La Rumeur - A Minuit L'Egorgeur

  • il y a 15 ans
Stratèges de fer, futur de pierre, cliquetis des orfèvres, uranium aux lèvres. Mécanique des conquêtes, grandes vannes ouvertes, huis-clos d’acide pour les prochains génocides. Au comptoir du baril d’or noir, on graisse les abattoirs. Et derrière chaque dune, des promesses brunes de fosses communes, une corde chacune avant la pendaison de la lune. Les potences ont souri, les cours boursiers aussi. A l’envol premier des éperviers s’est avancé le printemps des bombardiers. Enfin, la nuit a faim, elle s’étire, elle s’est mise à courir, patronnesse des rampes de tir ; elle masturbe les obus et le temps, c’est son chant qu’on entend. C’est le sifflement dément des coalitions du sang puisqu’ils sont le diamant au doigt de Dieu, puisqu’ils sont l’abreuvoir des peuples heureux, puisqu’ils sont le globe et l’atome, l’air et le sérum, et ce feu des grands ducs sur les rives des oléoducs.

Peux-tu voir la chair et l’ombre se mêler aux décombres, dans un tableau d’os et de peau au fond d’un puit sans eau ? Peux-tu sentir monter les effluves de corps crevés sous les brèches d’un jour muet à la faveur d’ailes d’acier, le temps d’un cri et d’un crime ? Et un chapelet d’abîmes aux yeux d’épines, et un silence aride, et l’alphabet du vide entre les bras calcinés du premier enfant effacé, le temps d’un cri et d’un crime. C’est l’heure anthropophage où les visages prennent l’âge des cratères à fleur d’orage. C’est le temps des fenêtres bouchées de terre verte, c’est le brun clair sur des cimetières qui ne regardent plus la mer. Ecume funéraire d’un poumon privé d’air, c’est le pays qui a le ventre ouvert. C’est le pays qui a le ventre ouvert. C’est le pays qui a le ventre ouvert.

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