Olivier Le Cour Grandmaison - Immigration et Islam: représentations et stigmatisation (1920-1950) 2/2

  • il y a 12 ans
Dans l'espace public français, la « question musulmane » est au cœur de controverses multiples et répétées remettant en cause la légitimité de la présence des (présumés) musulmans sur le territoire national, qu'ils soient étrangers ou citoyens. Au moins depuis la fin de la guerre d'Algérie, l'hostilité, revendiquée ou implicite, à l'encontre des musulmans s'est traduite par une telle inflation de discours de disqualification et de pratiques discriminatoires que certains chercheurs parlent de racisme respectable ou d'islamophobie. Si les pratiques religieuses des musulmans de France sont relativement bien connues des sciences sociales françaises, l'islamophobie n'a pas encore fait l'objet d'enquêtes historiques et sociologiques de grande ampleur. La situation française contraste avec celle du monde universitaire anglophone, où se s'accumulent les travaux pluri-disciplinaires sur le concept d'islamophobie désignant, selon certains chercheurs, « les attitudes et les émotions négatives et indiscriminées dirigées contre l'islam ou les musulmans ».
L'objectif de ce séminaire est de faire un bilan critique des recherches existantes et d'ouvrir de nouvelles perspectives de recherche. Après avoir interrogé la valeur heuristique du concept d'islamophobie, le séminaire vise à analyser le processus de construction du « problème musulman » dans la France contemporaine, en le comparant notamment avec les précédents historiques de l'histoire coloniale. En insistant sur l'importance des configurations et des stratégies des acteurs, il s'agit d'étudier le phénomène de « racialisation religieuse » qui tend à expliquer la réalité sociale par des facteurs racialo-religieux et qui semble se diffuser dans plusieurs espaces sociaux (médiatique, politique, scolaire, administratif, etc.). Il s'agit aussi d'analyser les effets produits par l'islamophobie discursive, tant pour ceux qui l'énoncent (rétribution symbolique ou matérielle de la « cause islamophobe ») que pour ceux qui la subissent (l'islamophobie en actes, c'est-à-dire les pratiques discriminatoires visant spécifiquement les musulmans). Ceci pose la question de la mesure du phénomène par des indicateurs scientifiquement établis et par l'élaboration d'une méthodologie appropriée. Il s'agit enfin d'étudier la réception du discours islamophobe par les musulmans (enquête de « victimation ») et les formes de contestation de l'islamophobie par l'action collective et la mobilisation du droit anti-discrimination.

http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2011/ue/256/

http://sonsenluttes.net/spip.php?article427

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