Génocide des Tutsi - Rwanda 1994 - 4.1 De de la "Mission Quilès" à la "Commission Macron"
  • il y a 4 ans
Ce génocide n'est pas le résultat de la colère spontanée, au sein de la population rwandaise, d'un groupe social majoritaire (Hutu) contre un groupe social minoritaire (Tutsi).

Il constitue la mise en œuvre, à l’échelon national, par des extrémistes rwandais opposés aux accorts de paix conclus à Arusha en 1993 organisant la réintégration des émigrés tutsi, d'un projet génocidaire idéologiquement conçu et expérimenté dans certains districts du pays dès 1959, puis en 1961, 1962, 1963, 1990, 1991, 1992 et 1993, causant chaque fois, au sein de la population tutsi, plusieurs milliers à dizaines de milliers de morts des deux sexes et de tous âges.

Ces crimes à caractère génocidaire n'ont été dénoncés à chaque fois ni par la Belgique ni par la France, États liés au Rwanda, ni par l'Église catholique, l'un des piliers du régime rwandais, et sont demeurés impunis. De tels massacres ont systématiquement et inévitablement provoqué des vagues d'émigration très importantes de Tutsi dans les pays voisins. Les émigrés ont à plusieurs reprises tenté de retourner dans leur pays d'origine, chaque fois sans succès.

La France avait conclu avec le Rwanda, dès 1975, un accord particulier d'assistance militaire. Lorsque des exilés tutsi prirent les armes et tentèrent en 1990 de réintégrer de force le Rwanda leur pays d'origine, la France, au prétexte d'assurer la sécurité des ressortissants français, répondit favorablement à l'appel d'assistance militaire lancé par le Président rwandais. Elle poursuivit, malgré les antécédents à caractère génocidaire précités, sont soutien au régime rwandais, tant sur le plan diplomatique (notamment à l'ONU) que stratégique, avant, pendant le génocide jusqu'à son terme, et au-delà.

Un tel engagement posa aussitôt la question de la responsabilité de la France dans ce génocide. La gravité de cette question justifia la mise en place, en France en 1998, d'une mission d'enquête parlementaire qui conclut à de graves erreurs d'appréciation des autorités françaises. Toutefois des éléments de l'enquête laissent entendre que le soutien de la France aux autorités politiques rwandaises fut accordé et maintenu en toute connaissance de cause.

Onze ans plus tard, devant la protestation persistante des associations de rescapés, des associations militantes de lutte pour la reconnaissance de la responsabilité de la France dans ce génocide, telles Survie, devant leur protestation contre l'inaccessibilité des archives officielles les plus importantes, devant la persistance de l'accusation formulée par le Président rwandais actuel, le Président Macron a, en 2019, confié à une commission d'historiens la charge d'examiner, après habilitation adéquate au secret défense, les archives concernées de 1990 à 1994...

Cependant, les éléments recueillis depuis 25 années ne sont-ils pas déjà suffisants pour caractériser une prise de décisions, de la part des responsables politiques français de l'époque, en toute connaissance de cause ?
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