Joueur puis entraîneur des glorieux Girondins de Bordeaux entre la fin des années 70 jusque dans les années 90, Gernot Rohr a tenu à réagir à la terrible nouvelle impactant le club avec une rétrogradation en National 1. Entre souvenirs émus et constat accablant envers la nouvelle direction américaine.
00:00A 22h39, on va accueillir justement quelqu'un qui connaît parfaitement Bordeaux. Garnot Ror est avec nous. Bonjour Garnot.
00:07Bonjour à tout le monde.
00:09Merci d'être avec nous. Je rappelle votre histoire avec les Girondins. Pour les plus jeunes, 431 matchs en tant que joueurs entre
00:1477 et 89, trois titres de champion de France, une coupe de France. Vous avez disputé
00:19aussi
00:20cette demi-finale de Ligue des Champions en 85 face à la Juve de Michel Platini et puis en tant qu'entraîneur
00:25de Bordeaux, je le disais, on en a beaucoup parlé. Vous avez vécu cette campagne européenne en 96, magnifique.
00:31Avant de se remémorer les souvenirs avec vous, quel est votre sentiment sur la situation actuelle des Girondins de Bordeaux ?
00:37Evidemment, comme tous les anciens joueurs ou
00:42toutes ces personnes qui aiment ce club, on est un petit peu
00:45abattu je dirais, même si depuis quelques temps on le voyait venir. Il était déjà, il y a un an,
00:53presque dans la même situation qu'on avait pu, même il y a deux ans déjà,
01:00éviter le pire. Mais là,
01:03on est arrivé finalement à une issue qui
01:07s'est dessinée depuis quelque temps. On a vu ce club
01:12partir un petit peu sur une mauvaise pente
01:16depuis, on va dire, la vente de M6 aux Américains et
01:21tous les anciens joueurs qui vont régulièrement au stade,
01:26on était tous inquiets. Aujourd'hui, évidemment, on a ce résultat qui est là, qu'on attendait parce qu'on a vu arriver les choses
01:34petit à petit.
01:35Il n'empêche que ça fait très mal voir ces Girondins de Bordeaux maintenant évoluer en National, voir National 2.
01:43Évidemment, c'est quelque chose de catastrophique
01:46aussi pour tous ces jeunes joueurs qui sont au centre de formation, pour les salariés du club, je crois qu'il y en a encore 90
01:55qui se font du souci et pour
01:58tous ceux qui aiment le club tout simplement.
02:01Et ça, c'est une tristesse absolue.
02:04Voilà, mais moi je fais partie des gens qui disent il faut repartir et des cendres souvent peuvent renaître
02:10de belles aventures et peut-être un nouveau club avec
02:15des valeurs
02:17qu'on avait autrefois, des valeurs d'amour du club,
02:22de mouiller le maillot,
02:24d'être proche des supporteurs, d'être ouvert, d'être convivial.
02:29Des choses qui s'étaient un petit peu perdues ces derniers temps.
02:32Parce que vous, vous êtes arrivé à Bordeaux d'Allemagne, en venant d'Allemagne. Quand vous arrivez à Bordeaux pour jouer, vous avez 24 ans, il me semble,
02:41vous ne connaissez pas la région, j'imagine, enfin quand vous débarquez donc
02:45vous vous souvenez de tout ça aujourd'hui ?
02:47Oui, je connaissais la région pour avoir passé des vacances au Cap-Ferré.
02:51Au Cap-Ferré où je me suis établi.
02:53C'est pour ça que vous n'avez pas hésité à s'y mettre.
02:55Et après il a acheté sa maison au Cap-Ferré d'ailleurs.
02:57Oui, une maison et un petit hôtel-restaurant aussi, donc c'est mes attaches.
03:02Je suis un vrai Ferré-Capien, mais
03:05j'étais venu quelques années avant avec mon frère étudiant en français, moi-même étudiant en français,
03:11et on s'est dit on va quand même un petit peu explorer cette côte atlantique et
03:16voilà j'étais au Bayern de Munich en 1972-1974 et je passais mes vacances au Cap-Ferré.
03:23D'accord.
03:23Donc le hasard a voulu que les Girondins ont fait appel à moi en 77 parce qu'au fait mon grand-oncle Oscar Rohr
03:31était meilleur buteur du Racing Club de Strasbourg dans les années 30.
03:35Il l'est encore aujourd'hui.
03:38Donc il y avait une histoire entre la famille Rohr et la France et il était même après
03:45bon lorsque les Allemands sont arrivés en France en 1940, il était obligé
03:52de, on va dire, de se cacher, voire aller dans la légion étrangère, donc il y avait vraiment une vraie histoire
03:58que j'ai essayé un peu de continuer.
04:01Il y a eu Claude Best qui a fait
04:05depuis
04:061979-1980 de ce club vraiment un club
04:11extraordinaire aimé par tous avec beaucoup d'ambition et avec des résultats.
04:17Des résultats, effectivement vous avez donc, je le disais, la demi-finale de Ligue des Champions en
04:2185, meilleur résultat en Ligue des Champions pour les Girondins de Bordeaux face à la juve de Platini et vous étiez d'ailleurs
04:28en défense, donc au marquage de Michel Platini. Je ne sais pas quel est votre meilleur souvenir
04:32si c'est sur le terrain ou sur le banc, parce qu'on a beaucoup parlé depuis le début de cette émission spéciale de ce fameux Bordeaux-Milan
04:38en 96, quart de finale de Coupe de l'UFA, où vous aviez
04:43sous vos ordres l'Elisa Razouz, Idan, Dugarry,
04:46Huard qui avaient réalisé cet exploit contre le grand AC Milan de l'époque.
04:49Oui, alors comme joueur, le meilleur souvenir c'était le premier titre en 84
04:55à Rennes où on a gagné 2 à 0 pour redevenir champion. Lorsque Bordeaux n'avait pas été champion
05:02depuis 1950
05:04et donc ça c'était fantastique
05:07et ensuite, évidemment en tant que joueur aussi, la demi-finale de la Coupe d'Europe dans le Palais
05:15et en tant qu'entraîneur,
05:17je dirais la remontée en 91-92
05:22Puisque le club avait déjà été rétrogradé il y a 33 ans,
05:27beaucoup l'ont oublié et que
05:30nous sommes repartis, il y a eu un plan de cession,
05:33j'étais représentant des salariés et nous avons réussi à
05:39remonter immédiatement.
05:40A l'époque, il y avait deux divisions de Ligue 2, il y avait deux groupes et on a fini premier
05:47du groupe B et puis on est remonté immédiatement en 92 et puis toutes les bêtes étaient effacées
05:55à travers un plan de cession porté par M. Lange et M. Charon
05:59et ainsi à Flelou qui avait aussi
06:02aidé le club. Donc après on est reparti dans les années 90
06:06pour aller jusqu'au final de la Coupe d'Europe qui était après, évidemment,
06:10en tant qu'entraîneur, aussi le grand souvenir du Milan 1-0,
06:143-0 inattendu après la défaite 2-0 au match aller.
06:17Alors Garnod, justement, petit cadeau puisque vous êtes venu nous voir dans l'after.
06:39Le but de Christophe Dugarry et voici, 2-0, Zidane qui va le redonner à Dugarry dans la surface,
06:47il le frappe, il bouge, oh quel but, super, quel but de Christophe Dugarry, 3-0 pour Bordeaux.
06:56La tête de Lizarazu, Christophe Dugarry, ouais, historique, voici la qualification des millions d'actionneurs de Bordeaux.
07:06Garnod, 3-1-0, c'est historique.
07:08On mérite cela, vraiment, franchement, on avait une équipe de Bordeaux qui a cru, malgré le score favorable,
07:13on n'était pas nombreux à y croire, mais on l'a eu, on le mérite.
07:16Moi je suis bordelais, je pense que c'est le plus beau jour de ma vie,
07:19on a fait le match, le match qu'il fallait, gagner 3-0 contre le grand Milan 1-C, c'est exceptionnel, j'en reviens.
07:25Et voilà, vous l'avez reconnu, Christophe Dugarry, bien sûr, on vous a entendu aussi, Garnod,
07:29dans cette petite production de Paul Vecchio, notre réalisateur,
07:32on se rappelle évidemment de ce match, ensuite il y a eu évidemment la suite de la compétition,
07:37le hurlement de Michel Platini, mais il est légendaire.
07:40Jusqu'en finale, c'était le match à l'air tour, en finale, contre Bayern,
07:45et avec Papin, qui était au Bayern, et Costadinov, il me semble, Garnod, qui est syndicaté du Bayern.
07:52Oui, Costadinov, oui, qui était là.
07:54Qui c'est qui blesse Lizarazu ?
07:56Oui, c'est lui.
07:57C'est lui, hein, c'est Costadinov qui blesse Lizarazu, il nous a fait du mal, Costadinov.
08:01Il n'a pas fait exprès, mais bon, il a mis le pied, et puis Liza, on l'a perdue d'entrée de match,
08:06de match retour, et voilà, mais entre temps, il y avait eu la demi-finale contre le Slavia de Prague,
08:12on avait gagné deux fois 1-0.
08:14Avec la parade main opposée de Gaëtan Huard pour aller sortir un ballon qui filait en lucarne.
08:20Oui, c'était une équipe qui se battait en championnat pour le maintien,
08:25et qui a fait des miracles en Coupe d'Europe.
08:29Donc, c'était vraiment exceptionnel.
08:32La finale contre le Bayern, après, ça a été au match allé,
08:36il y avait deux matchs encore à l'époque en finale de la Coupe d'UEFA.
08:40Au match allé, on a Tolo qui est tout seul devant le but, et qui ne marque pas,
08:46dans son face-à-face avec le gardien de Bayern, Oliver Kahn,
08:51et puis, au retour, on perd Liza très vite, et puis on a une suspension, je crois que c'est...
08:58C'est Zidane qui n'est pas là, bref.
09:01Donc, ça a été difficile pour le Bayern, je crois.
09:04Oui, on a perdu 2-0 là-bas, et chez nous, 3-1.
09:09Merci beaucoup, en tout cas, Garnot, d'être venu, évidemment, pour exprimer
09:13ce que vous ressentez aujourd'hui après ces annonces sur les Girondins de Bordeaux.
09:17Merci beaucoup, Garnot Ror, et une très très bonne soirée.