Interview de Joël Hubaut à Interface

  • il y a 14 ans
Pour Joël Hubaut, il est absolument vital de toujours tendre à l’expression de son individualité, même si se placer en élément perturbateur n’est pas ce qui rapporte le plus, et même si ça peut paraître ambitieux de penser que son propre univers est potentiellement digne d’intérêt pour les autres. Bien sûr, le risque de la marginalité, c’est de devenir sectaire ; tout l’enjeu est alors de conserver assez de recul sur soi-même pour être capable d’entrer et de sortir de la norme à sa guise, de s’émerveiller et de s’insurger tour à tour. C’est un jeu qui en vaut la peine, dans tous les sens du terme. Très tôt dans sa carrière artistique, Joël Hubaut a pris le parti de la liberté, une position pourtant moins confortable que la simple soumission à l’ordre social.

Pour son exposition à Dijon, il a choisi de convoquer à la fois le cliché de l’Ours de Pompon et un autre personnage bourguignon plus "underground", Xavier Forneret (1809-1884). Ensuite, par ramifications, il en vient à évoquer l’âne-peintre Boronali, appartenant à Frédéric Gérard, un autre personnage anti-conformiste, qui tenait le cabaret Le Lapin Agile à l’aube du XXe siècle (le lapin est d’ailleurs un animal qui inspire Joël Hubaut depuis plusieurs années). Quant au style très "design" de Pompon, l’artiste le lit à la lumière de notre monde hygiéniste, dans lequel les animaux n’ont plus de toison et ne bavent plus. Enfin, Joël Hubaut mixe Xavier Forneret, surnommé "l’homme en noir", avec ces personnages de cinéma également habillés en noir dont le rôle est d’étouffer toute prise de conscience par rapport à l’existence des extra-terrestres : Joël Hubaut ne recule devant aucune association d’idées pour dénoncer les diktats d’une société qu’il soupçonne de vouloir nous transformer tous en robots.

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