Journées Nationales APMEP 2017 - Conférence de Eric GASPAR

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conférence devant les inspecteurs et formateurs de mathématiques à l'occasion des Journées Nationales APMEP 2017
Transcription
00:00:00Je suis professeur de mathématiques dans un lycée proche de Montpellier, à temps plein,
00:00:21et il y a huit ans, j'ai créé entièrement sur mon temps libre le projet de neuroéducation
00:00:28Neurosup, qui a un site internet sur lequel vous pourrez trouver tous les articles qui
00:00:36ont été parus, toutes les vidéos qui ont été tournées, toutes les conférences qui
00:00:40ont été faites, ainsi qu'une formation élève.
00:00:43Alors je vous explique, j'essaie assez rapidement de vous expliquer quel est le but du projet,
00:00:50et puis, puisque on est juste entre profs de maths ou inspecteurs de maths, je n'ai
00:00:58compris que ce qui pouvait être directement applicable à notre matière dès demain,
00:01:05même si l'ensemble des processus du cerveau, de toute façon, est applicable à n'importe
00:01:10quelle matière.
00:01:11Mais enfin, pour convaincre le maximum de gens, j'ai ciblé.
00:01:16Alors, la neuroéducation, c'est un terme officiel qui date de 2007, suite à un rapport
00:01:21de l'OCDE, qui, pendant huit ans, a mené une enquête pour savoir si connaître le
00:01:28mode de fonctionnement du cerveau, est-ce que ça pouvait aider les enseignants à mieux
00:01:32enseigner ? Est-ce que ça pouvait aider les élèves à mieux apprendre ? La réponse
00:01:35a été oui, et donc, ils nous encouragent à contacter les neuroscientifiques, et ils
00:01:41encouragent les neuroscientifiques à nous contacter.
00:01:43Donc, comme vous le savez sans doute, pendant un certain temps, c'est resté à l'état
00:01:48d'encouragement.
00:01:49Donc, les neurosciences ont commencé par avoir un peu mauvaise presse, parce qu'on
00:02:00les supposait être uniquement consacrées à l'univers hospitalier.
00:02:09Donc, quand j'ai lancé le projet Neurosup, dont l'objectif est le suivant, si je me
00:02:16déplace dans un établissement pendant une journée, je forme les profs sur le fonctionnement
00:02:22basique du cerveau, et puis je leur livre, alors désormais c'est en téléchargement
00:02:27libre sur le site Neurosup, douze heures d'activités élèves présentées sous la
00:02:34même forme que celle que je vais vous présenter, c'est-à-dire un diaporama interactif, pour
00:02:39leur expliquer comment fonctionne leur cerveau, puisque j'étais tombé sur un article qui
00:02:45disait que 50% de la population adulte ou adolescente pensait que l'intelligence était
00:02:48une donnée acquise à la naissance et que toute sa vie on faisait avec ce dont on avait
00:02:51hérité, et il finissait l'article en disant, alors que les neurosciences sont parfaitement
00:02:56capables maintenant, images à l'appui, de montrer que c'est faux, simplement en France,
00:03:02tant qu'on pensera qu'il y a un problème simplement du côté des professeurs, et qu'on
00:03:07formera les profs, les profs, les profs, les profs, et bien on oubliera qu'en face, il
00:03:12y a 50% des élèves qui ont des freins à nos encouragements, et que lorsqu'on leur
00:03:19dit, c'est bien, t'es en progrès, vas-y, ne lâche rien, et bien ils trouvent qu'on
00:03:24est des gentils professeurs, bienveillants professeurs, mais ils se disent, non, non,
00:03:29mais moi de toute façon, là j'ai eu 12, mais c'était un coup de chance, c'est parce
00:03:33que le devoir était facile, j'ai été aidé, etc., etc., mais moi je vaux 8, je le sais,
00:03:39et ils attendent effectivement d'avoir 8, et l'article finissait en disant que tant
00:03:43que les élèves ne seraient pas eux-mêmes au courant du mode de fonctionnement de leur
00:03:46cerveau, et bien on aurait beau nous former, nous les profs, ça ne servirait pas à grand-chose.
00:03:52Donc je m'y suis mis, et j'ai créé donc ce projet, donc à l'époque j'étais dans
00:04:00une des régions du Grand Est, et en fait mes supérieurs hiérarchiques mathématiques
00:04:08n'ont pas apprécié la chose, puisqu'ils disaient que je faisais de la manipulation
00:04:15mentale du cerveau, et que j'étais dans ce cas-là donc dans une secte, et dont j'étais
00:04:25le gourou. Donc au bout de 3 ans de pression un petit peu difficilement supportable, j'ai
00:04:31changé d'académie pour aller dans l'académie de Montpellier, où j'ai trouvé l'exact opposé,
00:04:37donc je remercie infiniment les inspecteurs de Montpellier pour leur ouverture d'esprit,
00:04:44et pour leur punch et leur soutien, à commencer par le doyen dont j'ai toute la confiance
00:04:50et je les remercie. Et puis ça ne vous aura pas échappé, s'il y a 8 ans ça faisait
00:04:57manipulation mentale, et bien depuis 4 mois nous avons un président de la république
00:05:01et un ministre de l'éducation qui parlent de neurosciences en grande section de maternelle.
00:05:07Comme dit une chanson de Guy Béart, le premier qui a parlé il doit être exécuté, le deuxième
00:05:24parlera sans problème. Mais tout s'est bien passé, évidemment par contre côté édition,
00:05:31parce que les éditions eux, tout de suite ils se disent ah il y a quelque chose qui
00:05:35n'est pas bien, donc il y a Explos ton score au collège que certains connaissent,
00:05:38il y aura Explos ton score au lycée que je suis en train d'écrire pour l'année prochaine,
00:05:44et pour les années d'enseignement supérieur. Et puis pour le grand public, il y a les explications
00:05:54de tout ce qui concerne nos petits bugs quotidiens, c'est à dire, mais bon sang, où est-ce
00:06:00que j'ai mis mes clés, ai-je bien fermé la porte, on vient de me présenter des personnes,
00:06:05je ne me souviens déjà plus de leur prénom, t'es sûr qu'on n'était pas avec Julie à Paris,
00:06:10toi tu dis Stéphanie mais moi je pense que c'est Julie, ou alors je suis allé à l'hypermarché
00:06:16pour acheter du produit pour sol et puis je reviens avec toutes les courses de la semaine mais sauf le
00:06:22produit pour sol, etc. Et bien sachez que dans tous les cas, le cerveau fait ça pour notre bien.
00:06:29Oui sauf pour Julie et Stéphanie, donc il fait ça pour notre bien, mais le savoir,
00:06:47et bien ça aide à avoir des contreparties, des ripostes, des petites réponses. Voilà voilà.
00:06:54Bon alors je ne vais pas vous phraser le petit sommaire puisque j'ai perdu beaucoup de temps,
00:07:01j'en suis désolé. Pas plus d'une grosse dizaine de minutes de base de neurosciences,
00:07:07le but ce n'est pas de faire un cours d'ESVT, mais juste pour qu'on s'accorde sur le mot neurone
00:07:16et sur le mot mémoire. Et après hop, on enchaînera sur les maths. Alors concernant le mot mémoire,
00:07:25l'homme ou la femme de la rue parle de la mémoire et pour les neuroscientifiques et bien il en existe
00:07:31plusieurs. Alors je vous passe la guéguerre entre les neuroscientifiques qui disent moi je les
00:07:34classerais plutôt comme ça, les différentes mémoires, puis les autres qui les classeraient
00:07:37autrement. Je vous propose un petit résumé en vidéo de une minute trente et qui comporte déjà
00:07:45une petite malice du cerveau telle que je vous en ai décrite quelques-unes.
00:07:49Comment les neurones communiquent-ils ? Pour le savoir, approchons-nous. Les informations,
00:07:57il les reçoit sous forme électrique sur cette arborescence très fournie, les dendrites, jusqu'au
00:08:03cœur de la cellule neuronale où elles seront traitées. Le neurone déclenche alors un nouveau
00:08:09signal électrique qui va se propager à près de 400 km heure le long d'un câble. Et que trouve-t-on
00:08:17au bout de ce câble ? Un fabuleux ensemble de connexions organiques qu'on appelle les synapses.
00:08:24Ce sont des points de contact entre deux neurones, de microscopiques espaces de communication grâce
00:08:32auxquels chaque neurone va pouvoir communiquer avec dix mille autres. Au total, on trouve plus
00:08:37d'un million de milliards de ces liaisons dans notre cerveau, autant que de grains de
00:08:42sable sur une plage qui ferait la taille de la France. Lorsque le signal électrique arrive à la
00:08:50synapse, il libère dans cet espace d'un millionième de millimètre des milliers de molécules chimiques,
00:08:57les neurotransmetteurs. Ils déclenchent à leur tour une cascade d'orages électriques qui se
00:09:03propage de neurones en neurones à travers les synapses. Et s'il nous a fallu 30 secondes pour
00:09:09décrire cette opération, en réalité elle n'aura duré qu'un dixième de milliseconde,
00:09:16mille fois moins qu'un battement de paupières. Et chaque jour de votre vie, lorsque vous vous
00:09:22coucherez, ce scénario se sera reproduit des milliards de fois. Voilà, en fait la malice
00:09:30c'est que je me suis trompé de diapo. C'est que ça, évidemment, c'était sur le mode de
00:09:37communication des neurones, c'est-à-dire que nous fonctionnons à l'électricité et à la chimie.
00:09:43Donc si on mettait un micro dans notre cerveau, et bien à chaque fois que vous faites pom-pom-pom-pom,
00:09:48et bien ça fait... Alors c'est pas très glamour, mais c'est la réalité. Alors quand on présente ça
00:09:55aux élèves, ils se disent, mais enfin si on fonctionne à l'électricité, à la chimie, quand on
00:10:01pense, comment ça se matérialise ? Et bien chaque pensée est un chemin de neurones dont l'analogie
00:10:11la plus proche est une guirlande sur un sapin de Noël qui s'éclairerait à chaque fois que l'on
00:10:19pense à la même chose. C'est le même chemin qui s'éclaire. Alors dans la nature, il y a un poisson
00:10:27que vous allez voir dans quelques instants, qui s'appelle le poisson zèbre, et qui a la bonne
00:10:32idée d'être à la naissance complètement transparent, y compris son cerveau. Donc vous allez pouvoir
00:10:39voir son cerveau. Et il n'a que 250 neurones, le pauvre, alors que nous nous en avons 100 milliards.
00:10:45Donc 250 neurones, c'est assez facile à visualiser pour les neuroscientifiques, qui ont mis quelques
00:10:52molécules phosphorescentes pour voir quel chemin neuronaux était emprunté quand le poisson zèbre
00:11:01pensait. Alors voilà, donc on ne sait pas encore à quoi il pense, mais on le voit déjà penser. Et
00:11:11évidemment, vous vous doutez bien que si c'est possible en 2017 pour les poissons, il y aura un
00:11:19jour où ce sera possible pour nous, avec tout ce que ça engendre comme débat éthique. Alors voici
00:11:24en tout cas notre ami le poisson zèbre.
00:11:41Voilà, vous avez vu, même à un moment ça s'est embrasé, donc il a dû reconnaître un ami, ou alors se
00:11:50rappeler de la bonne soirée qu'il avait faite la veille, on ne sait pas. Alors s'il n'y avait qu'une
00:11:55seule chose à retenir de ces 20 dernières années dans les avances en neurosciences, c'est ce qu'on
00:12:00appelle la plasticité cérébrale. C'est un truc de fou. C'est qu'à chaque stimulation, mais vraiment
00:12:08à chaque stimulation, quelqu'un qui vous parle, vous découvrez quelque chose, vous mangez un beignet
00:12:14au Nutella, je ne veux forcer personne, vous pouvez être sûr que vous avez des neurones qui se
00:12:23connectent, des neurones qui se déconnectent, c'est-à-dire une reconfiguration de l'architecture
00:12:28interne de votre cerveau. C'est-à-dire que nous n'avons pas le même cerveau aujourd'hui qu'hier soir,
00:12:34et que ce soir non plus. Et ça, donc, c'est ce qu'on appelle la plasticité cérébrale. Et quand les élèves
00:12:41sont au courant de ça, et que l'on peut voir par IRM, au bout de deux heures d'apprentissage, les traces
00:12:50laissées dans le cerveau, ça modifie considérablement les efforts qu'ils sont prêts à fournir. Parce que
00:13:00d'habitude, ils disent « Ouais, moi je veux bien progresser, mais enfin, s'il me faut trois ans, moi à mon âge,
00:13:04ça fait trois siècles. » Là, quand on leur dit déjà qu'au bout de deux heures, certes par IRM, mais quand même,
00:13:10au bout de deux heures, on voit des changements, et qu'ils n'ont pas le même cerveau de jour en jour,
00:13:16ils comprennent que quand on les stimule, ce n'est pas pour dans trois siècles. Ça peut arriver vite.
00:13:25Il faut juste y croire et le constater, après. Et puis la deuxième bonne nouvelle, c'est qu'il y a encore dix ans,
00:13:34on pensait qu'à partir de 25 ans, on était vieux, et qu'à partir de 25 ans, il n'y avait plus de plasticité cérébrale.
00:13:42Comme va nous le dire France Info, ce n'est pas vrai. On a découvert que jusqu'à notre mort, la plasticité cérébrale existait.
00:13:52Alors évidemment, si vous avez envie d'apprendre une langue étrangère ou le piano à 60 ans, 65 ans, ce sera plus difficile qu'à 13 ans.
00:14:03Mais ce sera toujours possible. Donc, message d'espoir pour tout le monde. Voici la petite vidéo qui va vous détailler les différents âges.
00:14:12Les scientifiques distinguent cinq âges, cinq phases dans le développement de notre cerveau.
00:14:21Le premier âge se déroule pendant la grossesse. Les premières cellules nerveuses, les fameux neurones,
00:14:26se forment donc très tôt, dès le 28e jour de grossesse, alors que l'embryon n'est pas plus gros qu'un grain de riz.
00:14:32Et ça démarre très fort. 3000 nouveaux neurones sont construits par seconde, si bien qu'au sixième mois,
00:14:3790 milliards de neurones se sont ainsi formés. Parallèlement, des connexions s'établissent entre ces neurones.
00:14:43Tout un réseau se construit. Alors, le deuxième âge de notre cerveau démarre à la naissance et se poursuit jusqu'à quel âge ?
00:14:49Jusqu'à 12 ans. Durant cette période, un nombre extraordinaire de connexions s'établit.
00:14:54Le cerveau est particulièrement malléable à l'apprentissage et aux effets de l'environnement.
00:14:58Le troisième âge s'étend de 12 à 25 ans. C'est celui du grand élagage.
00:15:04Le cerveau de l'adolescent sélectionne certaines connexions et en supprime d'autres.
00:15:08Les modifications du comportement que l'on connaît bien à cet âge correspondent justement à des modifications de connexions neuronales
00:15:15qui vont modeler considérablement les régions cérébrales impliquées dans le comportement social.
00:15:20Le quatrième âge du cerveau, c'est le plus long de tous. Entre 25 et 65 ans, l'organe de la pensée est à son fonctionnement maximal.
00:15:29Vous avez peut-être déjà entendu cette idée selon laquelle, à partir de 25 ans, notre cerveau perd des neurones.
00:15:33Un peu comme si l'entamait une lente dégénérescence. Eh bien c'est faux !
00:15:37Toute notre vie, notre cerveau établit de nouvelles connexions.
00:15:40Mieux, les scientifiques ont découvert que notre cerveau conserve au moins dans deux régions
00:15:44la capacité de produire de nouveaux neurones, tout neufs, qui peuvent venir réguler des circuits existants
00:15:50et permettre une amélioration de l'apprentissage et de la mémoire.
00:15:53Alors on arrive enfin au cinquième et dernier âge de notre cerveau. Là, c'est un petit peu moins optimiste peut-être ?
00:15:58Oui, à partir de 65 ans, parfois un petit peu plus tard, s'amorce un déclin progressif des capacités cognitives.
00:16:05Ce sont surtout les connexions qui sont altérées. A la fin de sa vie, le cerveau a perdu moins de 5% de ses neurones.
00:16:11Mais l'un des principaux messages du livre « Le cerveau » de Bernard Sablonière aux éditions Gavzevic,
00:16:16c'est que les neurones s'usent et meurent beaucoup plus vite si on ne s'en sert pas.
00:16:20Alors apprendre, méditer, agir, faire du sport sont les meilleurs moyens de garder des neurones vigoureux le plus longtemps possible.
00:16:35Voilà donc pour la partie neurones. J'arrive enfin à cette fameuse diapositive sur la classification des mémoires
00:16:43avec la première malice du jour.
00:16:47Donc évidemment, je ne vous en dis pas plus, mais je vous ai quand même aidé en disant qu'il y a une petite malice.
00:16:52En fait, il existe trois types de mémoires dans notre cerveau.
00:16:57Tout d'abord, il y a ce qu'on appelle la mémoire sensorielle.
00:17:01Cette mémoire est ultra courte, à peine une seconde.
00:17:04Si elle n'existait pas, nous serions par exemple incapables de voir un film au cinéma.
00:17:09Pourquoi ? Parce qu'il y a dans un film 25 images par seconde et que sans mémoire sensorielle,
00:17:15nous ne pourrions pas nous souvenir de l'image qui précède.
00:17:19C'est la mémoire de nos sens, ce que nous voyons, ce que nous entendons.
00:17:23La deuxième mémoire, c'est la mémoire de travail ou encore mémoire à court terme.
00:17:29Qu'il s'agisse de faire des calculs ou de mener une discussion, à chaque fois, vous utilisez votre mémoire à court terme.
00:17:36Ainsi, elle permet de vous rappeler des animaux que vous venez de voir.
00:17:41Seulement, êtes-vous capables de vous rappeler de la couleur de chaque animal ?
00:17:46L'éléphant, il était bleu ou vert ?
00:17:49Cette mémoire a une capacité limitée, à peine les dix chiffres d'un numéro de téléphone.
00:17:54Et elle ne garde les souvenirs que durant quelques secondes à quelques minutes.
00:17:59Juste ce qu'il faut pour retenir l'essentiel.
00:18:01Au-delà, s'il cesse de servir, les souvenirs s'effacent inéluctablement.
00:18:06Enfin, la troisième mémoire que nous possédons tous, c'est la mémoire à long terme.
00:18:12La capacité de cette troisième mémoire est infinie, à la différence de ce qui se passe pour les ordinateurs.
00:18:18Quel que soit l'âge, de nouvelles connexions peuvent se créer, en permanence, partout dans le cerveau.
00:18:25Petit sondage.
00:18:27Avant, évidemment, qu'on vous demande de regarder explicitement la couleur de l'éléphant,
00:18:35qui avait vu que l'éléphant était bleu ?
00:18:41On regarde en gros.
00:18:43Donc, 3, 6, 8, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24.
00:18:55OK.
00:18:56Donc, sur à peu près 200 personnes, je crois.
00:19:00Allez, un petit peu plus de 10%, c'est ce qu'on trouve partout en France.
00:19:04Ne vous inquiétez pas.
00:19:06Donc, comme je vous l'ai dit, ne vous inquiétez vraiment pas, c'est tout à fait normal.
00:19:11Parce que votre cerveau, de ceux qui n'ont pas remarqué que l'éléphant était bleu,
00:19:18eh bien, il a vu que l'éléphant était bleu.
00:19:21Mais il a dit, qu'est-ce que j'en ai à faire ?
00:19:24Eh bien, rien du tout.
00:19:27Et comme le cerveau, contrairement à ce qu'on croit, n'est pas à comparer à un ordinateur
00:19:34qui ne ferait qu'enregistrer des données et qu'on pourrait supprimer à condition que nous, nous le décidions.
00:19:41Non, non, non, non, c'est pas ça.
00:19:43Le cerveau est un gestionnaire de l'espace utile.
00:19:46C'est-à-dire que tout ce qui lui paraît utile, il garde.
00:19:50Tout ce qui lui paraît inutile, il ne le garde pas, il l'efface.
00:19:54Et vous avez vu en combien de temps ?
00:19:56On vous a posé la question, 3 secondes après, il n'y avait déjà plus rien.
00:20:01La mémoire de travail, il n'y a déjà plus rien.
00:20:04Alors ça a l'air de rien, mais nous quand on est prof, je m'inclue dedans, ne vous inquiétez pas.
00:20:11Nous quand on est prof, on blablate souvent avant de dire qu'on va faire une activité.
00:20:18C'est-à-dire, on dit blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla.
00:20:23Bon, les élèves ont l'air de nous écouter, tant mieux, on continue.
00:20:28Blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla.
00:20:33Ça va, tout le monde a compris ?
00:20:35Bon, on va faire une activité sur ce que je viens de dire.
00:20:38Et là, évidemment, grand silence, mais pas de la même sorte.
00:20:43Et il y a toujours quelqu'un qui dit, vous pouvez répéter ?
00:20:50Parce qu'en fait, alors nous évidemment, sur le coup, on dit, enfin, tu pouvais être attentif.
00:20:54Alors effectivement, il y a de l'inattention, mais il n'y a pas que ça.
00:20:57Parce que nous, on n'a pas dit que ça allait être utile dans cinq minutes.
00:21:01Donc on commence par blablater, blablabla, blablabla, blablabla.
00:21:04Et puis, il y a une partie du cerveau qui s'appelle la mémoire de travail,
00:21:07celle qui a traité les informations de l'éléphant,
00:21:10qui dit, mais son truc là, ça va servir dans deux minutes, dans deux jours, au prochain contrôle.
00:21:17D'où la fameuse question, ce sera au contrôle ?
00:21:21Non, parce que si ce n'est pas au contrôle...
00:21:28Et c'est ça, justement, ce qui est fascinant dans l'apport des neurosciences,
00:21:34c'est qu'il y a plein de situations quotidiennes.
00:21:37On se dit, mais bon Dieu, bien sûr, maintenant je comprends mieux pourquoi.
00:21:42Et donc, lors de la première partie du blabla, le cerveau des élèves se dit,
00:21:46enfin, la plupart des élèves se disent, j'ai pas d'indice sur le moment de l'utilité.
00:21:53Dans l'absence d'indice, hop, on efface.
00:21:57Alors nous, en candide, on continue, on parle, blablabla, il nous écoute, tant mieux.
00:22:02Et eux, ils continuent d'effacer, on efface, on efface, on efface.
00:22:07Et à la fin, allez, on va faire une activité sur ce que je viens de dire.
00:22:10Ah ouais, mais nous, on a tout effacé.
00:22:12Vous pouvez répéter.
00:22:15Sauf que maintenant, donc, ils savent que ça va servir dans cinq minutes.
00:22:20D'où l'idée, c'est tout bête, mais une fois qu'on sait ça,
00:22:24eh bien, il suffit d'inverser les étapes en disant,
00:22:26dans dix minutes, on va faire un exercice pour montrer que trois points sont alignés.
00:22:34Et pour cela, vous aurez absolument besoin de mémoriser ce que je vais vous présenter maintenant.
00:22:41En fait, c'est ce que quelques collègues me disent, en fait, c'est l'effet d'annonce.
00:22:45Oui, si vous voulez.
00:22:46C'est un effet d'annonce, mais qui n'est pas un effet d'annonce en début de cours.
00:22:49C'est un effet d'annonce à chaque fois qu'on s'exprime.
00:22:52Pourquoi je suis en train de vous parler ?
00:22:54Eh bien, je vous le dis avant.
00:22:58Tout le monde a compris ?
00:23:08Alors, voici la dernière diapositive, on va dire neuroscientifique.
00:23:19C'est la plus compliquée.
00:23:21Donc, si vous la pigez, vous pigerez tout le reste.
00:23:26Ça motive les troupes, ou alors ça met une pression, ça dépend.
00:23:33Alors, vous avez entendu le classement dans la petite vidéo.
00:23:40Mémoire sensorielle.
00:23:42Les neuroscientifiques, ce qu'ils appellent des mémoires, ce sont simplement des réseaux de neurones.
00:23:46Dès qu'il y a un réseau de neurones qui est dédié à quelque chose, hop, pour eux, c'est une mémoire.
00:23:51Donc, nous, on appellerait ça les cinq sens.
00:23:54Eux, ils appelleraient ça, ou les six sens, pour le sens de l'équilibre, si vous voulez.
00:23:58Et eux, ils appelleraient ça, donc, la mémoire sensorielle.
00:24:01On ne va pas se battre.
00:24:03Alors, par exemple, supposons que vous avez cinq ans et qu'il y a quelqu'un qui est habillé en Père Noël
00:24:10et qui vous dit « Joyeux Noël, mon enfant ! »
00:24:12Bon, ce sont des informations du présent qui sont transmises à la fameuse mémoire de travail.
00:24:22Vous savez, celle qui dit « Qu'est-ce que je fais de ton truc là ? Je l'efface ou pas ? C'est utile, pas utile ? »
00:24:27Bon, elle reçoit ces informations.
00:24:29Et au même moment, votre cerveau dit « Mais attends, Noël, je sais des trucs sur Noël, moi aussi, je t'envoie des informations.
00:24:36Noël, c'est le jour où on peut manger de la dinde, souvent, c'est le 25 décembre, je crois.
00:24:43Et puis, souvent, on n'arrête pas de nous sortir une bûche, quoi.
00:24:47Et puis, j'ose pas dire à ma mère que, bon, ce serait bien si on pouvait changer, etc., etc.
00:24:53Hop, allez, je t'envoie tout ça, mémoire de travail.
00:24:56La mémoire de travail, donc, qui est l'ancienne mémoire à court terme, et on l'a débaptisée, justement,
00:25:01pour que le public puisse mieux comprendre que ça va travailler les informations, c'est-à-dire que ça va les bidouiller.
00:25:07Alors, parfois, ça va simplement les effacer, mais la priorité de la mémoire de travail, c'est de combiner les deux,
00:25:15en disant « Je reçois des informations nouvelles du présent, mais j'ai déjà vécu,
00:25:23donc je vais les comparer avec le passé. »
00:25:27Pour essayer de voir si c'est pareil, et pour pouvoir combiner,
00:25:33ça, c'est une donnée récurrente dans le fonctionnement du cerveau,
00:25:37il veut accrocher quelque chose de nouveau à quelque chose de connu.
00:25:41Alors, supposons que, par exemple, il accroche le Père Noël avec la dinde.
00:25:48Eh bien, ça va lui donner pour penser « Oh, ce Père Noël va me faire une dinde rôtie ce soir. »
00:25:55Et hop ! Cette pensée va dans la mémoire à long terme.
00:26:00Ça ne signifie pas qu'elle va y rester très longtemps,
00:26:03parce qu'il suffit, juste dans les 2-3 secondes après d'entendre le Père Noël continuer à parler
00:26:10et de percevoir que c'est celui de votre tante Huguette,
00:26:15pour dire « Ah, j'ai des informations nouvelles là.
00:26:18Il y a une tante Huguette qui devrait se cacher, ou je ne comprends rien à ce Père Noël.
00:26:23Est-ce qu'il va me faire vraiment une dinde rôtie ? »
00:26:26Sachant que tante Huguette est végétarienne, elle ne peut déjà pas avoir une souris morte.
00:26:30Alors, une dinde, je ne suis pas sûr.
00:26:34Donc, je déduis que c'est tante Huguette qui est là,
00:26:40ou alors que c'est le Père Noël qui fait une imitation de tante Huguette.
00:26:47C'est possible.
00:26:50C'est la version 2.0 de votre pensée.
00:26:54Et tant qu'on va vous en parler, le cerveau va sortir ce qu'il sait,
00:27:00ou ce qu'il s'est fait comme conception, et il va affiner, affiner, affiner, affiner.
00:27:08Alors, c'est comme ça qu'il va mémoriser petit à petit un souvenir.
00:27:14Alors, il y a une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle,
00:27:19ou si vous voulez, une nouvelle croustillante.
00:27:22Alors, je sais que vous attendez la deuxième.
00:27:25Donc, je vais commencer par la première.
00:27:27La première, c'est une bonne nouvelle scolaire.
00:27:30C'est que parmi les sous-catégories de la mémoire à long terme,
00:27:34il y a ce qu'on appelle la mémoire sémantique,
00:27:36c'est-à-dire les connaissances scolaires Paris et la capitale de la France.
00:27:40C'est objectif, ça dépend pas de vous, c'est comme ça.
00:27:44Les études neuroscientifiques montrent que quand le professeur dit
00:27:49« Quelle est la capitale de la France, cher enfant ? »
00:27:52et que l'enfant dit Paris, il y a approbation,
00:27:58donc il y a renforcement des connexions neuronales
00:28:03qui codent Paris et la capitale de la France.
00:28:06En d'autres termes, plus on rabâche, nous, en tant que prof,
00:28:11et plus on permet au cerveau de l'élève
00:28:14de consolider les bonnes connexions neuronales.
00:28:19Je dis ça parce que souvent, on se sent un peu coupable.
00:28:22On se dit « Mon Dieu, qu'est-ce que je radote ? »
00:28:24Déjà à mon âge, souvent, il y a les élèves qui nous disent
00:28:28« Oui, mais enfin, vous l'avez déjà dit. »
00:28:30« Oui, mais je le redis. »
00:28:32Et maintenant, on peut se dire « Tu sais pourquoi je le redis ? »
00:28:40« C'est à cause des connexions neuronales,
00:28:42parce que je te les consolide, comme ça. »
00:28:45« Ah, mon Dieu ! »
00:28:50« Dit comme ça, je ne vais même pas en récré. »
00:28:56Donc ça, c'est la bonne nouvelle.
00:28:59C'est qu'effectivement, plus on est exposé à la situation,
00:29:03et plus les connexions neuronales vont devenir épaisses,
00:29:08solides, et l'influx nerveux va se déplacer très rapidement.
00:29:13C'est déjà du 400 km heure en moyenne,
00:29:16et ça peut aller faire des pointes encore plus haut.
00:29:20Vous avez la mémoire procédurale.
00:29:23Là, je vais juste en dire un mot.
00:29:25C'est tout ce qui est mémoire des automatismes,
00:29:27des gestes automatiques.
00:29:29Alors, le coup classique que l'on vous donne,
00:29:33pour exemple, c'est « Je sais faire du vélo. »
00:29:36Je saurais toujours en faire.
00:29:38Par contre, pour vous expliquer comment faire du vélo,
00:29:41ça, c'est très difficile.
00:29:43Mais ce n'est pas forcément un geste physique.
00:29:46Ça peut être « Je sais calculer. »
00:29:48« Je sais résoudre une équation du premier degré. »
00:29:50Maintenant, c'est évident.
00:29:52Et puis, il y a la mémoire épisodique.
00:29:54Alors, c'est là où il y a des choses qui vont se passer.
00:29:57La mémoire épisodique, c'est la sous-catégorie de la mémoire à long terme
00:30:01la plus fragile.
00:30:03C'est la mémoire de tout ce qu'on a vécu.
00:30:07Alors, quand, par exemple, vous vous rappelez d'un souvenir de vacances,
00:30:15par exemple, dans un pays chaud, en Italie, en Tunisie,
00:30:20et vous dites, en présence de votre conjoint ou conjointe,
00:30:25« Ah, c'était super ! »
00:30:28Vous dites à un groupe d'amis,
00:30:30« Tous les soirs, j'avais les manches courtes jusqu'à 3 heures du matin
00:30:35quand on se baladait. »
00:30:36Mais vraiment, un truc de dingue, quoi !
00:30:39À ce moment-là, vous avez votre conjoint,
00:30:42À ce moment-là, vous avez votre conjoint, conjointe qui dit,
00:30:45« Ouais, tu dis ça, mais en fait, le premier jour, t'avais quand même mis un pull. »
00:30:50Vous, vous vous en rappelez pas ?
00:30:57Mais comme c'est votre conjoint, conjointe,
00:31:00vous avez tendance à le croire, ou à la croire.
00:31:05Alors, vous dites, « Bon, bah, OK.
00:31:09Alors, ce que je viens de dire, c'est que j'avais chaud tout le temps.
00:31:13On vient de me dire que pas le premier soir.
00:31:18Donc, je fais ma version 2.0 de mon souvenir
00:31:22qui va être la prochaine fois qu'il y aura une soirée.
00:31:25C'était super en Tunisie et tout.
00:31:28Il faisait chaud jusqu'à 3 heures, mais contrairement à ce qu'on dit,
00:31:31parfois, il fait froid.
00:31:34Et ça, je sais, parce que le premier jour, j'ai mis un pull.
00:31:39Alors, vous allez me dire, « Oui, mais où est le problème ?
00:31:42Votre conjoint, conjointe n'a fait qu'enrichir votre souvenir. »
00:31:45Oui, à condition qu'il ou elle ne se trompe pas.
00:31:49Parce que peut-être qu'il ou elle n'en a pas, ce souvenir, qu'elle confond.
00:31:57Et avec quoi ou avec qui peut-elle confondre ?
00:32:03C'est ça qui est intéressant.
00:32:08Elle peut confondre avec vos vacances à Stockholm,
00:32:10mais elle peut confondre avec son ex,
00:32:15qu'il ou elle n'arrive pas à oublier,
00:32:18et qui lui ou elle avait effectivement un pull.
00:32:23Ce qui fait donc que nous tous,
00:32:29on se balade avec des souvenirs
00:32:32qui ont tous une part de faux.
00:32:35Mais on ne peut pas savoir quel est le pourcentage de faux.
00:32:42Et c'est ce qui donne ces fameuses réunions entre amis d'enfance.
00:32:45On dit, « Ah, tu te souviens quand on est allé à Paris ? »
00:32:49Mais non, ce n'était pas Paris.
00:32:52Enfin, en tout cas, il y avait Julie.
00:32:54Mais non, etc.
00:32:57Et c'est ça qui est à la fois fascinant et troublant.
00:33:01En tout cas, source d'humilité.
00:33:04C'est de se dire, « OK, autant que je m'en souvienne,
00:33:07autant que ce soit vrai,
00:33:10voilà ce que je peux vous dire de mon passé. »
00:33:14Voilà donc la fin de la partie neuroscientifique pure.
00:33:18Voyons ce qui peut se comprendre directement
00:33:23de ce que je viens de dire,
00:33:25comme conséquences dans la classe.
00:33:28Alors, puisque la mémoire de travail
00:33:31efface ce qui lui semble inutile,
00:33:34comme je vous l'ai dit,
00:33:36l'idée, c'est de dire à l'avance ce qu'on va faire dans cinq minutes
00:33:40et de dire, attention, il faut maintenant mémoriser.
00:33:45Pourquoi faut-il mémoriser ?
00:33:48Eh bien, parce que depuis des années,
00:33:51on a reçu pour culture pédagogique
00:33:54que dès que l'élève avait compris,
00:33:56c'était fini.
00:33:58D'où notre fameuse phrase,
00:34:00« Ça va, tout le monde a compris ? Je passe à la suite. »
00:34:03Par exemple, je ne vais pas le faire, ne vous inquiétez pas,
00:34:06si je vous cite, là c'est en anglais, mais même en français,
00:34:09si je vous cite les 35 noms de fruits,
00:34:12il n'y a pas grand-chose à comprendre dans un nom de fruit.
00:34:16Par contre, si je vous demande après de les répéter,
00:34:19sans stratégie, vous n'y arriverez pas,
00:34:22parce qu'il y en a beaucoup trop.
00:34:24Donc en fait, quand on dit « Ça va, tout le monde a compris ? »
00:34:28Eh bien, au lieu de passer directement à l'activité suivante,
00:34:31l'idée c'est de dire,
00:34:33eh bien on va faire quand même une petite pause
00:34:36qu'on va appeler « instant de mémorisation ».
00:34:39Alors, comment faire cet instant de mémorisation ?
00:34:42Eh bien, figurez-vous que l'une des méthodes,
00:34:44c'est ce qu'on fait tous les jours.
00:34:46C'est-à-dire, tout le monde a compris ?
00:34:48Eh bien, Julien, au lieu de parler,
00:34:50tu peux me faire le résumé de ce que je viens de dire ?
00:34:53Julie, si au lieu du discriminant égal à 10,
00:34:59j'obtiens moins 10,
00:35:01est-ce que la conclusion est la même que celle de Julien ?
00:35:05Etc., etc.
00:35:07Bref, dès que vous réexposez le cerveau des élèves à la situation,
00:35:13vous vous retrouvez dans le cas du Père Noël.
00:35:17C'est-à-dire, vous lui faites ressortir ce qu'il pense.
00:35:21Quand je dis « il », c'est générique, c'est l'élève.
00:35:23Ce que l'élève pense de la situation,
00:35:26et hop, vous enrichissez, et hop, vous affinez,
00:35:30et hop, etc., etc.
00:35:32Et c'est ça qui crée les connexions neuronales
00:35:37de plus en plus solides.
00:35:40Donc, on le fait tous, déjà.
00:35:43Et comme vous le savez, l'essentiel,
00:35:45c'est que le feedback soit immédiat,
00:35:49le plus possible.
00:35:52Alors, peut-être que certains connaissent cette petite technique
00:35:56que je vais vous présenter via une petite vidéo,
00:35:58qui s'appelle les « Pickers ».
00:36:01Absolument.
00:36:03Alors, les élèves en sont vraiment fous,
00:36:05parce que du coup, ils disent
00:36:07« Waouh, le prof, il est encore plus moderne que nous ! »
00:36:10Respect.
00:36:13Donc, comme vous le voyez,
00:36:15si vous allez sur le site Pickers.com,
00:36:20alors c'est Pickers,
00:36:22P-L-I-C-K-E-R-S.
00:36:36Je garderai ça au montage.
00:36:40Ça fera un bêtisier.
00:36:46Non, mais être prof, c'est un métier de dingue.
00:36:54Pourtant, j'aime bien Nantes.
00:36:57Mais ça n'a pas suffi.
00:37:02Bien.
00:37:04Bon.
00:37:06Alors.
00:37:08Donc, P-L-I...
00:37:10Je crois que j'en étais à S.
00:37:12C'est ça ?
00:37:14P-L-I-C-K-E-R-S.
00:37:19Alors, tout est gratuit.
00:37:22Tant mieux.
00:37:24Application pour smartphone.
00:37:26Vous allez voir pourquoi.
00:37:28QR code.
00:37:3040 QR code.
00:37:3240 QR code différents.
00:37:35Un par élève.
00:37:37Et puisqu'il y a 4 manières de présenter le carré,
00:37:45vous avez 4 QR code différents.
00:37:48C'est-à-dire 4 réponses possibles
00:37:52aux questions qui pourraient s'appeler A, B, C, D.
00:37:57Et comme vous pouvez le remarquer,
00:38:00ici, c'est la réponse D qui est proposée par l'élève
00:38:04parce que le D est en haut
00:38:06et c'est le seul qui soit écrit à l'endroit.
00:38:11En même temps que le numéro 3
00:38:13qui est attribué au troisième élève
00:38:16de la liste alphabétique de la classe.
00:38:19C'est vraiment tout bête.
00:38:21Voilà.
00:38:23Vous pouvez tirer ça sur imprimante,
00:38:25les plastifier.
00:38:26Tout ça, c'est gratuit.
00:38:28Sur le site Plickers.com,
00:38:31on vous envoie une application de smartphone gratuitement.
00:38:35Et voilà ce que ça donne.
00:38:38Alors, c'est pas sous-titré.
00:38:40C'est en anglais,
00:38:42mais vous verrez, c'est à l'école primaire.
00:38:46Ça se comprend fort bien.
00:38:58Divisez par 4, c'est...
00:39:03Écrivez-le sur votre bord blanc.
00:39:04Souvenez-vous, nous faisons pendant.
00:39:06Parenthèses, multiplication, division,
00:39:10ajout, subtraction.
00:39:29Donc là, la prof flash tous les QR codes
00:39:33avec son smartphone.
00:39:35Et elle affiche les résultats.
00:39:41Alors, soit de manière anonyme,
00:39:43comme elle le fait,
00:39:44genre qui veut gagner des millions,
00:39:46soit nominativement,
00:39:47en disant, Julien, tu as répondu
00:39:53faux, est-ce que tu peux nous expliquer comment t'as raisonné ?
00:39:56Comme ça, on verra où est le problème.
00:39:58Julie, t'as répondu juste,
00:39:59est-ce que tu peux nous expliquer comment t'as raisonné ?
00:40:02Etc., etc.
00:40:03Les élèves adorent ça.
00:40:05Feedback immédiat.
00:40:07Ça peut être noté ou pas noté.
00:40:10Alors, quand je dis ça peut être noté,
00:40:12ça fait un petit peu rire les collègues
00:40:16qui ne les utilisent pas.
00:40:19Mais en se disant, à mon avis, je vais les utiliser,
00:40:21puisque si vous êtes, par exemple, dans un établissement
00:40:24où vous avez le nombre de notes
00:40:26qui apparaît sur écran,
00:40:31et que vous voyez le prof de philo a une note ce trimestre,
00:40:34etc., vous avez une note,
00:40:36et tout à coup, vous avez prof de maths 28.
00:40:43Là aussi, ça engendre un certain respect.
00:40:46Alors qu'en fait, à chaque fois, ça a duré deux minutes.
00:40:50Mais, évalué 28 fois.
00:40:53Et donc, les élèves adorent,
00:40:56et les neurosciences confirment,
00:40:58c'est comme un jeu vidéo.
00:41:00Quand vous jouez pour la première fois à un jeu vidéo
00:41:04et que vous vous faites manger par un lion,
00:41:06alors vous n'étiez pas au courant qu'il y avait un lion,
00:41:08eh bien, un lion, c'est un lion,
00:41:10c'est un lion, c'est un lion,
00:41:12alors vous n'étiez pas au courant qu'il y avait un lion,
00:41:14vous n'attendez pas une semaine
00:41:17avant de rejouer une deuxième partie.
00:41:20Vous y allez tout de suite.
00:41:22Alors que nous, évidemment,
00:41:24quand on a un gros paquet de copies,
00:41:26excuse-moi, mais je ne vais pas te le rendre tout de suite.
00:41:29Et donc, on sait très bien qu'une semaine après,
00:41:32le cerveau a du mal à faire le lien
00:41:34entre la question posée et la correction.
00:41:36Alors que là, ce n'est pas le cas.
00:41:38Donc, en fait, ce sont des instants de mémorisation
00:41:41parce que, est-ce que tout le monde a compris ?
00:41:43Comprendre, ce n'est pas pareil que mémoriser.
00:41:46Et en fait, ça ne détruit rien de nos pratiques de cours
00:41:51puisque c'est simplement une pause que l'on fait.
00:41:56Alors, c'est justement ce que je vais vous montrer,
00:42:00c'est que toutes les astuces, conseils qu'on donne,
00:42:03que ce soit aux profs ou aux élèves,
00:42:05ne déconstruisent rien.
00:42:07Vous ressortirez en disant,
00:42:09finalement, c'est exactement ce que je fais.
00:42:12Mais ça va vous booster en disant,
00:42:15je vais y aller, dans deux semaines.
00:42:20Alors, la revue Science, en 2011,
00:42:26s'est penchée sur la meilleure des méthodes
00:42:30en termes d'efficacité, rentabilité,
00:42:33entre quatre groupes d'étudiants
00:42:38qui correspondent à quatre manières d'évaluer classique
00:42:44parmi nous, dans les sciences de l'éducation.
00:42:47Alors, je vais laisser le neuroscientifique Lionel Nakache,
00:42:52qui est très sympathique,
00:42:54vous expliquer quels étaient les différents groupes,
00:42:59comment on les a fait travailler différemment
00:43:02sur un même document,
00:43:06on a fait une évaluation une semaine plus tard,
00:43:09et qui a eu les meilleurs résultats parmi les quatre groupes.
00:43:14Alors, faites vos jeux.
00:43:18On fait lire un texte à des individus, des étudiants,
00:43:23il y a un groupe 1 qui fait que ça,
00:43:25il a lu le texte une fois, et puis c'est tout.
00:43:27Il n'est plus réexposé au texte, on ne lui demande rien d'autre,
00:43:30et puis une semaine plus tard, on va faire une interro,
00:43:32sur le texte, pour voir ce que les gens ont gardé,
00:43:34ont compris, ont mémorisé, etc.
00:43:36Le deuxième groupe, on les fait bûcher.
00:43:40Donc, en fait, ils ont lu le premier texte une première fois,
00:43:42ils ont quatre expositions supplémentaires sur le texte,
00:43:45pour vraiment travailler.
00:43:46Et puis, le troisième groupe,
00:43:49c'est une approche plus contemporaine de pédagogie,
00:43:52qui se qualifie elle-même de constructiviste,
00:43:54qui cherche à dépasser le stade du bachotage,
00:43:57et qui paraît extrêmement nourrie de très bonnes intentions.
00:44:06Donc là, en fait, ce qu'on dit aux étudiants,
00:44:08c'est que ce texte est très important,
00:44:09c'est ce qu'on vous demande de mémoriser,
00:44:11mais ce que vous allez faire pendant le temps
00:44:12qu'on vous donne la préparation,
00:44:14vous avez le texte sous les yeux,
00:44:16et puis vous allez essayer de le transformer en diagramme,
00:44:18un peu sémantique, vous voyez, vous faites des ronds,
00:44:20des flèches entre les personnages, le scénario, l'évolution,
00:44:22pour sémantiser, pour vous approprier vraiment
00:44:25le cœur de ce texte, en fait, pour en faire votre chose,
00:44:28pour arriver à l'inscrire dans le sens que vous arrivez à en dégager.
00:44:31Et puis, le quatrième groupe, évidemment,
00:44:33on arrive au dernier groupe,
00:44:34le quatrième groupe, ils ont eu le texte,
00:44:37immédiatement, on leur colle une interro,
00:44:39donc on les interroge,
00:44:41et puis ils essayent de faire ce qu'ils peuvent,
00:44:43et puis on leur rend le texte,
00:44:44et puis on les interroge,
00:44:45quatre interros de suite, voilà.
00:44:46Et la question, c'est, une semaine plus tard,
00:44:48on teste tout le monde,
00:44:49qui va avoir les meilleures performances.
00:44:51Alors, vous l'aurez compris par la manière
00:44:52de laquelle j'ai présenté ces groupes,
00:44:54en fait, le résultat,
00:44:55et c'est pour ça que c'est dans Science,
00:44:56sinon ça n'aurait pas été publié dans cette revue,
00:44:58c'est qu'en fait, de très loin,
00:45:00le groupe qui obtient les meilleures performances,
00:45:02c'est le groupe qu'on a soumis
00:45:04à quatre interros de suite, en réalité.
00:45:06Alors, je ne dis pas ça par rapport
00:45:08au projet de suppression des notes, etc.
00:45:10Mais, le deuxième point,
00:45:12qui est peut-être plus intéressant,
00:45:13c'est pourquoi c'est comme ça ?
00:45:15Ce n'est pas magique.
00:45:16Pourquoi ça se passe comme ça ?
00:45:18Et c'est là qu'on arrive, je pense,
00:45:19à quelque chose d'intéressant,
00:45:20c'est que nous véhiculons, aujourd'hui,
00:45:22souvent une image dans l'apprentissage
00:45:24de comparaison du cerveau humain
00:45:26à un ordinateur, un petit peu.
00:45:27Et donc, avec l'idée que, par exemple,
00:45:29si vous avez un support d'information, un texte,
00:45:31eh bien, ça serait comme un transfert
00:45:32d'une clé USB dans une mémoire vive
00:45:34ou une mémoire morte,
00:45:36et qu'en réalité, si on vous interroge,
00:45:38eh bien, la seule chose que vous pouvez faire,
00:45:40c'est sonder ce que vous avez.
00:45:41Donc, ça paraît stupide,
00:45:42parce que soit vous l'avez et vous le donnez,
00:45:43soit vous ne l'avez pas.
00:45:44Et si vous ne l'avez pas,
00:45:45vous ne pouvez pas faire grand-chose d'autre.
00:45:46Eh bien, ce que nous montre une telle étude,
00:45:48c'est que ce n'est pas comme ça dans le cerveau.
00:45:49C'est qu'en fait, chaque souvenir,
00:45:51donc chaque situation où on va vous interroger
00:45:53et vous allez chercher à récupérer un souvenir,
00:45:55en fait, l'expression
00:45:56« récupération d'un souvenir en mémoire »
00:45:58n'est pas tout à fait correcte.
00:46:00Un souvenir, c'est une création, en réalité.
00:46:03Donc, chaque fois que vous vous souvenez
00:46:04de quelque chose,
00:46:05c'est un processus actif,
00:46:07alors qu'il ne part pas de rien,
00:46:08il y a un support,
00:46:09mais il y a un processus extrêmement actif
00:46:11du sujet qui va reconstruire un souvenir.
00:46:14Ce qui fait, d'ailleurs, qu'un souvenir est vivant.
00:46:16C'est jamais le même.
00:46:17Ce n'est pas deux fois le même.
00:46:18D'où la question aussi des faux souvenirs,
00:46:20des modifications mésiques, etc.
00:46:22Il y a des phénomènes de reconsolidation du souvenir.
00:46:24C'est quand vous réévoquez un souvenir déjà connu,
00:46:27eh bien, ce souvenir devient plus souple.
00:46:29Vous pouvez totalement le modifier,
00:46:30le rendre plus plastique
00:46:31et le reconsolider encore.
00:46:33Voilà.
00:46:34Alors, outre le fait qu'il vous confirme
00:46:36la modification des souvenirs,
00:46:40l'étude montre que
00:46:42c'est quand on réexpose souvent
00:46:45l'élève à une situation
00:46:48qu'il arrive non seulement à mémoriser,
00:46:51mais aussi à inférer.
00:46:54Il ne s'étend pas trop là-dessus dans l'extrait,
00:46:57mais inférer est très important.
00:46:59Alors, ne vous inquiétez pas pour les copies.
00:47:03C'est un neuroscientifique.
00:47:05Lui, quand il dit
00:47:06« on leur colle une interro »,
00:47:08c'est « on l'interroge ».
00:47:11Donc, c'est plus court.
00:47:13Ne vous inquiétez pas.
00:47:14En fait, on ne lâche pas le morceau.
00:47:16On ne le lâche pas, quoi.
00:47:18On lui pose une question, ok.
00:47:20On pose une deuxième question,
00:47:21on pose une troisième question,
00:47:23et une quatrième.
00:47:27Donc ça,
00:47:29c'est une première chose
00:47:30qui ne plaît pas aux élèves,
00:47:31mais qui donne effectivement
00:47:32de très bons résultats.
00:47:34Alors, la deuxième chose
00:47:35qui ne plaît pas aux élèves,
00:47:36mais quand on leur présente,
00:47:37ils sont bien obligés de l'accepter,
00:47:39c'est « pourquoi est-ce que
00:47:40je dois faire mes exercices ? »
00:47:42J'ai compris.
00:47:44Donc, je n'ai pas besoin.
00:47:46Eh bien, parce qu'il n'y a pas
00:47:47que la mémoire de travail qui efface.
00:47:49Il y a aussi la mémoire à long terme.
00:47:51Et là, l'analogie qui est souvent donnée,
00:47:52c'est celle d'un sentier de randonnée.
00:47:55Plus il y a de randonneurs
00:47:56qui sont passés dessus,
00:47:58plus le sentier se creuse,
00:48:00devient solide,
00:48:01et ce n'est pas parce que
00:48:04vous ne l'aurez pas emprunté
00:48:05pendant une semaine
00:48:06qu'il va disparaître.
00:48:07Par contre,
00:48:08si c'est seulement la première fois
00:48:11que vous apprenez quelque chose,
00:48:14en maths par exemple,
00:48:16et que vous ne faites pas
00:48:17vos exercices derrière,
00:48:19eh bien, votre cerveau d'élève
00:48:23qui s'est dit « ça y est,
00:48:25j'ai pigé des trucs,
00:48:27donc je vais connecter
00:48:29ces neurones ensemble »,
00:48:31il voit au fil des heures,
00:48:33au fil des jours,
00:48:34que vous ne vous en servez pas
00:48:36en tant qu'élève.
00:48:37Il se dit « excuse-moi,
00:48:39mais ce que j'avais cru être utile,
00:48:41apparemment ce n'est pas utile,
00:48:43donc je le décroche ».
00:48:45Et d'où les élèves
00:48:46qui ne font pas leurs exos,
00:48:48la grande majorité,
00:48:49ils ne comprennent rien
00:48:51quand on leur repropose
00:48:53les exercices ou le devoir,
00:48:55parce qu'ils se disent
00:48:57« comprendre, ça suffit ».
00:49:00Ben non,
00:49:01si tu comprends,
00:49:02mais que tu ne mémorises pas,
00:49:04eh bien voilà ce qui arrive.
00:49:06Pour les collègues
00:49:07qui connaissent un petit peu
00:49:08les phénomènes en SVT,
00:49:09ça s'appelle des dendrites,
00:49:10c'est-à-dire les prolongements
00:49:12de neurones pour s'accrocher
00:49:14à d'autres neurones,
00:49:15eh bien hop, ça se rétrécit.
00:49:17Donc il faut faire ces exercices
00:49:20parce que la mémoire,
00:49:21à long terme,
00:49:22efface aussi.
00:49:24Et quand on leur dit ça,
00:49:25les élèves,
00:49:26ils restent assez circonspects
00:49:27jusqu'à ce qu'on leur montre
00:49:29ce petit extrait de film
00:49:31que vous avez peut-être été voir
00:49:33il y a deux ans,
00:49:35qui s'appelait « vice versa ».
00:49:38Et pour vous mettre quand même
00:49:39un peu dans l'ambiance
00:49:40pour que vous vous disiez
00:49:41« mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? »
00:49:42avant que vous vous disiez
00:49:43« qu'est-ce que c'est que ce truc ? »
00:49:44tout le scénario est basé
00:49:47sur les émotions
00:49:49que peut ressentir
00:49:51une fillette de 11 ans.
00:49:53Donc les cinq personnages
00:49:55que vous voyez tout au long du film
00:49:56sont dans son cerveau
00:49:58et c'est la joie,
00:50:00alors vous avez la peur,
00:50:05la colère,
00:50:07la tristesse
00:50:08et le dégoût.
00:50:10Exact.
00:50:11Voilà, ce sont les cinq.
00:50:13Et donc là, la joie est en train
00:50:15de se balader dans la mémoire
00:50:17à long terme.
00:50:19Alors pour que ce soit joli à l'écran,
00:50:20la mémoire à long terme,
00:50:21ils ont fait ça sous la forme
00:50:23d'une bête bibliothèque et tout ça,
00:50:25alors que c'est la pagaille
00:50:27la plus totale dans notre cerveau.
00:50:28Ça ressemble plus
00:50:30au réseau autoroutier
00:50:32de San Francisco ou de Mexico.
00:50:34Une connexion neuronale
00:50:36qui passe sous une autre,
00:50:37qui en croise deux ou trois,
00:50:39c'est la pagaille.
00:50:41Au moins.
00:50:43Et donc,
00:50:45ce personnage va rencontrer
00:50:47une équipe de maintenance
00:50:49qui est chargée
00:50:51d'éliminer les souvenirs
00:50:53qui ne servent plus.
00:51:05Excusez-moi, j'ai perdu.
00:51:06On oublie.
00:51:08Nous cherchons l'île de l'amitié.
00:51:10Quatre ans de leçons de piano.
00:51:11Ouais, c'est déjà presque effacé.
00:51:13On garde la lettre à Elise
00:51:14et au clair de la lune
00:51:15et vire le reste.
00:51:16Attendez, vous...
00:51:17Et pour les présidents américains ?
00:51:18On garde Washington, Lincoln
00:51:19et le dernier.
00:51:20On oublie.
00:51:21On pouvait pas faire ça.
00:51:22Ses souvenirs sont en parfait état.
00:51:23Ah ouais, les prénoms
00:51:24de toutes les poupées,
00:51:25Princesse Poney.
00:51:26Oui, ce sont des informations essentielles.
00:51:27Poney guimauve,
00:51:28Poney sucre d'ange,
00:51:29Poney caramel.
00:51:30On oublie.
00:51:34Eh, remettez-les en place.
00:51:35Trop tard.
00:51:36On peut pas récupérer
00:51:37ce qui est passé aux oubliettes.
00:51:38Écoute, petite,
00:51:39on connaît notre boulot.
00:51:40Quand Riley néglige un souvenir,
00:51:41il s'efface.
00:51:42Il s'efface ?
00:51:43Ça arrive même au meilleur.
00:51:44Absolument.
00:51:48Alors, à titre personnel,
00:51:50ce que j'affiche dans les classes
00:51:53où je vais,
00:51:54c'est ce que vous allez voir,
00:51:56les deux diapos,
00:51:58que j'appelle stratégie Homer Simpson
00:52:02et stratégie Indiana Jones.
00:52:04Alors, même si Indiana Jones
00:52:05est un peu vieux pour eux,
00:52:07ils comprennent.
00:52:09Et c'est adressé donc
00:52:11à tous les élèves
00:52:13qui ne font pas leurs exercices en classe
00:52:15et qui se contentent
00:52:16de prendre la correction à la fin.
00:52:19Et donc, l'idée,
00:52:20c'est de leur dire,
00:52:21tu tires une balle dans le pied, Coco.
00:52:23Et je vais te l'expliquer,
00:52:25mais neuroscientifiquement.
00:52:27Alors, première étape.
00:52:30Pendant l'heure,
00:52:32je ne fais pas les exercices.
00:52:34Évidemment, je fais semblant.
00:52:36Enfin, vous connaissez le principe.
00:52:38Qu'est-ce qui se passe
00:52:39pendant ce temps dans le cerveau ?
00:52:41Eh bien, rien.
00:52:43Quand je dis rien,
00:52:44c'est rien de nouveau.
00:52:46Parce qu'en fait,
00:52:47ça ne fait que traiter le familier.
00:52:49C'est-à-dire,
00:52:50je suis en train de parler
00:52:51avec mon voisin ou ma voisine.
00:52:52Je la connais par cœur.
00:52:54Donc voilà,
00:52:55on échange des informations
00:52:57d'une grande banalité.
00:52:58Ce sont des neurones particuliers
00:53:00qui s'occupent
00:53:01de tout ce qui est familier.
00:53:03Bon, ça y est,
00:53:05l'heure prend fin.
00:53:07Le prof affiche, note
00:53:09ou distribue la correction.
00:53:11Je prends la correction.
00:53:13Donc, j'ai passé une bonne heure
00:53:14parce que je n'ai rien fait
00:53:15pendant une heure.
00:53:16Et en plus, j'ai la correction.
00:53:18Alors, est-ce qu'il se passe
00:53:19quelque chose
00:53:20pendant qu'on prend la correction ?
00:53:22Eh bien, non.
00:53:24Pourquoi ?
00:53:25Parce qu'en fait,
00:53:26on ne fait que lire et écrire.
00:53:29Et lire et écrire,
00:53:31eh bien, c'est ce qu'on appelle
00:53:32la mémoire procédurale,
00:53:33c'est-à-dire la mémoire automatique.
00:53:35C'est-à-dire, j'ai pas besoin
00:53:36de comprendre quelque chose
00:53:37pour recopier la correction.
00:53:39Bon.
00:53:40On arrive la veille du DS.
00:53:43Pour ceux qui révisent,
00:53:44c'est la veille.
00:53:47On arrive la veille du DS.
00:53:49Je relis les corrigés.
00:53:51Je comprends tout.
00:53:52Ben oui, c'est le prof qui l'a écrit.
00:53:54A priori, c'est bon.
00:53:56Donc, puisque je comprends tout,
00:53:59eh bien, j'ai l'impression
00:54:01de ne pas avoir de difficultés.
00:54:03Et je ne bosse que
00:54:04la mémorisation des exercices.
00:54:07C'est-à-dire, je vais m'adresser
00:54:10à des neurones qui ne font que
00:54:12espérer que ce sera le même exercice.
00:54:16Ce qui arrive le lendemain en disant
00:54:18mais on ne l'avait pas fait.
00:54:22Eh ben, non.
00:54:23Evidemment, ce n'était pas
00:54:24le même exercice.
00:54:25Et donc, c'est à ce moment-là
00:54:27que l'élève mobilise des neurones
00:54:30qui sont spécialisés dans l'exploration
00:54:33des situations nouvelles.
00:54:35Parce qu'il y en a.
00:54:36Sauf qu'évidemment,
00:54:37eh ben, c'est trop tard.
00:54:40Alors que l'élève qui est
00:54:43un peu plus sérieux,
00:54:44eh bien, il comprend,
00:54:46même intuitivement,
00:54:48que faire un exercice en classe,
00:54:51c'est comme un détecteur de métaux.
00:54:54En particulier en maths.
00:54:55C'est-à-dire, ça détecte
00:54:57les choses qui nous bloquent.
00:54:59Et si ça nous bloque aujourd'hui,
00:55:01ça risque de nous bloquer
00:55:03le jour du déesse.
00:55:04Donc, l'élève qui est un peu plus sérieux,
00:55:06pendant l'heure dont il fait les exercices,
00:55:09mais surtout,
00:55:11comme Indiana Jones ici,
00:55:14il est face à une situation,
00:55:17par exemple, la question 3,
00:55:19qu'il ne comprend pas.
00:55:21Et le fait de ne pas réussir la question 3,
00:55:25eh bien, ça provoque dans le cerveau
00:55:28un lien entre la sensation de malaise ressentie,
00:55:34en disant, mais je ne comprends pas cette question,
00:55:37et le nom de la question.
00:55:40Le type dénoncé.
00:55:43Et donc, c'est une partie du cerveau
00:55:45qui s'appelle l'hippocampe,
00:55:46qui est chargée de ça.
00:55:48Alors, l'astuce qu'on donne généralement aux élèves,
00:55:52quand on est au courant de ça,
00:55:54c'est de dire, quand vous allez prendre la correction,
00:55:57surlignez les lignes,
00:56:00les questions qui vous ont posé problème
00:56:03pendant l'heure.
00:56:06Pourquoi ?
00:56:07Parce qu'en fait, votre hippocampe,
00:56:10justement, lors de la correction,
00:56:13comme il avait déjà un lien entre
00:56:15cette question, je ne suis pas arrivé à la faire,
00:56:18ça m'a fait du mal,
00:56:19j'ai eu l'impression que j'étais nul,
00:56:22ou alors que je n'allais pas y arriver au contrôle,
00:56:25et j'ai la correction.
00:56:27Eh bien, quand il va passer à la révision du DS,
00:56:33l'idée, c'est de lui dire,
00:56:36si tu as eu l'intelligence de surligner uniquement
00:56:39ce qui t'a bloqué en cours,
00:56:42ne passe pas du temps, inutilement,
00:56:46à re-réviser ce que tu sais déjà.
00:56:50Si tu le sais déjà,
00:56:53c'est bon, tu peux faire confiance à ton cerveau,
00:56:55il va te le ressortir.
00:56:57Révise ce que tu n'avais pas réussi à faire
00:57:01lors des séances d'exercice.
00:57:03Et donc, l'air de rien, ça divise par 2, 3 ou 4
00:57:07le temps de révision.
00:57:11Et ça, ça parle un peu plus aux élèves.
00:57:15Et donc, ce qui arrive, c'est que le jour du DS,
00:57:19quand il tombe sur cette fameuse question qu'il est bloqué,
00:57:23ce sentiment de malaise qui est ressenti
00:57:26par une partie du cerveau qu'on appelle le cerveau limbique,
00:57:29celui qui a la trouille d'être mangé par un lion dans la savane,
00:57:34c'est cette même partie qui a la trouille d'un devoir de maths.
00:57:39Et bien, il sait qu'au bout de 2 minutes,
00:57:43c'est bon, le cerveau va retrouver le lien.
00:57:46Parce qu'il a créé un lien grâce au surlignage
00:57:50et à la révision du surlignage.
00:57:53Et donc, il va être capable de mobiliser plus rapidement
00:57:57ces fameux neurones explorateurs
00:58:01et même d'essayer de faire des combinaisons
00:58:06pour trouver une situation inédite.
00:58:09Alors, pour ceux qui n'étaient pas nés,
00:58:11ce sera peut-être une découverte.
00:58:13Pour ceux qui, comme moi, l'ont vu en 1981,
00:58:18vous savez que la scène la plus marquante du film,
00:58:22c'est comment est-ce que je vais me débrouiller
00:58:25dans cette situation que je n'ai jamais connue,
00:58:28se dit Indiana Jones.
00:58:37Voilà, c'est totalement indépendant de notre époque.
00:58:43Vous ne voyez pas malice.
00:58:45Simplement, pour ceux qui le savent,
00:58:48la scène a été tournée parce que
00:58:51les gens, quand ils sont en train de faire la séance,
00:58:55on leur dit que la scène a été tournée
00:58:58parce qu'ils ont vu un film.
00:59:00Et que les gens ont lu le film,
00:59:03La scène a été tournée parce que Harrison Ford avait une gastro-entérite et en fait
00:59:11il devait se battre au sabre avec l'autre acteur, il s'était entraîné pendant six
00:59:17mois et simplement là Spielberg devait donc attendre trois jours que la gastro-entérite
00:59:23et la diarrhée, qui va avec, se terminent pour pouvoir faire cela. Et comme au niveau
00:59:33du budget il ne pouvait pas attendre trois jours, il aura fallu trouver une astuce pour
00:59:39pouvoir repartir du pays en question le plus vite possible. Comme quoi, ça tient un peu.
00:59:47Alors, là je vais vous poser une question. Qui parmi vous, donc levez la main évidemment
00:59:55si vous pensez oui, qui parmi vous pense que l'autruche est un oiseau ?
01:00:011, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24,
01:00:12je compte en gros, 26, 28, 30, 32, 34, 36, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 54, 58,
01:00:2560, 62, 64, 66, 70, 72, 80. Ok, donc on va dire entre 80 et 100, si j'en ai oublié.
01:00:41Donc, entre 80 et 100 sur environ 180, 60%. Alors, partout où je passe, les réponses
01:00:56sont oui entre 50% et 70%. Donc, tout le monde peut se détendre. Alors, la question, ce
01:01:06qui est intéressant, ce n'est pas est-ce que l'autruche est un oiseau, ce n'est pas
01:01:10qui a raison, c'est pourquoi tout le monde n'est pas du même avis. Eh bien, c'est parce
01:01:18que ce que vous avez appris quand vous étiez petit, comme règle sur les oiseaux, vous
01:01:27les possédez toujours maintenant. Car effectivement, c'est une grande découverte, c'est que le
01:01:35cerveau, il procède en essayant de remarquer quels sont les points communs entre les différents
01:01:43exemples qu'il voit pour se faire une règle qu'il va affiner après, mais qu'il refusera
01:01:52d'affiner si on lui présente un contre-exemple qui n'arrive qu'une fois tous les dix mille
01:02:00ans, en gros. Alors que nous, profs de maths, grand 1, petit 1, définition, propriété,
01:02:15exemple d'illustration. Pour le cerveau, c'est exemple 1, exemple 2, règle imaginée
01:02:29numéro 1, exemple 3, règle imaginée, confirmée, exemple 4, règle imaginée, confirmée.
01:02:40Exemple 5, règle imaginée non confirmée, A. Exemple 6, règle imaginée non confirmée,
01:02:49Donc, règle 2.0
01:02:54Par contre, si c'est exemple 1 confirmation, exemple 2 confirmation
01:03:00sans exemple confirmation, un exemple contre-exemple
01:03:06le cerveau se détourne du contre-exemple
01:03:11et vous allez en avoir la preuve par l'image
01:03:16Tout ça parce que le cerveau, lui, ce qu'il veut, c'est réfléchir vite
01:03:21et avoir raison le plus souvent
01:03:24Les neuroscientifiques vous diront que ça c'est un héritage de l'évolution
01:03:29toujours de l'espèce humaine dans la savane
01:03:32c'est-à-dire que notre cerveau primaire, la partie primaire de notre cerveau
01:03:39n'a quasiment pas bougé depuis des centaines de milliers d'années
01:03:43Peut-être quand un lion court vers vous, votre réflexe c'est « Je pars ! »
01:03:55et ce n'est pas « Que me veut-il ? »
01:04:00« Je vais attendre qu'il s'approche de moi et je me fierai à quelques indices »
01:04:08« Peut-être lui demanderai-je »
01:04:10Non, c'est pas comme ça
01:04:12« Allez, je pars et après on verra »
01:04:16Alors, si par exemple vous étiez un enfant
01:04:20dont vos parents vous ont dit
01:04:22« Regarde, cet animal, c'est un canarie, il fait partie de la famille des oiseaux »
01:04:29« Celui-ci, c'est une perruche, il fait partie de la famille des oiseaux »
01:04:35Votre enfant ne dit rien
01:04:37Le lendemain ou plusieurs saisons plus tard, comme on peut le voir
01:04:41il voit un rouge-gorge et il dit « Oh, un oiseau ! »
01:04:46Et là vous vous dites « Mais mon enfant est un surdoué ! »
01:04:50« Il n'avait jamais vu de rouge-gorge, comment sait-il que c'est un oiseau ? »
01:04:56Alors, quand on arrive à l'école primaire
01:05:01le professeur des écoles, car c'est lui qui a cette responsabilité
01:05:05dit « Alors, l'autruche est un oiseau »
01:05:08Évidemment, je vous confirme, l'autruche est classée oiseau
01:05:12Alors, ceux qui se sont dit
01:05:14« Mais c'est quoi le point commun entre ces deux exemples ? »
01:05:18« Ah ouais, c'est animal avec bec et plume »
01:05:22Donc quand on leur présente l'autruche, ils disent
01:05:25« Bon, t'as un peu forcé sur le bec »
01:05:28« T'as un peu forcé sur les plumes »
01:05:31« Mais ça colle »
01:05:34« Je veux bien y croire »
01:05:37Et si vous vous êtes fait comme règle
01:05:40« Bec plus plume plus ça vole »
01:05:44Là, vous dites en regardant le professeur des écoles
01:05:48« Mais t'as déjà vu des autruches voler, toi ? »
01:05:54« Montre-moi un exemple »
01:05:57Et là, vous avez donc deux catégories d'élèves
01:06:00parmi ceux qui ont cette classification
01:06:05Il y a ceux qui vont se dire
01:06:07« Moi, j'y crois pas, c'est un truc d'oiseau »
01:06:10« Par contre, je veux bien avoir la bonne note »
01:06:13Donc à la question « L'autruche est-elle un oiseau ? »
01:06:16la prochaine fois, je répondrai « Oui, mais je sais que non »
01:06:22Et plus tard, le temps qu'on vous repose la question
01:06:25votre cerveau se dit « Bon, débarras »
01:06:29Et à part revenir au trivial poursuite
01:06:32« C'est bon, vous resterez avec, l'autruche n'est pas un oiseau »
01:06:35Et puis, il y a les rebelles
01:06:39qui dans la classe disent
01:06:41« Non, non, mais je suis toujours pas d'accord »
01:06:44et qui disent « Non »
01:06:46Alors on se dit « Mais enfin, c'est pas possible »
01:06:48« Ça fait quinze fois que je lui ai dit que c'est une autruche »
01:06:52« Que c'est un oiseau »
01:06:57C'était le piège, oui
01:06:59Alors, pourquoi ils le font pas ?
01:07:01Eh bien, parce que le cerveau, justement
01:07:04il fait le contraire de notre cours de mathématiques classique
01:07:09Il part des exemples
01:07:12Et en plus, nous, on pense qu'il faut toujours
01:07:16présenter au cerveau quelque chose qui a du sens
01:07:19pour qu'il puisse résonner
01:07:21Eh bien, je vais vous faire faire un petit test oral, visuel
01:07:26fait par un neuroscientifique, monsieur Tenenbaum
01:07:30qui vous présente
01:07:32Alors, il y en a 42
01:07:35Oui, 6 fois 7
01:07:3642 plantes qui n'existent pas
01:07:40Alors, les profs de SVT me disent
01:07:42« Ça ressemble à des ammonites »
01:07:44« Si tu veux, 42 ammonites qui n'existent pas »
01:07:50Alors, monsieur Tenenbaum me dit
01:07:52« Donc, tout ça, ça n'existe pas »
01:07:55« Mais je décide, moi-même, qu'il y a une sous-catégorie
01:07:59de ces choses qui n'existent pas
01:08:01qui s'appellent des tufas »
01:08:05Donc, ça n'existe pas plus
01:08:09Et il dit, donc à vous
01:08:12et il l'a fait sur toute la planète
01:08:15« Est-ce que vous pouvez trouver les autres tufas
01:08:18sans communiquer vos critères avec votre voisin ? »
01:08:24Donc, c'est la question que je vous pose
01:08:27« Est-ce que vous voyez, sans communiquer avec votre voisin
01:08:31des tufas dans la première ligne ?
01:08:34Et en quelle position ? »
01:08:36Comme ça, je les pointe, on les compte
01:08:38et après, on compare avec le reste du monde
01:08:41Oui ?
01:08:43La première ?
01:08:47A priori, pas d'autres
01:08:49Deuxième ligne ?
01:08:52La troisième ?
01:08:55Et la dernière ?
01:08:59On vérifiera, ne vous inquiétez pas
01:09:06Troisième ligne ?
01:09:08Rien
01:09:09Quatrième ?
01:09:13Un, deux, trois, quatre
01:09:15Première, oui
01:09:17Cinquième ?
01:09:20Non
01:09:21Sixième ?
01:09:26Troisième ?
01:09:28Et sixième
01:09:30Ok, eh bien, vérifions ce que nous valons
01:09:35par rapport au reste de la planète
01:09:42Eh bien, nous avons tout juste
01:09:48sur des choses qui n'existent pas
01:09:54En d'autres termes, le cerveau, lui, il catégorise
01:09:59Il n'en a rien à faire du sens
01:10:02Il se dit « Il y a des points communs, disons
01:10:05Allez, hop, je les mets ensemble
01:10:07Du moment qu'il y a des points communs
01:10:09Et encore, je vous ai empêché d'échanger vos critères
01:10:12Parce qu'autrement, évidemment, le test aurait été biaisé
01:10:16Mais là, vous voyez, tous les cerveaux du monde se disent
01:10:20« Hum, je les mettrais bien ensemble, ces deux-là
01:10:22Et hop, je me fais une règle
01:10:25Alors, qu'est-ce qui arrive en maths ?
01:10:29Eh bien, voilà, programme de quatrième
01:10:35Pendant un an, on fait travailler les élèves
01:10:40sur deux opérations avec des exposants
01:10:45Donc pendant un an, que va faire le cerveau ?
01:10:49Il se dit « Eh bien, le carré, il va sur le A, sur le B
01:10:55C'est vachement facile, disons
01:10:57Et ça marche à chaque coup, à chaque coup
01:10:59Que je réponds ça dans le devoir, boum, j'ai le point
01:11:03Pendant un an
01:11:07Et il nous a dit « Bon, A plus B au carré
01:11:09Vous n'en parlez pas avant l'année prochaine
01:11:14Simplement, que se dit le cerveau ?
01:11:18Il se dit « Ben, ça va faire A carré plus B carré
01:11:22Alors dans les textes, il est dit
01:11:23« Ouais, il suffira de leur montrer la démonstration
01:11:27Pour les convaincre
01:11:32Bien sûr
01:11:34Eh bien, nous avons cette fois-ci
01:11:37La preuve qu'il y a une région du cerveau
01:11:42Qui détourne son attention
01:11:44Pour exploiter cette toute nouvelle fenêtre sur l'esprit
01:11:47La stratégie est simple
01:11:49Observer le fonctionnement cérébral d'experts dans le domaine
01:11:52Et le comparer à celui de personnes en apprentissage
01:11:55Des novices
01:11:56Ce que les chercheurs ont voulu savoir
01:11:58C'est qu'est-ce qui va arriver
01:11:59Lorsqu'on va leur présenter des informations
01:12:01Qui entrent en contradiction avec leurs croyances
01:12:04Ici, nous voyons deux balles qui s'apprêtent à tomber au sol
01:12:08On a donc d'abord présenté à des novices en physique
01:12:11Des films en accord avec leur intuition
01:12:13Par exemple, des films scientifiquement faux
01:12:16Où deux balles de différentes masses
01:12:18Tombent à des vitesses différentes
01:12:20Les chercheurs ont observé
01:12:22Une activation de la région de l'hippocampe
01:12:24Une zone du cerveau associée à l'apprentissage
01:12:27Et à la mémorisation
01:12:29Par contre, en présentant des informations
01:12:31Contraires à l'intuition des sujets
01:12:33Mais pourtant vraies scientifiquement
01:12:35C'est une autre histoire
01:12:37Le cortex singulaire antérieur
01:12:39Une région associée à la détection de conflits s'active
01:12:42Pas surprenant puisque les sujets sont en désaccord
01:12:45Avec le contenu de la vidéo
01:12:47Mais à l'arrière du cerveau
01:12:48Le précunéus s'active lui aussi
01:12:50Une zone liée à la relocalisation de l'attention
01:12:53Le cerveau semble détourner son attention
01:12:55De la nouvelle information
01:12:57Au lieu de demeurer attentif
01:13:00Aux informations qui sont présentées
01:13:02Les gens détournent leur attention de la tâche
01:13:05Perçoivent les données comme étant erronées
01:13:09La confrontation n'est donc pas la meilleure solution
01:13:12Pour défaire les conceptions erronées
01:13:15Voilà, c'est-à-dire que
01:13:18Ce que les neuroscientifiques sont en train de découvrir
01:13:21C'est que si on habitue le cerveau
01:13:24A une règle
01:13:27En ne sachant pas que le cerveau
01:13:31Il se fait des règles tout seul
01:13:34A l'aide des exemples qu'il voit
01:13:36Et bien quand on va lui présenter des contre-exemples
01:13:39Il y a plein de cerveaux qui vont se dire
01:13:41Non mais ça je ne veux pas en entendre, reparler
01:13:43L'année dernière j'ai eu à chaque fois tout juste
01:13:46Et là ça ne colle pas
01:13:49Donc je préfère en rester à ce que je savais
01:13:53Comme ça j'aurai tout juste
01:13:55Encore quand il y aura des divisions et des multiplications
01:13:58Puis j'aurai faux une fois de temps en temps
01:14:00Pour l'addition et la soustraction
01:14:02Y compris en terminalesse, comme vous le savez
01:14:05Alors, c'est-à-dire que proposent les neuroscientifiques ?
01:14:09Et bien ils proposent de tout dire
01:14:13Au même moment
01:14:15Même si on n'approfondit pas
01:14:19Alors, donne un exemple
01:14:22Puis après je reviendrai sur les petits dessins que j'ai mis
01:14:25C'est de dire
01:14:28Alors, en quatrième par exemple
01:14:31En quatrième ou plus tard
01:14:33Vous allez être tenté
01:14:35Évidemment de croire
01:14:37Là il y a un problème pour un éditeur d'équations de Word
01:14:42Vous allez être tenté de croire
01:14:44Qu'à chaque fois l'exposant
01:14:47Il s'agit de le poser sur les nombres
01:14:51Et bien sachez, même si on ne va pas le développer cette année
01:14:55Que ça ne marche pas avec plus et moins
01:15:00Je ne vous dis pas ce que ça donne
01:15:02Parce que ce n'est pas le programme de cette année
01:15:04Mais sachez que ça ne marche pas
01:15:06Et bien les expériences neuroscientifiques de neuroéducation
01:15:09Prouvent que quand on avertit le cerveau un an à l'avance
01:15:13Que l'année prochaine, il y verra des exemples
01:15:15Où ça ne marche pas avec plus et moins
01:15:17Déjà, il y a moins d'échecs
01:15:19Et le top du top
01:15:21C'est de demander régulièrement en classe de quatrième
01:15:27Via un vrai faux par exemple
01:15:30Est-ce que ça c'est vrai ou est-ce que ça c'est faux ?
01:15:34Sans faire le calcul
01:15:37Sans avoir l'identité remarquable
01:15:42L'idée, c'est juste que le cerveau soit au courant
01:15:45Qu'il y a des choses qui ne rentreront pas dans la règle
01:15:52Mais on ne va pas l'approfondir
01:15:54Parce que ce n'est pas le programme, ce n'est pas le temps, etc.
01:15:57Et ça, ça permet de contourner ce que vous savez tous
01:16:00C'est-à-dire les élèves qui en seconde se disent
01:16:04Mais on nous a menti alors au collège avec la définition du cosinus ?
01:16:08Parce que cosinus, on ne nous a jamais dit
01:16:11Que cosinus, moins 3, 180 degrés, c'était possible
01:16:15Et puis on n'est même pas dans un triangle rectangle
01:16:19Mais on nous a menti ?
01:16:21Non, on ne vous a pas tout dit
01:16:22Mais pourquoi on ne nous a pas tout dit ?
01:16:26Comment ? Des carrés négatifs ?
01:16:31Jusqu'en première S, on nous a dit que les carrés étaient toujours positifs
01:16:36Oui, mais on nous a menti
01:16:39Non, c'est juste qu'on ne nous a pas tout dit
01:16:41Pourquoi on ne nous a pas dit que l'année prochaine, on en verrait qu'ils seraient négatifs ?
01:16:45Et puis, et ça je ne le savais pas, puisque ce ne sont pas des maths
01:16:49Ce sont des SVT
01:16:52Les profs de SVT se plaignent que les professeurs des écoles
01:16:57Ne disent pas aux élèves que les plantes respirent
01:17:02Parce qu'au programme de l'école primaire
01:17:05Il n'y a que la respiration de l'être humain et des animaux
01:17:09Et donc du coup, arrivés au collège
01:17:14Les élèves sont persuadés qu'il n'y a que les êtres humains et les animaux qui respirent
01:17:21Et donc, quand il y a une troisième catégorie
01:17:25Il y en a qui disent, mais ce n'est pas ce que j'ai appris
01:17:30Alors, il y a quand même une bonne nouvelle
01:17:34C'est la capacité de prédire un événement
01:17:39Futur ou passé, dès l'âge de un an
01:17:43Et là, c'est notre big boss Stanislas Dehaene
01:17:47Qui va nous expliquer ça
01:17:50Alors voici une première application
01:17:54Des statistiques bayésiennes en psychologie
01:17:57Imaginez que vous voyez une urne
01:18:00Et c'est un problème classique en théorie des probabilités
01:18:04Dans cette urne, il y a des objets
01:18:06Et qu'il y a trois objets jaunes et un objet bleu
01:18:10Ils sont en mouvement stochastique
01:18:12On pourrait imaginer que l'urne est secouée
01:18:15Ça suppose qu'il faut faire appel à des probabilités
01:18:19Un objet sort de l'urne et c'est l'objet jaune
01:18:23Vous n'êtes pas spécialement surpris de cette observation
01:18:27Maintenant, observons une deuxième urne
01:18:29Dans cette urne, il y a trois objets bleus
01:18:32Et un objet jaune
01:18:34Ces objets se secouent
01:18:36L'urne disparaît, on ne voit plus son contenu
01:18:41Et sort de l'urne un objet jaune
01:18:47Vous avez compris que dans le cas 1
01:18:50L'événement était probable
01:18:52Puisque l'objet qui est sorti de l'urne
01:18:54Est l'objet qui était le plus nombreux au départ
01:18:56Et dans le deuxième cas
01:18:58C'est l'objet improbable qui est sorti
01:19:00Avons-nous une sensibilité à ce type d'observation ?
01:19:04Je pense que vous avez calculé vous-même
01:19:07Qu'un des résultats était plus probable que l'autre
01:19:11Le résultat extrêmement intéressant
01:19:13C'est que j'emprunte ces films
01:19:15Aux travaux de Luca Bonatti
01:19:17Avec sa collègue Téglas
01:19:19Et on voit que ce type d'inférence probabiliste
01:19:23La capacité de déduire sur la base d'une observation
01:19:26Sans jamais avoir vu les fréquences successives
01:19:29De la sortie de ces objets
01:19:31Cette capacité d'inférer quelle est la probabilité
01:19:33De sortie d'un objet d'une urne
01:19:35Est présente chez les enfants de 12 mois
01:19:38Un enfant de 12 mois est capable d'observer une urne
01:19:41Et d'anticiper quelle est la probabilité
01:19:43De sortie d'un objet
01:19:45Je consacrerai un cours entier
01:19:47En application de la statistique bayésienne
01:19:49Au développement chez le très jeune enfant
01:19:51Mais on peut supposer sur la base de ces travaux
01:19:54Que le cerveau de l'enfant
01:19:56Dès la naissance, en tout cas dès la première année de vie
01:19:59Est déjà sensible, est déjà capable
01:20:01De calculs probabilistes
01:20:03Et il y a énormément d'exemples
01:20:05De ce type de recherche
01:20:07Ici on voit que les enfants sont capables
01:20:09De faire un calcul en avant
01:20:11C'est-à-dire connaissant l'urne
01:20:13Ils sont capables d'en déduire la probabilité
01:20:15D'un événement particulier
01:20:17J'ai oublié de vous dire que la mesure
01:20:19Qui permet de le prouver
01:20:21C'est toujours la mesure du temps de regard
01:20:23C'est-à-dire que l'enfant regarde plus longtemps
01:20:25Les événements improbables par rapport aux événements probables
01:20:27C'est comme ça qu'on arrive à vérifier
01:20:29Que l'enfant fait un calcul probabiliste
01:20:31Sur la situation probable ou improbable
01:20:33Et les nouveaux résultats de Luca Bonatti
01:20:35Nous montreront que le temps de regard
01:20:37Est en fait un reflet direct de la probabilité
01:20:39C'est-à-dire que c'est une variable continue
01:20:41Et pas seulement une variable discrète
01:20:43Il n'y a pas seulement la surprise
01:20:45Versus l'absence de surprise
01:20:47Il y a un degré de probabilité
01:20:49Qui détermine la surprise de l'enfant
01:20:51Mais donc ici il s'agit d'un calcul en avant
01:20:53Partant de l'espace des possibles dans l'urne
01:20:55On en déduit la probabilité d'un événement particulier
01:20:57Mais il y a aussi des recherches
01:20:59Qui montrent que les enfants sont capables
01:21:01De faire l'inférence dans le sens inverse
01:21:03C'est-à-dire d'inférer le contenu de l'urne
01:21:05A partir des statistiques des événements observés
01:21:07Et ça c'est le travail de Fei Shu
01:21:09Et ses collaborateurs
01:21:11Publié par exemple dans PNAS en 2008
01:21:13Je vous montre juste une diapositive
01:21:15On en reparlera dans quelques cours
01:21:17Imaginez que vous voyez un personnage
01:21:19Qui amène une boîte
01:21:21Dans laquelle on sait
01:21:23Parce qu'on a été habitué auparavant
01:21:25Qu'il y a des balles dans la boîte
01:21:27Et puis la personne ferme les yeux
01:21:29Elle secoue la boîte, elle prend un objet
01:21:31Elle le sort, c'est une balle rouge
01:21:33Elle secoue la boîte, elle ferme les yeux
01:21:35Elle prend un objet, elle le sort
01:21:37C'est à nouveau une balle rouge
01:21:39Elle fait cela cinq fois
01:21:41Et quatre fois il en sort une balle rouge
01:21:43Une fois il en sort une balle blanche
01:21:45Vous aurez compris qu'on peut tirer des inférences
01:21:47Sur la base de cette observation
01:21:49Et effectivement lorsque plus tard
01:21:51L'urne est ouverte
01:21:53Eh bien l'enfant n'est pas surpris
01:21:55Lorsqu'il voit que l'urne est remplie
01:21:57A majorité de balles rouges
01:21:59Et qu'il y a quelques balles blanches
01:22:01Et l'enfant est surpris
01:22:03Il ne regarde plus longtemps
01:22:05Lorsqu'il voit que l'urne est remplie
01:22:07De balles blanches et qu'il y a quelques balles rouges
01:22:09Donc l'enfant est capable de faire
01:22:11Les inférences dans les deux sens
01:22:13Et cette inférence que nous allons voir
01:22:15Tout à fait typique de l'inférence bayésienne
01:22:17C'est en fait le problème de départ
01:22:19Nous le verrons dans un instant
01:22:21Qui a motivé le référent Bayes
01:22:23Qui utilise donc le contenu de l'urne
01:22:25Sur la base de quelques observations
01:22:27Minimales de tirage
01:22:29De cette urne
01:22:31Et ici il s'agit d'enfants de 8 mois
01:22:35Voilà donc ce qu'il faut retenir
01:22:37Et on va voir quelle est la conséquence
01:22:39C'est que le cerveau est capable
01:22:41De faire des prédictions probabilistes
01:22:43En arrière
01:22:45Et ça va aider
01:22:47Des élèves à démarrer
01:22:49Des raisonnements en mathématiques
01:22:51Alors vous allez le voir dans deux diapos
01:22:53La première c'est une petite allusion
01:22:55A quelque chose que vous avez forcément
01:22:57Vu à la télé il y a 6 mois
01:22:59Et qui est justement typique
01:23:01De ce que font les adultes
01:23:03Pour essayer
01:23:05D'estimer
01:23:07Qu'est-ce qui a dû se passer
01:23:09Ce qui a dû se passer avant
01:23:11Pour en arriver là
01:23:21Papa, c'est quoi un compte offshore ?
01:23:23Offshore ?
01:23:25C'est...
01:23:27Pourquoi ?
01:23:29Parce qu'il paraît qu'on en a un
01:23:31Ah bon...
01:23:37En janvier, le Touring Cup TDI suréquipé
01:23:39Est à seulement 300 euros par mois
01:23:41Sans apport
01:23:43Volkswagen, das Auto
01:23:47Voilà donc évidemment
01:23:49La voiture est chère
01:23:51Donc
01:23:53Comment il a pu se la payer ?
01:23:55Alors hop, il y a toute une série
01:23:57De possibilités
01:23:59Et puis on barre celles qui paraissent
01:24:01Les moins probables
01:24:03Et puis on garde celles qui paraissent
01:24:05La plus probable
01:24:07Et bien figurez-vous que ce qui marche
01:24:09Bien avec les élèves qui ont du mal
01:24:11A démarrer les raisonnements
01:24:13C'est justement de les faire
01:24:15Comme les enfants de 8 mois sont capables de le faire
01:24:17Avant
01:24:19De regarder l'énoncé
01:24:21Voir quelles sont les conditions
01:24:23Suffisantes qu'il faudrait
01:24:25Pour arriver à la question
01:24:27Je donne un exemple
01:24:29Vous savez tous
01:24:31Que cet énoncé
01:24:33Est largement réussi
01:24:37Alors que cet énoncé
01:24:39Est beaucoup moins réussi
01:24:43Alors
01:24:45C'est pas de se dire
01:24:47Bon ben on va donner des questions intermédiaires
01:24:49Parce que le but évidemment
01:24:51C'est de les former
01:24:53Au contraire, à être capable
01:24:55De raisonner comme ça
01:24:57Mais il y a des élèves qui essayent
01:24:59De chercher les mots clés
01:25:01Dans l'énoncé
01:25:03En disant parallélogramme
01:25:05Je regarde dans l'énoncé
01:25:07Mais il n'y a pas parallélogramme
01:25:09Et comment je fais ?
01:25:11Et bien comment tu fais ?
01:25:13Sur la scène d'un crime
01:25:15Tu prends des indices et tu remontes le temps
01:25:17C'est à dire si on te dit
01:25:19Puisque tu as un cerveau bayésien
01:25:21Si on te dit
01:25:23Montrer que ABDC est un parallélogramme
01:25:25Et bien
01:25:27Lors d'une séance d'entraînement
01:25:29En AP ou n'importe quand
01:25:31On peut parfaitement dire
01:25:33Si la question c'est montrer
01:25:35Que c'est un parallélogramme
01:25:37Vous allez vous en sortir
01:25:39Dans quel cas ?
01:25:41C'est à dire si vous arrivez
01:25:43A montrer quoi ?
01:25:45Alors vous aurez la réponse
01:25:47A votre question
01:25:49Et là vous faites
01:25:51Vous les faites entraîner
01:25:53A chercher la liste des suspects
01:25:55D'un crime
01:25:57C'est à dire qui a pu commettre le crime
01:25:59Du parallélogramme
01:26:01Est-ce que ce sont les côtés opposés ?
01:26:03Est-ce que ce sont des vecteurs ?
01:26:05Est-ce que ce sont des diagonales ?
01:26:07Et puis après
01:26:09Ce que font en fait les élèves
01:26:11Qui sont à l'aise en maths
01:26:13Mais de manière intuitive
01:26:15Ils font la liste de ce qui est possible
01:26:17Comme condition suffisante pour arriver
01:26:19A la question
01:26:21Et après ils barrent
01:26:23Ce qui n'a aucun lien avec l'énoncé
01:26:25Ou ce qu'ils ne savent pas faire
01:26:27Ils ont une autre possibilité
01:26:29Et là c'est ça l'idée
01:26:31C'est de se dire avant
01:26:33De dire j'y arrive pas
01:26:35Fait la liste des suspects
01:26:37Regarde si par hasard
01:26:39Il n'y en a pas un
01:26:41Que tu pourrais obtenir
01:26:43Grâce à l'énoncé
01:26:45C'est donc
01:26:47Partir dans le passé
01:26:49Pour revenir dans le présent
01:26:51Et Stanislas Dehaene
01:26:53Est non seulement neuroscientifique
01:26:55Mais comme
01:26:57Plusieurs d'entre vous le savent
01:26:59Il est aussi mathématicien
01:27:01Et lui c'est son credo
01:27:03Le cerveau bayésien
01:27:05C'est son credo pour démarrer
01:27:07Un raisonnement
01:27:09Ne pas hésiter à remonter
01:27:11Dans le passé
01:27:13Et puis la dernière chose
01:27:15Pour aujourd'hui
01:27:17C'est la suppression
01:27:19Des erreurs
01:27:21Je ne vous parle pas du statut
01:27:23De l'erreur
01:27:25On en a déjà parlé très longtemps
01:27:27C'est pas une faute etc
01:27:29C'est qu'en fait
01:27:31Comme vous allez le voir dans la petite vidéo
01:27:33De nos confrères québécois
01:27:35On a pris des profs de physique
01:27:37C'est toujours eux qui prennent
01:27:39On a pris des profs de physique
01:27:41On les a mis dans les IRM
01:27:43Et fonctionnels
01:27:45Et on leur a posé des questions de physique
01:27:47Comme
01:27:49A leurs élèves
01:27:51Et on leur a dit
01:27:53Tiens si je te montre ce schéma
01:27:55Est-ce que physiquement ça tient la route ou pas ?
01:27:57Oui ? Non ? Tu dis ce que tu veux
01:27:59Quand on regardait les réponses
01:28:01C'est normal c'est des profs de physique
01:28:03Mais quand on regardait ce qui s'est passé
01:28:05Dans leur cerveau
01:28:07Et bien on s'aperçoit
01:28:09Qu'il y a un grand nombre d'entre eux
01:28:11Qui sont passés en première réponse
01:28:13Suggérée par le cerveau
01:28:15Par l'erreur classique
01:28:17De l'élève
01:28:19Mais comme le prof de physique sait
01:28:21Que c'est une erreur
01:28:23Il ne la dit pas
01:28:25Et ça s'appelle le processus
01:28:27D'inhibition
01:28:29Pour ceux qui en ont parlé avec Olivier Houdet
01:28:31Notamment qui est spécialiste en France
01:28:33Et finalement on donne la bonne réponse
01:28:37Alors peut-être que vous êtes plusieurs
01:28:39Justement à partager la même chose
01:28:41Quand on dit ABCD est un parallélogramme
01:28:43Et bien
01:28:45Le cerveau entend
01:28:47ABCD
01:28:49Et donc quand on demande aux élèves
01:28:51Alors quels sont les vecteurs qui sont égaux ?
01:28:53Et bien voilà
01:28:55Spontanément
01:28:57C'est AB égale CD
01:28:59Et c'est celui
01:29:01Qui se dit non mais attends
01:29:03Je me suis déjà fait avoir sur ce coup là
01:29:05Qui fait son petit dessin
01:29:07Mentalement ou pas
01:29:09Y compris le prof
01:29:11Et qui dit ok AB égale DC
01:29:13Donc
01:29:15Ce que va signifier
01:29:17La petite vidéo
01:29:19Que je vais vous présenter
01:29:21C'est qu'il ne faut pas prendre une erreur récurrente
01:29:23Comme quelque chose de dramatique
01:29:25A condition d'avoir
01:29:27L'humilité
01:29:29De la reconnaître
01:29:31Et une petite astuce mnémotechnique
01:29:33Qu'importe
01:29:35Pour donner la bonne réponse
01:29:37Et ce qui reste encore un peu
01:29:39Dubitatif
01:29:41Je leur donne souvent l'exemple
01:29:43De quelques mots
01:29:45Dont l'orthographe nous pose
01:29:47Des problèmes depuis au moins
01:29:4920 ans
01:29:51Est-ce qu'il y a deux P ? Est-ce qu'il y a un L ?
01:29:53Est-ce que je mets un S ?
01:29:55Etc etc
01:29:57Et on le sait
01:29:59Que jusqu'à la fin
01:30:01De notre vie
01:30:03Notre cerveau va nous
01:30:05Faire douter
01:30:07A chaque fois, à ce moment là
01:30:09Mais
01:30:11Qu'on aura appris à avoir une astuce
01:30:13Mnémotechnique en disant
01:30:15C'est le fameux mot
01:30:17D'accord il y a deux P comme dans
01:30:19Allez je mets deux P
01:30:21Donc on vit déjà
01:30:23Avec cette constatation
01:30:25Qu'il y a certaines erreurs
01:30:27Qui ne s'effacent pas
01:30:29Et comme
01:30:31Je l'ai mis
01:30:33C'est que
01:30:35Les deux cohabitent
01:30:37La bonne réponse
01:30:39Et la mauvaise
01:30:41Simplement il faut savoir que
01:30:43Le cerveau
01:30:45Vous sort souvent la mauvaise
01:30:47A cause des règles précédentes
01:30:49Et que c'est à vous de dire
01:30:51Je te reconnais
01:30:53Donc
01:30:55Je ne vais pas dire que c'est toi la bonne
01:31:19Leur cortex singulaire antérieur
01:31:21Ca ça va, on s'y attend
01:31:23Preuve qu'ils perçoivent les films comme
01:31:25Non conformes au savoir scientifique
01:31:27Mais ce qui est intéressant
01:31:29C'est qu'ils activent aussi leur cortex frontomédial
01:31:31Qui est lié
01:31:33A l'existence de pré-représentations
01:31:35Tout se passe comme si
01:31:37Les experts
01:31:39N'avaient pas
01:31:41Changé leur conception
01:31:43N'avaient pas restructuré leur connaissance
01:31:45Mais avaient
01:31:47Dans leur cerveau
01:31:49La trace des deux conceptions
01:31:51Mais
01:31:53Chez l'expert, ils arrivent à inhiber
01:31:55Leur conception inappropriée
01:31:57Ce qui les permet de répondre
01:31:59De façon scientifique aux problèmes posés
01:32:01Cela laisse entendre
01:32:03Que les experts en physique
01:32:05Gardent en mémoire leur conception erronée
01:32:07Encore plus intéressant
01:32:09Les chercheurs observent aussi chez eux
01:32:11L'activation d'autres zones du cerveau
01:32:13Qui répriment ou inhibent
01:32:15Leur réponse
01:32:17Ces résultats appliqués à l'enseignement
01:32:19Pourraient transformer de manière significative
01:32:21La manière de concevoir l'apprentissage
01:32:23Ces recherches-là pourraient nous amener
01:32:25À une vision que l'expertise
01:32:27N'est pas liée à l'accumulation
01:32:29De savoir
01:32:31Mais plutôt à la capacité
01:32:33D'inhiber
01:32:35Des croyances qui sont inappropriées
01:32:41Il ne reste plus que deux minutes
01:32:43La technique
01:32:45C'est de se dire
01:32:47On parle là d'erreur récurrente
01:32:49Cela fait déjà 10-12 fois
01:32:51Que l'élève le fait
01:32:53Cela signifie que cela colle à la fameuse règle
01:32:55Qui il croit fonctionner tout le temps
01:32:57Donc il faut qu'il se méfie
01:32:59L'idée
01:33:01C'est de lui montrer
01:33:03Que cela existe
01:33:05Qu'il faut savoir les reconnaître
01:33:07Qu'il faut un moyen mnémotechnique
01:33:09Et qu'il se fasse une petite fiche
01:33:11Avec l'erreur qu'il fait
01:33:13Et la bonne réponse
01:33:15Et qu'il apprenne la combinaison des deux
01:33:17Parce qu'en fait
01:33:19S'il apprend uniquement la vérité
01:33:21Comme on l'a vu
01:33:23Son cerveau de toute façon
01:33:25Ce n'est pas ce qui va lui sortir en premier
01:33:27Donc il faut qu'il sache reconnaître les deux
01:33:29En disant, attends là ce que je pense
01:33:31C'est ce que mon cerveau sort en premier
01:33:33Et je sais que c'est faux
01:33:35Donc hop, je vais rechercher le binôme
01:33:37C'est-à-dire la vérité
01:33:39C'est un truc classique
01:33:41Le coefficient directeur d'une droite
01:33:43J'avance de 2, je monte de 3
01:33:45Ou là, j'avance de 3, je monte de 2
01:33:47Tout le monde sait
01:33:49Qu'il y a les élèves qui vont dire
01:33:512 sur 3
01:33:53Et les autres qui vont dire 3 sur 2
01:33:55Donc ça c'est vraiment un truc classique
01:33:57Donc il faut leur dire
01:33:59Trouver un moyen mnémotechnique
01:34:01Alors moi j'ai poussé mes élèves
01:34:03A m'en trouver un
01:34:05Pour leur dire que c'était du vertical
01:34:07Alors V sur H
01:34:09Il y en a un qui m'a dit Victor Hugo
01:34:11Pas de problème
01:34:13Et puis
01:34:15Puisqu'on est à Montpellier
01:34:17Pour eux il y a la mer partout
01:34:19Donc ils ont dit
01:34:21Regardez ce sont des oiseaux
01:34:23Qui volent au-dessus de l'horizon
01:34:25Donc
01:34:27V sur H
01:34:29Pourquoi pas
01:34:31L'essentiel c'est que ça marche
01:34:33Et puis pour finir par un clin d'oeil
01:34:35Eh bien
01:34:37Je vous présente la version longue
01:34:39D'une publicité
01:34:41Qui passait
01:34:43Il y a encore 2 mois
01:34:45Sur les autruches
01:34:49Pour réconcilier tout le monde
01:35:05...
01:35:07...
01:35:09...
01:35:11...
01:35:13...
01:35:15...
01:35:17...
01:35:19...
01:35:21...
01:35:23...
01:35:25...
01:35:27...
01:35:29...
01:35:31...
01:35:33...
01:35:35...
01:35:37...
01:35:39...
01:35:41...
01:35:43...
01:35:45...
01:35:47...
01:35:49...
01:35:51...
01:35:53...
01:35:55...
01:35:57...
01:35:59...
01:36:01Je ne suis pas le mec qu'ils pensent que je suis à la maison
01:36:04Oh non, non, non
01:36:07Je suis un roquette
01:36:10Un roquette
01:36:12Et j'ai l'impression d'être un héros
01:36:19Et je pense que ça va être un long, long temps
01:36:25Et je pense que ça va être un long, long temps
01:36:31Et je pense que ça va être un long, long temps
01:37:01Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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