00:04 Bonsoir, mon invité a créé le premier site de rencontre en ligne mythique.
00:09 Il est aussi un business angel, comme on dit, puisqu'il investit dans de nombreuses jeunes entreprises.
00:13 Mais c'est avec sa casquette de fabricant de vélos électriques que je le reçois ce soir.
00:18 Marc Simoncini, bonsoir.
00:19 Bonsoir.
00:20 Alors vous avez donc créé Angel Bike en 2019, une marque de vélos électriques et connectée
00:26 avec aujourd'hui l'annonce d'un partenariat avec la marque MINI du constructeur automobile allemand BMW.
00:33 En quoi consiste ce partenariat ?
00:35 Alors MINI est un groupe qui fait beaucoup de voitures, ça va de la Rolls Royce à la BMW et à MINI.
00:41 Et le véhicule qui se vend le plus chez eux, c'est la MINI électrique.
00:45 Et donc ils ont décidé que finalement les déplacements ont désormais été multi zones, multi services, multi outils.
00:53 Et ils ont décidé de se lancer dans le vélo électrique.
00:56 Alors ils auraient pu le développer eux-mêmes, mais ils ont décidé de faire un appel d'offres.
01:00 On ne sait pas très bien combien il y avait de répondants à cet appel d'offres.
01:03 On a été sélectionnés, donc on est très fiers parce que c'est un très grand groupe.
01:06 On était en compétition avec des très grands acteurs et on a été retenus probablement par le design
01:12 et par le positionnement et l'intelligence du vélo Angel.
01:14 Et pourquoi est-ce que vous pensez que justement ils font appel à vous plutôt que de les concevoir en interne ?
01:19 C'est compliqué finalement de fabriquer des véhicules électriques et connectés ?
01:23 C'est extrêmement compliqué.
01:25 Si je fais le parallèle avec une voiture, une voiture c'est très automatisé.
01:28 Il y a beaucoup de robots qui fabriquent une voiture.
01:30 Un vélo c'est tout fait à la main, c'est tout petit, c'est minutieux.
01:33 Et pourtant c'est un vélo qui est un objet qui est dehors, qui prend la poussière, qui prend le soleil, qui prend la pluie dont on ne fait pas vraiment attention.
01:39 Donc c'est un peu antinomique.
01:41 Tout est fait à la main et pourtant ça doit être assez résistant.
01:44 Vous le savez d'ailleurs vous-même puisque au début ça a été un petit peu compliqué.
01:47 On peut dire que le début de la fabrication de vos vélos a été difficile.
01:50 Ça a été même très compliqué, beaucoup à cause du Covid, puisqu'on n'a pas pu tester les vélos autant qu'on aurait dû le faire.
01:56 Mais bon, on les a mis sur la route et on les a testés un peu tard.
01:59 Mais donc voilà, BMW a préféré s'appuyer sur nous.
02:01 Et nos vélos sont très intelligents, il y a beaucoup de software dedans.
02:04 Moi je viens de cet univers.
02:06 On a développé un système d'exploitation qui rend le vélo très intelligent, qui est difficile à voler, voire impossible, qui est très sûr.
02:12 Et donc toute cette partie logicielle ça aurait été beaucoup, beaucoup de travail pour BMW et aussi pour d'autres fabricants de vélos qui ne font pas des smart bikes, des vélos intelligents.
02:21 Mais la question qu'on peut se poser c'est pourquoi est-ce que MINI se met à vendre des vélos finalement et pourrait continuer à vendre des voitures ?
02:28 Parce qu'ils savent que les déplacements dans les villes vont complètement changer.
02:31 Tous les constructeurs automobiles sont en train de se dire "voilà la voiture c'est formidable pour un certain usage, le vélo cargo c'est formidable pour un autre usage".
02:38 Et pour aller travailler à 5 km de chez soi dans une ville, est-ce que vraiment il faut une voiture même électrique ? Non.
02:44 Donc ils comprennent que ces déplacements-là vont nécessiter des outils adaptés à chacun des déplacements et à chacune des typologies d'utilisateurs.
02:52 Et la communauté MINI ressemble beaucoup à la communauté ANGEL, c'est probablement aussi ce qui nous a aidés.
02:58 Avec des vélos qui sont chers, 3000 euros quand même, le vélo électrique, c'est pas monsieur et madame Tout-le-Monde qui vont pouvoir les acheter ?
03:04 Alors non, c'est un positionnement volontairement premium parce que sinon on n'avait aucune chance de résister aux vélos chinois ou asiatiques.
03:11 Si vous voulez faire un vélo en France, il faut que votre vélo ait une valeur ajoutée que les pays asiatiques ne font pas ou que ce soit trop compliqué ou trop cher à faire loin.
03:19 Donc nos vélos sont tous fabriqués à moins de 1000 km de l'endroit où on les vend. On fait très attention à ça.
03:25 Et on a mis une valeur ajoutée qui fait que, par exemple, les Chinois ne savent pas faire nos cadres en aluminium.
03:30 Ils sont faits en France parce que cette technologie qu'on a... - Des cadres qui sont fabriqués en France.
03:34 On est le seul vélo connecté dont le cadre est vraiment fait en France.
03:37 Parce que vous vous assumez, vous revendiquez un vélo qui est fabriqué en France.
03:41 C'est d'ailleurs le fabricant de petits électroménagers, Seb, qui les assemble.
03:47 C'est pas juste de l'assemblage ? Toutes les pièces du vélo sont fabriquées en France ?
03:51 Alors non, malheureusement non. Il y a beaucoup, beaucoup de pièces qui viennent d'Asie, de Taïwan,
03:56 parce qu'il n'y a plus vraiment d'industrie de vélo en France.
04:00 Par contre, le cadre, qui est l'élément le plus compliqué, le software, tout le design, tout ça est fait en France.
04:06 Et ça, c'est un combat qu'on s'est rajouté. C'était une peine au départ de faire ça.
04:11 Avec le Covid, on a été assez contents d'avoir de quoi faire nos vélos ici et de ne pas être obligés d'attendre des containers qui traversaient le monde.
04:17 Donc finalement, on a fait un bon pari. On a eu de la chance aussi.
04:20 Mais on se bat pour faire ces vélos en France. Et pour qu'on puisse le faire, il faut que le vélo soit malheureusement vendu cher.
04:26 Et pourquoi c'est si important pour vous, Marxime Monchini, pour ces vélos ?
04:29 Au-delà de l'effet communication, puisque on peut imaginer aussi que ça puisse avoir un effet positif sur le client.
04:35 Ça a un effet positif en France, mais nous on a l'ambition de vendre d'ailleurs le deal avec Mini et Mondial.
04:39 Donc on va vendre nos vélos dans le monde entier. Donc le "Made in France" en Allemagne, je ne suis pas sûr que ça va nous aider.
04:43 Alors pourquoi ? Parce que j'ai toujours tout fait en France. Je ne suis jamais parti.
04:46 Même si c'est plus cher ?
04:48 C'est une difficulté de plus qu'on s'est mise et qu'on essaye de surmonter.
04:54 Mais on se bat pour ça. On essaie de faire tout en France, le plus possible.
04:57 Alors vous, aujourd'hui, vous alliez avec un fabricant de voitures.
05:02 Et j'ai lu quelque part que votre idée, c'était de remplacer les voitures par les vélos demain.
05:08 Est-ce que ce n'est pas un petit peu antinomique finalement de s'associer ?
05:11 Alors notre combat, c'était contre les voitures thermiques.
05:14 Ce qu'on voulait, c'est que la voiture thermique individuelle sorte du centre-ville.
05:18 Maintenant, si c'est remplacé par des véhicules électriques, on est ravi.
05:21 Donc on a mené un combat contre les voitures thermiques.
05:24 Le Covid nous a beaucoup aidé parce que les pisciclabs ont explosé, le vélo a pris sa place dans la ville.
05:28 Quand il y a des infrastructures, il y a des vélos.
05:30 Mais on n'a rien contre les véhicules électriques s'ils circulent en ville pour des tas de bonnes raisons.
05:34 Ça ne vous dérange pas si on continue à fabriquer énormément de voitures ?
05:38 On sait quand même qu'il y a une voiture vendue sur deux qui est un SUV.
05:41 Ce sont quand même toujours des très gros véhicules.
05:44 Demain, ce seront des véhicules, des SUV électriques. Vous le savez ça.
05:47 Mais nous, notre positionnement, c'est le déplacement urbain.
05:50 J'espère qu'il n'y aura pas de SUV électriques de 4 ou 5 tonnes dans les centres-villes.
05:54 Mais vous n'en savez rien puisque en 2035, les constructeurs ne pourront plus vendre que des véhicules électriques.
06:00 En 2035, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui roulent en vélo.
06:03 Et toutes les politiques publiques, les zones à faible émission, tout ça, ça aide selon vous ?
06:08 Oui, ça aide. Bien sûr, ça aide. Mais vous regardez ce qui se passe.
06:11 La France n'est pas du tout un pays mature en termes de vélo.
06:13 Si vous regardez ce qui se passe en Allemagne, au Danemark, en Belgique ou en Hollande,
06:18 ce sont des pays où le déplacement urbain en vélo est devenu la norme.
06:21 L'exception, c'est la voiture, même électrique.
06:25 Donc je pense que la France va prendre ce chemin.
06:27 Il y a d'ailleurs des plans qui sont en train d'être pensés au niveau européen
06:30 pour redévelopper une industrie européenne du vélo.
06:33 Le vélo, c'est l'avenir.
06:34 On n'a pas trouvé mieux pour se déplacer sur quelques kilomètres quand on est seul ou avec un léger bagage.
06:39 Et donc, vos ambitions en termes de développement au-delà de la France ?
06:42 Ce sera ma dernière question.
06:43 Ecoutez, moi, c'est ma dernière start-up, donc je vais l'amener le plus loin possible.
06:47 Et donc, avec le haut de l'aide de la France, plutôt l'Europe mondiale ?
06:50 On va commencer par l'Europe, évidemment, mais on serait ravis de vendre nos vélos au Japon, en Australie ou même ailleurs.
06:55 D'accord, donc dernière aventure pour vous, Marc Simoncini.
06:57 Ah, ça c'est certain, c'est la dernière.
06:58 Le vélo électrique.
07:00 Je vais y arriver, donc fondateur de la marque Angel Bike, invité ECO de France Info ce soir.
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