41:05les deux protagonistes
41:06partagent le même sentiment,
41:08tout n'est pas autre pour autant.
41:09Bien des obstacles
41:10peuvent se dresser
41:11sur le chemin.
41:17Oh, Roméo !
41:18Roméo !
41:19Pourquoi es-tu Roméo ?
41:21Renie ton père
41:22et refuse ton nom.
41:24Ou, si tu ne veux pas,
41:26jure seulement de m'aimer
41:27et je ne serai plus
41:28une calculée.
41:30Dois-je écouter encore
41:31ou dois-je lui parler ?
41:33C'est seulement ton nom
41:34qui est mon ami, Roméo.
41:35Dépule-toi de ton nom
41:36et, en échange de ce nom
41:37qui ne fait pas partie
41:38de toi-même,
41:39prends-moi tout entière.
41:41Je te prends au mot.
41:42Appelle-moi Amour
41:43et je serai rebaptisée.
41:45Désormais, plus jamais
41:46je ne serai Roméo.
41:48Qui es-tu,
41:49toi qui, couvert par la nuit,
41:51viens ainsi t'emparer
41:52de mes secrets ?
41:54Je ne sais de quel nom
41:55me servir
41:56pour t'apprendre
41:57qui je suis.
41:58Mon nom est Odieu
41:59puisqu'il est pour toi
42:00celui d'un ennemi.
42:01S'il était écrit,
42:02je le mettrais en vie.
42:03S'il était écrit,
42:04je le mettrais en pièce.
42:06Mon oreille
42:07n'a pas encore vu
42:08son parole
42:09prononcée par cette voix
42:10et, cependant,
42:11j'en reconnais les sons.
42:14N'es-tu pas un Roméo,
42:15un Montaigu ?
42:17Ni l'un ni l'autre
42:18si l'un ou l'autre
42:19te sont Odieu.
42:21Comment as-tu arrivé
42:22jusqu'ici
42:23et qui viens-tu faire ?
42:24Songe qui tu es.
42:25Ces lieux sont pour toi
42:26la mort
42:27si l'un de mes parents
42:28vient à t'y rencontrer.
42:29Des ailes légères
42:30de l'amour
42:31j'ai volées
42:32au-dessus de ces murelles
42:33car des barrières de pierres
42:34ne peuvent
42:35s'exclure l'amour
42:36et tout ce que l'amour
42:37peut faire,
42:38l'amour
42:39ose le tenter.
42:40Tes parents
42:41ne sont donc
42:42point pour moi un obstacle.
42:44S'ils te voient,
42:45ils te tueront.
42:46Hélas,
42:47ton regard
42:48est pour moi
42:49bien plus dangereux
42:50que le vent
42:51de leurs épées.
42:52Donne-moi seulement
42:53un de tes regards
42:54et je suis à l'épreuve
42:55de leur inimitié.
42:56Je ne voudrais pas
42:57pour le monde entier
42:58qu'ils te visent ici.
43:00Le menton de la nuit
43:01n'est que de robes
43:02à leur regard.
43:03Amants que tu nous mènes,
43:04laissez-les me surprendre.
43:05Il me vaut mieux
43:06faire de la vie
43:07par leur haine
43:08que mourir lentement
43:09sans ton amour.
43:12Mais Roméo ne le croit pas,
43:13c'est bien sûr.
43:14Juliette et lui
43:15ont beau être in love,
43:16leur famille se déteste
43:17tellement
43:18que nos deux amants
43:19nous recroisent au mieux.
43:20Hé,
43:21je ne sais pas
43:22si vous avez remarqué,
43:23mais la quasi-totalité
43:24de nos exemples
43:25finissent mal,
43:26bien que mal,
43:27par amour.
43:28En même temps,
43:29on ne perd de là
43:30que l'amour conduit à la mort.
43:31Hé,
43:32moi je ne veux pas mourir.
43:34Alors,
43:35tu ne veux pas aimer ?
43:36C'est quoi ça ?
43:37C'est pourri !
43:38Je pense qu'aimer,
43:39c'est prendre un risque.
43:40C'est-à-dire ?
43:41Le risque
43:42est de donner quelque chose
43:43et de ne rien recevoir
43:44en retour.
43:45Ah,
43:46si pour ton bonheur
43:47je donnerais le mien,
43:48quand même,
43:49tu ne devrais
43:50en savoir jamais rien.
43:51S'il se pouvait parfois
43:52que de moi j'en vendisse,
43:53rire le bonheur
43:54n'est donc sacrifice.
43:55Le risque
43:56est de perdre
43:57ce qu'on a offert
43:58pour toujours.
44:00Cyrano,
44:02elle ne m'aime plus.
44:03Comment ?
44:04Et Roxane,
44:05mais c'est toi qu'elle aime.
44:07Non.
44:09Si,
44:10elle t'aime,
44:11parce qu'elle n'aime que mon âme.
44:13Non.
44:15Ah si,
44:16c'est donc bien toi qu'elle aime.
44:17Le risque
44:18de s'abandonner
44:19à ce que l'on ressent.
44:20Et en plus,
44:21je sais que tu l'aimes aussi.
44:22Moi ?
44:23Tu le sais.
44:26C'est vrai.
44:30C'est vrai.
44:31C'est vrai.
44:33Tu l'aimes beaucoup.
44:35Le risque
44:36de se faire rejeter.
44:38Dis-le lui.
44:40Non.
44:41Mais pourquoi ?
44:43Regarde mon visage.
44:44Le risque
44:45qu'il se passe quelque chose.
44:46Mais ne me répète.
44:47Ah,
44:48je suis bien contente
44:49qu'elle t'ait dit cela,
44:50mais va, va,
44:51n'écoute pas
44:52ces choses insensées.
44:54Sacrifier
44:55ton bonheur
44:56parce que je suis beau.
44:57C'est injuste.
44:59Et je mettrai au tombeau le tien
45:00qu'il y a grâce au hasard
45:01qu'il fait naître.
45:02J'ai le don d'exprimer
45:03ce que tu ressens peut-être.
45:05Hé mais,
45:06en fait,
45:07on est un peu comme
45:08Christian et Cyrano.
45:09On se plante derrière les personnages
45:10pour dire ce qu'on a sur le cœur.
45:12Bon,
45:13et si on prenait le risque nous aussi ?
45:14Avec le bon robot ?
45:15Ouais.
45:16Mais ils seront probablement
45:17moins beaux.
45:18Peut-être,
45:19mais ce seront les nôtres.
45:20Ok, allons-y !
45:28Assis à l'arrêt de bus,
45:29parmi une foule d'anodines,
45:30j'observais les montagnes,
45:31la neige,
45:32le soleil,
45:33quand soudain,
45:34dans les nuages,
45:35t'apparut ton image.
45:36L'amour est un nuage,
45:37parfois calme,
45:38parfois orageux,
45:39toujours en mouvement,
45:40toujours changeant,
45:41à tous les autres semblables,
45:42mais en tout temps spécial.
45:44Et tout à coup,
45:45il m'est venu de l'esprit
45:46que je n'avais jamais été
45:47aussi heureux qu'aujourd'hui.
45:49C'est l'amour.
45:50C'est l'amour.
45:51C'est l'amour.
45:52C'est l'amour.
45:53C'est l'amour.
45:54C'est l'amour.
45:57C'est sans doute grâce à toi.
45:59Alors, merci de m'avoir ensufflé ça.
46:03Je rencontre beaucoup de gens,
46:04j'en vois de plus en plus,
46:06c'est comme ces inconnus
46:07à l'arrêt de bus...
46:09Des spectres intangibles
46:10aux contours indistints
46:11dont la disparition
46:12ne procure une lueur de chagrin ...
46:15J'ai peur de devenir insensible,
46:16de devenir moi aussi invisible,
46:19de me déconnecter de l'humanité,
46:21de m'envoler,
46:22de perdre pied.
46:24Et soudain,
46:25une main me retient
46:26Je me retiens. Toi, vous qui êtes là, vos visages clairs et distincts éradiquent la lumière du matin.
46:32Vous êtes l'encre de stabilité dans ma vie sensée. Je compte sur vous. J'ai besoin de vous.
46:38Ne me lâchez pas, mère de vous. Je vous aime.
46:42Parfois, dans cet arrêt, le teneur se met à gronder. J'entends alors tes mots me réconforter.
46:48À tes côtés, mille malheurs peuvent arriver, je sais que je dois en tirer.
46:53Tous les éclairs de Dieu peuvent déchirer les cieux. Ils ne couvriront jamais ce sentiment précieux.
47:00Je t'aime. Un pronom et sept lettres.
47:05Simple, clair et net.
47:07Et pourtant, si compliqué à prononcer.
47:10Moi, je ne suis pas une fille qui dit je t'aime.
47:13Je dis plutôt moi aussi ou idem.
47:15Oh bien sûr, j'en ai lancé à tout vade et...
47:18Oh là là, t'es trop belle sur cette photo.
47:20Oh mon Dieu, merci. Je t'aime.
47:23Mais, c'est de l'ordre du même.
47:25Et puis, je t'ai rencontrée et tout a été chamboulé.
47:29D'un coup, cette petite phrase s'est mise à me questionner.
47:33Je ne suis pas une fille qui dit je t'aime.
47:35Mais là, ouais là, je crois que je vais te le dire quand même.
47:40Je t'aime et je veux le faire savoir au monde entier.
47:44Je t'aime et je te le dirai jamais.
47:46Dès que je t'ai rencontrée, j'ai su.
47:49J'ai tout de suite compris que c'était foutu.
47:51Je voudrais passer mes jours dans tes bras.
47:53Tu as pris mon cœur et tu l'as jeté à bord.
47:55Avec toi, rien n'est insurmontable.
47:57Tu as tracé une ligne infranchissable.
47:59Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée.
48:01Alors, je prendrai soin de ton amitié.
48:03Je t'aime, mon monde.
48:06En restant muette comme une tombe.
48:09Dans le panneau publicitaire de l'arrêt,
48:11je regarde celle que j'ai autrefois détestée.
48:13Mon reflet que j'ai trouvé silet.
48:15Il m'en a fallu du temps et du courage
48:17pour apprendre à vivre avec mon image.
48:20Un combat de tous les jours pour lui donner de l'amour.
48:22Et surtout, apprendre à le recevoir, vraiment y croire.
48:26Toi, qui es-moi, je t'aime comme tu es.
48:29Ne lâche rien, tu dépasses celle dont j'ai rêvé.
48:33Tu seras toujours à mes côtés.
48:35Je ne te laisserai pas tomber.
48:37Alors que tout le monde est plongé sur son téléphone,
48:40je lis un livre qui me passionne.
48:42Et c'est grâce à lui.
48:44Je dis vous, car vous le soyez,
48:46je ne crois pas que vous le pourrez.
48:48Evidemment, je vous admire et je vous estime,
48:51mais ce n'est pas tout.
48:52Vous avez cru en moi, en nous.
48:54Votre présence, votre indulgence et votre bienveillance
48:58ont été le creuset qui m'a permis de me transformer.
49:01Vous avez su gagner, à jamais,
49:03mon amour, ma confiance et mon respect.
49:06Ce graffiti sur la brume
49:08me rappelle ton écriture dessus de mon lit.
49:10Ces petits mots comme un mandrat
49:12pour ne jamais perdre la foi en notre promesse
49:14de tout partager jusqu'à la vieillesse.
49:17Écrire, car dire n'a aucun sens
49:19quand tout passe par nos silences.
49:21Qu'importe ce que nous réserve l'avenir,
49:23je suis déjà rayonnante de me souvenir.
49:26J'attends le bus, j'en profite pour t'appeler.
49:29Je t'aime et je sais que je ne te dis pas assez.
49:35C'est le but, te parler
49:37et que tu ne pisses que qu'écouter.
49:39Je sais que tu ne peux pas décrocher.
49:41Mais à trop les répéter, ces mots,
49:43j'ai peur de les essouffler, qu'ils deviennent moins bons.
49:46Je te dois tellement,
49:48mais parfois, dans mon folle entretemps,
49:50j'oublie ton débrouillement.
49:52Alors on se discute, on crie.
49:54Parce que grandir, c'est avoir des désirs.
49:56Et c'est pas forcément ce départ.
49:58Mais je ne serais jamais devenue ce que je suis
50:01si tu ne m'avais pas tant chérie.
50:03Alors je vais faire un effort,
50:05et dès à présent, te dire
50:07que je t'aime fort.
50:09Je vais devenir folle.
50:11Où que je pose mon regard,
50:13j'ai l'impression de le voir.
50:15Hier, il m'a juste souri.
50:17J'y ai pensé toute la nuit,
50:19et ce matin, il m'a jeté un simple coup d'œil
50:21qui a coulé mon cœur dans un cercueil.
50:23C'est dingue, je suis en train de remettre toute ma vie en question.
50:26Il m'affiche facilement de Prince Charmant.
50:28Un gros con.
50:29Oh purée.
50:30Je suis amoureuse.
50:32De lui ?
50:33Ah non, merde, mais pourquoi ?
50:34Mais pourquoi lui ?
50:35Et pourquoi maintenant ?
50:36Ah, je voudrais crever.
50:38Aimer à en mourir,
50:40certains en chanter,
50:41d'autres en fredonner mourir des luttes.
50:43J'pige pas.
50:44J'ai pas envie d'aimer à en mourir moi.
50:46À la limite, je voudrais aimer à en pleurer,
50:48un peu,
50:49mais je préférais à en rire.
50:51Aimer à en bondir.
50:53Aimer à en hurler dans le vent.
50:55Aimer pour rester vivant.
50:57Voilà.
50:58Parce qu'on n'est jamais aussi vivant qu'en aimant,
51:00je propose...
51:01Aimer à en vivre.
51:06Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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