Le Bon , La Brute Et .... - Sentenza

  • il y a 17 ans
" Je suis un créancier très patient. Quand le moment est venu, je me fais payer, quoiqu’il arrive "

Le rôle de la brute était à l’origine prévu pour Charles Bronson, qui se désistera finalement, la faute à un contrat l’obligeant à apparaître dans " Les Douze salopards " . Une fois n’est pas coutume, c’est Clint Eastwood qui conseille à Leone d’engager Lee Van Cleef. Les deux comédiens, qui ont déjà travaillé ensemble sur la série télévisée " Rawhide " ont développé une complicité sur le tournage de " Et pour quelques Dollars de plus " un an plus tôt .

Lee Van Cleef en imposait déjà dans le rôle du colonel Mortimer, vieux briscard en quête de vengeance, à la fois ange gardien (d ’ Eastwood) et ange expiateur (de Gian Maria Volonte) ...

Seulement , d ’ ange il n’est plus question ici : Van Cleef laisse l’auréole et les plumes au vestiaire pour incarner un personnage radicalement antinomique, Sentenza, dont le patronyme évoque à lui seul une certaine idée de la justice ( le générique américain le mentionne sous le nom de… " Angel Eyes " ) .
Dès sa première apparition, alors qu’il n’est encore qu’une silhouette juchée sur un cheval, le temps se suspend sur son passage. La roue à eau dont le grincement métronomique rythmait le début de la scène s’immobilise .
Si le colonel Mortimer utilisait le carillon hypnotique d’une montre à gousset pour exécuter sa vengeance, son double maléfique, Sentenza, projette directement ses victimes dans un hors-temps qui n’a rien d ’ édénique : il s’assoit à la table de sa future victime, partage avec lui le pain de son dernier repas, avant de l’abattre, froidement...
...sSuite à quoi il récupère la bourse que le malheureux lui avait offerte en échange de sa vie et exécute le fils aîné de la famille avant de s’en aller tranquillement ....

La scène suivante le voit souffler la flamme d’une lampe à pétrole après avoir abattu un vieillard ... L’image, symbolique, fait du chasseur de primes un collecteur d’âme, une filiation biblique dont les origines sont à chercher du côté de l’éducation catholique qu’a reçu Sergio Leone .
Van Cleef investit complètement ce personnage d’ordure et lui confère le magnétisme des grands prédateurs, lents mais implacables ... Il faut voir le flegme terrifiant avec lequel il commandite la séquence de torture du pauvre Tuco pour comprendre qu'on tient là un des salopards les plus emblématiques du grand écran …

la scène d’introduction du personnage de Sentenza est inplacable : l’exposition est lente, minutieusement préparée, mais quand le rythme s’emballe, la violence est au rendez-vous, fulgurante, concise et cruelle, à mille lieux des ralentis esthétisants de Peckinpah ou du lyrisme graphique de John Ford .
Ce n’est pas tant l’acte violent qui importe, ici, mais plutôt l’attente qui le précède. Sur ces terres là, on cultive la tension avec un soin d’esthète, on ménage consciencieusement ses effets, et du même coup, on décuple leur impact .... Le second contrat que la Brute exécute froidement, magnifié par la photo clair-obscur de Tonino Deli Colli, vient à point nommé pour confirmer ce que l’on pressentait déjà fortement : on n’en est encore qu’au début du film, près d’une demi-douzaine de pauvres types mâchonnent déjà du concentré de racines de pissenlits, mais sans trop vouloir s’avancer, le mec derrière la caméra, ben ça serait un génie que ça ne nous surprendrait qu’à moitié. Aussi sûr que le pépé sous le traversin, il ne se réveillera plus ^^

Il est a signaler que la musique accompagnant l ' introduction de Lee Van Cleef a été repris par Quentin Tarantino pour la scene du " mariage " de la Mariée dans Kill Bill " volume 2 ....

Hommage ....

Dernier salopard a étre détaillé , peut étre le plus humain des 3 , a savoir un certain Tuco ....

... Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez ...

A suivre ....

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