Haïm Kern, Ils n'ont pas choisi leur sépulture, 1998-2017

  • il y a 6 ans
En 1988, le ministère de la Culture et de la Communication décide de commander à cinq artistes, Christine Canetti, Alain Fleischer, Ernest Pignon-Ernest, Michel Quinejure et Haïm Kern, une œuvre pour commémorer le 80ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918.

Haïm Kern, né en 1930 à Leipzig, choisit le Chemin des Dames, situé au Nord de l’Aisne, le nom donné à l’ancien front qui concentre de nombreux affrontements durant la Première Guerre Mondiale, notamment l’offensive du général Nivelle. À quelques centaines de mètres de l’ancien village de Craonne, l’emplacement, le plateau de Californie, a joué un rôle déterminant dans la conception de son œuvre : « Autour de la table d’orientation, à l’entrée de cette belle forêt plantée sur la crête mutilée, comme pour l’aider à cicatriser des blessures de la guerre, […] ici où la terre est encore lourde de fer et de sang, ici où le vent porte leurs plaintes et leurs gémissements, pourrait s’élever l’hommage aux disparus. » explique l’artiste en 1999.
En se plaçant à l’orée de la forêt, l’artiste souhaite témoigner de l’histoire du Chemin des Dames enfouie sous nos pieds. La monumentale sculpture est composée d’une maille en bronze d’où émergent une vingtaine de têtes anonymes, des têtes qui incarnent les combattants de toutes origines. Et, comme un arbre qui pousserait à l’envers, l’œuvre semble sortir de cette terre qui porte les stigmates de la guerre. Car encore aujourd’hui des morceaux de métaux, des os, et toutes sortes de traces de la grande guerre sont découverts régulièrement dans les terres picardes.

La sculpture est dégradée à deux reprises, jusqu’à ce que l’œuvre de quatre mètre de haut et d’une tonne et demie, disparaisse en août 2014, cette fois convoitée pour la valeur du métal. La commande de la nouvelle œuvre, portée, comme en 1998, par le Centre national des arts plastique, est confiée à l’artiste dès la fin de l’année 2015. La réplique autographe – le terme consacré pour une œuvre re-créée de la main de l’artiste – sera inscrite sur l’inventaire du Cnap. La fonderie de La Plaine - artisan de la première fonte en 1998 – est à nouveau choisie.
Il faudra un an et quelques mois pour que l’artiste, assisté de l’équipe de la Fonderie (fondeur, ciseleur, patineur,…) recrée l’œuvre sous ses doigts. La nouvelle version de « Ils n’ont pas choisi leur sépultures » est terminée pour son inauguration, le 16 avril 2017, date de la commémoration du centenaire de l’offensive Nivelle.
La réplique de « Ils n’ont pas choisi leurs sépultures » (1998-2017) est inaugurée par le Président de la République, François Hollande, le 16 avril 2017, à l’occasion du centenaire de l’offensive Nivelle sur le Chemin des Dames.

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