Le singe descend de l'Homme (Débat "Philosophie magazine")

  • il y a 14 ans
Une équipe scientifique internationale a mis à jour Ardi, le squelette d'une hominidée vivant en Éthiopie il y a 4,4 millions d'années. Beaucoup plus vieille que Lucy (2,5 M), Ardi révèle que notre plus vieil ancêtre était déjà bipède : il marchait sur ses deux pieds et non à quatre pattes.
En quoi cela bouleverse-t-il notre vision des origines ?
Jusqu'ici on s'imaginait que l'homme, issu de la même branche que les grands singes, s'était différencié, en se dressant sur ses pieds (vers 2,5 millions d'années). Si l'ancêtre commun de l'homme et des singes, que l'on se représentait comme un grand singe, était déjà debout, alors, il faut inverser le schéma de l'évolution.
La découverte d'Ardi réfute-t-elle la théorie de l'évolution de Darwin ?
Les créationnistes américains et musulmans se sont déjà emparés du cas de Ardi pour clamer que Dieu avait créé l'homme à son image – debout. En réalité, si Ardi bouleverse le schéma de l'évolution, il confirme le principe darwinien d'une origine animale de l'humanité et d'une différenciation des espèces s'adaptant à la modification de leur milieu.
En quoi cela nous concerne-t-il directement ?
Ardi nous prive du grand événement qui permettait de penser l'émergence de l'humanité. Si la station droite – associée au développement de l'outil et du cerveau – ne suffit plus à distinguer l'homme et l'animal, alors il faut se forger une nouvelle idée du propre de l'homme sur la base d'un partage de l'ensemble de ses compétences avec les grands singes.
En mettant en perspective la cas de Ardi, Philosophie magazine montre dans numéro à paraître jeudi 25 novembre que c'est toute notre vision des origines qui est bouleversée et interroge les spécialistes (paléontologues, éthologues et philosophes) sur leur conception renouvelée du propre de l'homme. Avec Yves Coppens, Franz de Waal, Dominique Lestel, Peter Singer, Etienne Bimbenet, Robert Legros et Pascal Engel.
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