Dans les coulisses de l'hippodrome, une journée ordinaire (1/3) - OLJ

  • il y a 5 ans
6 h du matin, un jeudi d'octobre. Le soleil ne s'est pas encore levé sur Beyrouth, le fond de l'air est presque frais. Devant l'hippodrome, rue Omar Beyhum, peu de voitures, mais quelques chevaux. Ils viennent d'écuries installées dans un quartier voisin, et sont emmenés à l'hippodrome pour l'entraînement matinal.

Derrière les hauts murs qui le protègent de Beyrouth, le champ de course fait figure d'oasis. Comme un souvenir de ce à quoi la capitale pouvait ressembler avant d'être atteinte par la folie du béton. Des murs de pierres jaunes, de vastes pelouses, des bougainvilliers flamboyants qu'observent de grands pins parasols un peu penchés. Le chant des oiseaux aussi, et le calme.

C'est en 1918 que le premier hippodrome de la ville, érigé sous les Ottomans à Bir Hassan en 1885, est transféré en face du Bois des pins, son emplacement actuel. Azmi Bey, le gouverneur (wali) ottoman de l'époque, avait chargé Alfred Sursock, aristocrate et entrepreneur de l'époque, de construire le nouvel hippodrome au cœur de Beyrouth. L'hippodrome devait comprendre un grand champ de course et des écuries modernes bien sûr, mais aussi un casino "Kasr el-Sanawbar" (Résidence des pins). C'est de ce casino commandé par les Ottomans que sera proclamée, en 1920, l'indépendance "du Grand Liban".

Par la suite, ce casino deviendra la résidence du Haut-commissaire français, puis la résidence de l'ambassadeur de France au Liban qui, si l'envie lui en prenait, pouvait au lever du soleil observer de son balcon les chevaux à l'entraînement.
Chaque matin, le même rituel se répète. Le nom des chevaux qui arrivent des écuries établies en dehors de l'enceinte de l'hippodrome est dûment noté par le portier. "Dès qu'ils passent les portes de l'hippodrome, les chevaux se calment, l'endroit leur est familier", expliquent l'un des cinq hommes qui gardent l'entrée. Personne n'a le droit d'entrer le jour de l'entraînement sans autorisation et sans être accompagné par un responsable du champ de course. Situation sécuritaire et sûreté des chevaux obligent.

A 6h15, Mounir Asseily, "l'homme à tout faire" (comme il se présente lui même) de l'hippodrome, arrive. Mounir est la mémoire de l'hippodrome, où il travaille depuis une trentaine d'années. Il connaît tous les jockeys, tous les entraîneurs et tous les responsables.
"Bonjour Mounir, qui va gagner dimanche ?", lui lance un portier de bon matin. "Vous êtes tous des gagnants", répond M. Asseily avec un grand sourire.

A l'entrée du champ de course, une trentaine de chevaux sont déjà rassemblés sur un espace en terre battue.
Quinze minutes plus tard, chevaux et jockeys sont prêts à entrer sur la piste...

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