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  • il y a 2 ans
Christian Gourcuff : "Une bonne équipe se met en place dans la durée, avec la création d'un collectif, ça prend du temps et ce n'est plus ce qui arrive hormis à des clubs privilégiés au plus haut niveau."

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Transcription
00:00 - J'avais une question sur ce qu'il pensait peut-être,
00:02 parce que Régis Lebris semble s'épanouir pleinement, tu vois,
00:04 en tant qu'héritier peut-être de Christian Gourcuff à Lorient.
00:07 - En tout cas, c'est ce qu'il dit.
00:08 L'héritier, il a une grande admiration pour vous, toujours,
00:10 il parle du sens collectif et du sens de la collaboration,
00:13 en particulier dans votre football,
00:15 dans le bon sens du terme, évidemment.
00:16 - Est-ce que ça vous touche ? - Bien sûr, j'imagine.
00:18 - Régis, on a travaillé un an ensemble,
00:25 je l'ai fait venir au centre de formation,
00:28 on voyait bien que c'était quelqu'un d'intelligent,
00:32 donc il n'y a pas de problème sur ses qualités.
00:37 Après, ce qui s'est passé à Lorient cette année,
00:43 ça ne me surprend pas, dans la mesure où moi je suis parti,
00:45 justement, parce que j'étais en désaccord avec cette politique,
00:50 cette politique de dirigeante,
00:52 mais qui n'est pas simplement à Lorient.
00:56 Lorient est privilégié parce que c'est un petit club,
01:00 on voit bien qu'il y a des investisseurs américains
01:03 qui viennent, américains ou autres d'ailleurs, dans tous les clubs.
01:07 Donc ça change complètement la donne sur le plan sportif,
01:14 déjà sur le plan de la durée, le travail se fait dans la durée.
01:18 Alors maintenant, qui peut se prévaloir,
01:20 quel entraîneur peut se prévaloir d'avoir un peu de temps ?
01:23 Guardiola peut-être à City parce qu'il a une aura,
01:29 mais la notion de temps qui existait il y a 20 ans encore n'existe plus.
01:37 - Moi personnellement, je pense qu'il n'y a pas eu tant de changement que ça
01:41 et que la notion de la pression du résultat, la pression des investisseurs,
01:44 ça existait déjà après qu'il y ait une sorte de phénomène
01:50 qui perdure et qui peut lasser au quai possible.
01:54 Mais n'allons pas débattre de ça parce que votre livre, c'est tout autre chose.
01:57 Vous parlez évidemment de ce qui vous intéresse le plus,
01:59 à savoir le jeu et le terrain.
02:02 Il y a un autre point commun, en dehors du fait d'avoir entraîné Lorient avec Lebris,
02:05 c'est qu'en ce moment, il est un peu chouchou des médias.
02:08 Si on parle de vous, parce qu'on doit parler de vous et de votre livre,
02:10 pendant des années, je ne sais pas comment vous avez vécu ça,
02:12 parce que vous n'étiez pas quelqu'un qui parlait beaucoup dans les médias.
02:15 Nous, en tout cas dans l'after, vous vous y êtes parti, évidemment,
02:18 comme entraîneur, dont on disait toujours du bien,
02:20 parce qu'on aimait vos principes de jeu, parce qu'on aimait votre football.
02:23 Est-ce que vous vous en rendiez compte, ça, finalement,
02:26 que vous étiez dans tous les médias, énormément de journalistes
02:30 ou de gens qui font l'opinion dans le foot,
02:32 un entraîneur qui, peu importe, c'est marrant parce que vous voyez,
02:35 vous parlez de pression du résultat, mais finalement,
02:37 on s'intéressait évidemment à vos résultats, mais pas tant que ça.
02:40 Ce qu'on aimait chez vous, c'était votre discours et le jeu que vous proposiez, finalement.
02:46 Oui, parce qu'on était à l'Orient.
02:48 Donc c'est aussi ce que je disais tout à l'heure,
02:51 c'est qu'on est finalement dans les petits clubs,
02:54 on est encore un peu privilégiés, justement,
02:56 parce qu'on aborde les choses un peu différemment.
03:00 Après, il ne faut pas noircir non plus complètement.
03:03 La notion de plaisir, la notion de sport, elle n'a pas disparu.
03:09 Ce que je veux dire, c'est qu'elle est de moins en moins présente
03:12 par rapport à des intérêts financiers qui sont présents partout.
03:16 Je parle des dirigeants, je parle des joueurs aussi,
03:18 la mentalité des joueurs qui a énormément évolué en 10 ans.
03:21 Les joueurs que j'ai connus, moi, à l'Orient,
03:23 sont complètement différents des nouveaux joueurs.
03:25 Avec les agents, je dirais même les supporters,
03:29 qui sont aussi différents de ceux qui existaient il y a 20 ans.
03:35 C'est incontestable.
03:37 Donc la presse a évolué aussi, les réseaux sociaux ont modifié les choses.
03:41 Donc c'est tout un environnement qui a modifié.
03:44 Maintenant, bien sûr, le foot, ça reste le foot.
03:48 On peut très bien s'amuser encore sur un terrain, heureusement.
03:51 - Alors vous voyez, ce qui est assez étonnant,
03:53 c'est que finalement, quand je parlais des années où vous étiez
03:56 un petit peu l'ovni de notre football,
03:58 l'homme qui a des méthodes différentes, l'homme qui propose du jeu,
04:02 il y a eu des belles périodes quand même à l'Orient,
04:05 on s'en souvient tous évidemment.
04:07 Si vous ne regardez plus le foot,
04:09 j'aurais presque envie de vous conseiller de rejeter un petit coup d'œil
04:11 sur la Ligue 1, parce que les années où vous entraîniez
04:13 dans les années 2000, on aimait beaucoup vous regarder.
04:17 Je pense que vous ne pourrez pas dire le contraire,
04:19 mais pour le reste, qu'est-ce qu'on se faisait chier en Ligue 1
04:21 avec certains de vos confrères qui ne partageaient pas du tout vos idées ?
04:24 - T'as raison, si les médias fréres les Gourcufs,
04:27 les entraîneurs français, avaient du mal à le trouver un peu arrogant,
04:30 le professeur de maths, le tacticien...
04:33 - C'est vrai qu'en plus, vos confrères n'étaient pas tendres avec vous,
04:37 mais si vous regardez, rejetez un coup d'œil à la Ligue 1 aujourd'hui,
04:40 il y a beaucoup d'entraîneurs, on s'emmerde beaucoup moins,
04:43 il y a beaucoup d'entraîneurs qui envoient du jeu maintenant.
04:45 - C'est bien, mais par contre, c'est sur quelle durée ?
04:52 Quel entraîneur peut se targuer d'avoir 10 ans d'ancienneté dans un club ?
04:57 - Non mais, 10 ans d'ancienneté, justement, il y a quelque chose...
05:01 - Le Kosovo, oui, bien sûr.
05:03 - Non mais c'est un peu valorisant, Christian Gourcuf,
05:05 de voir, je ne sais pas, l'OM-Tudor démarre sa première saison,
05:08 le jeu qu'il fait pratiquer à l'équipe, alors qu'il a pris l'équipe cet été.
05:11 Franchement, je pense que ça pourrait vous intéresser, c'est assez intéressant.
05:14 Il y a pas mal d'entraîneurs qui proposent des choses plutôt bien
05:19 et qui arrivent à les mettre assez vite en place.
05:21 - Oui, mais ce que je vous dis, c'est sur la durée,
05:26 sur la mise en place de la création d'un collectif,
05:30 ça demande du temps, ça demande... - Ça c'est sûr.
05:32 - Et un consensus autour qui permette de travailler dans la durée.
05:39 Et ce qui n'est plus le cas,
05:42 on a mis des clubs encore privilégiés au plus haut niveau,
05:46 ou alors au niveau inférieur, où justement, on leur fout la paix,
05:50 parce que bon, ça intéresse peut-être moins les médias.
05:57 Voilà, maintenant, je veux dire, c'était...
06:02 Moi, je l'ai ressenti il y a un certain temps aussi,
06:06 parce qu'il y a une question d'âge aussi,
06:08 et quand on est en décalage avec l'environnement,
06:13 on est d'abord moins performant, moins entraînant, c'est clair.
06:20 Et puis, il faut savoir s'arrêter.
06:24 - D'autant que vous, vous aimiez participer aux entraînements avec vos joueurs,
06:27 notamment être au cœur du travail au quotidien,
06:30 et qu'aujourd'hui, vous ne sentez plus le faire.
06:32 Thibault, une question opposée ?
06:33 - Regardez ça déjà.
06:34 L'entraîneur qui entraîne, il y a...
06:37 Bon, alors maintenant, on pourrait me dire,
06:39 c'est pas pour ça que c'est moins bon,
06:42 mais l'entraîneur qui entraîne, c'est devenu extrêmement rare.
06:49 Donc la part de l'entraîneur dans la création d'un collectif
06:57 est bien moindre qu'elle n'était il y a 10 ou 20 ans.
07:02 [SILENCE]

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