INSTITUT DU TOUT-MONDE : Michaël Ferrier : "Sympathie pour le fantôme. Paris, La Réunion, Tokyo" (Réalisation : Mathieu GLISSANT)
  • il y a 13 ans
Séminaire de l’Institut du Tout-Monde 2010-2011 : La créolisation des pensées,
imaginaires et écritures

Michaël Ferrier : "Sympathie pour le fantôme. Paris, La Réunion, Tokyo"
28 Octobre 2010 à la Maison de l'Amérique latine

Michaël Ferrier, écrivain, vit à Tokyo où il enseigne la littérature (à l'université de Chuô). Il vient de publier Sympathie pour le fantôme (Gallimard) et ses essais portent sur la relation entre le Japon et la France. L'océan indien est une source d'inspiration familiale et poétique pour ce penseur nomade qui étudie les créolisations dans des pays réputés ataviques. Il a écrit Japon, la barrière des rencontres (Cécile Defaut), Le texte Japon de Maurice Pinguet (Seuil), Le Goût de Tokyo (Mercure de France), Tokyo, petits portraits de l'aube (Gallimard), Kizu, la lézarde (Arléa).

La créolisation est un processus distinct du métissage. Elle dessine un schème de relation qui transforme les éléments réunis et les mobilise dans un devenir de l'échange. L'étude de ce phénomène culturel et linguistique doit s'exercer à l'écart d'une morale et d'un progressisme qui valorisent le mélange par principe. Observer puis comprendre ces dynamiques imprévisibles, souvent violentes, supposent une attention intellectuelle, visuelle et auditive aux figures de pensée et d'imaginaire telles que l'hétérogenèse, la greffe et la métamorphose.

Cette notion de créolisation a été initiée par Edouard Glissant. Elle a été développée sous d'autres noms et par d'autres théoriciens pour penser les identités postcoloniales (hybridation, liminalité, interstices…). À partir d'une écologie de la mondialité, elle permet de concevoir des modélisations pour la philosophie et les sciences du vivant. Elle inspire aussi des créations littéraires et artistiques aux dénominations encore incertaines (littérature-monde, baroques, art relationnel…). L'enjeu de ce seminaire sera d'interroger les extensions de la créolisation, sa pertinence descriptive et sa puissance manifestaire.