"Un argument matraqué", Barthelemy note un paradoxe sur l'encadrement des déplacements de supporters

RMC Sport

19/03/2025

Invité de l'After, Pierre Barthélémy a évoqué un argument souvent glissé par les responsables politiques pour interdire des déplacements de supporters : le recours massif aux forces de l'ordre. Un argument "matraqué" qui ne tient pas la route selon l'avocat de l'Association Nationale des Supporters.

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00:00Je ne vois pas trop la justification de tout dissoudre,

00:03qu'on aille choper des leaders, qu'on aille choper des mecs qui ont fait de la baston.

00:07Autant je ne suis pas sorti à ligne sur les déplacements de supporters

00:13parce qu'on n'arrive pas à les régler.

00:15Et je ne suis pas pour qu'on mette une tonne de flics pour les régler

00:17parce qu'ils ont autre chose à faire les flics.

00:19Et j'ai l'impression qu'on peut s'en passer, même si je sais

00:23que ça contrevient à une habitude et à quelque chose que les supporters aiment faire

00:28dans la vie d'un ultra, le déplacement, c'est quelque chose d'important.

00:31Et je le sais, je connais cette culture, c'est important.

00:33Sauf que demander aux flics aujourd'hui, parce que ça demande à chaque fois des effectifs...

00:37C'est ce que dit Bruno Retailleau, c'est aussi ce qui motive sa décision justement.

00:40Mais ce qui n'est pas vrai.

00:41Il dit à Marseille, ce qui n'est pas vrai.

00:43Trois quarts des forces de police se sont mobilisés sur le vélodrome.

00:45Mais moi je ne peux pas l'en savoir, il n'y a personne dans notre quartier de Marseille.

00:47Imagine qu'on pose la question à la population.

00:49C'est un service public la police, on est d'accord ?

00:50Les syndicats de police le dit aussi d'ailleurs.

00:51OK, donc les syndicats de police en ont marre de faire ça.

00:53Si on demandait à la population, est-ce que vous êtes d'accord pour que vos forces de l'ordre

00:58s'occupent de ça ?

00:58Il y a beaucoup de gens qui vont dire, ça va, ils ont autre chose à faire.

01:01Il suffit de l'interdire de déplacement et personne ne va mourir.

01:03Le match aura lieu, l'ambiance aura lieu et tout, et il n'y aura pas de déplacement.

01:06Alors OK, on va mettre un coup à la culture du supporterisme.

01:12Mais puisqu'on en est à gagner des petites batailles, à régler des petits trucs bout par bout

01:17et peut-être que les déplacements de supporters, on les remet en fonction d'un système

01:22qui serait de la récompense.

01:24S'il n'y a pas eu de problème dans le dernier déplacement,

01:26si ça s'est bien passé une fois ou pas une fois, machin tout ça,

01:29et qu'on les remet et que ça revienne petit à petit.

01:32Et en revanche, que s'il y a un nouveau problème, la sanction tombe,

01:34vous ne vous déplacez plus.

01:35Enfin, qu'on essaye d'inventer quelque chose.

01:37En fait, on n'invente pas vraiment des choses là-dessus.

01:41C'est répression, on fait tomber le coup de le coup près.

01:45Les déplaçants qui se passent le mieux, c'est ceux qui sont préparés avec l'association de supporters.

01:48C'est pas vraiment géré, Pierre, c'est ça le problème.

01:51Il n'y a jamais de vrais interlocuteurs.

01:53À la Ligue, vous avez encore des interlocuteurs, ils n'ont pas de chose à foutre à la Ligue.

01:5599% des déplacements se passent très bien.

01:58Non mais je ne te parle pas de ça, je te parle d'interlocuteurs, du dialogue.

02:00Avec qui se fait le dialogue en ce moment ?

02:01Mais t'as des références supporters, il existe toujours des références supporters dans les clubs.

02:05C'est le gars qui est au fond du bus, il a...

02:07Non, non, non, c'est des salariés du club.

02:09Non, non, non, c'est des salariés du club qui sont accrédités par le club dans le stade.

02:12Enfin, je veux dire, ils ne sont pas dans les bus avec les supporters.

02:14Mais je veux revenir sur les chiffres policiers, parce que c'est effectivement l'argument...

02:17— La surmobilisation. — L'argument politique matraqué par le ministre.

02:21Et pour moi, il est fallacieux pour trois motifs.

02:24Le premier, c'est qu'en fait, on voit que l'explosion de...

02:27de la hausse, enfin, la hausse d'effectifs de police mobilisés sur les rencontres,

02:31elle n'est pas évidente. On ne mobilise pas forcément, même on en mobilise moins

02:34que dans les années 2000, par exemple.

02:36Deuxième chose, qu'est-ce qui a entraîné une nouvelle hausse ?

02:38En fait, c'est à partir du Bataclan.

02:39Donc, c'est la question du terrorisme, de la lutte contre le risque terroriste

02:43lors des matchs où on met...

02:45On se souvient qu'en 2015, il y a l'attaque contre le Stade de France.

02:47Donc, c'est ça, c'est à partir de là qu'il y a de nouveau une hausse.

02:50Donc, premier motif, terrorisme.

02:51Deuxième, dans le rapport de la division nationale de lutte contre l'illégalisme,

02:54il est marqué de deux autres motifs.

02:55Le premier, c'est qu'en fait, on a changé le mode de comptabilisation

02:58des forces de l'ordre mobilisées.

02:59Donc, en fait, il peut y en avoir autant qu'avant,

03:01mais on en comptabilise qu'on ne comptabilisait pas avant,

03:03parce qu'elles sont à d'autres endroits.

03:04Par exemple, gérer les flux à 2 kilomètres du stade, etc.

03:07Donc, les chiffres ne sont pas fiables

03:08parce qu'on ne peut pas les comparer par rapport aux années précédentes

03:10parce qu'on a changé la manière de les compter.

03:12Et troisième point, et qui est fondamental,

03:14et la division nationale de lutte contre l'illégalisme

03:15l'écrit à trois fois dans son rapport en noir sur blanc,

03:18on mobilise plus de forces de l'ordre

03:20en interdisant les déplacements de supporters qu'en les encadrant.

03:22Parce que quand on les encadre, on connaît les horaires, les modalités.

03:26On les reçoit, on dialogue, on sait quels sont nos interlocuteurs.

03:28On met une petite escorte avec des gendarmes devant, derrière.

03:31Ils vont juste au stade, on les ressort.

03:33Une interdiction, on déploie plusieurs unités de force mobile

03:35pour la faire respecter.

03:36Et le match qui est incroyable, c'est le match Lille-Fayenord.

03:39Lille-Fayenord, il n'y avait que 10 kilomètres d'escorte à faire

03:41entre la frontière belge et le stade.

03:44Escorte que proposait de faire le club de Fayenord, la police de Fayenord.

03:47Et donc, il n'y avait absolument qu'un travail à faire

03:49pour aller jusqu'au parking isolé du stade de Lille

03:52pour les supporters de Fayenord,

03:53contrôlés par la police avant de monter dans les bus

03:55et interdiction pour les bus de s'arrêter entre Rotterdam et Lille.

03:58Et donc, au lieu d'encadrer 40 autocars sur 10 kilomètres en France,

04:02ce qui n'aurait rien coûté, quelques forces de l'ordre,

04:05pendant trois jours, on a bloqué tous les accès terrestres,

04:08portuaires, routiers, aéroportuaires et ferroviaires d'accès à Lille.

04:11On a fait plusieurs centaines de contrôles d'identité et d'interpellation.

04:15On a déployé plusieurs centaines de policiers pendant trois jours,

04:18avec une communication toutes les trois heures sur son site de la préfecture,

04:21disant les trois dernières heures, on a identifié ou interpellé X personnes.

04:24Regardez ce qu'on a attrapé, ils prenaient des photos,

04:26ils mettaient des photos de gobelets en plastique et de stickers

04:27aux couleurs de Rotterdam en disant, regardez fièrement ce qu'on a intercepté.

04:30Donc, ils ont déployé pendant trois jours,

04:32encumulé peut-être trois ou quatre mille policiers,

04:34alors qu'ils en avaient besoin de dix pour encadrer les autocars.

04:36Parce qu'il y avait peut-être un risque à accueillir des supporters de Feyenoord,

04:41ce soir-là au Stade Puy-en-Mont-Roy.

04:42Tu ne peux pas diminuer l'action.

04:45Ils se sont déplacés sept fois en Coupe d'Europe cette année, Feyenoord.

04:48Il n'y a eu aucun incident à 3000 supporters dans les six autres pays.

04:50Mais Pierre, tu te rends compte le nombre d'incidents qu'on a eus sur la dernière année ?

04:53La finale de la Coupe de France, le bus,

04:56les histoires de bus Paris-Lyon,

04:59en revenant pas sur Montpellier-Saint-Etienne-là, Marseille.

05:03Sur la dernière année, ce qui se passe au Vélodrome.

05:06Combien d'identifications et de supporters sanctionnés pour le caillassage des bus ?

05:10Non mais Pierre, moi, j'en sais rien de ça.

05:12Toi, après, tu fais l'avocat, tu vas défendre les gens et tout.

05:14Nous, on est là, on regarde.

05:16Ce qu'on voit depuis un an, c'est dramatique.

05:18Le grand public, le détail d'eux, ils ont chopé des gobelets,

05:21ils ont chopé ceci, ils ont chopé cela,

05:22ils ne font pas bien leur boulot ou j'en sais rien,

05:23qui ne fait pas bien le boulot.

05:25Il y a aussi des humains en face,

05:26ces êtres humains qui vont bloquer un bus à un péage,

05:30qui vont mettre le feu là où là.

05:32Eh bien, tu les chopes, tu les mets devant la justice,

05:34et après, ils sont en train de s'adapter.

05:35Mais devant la justice, il ne se passera jamais rien.

05:36Mais si, mais si.

05:37Oui, mais je n'ai pas l'impression que c'est assez.

05:39Mais qu'on essaye déjà de le faire.

05:40Parce qu'aujourd'hui, on ne prend que des mesures collectives

05:42parce qu'on a la paresse d'aller prendre des mesures individuelles.

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